[Ludwig] Celui qui a vu l'abime

La Sylvanie inspire la peur dans le reste du Stirland. Depuis la sombre ville de Tempelhof, qui n'a pas eu de prêtre de Morr attitré depuis 800 ans, jusqu'aux contreforts des Montagnes du Bord du Monde, entre le bief de l'Aver et le Stir, la plus grande région du Stirland est un lieu de terreur et d'obscurité. On dit que les fantômes y évoluent en toute impunité à la nuit tombée parmi les collines Hantées et que l'épais brouillard des bois sylvaniens emprisonne parfois les âmes, les obligeant à y errer à jamais. La portion orientale de la province est la plus désolée, là où d'anciens châteaux noirs sont juchés sur leurs pics escarpés comme des vautours scrutant les villes en contrebas.

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[MJ] Le Djinn
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par [MJ] Le Djinn »

Deux test d'HAB/2 pour voir si tu arrives à maîtriser Flèche: 2 et 4, deux réussites!
C'eut été un euphémisme de dire que le premier geste de Ludwig avait été un raté. Secouant son bras probablement trop vite et de façon saccadée, il n'avait pu donner l'impulsion nécessaire à Flèche pour lui indiquer de s'envoler. La chouette observait son fauconnier improvisé avec une paire d'yeux profonds et incroyablement las de cette situation. Elle tournait la tête en tour complet pour retrouver son propriétaire habituel quand notre héros parvint à trouver le beau geste qui indiqua à l'indocile volatile qu'il devait décoller. De mauvaise grâce la chouette s'exécuta, s'élança en quelques coups d'ailes vers les cieux. Joueuse et dégourdie, la belle tournoya rapidement, se délassant les ailes, acquise au fait qu'il faudrait rentrer après l'entraînement. Aivon l'admira une longue minute évoluer dans son élément d'air et lui lança la viande avec une fulgurance telle que Ludwig l'avait rarement vue. En un piqué c'était fini: la proie capturée entre les serres était éviscérée vivante par le bec cruel de la chouette.

Le second essai fût réalisé par un second d'Aivon, au ras du sol cette fois. Un petit sac contenant une récompense était accroché à une corde que Félix faisait tourner à côté de lui en courant. Avide de chair fraîche, Flèche ne tarda pas à piquer dessus, forçant Ludwig à se déplacer pour que l'attache ne brise pas une patte de l'oiseau. Mais dans un geste habile, alors que la chouette était sur le point d'avoir sa proie, le fauconnier amusé la lui retira, forçant l'oiseau à repartir dans les airs, agacé. Le procédé recommença trois fois jusqu'à ce que finalement Félix cesse son manège et laisse le volatile profiter d'un repas bien mérité. Aivon expliquer.


-"Nous appelons cela "faire jouer le rapace". En simulant ainsi une proie qui s'enfuit nous habituons l'oiseau à s'adapter aux possibles problèmes de la chasse. Une fois qu'il s'est suffisamment entraîné et pour ne pas l'énerver davantage nous lui laissons sa viande, nous appelons ça "servir le rapace"."

Après quoi Ludwig eut la tâche de faire revenir son animal. Il leva le bras et fût visiblement très convainquant car l'oiseau accepta sans rechigner de venir se poser. L'instant d'après il était de retour sur son perchoir, un petit capuchon sur les yeux.
Les activités continuèrent ainsi pour tous les rapaces. Seul Sigmurd fût à la charge exclusive d'Aivon qui devait l'habituer pendant qu'il était encore jeune. La tâche n'était pas aisée, la buse étant fière et indocile, mais l'entraînement se passa néanmoins sans heurt particulier.

On touchait à la fin de la journée quand tout le monde remballa les affaires pour retourner aux bercailles, en se promettant de revenir le lendemain où de riches clients viendraient voir la "marchandise". Le maître-fauconnier était très positif.


-"Vous vous êtes bien débrouillé avec Flèche, mieux que je ne l'espérais! Vous pourrez vous entraîner avec d'autres oiseaux dans les jours qui viennent, visiblement ils vous apprécient!"

Ils se séparèrent devant la volière où l'homme de maison relâcha ses ouailles. Sa femme était déjà rentrée et l'odeur d'un potage épais se faisait sentir dans toute la maison. Il attrapa un sac de graines pour ses bêtes alors que Ludwig repartait en ville...
Un petit post car on va avancer dans le temps. En gros je vais te laisser décrire (sommairement si tu veux) les deux semaines suivantes qui vont voir ton entraînement avancer. Tu peux aussi en profiter pour développer ta relation avec Sigmurd, lequel restera quand même assez indomptable jusqu'au bout!
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Ludwig Von Hoffenbach
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par Ludwig Von Hoffenbach »

Ludwig rentrait chez lui enthousiasmer. Il venait à peine de quitter Aivon et ses acolytes qu’il était déjà pressé d’être le lendemain pour s’entrainer à nouveau avec ces volatiles. Pour une première fois, cette journée s’était très bien passée. Après un premier geste maladroit, il avait habilement manié la chouette norse que lui avait confiée le fauconnier. Après s’être montré un peu perdu avec Ludwig, Flèche avait fini par exécuter de belles manœuvres et le jeune homme croyait même avoir impressionné Aivon. Sur le haut vol, comme sur le bas vol, Ludwig avait réussi avec brio.

Les jours suivants furent de la même qualité. Ludwig s’exerça avec différents oiseaux et sur différentes manœuvres. Flèche restait la plus agréable et la plus docile. Mais étrangement le jeune homme était attiré par le plus taciturne et le plus indiscipliné d’entre eux ; Sigmurd. La jeune buse des voûtes était comme un défi pour Ludwig. Aivon lui avait confié en dernier car l’animal était extrêmement caractériel et il nécessitait donc un savoir-faire tout particulier. L’oiseau ne faisait rien de ce qu’il n’avait pas envie. Malgré tout, Ludwig restait patient et friand de la moindre progression dans son éducation. Au fond, le jeune homme se retrouvait dans le caractère de Sigmurd. Indiscipliné, taciturne, mais aussi calme et observateur. Le jeune rapace n’était pas plus mauvais que les autres dans les techniques de vol ou de chasse, il n’en avait simplement rien à faire. Pire que ça, voir les humains s’agacer à son sujet semblait l’amuser plus qu’autre chose. En somme, son propre comportement avec Alicia s’amusa Ludwig.

Alors que son séjour dans la capitale averlandaise approchait de son terme, la relation entre Ludwig et Sigmurd s’était bien améliorée. Le jeune homme avait réussi à le faire briller lors de nombreux exercices de bas vol et de haut vol, et les ratés se faisaient de plus en plus rares. Certes le rapace avait encore des sursauts d’indiscipline ou il refusait de s’envoler et où il toisait ses maîtres d’un air narquois, mais cela tendait à se raréfier. Bien que Ludwig n’était que de passage dans la ville, il s’était rapidement pris au jeu de la fauconnerie. Aivon était un tuteur professionnel et agréable, et ses acolytes contribuaient aussi à la bonne ambiance générale. De sacrés rigolards ces gars là ! Son objectif actuel de retrouver son père en Sylvanie était toujours d’actualité. Pour rien au monde il n’aurait abandonné ce projet. Mais en l’absence de convois fluviaux fréquents en direction de Leicheberg, la rencontre avec Aivon avait été une vraie aubaine. Grâce à cette occupation ornithologique temporaire, Ludwig avait pu prendre son mal en patience sans trop de peines.

Les jours ne cessaient de rallonger, la neige était devenue un lointain souvenir. Après une rechute des températures, le beau temps avait fini par revenir. Le printemps débutait véritablement. Les feuilles des arbres avaient poussé, les fleurs avaient fleuri, les insectes butineurs étaient en pleine besogne. C’était tout une vie qui reprenait, et cela autant à la campagne pour la faune et la flore, qu’à la ville pour les humains. Lorsque Ludwig rentrait le soir à Averheim de leur entrainement quotidien, le jeune homme avait remarqué ce regain de gaieté en ville. Avec le redoux les gens déambulaient, flânaient, bien plus qu’au début de son séjour. Les tavernes, les échoppes, les places, les rues étaient bien plus peuplées et animées. Ludwig se sentait bien ici. La ville était jolie, l’air était sain et la campagne environnante était agréable. Rien à voir avec ce qu’il avait connu à Nuln. Et en songeant avec un peu d’appréhension, rien à voir avec ce qu’il connaitra dans les prochaines semaines. Ludwig n’était pas un fin connaisseur de la Sylvanie, mais comme tout le monde il avait entendu les rumeurs, les ragots et les légendes qui étaient véhiculées depuis cette contrée. Dans son esprit comme dans ceux de nombreux citoyens impériaux, la Sylvanie était une région forestière, froide, lugubre, hantée de créatures malfaisantes, et avec un air et une terre gorgé de magie noire. Un endroit qu’aucun honnête citoyen ne choisirait pour passer son temps libre. Malgré tout, après moult complications familiales, Ludwig devait y aller.

C’est avec une émotion non feinte qu’il allait devoir se séparer d’Aivon et de ses merveilleux rapaces. Après deux semaines passées ensemble, Ludwig avait pris le pli et s’était attaché à ce mode de vie. Toutefois, on lui avait annoncé le départ d’un navire à destination de la Sylvanie, le lendemain ou le surlendemain. Heureusement ou malheureusement, il était l’heure pour le jeune homme de passer à quelque chose de nouveau. Les connaissances qu’il avait engrangées auprès du fauconnier étaient pour lui inestimable. Il avait appris énormément de choses qui pourraient lui être utiles par la suite, et sur le plan psychologique ce séjour avait été un vrai bonheur. Pour la première fois depuis plusieurs mois, il avait pu se mouvoir et vaquer à ses occupations sans la méfiance, ni la crainte de se retrouver face à un adepte des sombres puissances.

Dans les derniers jours de son séjour, la relation entre Ludwig et Sigmurd était presque devenue fusionnelle. L’Élu d’Arianka prenait un attachement tout particulier à l’éducation du jeune accipitridé. Désormais Sigmurd avait cessé de le toiser de son air arrogant lorsque Ludwig l’entrainait. Afin de gagner la confiance de l’oiseau, il avait arrêté l’entrainement avec les autres rapaces. Ludwig s’était entièrement dévoué à son apprentissage et Sigmurd semblait lui en être relativement reconnaissant. Même Aivon avait remarqué la relation qui se tissait progressivement entre la buse des voûtes et le jeune nulner. Ludwig était ravi de ce qu’il avait entrepris et réussi ici. Les adieux allaient être d’autant plus difficiles…
Ludwig Von Hoffenbach. Voie de l'Inquisition. Répurgateur.

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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par [MJ] Le Djinn »

C'était le grand jour. Aivon avait appris la veille que la barque à destination de la Sylvanie partait le lendemain, soit le jour-même. Le fauconnier avait pris sa mâtinée pour accompagner notre répurgateur non-assermenté à bon port. Les docks n'avaient pas changés en deux semaines: toujours aussi sombres, aussi puants, aussi sales. Le flot maritime avait quelque peu augmenté avec le retour progressif de la belle saison. Les glaces n'étaient plus, les barques les plus frêles pouvaient s'aventurer sans crainte. En quelque sorte le port renaissait après un long sommeil. Les navires d'eau douce remplissaient leurs cales, les soldats aiguisaient leurs épées et achetaient leurs flèches. On se préparait à de mauvaises rencontres sur les eaux.

Le transport fluvial vers la Sylvanie était assurée, comme prévu, par une embarcation somme toute assez large et taillée comme un petit bastion. Les rembardes étaient hautes, souvent renforcées de métal et présentaient peu de point d'accroche afin d'éviter les grappins. Neuf marins et un capitaine s'échinaient à la manœuvrer dans les eaux des docks afin de permettre aux portefaix de charger les cargaisons qui se constituaient notamment de céréales et de foin. Un commerce plus juteux qu'il n'y paraissait dans une région en proie à des disettes chroniques. La situation semblait d'ailleurs s'être étonnamment calmée dans la province maudite depuis la Tempête du Chaos. Les ténèbres y semblaient un peu moins présents, les personnages longs et pâles, moins nombreux. Une bonne chose, assurément.

Aivon arriva peu après Ludwig, portant à son bras un volatile bien connu, la tête sous son capuchon. Son pelage avait doucement noirci et rougi, se rajoutant à son beige juvénile. Le fauconnier avait un sourire en coin et se donnait un air satisfait mais ne parvenait pas à cacher sa tristesse.


-"Hé bien Ludwig, il est temps pour toi de partir. Ce furent deux bonnes semaines que je n'oublierai pas de sitôt! Il est rare de trouver des élèves plus passionnés. Pour vous récompenser de vos efforts je souhaite vous offrir Sigmurd. Il a l'air de s'être attaché à toi, je crains qu'il ne déprime quand tu seras parti."

Sa voix était chargée d'émotion. Il laissa le volatile et un nécessaire de fauconnerie à son ancien élève avant de lui poser une main ferme sur l'épaule.

-"Bon vent! Et si l'envie te vient de faire carrière avec les rapaces, il y a de la place pour un fauconnier de plus en Averland!"

Et c'est ainsi qu'il laissa Ludwig grimper sur le navire. Il lui fit signe jusqu'à ce que la barque disparaisse à un coude fluvial, cachant Averheim derrière des roseaux. Sigmurd qui sentit sans doute le départ de son maître d'origine lança un piaillement douloureux. C'était fait. Ils étaient partis. Il ne restait plus qu'à comprendre comment fonctionnait la barque.
Déjà Ludwig constata qu'il n'était pas seul passager. En plus de sa personne (et de Sigmurd) ainsi que des marins on trouvait quelques paysans qui devaient être des sylvaniens voyageurs, un prêtre de Véréna lisant un grimoire épais ainsi qu'une petite troupe de mercenaires. Ils étaient six au total, cinq hommes et une femme. Le chef de bande, qui devait être son père, l'appelait souvent par son prénom, "Greta", et, de sa voix forte, l'encourageait à surmonter son mal de mer. Ils étaient correctement vêtus, d'armures de cuir robuste ou de cottes de mailles solides. Aux ceintures pendaient des épeés courtes, coutelas et hachettes ainsi que deux arbalètes et un pistolet. Ils ne semblaient pas posséder de signe commun si ce n'était un tabard vert pomme qui devait leur servir de signe de reconnaissance. Ils étaient tous d'un âge mûr, endurcis, sauf la jeune femme qui devait être un peu plus jeune que Ludwig mais dont le corps portait déjà les stigmates du combat, notamment son visage. Evidemment ce n'était rien comparé au hachis qu'était la face de notre héros et sur laquelle elle posa les yeux quelques secondes avant de baisser la tête, honteuse.
On dormirait dans les cales, à côté des caisses de marchandises attachées. Des couches de pailles étaient posées et la température toujours fraîche mais constante. Le repas, frugal, serait servi par l'équipage mais en revanche tous les passagers devaient participer à la défense en cas d'attaque.

Le transport ferait le tour de la Sylvanie, traversant les marais de Bylorhof avant de remonter vers Swartzhafen, Leicheberg puis de repartir vers Königstein, Drakenhof etc... Les flots étaient souvent plus sûrs que la terre mais le danger n'était pas à exclure. Surtout pour ceux désirant se rendre dans les dernières villes à visiter…
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par Ludwig Von Hoffenbach »

Comme prévu, les adieux avaient été difficiles. Mais seulement avec Aivon, car le fauconnier lui fit lors de ce moment, un cadeau inestimable. Jamais Ludwig ne se serait attendu à ce qu’on lui offre Sigmurd, son camarade volatile depuis près de deux semaines. Le jeune homme était heureux d’une telle marque d’amitié et de confiance de la part d’Aivon. Mais impossible de lutter contre son empathie naturelle, Ludwig eu du mal à ne pas souffrir du déchirement qu’il pouvait observer entre la jeune buse des voutes et le fauconnier. L’oiseau s’était attaché à Ludwig, mais il n’empêchait qu’Aivon avait été présent pendant toute la jeunesse de Sigmurd et cela n’était pas facile pour lui. Le rapace était parfaitement sevré, Aivon y avait veillé, mais ça ne changeait en rien la difficulté de la situation.

Ludwig avait appris pas mal de choses sur la fauconnerie, mais il se sentait encore novice. Les deux semaines avait été intenses, mais avec Sigmurd à sa charge, il avait l’impression de sauter dans le grand bain. Aivon l’avait abondamment rassuré et lui avait fourni tout le matériel nécessaire au jeune homme et à son nouveau compagnon de route à plumes. Avec son entrainement et un peu de confiance en soi, Ludwig y arriverait.

Après avoir serré une nouvelle fois la main à Aivon, Ludwig monta la passerelle du navire et se posta sur le pont, en face du fauconnier. Sigmurd n’avait pas lâché son ancien maître des yeux, et il ne le fit pas avant les quais d’Averheim ne soient plus en visuels. Une fois sur l’Aver, en pleine campagne, filant à pleine vitesse vers la Sylvanie, la buse des voûtes se retourna vers Ludwig d’un air interrogateur. Et au regard que lui rendit le jeune homme, on voyait que ni l’un ni l’autre ne s’étaient attendus à se retrouver ici, ensemble. Tous deux étaient pensifs et inquiets de l’inconnu qui s’ouvrait devant eux, mais tout deux avait cette étincelle de vitalité dans les yeux. Une étincelle qui les feraient avancer ensemble, aussi loin qu’il faudrait.

D’ailleurs en parlant d’avancer, Ludwig perdu dans ses pensées n’avait pas fait attention à la composition des passagers du navire. Hormis les marins qui braillaient en s’affairant, Ludwig n’avait pas pris la peine de s’intéresser aux autres. Un rapide coup d’œil lui suffit à répondre à son interrogation. Il y avait des paysans, probablement sylvaniens vu leur maigreur, des mercenaires, un prêtre de Véréna et bien sur les marins et …et… . Ludwig retourna vivement la tête en direction des mercenaires, ou plus précisément en direction de la mercenaire. Lorsque leur regards se croisèrent ils se sentirent frémirent en s’observant. Leur œillade fut si profonde que la jeune mercenaire ne remarqua pas le regard perçant de Sigmurd qui se posait sur elle. Malgré leur jeune âge, Ludwig et la dénommée Greta avaient tous deux le visage marqué par la dureté de la vie. La jeune femme avait une large cicatrice blanchie qui lui traversait le visage en diagonale. Elle avait dû souffrir le martyr sur le moment. Un peu à la manière de Ludwig après que sa némésis aux cheveux de sang lui avait arrachée la joue. Personne ne devrait connaitre de pareils horreurs à un âge aussi jeune. Honteux de leur apparence, Ludwig et Greta baissèrent les yeux en même temps. Instinctivement, le jeune homme remit son chaperon sur sa tête afin de dissimuler son visage décharné aux autres passagers du navire. Sans un autre regard en sa direction, Ludwig s’éloigna de la jeune femme en passant devant le prêtre de Véréna qui lisait un épais grimoire. L’élu d’Arianka lui jeta un coup d’œil mi-figue mi-raisin. Plongé dans sa lecture, l’ecclésiastique n’y porta pas la moindre attention. Comme pour Sigmar, Ludwig avait quelques réserves sur le culte Vérénéen. Ces réserves étaient purement personnelles, mais très prégnantes. Ludwig n’avait toujours pas pardonné aux dieux et déesses de l’Empire d’avoir laissé la déchéance s’emparer de sa famille. Pour lui, les dieux du panthéon impérial étaient coupables. Etrange, mais c’était la réalité dans son esprit. Depuis ce jour, ses anciennes croyances avaient été balayées au profit des dieux, plus rigoureux, de l’Ordre. Jusqu’à aujourd’hui sa rancune était tenace.

Dépassant le prêtre d’une démarche un peu snob, Ludwig se dirigea vers le gouvernail ou s’affairait un vieux marin. Le vieux loup de fleuve semblait avoir une grande expérience de la manœuvre fluviale. Avec une main experte sur le gouvernail, le bateau filait à vive allure sur l’Aver, sans aucun contretemps.

Après plusieurs minutes posté à côté du gouvernail, Ludwig adressa la parole au marin.

- Ce n’est pas la première fois que vous faites ce trajet je suppose ? Pas l’un des plus calmes et faciles non ? Combien de temps avant à Leicheberg? C’est là-bas que je me rends.

Avant que le vieil homme réponde, Sigmurd lâcha un cri aigu et sonore. La jeune buse des voutes semblait être heureux de se retrouver en pleine campagne, loin de la ville. Il faut dire que l’air était agréable, le temps au beau fixe et rien ne semblait présager de funestes événements en Sylvanie. Peut-être ces sombres nuages, très loin à l’horizon ?
Modifié en dernier par [MJ] Le Djinn le 05 avr. 2019, 16:07, modifié 1 fois.
Raison : +31 XPS! MAJ des XPS!
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par [MJ] Le Djinn »

Le vieux loup de rivière chercha quelques secondes une réponse appropriée à fournir à son client. Les gens n'étaient généralement pas pressés d'aller en Sylvanie aussi la question ne revenait-elle qu'assez peu. Finalement le marin parut trouver une hypothèse correcte.

-"Pour tout vous dire m'sire, ça va dépend'. Au mieux on va met' cinq jours, au pire on arrivera jamais. Les problèmes vont commencer quand on va traverser les marais de Bylorhof. Un conseil m'sire: dormez qu'd'un œil et avec vot' épée près de vous. Nous l'ferons tous."

En prononçant le nom des marais, l'homme fût parcouru par un frisson d'effroi. Ses compères présents sur le pont ne parurent même pas l'écouter et chacun s'en alla à ses occupations. On ne s'ennuyait que rarement sur une barque d'eau douce, contrairement à ce qu'on aurait pu le penser: vérifier le tirant d'eau, la coque, repousser les troncs et les branches, pêcher des rations supplémentaires… Chaque employé devait mériter sa paie! Le capitaine coordonnait l'équipage, envoyant chacun à une tâche ou une autre selon l'urgence. Les fleuves étaient moins sauvages que la mer, d'après les marins, mais plus traîtres. Sur les flots infinis la présence de rochers ou de morceaux de bois assez durs pour percer la coque était anecdotique à l'exception des côtes, là où un fleuve était rempli de troncs, de caisses perdues et de pierres qui dépassaient du fond.

Les premiers repas furent pris séparément par les voyageurs. Chacun mangeant sa propre gamelle ou bouillabaisse dans son coin. Au matin du second jour, quand la Sylvanie fût enfin en vue, le capitaine (dont Ludwig avait compris qu'il répondait au nom de Jordann) insista pour manger en groupe et par roulement, pas plus de quatre personne ensemble à la fois. Malgré son caractère autoritaire, sa carrure imposante et son crâne rasé affichant des cicatrices, il semblait inquiet. Les premières herbes noires firent comprendre à tout le monde pourquoi.



Image

Même Sigmurd, son capuchon l'empêchant de voir, sentit le changement d'air et piailla avec panique. Ludwig eut toutes les peines du monde à le faire taire et sous les fortes insistances de l'équipage. Une lanterne permanente avait été placée sur l'avant de la barque, perçant à peine brouillard épais surplombé de nuages noirs cachant le soleil. Tels étaient les marais de Bylorhof. Le prêtre de Véréna discutait calmement avec Greta, lui assénant d'affables sourires.

-"Mais, prêtre, j'avais entendu que Bylorhof était une ville sûre, peut-être la seule de Sylvanie... Pourquoi ces marais suintent-ils tant le mal?"

-"De mes lectures j'ai découvert que ses habitants vénèrent un dieu maléfique dirigeant les marais. Je crains qu'il ne soit à l'origine de ce mur de brouillard..."

Ils passèrent une heure à naviguer presque à l'aveugle, la vision n'allant pas plus loin que les premiers roseaux fanés. Le capitaine faisait le tour des passagers, parlant à voix basse, une amulette de Sigmar en main.

-"Surtout, ne suivez pas les lumières..."

L'annonce était prophétique. Quelques minutes à peine après qu'il eut prévenu Ludwig, une première lueur apparut au loin. Elle était bleutée, douce mais froide. Pas plus perceptible qu'une bougie, elle flotta, immobile, avant de s'évaporer. Un battement de paupières plus tard on se demandait déjà si on l'avait pas rêvée. Une seconde s'alluma près de l'ancienne. Elle semblait flotter à quelques mètres au-dessus du sol. La lumière s'approcha jusqu'à une dizaine de mètres du navire et s'éteignit. Les lumières verdâtres et bleutées se multiplièrent rapidement, créant un firmament glauque au milieu du marécage. Les marins faisaient de leur mieux pour ne pas y prêter attention, mais tous étaient terrifiés. Le brouillard était si épais qu'on ne savait dire quelles lumières étaient proches ou lointaines, se rapprochant ou s'éloignant. De temps à autre des ombres à forme inhumaines passaient devant ces flammes impies.
Test caché!
Une poignée de minutes d'observation permit à Ludwig d'entrapercevoir, sous les feu follets les plus proches, des visages humains putréfiés et grimaçants. Ils ne bougeaient pas, ne faisaient montre d'aucune expression à part de la souffrance. En effet: les cadavres étaient empalés sur des menhirs taillés en pointe. Et les flammèches se rapprochaient du navire, pas après pas. Le capitaine décida sans doute que c'en était trop et attrapa chaque voyageur pour les ramener dans la calle, loin de ces horreurs. Mais il ne fût pas assez rapide pour sauver Ludwig.

C'était comme si une voix l'appelait, une voix douce, hypnotisante, amicale. Ca venait de cette flamme bleue, là bas, qui voletait verticalement, comme dans un mouvement d'appel. Elle était si lointaine, mais si proche à la fois. Elle l'appelait. Ce n'était pas une lueur mais une belle femme, au sourire prometteur et aux bras accueillants. Elle s'offrait à lui, non comme une amante d'un soir mais comme une compagne éternelle. Ludwig s'avança d'un pas vers elle, puis d'un encore, puis d'un dernier… Et chuta à l'eau.
La figure se rapprochait de lui mais déjà des mains décharnées sortaient des flots. Sigmurd, terrifié, défit ses liens dans ses efforts pour sortir et s'envola sans demander son reste. L'eau froide mêlée aux visages horribles qui s'acharnaient à le faire tirer de l'eau rendirent ses esprits au répurgateur qui put enfin commencer à se débattre! Les goules le tenaient fermement et se régalaient déjà du repas qui s'offrait à elles! Les monstres ricanaient et leurs moqueries funestes brisaient la monotonie du roulis provoquée par le bateau passant son chemin. Deux carreaux se fichèrent dans la chair des créatures qui rugirent de douleur puis de frustration quand des bras, humains ceux-là, attrapèrent les épaules de l'impérial terrifié pour le sortir de l'eau. Greta et son père étaient debouts sur le pont, brandissant chacun une arbalète et fixant avec inquiétude les rives d'herbes hautes et de plantes d'eau. Le capitaine était au-dessus de Ludwig, vérifiant rapidement qu'il n'était pas blessé avant de le prendre à l'épaule puis dans la cale, près de laquelle Sigmurd, désorienté par le brouillard constant, ne tarda pas à se poser.

Constatant qu'il allait bien, le capitaine se prépara à sortir, laissant Ludwig seul en lui rappelant:


-"Ne suivez pas les lumières!"
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par Ludwig Von Hoffenbach »

Bien que le paysage était morne et ennuyeux à mourir aucune personne présente à bord ne se reposa ou s’assoupie. La tension était palpable sur le bateau. L’air était lourd, le brouillard épais et la rivière hostile. Chaque lieue qu’il parcourait sur ce cours d’eau de malheur semblait les rapprocher encore plus inexorablement de la tombe. Hier, la rivière était assez commune. Le lit était large, les berges dégagées et l’eau était verte et claire. Il y avait bien sur quelques troncs flottants et récifs de pierre, mais rien de comparable à ce qu’il avait sous les yeux. Ici, le lit principal était très fin, et les berges n’étaient qu’une délimitation imprécise, une zone boueuse et marécageuse de plusieurs centaines de mètres. La rivière était jonchée de gros troncs et de récifs de pierre, si pointus qu’on les auraient cru taillés exprès pour percer la coque de navires. A travers sa voix et ses ordres stricts on sentait que le capitaine Jordann était habitué à la navigation ici, mais toujours aussi peu à l’aise. Plus le navire s’était approché de la Sylvanie, plus il avait fallu vérifier fréquemment le tirant d’eau, l’orientation du bateau, et les dangers qui guettaient la coque. Ces manœuvres étaient maintenant permanentes. Les marins étaient en permanence entrain de vérifier que tout allait parfaitement bien et qu’ils n’allaient pas couler dans les minutes qui suivent. Une erreur d’inattention et ils étaient fichus…

Leur navire passa à proximité de la personnification des dangers qui les attendaient ; un bateau à la proue éventrée par un solide rocher à peine émergé. L’accident ne semblait pas être si ancien que ça, mais déjà l’air malsain environnant avait commencé à corroder le métal et à faire pourrir le bois. Jamais ce modeste bateau en chêne ne ressortirait de ces marais maudits. Il était condamné, tout comme ….. D’ailleurs, qu’avait-il bien pu advenir de l’équipage de ce bateau après ce terrible accident ? Ludwig ne voyaient que de funestes issues dont il préféra ne pas songer plus longtemps. Au mieux les pauvres bougres avaient disparus corps et âmes dans les flots et la boue, au pire ils avaient succombés à la folie sous la pression de la peur, de la faim et de la soif. Ou peut-être même qu’ils avaient été éliminés par de sombres créatures habitants ces marais désolés. Quoiqu’il en soit, leur sort avait été terrible. Ludwig comptait en Jordann pour ne pas suivre la même voie.

Bien qu’angoissante, la croisière dans les marais de Bylorhof fut calme jusqu’à ce que le capitaine vienne les voir, l’air terrifié, une amulette de Sigmar en main et qu’il leur dise :

- "Surtout ne suiviez pas les lumières…"

Ludwig regarda Jordann d’un air moitié apeuré, moitié ahuri. Des lumières ? D’où pourraient venir des lumières, ici, en plein milieu de ce marécage. Il ne semblait y avoir aucune ville à proximité, et la seule lumière qu’il voyait sous ces lourds nuages noirs, c’était la lueur de la lanterne posée à la proue de leur navire.

Les conseils du capitaine ne tardèrent pas à faire sens. Sentant que l’air se faisait de plus en plus malsain et que la magie noire était de plus en plus prégnante, Sigmurd se tût, pour le plus grand bonheur des personnes présentes à bord. Le rapace n’avait pas arrêté de montrer son mécontentement depuis qu’ils étaient en Sylvanie, mais là s’en était trop pour la jeune buse des voûtes.

Emanant de nulle part, des lueurs se mirent à danser au-dessus de l’eau boueuse du marais. De couleurs bleutées ou verdâtres, ces espèces de feu-follets étaient particulièrement luisants. Sous ces sources de lumières, Ludwig put apercevoir dans l’eau croupie, des corps et des visages putréfiés qui semblaient hurler de souffrance. Les pauvres gens avaient été empalés sur les récifs de pierre de la rivière. Ce marais commençait à montrer un visage de plus en plus effrayant. Les lueurs avançaient, s’éteignaient et se rallumaient de manière totalement erratique. Progressivement Ludwig se sentait étourdi par ces apparitions et par la panique interne qui le gagnait. Alors qu’il allait rejoindre le capitaine et les autres qui partaient se réfugier dans la cale pour ne pas succomber à ses horreurs, l’attention de Ludwig fut attirée par un détail dans le marais. Il ne révait pas ? Non. Il y avait bien une femme devant lui, à moitié immergé dans le marais. Elle essayait de rejoindre le bateau, mais la boue l’aspirait vers le fond et Ludwig n’était pas sûr qu’elle allait y arriver. Ludwig hésita dans un premier temps à se mettre à l’eau, mais lorsqu’elle l’appela en le suppliant de venir à son aide, il s’approcha du bastingage, comme attiré par la réalisation d’un acte héroïque. Lorsque Ludwig aperçu derrière elle des créatures inhumaines qui tentait de la rattraper, son sang ne fit qu’un tour et il se jeta dans l’eau, paré à sauver cette femme.

Son rêve héroïque ne fut pas long à se briser. A peine dans l’eau, Ludwig se rendit compte de sa grave erreur. La belle femme qui l’appelait à l’aide n’était qu’une image retransmise par les feux-follets maléfiques. La vision éclata en mille morceaux lorsqu’il pénétra dans l’eau saumâtre de la rivière. La femme n’existait pas, mais les créatures inhumaines derrières elles étaient bien réelles. A partir de cet instant tout fut très rapide. Terrifiés par les actions insensées de son maître et par les goules dans le marais, Sigmurd s’envola des épaules de Ludwig en piaillant. Ludwig acculé ne pouvait rejoindre le bateau, les goules l’entouraient et commençaient déjà à l’agripper de leurs mains griffues. Les créatures monstrueuses ricanaient du repas qui leur était livré à domicile. Alors que Ludwig se débattait et que les créatures tentaient de le croquer, des carreaux d’arbalètes partirent du bateau et percutèrent mortellement les goules. Greta et son père se tenaient héroïquement sur le pont, leur arbalète pointé vers les eaux sombres. Avant que Ludwig puisse les remercier, il fut soulevé des flots par des bras puissants, puis jeté sans ménagement sur le pont. Au-dessus de lui, le capitaine Jordann le toisa avant de vérifier qu’il n’avait pas été blessé par les griffes empoisonnées des goules. Par chance, sa peau avait été épargnée….. contrairement à sa chemise. Ludwig se releva rapidement. Il remercia rapidement mais chaleureusement, ses sauveurs. Le jeune homme était honteux d’avoir fait preuve d’autant de stupidité. Soutenu par Jordann, Ludwig partit en direction de l’endroit où il aurait dû aller dès le début, la cale. Avant que le capitaine ne reparte et ferme la porte, Sigmurd se posa devant le jeune homme, l’air furieux. Le rapace semblait ne pas avoir apprécié le moment de folie de Ludwig. Malgré ce regard noir, la buse des voûtes ne tarda pas à rejoindre son perchoir sur l’épaule de l’Elu d’Arianka.

Pensif, Ludwig soupira. Depuis sa plus tendre enfance, Ludwig avait été friand d’histoires héroïques et chevaleresque. Il avait toujours voulu ressembler aux héros de ces contes. Tout à l’heure, sur le bastingage il avait cru que son moment était venu. Quelle ironie. Son acte héroïque s’était transformé en un acte d’une extrême stupidité. Il s’était ridiculisé devant tout le monde, Sigmurd compris. Dans toute cette honte, un souvenir lumineux tentait de se frayer un chemin jusqu’au cerveau du jeune homme. Le visage de Greta. Tout avait été très rapide, mais dans l’instant où Ludwig avait pu voir Greta alors qu’il était encore dans l’eau, il avait pu observer son visage et les émotions qui en émanaient. La jeune femme avait fait preuve d’une concentration extrême dans le maniement de l’arbalète. Aucune goule n’aurait pu s’approcher de Ludwig sans qu’elle le décide. Le père de Greta avait lui fauché les goules d’une façon plus décontractée. Peut-être une question d’expérience songea Ludwig. Ou peut-être que la jeune femme avait vraiment pris à cœur son action ; qu’elle s’était inquiété pour Ludwig et qu’elle avait fait tout son possible pour le sauver des griffes des goules. Cette idée était une pure suggestion de l’esprit de Ludwig, mais en tout cas elle le réconfortait après cet événement éprouvant.

Sans prendre le temps de se débarrasser de ses vêtements humides, Ludwig tomba en arrière et s’endormi, le visage de Greta gravé sur les paupières. Pour la première fois depuis Wissenburg, Red Karla perdit la vedette et n’eut pas la possibilité de perturber le subconscient du jeune homme. Sigmurd, un peu calmé observa d’un œil sévère son maître s’assoupir avant de s’endormir lui aussi, lové contre les côtes de Ludwig.
Ludwig Von Hoffenbach. Voie de l'Inquisition. Répurgateur.

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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par [MJ] Le Djinn »

En quelques heures de sommeil le pire était passé. Ses vêtements ne s'étaient pas réparés pendant la nuit mais Ludwig avait repris des couleurs et le spectre de la peur s'éloignait. En surface tout du moins: la situation ne s'était pas améliorée à l'extérieur et les marais étaient toujours aussi impraticables. La barque n'était plus dirigée que par deux marins qui faisaient leur possible pour rester en mouvement tout en évitant les débris et suivre le cours d'eau. Leurs collègues ainsi que le reste des passagers dormait dans la cale, la plupart gardant toujours un œil ouvert. La brume était si épaisse qu'il était impossible de dire s'il s'agissait du jour ou de la nuit mais l'attitude calme et assoupie de Sigmurd laissait entendre qu'il devait être très tôt.
Quelques rugissements et cris d'horreur jaillissaient ça et là, dans le lointain, transportés par les vents légers et chargés d'odeurs de soufre. Le brouillard charriait les horreurs de tout les marécages jusqu'à l'embarcation, terrifiant les cœurs même des marins expérimentés.

Une lumière bleutée se rapprocha si près du navire qu'on put entendre des griffes gratter la coque, produisant un crissement affreux, s'étalant sur le pont. Après quelques secondes d'essais, la chose qui griffait s'arrêta et retourna dans l'obscurité. Finalement le bateau fit une halte à côté d'une petite île où grandissait un arbre unique, aux branches noires, pointues et menaçantes. Le tronc lui-même faisait figure d'horreur avec ses circonvolutions ignobles prenant l'aspect d'un visage humain hurlant. Les membres de l'équipage se signèrent avant d'aller chercher la relève, visiblement bien peu rassurés. Les deux hommes prirent leurs couches alors que le reste des matelots ainsi que les passagers s'éveillaient à un maigre soleil qui peinait à percer la couche de nuages noirs.
Le capitaine, souhaitant rassurer tout à chacun après les événements de la veille, déclara simplement:


-"Courage à tous! Nous atteindrons Bylorhof à la tombée de la nuit. Restez à bord du navire et tout se passera bien."

Il darda ensuite d'un regard mauvais Ludwig qu'il jugeait sans doute coupable de négligence. les mercenaires, qui prenaient désormais les instructions très au sérieux, se saisirent de leurs armes et ne s'en séparèrent plus. Les paysans sylvaniens présents, peu actifs depuis le début du voyage, approuvèrent en maugréant. Peu après Ludwig fût dérangé dans sa méditation par le grand homme au poil poivre-et-sel qui était le père de Greta. Il avait un sourire en coin mais son expression trahissait une forte inquiétude. Il tendit sa main à serrer au répurgateur débutant.

-"Bien le bonjour à vous jeune homme. Nous ne sommes pas encore présentés, je suis Helmut Kolgoff, chef mercenaire. Vous nous avez fait une belle frayeur hier soir. Vous vous en êtes remis?"

Derrière lui la jeune femme nommée Greta restait en retrait, dans une attitude peu amusée. Les marques du manque de sommeil cernaient ses paupières et elle restait toujours une main sur son fourreau, stoïque.
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par Ludwig Von Hoffenbach »

Il était en sécurité mais le cauchemar à l’extérieur, dans le marais, subsistait. Des cris terrifiants résonnaient dans ce cloaque humide. Nul ne savait de quelles gorges provenaient ces cris d’horreurs. Si ces dernières avaient été un jour humaines, elles avaient dégénérées et elles ne l’étaient plus depuis bien longtemps. Pour couronner l’ambiance angoissante, un raclement sourd parcourra la coque du navire. Il y avait quelque chose dans cette eau saumâtre, et elle ne semblait pas particulièrement amicale. Au vu du bruit, la chose était bien vivante, ce n’était pas une simple branche raclant sur la coque. Dans la cale, Ludwig n’était pas rassuré. Il savait qu’il n’y avait que quelques dizaines de centimètres de bois qui le séparait de ce monstre. Par chance, au bout de plusieurs longues minutes la créature se lassa et laissa le navire tranquille. Ludwig se décrispa et profita d’un moment de calme pour remonter sur le pont voir comment évoluait la situation à l’air libre.

La situation semblait inchangée. Bien qu’en journée, le soleil ne parvenait toujours pas à percer les sombres et menaçants nuages. Les cumulus semblaient être permanents dans ce lieu. Les marais de Bylorhof était condamnée à se tenir sous ses immenses colosses de gouttelettes d’eau. Jamais ces marécages ne connaissaient la clarté ou les rayons du soleil. Ce manque de luminosité avait d’ailleurs déteint sur la faune et la flore environnante. Tout ici était morne, pauvre, triste et très peu avenant. Au milieu de ce spectacle désolé, voguait tranquillement le navire en provenance d’Averheim. Ses occupants n’étaient pas d’humeur à rire. Tous étaient concentrés ou inquiets de ce qu’ils pourraient rencontrer trois mètres plus loin.

Beaucoup regardèrent Ludwig lorsqu’il s’avança sur le pont. Le prêtre de Verena le dévisagea l’air méfiant, les paysans sylvaniens l’observèrent avec respect, tandis que le capitaine Jordann le fusilla du regard, visiblement toujours agacé des évènements de la veille. Ou peut-être n’avait-il tout simplement pas envie que le jeune homme retente ses exploits en eau trouble. Ludwig ne prêta pas plus attention que ça au capitaine en se disant que les sentiments de ce dernier à son égard était logiquement fondés. Alors qu’il se dirigeait vers le bastingage pour observer les flots boueux ou il était tombé la veille, Ludwig fut abordé par un certain Helmut Klogoff, le chef des mercenaires et le père de Greta. Le jeune homme se présenta et remercia chaleureusement l’homme à qui il devait la vie. Sans lui et sa fille il aurait surement succombé, dévoré dans la fange par des créatures vicieuses. Ludwig doutait que quelqu’un d’autre aurait risqué de le sauver. Le prêtre de Verena ne semblait pas très dégourdi et les sylvaniens étaient terrifiés par ces créatures qu’ils craignaient autant qu’ils respectaient. Quant aux marins et au capitaine, jamais ils ne risqueraient leur vie pour sauver celle d’un inconscient. Les Klogoff et leurs hommes étaient donc une véritable aubaine pour l’Elu d’Arianka.

A cet effet et dans son propre intérêt, Ludwig engagea une véritable conversation au lieu de se limiter à le remercier pour leurs actes de la veille.


- D’où venez-vous et qu’est-ce qui vous amène dans cette sombre contrée ? Je suppose que vous ne venez pas ici pour écouler des jours paisiblement. Je me trompe ? D’ailleurs, ou comptez-vous vous rendre ? Personnellement je me rends à Leicheberg, rejoindre un contingent de la Garde Noire de Morr.

Ludwig déballa la fin de sa phrase comme on lance un rocher dans une mare paisible. Le capitaine qui avait entendu, le regarda l’air narquois comme si il se demandait ce que pouvait bien faire un jeune freluquet avec ces guerriers aussi exemplaires que puissants. Ce fut au tour de Ludwig de fusiller Jordann du regard. D’où ce capitaine de coque de noix se permettait de le juger sur ses capacités. Non mais… ! Fort heureusement Helmut ne semblait pas avoir la même réaction désobligeante…
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par [MJ] Le Djinn »

Ignorant le regard moqueur et les rires sarcastiques du capitaine du navire, Helmut ne se démonta pas à l'annonce de Ludwig. Toutefois il se gratta la tête et le menton en regardant dans le vide durant de longues secondes. Peut-être suivait-il du regard ces lumières qui bordaient la rivière et hantaient les marécages?

-"Des Gardes Noirs? Les Templiers de Morr vous dites? Mais… Mais enfin… Les prêtres de Morr ont été chassés de Sylvanie il y a de ça des siècles… Êtes-vous bien sûr de ce que vous dites? Ou alors une mission de la plus haute importance a été donnée et ils se sont déplacés… Je ne saurais dire."

Après quelques grattements au menton et sur les joues barbues, Helmut lâcha un petit souffle vexé. L'incompréhension semblait le gagner et il était plus que gêné par cette situation. Pour autant, afin de ne pas paraître impoli, il accepta de répondre aux questions du répurgateur en herbe.

-"On ne peut rien vous cacher. Mes hommes, ma fille et moi nous rendons en Sylvanie pour un contrat, en effet. En même temps qui souhaiterait venir dans cette province maudite? Regardez autour de nous: rien que du vide et de la mort! Incroyable. Pour être franc il s'agit d'un contrat banal pour nous autre: un vieil ami de passage dans la région m'a demandé de le rejoindre pour protéger sa caravane des attaques de goules, comme celles que vous avez rencontré hier…"

Ces tirets signifient que l'on fait un bond dans le temps mais n'empêchent pas pour autant de continuer une discussion ou autre.
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------

C'est une heure plus tard que la foi de Ludwig fût mise à l'épreuve pendant le voyage. Il se baladait sur le pont, seul, la lame prêt de la paume, quand il croisa un des paysans sylvaniens. Rien de folichon: le vaurien lui asséna un regard méprisant et continua sa route pour retourner à la calle après avoir pissé au bord de l'eau. Pourtant notre héros pût remarquer quelque chose d'improbable: le gueux avait… Trois bras!

Jusque là rien n'avait été remarqué car il s'arrangeait, comme ses compères, pour être toujours de face ou assis, mais là il s'était trahi: l'organe supplémentaire avait poussé dans le bas de sa nuque et on voyait quelques doigts bouger dans son dos alors que ses mains étaient parfaitement visibles!
Qu'allait alors faire le voyageur de Nuln? Obéir aux principes sacrés d'Arianka qui lui imposaient d'exterminer les impurs mutants tel que ce pauvre hère ou au contraire allait-il trahir ses engagements envers les dieux par crainte personnelle?
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Re: [Ludwig] Celui qui a vu l'abime

Message par Ludwig Von Hoffenbach »

- Oui, les prêtres ont été chassés, mais la présence des gardes noirs en Sylvanie perdure. Que les habitants de Sylvanie le veuillent ou non, Morr garde un œil rivé sur cette terre maudite. De trop nombreuses horreurs se sont déroulées dans cette province, la Garde Noire doit veiller à ce que cela ne se reproduise pas. Enfin voilà… Ils sont normalement toujours stationnés à Leicheberg et je dois les rejoindre.

Ludwig parlait avec une grande assurance comme s’il était totalement familier de la Garde Noire et de la Sylvanie. Que nenni ; le jeune homme ne jouait la comédie que pour éviter trop de questions de la part de son interlocuteur.

Ensuite, par chance, la conversation dévia sur les objectifs d’Helmut et de son petit groupe. L’intuition de Ludwig était bonne, ces mercenaires étaient ici pour remplir un contrat et non pour des vacances. Un contrat simple qui prévoyait la protection d’une caravane contre les meutes de goules et les horreurs de la région. Simple, mais pas dénué de dangers pour autant. Une mauvaise rencontre dans cette contrée pouvait rapidement faire basculer son avenir. Ludwig avait presque de la peine pour ces gens qui ne gagnaient leur vie qu’en suivant et en affrontant le danger. Quelle existence éprouvante pour Greta qui se devait de suivre son père dans les pires périples. Et oui…. Cette fille revenait à chaque fois s’immiscer dans ses pensées. Elle n’était pas particulièrement jolie, mais ils pouvaient voir en elle son immense courage, sa joie et de vivre et sa fougue. Son côté sauvage et indomptable impressionnait Ludwig qui avait été habitué dans sa jeunesse aux femmes raffinées de l’aristocratie de Nuln. Greta éveillait la curiosité du jeune homme.

Après en avoir fini avec Helmut, en constante réflexion Ludwig continua à déambuler sur le pont. Malgré la lenteur de leur avancée depuis qu’ils étaient dans les marais de Bylorhof, le jeune homme se rapprochait de son but. Et pourtant pas une fois il n’avait réfléchi à ce qu’il ferait lorsqu’il poserait le pied sur le quai de Leicheberg et comment il retrouverait son père ? D’ailleurs, comment était cette ville ? Elle devait surement être bien différente de Nuln et des villages du Wissenland. Même le rustique Averland devait être très éloignée de la maudite Sylvanie. La société devait aussi être très différente, ça c’était sûr. Rien qu’à voir les paysans sylvaniens sur le pont, Ludwig savait qu’il allait être dépaysé en arrivant là-bas. Ces derniers étaient d’une pauvreté si extrême qu’ils semblaient venir d’un autre temps. Même au plus profond des Taudis à Nuln il n’avait pas vu de si pauvres bougres. Les pauvres hères déambulaient sur le pont du navire, les traits tirés, les côtes saillantes et les ….

Le cœur de Ludwig fit un bond lorsqu’il aperçut un paysan sylvanien avec deux jambes et…. et… trois bras. L’homme avait bien trois bras ; non il ne rêvait pas. L’Elu d’Arianka dissimula sa surprise et son dégout au maximum et continua d’avancer, les yeux droits devant lui.

Un mutant ! Cet homme était-il un agent du chaos ou un simple rebut de la société qui avait eu le malheur de naître avec un stigmate du chaos ? Peut-être que cet homme avait reçu l’ordre de le tuer pour ce qu’il avait fait à Nuln, Weningen et Wissenburg ? Non. Ce n’était pas possible. Il fallait se calmer et stopper la paranoïa croissante. Il y avait peu de chances qu’on ait pu le retrouver, il y avait justement pris soin. De plus le paysan était d’une fébrilité extrême et il ne faisait clairement pas le poids face à Ludwig. Seule sa difformité le rendait impressionnant.

Ludwig était un homme juste et clément. Contrairement à bon nombre de citoyens impériaux et à fortiori, d’inquisiteurs, il n’avait pas une vision dure et précise sur les mutants. Pour lui il y avait trois types de mutants, deux étaient d’une grande dangerosité. Tous d’abord il y avait les personnes qui se livraient volontairement corps et âme au chaos et qui recevaient les stigmates et les mutations comme de véritables bénédictions divines. Ces derniers méritaient le bûcher et l’acier. Ludwig était aussi intransigeant. Ensuite il y avait les pauvres gens qui naissaient ou développaient au cours de leur vie des mutations qu’ils ne désiraient pas. Lorsque ces derniers étaient acceptés, aimés par quelques proches, bien souvent ils arrivaient à se libérer de l’emprise psychique du chaos sur eux. Parfois même ils développaient un ardent désir de se repentir d’être nés différents. Malgré la difformité, un mutant pouvait devenir bon s’il gardait la foi en les autres, la foi en l’humanité. Ludwig avait croisé de nombreux mutants de ce type dans les Taudis de Nuln. Protégés par des « purs », il avait pu observer des mutants vivre des existences quasi normales et presque heureuses. Malheureusement, l’image du pauvre bougre maudit par le hasard était souvent écornée par la réalité de la vie dans l’Empire. Lorsque les mutants étaient rejetés, haït par la société ; le pire se déclenchait. Devenant rancunier, les mutants nourrissaient à leurs tours une haine profonde envers l’Humanité et ses représentants. Rapidement, ils embrassaient le chaos en toute âme et conscience, dans le but de nuire à l’Empire et aux autres royaumes des hommes. Une fois leur âme partie, ils ne vivaient que pour une chose : la destruction. Pour une raison toute simple ces mutants étaient les plus dangereux et les plus détestables. Ils n’avaient absolument rien à perdre. De plus ils étaient difficilement décelables et rampaient dans l’ombre prêt à porter un coup mortel à l’Humanité au moment opportun. Leur chasse était extrêmement complexe, si bien que chaque honnête citoyen devait faire son maximum pour détruire ces hérétiques mût par la haine et la colère. Ludwig n’aurait aucune pitié à leurs égards. A ce sujet, que devait faire Ludwig ? Questionner cet homme ? Le tuer ? Ou simplement le suivre pour voir ce qu’il avait ou non à cacher ?

Sans trop d’hésitations, l’Elu d’Arianka choisit la dernière solution. Mieux valait rester prudent et discret, des actions à la hâte pourraient lui coûter cher. D’autant qu’il n’avait aucune information sur cette possible menace. Il pivota brusquement, et mimant d’avoir oublié quelque chose dans la cale, il emboita le pas au paysan sylvanien. Après l’agitation de la veille au soir, le bateau était devenu plus vivant. On déambulait, on buvait, on rigolait, on jouait. La menace à l’extérieur dans le marais était toujours présente, mais moins palpable. C’est dans cette ambiance moins morose que Ludwig put suivre le campagnard dans la cale sans qu’on se rende compte de sa filature.

La cale du navire s’était remplie depuis qu’il l’avait quitté il y a une bonne heure. Plusieurs marins dormaient dans des hamacs accrochés dans la charpente du bateau et quelques sylvaniens profitaient de leur temps libre pour vaquer à leurs activités. Rien d’anormal, surtout après une période de turbulences comme ils avaient connus la nuit dernière. Le prêtre de Verena était lui aussi là, accroupi sur le sol en chêne de la cale à feuilleter un lourd ouvrage aux pages jaunies. Ne perdant pas le mutant des yeux, Ludwig laissa un peu d’espace entre lui et le paysan. S’il s’apprêtait à faire quelque chose de louche ou à parler à un de ses complices, mieux valait rester discret et les oreilles grandes ouvertes. Qu’allait faire l’homme ? Quels étaient ses secrets ? Avait-il des choses à cacher ? Son intégrité était-elle immaculée ? Ludwig ralentit sa respiration, concentré. Cet homme allait-il décevoir Ludwig ? L’Elu d’Arianka faisait preuve de bienveillance, mais il n’agirait pas par pitié. Jamais il ne trahirait ses idéaux de justice.
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