[Ludwig] Celui qui a vu l'abime

La Sylvanie inspire la peur dans le reste du Stirland. Depuis la sombre ville de Tempelhof, qui n'a pas eu de prêtre de Morr attitré depuis 800 ans, jusqu'aux contreforts des Montagnes du Bord du Monde, entre le bief de l'Aver et le Stir, la plus grande région du Stirland est un lieu de terreur et d'obscurité. On dit que les fantômes y évoluent en toute impunité à la nuit tombée parmi les collines Hantées et que l'épais brouillard des bois sylvaniens emprisonne parfois les âmes, les obligeant à y errer à jamais. La portion orientale de la province est la plus désolée, là où d'anciens châteaux noirs sont juchés sur leurs pics escarpés comme des vautours scrutant les villes en contrebas.

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[MJ] Le Djinn
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par [MJ] Le Djinn »

C'est ainsi que Ludwig se glissa dans la cale du navire avec la discrétion d'un chat. Oubliant un instant la buse sur son épaule (qui se demandait sérieusement ce qu'il se passait), le prétendu répurgateur laissait un peu d'espace au mutant pour qu'il se trahisse. Arianka lui en aurait sans doute voulu: en bonne divinité de l'Ordre elle avait ordonné à ses fidèles d'exterminer sans pitié les impurs dans son genre. Mais telle était la religion: on prenait ce qu'on voulait entendre et on oubliait le reste. Qui disait que les prêtres de Sigmar étaient hypocrites?

Malgré ses précautions, pourtant, le sylvanien dût le surprendre car il lança un regard oblique en arrière, fit mine de n'avoir rien à caché et s'approcha d'un congénère, qui attendait, assis contre un mur. Les deux hommes aux visages émaciés et grimaçants s'échangèrent quelques phrases dans un quelconque patois incompréhensible par notre héros. Ils échangeaient de temps à autre de bref coup d'oeils vers Ludwig, suivis de soupirs désabusés. Finalement le mutant quitta son camarade pour se rendre dans un coin de la cale, récupérant un sac de lin. il le fouilla quelques instants et en tira une longue dague dans un fourreau en bois.
Sans plus tarder, s'aidant sans vergogne de son troisième bras, le paysan la plaça à sa ceinture, visiblement déterminé. Son ami, jusque là assis, se leva à son tour. D'un geste il envoya son collègue avancer. Evidemment celui-ci s'exécuta, en profitant pour tirer la lame en fer rouillé de sa cachette. Il se rapprochaient de Ludwig, indifférents à la présence des autres passagers qui dormaient pour la plupart ou étaient trop absorbés par leur lecture. Cela laissait à Ludwig l'entière responsabilité des événements: devait-il enfin obéir aux commandements de sa déesse et éliminer cet étrange passager ou alors accorderait-il le bénéfice du doute à un mutant?

Bien d'autres auraient déjà fait leur choix depuis longtemps.
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Ludwig Von Hoffenbach
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par Ludwig Von Hoffenbach »

On en était donc là. Ils étaient deux et ces derniers dégainaient leurs lames, comme acculés. D’où leur venaient ce comportement presque excessif pour une personne qui les avait juste suivis dans la cale du navire ? Avaient-ils quelque chose à se reprocher ? Ou au contraire, s’étaient-ils habitués au regard haineux que leur portait l’humanité ? Ludwig était partagé entre la colère, la haine et la compassion. Que devait-il faire ? Devait-il montrer à ses gueux ce qu’il en coûtait de dégainer une lame à son encontre ? Ou au contraire devait-il apaiser la situation ?

Ludwig se devait de peser le pour et le contre de l’action qu’il s’apprêtait à faire. Car quoi qu’il fasse, celle-ci aurait des conséquences. S’il les épargnait, il n’aurait pas de morts sur la conscience ni de sang sur les mains. Mais d’un autre côté, peut-être que ces paysans étaient bien de dangereux cultistes et qu’ils n’hésiteraient pas à l’éliminer dans son sommeil. Et peut-être même éliminer les gens bons de ce navire ; Greta, son père, le prêtre de Verena…. Aussi, Ludwig irait totalement à l’encontre des principes d’Arianka et de Solkan, s’ils laissaient en vie ces possibles hérétiques. « Possibles ». Voilà le mot qui le faisait douter, qui l’empêchait de prendre une décision rapide.

Sentant la menace imminente qui s’approchait de lui, Ludwig dégaina de quelques centimètres sa lame afin de dissuader les sylvaniens de ne plus faire un pas vers lui. Cela fut sans effet. Ni l’un, ni l’autre n’arrêta sa progression vers l’Élu d’Arianka. Il fallait se décider, d’ici une poignée de secondes ils seraient tout deux à portée pour le lacérer de coups de dague.

Ludwig ferma les yeux un instant, avant de les rouvrir tout grand. Ces deux hommes avaient donc choisis leur sort. Qu’ils soient hérétiques ou non, ils avaient décidé de ne pas entamer de discussions, et de s’en prendre à quelqu’un dont il ne savait rien. Ludwig croyait en l’innocence. Visiblement eux non, et cela mettait le jeune homme dans une colère noire. Ludwig ne croyait autrefois pas à la présomption d’innocence. Depuis bien avant qu’il ait modifié sa foi, il voyait les adorateurs de la ruine et ceux qui leur ressemblaient de près ou de loin, comme des déchets de l’humanité qu’il fallait absolument exterminer. Depuis qu’il avait assisté à la décapitation de Zania et qu’il avait affronté Red Karla, ses certitudes avaient changées. Ces femmes étaient d’une noirceur extrême, mais même au milieu de cette nuit totale il avait pu voir une étincelle de luminosité vivre en elles. Dès lors il s’était progressivement éloigné de la voie toute tracée que suivait nombre de fanatiques et d’inquisiteurs. Une voie qui n’avait que deux issues. La criminalité ou la tombe. Et oui, pour Ludwig dès que l’on abandonnait toute pitié, toute compassion et que l’on ne pouvait plus déceler l’innocence, on ne valait pas mieux que les monstres que l’on traquait. Ces monstres n’étaient des déchets de l’humanité que parce qu’on les caractérisait ainsi. La majorité ne s’était pas vouée à êtres des déchets aux yeux de l’humanité. On les y avait contraints. Chaque âme humaine sur cette planète avait le droit à un jugement. En fonction du résultat de celui-ci on pouvait décider le sort réservé. Certains étaient innocents, d’autres pouvaient connaître la rédemption, tandis que d’autres méritaient la mort. Mais en aucun cas cette mort, ne devait être décidée sans un examen au préalable. Ludwig n’autoriserai pas à une âme de revenir entre les mains de la Faucheuse, si celle-ci pouvait connaitre la rédemption. Tel avait pourtant été le funeste sort de sa mère et de sa sœur. Étrangement, et ce malgré toute son idéologie, il n’avait jamais regretté son action ce soir-là. Dans son esprit, elles représentaient le mal incarné, l’abîme, la cause de la déchéance de l’humanité. Il avait tellement été choqué, déçu, terrifié cette nuit-là, que depuis, sa mère et sa sœur personnifiaient à la fois le seigneur des Plaisirs et le mal global qui rongeait ce monde. Au fond, c’est pour cela que Ludwig aimait et admirait tant l’humanité. Elles en étaient l'antithèse. Il aimait déceler cette humanité partout où elle se cachait, elle le réconfortait. Pour une raison qu'il ne s'expliquait pas, il ne l'avait ni vue, ni ressentie dans les yeux de sa mère et de sa sœur. Elles avaient été l’exception qui confirme la règle, le moteur de son inébranlable croisade pour le bien. Quoi qu’il en soit, les deux sylvaniens avaient décidés de s’en prendre à lui, sans aucun examen de conscience. En conséquence, il allait s’opposer à eux avec la plus grande des vigueurs. Il les soumettrait et il les épargnerait s’ils s’en montraient dignes.

Ludwig dégaina d’un geste vif et alors que s’échappait ce bruit si reconnaissable d’une épée sortie d’un fourreau il décida de s’adresser aux endormis de la cale, d’une voix calme mais ferme. Les plus assoupis n’entendraient rien, mais il avait espoir que certains entendent et prennent la mesure de sa phrase. Insidieusement sa phrase avait une cible, le prêtre de Verena. Nul n’était plus concerné par ce qu’il allait dire.


- Lorsque la vérité mourra, que ferez-vous ? Vous vous battrez corps et âme pour la sauvegarder ? Ou vous serez ses fossoyeurs afin de protéger vos intérêts personnels ? Et selon vous, vers quelle option se dirigera votre conscience ?

Cette phrase était totalement rhétorique et n’attendait aucune réponse. Elle était juste l’émanation orale des réflexions de Ludwig et de la décision qu’il avait pris à l’égard de ces deux hommes.

- Qui êtes-vous, finit-il par dire, cette fois-ci à la seule intention des deux sylvaniens menaçants.

Ludwig était prêt à combattre, sa lame prête à faire son office, que ce soit dans un rôle de juge ou de bourreau. L’Élu d’Arianka jaugeait ses adversaires. Au premier geste agressif de leur part il s’élancerait. Que ce soit les deux sylvaniens ou Ludwig, tous avaient leur avenir dans une balance. Peut-être que les gens de la cale, le prêtre de Verena tout particulièrement, pouvaient peser dans cette balance ?
Ludwig Von Hoffenbach. Voie de l'Inquisition. Répurgateur.

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[MJ] Le Djinn
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par [MJ] Le Djinn »

La phrase de Ludwig et ses élucubrations sans queue ni tête avaient au moins eu le mérite de réveiller tout le monde dans la cale. C'était sans compter sur le sylvanien mutant qui se retrouva nez à nez avec une lame d'épée à quelques centimètres de son visage et qui, dans un élan de peu, leva les trois pattes en l'air… Juste à temps pour que le prêtre de Verena et les marins assoupis le voient. Il y eu un cri de crainte d'un passager et le prêtre de Véréna ne se fit pas prier pour se relever dans un bond et fracasser le crâne du mutant d'un revers de marteau à l'arrière du crâne. Le sylvanien s'effondra au sol, la nuque brisée par l'impact, le prêtre vérénéen essuyait son arme dans un torchon en regardant Ludwig avec une appréciation fière.

-"Bien joué jeune homme! Vous avez eu l'œil, ce mutant nous serait passé sous le nez!"

Puis, vif d'esprit sans doute, il se tourna vers son compatriote qui assistait à la scène, abasourdi.

-"Vous étiez au courant?"

Le paysan survivant eu du mal à répondre.

-"Ou... Non... Non... Vous avez bien fait de le tuer… Ce sale mutant..."

Au même moment le troisième paysan sylvanien descendait les marches.

-"Bon alors il vient ce couteau? Ce poisson va pas se découper tout seu... Oh..."

Il y eut un long silence gêné puis un léger brouhaha autour du cadavre. Chacun regardait le corps avec un mélange d'intérêt et dé dégoût. Ce salaud était un mutant, il avait mérité de mourir! Restait à savoir ce qu'on allait faire du corps. Un marin proposa qu'on prévienne le capitaine puis qu'on le jette aux monstres du dehors. Chacun approuva.

Le prêtre se rapprocha alors de Ludwig et lui posa une main paternelle sur l'épaule. Notre héros put ainsi constater qu'il était plus âgé qu'il ne l'aurait pensé au premier abord. Il avait quelques rides et la barbe principalement blache réhaussée par ses robes crème et vert. Sa voix était aussi douce qu'autoritaire.


-"C'est bien d'avoir des gens comme vous ici, on se sent plus en sécurité avec des pisteurs qui ont l'oeil! Mais si vous voulez mon conseil, évitez de le confronter seul la prochaine fois! Verena et Sigmar seuls savent de quoi ces choses sont capables!"
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par Ludwig Von Hoffenbach »

Ludwig resta hébété quelques instants par la rapidité et la violence dont venait de faire preuve le prêtre de Véréna. Jamais il ne se serait attendu à ce que sa tirade fasse si grand effet. Le paysan sylvanien à trois bras gisait sur le sol de la cale, le crâne entièrement défoncé. En à peine cinq secondes il était passé de mutant menaçant, à pantin désarticulé qui laissait échapper divers fluides vitaux sur le sol.

Quoiqu’il ait pu faire de sa vie, cet ignoble personnage avait payé de sa vie lorsqu’il avait refusé de céder aux tentatives de médiations de Ludwig. Aveuglé par sa haine et sa colère, il n’avait su se reprendre et il avait finalement rencontré sa destinée, une embrassade avec le marteau d’un prêtre de Véréna.

La mise à mort du mutant avait réveillé toute la cale du navire et son cadavre était une véritable attraction pour les passagers. Le voyage avait été dans un premier temps très ennuyeux, puis arrivé en Sylvanie il était devenu très angoissant. Il n’y avait donc rien d’anormal à ce que ces gens s’intéressent au moindre événement à bord. L’intérêt des passagers pour un homme mort interloqua tout de même Ludwig dans un premier temps. Mais il n’eut guère le temps de s’aventurer dans cette réflexion que le prêtre de Véréna lui posa une main sur l’épaule.


- C'est bien d'avoir des gens comme vous ici, on se sent plus en sécurité avec des pisteurs qui ont l'œil! Mais si vous voulez mon conseil, évitez de le confronter seul la prochaine fois! Verena et Sigmar seuls savent de quoi ces choses sont capables!

- Ce mutant m’a pris de court et son agressivité m’a poussé à précipiter sa fin. Bien que nous ayons œuvré pour le bien, une pensée me taraude. J’espère que nous n’avons pas enterré nos chances de découvrir une machination bien plus large à bord de ce navire. Il n’a ni essayé de se rendre, ni imploré notre pardon, alors qu’il n’avait pourtant aucune de chance de nous vaincre. Au vu de l’hostilité prégnante dans ses marais, j’apprécierais qu’aucune menace ne vienne de l’intérieur de notre navire. Je ne sais pas si vous partagez mes craintes, mais je devais vous en faire part. Je m’appelle Ludwig, et vous ?

Ludwig n’avait pas l’intention de se relancer dans une nouvelle chasse aux cultistes comme dans le Wissenland. Il était pressé d’arriver à Leicheberg, la ville qu’il convoitait depuis des mois. Il espérait sincèrement que son père s’y trouve encore, et qu’il n’ait pas fait tout ce voyage pour rien, car il n’avait pas d’autres pistes pour retrouver Friedrich. En attendant et pour faire face à la morosité de ce voyage fluvial, il fallait bien s’occuper et continuer et à œuvrer pour le bien. Arianka épiait surement ses actions.
Modifié en dernier par Ludwig Von Hoffenbach le 07 août 2019, 12:18, modifié 1 fois.
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par [MJ] Le Djinn »

L'homme de foi hocha la tête, aussi convaincu que Ludwig de l'absurdité de l'attaque du mutant. Les autres sylvaniens d'ailleurs reculaient vers les ombres, pris de tremblements et muets de terreur. Des marins se dépêchèrent d'attraper le cadavre et de le jeter à l'eau tout en récitant des prières en reikspiel ancien de cuisine pour Morr, Sigmar et Shallya. Les bruits qui suivirent indiquèrent que les goules n'avaient pas laissé tomber la poursuite.

-"Comme nous le dit Jacob von Eimmer dans son ouvrage Anatomie du mutant, ces monstres ne sont pas très malins ou même conscients du danger qui les guette! Le grand spécialiste Gunther Dausprecht n'a t-il pas d'ailleurs ajouré que la folie était caractéristique des sous-êtres présentant des mutations?"

Puis, en tendant la main à Ludwig

-"Quant à moi je suis Flavien Mutt, prêtre-investigateur de Véréna à Averheim. Je suis dans cette région maudite pour retrouver d'anciens manuscrits."

Il y aurait sans doute fort à discuter par la suite, le religieux s'exprimait fort bien et était visiblement cultivé. A voir la lumière d'intelligence dans son regard le chaland concluait facilement à un être éveillé, ouvert aux problèmes et aux connaissances de son temps.

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Comme prévu quelques heures supplémentaires à peine suffirent pour que l'embarcation atteigne Bylorhof. On y resterait jusqu'au lendemain matin à onze heures, le temps de déplacer les marchandises ainsi que les passagers puis se remettre en route. C'était un gros bourg bien étrange, à l'architecture repoussante mais aux lumières vives dans la nuit. La majorité des bâtiments important étaient tenus sur des pilotis au milieu des marais, proche de la terre. Quelques champs et basse-cour malades s'étendaient sur le limon durci gagné par les habitants ou laissé là par les dieux. D'étranges temples de bois moisi poussaient à quatre endroit différents de la ville, quadrillant symétriquement la bourgade. Au port des portefaix au faciès de crapaud s'étaient attroupés en voyant le navire approcher. Comme toujours le capitaine prit la parole:

-"Arrêt pour la nuit, on repart demain matin onze heures! Le diner sera servi sur le bateau et vous pouvez y passer la nuit! Si vous ratez le départ c'est votre problèmes!"

Sigmurd n'était pas mécontent d'être arrivé et piaillait d'impatience pour que notre héros le lâche et le laisse voler de ses propres ailes. La ville s'étendait à qui voulait la voir, avec ses pontons craquelants et humides, ses bâtiments rachitiques mal isolés ou plus simplement son ambiance malsaine. Pour autant, au grand étonnement de Ludwig d'ailleurs, il émanait du coin un sentiment de pureté, comme si les habitants avaient su garder leur honneur et leur grandeur dans ce lieu abandonné de tous.
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Ludwig Von Hoffenbach
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par Ludwig Von Hoffenbach »

Ludwig était penché sur le bastingage, en pleine réflexion. Ce voyage ou il était censé rester dans l’anonymat était mal parti. Une grande partie du bateau passait son temps à regarder l’Elu d’Arianka d’un œil mauvais et une autre faisait tout pour l’éviter. Pour couronner le tout, le prêtre de Verena, Flavien Mutt connaissait son prénom. Bien heureusement ce dernier ne devait pas être au courant des derniers événements en date à Nuln car le religieux n’avait pas tiqué lorsqu’il s’était présenté à lui. Ou peut-être aussi que Ludwig était beaucoup trop paranoïaque. Nuln était une grande ville et depuis il avait dû y avoir des événements bien plus grave que l’incendie criminelle de sa maison d’enfance. D’autant que Ludwig était un prénom somme toute très commun dans l’Empire de Sigmar. Quoi qu’il en soit, il devait rester sur ses gardes mais arrêter de se cloîtrer dans sa méfiance perpétuelle. Une machination était possiblement à l’œuvre sur le bateau, mais elle ne devait en aucun cas obscurcir ses pensées. Bylorhof était bientôt en vue et il pourrait surement se détendre un peu avant d’entamer le reste du voyage.

L’approche du quai de Bylorhof lui retira tout espoir. Le bourg des marais était au village ce que le mutant était aux sylvaniens. La ville était sombre, d’une architecture désastreuse et l’eau croupie des alentours donnait à Bylorhof une odeur immonde. Qui pouvait bien vivre ici ? Même le plus pauvre et le plus misérable habitant du Taudis de Nuln refuserait de vivre ici. Tout était terne, tout était sale et rien ne semblait pousser sur le limon durci qui constituait le sol de l’ensemble des potagers du bourg. Les famines en ce lieu abandonné des dieux devaient être fréquentes. Les habitants devaient au mieux se partager des légumes pourris par l’humidité et des poissons rances vivant dans les marais alentours. Quelle triste existence…

Bien que le capitaine annonça une pause pour toute la nuit, Ludwig préféra rester proche du bateau. Le jeune homme posa le pied à terre, enfin à limon, et partit se dégourdir les jambes sur les pontons branlants. Il fit attention à bien serrer la longe de Sigmurd. Il n’était pas question que la buse des voûtes s’envole et se livre avec son maître à une partie de cache-cache.

Plus il avançait plus ville semblait intrigante. Certes c’était un immondice sans nom, mais la corruption qu’il avait vu dans les marais ne semblait pas avoir de prises ici. La ville était juste hideuse, pas malsaine. D’ailleurs les rares passants qu’il croisait, bien que visiblement très pauvres, ne semblaient pas malveillants ou particulièrement dérangés. Tous lui rendaient un grand sourire ou une amabilité. Quelque chose semblait les avoir protégés des menaces alentours. Cette pensée ne fit qu’un tour dans son cerveau et Ludwig se hâta de raffermir sa prise sur son épée. Ce n’est pas parce que tout semblait pur que tout l’était. Les apparences étaient bien trop souvent trompeuses. Sans le vouloir, sa méfiance habituelle revenait au triple galop…

Au détour d’un ponton aux abords de la ville, non loin du bateau, Ludwig croisa Greta accompagnée de deux hommes de main de son père. La jeune femme ne semblait pas à l’aise ici, bien qu’aucune peur ne transpirait de ses traits. Elle décocha à Ludwig un léger signe de tête auquel il répondit promptement.


- Je voudrais vous témoigner tout ma gratitude pour ma chute d’hier. Sans vous j’aurais probablement été dépecé par ces goules hantant les marais. Je vous dois une fière chandelle.

La jeune femme accepta ses remerciements d’un léger sourire gêné, puis dépassa Ludwig, ses deux gardes sur ses pas.

- A charge de revanche, lui lança Ludwig alors qu’elle disparaissait à l’angle d’une masure de boue séchée.

Après une petite balade d’une quinzaine de minutes, Ludwig repartit en direction du bateau. Il commençait à faire sombre, Bylorhof ne le rassurait pas vraiment et il n’avait aucune envie d’être coincé ici quand le navire repartirait le lendemain à onze heures. Sigmurd piaillait, mécontent de ne pas avoir eu la capacité de voler, mais c’était ainsi. L’oiseau aurait tout le temps de se dégourdir lorsqu’ils arriveraient à Leicheberg. Afin de clouer le bec du rapace, Ludwig lui installa son chaperon sur les yeux. Instantanément Sigmurd se calma et le jeune homme en profita pour caresser son plumage majestueux.

Le bateau était en vue, dans quelques minutes il pourrait y casser la croûte à bord.
Ludwig Von Hoffenbach. Voie de l'Inquisition. Répurgateur.

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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par [MJ] Le Djinn »

Il était bien difficile de dire l'heure en regardant le ciel tant celui-ci était couvert par de gros nuages noirs qui semblaient, au dire des marins, stagner au-dessus de la province toute entière quelque soit la période de l'année. Même si l'hiver laissait peu à peu place au printemps le firmament sylvanien ne s'en souciait guère: seules les températures donnaient une information sur le mois. A l'heure tardive qui s'abattait sur la ville les rues se vidaient et on entendait plus que les rires dans les tavernes moisies et les discussions animées des couples dans les masures sur pilotis. On servit le repas, un poisson sec et trop salé, qui sembla faire baver d'excitation le brave Sigmurd, celui-ci tentant par tous les moyens possibles d'en chiper un bout. Les retardataires au repas, notamment Greta et ses gardes, se dépêchèrent d'arriver peu de temps après.
Alors que les derniers rayons solaires disparaissaient, une brume épaisse s'abattit sur les habitations. Il ne manquait personne à bord mais un marin appela plusieurs fois avant de défaire l'amarre. Il expliqua simplement à Flavien qui lui demandait pourquoi:


-"C'est pour éviter les voleurs, messire. Et les choses qui marchent sur la berge."

Et effectivement, pendant la nuit l'observateur averti voyait des ombres se déplacer. La plupart avaient une forme humaine mais leur démarche était erratique, cassée, mécanique. Plus proche du pantin que de l'humain les formes évoluaient entre les baraques aux lumières éteintes, s'éloignant quand des lumières s'approchaient, se cachant dans les coins d'obscurité. Une des créatures se posa même droite, tournée vers le navire qui n'était qu'à cinq mètres du bord. Elle passa trois heures sans bouger d'un pouce, le visage caché par une lourde bure, l'air ne soulevant que quelque fois son capuchon pour révéler un visage aux traits squelettiques et aux yeux absents.

----------------------------------------------------------------------------------------

-"ONZE HEURES! TOUT LE MONDE A BORD! ON DÉCAMPE!"

Le bateau avait été ramené sur le port au petit matin mais personne n'était vraiment rassuré malgré l'activité renaissante des docks et les visages émaciés des portefaix locaux qui s'étaient empressés de remonter la marchandise. Les Kogloff notamment ne semblaient pas très emballés à l'idée de rester davantage dans le coin après le triste spectacle qu'avait été la précédente nuit. Cette terre se révélait maudite, bien plus qu'aucun aurait pu le penser. C'est sans regret que les marins levèrent l'ancre pour repartir dans les marécages où les goules étaient au moins un danger identifié. Moins d'une heure après le départ, Greta vint chercher Ludwig sans piper mot pourtant, avec simplement un geste pour lui indiquer de la suivre. Le prêtre Mutt et le capitaine mercenaire Helmut discutaient abondamment sur le pont, bien isolés du reste des passagers et de l'équipage. Notre héros ne put entendre distinctement le sujet mais le capitaine se fit un plaisir de le mêler à la conversation tandis que la jeune femme prenait place à côté de son père.

-"Ah, jeune homme vous tombez bien! Nous discutions avec messire Mutt des événements de la veille au soir. Vous qui semblez avoir l'oeil pour détecter la corruption, que pensez-vous des choses qui tournaient en ville durant la nuit?"
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par Ludwig Von Hoffenbach »

Ludwig sortit de son sommeil comme on sortait d’un accident de cheval. Il n’avait quasiment pas dormi, il avait eu froid et il était tout courbaturé. Quelle soirée, se dit-il en se remémorant les évènements de la nuit…

Tout d’abord, le « bon casse-croûte » qu’il avait espéré, s’était avéré être un poisson insipide, tout sec, qui semblait avoir été pêché dans cet immonde marais. C’était probablement le cas…. Ensuite, la nuit avait été plus qu’agitée…

« Les choses qui marchent sur la berge ». La phrase du marin, avait déjà donné le ton. La nuit n’allait pas être de tout repos. Enfin ça, c’est ce qu’il avait constaté par la suite, car pour lui, les dires du marins n’étaient que des légendes censées effrayés les passagers afin que ces dernier restent calmes à bord. La Sylvanie véhiculait tellement de rumeurs, plus ou moins fausses, qu’il n’y avait guère de raison de s’alarmer…

C’est grâce à Sigmurd que Ludwig commença à sentir la menace approcher. L’oiseau piaillait nerveusement. Il semblait effrayer par quelque chose. Afin de détendre la buse des voûtes qui s’agitait beaucoup trop, au point de réveiller les autres passagers, le jeune homme décida d’aller se dégourdir les jambes sur le pont.

Une brume épaisse et humide flottait dans l’air. L’intense lueur de Morrslieb permettait toutefois d’éclairer les marais et le village de Bylorhof sans trop de soucis. Le bourg endormi était très calme. Les voix et les cris se turent progressivement jusqu’à ce que ne soit audible que les croassements des grenouilles. Si on excluait les goules des marais, la vie ici était plutôt paisible. Loin des grandes cités et de leur agitation, la vie des habitants de Bylorhof devait être rude, notamment en hiver, mais plutôt calme. Ici, hormis leur estomac, rien ne les pressait.

Ludwig regardait la rive, l’air tranquille, la buse des voûtes sur son épaule. Même s’il gardait dans l’esprit, la phrase inquiétante du marin « Les choses qui marchent sur la berge. Ludwig était serein. Le jeune homme avait légèrement desserré la longe de Sigmurd afin que ce dernier soit plus à l’aise, mais cela ne semblait pas améliorer son état. Le jeune oiseau piaillait toujours comme s’il était en pleine détresse. Ludwig tenta de le calmer en vain en lui caressant lentement son doux plumage. Rien n’y faisait.

Se reconcentrant sur la berge après avoir essayé en vain d’apaiser son oiseau, Ludwig aperçu des silhouettes sur la rive boueuse de Bylorhof. Epris d’une grande curiosité, l’Elu d’Arianka se pencha sur le bastingage, en assurant ses prises, pour mieux la distinguer. Les créatures avançaient de manière erratique à un rythme lui aussi, totalement erratique. Etait-ce des créatures de la nuit, ou tout simplement des ivrognes qui en plus de l’alcool avaient abusés d’une substance narcotique. Le jeune homme n’en savait rien. Tout ce qu’il savait, c’est qu’il était content de se tenir à une vingtaine de mètres de la rive, sur ce bateau. Il n’avait nul envie de faire de plus amples connaissances avec ces « choses ». Après une petite dizaine de minutes à errer sur la rive morne du bourg, une des « choses » s’arrêta nette et se tourna lentement vers le bateau. Plus les minutes passaient, plus la quiétude de Ludwig s’étiolait. Il était de moins en moins sûr d’avoir à faire à un ivrogne. La chose semblait être bien plus surnaturelle qu’un simple soûlard. Après dix minutes d’immobilité, la créature vêtue d’une robe de bure ne bougeait toujours pas. Elle avait l’air d’autant plus inquiétante que le visage qui était dissimulé sous la capuche, semblait l’observer. Un visage dévoilé de temps à autre, au gré du vent qui s’engouffrait dans son chaperon. Même à une telle distance, Ludwig pouvait voir le faciès abominable de la créature. Elle avait le visage émacié, presque squelettique, et des yeux qui semblaient plus morts que vivants. Le jeune homme avait entendu maint et maint légendes au sujet des morts-vivants de Sylvanie. Il en était dans sa jeunesse d’ailleurs, particulièrement friand. Empli d’excitation, et surement d’ignorance, Ludwig était sûr d’avoir à faire à l’un d’entre eux. Mais Ludwig savait que cette nuit n’était pas celle d’un conte pour enfant. La créature ainsi que ses comparses pourraient être une réelle menace. Et c’est pourquoi il garda tout du long de son face à face avec la créature, la main posé sur la garde de son épée. Il la serrait tellement fort, qu’il aurait pu embrocher le premier malheureux à lui faire une blague par derrière. Il était très intrigué par les « choses » de la berge, mais aussi très inquiet. Son étrange immobilisme et sa capacité à percer le jeune homme de ses yeux dilatés ne faisait rien pour rassurer Ludwig.

Il y avait quelque chose de malsain dans Bylorhof et le jeune homme en était convaincu. Déjà le bourg était plutôt louche. Pourquoi un village si crasseux n’avait pas été contaminé par la corruption ambiante ou ravagé par les créatures qui hantaient les marais. Quelque chose devait protéger cet immondice sur pilotis. Mais quoi ? Ces créatures malsaines ? Si c’était le cas, il ferait bien de mettre le feu à ce village dès demain matin, dès qu’ils auraient accostés. Car si de telles créatures protégeaient cet endroit, quel avait dû être le prix à payer par les habitants ? Tout cela ne lui disait rien qui vaille.

Perturbé par la créature qui se tenait toujours droit comme un « i » sur la berge, Ludwig décida de prendre congé d’elle. On devait être au moins au milieu de la nuit, et il fallait qu’il dorme un peu s’il voulait être en forme le lendemain. Sur le retour, Ludwig croisa Helmut Kogloff et Flavien Mutt qui avait l’air d’être en branle-bas de combat. Ils s’aventurèrent l’air inquiet d’un pas rapide sur le plancher du pont du bateau. Lorsqu’ils croisèrent l’Elu d’Arianka, Ludwig leur adressa un hochement de tête.


- Ils sont là. Les choses qui marchent la berge. Restez bien proches de vos armes. Je n’aime pas ce qu’il se passe ici.

Les deux hommes lui rendirent la politesse et lui confièrent aussi leurs sentiments sur les évènements à terre. Il n’était pas le seul à se rendre compte de ce qu’il se tramait ici. D’autres veillaient sur le bateau et les passagers. C’est grâce à cela qu’il put à peu près s’assoupir. De temps à autre, il se réveillait brusquement, réveillé par le visage cadavérique de la chose, qu’il avait entraperçue….

La nuit ne fut donc pas de tout repos.
Après s’être étiré et avoir pris un solide petit-déjeuner, Ludwig décida de rester sur le navire jusqu’au départ prévu à onze heures. La confiance en ce village était passé de faible, à nulle et il n’avait pas envie de descendre à terre et pour enquêter plus profondément sur ce bourg crasseux. Il savait que quelque chose de pas net, voire de carrément dangereux se tramait ici, et rien ne devait le faire dévier de sa quête initiale. Retrouver son père. Pour autant, Ludwig resta collée tout la matinée au bastingage à observer. Son regard se portait partout, à la recherche du moindre indice. De temps à autre, il maugréait deux trois mots inintelligibles. Mais au final, rien. Rien dans la journée ne paraissait suspect. Bylorhof changeait totalement de visage la nuit.

- ONZE HEURES ! TOUT LE MONDE A BORD ! ON DÉCAMPE !

C’était enfin l’heure. Ils allaient pouvoir quitter ce bourg morose et malsain. Le navire quittait le port de boue craquelée, le voyage continuait.

Bien qu’après trente minutes de navigation, Bylorhof se perdaient progressivement dans l’étendue du marais, Ludwig avait toujours à l’esprit les évènements de la veille. Quelle était le secret de cette bourgade ? Alors en pleine réflexion, Ludwig fut tiré de ses songes par Greta, la fille d’Helmut Kogloff. Sans un mot elle lui intima de se lever et de la suivre. Ils arrivèrent tous deux, devant les deux hommes qu’il avait croisés sur le pont lors de la nuit dernière.


- Bonjour messieurs, salua Ludwig d’un sourire franc et en leur échangeant une poignée de mains.

- "Ah, jeune homme vous tombez bien! Nous discutions avec messire Mutt des événements de la veille au soir. Vous qui semblez avoir l'oeil pour détecter la corruption, que pensez-vous des choses qui tournaient en ville durant la nuit?"

- Je ressens quelque chose de mauvais dans cette bourgade. Lors de ma balade à Bylorhof, j’ai remarqué comme vous je pense, une sorte de pureté. Comme si la ville avait été protégée des horreurs des marais. Toutefois, j’ai instantanément ressenti que cette pureté n’était pas naturelle. C’est étrange à dire, mais c’est comme si les habitants avaient fait un pacte avec ces créatures pour se protéger des marais. Toutefois ces «choses» ne me paraissent pas très orthodoxes. Bylorhof est derrière nous, mais je serais d’avis que votre culte enquête sur ce village. Pour l’instant, seule Ar…, seul Sigmar sait ce qu’il se passe dans ces lieux désolés. Mais d’ailleurs. Savez-vous ce que savent les marins à ce sujet ? Les marins comme les sylvaniens me paraissent peu bavards et peu sociables depuis le début de ce voyage, conclut-il en posant doucement la main sur le pommeau de son épée.
Ludwig Von Hoffenbach. Voie de l'Inquisition. Répurgateur.

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[MJ] Le Djinn
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par [MJ] Le Djinn »

Cette réponse des plus catégoriques laissa les deux autres hommes dans l'indécision. Ils s'entre-jetèrent un coup d'œil comme pour se demander du regard la validité de telles conclusions. Finalement c'est le prêtre de Véréna qui reprit la parole, d'un ton neutre mais plus froid qu'il ne l'aurait souhaité.

-"C'est bien audacieux comme raisonnement. Mes lectures ont cependant mis en évidence qu'un dieu mauvais été vénéré dans ce village maudit. Espérons qu'il ne nous fasse pas de mauvais coup en chemin."

Mais le capitaine mercenaire entendait bien dire un mot au sujet de cette étrange histoire et s'empressa d'assurer, droit et fier.

-"Je crains davantage les goules que ces prétendus serviteur d'un mauvais dieu. Ils étaient frêles et lents, nous n'en aurions fait qu'une bouchée. Mais en y repensant j'avoue que c'est curieux. Ces créatures avaient l'air faiblardes, comment font-elles donc pour empêcher les goules de dévaster le village?"

Les yeux de Flavien s'écarquillèrent alors et il jeta un regard oblique vers l'entrée de la cale où les sylvaniens s'étaient réfugiés depuis la mort de leur congénère.

-"Peut-être bien qu'il y a d'autres garanties que ces protecteurs..."

Affichant une mine de plus en plus grave, Kogloff appuya son dos sur le bastingage, les yeux tournant de droite à gauche pour repérer un intru ayant pu écouter la discussion. Même Greta était partie depuis le début sur sa demande, il ne voulait pas l'inquiéter. Le père Mutt continua:

-"Je ne pense pas l'équipage coupable cela dit, mais même si tout le monde a bord d'ici est digne de confiance, que faisons-nous?"

Le mercenaire baissa les yeux, fataliste.

-"Que pouvons-nous faire? Nous sommes au milieu des marais à présent et les goules recommencent déjà à courir dans les roseaux. Restons sur nos gardes et méfions nous à chaque escale."
Tu peux t'incruster un peu comme tu veux dans la discussion voire la continuer pour poser plus de questions.
L'après-midi se déroula normalement. Rien de particulier à signaler et même les éternels monstres qui se terraient dans la brume semblaient en retard. Les marins avaient l'air encore plus inquiets que d'habitude mais refusaient de dire un seul mot, même leur supérieur demandait aux passagers de juste rester calme jusqu'à la sortie des marais, la journée suivante.
La nuit arriva bien vite et l'embarcation dût s'arrêter. Evidemment Kogloff ne comptait rester à rien faire et indiqua que deux de ses hommes se relaieraient toutes les deux heures sur le pont pour tenir la garde en armes.

Vers deux heures du matin, alors que Sigmurd et Ludwig dormaient profondément, une main les tira du sommeil. C'était Ivan un des mercenaires, son visage dur laissait transparaître une profonde inquiétude et il expliqua simplement:


-"On a besoin de vous sur le pont, y'a un problème."

En haut le capitaine Helmut Kogloff, Greta et trois mercenaires en comptant Ivan, ils étaient rassemblés autour du corps du dernier d'entre eux qui gisait à l'arrière du navire, près du gouvernail, proprement suriné à la gorge. Greta s'inquiétait:

-"Julien était un bon combattant, et robuste avec ça. Qui ici à pu lui faire un coup pareil?"

Ivan était rouge de honte, au bord des larmes.

-"J'étais à l'avant du bateau, prêt de la lanterne. J'ai rien vu avec cette foutue brume… Quand j'ai senti le bateau tourner, je me suis précipité vers lui, mais c'était trop tard."

Helmut grattait sa barbe grise, visiblement il était secoué mais ne voulait pas le laisser paraître, ce qu'il arrivait fort bien à faire.

-"L'assassin a manœuvré le navire pour le rapprocher de la berge.. Pourquoi? Le bord est trop haut pour faire monter un complice sans bruit."

Les yeux de Greta se figèrent puis elle plaça la main devant sa bouche avec une expression d'horreur. Un bruit lourd et sourd frappa le pont inférieur du côté de la berge. Juchée sur une grosse pierre qui avait bloqué la barque dans son déplacement, une goule avait étendue ses bras pour pénétrer sur le pont. Et aux dizaines d'yeux jaunes qui brillaient dans l'obscurité, elle n'était pas la seule à avoir senti l'heure du repas… Flavien Mutt, qui montait justement, sans doute dérangé par les bruits de pas après n'avoir dormi que d'un œil, se retrouva d'ailleurs en tête à tête avec elle!
Enfermé dans une lampe pendant des siècles, cloisonné dans une pièce de métal par une malédiction... Puis un jour un naïf est venu, me libérant dans sa sottise... Tant pis pour lui... Et pour tous les autres.

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Ludwig Von Hoffenbach
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par Ludwig Von Hoffenbach »

Sa réponse teintée de franchise et d’impétuosité semblait avoir étonné ses locuteurs. Pourtant plus la discussion avançait, plus le bateau se mouvait sur les eaux croupies, et plus il était persuadé de ce qu’il avait avancé. Contrairement à Helmut, Ludwig craignait bien plus les créatures de la nuit précédente que les goules qui pullulaient dans ces marais. Leur prétendues faiblesses physiques était au contraire une source de grande inquiétude pour le jeune homme. C’était très probablement un leurre pour berner des ennemis en surplus de confiance. Et si ce que Flavien Mutt avançait était vrai, au sujet d’un dieu mauvais régnant sur ce village des marais, il fallait rester extrêmement prudent. Qui sait quel pacte avait été signé entre les habitants de Bylorhof, ses « gardiens » et ce dieu ? Peut-être que ce pacte incluait même d’autres personnes, songea Ludwig en jetant un œil vers la cale ou se trouvait les sylvaniens.

- "Je ne pense pas l'équipage coupable cela dit, mais même si tout le monde à bord d'ici est digne de confiance, que faisons-nous?"

Le prêtre de Verena avait eu visiblement la même idée que Ludwig. Il faut dire qu’elle était plausible, car la plupart des sylvaniens de ce navire se comportait d’une manière bien étrange depuis leur départ d’Averheim. Peut-être était-ce un réel complot, ou tout simplement un dépaysement total de Ludwig qui était bien plus habitué aux citadins de Nuln, qu’aux bouseux du coin.

Quoi qu’il en soit, il fallait garder son calme, Bylorhof s’éloignait, il y avait de fortes chances qu’il n’y remette plus les pieds de sa vie. Ludwig était curieux d’en apprendre plus, mais il fallait avant cela qu’il finisse sa quête à Leicheberg. En espérant que son père y soit encore…


***
L’après-midi fut d’un calme étonnant. Le beau temps après l’orage, ou le calme avant la tempête ? C’était à méditer. Qu’importe la réponse, Ludwig profita de ce moment pour s’occuper de Sigmurd qui commençait à sérieusement s’agacer de ce voyage en bateau. A sa décharge, il faut dire que la pauvre buse était attachée depuis plus de deux jours et qu’elle n’avait pu se divertir à aucun moment. Par empathie, Ludwig déroula la filière pour laisser plus de mou à l’oiseau afin qu’il puisse s’envoler. Toutefois, il ne la détacha pas totalement, ce n’était vraiment pas le moment que Sigmurd parte à la chasse au mulot, dans ce marais maudit. La buse des voûtes fit plusieurs tours dans le ciel, sa filière déroulée au maximum. Il plana une quinzaine de minutes, criant sa joie d’être enfin libre après tant d’ennuis. Puis, il se réinstalla doucement sur l’épaule de Ludwig, ravi de sa prestation aérienne. Sigmurd était encore très jeune et assez sauvage, mais il se faisait de plus en plus à Ludwig. Chose qui n’était pas gagné lors de ces premières entrevues avec Aivon.

Après le repas du soir, Ludwig parti se coucher. L’agitation de la nuit dernière avait gardé ses séquelles et il fallait qu’il se repose. Le jeune homme s’installa dans un endroit calme de la cale, et surtout éloigné de la plupart des sylvaniens. Depuis les évènements récents il avait perdu confiance en eux. Il savait que c’étaient des gens très étranges, mais ceux-ci laissaient présager qu’ils avaient quelque chose à se reprocher. Il s’endormi toutefois avec aisance car il apprit qu’Helmut avait pris la menace à bras le corps et qu’il avait mis en place une garde de deux hommes en armes sur le pont.

La nuit se prolongea à merveille jusqu’à ce qu’il se fasse tirer de son sommeil, par Ivan, un des mercenaires d’Helmut Kogloff. L’homme d’armes, semblait rongé par l’inquiétude et la tristesse. Pourquoi cela, songea Ludwig en se relevant brusquement, épée en main. Comme le jeune homme, Sigmurd avait l’air dans le coltard. Tous deux maudirent ces nuits qui ne peuvent arriver à leurs termes.

L’Elu d’Arianka suivit le mercenaire jusque sur le pont. Il y avait un problème sur le pont qui nécessitait sa présence. Que se passait-il ? Le bateau était attaqué ? Non, probablement pas, il n’y avait pas assez d’agitations sur ce bateau à cette heure tardive de la nuit, pour que le bateau soit pris d’assaut.

Les deux hommes débouchèrent sur le pont et malgré ses paupières encore à moitié fermée, Ludwig reconnut le clan Kogloff. Le père et la fille étaient accompagnés de trois mercenaires. De quatre ? Malheureusement non…. Voilà, la source de l’agitation, le quatrième était mort. Le pauvre homme gisait dans une mare de sang, la gorge tranché. Un certain Julien, qui au vu de sa musculature et de ses cicatrices semblait être un combattant plus que chevronné. Qui avait bien pu venir à bout d’un soldat pareil ?


- "J'étais à l'avant du bateau, prêt de la lanterne. J'ai rien vu avec cette foutue brume… Quand j'ai senti le bateau tourner, je me suis précipité vers lui, mais c'était trop tard."

Son camarade de patrouille était honteux. Honteux de ne pas avoir pu le sauver. Mais peut-être que c’était mieux ainsi. Car si les deux hommes s’étaient retrouvés face au mystérieux assassin et qu’ils avaient tous les deux péris. Il n’y aurait eu alors, plus aucun obstacle entre l’assassin et le reste de l’équipage. Au matin, il y aurait pu avoir dans ce navire que des cadavres encore chaud, à moitié rongés par les monstres environnants. A moins….. à moins que le but de l’assassin était tout autre. Le bateau était à son coucher en pleine eau, l’ancré jeté. Maintenant, il était échoué sur le rivage. Le but de leur tourmenteur était peut-être que le navire s’échoue sur la berge.

- "L'assassin a manœuvré le navire pour le rapprocher de la berge.. Pourquoi? Le bord est trop haut pour faire monter un complice sans bruit."

Certes. Certes. Peut-être que la menace était exclusivement interne ? Ou sinon le malfaiteur, après avoir commis son méfait, avait fui le navire désormais en proie aux monstres des marais. Un être humain pouvait-il être à ce point mauvais ? Seule Arianka connaissait la réponse. Quoi qu’il en soit, la menace était plus que proche et c’est la raison pour laquelle Ludwig dégaina son épée et observa les alentours, à la recherche du moindre danger.

Au même moment, un bruit sourd frappa le pont avant du navire. Tous se retournèrent sur le qui-vive. Une goule avait pris pied sur le pont, suivie par des dizaines de ses congénères. Le monstre dégoulinant d’eau était une parodie d’humanité à la peau couleur vert-de-gris. Difficile de croire que celle-ci avait été un humain autrefois. Elle avait maintenant de longs crocs acérés, des griffes démesurées, des cheveux filasses pleins de vase et elle se mouvait d’une manière animale, le dos courbé. Leurs petits yeux jaunes brillant dans l’obscurité du marais accentuaient l’angoisse du moment. Helmut, Greta et leurs hommes dégainèrent tous leurs armes, prêt à combattre ces engeances des marais. Flavien Mutt qui montait tranquillement les escaliers, intrigués par le bruit sur le pont se retrouva nez à nez avec l’une entre elles. Ludwig ne pouvait lui venir en aide physiquement, mais il lui cria de faire attention. Ils étaient attaqués. L’Elu d’Arianka ne chargea pas les goules qui montaient une à unes sur le pont, car il avait autre chose en tête. Certes il aurait été intelligent de les empêcher de prendre pied à bord, car plus il y en avait, plus il serait difficile de les en déloger. Mais Ludwig craignait bien plus la menace invisible, que la menace immédiate. Tout ceci avait été causé par une ou plusieurs personnes parmi l’équipage et ces goules n’étaient que la conséquence logique d’agissements criminels. Il fallait qu’il trouve qui était le ou les fautifs avant que ces derniers ne mettent en branle un plan encore plus diabolique et dangereux.

Ludwig scruta les alentours, la lame levée, prêt à se ruer sur le premier traître. Il garda toutefois un œil sur ses compagnons et sur les goules car il ne permettrait pas que des agissements criminels mettent en péril la vie de Flavien, d’Helmut, de ses hommes, ou de… Greta. En conséquence, et parce que sa vie lui importait, Ludwig resta proche de la jeune femme, prêt à embrocher la moindre goule…

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