Ton... Malal, tu, ne me dis pas que c'est un dieu du Chaos ? Non, tu te trompes n'est-ce pas ? Il n'y en a que quatre, et puis si c'était le cas, je serais obligée de te dénoncer. Tu te trompes. Tu dois te tromper. Tu n'es pas l'un des leurs, tu es l'un des nôtres. La Déesse de la Lune peut t'aider, si tu te laisses faire.
Tandis qu'elle prononçait ces phrases, faisant ressortir un tourbillon d'émotion, un rictus s'affichait sur ces lèvres si désirées, indécision, déchirement... Folie ? Quoi qu'il en soit Lina se leva, s'écartant d'Ar'Karan, puis avança vers l'entrée du chariot, sans un regard en arrière, tremblante, ne s’arrêtant qu'au bord de celui-ci. Là, elle resta immobile quelques instants, puis repris, d'une voix qui avait retrouvée tout son calme habituel, mais maintenant presque froide :
Je pense qu'il vaut mieux que je ne te parle plus avant que tu aies rejoint nos rangs. Ça vaut mieux, tu vois ? C'est dur de se rendre compte que tu es de retour, alors ne gâche pas tout, s'il te plait. Oublie ton dieu, il ne t'apportera que le malheur, et ne parle à personne de sa soit-disant appartenance au chaos. Les autres te feront du mal si tu en parle. Sois sage, Al... Ar'Karan.
Le ton donné à son nom était tout simplement indescriptible, laissant son possesseur seul avec ses pensées tandis qu'elle sortait se fondre dans la nuit. Deux minutes plus tard, un autre homme encapuchonné entrait dans le chariot, baillant, pour prendre sa place de surveillant, ignorant ce qu'il venait de se passer ici, et jetant juste un regard au prisonnier afin de vérifier si il dormait. Le reste de la nuit se passa sans incident, si ce n'était les pleurs de ceux qui avaient tout perdu qu'on entendait parfois au loin dans la nuit.