Le chef éclaireur avait rassuré Malbalor quant à son compagnon de vol:
-Gaermorf Dalgor va bien. Il était bien moins mal en point que toi... Par contre il a juré que plus jamais il ne quitterait le sol. Un nain, c'est fait pour être au contact de la terre, a t-il dit, pas pour se prendre pour un aigle...
Il souriait mollement, mais ce sourire disparut aux craintes émises ensuite par Brokim... et surtout à son allusion d'affronter derechef la "créature" qui l'avait déjà tant mis à mal:
-Non, Malbalor Brokim. Tu ne te battras plus jamais directement contre un tel adversaire. Je te l'interdis, et c'en est assez de braver mes ordres... Qu'as-tu gagné à les braver une première fois? Un crash de ton appareil, fort heureusement non décisif... Et cette seconde fois, tu as failli mourir... et avec toi ton monogyre.
Il se pencha pour attraper la barbe de Malbalor alité. Son visage était calme mais sa main ferme. Ses yeux sans concessions:
-Ton rôle est capital. Je te le répète, sans toi et ton gyre nous serions dans de sales draps. Mais il faut m'obéir!... Nous avons des prêtres, des tueurs nains, de braves guerriers, des machines de guerre, et même un énorme Juggernauth. Ce sont eux qui détruiront principalement nos ennemis, pas toi et ton gyre. Toi tu es un foutu éclaireur, par Grimnir! Pas un massacreur. Chacun son rôle. Sans toi on ne saurait rien sur l'ennemi, tu as été décisif... Mais imagine si tu n'étais pas revenu?...
Il lâcha la barbe, retrouvant un air totalement tranquille. Et il dit sur un ton encore plus tranquille:
-Si tu me désobéis encore je te massacre. Ingénieur ou pas, génie ou pas, il faut obéir aux ordres de ses supérieurs, sinon tout part en burnes. C'est ça, l'armée. Des héros, il y en a plein les cimetières...
Tu as fait du très très bon travail jusque là. Gorog!... Mais ton insouciance aurait pu nous condamner tous avec toi... Foutu héros.
Quittant la tente des soigneurs, il répéta:
-Tu fais encore le Doh, je te massacre, c'est dit.
Il était bien difficile de voir une sorte de fierté bafouée dans cet attitude de Rik Rok. Ce nain ne semblait pas jouer sur ce tableau. Non, ce n'était pas qu'on lui désobéisse qui le gênait, c'était que cette désobéissance pouvait se révéler dramatique... et pas seulement pour le désobéissant...
Il avait laissé la bière.
Le lendemain, avec le Général Nungrim Frakk:
Après le passage des prêtres et de leurs magies curatrices, Malbalor se retrouva en pleine forme; Et il fut copieusement congratulé par de nombreux nains.
L'armée s'était remise en marche. De façon hâtive, forcée, dans le tonnerre et les beuglements bovins entretenus par le mouvement du monumental Juggernauth.
Le soir venant, Malbalor eut un entretien privé avec le général de l'armée. Ils marchaient tous deux sous la lune entre diverses tentes du camp.
Après sa harangue, le regard froid du chef nain toisa Brokim comme pour le jauger. Sa voix, toute en sonorités basses, était posée, sans jamais d’hésitation - ni vraiment d'émotions. Il assénait des faits.
-Endrikuli Malbalor Brokim. Tu n'as pas confiance en tes généraux. C'est dommage, car nous, nous avons confiance en toi.
Eût égard à tes bonnes réussites, à toi et ton appareil qui nous aide grandement, je vais te répondre. Mais que ce soit la dernière fois que je t'entende douter sans raison de tes généraux... car ces généraux n'ont commis aucune faute.
A moins que tu en voies une? En ce cas je l'entendrais bien volontiers.
Il poursuivit, sans haine ni rien, plutôt du ton que l'on emploierait pour faire une leçon:
-A la guerre, il faut avoir foi en ses compagnons d'armes, et en ses commandeurs... Seul les chefs de guerre ont le droit de douter. C'est ainsi que je mène mon armée. Tous savent qu'ils peuvent mourir, mais nul ne doute de la victoire.
Il aménagea une pause, regardant Brokim de son regard glacial qui avait déjà vu toutes les horreurs du monde:
-Le Pentacle - que TU as repéré, puis détruit - aurait pu nous faire perdre la guerre. TU as déjà fait plus que ta part, Endrikuli Brokim. Plus que je n'ai fait. Imagine des hordes de démons sur nous...
Un tapotement d'épaule - qui aurait été pour n'importe quel guerrier de l'armée comme un honneur insigne - fit comprendre à Malbalor qu'il devait le laisser poursuivre. Leur cheminement les avaient menés aux grandes catapultes.
-Je vais avoir besoin de toi et de ton gyre dès le début, dit-il abruptement à Malbalor: Il va falloir bomber de haut leurs lance-rocs... C'est la seule chose qui pourra vraiment nous gêner... En vérité tu as eu raison de venir me voir, car tu ne dépends plus de Rik Rok désormais, mais de moi directement.
Dans l'ombre de la nuit, le regard qui fut posé sur Malba fut tranchant:
-Mon fils Agrim t'a inculqué des signaux de drapeaux, tu te souviens? troisième post de la page A priori, Malba devrait retrouver un peu Agrim pour des leçons de dernière minute?
Le Général poursuivit:
-Je vais donc t'expliquer notre stratégie... mais il ne faudra la répéter à personne;
Un regard, bien plus réel que celui de Rik Rok, qui disait: " Je te tues si tu répètes" suffit sans doute à le faire poursuivre. Ce nain était un tueur meurtrier: si Malba jactait, il le tuerait sans hésitation... L'armée naine et sa hiérarchie, ses ordres, n'étaient pas des choses aussi souples que l’ingénierie.
Frakk frappa de sa grosse main sur une catapulte:
-Il y a donc un nuage de ténèbres qui les protègent... Ils n'en sortiront pas. Sauf si nous sommes les seuls à les bombarder; Tu vas péter leurs lance-roches... de très haut, sans risques pour toi à part leurs "spectres"... On te mettra Gond Kadrim avec toi au siège arrière, notre meilleur tireur...
En même temps nous serons là à les bombarder. S'ils perdent leur riposte longue distance, ils viendront se battre. Au jour, car nous n'attaquerons pas de nuit, mais au matin. Là ils auront perdus.
En ce qui concerne les esclaves, Rik Rok a prévu une discrète escouade pour les libérer à la fin de la nuit, juste avant notre offensive... Si ça marche tant mieux, sinon on a pas le choix. Dans cette même escouade discrète, il est prévu des empoisonneurs de chevaux pour les priver de cavalerie, voire... un empoisonnement total de leur nourriture.
Le regard que posa Nungrim posa sur Malbalor fut lourd de sous étendus:
-Rik est un chien meurtrier sans vergogne, mais il faut aussi des gens comme lui dans une armée.... enfin, si on veut gagner du moins.
Il tapota le dos de l'ingénieur:
-Tu ne voulais pas savoir tout cela, si?... Si tel est le cas tu en assez dans les braies pour devenir commandeur...
Ton rôle va être crucial dans le premier temps. Toi et Kadrim bomberez leurs artillerie lourde en évitant les spectres... Ensuite c'est à nous de jouer, tu obéiras aux drapeaux de mon fils Agrim.
Allez, maintenant va nous nous inventer de belles choses pour gagner... tu ne décolles plus sans mon ordre.
Un général nain, ça donne des ordres.
Ingéniérie avec Odarfionn, pendant la marche:
Il sembla tout de suite clair à ce satané "génie" Odarfionn que tu t'enflammais. Il t'expliqua que...
-Une arquebuse à trois canons indépendants, c'est du jamais fait!... heu, Endrikuli Brokim, je veux dire... on peut le faire - aux deux champs de tir du gyre - mais ça sera importable...
Il se passionnait déjà. Ce jeune satané génie se fichait de la gloire, il aimait les défis...