[Saâldhil] Un serpent au pays des loups...

[Déistra]

[align=]

Test de charisme : 20, effet contraire à celui souhaité !

Apparemment Saâlhdil était encore sous le choc, car son discours n'eut pas l'effet escompté, au lieu de la regarder avec confiance les filles la dévisageaient à présent comme s'il s'agissait d'une folle. Elle ne s'opposèrent néanmoins pas à sa fouille de la carriole, sans doute croyaient-elles qu'elle risquait de les aggresser si elles se mettaient en travers de son chemin...

Test de recherche :

Bâches : 12 raté !

Autres prisonnières : 11 raté !

Corps des femmes : 3 réussi !

Les bâches étaient en toile cirée, mais de toute évidence bien cousues, il serait difficile de trouver une quelconque faiblesse dans les coutures... Non, si elle voulait s'enfuir par là, elle aura besoin d'un objet coupant, quelque chose à même de déchirer la toile pour lui permettre de s'enfuir... Les prisonnières ne semblaient pas porter grand chose sur elles, à part des vêtements sales et en mauvais état, elle étaient exemptes de bijoux ou de tout autre décoration, sans doute leur avait-on tout pris avant de les enfermer dans cette prison roulante... Elle s'aperçut lors de ses déplacement qu'elles étaient toutes reliées par leurs chaînes à un gros anneau au centre de la "pièce" ainsi quand bien même elles pourraient entailler la bâche il leur faudrait trouver un moyen de dégager leurs entraves de là...

La fouille des cadavres fut des plus désagréables, depuis trois jours les corps avaient passés la période de "rigor mortis", celle où le corps est raide comme du bois et`froid comme du marbre... Désormais les corps étaient mous et légèrement moites, mais curieusement aucun charognard comme des mouches et des asticots ne s'étaient attaqués aux dépouilles, comme si le fait de s'être faites vampiriser les avait rendues impropre à la consommation... On leur avait laissées leurs vêtements, et sous l'un des corps Saâ put trouver une petite sacoche, manifestement non découverte par leurs ravisseurs... A l'intérieur elle trouva une clef de métal à l'apparence grossière, 10 pistoles et mieux encore, une dague dont la lame en bon état luisait dans l'obscurité...

Butin :

- Clef de métal
- 10 pistoles
- Dague

Je mets à jour ton équipement, ne t'inquiètes pas je gardes en mémoire ce que tu possédais avant ^^

[/align]

[Saâhldil Sanchera]

Mes yeux s'écarquillèrent lorsque mes doigts se refermèrent sur la forme familière d'une dague. Avec un très mince sourire de satisfaction, je levais l'arme à hauteur de mon visage, en examinant la lame. Parfaitement fonctionnelle, encore affûtée et sans guère d'éraflures sur le tranchant. Ma fouille se révéla encore fructueuse, et j'empochais fugacement la dizaine de pièces ainsi qu'une clé dont je me demandais bien ce qu'elle pouvait faire ici. Je me tournais vers mes camarades qui me regardaient tantôt avec défiance, tantôt avec morosité. J'essayais de leur dédier un visage rassurant, mais je doutais de leur être très sympathique.

Je tendis la clé vers la jeune femme aux boucles blondes, qui avait repris un masque sévère.

- Tenez, prenez ça, et essayez de voir si ça permet d'enlever nos fers...

Tandis qu'elle s'évertuait à faire passer l'outil dans les serrures grossières et parfois déformées, je me rassis en soupesant pensivement le couteau. Plusieurs choix s'offraient à moi, avec leurs avantages et inconvénients. Je pouvais tenter de pratiquer une ouverture dans la toile dès maintenant, en espérant que la nuit couvre ma tentative et dissimule ma fuite aux gardes. C'était peu probable, surtout parce qu'il devait y avoir quelques créatures des ténèbres dans les environs et parce que je ne partirai pas seule, ce qui attirerait l'attention. L'autre solution était d'attendre que l'on arrive à destination, et de profiter de notre "déchargement" pour jouer de surprise et s'enfuir. Je repensais toutefois aux trois gaillards qui étaient venus dans la demeure de mon ancien employeur, solidement armés et bâtis. Mieux fallait ne pas trop compter sur cette dernière option...

Je fermais les yeux, laissant vagabonder mes pensées loin d'ici, très loin de cette contrée hideuse et tourmentée. Les vastes avenues des villes de Cathay s'offrirent à moi, blanches, parfaitement pavées. Les silhouettes minces et petites de ses habitants déambulaient ici et là, cernées par des bâtiments faits la plupart du temps en bois et peints en rouge ou en vert. Les toits se courbaient subtilement, découpant doucement un ciel extrêmement bleu. C'était la fin du printemps, et les arbres se chargeaient encore de leurs trésors. Les cerisiers, très répandus dans le pays, tapissaient nombre de jardins de fleurs magnifiques et odorantes. Je me souvenais de la toute première fois où j'avais cueilli le fruit d'un grenadier blanc, mordant dans sa chair avec délices et savourant le jus sucré.
La Tilée, aussi. Je n'étais jamais allée en Tilée, mais j'aurai beaucoup aimé. J'imaginais un soleil chaud, des plaines abondamment vallonnées et des mers de hautes herbes qui s'agitaient sous une légère brise salvatrice. Je me serais bien vue vivre dans un village isolé, planté au milieu de ce cadre enchanteur. Agriculture et élevage, le tout cerné par la vie communautaire...

Un cahot plus violent que les autres me rappela à la réalité. Envahie par une toute nouvelle détermination de fer, je serrais plus fort la dague et me retournais, avisant la bâche. Quelques instants plus tard, j'entreprenais de la découper avec méthode, cherchant à voir au plus tôt si des gardes se trouvaient dans les parages...

[Déistra]

[align=]Clic !

Avec un tintement plus mélodieux que toutes les musiques qu'elle connaissait, les fers de la brunette s'ouvrirent sous la clef. Ce fut aussitôt une ruée de la part des autres filles, c'était à qui se libérerait la première des fers honnis, le pire est qu'elles tentaient de le faire sans aucun bruit, mais elles ne pouvaient empêcher leurs fers de cliqueter...

Plaf !

Un grand coup sur la bâche les figea instantanément, suivit d'un "C'est pas bientôt fini hein", éructé d'une voix rauque et râpeuse, aussitôt elles se calmèrent et considérèrent bientôt la clef avec appréhension, comme si elle allait leur sauter à la figure... Le propriétaire de cette voix était de toute évidence un sujet de terreur parmi les captives, et il lui avait suffit d'élever la voix pour qu'elles considèrent la liberté qui s'offrait à elles avec le plus grand effroi...

Saâ quand à elle réussit sans mal à découper la bâche, à travers l'ouverture elle put voir un homme, sale graisseux le regard aviné, une épée sur le côté et un camail le protégeant, il chevauchait un cheval qui avait connu des jours meilleurs, en effet il avait le poil hirsute et à l'aspect poisseux d'un animal qui n'avait pas été pansé depuis belle lurette... Il y avait donc au moins deux hommes qui escortaient le convoi, avec le conducteur de la carriole cela faisait trois hommes pour les surveiller...[/align]

[Saâhldil Sanchera]

Je m'étais raidie lorsque le garde avait élevé la voix,avant de jeter un regard désapprobateur aux autres prisonnières. Evidemment, j'avais pensé que la gravité de la situation leur aurait insufflé une certaine prudence. Il fallait croire que non. J'abandonnais mon ouvrage pour venir m'emparer de la clé, me mouvant avec précaution afin de ne pas aiguillonner l'attention de l'homme, désormais sur le qui-vive. Je me débarrassais des menottes non sans un soupir étouffé de soulagement, et j'entrepris ensuite d'en faire de même pour les autres. Tout en insérant la clé dans les cavités, je soufflai ces paroles à mes compagnes, me voulant ferme et compatissante.

- Très bien, on va éviter de faire du bruit d'accord...?

Mon regard allait des fers contre lesquels je m'escrimais à leurs visages, rivant brièvement mes yeux aux leurs pour donner davantage de poids à mes propos.

- Il y a des chances qui ne se répètent pas. Si vous voulez vivre, si vous voulez revoir vos enfants ou vos hommes, il va falloir tordre le cou à votre peur et vous fier à ce que je dis. Je ne suis pas inconsciente, je sais très bien les dangers qui nous guettent en ce moment. Mais je crois que personne...

Je m'interrompis, me concentrant sur une serrure qui bloquait.

- Que personne ne va me contredire sur le fait que ce péril-là, n'est rien comparé à celui qui nous attend une fois à destination. Ce sont des humains qui nous gardent...

J'avais permis à une petite note d'espoir de vivre dans ces quelques paroles. Une lueur infime, fade, mais qui pouvait signifier beaucoup.

- Il n'y a que la cohésion et la solidarité qui vont nous permettre de nous en sortir. Ne tentez pas d'action individuelle si vous y pensez, c'est peine perdue. Tout ce que vous réussiriez à faire, c'est briser nos espérances à toutes et nous livrer à une mort atroce et inhumaine. Qui sait ce qui attend une âme qui a été... bue...

Je jetais un oeil attristé sur les corps au fond de la carriole. Ils auraient dû être bien plus convoités que ça par la mort et ses charognards, mais on aurait dit qu'ils refusaient de prendre leur dû. Comme si ces cadavres avaient été réservés par d'autres déjà.

- Mieux vaut mourir maintenant, avec une chance de s'en sortir, que plus tard dans les mains des démons.

Je posais délicatement le dernier fer, avant de les désigner d'un mouvement de la tête.

- Ca pourra toujours servir d'armes... Alors, il va falloir agir vite et bien. Très honnêtement, je me fous que vous soyez avec moi ou pas ! Ce que je sais c'est que ma liberté est à deux doigts, rien que deux doigts de courage et de volonté. Ils nous ont enfermées, maintenant, nous allons reprendre ce qu'on nous a volé. J'ai aperçu deux gardes dehors dont un à cheval... Prenez celui qui est à pied, immobilisez-le et prenez-lui ses armes.

Je baissais les yeux.

- Moi je vais essayer de neutraliser le cavalier.

J'avais essayé de dire ça avec assurance, mais ce n'était pas très réussi. J'avais vu assez de combats pour pouvoir dire que celui-là était presque perdu d'avance, et j'allais devoir mobiliser tous mes talents pour venir à bout d'un épéiste en mailles avec ma dague. Cependant, la surprise pouvait m'avantager s'il était un peu lent, et le fait d'être monté risquait de le gêner dans un premier temps. Je pensais bien, dans un premier temps, car il répliquerait à mon agression avec une brutalité que j'allais devoir encaisser.
Avec le couteau, je parachevais l'affaiblissement de la bâche, afin que dans le meilleur des mondes notre action puisse être rapide.

"Un coeur honnête connait la peur. Un coeur juste l'accueille avec bienveillance."

Ses paroles ne me quittaient pas. Mon maître avait tout vu et tout vécu semblait-il, de ce qui appartenait au doute et à l'espoir. Longtemps après sa mort il continuait de me secourir et de veiller sur moi.

- Agissez avec promptitude et cohésion, répétai-je en dévisageant ces femmes dont on avait décidé qu'elles serviraient de pitance aux démons.

L'instant d'après, je cherchais à me jeter au-travers de la bâche sur l'homme à cheval, espérant de tout coeur que je ne serais pas seule dans ce combat.

- Je vais te présenter aux dieux vengeurs, esclavagiste des âmes !* sifflai-je haineusement.

Si ses jambes ne sont pas protégées, c'est là que je cherche à l'atteindre avec coup précis (que j'ai maintenant au niveau deux normalement ). Sinon je vise la tête... Au cas où la précision aurait son importance, je cherche à le coller au plus possible pour gêner les tentatives de dégaine.
L'entre-jambe ça compte comme les jambes ?

Information qui a son importance aussi. J'utilise la compétence chance en attaque seulement si elle me permet d'obtenir un coup critique, et en défense si jamais je rate une parade.

* compte comme utilisation de la compétence bravade.

[Déistra]

[align=]

Envoyer de pauvres filles au front... Du jamais vu j'vous dit ! Bon, déjà le minimum :

Test de persuasion : 15 loupé, 'me disais aussi...

Les filles considérèrent d'un air effaré les fers que Saâ leur mettait dans les mains, après tout il s'agissait de simples filles de paysans, elles ne connaissaient rien au combat, de plus elles s'étaient plus ou moins résignées à leur sort... C'est donc seule (Brave petite soldate ! ^^ ) qua Saâ alla au combat, quelle chance pour elle son adversaire était armé d'une imposante claymore, arme redoutable s'il en était mais inutilisable à cheval...

Test d'initiative (+1 bonus attaque par surprise) :
Classement pour premier tour : Le PJ a réussi son test d'INI(1) et bénéficie de 2 actions au premier tour. L'adversaire a raté son test d'INI (14) et ne bénéficie que d'une action au premier tour.
Classement pour tout autre tour: Personnage (INI 8 ) puis Adversaire (INI 8 )

Saâ avait néanmoins une chance du démon, car elle prit son adversaire complètement par surprise, elle s'effondra sur lui de toute sa frêle stature, le faisant chuter de son cheval...

Test d'End : 2 chance de cocu, il ne s'évanouit pas sous le choc !

Son adversaire s'effondra au sol avec un "Ouf !" assourdi, néanmoins il réussit à récupérer son équilibre et à faire face à la jeune mercenaire, le convoi lui s'arrêta net, autant pour l'avantage du nombre... Elle fit rapidement l'inventaire de ses adversaires : Il y avait en tout trois hommes, son adversaire encore en train de se relever sa claymore dans le dos complètement inutile, un mercenaire armé d'une épée une arbalète se balançant sur sa selle, et enfin aux commandes de l'attelage celui qui manifestement devait être le chef de leurs geôliers, un petit homme sec au visage chaffouin et aux yeux cruels dont les lèvres se plissèrent nerveusement lorsqu'il s'aperçut de ce qui ressemblait en tout points à une mutinerie... A sa hanche se balançait la rapière de Saâ, il s'était manifestement accaparré l'ensemble de ses possessions...

Tu as l'initiative, donc fais comme tu le sens, mais pour toi je le sens mal déjà... Tiens je sais, DECAMPE ! Ah non il a une arbalète... Bah bon courage

[/align]

[Saâhldil Sanchera]

Les choses ne se passèrent pas tout à fait comme je l'avais espéré. Je savais que la raison n'était pas toujours ce qui dominait dans l'esprit des personnes lorsqu'une sourde terreur lui disputait l'apanage des actions. Le choc, la crainte... pouvaient paralyser quelqu'un bien plus efficacement qu'un coup, et nombre de batailles se perdaient dans la tête avant de l'être en pratique. Au fond, je ne pouvais pas en vouloir à ces femmes de laisser leur liberté se dilapider dans l'inaction, toutefois je ne pouvais pas non plus m'empêcher d'éprouver une certaine rancoeur à leur égard.
Mais j'avais intérêt à me concentrer sur ce qu'il se passait à l'extérieur de la carriole plutôt qu'à l'intérieur ! L'homme se relevait déjà, sa main se portant à son arme imposante. Je devinais immédiatement qu'un seul coup de son épée risquait de me mettre hors d'état de nuire, et c'était encore compter sans ses deux comparses. En un éclair, la situation m'apparut aussi claire et mauvaise que jamais.

A peine m'étais-je retrouvée de nouveau les jambes au sol, que je pivotais pour revenir vers la charrette - mais certainement pas derrière la toile éventrée. D'un bond, je me hissais près du conducteur, la dague furieusement dardée vers sa gorge. Je remarquais fugitivement que ma rapière pendait à sa taille, et nul doute qu'il portait sur lui ou très près le reste de mes possessions. Profitant de l'effet de surprise que mon jaillissement avait occasionné, je bondis auprès de lui. Un plan aux relents suicidaires avait germé dans mon esprit, et à ce stade il n'y avait guère que sur l'inconnu que je pouvais parier. Cet inconnu, fléau du mercenaire, fléau de toute personne sensée. Je n'avais jamais été très joueuse et haïssais même les jeux de hasard, qui avaient une certaine tendance à me plonger dans les ennuis. Ici, je comptais faire un pari désespéré qui pouvait très bien me conduire à une mort encore plus rapide que si j'avais cherché à affronter ces trois gaillards. Mue tant par un farouche ressentiment que par la conscience qu'il s'agissait là de ma seule chance, je me jetais sur le conducteur dans l'espoir de parvenir à lui poser la lame sur le cou avant qu'il n'ai pu tirer quoi que ce soit de son fourreau.

D'un autre côté, je priais pour que l'homme ne fût pas un de ces bagarreurs aguerris que j'avais déjà croisés au cours de mes pérégrinations. Une fois, l'un de mes camarades avait été agressé d'une manière semblable par un coupe-jarret, alors que nous étions sur le chemin du retour pour rejoindre les nôtres. D'un geste vif, mon ami s'était contenté de saisir le bras de son assaillant sans même chercher à s'emparer de son arme, avant de lui flanquer une correction magistrale - j'ignorais toujours si le bandit à la manque s'en était sorti. Quoi qu'il en soit, j'espérais vivement que ma victime ne soit pas faite de ce bois-là, où je risquais une grave déconvenue.
Si la fortune me souriait, il était possible que j'arrive à le prendre en otage assez rapidement pour ramener un certain équilibre dans cette situation critique.

Un pari vraiment risqué...

Je dispose de deux actions si je ne me trompe pas, et je mets tout dans une tentative de prise d'otage. Si la compétence chance me permet de réussir un test ici, considère que je l'utilise immédiatement. ^^"

[Déistra]

Tentative de prise d'otage :

Saâ a l'initiative :
Votre attaque a réussi (4).

Tentative de dégagement du type : 15 raté !
Prise d'otage réussie !

La suite se déroula en un battement de coeur, à peine Saâ fut-elle sur l'homme qu'elle se glissa derrière lui, passant sa dague sous la gorge de leur tortionnaire... Celui-ci poussa un couinement aigu vite étouffé par la sensation de la lame sous sa gorge, tandis que les deux autres s'immobilisaient, soudain aux abois... L'un des deux hommes s'adressa à elle, plissant les yeux d'un air mauvais :

-"T'aurais pas due faire ça ma jolie, quand on se sera occupés de toi tu pourras plus tenir sur tes jambes le restant du voyage..."

L'arrière pensée présente dans cette phrase n'échappa point à la mercenaire, s'ils venaient à reprendre le contrôle elle ne s'en tirerait pas avec seulement quelques coups...

[Saâhldil Sanchera]

"Réfléchis clairement, considère tes armes, et prie sincèrement tes dieux. Alors rien ne devrait pouvoir t'empêcher de survivre."

Oui, maître. Si seulement la vérité qu'il y avait dans ces mots n'était pas un conseil, mais bien une prédiction, une assurance... Alors les choses auraient été plus simples et moins effrayantes. Pourtant il me fallait faire face et tirer le meilleur parti d'une situation aussi dangereuse, où les places pouvaient s'échanger en un clin d'oeil. La nature humaine est une force puissante et mystérieuse, et j'allais devoir me mettre à son diapason pour jouer les bonnes notes sans déclencher une avalanche.
Je haïssais les moments où il n'était plus temps de faire preuve de prudence.

- Quelques victimes de plus ou de moins, personne ne fera la différence, crachai-je. Obéissez dans l'instant et tout le monde restera en vie !

De ma main libre, j'allais chercher le pommeau familière de ma rapière qui pendait à la ceinture de mon otage. Geste qui n'aurait guère d'importance sur la suite immédiate des évènements, mais qui avait le mérite de parer à un sentiment intime me tenaillant et qui s'apparentait presque à un besoin. Je décidais finalement d'élever la voix.

- Très bien, sortez de là vous autres ! Désarmez-les !

J'espérais qu'en voyant les choses, mes compagnes d'infortune eussent enfin l'éclat de docilité qui pouvait nous permettre de nous tirer de là. La discipline était une vertu hélas peu répandue, mais qui pouvait tant faire pour celui qui la possédait...

- Vous, ne bougez pas, et tout le monde aura le loisir de voir encore une nuit dans ce pays immonde, promis-je.

J'avais tenté de donner à ma voix les accents de la sincérité en dévisageant les gardes, espérant qu'ils ne cherchent pas à se battre. La situation pouvait dégénérer d'une façon extrêmement sanglante et c'était la dernière des choses que je souhaitais... Dans le meilleur des mondes, ils se contenteraient de se laisser désarmer en accordant foi à ma promesse. Evidemment, il fallait aussi que les prisonnières qui ne l'étaient finalement plus tant que ça se décident à trouver du charme à la liberté. Un être brisé pouvait aller jusqu'à refuser la délivrance, pour peu qu'on eût eu le temps d'en tuer la beauté à ses yeux.

- Il n'y a qu'une seule étincelle de courage à trouver pour que tout s'arrange et si possible, sans sang supplémentaire, murmurai-je entre mes dents à l'adresse de ma victime. Mais si tout ça explose, sache que tu seras le premier à souiller le sol.

Espérons qu'il comprenne qu'il avait autant besoin que moi d'une bonne dose de chance, et qu'il avait tout intérêt à ce que tout se passe sans anicroche...

[Déistra]

[align=]

Tentative d'intimidation : 1, réussite critique ! (due à chance)

Tentative pour convaincre les filles (Bonus de +2 dû à la réussite critique) : 11, quasi-réussite, les filles sortent mais ne t'aideront en aucune façon, du moins pour l'instant...

Le chef des ravisseurs glapit et la jambe gauche de Saâ devint subitement humide, ce type venait de se faire dessus... Les deux autres ne demandèrent pas leur reste et déguerpirent promptement avec les deux chevaux disponibles, quand aux filles elle sortirent prudemment de la carriole... Les voilà donc seules, au beau milieu d'une forêt sylvanienne, apparemment en plein crépuscule, avec un mercenaire incontinent et quasiment aucune idée de l'endroit où elles étaient, leur seul moyen de repère était le château sylvanien se dessinant au loin...[/align]

[Saâhldil Sanchera]

"Le poids de la victoire est plus important que celui de la défaite."
Toute la sagesse de ces mots se résumait à un seul mot : responsabilité. Celle qui m’échoyait à présent n'était autre que celle de mon otage. Que méritait-il en cet instant ? La mort ou la vie ? Me tromper me rendrait coupable de bien des maux - on ne vole pas une existence impunément, de même qu'on ne prive pas les mains de la mort d'une âme méritée. Ce mérite venait du mal que ladite âme allait encore perpétuer... Mes doigts se raffermirent sur le manche de ma dague, et les battements de mon coeur égrenaient précisément les secondes qui passaient. L'homme n'osait pas bouger ; en fait, il semblait statufié. Lentement, une certaine haine se mit à ronger de ses dents aigües le souffle effréné de mes pensées.
Cet homme était un tueur. Un tueur d'innocence. Par cette tâche qu'il avait acceptée, il s'était mis au service de l'indignité humaine, de l'avilissement de lui-même et de ses pairs qu'il enchaînait. Ce type avait vendu son âme aux monstres de Sylvanie, et cautionné la déréliction de tant de personnes... La seule chose pire que le mal de fait, le mal effectif, c'est le mal recherché. Cet imbécile aurait pu empêcher tout ça, ou au moins, il aurait pu avoir laissé cette part de son existence à quelqu'un d'autre. "Si je ne le fais pas, d'autres le feront" peuvent rétorquer les malfaisants. En aucun cas il ne peut s'agir d'une justification personnelle. Le mal a de nombreux visages, mais ils sont tous aisément discernables. On les retient, on les juge. Bien que désarmé et à ma merci, ce type ne méritait aucune clémence. Il avait perdu son droit à prétendre à l'humanité, et même la goule que j'avais affrontée avec Ludwig, bien que n'en ayant aucune once, avait pu attirer ma pitié.

- Que les dieux décident à présent, soufflai-je.

D'un geste vif, je tranchais la gorge du prisonnier. Je détournais la tête dans un mouvement dont le contrôle m'inspira du regret ; s'il s'était agi d'un réflexe, je n'aurai pas eu la déplaisante impression que l'expérience m'était familière. Un jet poisseux et chaud m'aspergea les mains, et je poussais le moribond au sol d'une brutale impulsion du genou. Il ne fallait pas chercher de la violence gratuite dans mes actes ; elle était présente, mais n'était que la rétribution de son comportement. De son immoralité.
Je ne comptais pas attendre de voir si elles allaient s'imbiber, et je récupérais mes possessions le plus proprement possible, sans vraiment brutaliser l'homme. Une fois ma sinistre tâche accomplie, j'allais me poster devant l'ouverture dans la toile.

- Vous pouvez sortir.

Une voix plus froide que je ne l'aurai voulu. Le désir peut surpasser la volonté. Dans mes mains encore frémissantes, dans mon corps encore secoué, résidait la violence du meurtrier et de l'assassin qui venait d'étouffer un souffle animé, bien qu'il fut putride. J'avais du mal, dans cet état, à concevoir de nouveau la commisération et à me l'imposer.

- Deux gardes sont dans les environs, je ne sais pas où. Votre chemin vous a été rendu et je ne peux pas faire plus.

Un masque de frustration amère passa sur mon visage, que je ne parvins pas à réprimer.

- Mais ce chemin, vous auriez dû le chercher vous-mêmes, au lieu de me forcer à vous le montrer !

Je me détournais pour qu'elles ne puissent pas en voir davantage. Une étincelle de haine menaçait de surgir et je n'en voulais pas. Je refusais de haïr ces femmes ; c'était la peur, l'angoisse, la tension qui nourrissaient cette vivace rancoeur et je savais pertinemment que les pires décisions prétendues de justice sont celles prises dans le feu de l'action. En aucun cas je ne devais juger maintenant du bien-fondé de leur inaction. Je me chuchotais en mon for intérieur qu'elle n'était pas si illégitime que je voulais, presque instinctivement, m'en persuader ; ces femmes avaient succombé à la terreur et à l'effroi et c'était chose très compréhensible. Sauf qu'avec cette flamme menaçant de me dévorer, je n'arrivais pas à le comprendre intimement.
A cause de ce meurtre, je venais de perdre ma sensibilité, ma compassion. Elle reviendrait plus tard, et à ce moment-là je pourrai me faire un verdict. Pas avant.

Mes doigts s'attardèrent sur la poignée de ma rapière. C'était véritablement mon arme de prédilection, et maintenant que je la portais de nouveau dans son baudrier, ceinte à ma taille, je prenais conscience que j'étais comme... habillée. Elle me procurait un poids imaginaire et pourtant rassurant. Un idéal se porte trop souvent à la pointe de l'épée, et dans une existence telle que la mienne il ne saurait en être autrement. Le Vieux Monde était une terre si dangereuse, et la Sylvanie si sombre...
Au loin se dressait la silhouette ténébreuse d'un château. Je n'osais imaginais quelles horreurs pouvaient y attendre les malheureux qu'on y conduisait, à notre image. Comment pouvait-on accueillir ce genre de choses dans l'Empire ? Comment mon pays natal pouvait-il être à ce point tourmenté ? Cathay n'avait de bourreaux que des ennemis extérieurs... Ici, c'était bien différence. Ici, on faisait abattage de l'innocence et même, commerce de la cruauté. Au nom de quoi pouvait-on s'adonner à ce genre de pratique sans y être forcé ? Mon regard revint vers le cadavre égorgé. Au nom de quoi... Qu'avait-on promis à cet homme pour qu'il se mis à un tel service ? Il fallait décider d'embrasser le mal, de s'y marier, de s'unir à lui.
La morale est la seule chose qui peut encore sauver ce monde...

Triste scène que celle-là. Du sang, de la terreur, de l'abattement et du désespoir, planant comme une nuée de corbeaux silencieux. Ses ailes dégoûtantes s'étendant sur toutes les âmes, les corrompant de leur seule ombre. Mes dents se serrèrent. Malgré ma fatigue nerveuse et la crispation de mes épaules, je trouvais encore un peu de combattivité et de hargne au creux de mon être.
Je lâchais un soupir autant destiné à signifier ma lassitude qu'à me calmer, avant de venir me planter en face des anciennes prisonnières qui évacuaient la carriole.

- Très bien. J'ai besoin de vous. Je connais mal la région... sauriez-vous me renseigner sur les environs ?

Tout pouvait m'être utile. Points de repère, villages, frontières... Ces femmes vivaient ici, avec un peu de chance, elles auraient des informations ou des estimations dont je ne disposais pas.

- Je suppose qu'à vous non plus, l'endroit ne paraît guère agréable...