Rencontre avec un imprévu.

[[MJ] Abhorash]

Ombeline poussa la porte... Et entra dans une très grande pièce, aussi grande que le vestibule, mais remplie de livres. Les murs en étaient tapissés, et d'énormes rayons remplissaient le vide de la salle, très peu décorée. Le fait que la porte n'était pas verrouillée était louche... Ou peut-être qu'elle l'était, mais qu'elle était autorisée à entrer dans la bibliothèque de Marius.

Malgré l'envoutante odeur des livres, et la poussière qui tourbillonnait, qui lui faisaient un peu penser à ses études, elle ressentait une énergie sombre qui entourait les livres. Un mauvais pressentiment, en fait...

[Lucretia Von Shwitzerhaüm]

La porte grinça légèrement lorsqu’ Ombeline la poussa, mais elle s’ouvrit sans heurt. Elle devait probablement être souvent utilisée. Une vaste pièce s’offrit alors à son regard, garnie de nombreux rayons et étagères sur lesquels étaient rangés quelques milliers d’ouvrages.
La bibliothèque du château, pensa immédiatement la jeune femme. La décoration était extrêmement sobre, deux ou trois tables par ci par là, entre chaque rayon, permettaient à celui qui recherchait la connaissance de lire en toute quiétude dans une position propice au travail. Seuls les murs étaient ornés de tapisseries plutôt sombres, conservant l’impression austère des lieux.
Une pièce que Valentin aurait détestée. Une pièce qui convenait beaucoup plus à Marius.

Ombeline entra lentement dans ce lieu de savoir et de connaissance, s’engouffrant entre deux longs étalages, parcourant d’un regard curieux les épais et poussiéreux volumes.
L’odeur du parchemin se mélangeait à celle de l’humidité, rendant l’air plus difficile à respirer, empreinte de vieillesse, comme si la pièce n’avait jamais été aérée.
Mais quelque chose de plus sombre se dégageait de ces manuscrits, quelque chose qu’elle ne pouvait définir, mais qui était bien palpable.

Que pouvait bien receler une telle bibliothèque, alimentée par un vampire ? Des archives datant de plusieurs centaines d’années qui lèveraient le voile sur certaines affaires qu’aujourd’hui on qualifierait de miracle. Ecrits qui seraient jugés comme étant hérétique et dont les membres de l’Eglise Sigmarite ne se gêneraient point pour faire main basse dessus, et les mettre à l’abris des regards dans leur grand temple d’Altdorf.
Des livres regorgeant de sciences occultes ou d’œuvres interdites qui pourraient condamner au bûcher quiconque les porterait sur soi.

L’interdit est souvent source d’indiscrétion, et Ombeline n’échappa pas à la règle. Regardant une dernière fois en direction de la porte qu’elle avait laissée grand ouverte, elle s’avança vers les rayonnages, prête à satisfaire sa curiosité.

[[MJ] Abhorash]

Les ouvrages qu'Ombeline avait en face d'elle étaient intriguant. Si certains paraissaient tout à fait respectable, traitant de la géographie des alentours, d'autres étaient reliés d'une étrange matière qui ressemblait grandement à de la peau et qui, lorsque la vampire les effleura, frissonnèrent.

Voila qui promettait d'être amusant. Ce fameux livre portait le sobre nom de "Traité sur l'art de la manipulation du Dhar". Ce nom titillait Ombeline. Dhar... N'étais-ce pas le nom de quelque chose de lié à la magie? Le livre semblait vouloir être lu. Allait-elle franchir le pas?

Si elle le faisait, son âme serait sans doute corrompue à jamais. Il n'y aurait plus jamais d'espoir de rédemption pour elle, s'il y en avait eu un jour... Elle passerait de simple victime à hérétique. Le simple fait d'être ici aurai aisément pu la conduire au bucher...

[Vladimir Kergan]

Un léger sourire éclaira mon visage au son des paroles de Marius. Paroles qui laissaient entendre qu'un arrangement était possible entre le Comte et moi même et je jeta un regard confiant à Ludwig. Je savais ce qu'il me restait à faire pour empêcher qu'Hilberte en subisse le moindre tourment de la part de Marius. Je n'aimais pas autant Hilberte que le Grand Vlad pouvait aimer Isabella, l'histoire de cet amour étant très connue dans la Communauté Vampirique mais je ne souhaitais pas qu'il lui arrive malheur pour autant, surtout que ses conseils étaient souvent avisés et qu'elle débordait de connaissances, acquises lors de ses longues soirées de lecture passées dans la bibliothèque de Ludwig. Je demeura silencieux quelques instants, le temps de peser le pour et le contre quant à la proposition de Marius qui souhaitait me voir rester dans sa demeure pour quelques temps. Je n'y voyais guère d'inconvénients, que du contraire, cela me permettrait de tisser des liens avec un Descendant direct de Vlad von Carstein, qui avait sans doute eu l'immense privilège de converser directement avec lui, je détestais et respectais Marius pour cela, pour avoir eu cette immense chance de connaître le plus grand Vampire du Vieux Monde.

"J'accepte volontier votre invitation Sire Marius... J'espère que nous trouverons un arrangement qui nous satisfera tous les deux et que nous pourrons oublier ce malheureux incident. Je ferai en sorte de ne pas vous décevoir..."

Je fis un signe de tête respectueux envers le vieux Vampire et me dirigea vers mon mentor, j'avais quelques petites choses à lui dire avant de prendre officiellement mes quartiers dans le Manoir de Marius, concernant Hilberte principalement. Elle était pratiquement tirée d'affaire et j'avais la situation bien en main et si tout se déroulait comme je l'espérais, toute cette histoire ne serait qu'un vieux souvenir. Je ne connaissais pas l'invitée en question mais je présumais que Marius m'en parlerait en temps voulu.

"Je vais accepter l'offre du Comte Marius et demeurer ici durant quelques mois, dites à Hilberte qu'elle n'a pas à s'inquiéter outre mesure, la situation semble s'éclaircir et s'arrangera sûrement rapidement. Rassurez-vous, je serai sur mes gardes durant mon séjour ici et ce jusqu'à ce que cette affaire ne soit réglée définitivement... Bon retour Ludwig et à très bientôt."

Je me détourna ensuite de mon mentor avec un salut respectueux et me dirigea vers Marius qui appella une Servante de son Manoir, cette dernière serait à mon service le temps de mon séjour ici. Elle était assez jolie, blonde avec des yeux d'un vert faisant penser à l'émeraude, elle me fit signe de la suivre et me conduisit à travers de longs et sombres couloirs faiblement éclairés par quelques lanternes accrochées aux murs jusqu'à mes appartements. Luxueuses, ma chambre était décorée à l'ancienne, un grand lit entourés de rideaux sombres trônait contre un mur de la chambre, un feu ronflait dans la cheminée au-dessus de laquelle était accroché un tableau. Un Homme aux longs cheveux noirs corbeau, à l'allure noble et au regard perçant... Vlad von Carstein. M'asseyant dans un fauteuil, je resta de longues heures à regarder ce portrait, pensif. Je savais ce qu'il me restait à faire pour mettre fin à tout celà et ce ne serait peut-être pas si facile que cela.

Les jours et les nuits se succédèrent et je finis par trouver mes repaires à l'intérieur de cet immense manoir, je ne souffrais guère de la soif, il me suffisait de claquer des doigts pour que plusieurs femmes me rejoignenten m'offrant leur cou ou leurs poignets. L'immense bibliothèque de Marius était riche en grimoires et autres livres traitant de la Nécromancie, domaine que je souhaitais affiner car la Magie pouvait se révéler être une arme des plus redoutables en cas de combat, combinée à mon talent martial, je deviendrais extrêmement polyvalent. Un soir, alors que j'étais entrain d'effectuer quelques mouvements avec mon épée, un serviteur entra et m'informa que la jeune vampire venait d'arriver, je fis un signe de tête appréciateur et le congédia avant de ranger mon épées dans son fourreau et d'enfiler mon long manteau sombre et de quitter la pièce.

Alors que j'errais dans les couloirs du Manoir, je vis que la porte de la Bibliothèque était grande ouverte et mon regard se posa sur une silhouette féminine qui s'avançait dans les rayons de la bibliothèque, attirée par la connaissance que renfermaient les nombreux grimoires de cette pièce. Des grimoires dont le contenu aurait pu faire frémir d'horreur n'importe qui n'étant pas préparé à de telles lectures et bien des gens auraient pu devenir fous en posant un regard non averti sur les écrits impies. Je savais que cette jeune vampire était la personne dont m'avait parlé Marius. Je m'avança silencieusement et entra à mon tour dans la Bibliothèque du Comte. Un silence impérial régnait dans cette pièce, silence que je rompis avec ces paroles et une révérence respectueuse.

"Moi aussi à mon arrivée, je fus attiré par ces nombreux ouvrages, débordant de savoirs et de connaissances que n'importe quel Nécromancien rêverait d'avoir en sa possession. Quoi qu'il en soit, il faut être certain de ce que l'on veut lorsque l'on pose les yeux sur ces ouvrages, car il est impossible de revenir en arrière par après... Pardonnez moi mon impolitesse, je suis Vladimir Kergan, enchanté."

[Lucretia Von Shwitzerhaüm]

Sa main se saisit d’un premier ouvrage, et le retira de son étagère, emmenant avec lui une quantité assez conséquente de poussière qui fit froncer les sourcils d’Ombeline. Le prenant à pleine main, bien à plat, elle en découvrit le titre : « De l’Art à la Poésie ».
En effet, bien dangereux était cette sorte de livre qui pouvait altérer votre vision de la vie, vous la faisant découvrir à travers ses plus belles facettes et ses plus belles couleurs, en un ensemble de phrases aussi splendides qu’alambiquées. Elle qui se voyait déjà déchiffrer un manuscrit dont les écritures interdites et les connaissances cachées risquaient de lui déchirer son âme en partie maudite…

Elle ne put retenir un léger gloussement, qui vient se répercuter en écho sur la pierre centenaire et à travers toute la pièce, manquant de la faire sursauter. Tous les sens en alerte par cette soudaine tension survenue dans son corps, elle jeta frénétiquement un nouveau regard en direction de l’entrée de la bibliothèque, qui se trouvait derrière elle.

Non, malgré le titre des plus banals de cette œuvre, elle sentait une aura ténébreuse en ce lieu, qui ne la mettait que plus mal à l’aise, tout en la fascinant. Une curiosité malsaine qui allait la conduire elle ne savait où. Elle remit le livre à sa place, et déambula à travers les différents rayonnages, jetant des coups d’œil par ci par là aux différents titres qu’elle pouvait lire.

Cette bibliothèque regorgeait de connaissance, portant sur des domaines aussi vastes que disparates, tel que les mathématiques, l’histoire, la géographie, la poésie, les civilisations antiques et contemporaines, l’astrologie, la démonologie, la tératologie, l’occultisme… Une foule de domaine qui ravissait la jeune femme.
Certains écrits semblaient extrêmement âgés, peut-être même antérieurs à la naissance de Marius. D’autres étaient dans une langue qu’elle ne comprenait pas, même si elle pouvait néanmoins déchiffrer les caractères.
Elle tomba un moment sur tout un rayonnage ou d’étranges caractères ou symboles étaient inscrits sur les pages, un amalgame de signes et d’arabesques qui rendait chaque œuvre indéchiffrable. Un rayon qu’elle dépassa sans un regard en arrière, devenant totalement inutile.

C’est alors que le regard d’Ombeline fut attiré par un étalage beaucoup plus sombre, plus en retrait dans l’ombre de la pièce. C’était de la que provenait tout le mal être qu’elle ressentait, comme si les manuscrits avaient leur propres âmes, âmes torturées et tourmentées pour l’éternité, qui harcelaient celle de la visiteuse un peu trop curieuse. Cette dernière tendit son bras pour s’emparer d’un des ouvrages, et lorsque sa main effleura la reliure, la vampire retira précipitamment sa main avec un frisson d’horreur.

De la peau humaine. Ce ne pouvait être que ça. Qui pouvait bien avoir été assez monstrueux pour écorcher le corps d’un homme, voir d’une femme ou d’un nourrisson, et se servir de cette peau récupérée en guise de couverture ?! Un vampire, évidemment.
Mais dans quel but ? Celui de montrer ostensiblement son sadisme et sa cruauté, ou de préserver les mortels d’un savoir interdit, empêchant de se saisir de ce livre par le dégout inspiré par tout contact avec cette insanité ?
Et quel savoir… ? Semblant reprendre son souffle, Ombeline, les yeux brillants de curiosité, se saisit à nouveau du manuscrit, refrénant la nausée qui montait.
« Traité sur l’Art de la Manipulation du Dhar » lu t’elle à voix basse. Dhar… un mot qui avait une vague signification pour elle. Si ce n’était son rapport avec la magie, domaine qu’elle ne connaissait nullement, elle n’en savait pas plus. Mais pour que ce volume traitant de la magie soit entouré de peau humaine, ce devait être des sortilèges d’une nature bien particulière. Elle comprenait mieux les ténèbres et la noirceur qui hantaient ce lieu, qu’elle ressentait depuis son entrée.

Si un répurgateur était entré dans la pièce à ce moment là, elle aurait été condamnée au bûché sur le champ. Mais ce type ne magie ne devait certainement pas être prohibé par les vampires… elle ne risquait rien de leur part à ouvrir ce livre. En ce qui la concernait, en revanche, il était possible qu’elle encoure un grand danger à vouloir satisfaire cette curiosité.
Mais elle l’ouvrit cependant, feuilletant les pages. Si les écrits ne lui inspirèrent rien, indiquant principalement les moyens de canalisation de cette magie, les illustrations l’horrifièrent. Images apocalyptiques montrant des démons grimaçants dévorant des nouveaux nés, des monstres copulant avec des jeunes femmes, dont quelques mois plus tard, l’engeance ainsi crée déchire le ventre de sa mère et se repait de celle qui lui a donné naissance.
Autant d’abominations qui révulsèrent Ombeline, mais qui ne la firent pas fermer le livre, en quête de découvrir toujours pire, d’atteindre les limites de l’esprit humain afin de savoir quelle monstruosité il serait capable d’inventer.
Les représentations défilèrent sous ses yeux, exhibant des dissections d’enfants, l’anatomie d’un bras écorché, la reconstitution d’un corps à partir de différents organes.

Obnubilée par ces effroyables croquis, elle n’entendit pas le visiteur qui venait d’entrer dans les lieux.
Lorsqu’il se présenta et que sa voix résonna dans la pièce, Ombeline poussa un cri de surprise en se retournant vivement, laissant échapper le livre qui tomba au sol.
S’efforçant de se remettre de cette peur soudaine, quelque peu humiliante, elle dévisagea le nouveau venu en adoptant une expression impénétrable, malgré la pâleur exacerbée de son visage.
Une allure très aristocratique, se tenant bien droit, un visage bien dessiné encadré par des cheveux noirs et ondulés qui lui arrivait à hauteur des épaules, agrémenté d’un magnifique regard étincelant empli d’intelligence. Un vampire, sans aucun doute. Il était enveloppé d’un manteau noir de très bonne qualité qui mettait en relief l’éclat vermeil du rubis de sa chaine en or, pendant à son cou.

Ainsi, d’après ses dires, elle était en train de lire un traité porté sur la nécromancie. Et le vampire ne pouvait qu’avoir raison sur ce sujet, au vu des horreurs qu’elle venait de visionner. Mais ce dernier n’était venu en ces lieux dans le seul but de s’abreuver de ces connaissances inhumaines. Et malgré le fait qu’elle soit aux portes de la nausée, elle le comprenait. Ce livre était horriblement captivant, montrant la perversité de l’esprit dans ses moindres détails, allant jusqu’au fin fond du sadisme de l’être humain, le décortiquant et parvenant à l’illustrer par le biais de ces images. Il était guère étonnant que certaines personnes basculaient dans la folie par la tentative d’apprentissage de cette science occulte. Mais qu’est ce qui l’attendait, si elle se lançait dans l’exploration de cette bibliothèque ?
Pas dans l’optique qu’un jour elle puisse réveiller des morts, ce qui était à l’opposé de ses principes. Mais juste dans le but de poursuivre son apprentissage, d’en savoir un peu plus sur ces interdits. Avec l’éternité devant elle, elle y passerait bien un jour ou l’autre. Pourquoi pas tout de suite, vu qu’elle en avait l’occasion ? Et peut-être que l’apprentissage de cette magie la doterait de quelques sortilèges qu’elle apprendrait uniquement dans le but de se défendre.
Elle espérait juste se tenir à ces principes, et à ne pas tomber dans cette folie qui s’empare des esprits trop faibles. D’autant plus que cette volonté d’apprentissage n’était en aucun cas nourrie par de noirs desseins.

Ombeline rendit le salut que venait de lui faire ce Vladimir Kergan, en profitant pour ramasser ce livre qu’elle venait de laisser choir.

« Alors nous ne sommes pas dans cette bibliothèque pour les mêmes raisons, lui répondit-elle, agrémentant sa déclaration d’un petit sourire. Ce n’est que le hasard qui a guidé mes pas jusqu’en ce lieu empli de ces connaissances interdites que vous semblez tant désirer. En ce qui me concerne, je suis Ombeline Andell. Et même si je suis consciente des dangers encourut par la lecture de tels livres, je doute de laisser mon esprit dériver vers la folie, avant d’y sombrer.
Du moins, je l’espère de tout cœur » ajouta t’elle avec un grand sourire sincère.

[Vladimir Kergan]

Le sursaut que provoqua mon entrée dans la pièce me fit légèrement sourire, au vu de ce qu'elle me démontrait, je pouvais deviner la jeunesse de cette Fille de la Nuit, elle ne devait guère avoir plus d'un an, une Nouvelle Née sans aucun doute. Elle n'était sans doute pas encore habituée à voir de tels ouvrages dont les reliures des couvertures étaient faîtes dans une matière qu'il valait mieux éviter de nommer. Pourtant, l'horreur et les blasphèmes que contenaient les grimoires n'étaient encore rien comparés aux célèbres Manuels de Nagash dont le célèbre Vlad en possédait plusieurs, un savoir antique retranscrit par le Grand Nécromancien dont la puissance est égale à celle d'un Dieu, à ce que l'on dit.

Prise par surprise, la jeune vampire laissa tomber le livre qu'elle tenait en main quelques instants plus tôt, ce dernier se referma sur lui-même et mon regard se posa sur le titre de l'ouvrage "Traité sur la Manipulation du Dhar". Dhar... La Magie Noire, la plus primitive et par conséquent la plus dangereuse de toutes, celle que pratique les Nécromanciens mais aussi les Sombres Sorciers dans les Désolations Nordiques. Ludwig possédait lui aussi une immense bibliothèque traitant de nombreux sujets dont l'Art de réveiller les Morts, bien qu'il serait faux de réduire cette Magie à celà. Détournant quelques instants mon attention d'Ombeline, je m'approcha à mon tour de l'un des rayons, faisant glisser mon doigt sur la reliure en peau humaine d'un sombre grimoire écrit par le Célèbre Nécromancien nommé Jacques de Noirot dont il est dit qu'il fut tué en voulant réveiller trop de morts vivants grâce à un Sceptre qui porte à présent son nom.

Je ne pu m'empêcher de laisser échapper un petit ricanement sarcastique en repensant à cette histoire... Un Mortel bien peu prudent et n'étant sans doute pas encore assez fort psychologiquement pour contrôler parfaitement ses Serviteurs d'Outre Tombe. Je me mis à feuilleter le livre tout comme le faisait Ombeline, il n'y avait guère d'images mais plutôt de nombreuses formules et incantations blasphématoires et condamnées par tous les Cultes du Vieux Monde. Mon regard s'arrêta à la page ou de Noirot expliquait comment il avait construit son fameux Sceptre, tout y était. Le temps que celà lui avait prit, les matières dont il s'est servit pour le fabriquer, il y avait cependant une section qui n'était pas remplie, celle de la mise en pratique du Sceptre... Il n'en a sans doute pas eu le temps. Claquant le volume pour le refermer, je le remis dans le rayon avant de reporter mon attention sur Ombeline.

"Vos paroles pleines de bonnes intentions laissent entendre que vous n'avez pas encore embrassé votre nouvelle condition. Puissiez-vous dire vrai quand vous dîtes que vous saurez vous arrêter à temps... Certains n'ont pas pu et ce même si leurs intentions étaient des plus honnorables au départ, le Célèbre Templier du Dieu Fondateur de l'Empire en est le parfait exemple, un homme brave dévoué aux siens et à son peuple avant de devenir ce qu'il est à présent... Le Seigneur de la Fin des Temps."

Mon regard étincelant rencontra celui d'Ombeline et je ne dis plus rien pendant plusieurs secondes, mon intention n'était pas de lui faire peur, loin de là. Mais je souhaitais me montrer sincère avec elle, rares sont les personnes qui se sont plongés dans des écrits interdits et qui en sont ressortit indemmes. Mon expression se radoucit ensuite quelque peu et je fis un sourire à Ombeline avant de reprendre d'un ton bienveillant.

"Je vous souhaite bien evidemment un tout autre destin et espère que vous saurez garder de la distance avec ce domaine à la fois effrayant et fascinant qu'est la Nécromancie si tel est votre désir. C'est en tout cas un réel plaisir de voir une présence féminine qui plus est d'une grande beauté dans ce Manoir. Quel vent vous amène sur le domaine du Comte Marius, sans vouloir être indiscret evidemment."

Mon sourire était franc et bienveillant, je souhaitais mettre la jeune vampire à l'aise, par moment je pensais me trouver en face d'Hilberte les premiers mois après sa transformation et je savais à quel point l'on pouvait être désorienté et perdu devant la perspective de l'Eternité. Aussi serais-je à l'écoute d'Ombeline et souhaitais lui apporter aide et conseils.

[Lucretia Von Shwitzerhaüm]

Ombeline avait vraiment donné une première impression de plus remarquables, grâce à ce sursaut qui l’avait saisit, comme une petite fille prise sur le fait en train de désobéir à ses parents. Même si les raisons de cette peur étaient facilement compréhensibles, et dépassaient de loin les interdits paternels.
Du moins, compréhensible pour un humain, mais pour un vampire, il devait en être autrement. Comme si le statut vampirique impliquait un stoïcisme et une indifférence sans égale, même en ce qui concernait les pires abominations faites par tout être vivant… ou mort.
Vladimir avait affichait un léger sourire à la vue du petit bond qu’elle avait fait, et elle en tirait une certaine honte de n’avoir pas pu retenir ses émotions.

Les yeux du vampire s’étaient posés sur le traité qu’elle avait laissé tombé, et alors son regard s’était voilé, absorbé par ses pensées. Comme si le titre de l’œuvre avait libéré dans son esprit quelques réflexions, et l’idée d’aller voir par lui-même ce que cette bibliothèque pouvait bien renfermer de précis. La jeune vampire scrutait le visage du visiteur, dans l’espoir de voir une expression trahissant un quelconque malaise. Un livre tiré de ce rayonnage devait sûrement contenir des illustrations ou des textes aussi effroyables que celles dont elle avait eu le privilège de contempler, capable de mettre à bas la plus forte volonté, de faire chavirer la conscience du plus grand des tyrans. Ce n’était pas pour rien que certaines personnes avaient été rendues folles en s’abreuvant de ces lectures et en cherchant à comprendre le sens de cette démence. Démence qui puisait pourtant son existence dans la réalité, par le biais de la magie notamment. Ce qui ne rendait ces manuscrits que plus dangereux encore.

Pourtant, à la stupéfaction de la jeune vampire, il en retira seulement un bref ricanement. Ombeline braqua de grands yeux consternés sur l’homme. Comment pouvait-il trouver le moyen de rire après avoir contemplé ce manuscrit ? Où était le comique dans ces ignominies ? Ou bien avait-il déjà tenté quelques macabres expériences, et qu’il s’était habitué à ces atrocités ?
Même le simple fait de penser que l’on pouvait s’endurcir au point de pouvoir le supporter était totalement irrationnel aux yeux d’Ombeline. A moins que ce ne soit elle qui n’était pas comme les autres ?
Tous les autres vampires ne semblaient pas souffrir d’infliger ce mal autour d’eux, sauf elle… une vampire trop sensible pour se nourrir. Voilà qui pouvait paraitre pathétique pour certaines de ces créatures sanglantes. Vladimir Kergan finit par refermer le livre, avant de le ranger à sa place.
Selon lui, Ombeline n’avait pas encore « embrassé sa condition ». Alors qu’il venait de lui parler de la nécromancie… Probablement que les vampires possédaient certaines affinités avec cette science obscure. Ce qui collait très bien à ces personnages, remarque.
En effet, elle ne maitrisait encore rien de ce pouvoir. D’ailleurs, elle n’aurait jamais fait le rapprochement entre le Dhar et cette magie de la mort s‘il ne l’avait pas fait pour elle.


« Je présume que vous parlez d’Archaon…, lui répondit-elle. Oui, je suis au courant de son histoire. Des rumeurs circulent cependant, affirmant que sa folie découle de la foi qu’il portait en la religion… une foi qui fut ébranlée. Voilà ou nous mène ces ramassis de mensonges. Vous l’aurez compris, je ne suis pas vraiment croyante. Ainsi, de ce point de vue la, je ne risque rien à m’égarer dans ces sombres écrits. »

Archaon, un templier de Sigmar. Qui aurai lu le manuscrit de Necrodomo, alors enfermé dans un temple. Ce livre blasphématoire écrit par un hérétique affirmait que le monde tomberait entre les mains des Dieux du Chaos, et que toute la divinité qu’incarnait Sigmar n’était que pure fabulation.
Et cela avait suffit à faire basculer ce templier dans la folie, détruisant le temple, tuant les membres de sa famille, alors gouverné par une rage colossale. Et il s’était adonné aux Dieux Chaotiques.

Il était incroyable de voir en quoi les plus grandes convictions pouvaient être balayées par de simples écrits, incroyable de voir à quoi menait la religion. Ce qui laissait entrevoir à quel point ces croyances étaient stupides.

« La foi n’est pour moi que le refuge des crétins et le fond de commerce de ceux qui les manipulent. Et Archaon devait faire partit de la première catégorie. S’il était un si fervent croyant, comment toutes ses certitudes ont pu être anéanties par un simple ouvrage ? Ouvrage écrit par dément, en plus de ça. Voyez en quoi la religion est contradictoire, en plus d’être on ne peut plus bancale »

Vladimir lui demanda alors la raison de sa présence en ces lieux, et Ombeline grimaça. Elle était parvenue à oublier le but de sa « mission », son attention toute retenue par ces traités de nécromancie.
Le vampire s’adressait à elle avec un sourire honnête, la mettant en confiance. Il la regardait ouvertement, et son regard semblait franc. Tout comme celui de Marius. Devait-elle se méfier de lui également ? Nouvelle venue dans ce château, elle ne connaissait personne, elle ne savait pas à qui elle pouvait se confier.
Elle décida de lui dire cependant la vérité. Après tout, ce qu’elle allait dire ne risquait pas de la mettre en danger, même si elle lui avouait son non consentement à ce mariage, chose que Marius savait déjà.

« J’ai été envoyée ici par Vanish Mörgten. Je ne sais pas si vous avez déjà entendu parler de lui, dans le monde vampirique. Je pensais devoir effectuer une quelconque mission, quelque chose de basic, étant donné que je suis une nouvelle née. Mais non, si je suis ici, c’est pour me marier à un inconnu, à un vampire irresponsable qui ne pense qu’à lui. Valentin.
A peine me voilà vampire que je me vois enchainée à ce mariage, pour l’éternité. Mariage que je ne souhaite aucunement… et qui pire, semble plaire à mon futur époux, afin que j’assume tout à sa place.
Voilà pourquoi je suis ici. Mais passons, je ne veux guère vous importuner avec mes soucis, que personne ne pourra résoudre, je le crains. Qu’en est-il de vous ? Résidez vous dans ce château, ou bien n’êtes vous que de passage ? »

[Vladimir Kergan]

Cette Vampire était sans doute la plus humaine que j'avais eu l'occasion de rencontrer jusqu'à présent, même pour une Nouvelle Née. Hilberte avait accepté son nouveau et bien plus prestigieux destin en quelques jours, Ombeline quant à elle paraissait moins bien l'accepter, il était aisé de le remarquer à sa réaction lorsque je laissa échapper ce petit ricanement envers De Noirot. Ludwig m'avait parlé de certains Vampires qui ne parvenaient jamais à vraiment accepter leur Non-Vie et rêvaient à leur ancienne vie, du temps ou leurs corps étaient encore chaud, ou certains pouvaient contempler le Soleil ou avoir le loisir de s'observer dans un miroir. Je devais l'admettre, cette nouvelle existence avait quelques inconvénients, cela était indéniable mais aussi plus que largement compensé par les pouvoirs dont nous étions dotés à présent, nous les Immortels.

Je lui jeta un regard appréciateur en entendant les paroles qu'elle prononçait vis à vis d'Archaon et de la Religion en général. Mais elle oubliait de souligner quelques détails importants dans ses critiques de l'Eglise Sigmarite, notamment envers le manuel de Necromodo. Si la personne qui l'a écrit était véritablement démente, l'Eglise ne l'aurait sans doute pas mit sous clé dans l'une de ses chambres secretes, il devait y avoir une parcelle de vérité dans cet ouvrage ou pire encore... Sinon je ne voyais pas pourquoi les Sigmarites auraient voulu en protéger la population... voir même ses propres templiers.

"Je n'apprécie guère la Religion plus que vous Ombeline même si vous ne pensez pas à un détail capital, si l'auteur du livre était vraiment dément, je doute que l'Eglise Sigmarite aurait prit autant de précautions pour en interdire l'accès au public et à surtout à ses propres Templiers... Vous aurez tout de même remarquer que certains d'entre nous sont sensibles aux Symboles Religieux ainsi qu'aux lieux saints... Je le fus au départ et puis... J'ai finis par me débarrasser de cette faiblesses face à ces Idoles Faibles et Capricieuses que les Humains vénèrent."

Je terminais cette phrase avec un sourire victorieux... Une victoire que je prenais sur ces Divinités qui se servaient des Mortels comme de vulguaires marionettes dans leurs rivalités. Des Dieux qui au final ne se souciaient guère du Destin des Mortels. Poussant un léger soupir, je reporta mon attention sur mon interlocutrice qui me parlait à présent du but de sa visite. Durant mon séjour ici, j'avais evidemment entendu parler de ce Valentin et de ces actions peu réfléchies, à côté de lui je n'avais vraiment pas grand chose à me reprocher... Un Vampire qu'il serait bien plus simple d'éliminer pour de bon, hélas ce n'était pas de l'avis de la Cour Noire, pas pour l'instant du moins.

Ombeline n'avait guère de chance elle non plus... La Volonté de la Cour Noire passe au-dessus de celle d'un simple individu, surtout d'une nouvelle née. Elle devrait se soumettre à se mariage sous peine de voir sa Non-Vie compromise. Je m'adressa à la nouvelle né sur un ton grave mais compatissant.

"Je vois... Oui j'ai entendu parler de cette histoire... Je n'ai pas eu l'occasion de cotoyer Valentin en privé mais j'en sais suffisamment sur lui pour dire qu'il n'est guère intelligent et qu'il ne doit sa survie qu'à Vanish qui est apprécié de la Cour Noire... Cependant cette dernière a été suffisamment patiente avec Valentin et je pense qu'il s'agit de sa dernière chance d'échapper à la mort définitive...."

Tout en parlant je me déplacais, cherchant avec attention mes mots... Ombeline ne se rendait peut-être pas compte de la situation dans laquelle elle se trouvait mais moi je le savais, je le savais pour avoir cotoyé la Cour Noire et les manières des Nobles surtout envers les Nouveaux Nés qui ne se montraient pas coopératifs. Je m'arrêta finalement et reprit la parole.

"Vous êtes prise au piège Ombeline, la Cour Noire se moque bien de la volonté d'une Nouvelle Née et si vous refusez de vous marier, c'est vous qui risquez d'en subir les conséquences, des conséquences qu'il vaut mieux ne pas nommer. De plus, au vu de ce que vous me racontez, Valentin semble prendre ce mariage tout aussi à la légère que les précédentes mesures et je suis certain que trois semaines ne seront pas écoulées qu'il sera égorgé et que vous serez libérer... Il n'y a guère d'Eternié avec Valentin, rassurez-vous."

Mes paroles étaient sincères, je souhaitais qu'il n'arrive rien à cette Nouvelle Née... Les vieux Vampires oubliaient parfois qu'il fallait conseiller les nouveaux Fils et Fille de la Nuit, je ne le savais que trop bien, je savais aussi que si je n'avais pas eu Ludwig pour m'apprendre comment fonctionnait la Sylvanie, que je ne serais sans doute plus là aujourd'hui pour parler avec Ombeline. Je lui fis un sourire confiant et rassurant et répondit à mon tour à ces questions.

"Je ne suis que de passage ici, je dois régler une petite affaire avec Marius et je suis également venu pour approfondir mes connaissances occultes dans cette bibliothèque dont Ludwig, mon mentor, m'avait parlé."

[Lucretia Von Shwitzerhaüm]

La jeune femme réfléchie aux premiers propos de Vladimir. Il n’avait pas tord, mais les deux hypothèses se valaient bien aussi l’une que l’autre. Et il y avait peu de chance que quelqu’un puisse faire éclater la vérité au grand jour, au risque de bouleverser l’ordre du monde actuel qui reposait sur un mythe. Et encore, cette personne se verrait traquer par les répurgateurs, et sa vérité serait d’autant plus dure à être acceptée.

« Ou peut-être que Necrodomo était réellement dément, et que même dans sa folie, ses écrits étaient pertinents et soulevaient des questions auxquelles même les plus zélés des religieux ne pouvaient répondre. Le temple l’aura caché pour éviter justement ce qui s’est passé avec Archaon. Quant à savoir pourquoi l’Eglise tient absolument à garder ces soi-disant hérésies, et non à les brûler ou à s’en débarrasser, je ne peux répondre à cette question. Peut-être cherche-t-elle à essayer de comprendre…
Quoi qu’il en soit, que Necrodomo soit dément ou non ne change rien aux massacres commis à cause de la religion.
Mais cela dit, je me poserais toujours cette question de savoir ce qui se cache derrière l’imposture de Sigmar, tout de même capable de conférer à un simple morceau de métal un contact ardent, susceptible de ronger ma peau, ajouta t’elle en regardant le dessus de sa main, là ou un symbole Sigmarien avait carbonisé sa peau.
Et vous dîtes que, malgré votre faiblesse face ces actes de foi, vous avez réussi à la dominer, et qu’à présent, vous pouvez vous rire de ceux arborant une représentation divine ? »

La jeune femme n’en revenait pas. Elle se rappelait la nausée qui l’avait soudainement assaillit à la vue de la météorite enflammée que Vanish avait sortit d’une de ses commodes. Mais également sa morsure ardente quand il lui avait frôlé la main, aussi douloureuse et lancinante que la sensation d’une brûlure au fer rouge. Et Vladimir Kergan lui assurait de ne plus subir cette … infirmité ? Cela était-il seulement possible ? Pourtant Vanish n’avait pas souffert lui, de brandir l’objet.
Vladimir quant à lui, exhibait un sourire triomphant alors qu’il finissait sa phrase. Comme s’il était particulièrement fier de s’être débarrassé de cette maudite faiblesse, qu’il avait éliminé son pire ennemi. Et Ombeline ne pouvait que le comprendre.
Ce devait être une arme de choix pour les répurgateurs ou l’inquisition que de brandir sous le nez de leurs victimes ces symboles divins. Un moyen extrêmement efficace pour débusquer les vampires. Sauf s’ils étaient parvenus à ignorer cette défaillance. A cette simple pensée, le visage d’Ombeline s’éclaira quelque peu, empli d’un nouvel espoir.

Expression qui se ternit, tout comme celle de son interlocuteur, lorsque ce dernier déclara sur un ton grave qu’en effet, il avait entendu parler de ce Valentin. Et au vue de ce qui se disait à son sujet, Vladimir ne semblait pas le tenir en haute estime.
Ainsi, Ombeline deviendrait cette fameuse nouvelle née qui allait se marier avec l’un des plus incapables vampires encore vivant de nos jours. Brillante réputation, et celle de Valentin finirait par déteindre sur la sienne, et la jeune femme finirait aussi peu crédible que son mari irresponsable.
Et le vampire continuait son discours, finissant de ruiner les minces espoirs que la future mariée essayait encore de garder. Un discours sombre, plein de malheurs, mais qui était on ne peut plus vrai.
Il n’essayait pas de la séquestrer dans sa fatalité, mais bien d’essayer de lui faire comprendre les enjeux de ce mariage, et les conséquences qui en découleraient. Il semblait réellement sincère, comme s’il la prenait en pitié, comprenant le funeste destin qui l’attendait. Le premier vampire qui paraissait exprimer sa compassion, ce qui étonna Ombeline.

Vladimir termina cependant son avertissement sur une note qui raviva la flamme de la jeune vampire, presque étouffée par cette avalanche de prédictions aussi sinistres les unes que les autres. Valentin ne pourrait changer, ni se comporter convenablement, ce qui attirerait les foudres de la Cour Noire dont parlait le vampire. Il se ferait donc éliminer en toute bonne forme.
Mais n’était-ce pas les mêmes paroles qu’Ombeline avait tenues à Valentin lors de leur première rencontre ? Mais là où elle avait vu un moyen pour la Cour Noire de se débarrasser de deux nouveaux nés gênant en un seul coup, Vladimir voyait en ce mariage une solution pour ce même conseil de vampires de se libérer que d’un seul fardeau qui leur causait vraiment des soucis : Valentin.
Perspicace, en effet. Dans l’optique de ce mariage, Ombeline avait réellement pensé qu’on lui souhaitait du mal. Pourtant Marius semblait également désapprouver cette solution, mais ne pouvait rien faire face à tant de voix vampiriques.
Ce n’était pas à elle que l’on en voulait, qu’avait-elle fait pour subir les foudres de ces vampires ? Rien.

Quoique… une nouvelle fois, plusieurs options étaient envisageables. Il était possible que ces derniers aient eu vent de la faiblesse de cette nouvelle née, qui rechignait à se nourrir, et faisait étalage de sa sensibilité, susceptible d’apporter la honte sur les vampires. Tout était décidément si incertain.

Vladimir venait de lui dire la raison pour laquelle il était ici. Afin de régler une affaire avec Marius, et d’en apprendre plus sur la nécromancie.

« Ainsi vous aviez eu la chance d’avoir un mentor… comme je vous envie. J’ai pour ma part directement été envoyée ici le jour même suivant ma naissance. Oui, Vanish ne s’est pas embarrassé à me prodiguer l’enseignement dont vous avez disposé, et je me vois totalement ignorante et à la merci de tous ces vampire.
Si vous désirez en savoir plus sur cet art sombre, je présume que vous n’êtes peut-être pas très vieux en tant fils de la nuit. Et malgré ça, vous semblait vraiment au courant des us et coutumes de la société vampire… »

Ombeline poussa un long soupir, abattue de ne pas être née sous une bonne étoile.

[Vladimir Kergan]

Bien des Manuels se trouvaient renfermés dans le Grand Temple de Sigmar… Dont certains que je convoitais plus que tout autre chose mais rien que l’idée d’aller les subtiliser me paraissait totalement impossible. Je veux bien entendu parler des Manuels de Vlad von Carstein, mit sous haute surveillance et dont l’accès étaient sans doute excessivement réglementé, je ne savais d’ailleurs même pas s’il était possible pour qui que ce soit même au sein de l’Eglise Sigmarite d’y accéder, à part Volkmar peut-être. Une chose demeurait néanmoins certaine comme l’avait souligné Ombeline, si le Grand Théogoniste ne détruit pas le manuel de Necrodomo c’est qu’il a une bonne raison et par conséquent cela signifie que ce qu’a écrit ce vieux fou contient une part de vérité, petite ou grande, cela je ne le saurais jamais.

« La Brûlure que vous ressentez sur votre peau à l’approche du symbole de Sigmar ne peut pas avoir d’autres significations que ce Dieu existe bel et bien. Je crois que ce n’est pas une question de croire ou non aux Dieux qui est important mais de s’abaisser à les vénérer comme de vulgaires laquets ou de leur tenir tête et s’émanciper de leurs préceptes ridicules qui cloisonnent le Monde dans des limites que je juge inutiles… Nous, Vampires n’avons plus à subir le joug de ces Divinités. »

Les dernières paroles de la Fille de la Nuit me firent sourire, elle parlait comme si la faiblesse qui la caractérisait était une fatalité, mais c’était loin d’être le cas. Les Vampires devenaient de plus en plus puissants au fur et à mesure que les années s’écoulent et que les siècles passent. Je me retrouvais dans la peau de Ludwig et cela me plaisait, de pouvoir à mon tour apprendre des choses aux nouveaux vampires et ce même si j’étais encore loin du rang de Ludwig. Avec patience, j’entrepris de lui expliquer les ficelles d’une existence vampirique, que son géniteur Vanish aurait du faire faire… Un incapable parmi tant d’autres selon moi.

« Oui il est possible de se débarrasser de cette faiblesse mais cela uniquement en prenant de l’âge et en devenant plus puissante, avec plus d’années derrière vous, vous parviendrez petit à petit à surpasser cette faiblesse, cela est le même principe que pour le Soleil s’il vous brûle, plus tard vous pourrez peut-être supporter les rayons solaires, en ce qui me concerne je peux me déplacer à la lumière du jour quand bon me semble sans rien craindre de cette dernière. »

Je fis un léger signe de la main pour signifier qu’elle ne devait pas trop s’inquiéter de tout cela pour l’instant, au final ces faiblesses ne deviennent dangereuses que si elles sont habillement exploitées par des répurgateurs et autres chasseurs. La plupart du commun des Mortels n’ont aucune idée des faiblesses vampiriques hormis les histoires un peu bateau que l’on entend avec l’ail, le soleil etc. Sans savoir qu’un Vampire ne ressemble jamais vraiment à un autre et c’est cela notre plus grande force, notre différence. Le visage d’Ombeline palissait à vue d’œil au fur et à mesure que j’exposais mon point de vue quant aux décisions de la Cour Noire et me doutait bien que ce n’était certainement pas facile à digérer.

Mais l’espoir était fort la concernant aussi car je savais au vu des actions de Valentin que ce dernier ne vivrait plus longtemps, car il ne pourrait pas respecter son engagement envers Ombeline et continuerait ses mêmes actions perturbatrices qui déclenchèrent la colère des Nobles de la Cour Noire, fatigués des exactions de ce nouveau né idiot. Dés lors le mariage d’Ombeline ne durerait pas longtemps… Peut-être même pas plus d’une semaine pour être honnête.

Je doutais singulièrement de la malveillance de la Cour vis-à-vis d’Ombeline, il me paraissait plus probable qu’il ne s’agisse que d’une simple indifférence à son sort. D’un autre côté et ce point n’était pas négligeable, il était fort possible que cela soit une offre piège pour Valentin sans que celui ne s’en rende vraiment compte et au vu de ce que m’avait dit Ombeline, il était encore plus idiot que je ne le pensais, abuser de la patience de la Cour était le meilleur moyen de raccourcir considérablement son existence, comme me l’avait dit Ludwig, pour devenir quelqu’un de haut placé, il valait mieux ne pas avoir d’ennemis et Valentin n’avait sans doute pratiquement que cela.

Dépourvue d’enseignement et de l’appui d’un mentor, Ombeline se ferait sans doute abuser par beaucoup de Vampires au sein de la Sylvanie. Tous n’étaient pas comme Ludwig et n’étaient pas pourvu de scrupules. Poussant un léger soupir, je pris soin de fermer la porte de la Bibliothèque qui j’avais laissée grande ouverte à mon arrivée. C’était une conversation privée et je ne souhaitais pas qu’elle tombe dans des oreilles indiscrètes. Après avoir claqué la porte, je reporta mon attention sur Ombeline Andell.

« Je ne suis pas un vieux Vampire en effet, mais je ne suis plus vraiment un Nouveau Né non plus. Disons que je ne suis pas encore Membre de la Cour Noire mais presque, cela est une tâche ardue mais j’ai bon espoir d’y parvenir dans quelques temps, si tout se passe comme je l’espère du moins. Mes connaissances, je les dois à la patience de mon mentor chez lequel je vis depuis plus d’un an maintenant, j’ai eu beaucoup de chances de le rencontrer. Ses conseils m’ont permit de prendre les meilleures décisions possibles, surtout quand on a à faire avec l’Aristocratie Vampirique de Sylvanie. »