[Geralt] Le mirage III

Message par **[MJ] Le Grand Duc** » 18 juil. 2019, 21:51

Mélianor sembla se détendre quelque peu. Elle s'assit pour écouter Geralt et congédia rapidement un domestique après que ce dernier ait amené une carafe de vin blanc et deux calices ouvragés. La consule sembla troublée par ce que lui racontait Geralt.

- "Oui, j'ai entendu parler de cette affaire d'évasion ... Il y a eut grand bruit en ville mais je ne me suis pas intéressé à cela plus avant ..." Elle pinça les lèvres. "C'était une erreur."

Elle écouta le Loup Blanc lui parler de son passé tourmenté, de ses aventures lointaines, de cette femme qu'il voulait retrouver quel qu'en soit le prix. Ses grands yeux clignaient rapidement, elle ne touchait pas à son verre de vin. Le regard lourd de peine, elle posa une main délicate sur l'épaule du chasseur de monstres qui s'était agenouillé auprès d'elle.

- "Geralt ..." murmura-t-elle, bienveillante, "... tu as beaucoup souffert. Ces joues creuses et mal rasées, ces yeux injectés de sang, cette toux, cette allure de bandit ... Ce n'est pas toi. Tu n'es pas l'homme que j'ai rencontré il y a trop d'années maintenant, le chevalier au coeur pur que je rêvais d'accompagner." Elle sourit tristement. "Tu poursuis une chimère ... Pourquoi veux-tu retrouver cette Dokhara ? Elle a damné son âme, elle est perdue. Ta quête ne peut mener qu'à ta perte ... La vie des humains est si courte, pourquoi cherchent-ils toujours à la gâcher .." souffla-t-elle comme pour elle-même. "Renonce, Geralt. Renonce à cette folie !"

Elle prit entre ses mains graciles celles, abîmées, de l'ancien Chevalier-Corbeau. Le corps de Geralt avait souffert des épreuves qu'il avait traversé : la Sylvanie, les Sentinelles, le Désert Hurlant, le Gouffre, le voyage de retour dans le Vieux Monde ... Outre le mal qui le rongeait de l'intérieur, la peau du réprouvée était sèche, brûlée par endroits, couturée d'horribles cicatrices. Les plaques rouges laissées par les fumées des forges toxiques marbraient son cou et son torse. La barbe lui mangeait le visage, des cernes noires creusaient son regard malade. Les yeux doux de Mélianor veillaient sur lui, luisant d'un mélange de pitié et de compassion.

- "Ton tourment peut s'arrêter aujourd'hui, mon ami. Je connais des gens, dans un pays lointain, qui pourront t’accueillir. Je te donnerai un nouveau médaillon. Tu verras, c'est une terre baignée de soleil, où les eaux sont d'azur et où tu pourras vivre en paix, pour toujours. Plus de souffrances, plus de malheurs ... Prends cette main que je te tends, Geralt. Au nom de notre amitié, du rôle que tu as eu dans ma vie. Je t'en conjure."

Le Loup Blanc avait désormais le choix, et sa folle errance pouvait s'arrêter ici. Mais s'il venait à refuser l'offre de la consule, alors cette dernière se relevait lentement, le visage fermé.

Elle marcha jusqu'à l'unique fenêtre dont les carreaux épais donnaient sur le jardin, à l'extérieur.

- "Lucrétia von Schwitzerhaüm ... J'ai déjà entendu son nom, mais je ne l'ai jamais rencontrée en personne. Je ne sais rien d'elle, sinon que qu'elle fait partie de la noblesse talabeclander en qualité de baronne. Si mes souvenirs sont bons, son fief se situe à Bratian, une petite localité au bord du fleuve, à l'Est. Quant à Dokhara de Soya ..." Elle secoua la tête, bras croisés, regardant toujours par la fenêtre. "J'ai appris à connaître les membres du Parlement et du Grand Tribunal des Édits. J'y ai même quelques agents, désormais. Certains des patriciens de cette ville sont aujourd'hui mes débiteurs, pour des raisons dont je t'épargnerai les détails. Je peux tenter de me renseigner au sujet de tes ... cibles."

Elle se retourna soudainement vers le chasseur de monstre, les yeux brillants.

- "Cela pourra prendre plusieurs jours. Promets moi que, pendant ce temps, tu ne quitteras pas cette pièce. Je te ferai monter un lit et de quoi te restaurer. Même quelques livres, si tu veux, je dois probablement en avoir ici qui sont en reikspiel. Mais je ne peux prendre le risque que les autorités apprennent que je t'abrite ici. Mon statut, et la mission qui m'incombe, en dépendent. Promets le moi, Geralt."

L'elfe gracile se rapprocha de lui, l'incompréhension se lisant sur son visage.

- "Tu as besoin de repos, de soin, de paix ... Dis moi pourquoi tu t'obstines à courir derrière un mirage, Geralt. Tu te condamnes seul, toi à qui j'offre une vie paisible pour toujours. Pourquoi ?"

Message par **Geralt** » 19 juil. 2019, 16:03

L'évasion de la prison de l'inquisition avait été durant un temps, le sujet de conversation qui enflammait toutes les sphères sociales de la ville de Talabheim. Mais pour autant, en qualité de Asur, cherchant à ne pas interférer dans les affaires humaines, Mélianor avait semble il jugé bon de peu s'y intéresser, bien qu'elle sembla le regretter en voyant son ami devant lui, semblant remuer ciel et terre pour obtenir la moindre information.
De ces yeux de biche, elle se montra consciencieuse et attachante à la manière d'une mère contemplant la déchéance de son propre enfant... Mélianor tira alors un portrait peu flatteur mais cruel de vérité sur l'homme qu'elle voyait devant lui, et bien loin de celui qu'elle avait dû quitter au sein de L'abbaye de L'Ordre, peu de temps avant que sa condamnation soit prononcé et qu'il ne commence son exil dans les terres funestes et terrifiantes de la Sylvanie.
Il l’écouta énoncer les faits, tandis que le chasseur de monstre contempla quelques instants son propre reflet à travers l'une des fenêtres composant la salle... Cette mine épuisée... Cette fatigue psychologique... Ce corps recouvert de cicatrises et autres atroces et douloureuses brûlures... L'espace d'un instant, réalisant sa condition, il ne parvint plus à se reconnaître, homme malade dont le corps était en train de lentement dépérir et survivant seulement grâce au pollen de Sirène qu'il était obligé d'ingérer pour continuer à poursuivre son objectif...

Ni vivant, ni mort... Il était réellement devenu un fantôme, âme torturé n'ayant plus sa place dans le vieux monde mais refusant quand même de rejoindre le royaume de Morr.

Et puis, Mélianor chercha à le convaincre... D'oublier cette folle poursuite dans laquelle il s'était engagé dans le seul but de sauver une femme, ayant choisit de damné son âme et qui ne serait au final pour lui qu'une nouvelle source de déception... Qu'attendait Geralt au juste de tout ceci ? Était son cœur qui lui dictait de continuer ? A moins que son esprit malade ne cherche à le conduire à sa propre perte ? Plus le temps passait, plus il semblait oublier les raisons qui l'avait poussé à entamer ce périlleux voyage... La seule chose dont il était persuadé : C'était devoir retrouver Karla... Qu'importe si cela signifiait la fin de sa propre existence...
L'air mélancolique, aucun discours n'aurait sans doute pu faire comprendre les sentiments qui tiraillait le loup blanc à l'instant T, concernant cette femme à la chevelure de feu, qu'il avait connu une décennie en arrière et pourtant qu'il n'avait jamais pu s'ôter de l'esprit...

"Perdu... Je l'étais aussi Mélianor... Sans doute le suis je encore aujourd'hui ... Et pourtant, toi qui me voit là, simple ombre de l'homme que je fus jadis... As tu décidé de me laissé tomber une fois que je me suis présenté à ta porte ? As tu voulu me chasser ? Non...
Je ne peux donc pas renoncer... alors que par le passé, je l'ai déjà abandonné..."

Ne parvenant pas à saisir l'importance de ce fardeau que Geralt s'était lui même imposé, et malgré les nombreuses années qu'elle avait passé à vivre au sein des humains, le cas de Geralt sembla totalement échapper à l'elfe... Lui ancien héros de l'Empire, ancien homme d'honneur, devenu un parjure, un vil chasseur de monstre entouré de crapules et répondant à l'appel de l'argent ... Était prêt à tout dans le simple but de sauver une femme qui sans l'ombre d'un doute, lui planterai un couteau en plein cœur dès qu'elle en aurait l'occasion...
Le jugement du loup blanc était il totalement obscurci ? Ou bien le sablier du temps qu'on lui avait alloué et s'approchant inexorablement de son terme, lui faisait penser que si Karla devait être la cause de sa perte, alors soit... Il n'avait que depuis trop longtemps défié la mort.
La noble elfe, ne pouvant se résigner à abandonner cet homme qui lui était chère, lui fit une proposition : Une autre vie... Dans un pays lointain, sans ennemi, où il pourrait vivre et couler des jours heureux, loin de la souffrance et de la tristesse ayant transformé son cœur battant dans sa poitrine, en un morceau de glace... Par amitié, il pouvait accepter, Mélianor ferait tout pour lui offrir cette vie qu'elle pensait qu'il mérite...
Geralt plongea son regard dans le sien, et un sourire s'afficha sur ses lèvres, tant la compassion dont elle faisait preuve envers lui le toucha, elle qui était la seule personne proche qu'il lui restait dans l'Empire.
Mais alors qu'il voulu s'exprimer, une violente toux s'empara de lui, l'obligeant à s'agenouiller tout en maintenant le poids de son corps avec sa main forte pour ne pas céder à la douleur qui lui brulait la poitrine. Plongé dans l’incompréhension, l'elfe tenta de s'approcher de lui, pour s'enquérir du mal qui venait de le foudroyer, mais le loup blanc lui fit signe de ne pas s'approcher, plongeant alors sa main dans sa tunique pour en extraire la fiole de pollen de Sirène, avant d'ingérer une petite dose de poudre, seul produit en mesure de faire stopper sa crise.
Laissant le produit agir, il fut dans l'obligation de s'adosser contre l'un des mur de la pièce, sous le regard plein d'inquiétude et d'effroi de son amie Asur, semblant comprendre le niveau de déchéance dans lequel Geralt s'était plongé.

"Voici la..." Il avait du mal à parler. "Voici la triste vérité Mélianor. Je suis mourant vois tu, et ce corps est peu à peu en train de me lâcher... Je ne dois ma survie qu'à ce produit que je dois ingérer tous les jours... En plus d'être cher, il est extrêmement compliqué de s'en fournir. Quand la fiole sera vide, je..."

Il préféra ne rien rajouter, Mélianor pouvant comprendre seule où il voulait en venir... Les pupilles dilatées et son rythme cardiaque extrêmement élevé, il dû donner sa réponse à la proposition faîte par la consulte D'Ulthuan.

"Tu as toujours été une bonne personne... Sannri serait fière de la femme que tu es devenu... Ce vieux grincheux de nain !" Il rigola en repensant à ce vieil ami commun défunt, avant de se remettre à tousser un peu"Même dans mon état tu cherches encore à me sauver... Mais... Je suis déjà perdu Mélianor... Et cette chance que tu m'offres... Je ne l'a mérite pas... J'ai tué beaucoup de gens... De mauvaises personnes mais aussi bon nombres d'innocents... Tant de combats menés, tant d'amis sacrifiés... Mes propres fantômes n'attendent plus qu'une chose : Que je vienne les rejoindre pour répondre de mes crimes... Et même le loup blanc... Ne peut échapper à tel jugement. J'ai plongé bien trop profond au cœur des ténèbres... et nul retour n'est possible."

Voyant qu'elle ne pourrait lui faire changer d'avis, l'elfe se résigna alors à satisfaire les désirs de l'ancien chevalier corbeau, à savoir l'aider dans sa pêche aux informations. Malgré la colère et la tristesse qui marquait désormais son visage suite à son impuissance dans le destin du loup blanc, elle tenta de l'éclairer un peu sur ce qu'elle savait sur Lucrétia von Schwitzerhaüm...
Ne l'ayant jamais rencontré personnellement, elle était bel et bien membre de la noblesse local, portant le prestigieuse titre de Baronne dont le fief était situé à Bratian... non loin du fleuve à l'est... Si visiter cette endroit aurait pu être une potentiel source d'information, Geralt préféra se raviser, pensant que le domaine dont la vampire avait eut la charge avait dû être détruit ou redonné à un autre seigneur locale, suite au jugement de l'inquisition après sa participation dans l'évasion de la chaotique De Soya...
Mélianor ferait tout pour jouer de ces relations au sein de la noblesse et de la politique pour tenter d'en apprendre plus sur les deux femmes que traquait désormais le chasseur de monstre, en échange d'un tel service, elle ne lui demandait qu'une chose : Rester cacher ici, pendant qu'elle chercherai des réponses, cela pouvant lui prendre plusieurs jours. Au sein de l'ambassade elfique, Geralt aurait le loisir de pouvoir dormir en paix, et de recevoir les soins dont il semblait avoir cruellement besoin...
C'est alors qu'elle lui posa cette ultime et dernière question : Pourquoi se condamner de sa propre initiative dans le seul but de poursuivre un mirage...

Observant le plafond de la pièce, semblant rêvasser quelques secondes il dit tout simplement :

"Parce que pour une fois... Rien qu'une fois... Je voudrai tenir une des promesse que j'ai pu faire... Mon histoire... Ma légende... Le Loup blanc... Tout a commencé avec Dokhara de Soya... Et tout se terminera avec elle..."

Cruel prémonition que semblait alors envisager l'ancien membre de l'Ordre des chevaliers Corbeaux...

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Message par **[MJ] Le Grand Duc** » 23 juil. 2019, 22:29

Les jours suivant parurent interminables pour le Loup Blanc. Enfermé dans cette chambre avec l'interdiction d'en sortir, il marchait de long en large comme un fauve en cage. Lorsqu'il devait prendre sa dose de pollen de sirène et qu'il reniflait la poudre après en avoir posé un trait sur le dos de sa main, les murs de la pièce lui donnaient l'impression de se rapprocher, comme s'ils allaient se refermer sur lui et l'engloutir. Ces crises de claustrophobie le poussèrent presque à sortir pour prendre une bouffée d'air, mais il parvint à se retenir à chaque fois.

Les volets de la fenêtre étaient fermés, et l'antichambre était seulement éclairée par des bougies et des cierges changés quotidiennement. Un matelas confortable fut installé avec des draps propres et une couverture épaisse. Des repas lui étaient servis régulièrement par les valets elfes, qui s'occupaient aussi de vider son pot de chambre. Mélianor lui fit parvenir de la lecture, principalement de vieux recueils de contes traditionnels qu'elle avait trouvé dans la bibliothèque de son père. La consule lui dénicha même un traité intitulé "Le Bestiaire de Maître Laurent", un grimoire usé qui répertoriait les créatures vivant dans la Grande Forêt de l'Empire.

Cette longue période sans jours ni nuits n'était rythmée que par les visites de la maîtresse des lieux qui venait l'informer de son avancée dans la collecte des renseignements qu'il lui avait demandé. Se faisant, elle en profitait également pour s'enquérir de l'état de Geralt et s'assurer qu'il prenne du repos.

- "L'un de mes informateurs a pu consulter les registres de la capitainerie du Talagaad. Voici la copie qu'il en a faite." dit-elle en tendant un pli.

Le jour qui suivait l'évasion de Dokhara de Soya et la disparition de Lucrétia von Schwitzerhaüm, cinq navires avaient quitté le port. Tous étaient des bâtiments de commerce, et trois d'entre eux s'étaient rendus à Altdorf tandis que les deux autres avaient remonté le Talabec jusqu'à Bechafen et l'Ostermark. Le pli contenait les détails relevés par l'administration, à savoir les noms des propriétaires des navires, des capitaines et des passagers, le nombre de membre d'équipages et la quantité de marchandises transportées. Nulle mention des deux femmes n'y était indiquée.

Mélianor livra ensuite au Loup Blanc les renseignements qu'elle avait pu collecter dans les hautes sphères de la ville au sujet de Lucrétia von Schwitzerhaüm. C'était une baronne bien établie au sein de la cour comtale pour quelques obscures raisons. La Comtesse Elise lui avait octroyé le fief de Bratian qu'elle avait du tenir contre les Feuerbach, la famille de l'ancien comte du Talabecland disparu pendant la Tempête du Chaos. Elle avait ensuite été appelée au sein de la Taladélégation, une mission diplomatique dont l'objectif était de voyager jusqu'en Ostermark afin de contracter des alliances profitables et de faire du commerce. La baronne de Bratian, quant à elle, avait reçu comme directive de séduire le vieux margrave Richard Dornier, un seigneur transfrontalier, pour qu'il offre de l'épouser et cède ainsi des terres au Talabecland. Après la Taladélégation, la piste de Lucrétia von Schwitzerhaüm devenait plus obscure. Il était à supposer qu'elle était retournée sur ses terres de Bratian jusqu'à sa rencontre -fortuite ou non- avec Dokhara de Soya. Quant à la nature de la baronne ... le secret était mal gardé. Nombreux étaient ceux qui, à la cour, savaient ou se doutaient que Lucrétia était en réalité un vampire. La comtesse Elise elle-même avait, semble-t-il, connaissance de cette information. Pour autant, la baronne de Bratian n'avait jamais fait l'objet d'une quelconque enquête de la part du clergé morrien, sigmarite ou taalite. Ses accointances avec le pouvoir en place devaient par conséquent être étroites.

Enfin, la consule d'Ulthuan révéla à Geralt ce qu'elle savait sur l'évasion de Dokhara de Soya. Un groupuscule inconnu avait été repéré en train de s'activer autour d'une bouche d'aération dans une ruelle adjacente aux Caves. La garde avait été alertée mais était intervenue trop tard. Les individus avaient réussi à extirper Dokhara à travers la grille et s'étaient enfuis avec elle. Néanmoins, deux des malandrins avaient été abattus par le guet. Leurs possessions et leurs dépouilles avaient été examinée par un légiste assermenté du Grand tribunal, et Mélianor avait réussi à se procurer le rapport rédigé à cette occasion. Les deux hommes étaient à priori inconnus des registres mais leur équipement était de qualité, digne de professionnels. Le rapport s’épanchait pendant plusieurs pages sur les pièces d'armure, les dimensions des armes ou le contenu de leurs poches ... après tout, les talabeclanders étaient connus pour être extrêmement procéduriers. Mais la suite du document s'avérait bien plus intéressante. Si le premier cadavre était visiblement anodin à l'exception des blessures reçues cette même nuit et un certain nombre de tatouages ésotériques, le second présentait ce qui était qualifié dans le rapport d'"affections lésionnelles." Ces éléments étaient décrits en termes médicaux-légaux mais correspondaient à une série de veines violettes au niveau de la gorge, à une rangée d'écailles brillantes qui perçaient la peau au niveau de la cuisse droite et à ... une mamelle gauche ? Ces appendices avaient été retirés pour être examinés par un prêtre dont les conclusions étaient jointes au rapport : c'était là la marque de la corruption, et les corps avaient été brûlés.

- "Je sais ce qui est écrit ici." dit gravement Mélianor lorsque le Loup Blanc eut terminé sa lecture. "Cela ne peut signifier qu'une chose ... celle que tu cherches a été secourue par des sectateurs, des serviteurs du Chaos. Asuryan seul sait où ils sont allés mais sache bien que s'ils l'ont aidée à s'échapper des Caves, ce n'est que pour accomplir quelques sombres desseins ... Geralt, je t'en conjure une dernière fois : abandonne cette folie."

Message par **Geralt** » 24 juil. 2019, 19:02

Obligé de tenir la promesse qu'il avait faîtes à la noble elfe, Geralt resta caché durant des jours entiers dans une pièce qui lui fut dédié dans le consulat d'Ulthuan. Ses occupations furent diverses et variées, allant à faire les cent pas à la manière d'un animal en cage, ou se laisser porter par le plaisir de la lecture et la soif d'apprentissage à travers quelques ouvrages qu'il était capable de lire et comprendre, où encore se plonger dans de longues heures de méditation, bien trop souvent perturbé par de sombres visions lui traversant l'esprit, mélangeant la peur, le sang et la mort…
Plus le temps passait, et plus il avait la sensation de devenir fou en restant enfermé ici tandis qu'il voyait sa consommation de pollen de Sirène diminuer de jour en jour, sans compter que tandis qu'il restait inactif, l'Ordre de la couvée du corbeau se rapprochait chaque jour un peu plus, tandis que Karla elle… s'éloignait sans cesse…
Pendant de longues heures il rumina dans son coin, se laissant envahir par les remords et les regrets : De ne pas avoir tenter de retrouver la trace de Karla bien plus tôt, d'être aussi impuissant dans sa traque où, bloqué dans cette ville, il avait l'horrible impression de ne pas parvenir à obtenir les éléments susceptibles de lui permettre de reprendre sa route… Sa patience fut mise à rude épreuve, mais au retour du compte rendu de Mélianor après cinq jours d'attente, elle fut récompensée.

Tout d'abord, on lui fit parvenir les registres de capitainerie du Talagaad, la nuit de l'évasion : Cinq navires avaient semble il quitté le port ce soir là, trois prirent la direction de Altdorf, tandis que les deux autres firent route vers Bechafen, dans l'Ostermark… Les deux derniers auraient pu être l'un des navires emprunté par les deux femmes, hélas malgré un rapport détaillé sur le nombre de membres composant l'équipage où les marchandises transportées, rien ne fit référence aux deux femmes recherchées… Chose anormal ? Du tout, en particulier quand on était en fuite, on évitait de laisser la moindre trace derrière soit.
Que faire de tout ceci ? Retourner au vieux port, et tenter d'interroger de force les potentiels capitaines de navire pour obtenir des aveux ? La solution semblait bien trop bancale, rien ne disait que Lucretia et Karla n'avaient pas grimpé dans une embarcation clandestine n'apparaissant dans aucun registre, et dans le cas où, par chance, l'un des deux navires mentionné était le bon… Jusqu’où le chasseur de monstre serait il en mesure de retracer leur parcours ? Au vue des évènements qui avaient eut lieu dans Talabheim, il était certain que les deux fugitifs avaient dû dès lors éviter de croiser toute nouvelle ville impérial dans leur cavale… Une fois dans les terres sauvages, où le loup blanc devrait il chercher ? Peu à peu il avait l'horrible sensation que chaque nouvelle information récoltée, le plongeait encore un peu plus dans le flou le plus total…

Le reste des documents et témoignages obtenu par l'elfe furent bien plus instructifs… Relatant les faits sur l'évasion de Karla, le rapport parlait d'un groupe d'individu ayant été aperçu non loin d'une bouche d'aération semblant donner sur les niveaux inférieurs des caves… Deux individus avaient été neutralisés par l'inquisition ce soir là, l'un ne présentant rien de particulier tandis que l'autopsie du second… Amena à cette conclusion : la corruption chaotique avait consumé l'un des libérateurs de Karla au travers de nombreuses mutations abjectes, ce qui conduisait Geralt à penser que le chaos n'avait pas abandonné les sombres projets qu'il semblait avoir destiné à Karla ... Mais alors… Pourquoi la laisser repartir avec Lucretia ? Une représentante de la non vie ? Quelque chose échappait encore au loup blanc, et si il avait été inquiet d'apprendre que l'Ordre de la couvée du corbeau était sur les traces de son ancienne protégée… Il semblait qu'une menace bien plus sombre et bien plus puissante pesait sur elle désormais…
Dans tous les cas, les chaotiques en question étaient sans aucun doute les plus à même de guider le chasseur de monstre auprès de la descendante des De Soya… Mais encore aujourd'hui, rien n'indiquait comment et où il pourrait les retrouver…

Enfin, le dernier rapport parla de la baronne Lucrétia… Ayant demandé à Mélianor d'obtenir le plus d'information à son sujet, l'ancien chevalier corbeau put apprendre qu'elle avait eut pour mission dans un premier temps et sous le mandat directe de la comtesse Elise, d'obtenir les faveurs d'un dénommé Richard Dornier pour qu'il cède ces terres au Talabecland...Richard Dornier… Ce nom ne dit absolument rien au loup blanc, mais la région de l'Ostermark fut à nouveau énoncé… Coïncidence ? Il ne savait quoi en penser…
Quoiqu'il en soit, il semblait que la représentante des Lahmiane avait un parcours des plus fulgurant mais aussi des plus sombre… Apparaissant de temps à autre à la lumière pour exercer ces fonctions de baronne, pour ensuite disparaître à nouveau dans l'ombre sans doute pour gérer des affaires propres à sa condition d'immortel de la nuit.
Hélas si les pages qu'il dévorait permettait dans apprendre toujours un peu plus sur cette femme et son caractère, elle n'apporta rien au loup blanc concernant cette fameuse question : Dans quels circonstances avait elle rencontré Karla ?
Mais si les affaires de la baronne étaient en partie entourées de flou, une chose semblait être connu de bien des membres de la cours de Talabheim : A savoir la condition vampirique de la jeune femme…

Traitres… Pourritures… Des vendus…

De la comtesse Elise elle même, à ces crétins de nobles n'ayant pas hésité à ployer le genou devant une abomination de la nuit dans le simple espoir de pouvoir un jour passer une nuit en sa compagnie ou acquérir toujours plus de pouvoir… Voila à quoi en était réduit ceux qui dirigeaient ces contrées...
Geralt jeta alors par terre les documents que Mélianor lui avait confié, avant de se diriger vers un miroir et d'observer son reflet dans une longue et instance réflexion, il entendit son amie prendre la parole, et donner son avis sur ce qu'elle avait pu découvrir : Une vampire… Une secte du chaos… Quelques sombres desseins étaient à l'œuvre dans cette histoire, et tout ceci semblait dépasser Geralt de loin… Elle le supplia alors à nouveau de tout laisser tomber… D'abandonner cette idée qui lui rongeait l'esprit : Sauver Karla…

Laissant alors la colère l'envahir, le loup blanc explosa de rage, frappant le miroir devant lui de son poing, le verre perforant sa peau tandis que le bruit provoqué par le choc fit sursauter Mélianor, amenant l'un des valets au service de la noble Asur, à entrer dans la pièce pour s’enquérir de la situation, il fut rapidement congédié par sa maîtresse avant que Geralt ne commence à hurler à l'encontre de la noble :

"Abandonner ?! Abandonner ?! Tenter de sauver une femme qui a été mon amie, que j'ai aimé… Est ce plus fou que ce que je viens de lire ? Tu as lu ce rapport Mélianor ?! Ils savaient ! Ils savaient tous ! J'ai donné ma vie pour donner à l'humanité la chance de pouvoir continuer à vivre en paix, loin des horreurs de la Sylvanie ! Mes frères et mes sœurs d'armes… Combien en ai je perdu ?! Combien l'Ordre en a perdu ?! Une lutte éternel où nous sacrifions tout !

Et au final pourquoi ?!

Pour qu'une vampire, vive dans l'opulence, au milieu des sphères du pouvoir, s'amusant à recevoir cadeaux et autres faveurs de nobles espérant un jour la voir écarter les cuisses pour satisfaire leur désir lubrique ? Voici la réalité de ce monde ! Voici la réalité de ce combat que j'ai toujours mené ! Les crimes dont on m'accuse… Ils sont tous aussi coupables que moi Mélianor ! La comtesse Elise elle même, à couvert cette garce simplement pour se dire qu'elle saurait lui être utile pour conserver le pouvoir en ville !

Je… Ils savaient tous… tous…"

Au fur et à mesure qu'il avait craché sa rage, il s'était approché de Mélianor pour au final se tenir maintenant face à elle, se calmant peu à peu en réalisant que la femme sur qui il était en train d’hurler, n'était nullement responsable de la situation présente… Épuisé comme semblant avoir perdu soudainement tout espoir, il dit :

"Et voila désormais où j'en suis… Un mourant contre le monde… Il y a longtemps, je t'ai dis que ta position et tes actions sauraient être déterminant dans la tempête à venir… J'avais tort… Retourne chez toi Mélianor, quitte ce continent, abandonne les humains, il ne mérite aucun pitié… Prêt à pactiser avec le diable lui même en prétendant lui faire la guerre dans le seul but d'obtenir toujours plus de privilèges… C'est la réalité, la guerre que j'ai toujours pensé mener, nous l'avons perdu il y a longtemps déjà… Idiot que j'étais..."

C'est alors qu'il recula, retournant prêt de son lit où était posé ses affaires et équipements. Sous les yeux plein d’incompréhension de l'elfe...

"Je t'ai mis assez en danger comme cela... L'heure est venue pour moi de partir. Accorde moi une dernière faveur : Tente de trouver et de localiser les chaotiques qui on put participer à l'évasion de Dokhara. Au vue de son passif et de ce qu'un prêtre de Morr l'ayant connu à pu me raconter... Sans aucun doute avait elle des liens avec le Dieu sombre Slaanesh...Je ne peux te fournir que peu de chose mais... Ces cultistes sont bien organisés en plus d'être sacrément bien équipés... Eux sauront me dire de gré ou de force où trouver Karla.
Dans trois jours si tu ne trouve rien, arrête toutes tes recherches, sinon... Envoi une personne de confiance à la tombée de la nuit du troisième jour à l'auberge des Trois Pommes dans le quartier marchand... Dit lui de s'asseoir au niveau de la table la plus proche de l'angle gauche de la salle principal. Il devra commander une bière et la tenir de la main droite, tandis que dans l'autre main..."Il ôta le pendentif des chevaliers de L'Ordre qu'il avait autour du cou "Il tiendra ceci... Je saurais d'office le reconnaître et je viendrai à lui... Si au bout d'une heure d'attente il ne me voit pas arriver... Cela voudra sûrement dire ..."Il ne continua pas sa phrase, Mélianor cherchant à envisager quel nouvelle folie le loup blanc voulait commettre à présent.

"Je vais attendre l'arrivée de l'Ordre de la couvée du corbeau, ils iront sans l'ombre d'un doute au temple de Sigmar, pour consulter le registre répertoriant les faits consignés sur l'évasion des caves. L'heure est venu de voir qui va être sur mes traces... De plus... Je ne doute pas que l'Ordre saura où chercher ensuite, si c'est le cas... Je n'aurais cas suivre la piste qu'ils traceront pour moi."

Il s'approcha alors de Mélianor avant de l'embrasser tendrement sur le front, celle ci plongeant son regard dans le sien et semblant y déceler quelque chose qu'elle n'avait encore jamais vu en lui : Une noirceur et une haine sans limite.

"Adieu... et merci Mélianor... Pour tout... Souviens toi de l'homme que j'étais et non pas de celui qui est devant toi... Pour les prochains jours, reste à l'abri de cette demeure... Cette ville... si je dois l'enflammer pour obtenir ce que je veux, alors je le ferai... Si je ne parviens pas à retrouver la trace de Dokhara de Soya... Alors... Tous ceux qui ont pu être lié à Lucrétia von Schwitzerhaüm de prêt où de loin... Les chaotiques... Ici ou à Bratian... Je tuerai tout le monde...

J'ai mené tout ma vie la guerre des chevaliers corbeaux... Aujourd'hui, je compte bien mener ma propre guerre !"

La lueur qui brillait désormais dans ses yeux ne trompait pas, il était vraiment prêt à mettre la ville entière à feu et à sang pour réussir à obtenir satisfaction... Était ce la colère qui le faisait réagir ainsi ? Sans l'ombre d'un doute, les révélations de Mélianor venaient de lui démontrer que l'Empire lui même était contrôlé en partie par des élitistes lié de prêt ou de loin à la non vie.
Condamné et traqué par ses frères d'armes... Aveuglé par la doctrine qu'on leur avait depuis toujours enseigné sans imaginer que depuis tout ce temps... L'humanité qu'ils avaient juré de défendre collaborait déjà avec l'ennemi dans ces plus haute sphère... Talabheim était il un élément isolé ? Pouvait on imaginer que la non vie était peut être déjà aux cotés de l'Empereur lui même ? Tout était possible...

Plus d'ombre, plus de fantôme... Dans deux jours l'Ordre découvrirai qu'il était potentiellement en vie, dans trois jours... Il espérait pouvoir remonter la trace de la cellule chaotique... Mais, quoiqu'il arrive... Quiconque oserai se dresser contre lui : Finirai par mourir...

Une guerre de l'ombre allait être déclencher au sein même de Talabheim.

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Message par **[MJ] Le Grand Duc** » 25 juil. 2019, 14:52

Les vigiles postés devant la porte cochère étaient vêtus de manière tout aussi extravagante que les convives qui affluaient depuis la rue étroite où les fiacres les déposaient les uns après les autres.

Sis au milieu du Geltwold -le cœur financier de Talabheim- le Manoir des Rosiers était un somptueux hôtel particulier serré dans l'enchevêtrement des caisses de crédit, bureaux de change, mont-de-piété et des maisons bourgeoises du quartier. Ce soir s'y déroulait une grande réception pour célébrer l'anniversaire de Bernt Notke, propriétaire de la banque Notke&Fils, président de la Bourse du Talabecland, intime de la Guilde des Marchands et probablement plus grosse fortune de la province. La quasi-totalité du gratin commerçant de la ville était convié, ainsi que plusieurs nobles, juges et pontes influents du clergé local. Le thème de la soirée était sobrement intitulé "Bal masqué", ce qui était très largement interprété par les invités et donnait lieu à un festival de couleurs criardes, de nœuds énormes et de rubans, de plumes et d'accessoires voyants, et bien entendu de masques plus fantasques les uns que les autres. C'était encore l'une de ces fêtes huppées et mondaines que les riches de ce monde appréciaient tant, où l'on faisait étalage de sa richesse loin de la misère ambiante, où les alliances secrètes se nouaient et où tout semblait permis.

Aussi navrant soit ce constat, la vérité était plus sombre encore. Les renseignements que Mélianor avait difficilement collectés indiquaient que plusieurs individus suspectés d'êtres les membres d'un culte illégal allaient être présentes à cette soirée, notamment Adolf Ziegler, le maître de la Guilde des Tailleurs et Couturiers, et Rebecca von Menzel, la fille de l'un des proches conseillers de la comtesse Elise. Ces personnes, de part leurs relations, leur fortune et leur position sociale, étaient généralement inatteignables pour les instances chargées de lutter contre la corruption. Ziegler lui-même avait fait condamner un répurgateur au bûcher après avoir falsifié des preuves et fomenté au procès truqué en sa faveur, alors même que ses déviances étaient connues par beaucoup au sein de la haute-société talabeclander. Les rumeurs qui courraient sur Ziegler, la fille Von Menzel et leurs fréquentations parlaient de réunions secrètes et orgiaques, de messes débridées dans les tréfonds de la Souricière, et même de rituels abjects. Si ces personnes avaient effectivement un lien avec le Corrupteur, elles devaient certainement en avoir avec les hommes qui étaient morts en permettant l'évasion de Dokhara de Soya. Geralt devait en avoir le coeur net.

En guise de cadeau d'adieu, la consule d'Ulthuan avait réussi à obtenir une invitation pour le Loup Blanc, sous le nom de Marcus Kirk, prêteur du gage stirlander récemment arrivé dans l'Oeil de la Forêt pour faire de la prospection commerciale. Elle lui avait également donné une bourse bien remplie, afin de s'acheter une tenue adéquate et un masque pour se rendre à la soirée privée. C'est ainsi que le chevalier déchu s'était rendu au Manoir des Roses, et que les gardes l'avaient laissé entrer sur présentation de son invitation.

Le passage de la porte cochère était décoré de lampions colorés sous lesquels se pressaient les convives excités, jusqu'à la cour intérieure du bâtiment qui s'élevait sur plusieurs étages de chaque côté. La fête battait déjà son plein lorsque Geralt arriva sur place, et des musiciens vêtus de manière tout à fait loufoque jouaient sur une estrade tandis que les invités dansaient, discutaient ou se pressaient auprès des tables longues tables chargées de mets raffinés et de liqueurs importées. Il y avait des dizaines de personnes, presque toutes masquées, qui se mélangeaient s'amalgamaient dans l'odeur capiteuse des parfums de luxe. Mais derrière les rires cristallins et les courbettes, le jeu était beaucoup plus tranchant : les regards derrière les masques étaient à l’affût et les oreilles traînaient. Le bas-peuple avait parfois tord d'envier l'opulence des puissants, car le monde dans lequel ces derniers vivaient n'était pas moins impitoyable que le leur.

Geralt était là, au milieu de cette foule bourgeoise, dans la cour. A tous les étages du vaste hôtel, les verrières étaient allumées, indiquant que la fête se poursuivait dans les salles de réception et les antichambres du manoir. Il revenait maintenant au Loup Blanc de trouver ses cibles dans ce capharnaüm bruyant, tout en prenant soin de ne pas attirer l'attention sur lui.

Message par **Geralt** » 27 juil. 2019, 17:51

Deux jours s'écoulèrent au sein de la ville de Talabheim durant lesquels le loup blanc fut à l'affut, rodant dans le quartier de la promenade des Dieux, voyageant à travers les différentes allées reliant les nombreux temples dédiés aux Dieux du vieux monde. A la manière d'un vagabond, le chasseur de monstre se mouvait à la manière d'une ombre, silencieuse et indétectable, attendant son heure : Voir arriver la troupe de l'Ordre de la couvée du corbeau dont la tâche serait de traquer et d'éliminer Lucrétia et Karla...
Pourtant, malgré les infos qu'il avait pu obtenir en ayant accès aux registres du temple de Morr, et qui indiquait que le groupuscule de chasseur de vampire devait arriver d'ici peu, personne ne vint jamais à la grande surprise de Geralt... Que cela pouvait il bien signifier ? Un contretemps en cours de route ayant retardé leur arrivée ? Ou bien, quelques informations en provenance du saint siège, leur avait fait changer d'itinéraire, les informations liées à l'évasion des caves leur étant déjà devenu obsolètes ? Au grand désarroi de Geralt, il ne pouvait confirmer aucune de ses suppositions, une nouvelle fois confronté à l'échec de sa stratégie qui aurait consisté à découvrir contre qui il risquait de se battre et surtout quels pistes comptait suivre l'Ordre pour tenter de retrouver la Lahmiane Lucrétia...

Le temps qu'il restait au loup blanc continuait à s'écouler fatalement, alors qu'il ne parvenait toujours pas à obtenir le moindre indice pouvant lui offrir une nouvelle direction pour la suite de son voyage. Était ce là la punition que les Dieux voulaient lui infliger ? Lui laissant garder l'espoir de pouvoir atteindre son but sans pour autant lui permettre d'obtenir les moyens pour y parvenir...
Heureusement, la chance pourrait enfin lui sourire, car la nuit du troisième jour arriva, et le loup blanc du donc se diriger vers la taverne des trois pommes, espérant ainsi y croiser l'un des hommes de main de Mélianor, susceptible de lui apporter des informations sur le groupuscule de chaotique ayant aidé à la libération de l'héritière des De Soya.
Lorsqu'il pénétra dans l'édifice, l'ambiance battait son plein en cette heure peu tardive , où braves gens et commerçants venaient se désaltérer après une dure journée de labeur. Tandis qu'on fit que peu d'attention à son arrivée, il se faufila à travers la foule et les nuages de fumée du tabac consommé pour se diriger dans le fond de la salle principal où dans l'angle le plus à gauche par rapport à la porte d'entrée, il vit un homme encapuchonné seul avec un verre dans la main droite, et un pendentif dans la gauche représentant une tête de corbeau... Le symbole des membres des chevaliers corbeaux... Sur le moment, le loup blanc fut soulagé de voir que quelqu'un l'attendait, signe que Mélianor avait dû trouver quelque chose pouvant potentiellement lancer le loup blanc sur la piste des chaotiques.
Lorsqu'il prit place à la table, son mystérieux interlocuteur leva ces yeux azurs vers lui, avant de sortir un papier ainsi qu'une enveloppe de sa veste et de les poser sur la table avec le pendentif du chasseur de vampire qu'il avait confié à Mélianor quelques jours auparavant. Sans un mot, l'homme travaillant pour la noble elfe se leva et quitta la salle, sous le regard sombre et froid de l'homme aux cheveux blanc.
Le rapport donnait les informations suivantes : Mélianor avait su localiser deux membres importants d'un puissant culte chaotique agissant dans l'ombre de la cité impérial... Plus tard dans la nuit, une grande réception serait organisée dans un lieu nommé le manoir des Rosiers, un somptueux hôtel particulier, spécialement réservé pour célébrer l'anniversaire d'un riche dignitaire de la ville : Bernt Notke, propriétaire de la banque Notke&Fils, président de la Bourse du Talabecland et l'une des plus grosse fortune local... Ainsi qu'un grand amateur d'eaux-de-vies bretonniennes... En plus des bourgeois, des politiciens et du reste du gratins de Talabheim, les deux personnalités pouvant renseigner Geralt avaient également été convié : Adolf Ziegler, le maître de la Guilde des Tailleurs et Couturiers ainsi que Rebecca von Menzel, la fille de l'un des proches conseillers de la comtesse Elise... Personnalités influentes de jour, les rumeurs disaient d'eux qu'ils se livraient à d'étranges soirées débridées et autres rituels étranges une fois la nuit tombée, bien souvent en lien avec les Dieux sombres... Malgré les suspicions des autorités locales, on disait ces deux personnes presque intouchables, ayant des relations hauts placés, leur donnant bon nombre de privilèges les rendant impossible à traduire devant la justice impériale...

Une fois les éléments récoltés par la Asur complétement lu par le loup blanc, celui ci ne put s'empêcher d'afficher un regard et un sourire mauvais... En effet, dans l'enveloppe qu'on lui avait fait parvenir, une invitation pour la soirée citée ci dessus lui fut confié, l'espace d'une soirée, il serait Marcus Kirk, prêteur du gage stirlander récemment arrivé dans l'Oeil de la Forêt pour faire de la prospection commerciale... Ainsi l'heure était venu de se jeter dans la gueule du loup et de se confronter aux mystérieux ennemis du chaos que Karla avait su se faire durant sa vie de noble impérial.
En plus de tout ceci, le chasseur de monstre reçu une sommes d'argent pouvant lui permettre de s'acheter un costume en lien avec le thème de la fête de ce soir : un bal costumé... Le loup blanc qui avait depuis toujours vécu bien loin de la lumière et des paillettes des riches gens, allait devoir ici se plier aux codes et autres costumes de ce monde de la nuit qu'il redoutait et haïssait tant...
Dans les quartiers riches de la ville, il parvint tant bien que mal à se procurer une tenue qui lui sembla adéquate : Il prit un vêtement composé d'un tissu noble et de couleur rouge carmin lui recouvrant entièrement le corps, tandis que celui ci était composé de différents motifs extravagants brodés dans l'argent. Par dessus il se recouvra d'une longue cape noir montant jusqu'au cou avec au centre un petit diadème rouge, preuve de la richesse du personnage qu'il devait se créer. Pour compléter le tout, il arbora un chapeau assez large, composé de belles plumes rougeâtres, qui s'y il était un élément essentiel composant l'ensemble de sa tenue, lui donna pour sa part, un air totalement ridicule... Voila donc le style d'atout que bourgeois et nobles aimaient se procurer contre des sommes extravagantes... Cela dégouta le chasseur de vampire.
Pour chaussure, il dû quitter ses bottes usées et sales pour des chaussures de ville plus classe mais dont la composition : le cuir, lui lacéra les chairs dès qu'il les enfila, tant la chaussure était neuve et ne s'était pas encore adaptée à son nouveau propriétaire. A chaque pas, il avait l'horrible impression qu'on lui plantait un couteau sur le haut du pied... Ne disait on pas qu'il fallait souffrir pour être beau ?
Après un rasage de près, et quelques essais de coiffure pour le faire passer au mieux pour un homme de la haute société, il dû finaliser ses emplettes par un élément capital : le masque ...
Il en trouva de toutes les couleurs, de toutes les formes, certains extravagants, d'autres terrifiants, et après de nombreux essais et après avoir contemplé une dernière fois sa tenue composée en majeur partie de couleur sombre et peu agressive, il se décida à rester le plus classique possible, achetant un masque blanc recouvrant la moitié supérieur de son visage et ne laissant à découvert que sa bouche...
Enfin, en temps qu'homme du monde, invité à une prestigieuse soirée, il s’enquerra d'un présent destiné à l'organisateur de l'évènement : Une bonne eau-de-vie de poire de Parravon pour le coût de quatre mark d'or... Une véritable fortune pour ce présent dont Geralt comptait user au bon moment pour s'introniser auprès des grands de cette ville.

Dès lors... Il était prêt...

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Obligé de laisser son armure et ses équipements dans la chambre privé qu'il avait réservé dans la taverne aux trois pommes, il ne put emmener avec lui que quelques atouts à utiliser en cas de force majeur, en effet à l'intérieur de sa veste, se trouvait deux petites poches sans aucun doute destinée à emmener quelques élément essentiels à toute soirée comme une montre ou un mouchoir de soie, Geralt lui préféra prendre les deux couteaux de lancée qu'il lui restait ainsi que la fiole aveuglante qu'il avait su obtenir à Altdorf. Enfin autour de son cou, à l'abri des regards, la fiole de pollen de sirène resta également avec lui...

Parcourant les rues sombres et boueuses de la ville, chacun de ses pas l'éloigna toujours un peu plus des quartiers pauvres et tristes de la cité pour rapidement le mener vers des rues plus larges et éclairer de dizaines de lumières, décorées de fleurs et où siégeait fièrement de nombreuses propriétés toutes plus grandes et raffinées les unes que les autres... Et puis, il l'aperçu enfin : Le manoir des Rosiers... Immense édifice dominant tous les bâtiments des alentours, où se pressait déjà des centaines de personnes dans un chahut pourtant coordonnée et où se mélangeait rires et cris d'allégresses.
Si l'entrée principal fut gardée par quelques gardes masqués, on ne chercha nullement à le fouiller, le simple fait de montrer son invitation suffisant à montrer patte blanche chose qui arrangea clairement le loup blanc. Se faufilant à travers les nombreuses personnes masqués ayant envahi la cours intérieur... Geralt resta médusé face aux milles décorations et autres artifices décorant les lieux, la fête battant son plein sur plusieurs étages, l'alcool et la nourriture coulant à flot, dans un déluge interminable de serviteur dont la tâche était de répondre aux moindres désirs des invités de la soirée.
Pour autant... L'instinct de Geralt restait sur le qui vive, ressentant cette dose d’adrénaline qui envahissait son corps à l'aube d'une bataille : de sombres menaces étaient à l’œuvre ici... et derrière les masques et les dorures... Les yeux de tous scrutaient le moindre mouvement suspect, tendaient l'oreille pour attraper la moindre informations intéressantes... Car oui, ici dans ce lieu de débauche, ce genre de soirée était aussi l'occasion de faire de nouvelles rencontres mais aussi de nouvelles affaires et même de fomenter bon nombre de complot... Geralt se devait donc d'être méfiant, surtout en sachant que tout autour de lui, les adeptes du Dieu du plaisir étaient omniprésent... Et à la moindre inattention, il pourrait être happé par les plus viles machinations du Dieu sombre...

Désormais il fallait au chasseur de vampire retrouver ses deux cibles, et c'était la dénommé Rebecca qu'il désirait trouver en premier, sa situation et la position de son père pouvant lui apporter des informations sur Karla certes mais aussi sur Lucrétia... Il commença donc à s'enfoncer dans la cours intérieur du manoir, scrutant les moindres faits et gestes des différents convives, jusqu'au moment où il fut percuté par une femme s'étant laissé bercer par la musique ambiante... Si celle ci se tourna vers lui, arborant un masque dorée et une robe des plus magnifique, aux yeux de Geralt, elle lui apparu face découvert : Une chevelure rouge descendant le long de sa taille, l'observant avec un regard de biche et un rouge à lèvre ressortant parfaitement avec le teint pâle de sa peau, les traits de son visage étant fin et parfait, elle était d'une beauté envoutante... L'image même que Geralt se faisait de Karla désormais...

***M'inviterai tu à danser loup blanc ?***

Geralt plongea son regard dans le sien, tout en restant silencieux, malgré l'illusion presque parfaite qui se jouait devant lui, le loup blanc savait que la femme qui était devant ses yeux n'était que le reflet d'un des délire de son esprit... L'aurait il invité à danser si elle avait été réellement présente ? Peut être bien... Il l'imagina dans une autre vie à ses cotés, elle devenu chevalier corbeau, et travaillant désormais avec lui, devenu son égal après des années passées sur les routes de l'Empire comme étant sa protégé... Bien plus âgé que lors de leur première rencontre, Karla aurait été ici une femme d'exception, dont les capacités martiales auraient été supérieurs à celle du loup blanc lui même... Infiltré dans cette soirée à la recherche de quelques cultistes représentant une menace pour l'Empire... Qu'aurait été leur relation dans ce scénario lui semblant presque idéale et qu'il avait rejeté après l'avoir abandonné dans les ruelles de Altdorf ? Maître-disciple ? Frère-soeur ? Des amants ? Tout aurait pu être possible... Mais Geralt... Avait tout détruit... comme toujours...

***Oui... Je t'aurais sûrement invité... Simplement pour voir à nouveau le radieux sourire que tu étais capable d'afficher même dans les moments les plus affreux... Karla ... je... J’ignore si je parviendrai à te rejoindre avant de... Peut importe que tu me rejettes, que tu me haïsse où même que tu me ris au visage... Ce que tu es devenu, ce que tu as fais... Ne change pas l'image que je garde de toi... Et si... Je n'ai pas la chance de te revoir alors sache... Que je compte œuvrer au temps qu'il me reste pour tuer tout ceux qui te voudrait du mal... L'Ordre... La non vie... Le chaos... Je n'ai pas pu t'assurer la sécurité que je t'ai promise quand je t'ai rencontrer... Je compte bien réparer cette erreur à présent...***

Lorsqu'il revint à la réalité, la femme au masque dorée l'observa sans un mot, Geralt reculant d'un pas avant de s'incliner et de poliment lui dire :

"Pardonnez ma maladresse Madame... Profitez bien de votre soirée."

S'éloignant sans plus de cérémonial, il traça alors son chemin à la recherche de ses cibles dont il ne savait pratiquement rien... Interroger les serviteurs et les convives à leur sujet n'était pas une bonne idée, cela ne pouvant qu'attirer l'attention sur sa personne... Et vadrouiller au hasard ne ferait pas avancer la situation non plus ... non... Pour trouver Rebecca et Adolf, il faudrait dans un premier temps se diriger là où les plus importants invités sauraient se rassembler : Autour de l'hôte de cette soirée, Bernt Notke...
Geralt se mit alors à interroger quelques personnes dans l'espoir qu'on puisse lui indiquer où trouver le bienfaiteur de ce soir pour qu'il puisse lui présenter ses respects et lui offrir le présent qu'il était venu offrir.

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Message par **[MJ] Le Grand Duc** » 28 juil. 2019, 18:08

Il ne fut pas difficile pour Geralt de localiser Bernt Notke. Des invités de ce dernier aiguillèrent le Loup Blanc vers le grand hall de la Maison des Rosiers. C'était une vaste salle éclairée par un luxueux lustre en cristal qui pendait du plafond. Tout n'était que dorures et raffinement, depuis les galeries à l'étage jusqu'au grand escalier dont chaque marche en marbre était couverte par un tapis de Copher.

C'est là, devant une fontaine de riesling pétillant du Reikland, que le gros bourgeois recevait ses convives. Ses cuissots glissés dans des collants roses et le gras de son menton reposant sur une large collerette bouffante, Bernt Notke enchaînait les poignées de main et les sourires hypocrites que son masque extravagant ne suffisait pas à cacher. Une petite foule d'opportunistes et d'obligés bourdonnait autour de lui pour offrir ses cadeaux, tous plus coûteux les uns que les autres. Souliers vernis de Pfeildorf, parfums d'Ulthuan ou chocolat de Lustrie : les valets du banquier avaient fort à faire pour porter toute cette camelote hors de prix en lieux sûrs. Tout autour, dans le grand hall, ceux qui s'étaient acquittés de leur offrande à Herr Notke profitaient des vins et des petits fours qui garnissaient les tables.

Geralt joua un peu des coudes pour rejoindre la file d'attente qui remontait jusqu'au grand bourgeois, sa bouteille de poire de Parravon entre les mains. Se faisant, il entendit une conversation par-dessus son épaule.

- "Tiens, regarde un peu là haut, sur la balustrade à l'étage. Ne serait-ce pas cette ordure de Ziegler ?"
- "Si, je crois bien ... Heureusement que nous sommes à un bal masqué, je ne veux pas qu'il me reconnaisse. Je lui dois encore plus de deux mille marks depuis le rachat des ateliers de Kemperbad."
- "Alors qu'Händrich veille sur toi, mon ami. On dit qu'Adolf Ziegler ne laisse jamais ses débiteurs courir trop longtemps. Un conseil : délocalise ton commerce ... sinon ce sera la banqueroute. C'est comme ça qu'il a fait fermer les boutiques de ce grand tailleur bretonnien, Philippe, à Altdorf. D'ailleurs on raconte qu'il ratisse large ces derniers temps. A ce qu'il parait, il cherche des investisseurs pour lancer une série d'expéditions commerciales vers l'Orient ... Si tu lui dois de l'argent, décampe au plus vite !"
- "Malheur, pas avant d'avoir goûté ces aiguillettes de bécasse confites ! Elles ont l'air succulentes."
- "Comme il te siéra."

En levant la tête vers la galerie à l'étage, Geralt repéra, parmi d'autres invités qui surplombaient le hall, le groupe de personnes dont parlaient les deux convives derrière lui. Entre les colonnes à chapiteau qui soutenaient le plafond, ils étaient quelques personnes à discuter, un verre à la main. Deux femmes et deux hommes. Seuls trois d'entre eux étaient masqués, et le quatrième ne portait qu'une perruque poudrée et un cache-œil noir en guise de déguisement. Il suffisait au Loup Blanc de gravir les marches du grand escalier pour accéder à l'étage.

Message par **Geralt** » 29 juil. 2019, 02:59

Guidé par les invités, le loup blanc fut redirigé en direction du grand hall du manoir des rosiers, où il put voir pour la première fois le dénommé Bernt Notke, homme de forte corpulence et habillé de manière extravagante, il se pavanait parmi ces invités à la manière d'un coq dominant toute sa basse court. Derrière le sourire suffisant qu'il affichait, le loup blanc pouvait y déceler le caractère d'un homme aimant montrer sa réussite, ayant sans aucun doute écrasé bien des adversaires pour se hisser à la place qu'il occupait actuellement... L'Empire possédait décidément deux visages bien distinct : Les quartiers pauvres où les raclures dominaient les plus faibles, et de l'autre, les quartier riches, où des ordures bénéficiaient de tous les privilège tandis que d'autres mourraient de faim au pas de leur porte... Dans les deux cas, ces deux faces ne reflétaient qu'une chose : la pourriture de ce monde...

S’immisçant dans la queue constituée pour aller à la rencontre du riche bourgeois et ainsi lui offrir le présent qu'il était venu apporter, le loup blanc commença alors à imaginer comment il pourrait s'attirer les faveurs de son futur interlocuteur de telle sorte à pouvoir il l'espérait, obtenir de potentiels informations sur les deux cibles qu'il était venue chercher ici. N'ayant jamais côtoyé les bals et autres soirées bourgeoises, il avait tout de même appris durant sa formation du temps de son enfance auprès des chevaliers corbeaux, comment se comporter en présence de personne dont le rang prévoyait sur absolument toute autre chose... La vanité était la plus grande faiblesse des grands de ce monde, et pour savoir s'en faire des amis, mieux valait brosser dans le sens du poil ces gens qui pensaient tout savoir et tout avoir... Mais la complexité de la chose résidait dans le fait qu'il fallait faire preuve d'une certaine subtilité, car dans ce genre d'endroit où tout le monde cherchait à faire ces preuves... La moindre erreur d'étiquette pouvait vous refaire retomber dans la masse et ainsi dans l'oublie...

Heureusement, il sembla que Ranald fut du coté du chasseur de monstre, car en effet, tendant l'oreille, il intercepta les brides d'une conversation qui ne pouvait pas mieux tomber... Devant lui, un duo d'homme se mit à conter quelques affaires de dette, dont le créditeur était le dénommé Ziegler... Levant la tête dans la direction indiqué, le loup blanc discerna vers l'une des galerie à l'étage, un groupe de personne : Deux femmes et deux hommes semblaient plonger dans quelques discussion, trois étant masqués, le dernier ne portant qu'une perruque poudrée et un cache œil en guise de masque... Lequel des deux hommes était Ziegler ? Geralt n'allait pas tarder à la découvrir...

Quittant la file d'attente, sa bouteille d'eau de vie en main, il s'élança en direction du grand escalier donnant accès aux différents étages de l'édifice. S'approchant d'un pas tranquille en direction du groupe, le loup blanc ne semblait nullement avoir pour projet de se lancer dans une potentiel filature où espionnage destiné à capter des informations diverses et variés n'ayant sans doute aucun lien avec Karla ou Lucrétia... Pour avoir de la chance il fallait savoir la provoquer non ?
Gagner la confiance de ses ennemis, voila quel était le projet de Geralt, l'ambiance festive régnant ici, couplé à l'alcool coulant à flot pouvant suffire à délier n'importe quel langue, il en était persuadé. Entrant dans son rôle de prêteur sur gage, il s’immisça dans la conversation, en usant tout d'abord d'un stratagème des plus basique pour localiser avec précision l'homme qu'il était venu rencontrer.

"Her Ziegler je présume ? Her Marcus Kirk, pour vous servir..." Il attendit de voir lequel des deux hommes réagiraient le premier à l'énonciation du nom de sa proie, se faisant elle s’identifierait d'elle même.

Il fit l'effort d’exécuter une révérence en guise de salut, tandis que les nombreux regards de ces différents interlocuteurs se posèrent sur lui, dans un silence glaçant. Mais le loup blanc joua de ses talents pour tenter de donner la meilleur impression possible de lui même.

"Ah oui... Il est vrai... Toute présentation doit normalement être accompagné des fonctions et des titres qui peuvent me coller à la peau... Quel ennui..." Il se redressa alors, s'adossant contre la balustrade donnant vue sur le hall principal. "N'est ce pas pour cela que nous nous invitons à ce genre de soirée ? Pour échapper à nos titres pompeux... Un bal masqué ! Quel merveilleuse idée en réalité, après tout grâce à ces masques nous pouvons être l'espace d'une nuit qui nous voulons non ?"

Affichant un sourire charmeur à l'encontre des deux jeunes femmes, il s'adressa tout d'abord à elles pour continuer à parfaire son intronisation.

"Que voudriez vous que je sois pour vous ce soir mesdames ? Un aventurier ? Un chevalier ? Ou bien peut être un prince ?" Il s'amusa des exemples donnés, affichant un petit rictus avant de tourner son regard vers les deux hommes. "A moins que je ne sois qu'un commerçant ? Ou bien encore un noble ? Dans un endroit si magnifique et en si charmante compagnie, tout est possible non ?"

Il reprit alors son sérieux, son regard ténébreux transperçant ses interlocuteurs.

"Hélas la faiblesse de mon idée extravagante réside dans une chose : Ces masques nous cachent de bien des choses mais laisse entrevoir ce qui nous trahi dès le premier échange : les yeux... On dit qu'ils sont les fenêtres de l'âme vous savez ? Qui sait quels secrets ils peuvent révéler..." Il marqua une pause, avant de porter toute son attention vers le dénommé Ziegler. "Assez d'enfantillage... Pardonnez mon interruption... Sans aucun doute vous demandez vous comment j'ai su vous trouvez malgré le nombre de convive ?"

Il désigna du doigt l'une des tables où était servi moult denrée, et où le binôme dont il avait écouté la conversation un peu plus tôt, était en train de se goinfrer de délicieuses aiguillettes de bécasse confites.

"Il semble en effet que certains de vos débiteurs, bien qu'ils cherchent à vous évitez par tous les moyens, ne peuvent s'empêcher de vous avoir pour sujet de conversation..."

Il montra alors la bouteille qu'il avait en main, devisant le bouchon pour en faire humer les effluves.

"Je comptais offrir cette bouteille d'eau-de-vie de Paravon à notre hôte... Mais j'ai la bonne impression de croire que cela serait la gâcher... Me permettrez vous de la partager avec vous et vos amis ? Je suis de passage en ville voyez vous, et votre renommée vous fais honneur... Échanger avec vous serait pour moi un privilège."

Le premier contacte venait d'être établit, mais allait il être concluant ?

Message par **[MJ] Le Grand Duc** » 29 juil. 2019, 21:41

Les quatre individus se retournèrent vers Geralt lorsque celui-ci s'approcha, interrompant la discussion. Les regards curieux étaient lourds derrière les masques alambiqués et les chapeaux croulaient sous les plumes, les rubans et les fleurs en dentelle. Le seul qui n'était pas masqué haussa un sourcil vaguement curieux, toisant le prêteur sur gage d'un soir. Sa tenue était faite de broderies raffinées et un foulard ceignait son cou. Il était poudré à la craie du menton à la perruque et du rouge vif était appliqué sur ses lèvres fines. Un cache-œil factice couvrait son orbite gauche. Son regard oscillait entre amusement désabusé et cruauté dissimulée. Ce ne pouvait être qu'Adolf Ziegler, qui ne daigna pas saluer l'homme qui se présentait à lui.

- "Avec votre accoutrement, vous ressemblez plus à un morrien dévoyé qu'à un aventurier ou un chevalier, cher monsieur." piqua Adolf avec un rictus. "Comme je vous comprends, ce doit être difficile d'être enfermé dans un monastère quand l'on sait que de pareilles fêtes se tiennent dans le monde. A moins que vous ne soyez un marchand, le temps d'un soir ? Vendeur de sornettes, à la vue de votre langue bien pendue."

Les deux jeunes femmes ricannèrent méchamment, roulant de leurs grands yeux maquillés en regardant Geralt. Mais lorsque ce dernier dénonça les deux commerçants d'en bas, le regard d'Adolf se fit aussitôt intrigué, et bien plus intéressé.

- "Voyez vous donc cela ..." dit-il en se penchant à la balustrade pour observer les deux intéressés. "Comme c'est plaisant."

En bas, l'un des deux bourgeois jeta un coup d'oeil vers la balustrade, la bouche encore pleine de nourriture, et croisa le regard de Ziegler. Il se ratatina sur place et essaya de filer en douce pour se mêler à la foule. Le maître de la Guilde des Tailleurs et Couturiers fit un signe discret à un valet en contrebas, et ce dernier s'élança derrière le marchand en fuite.

- "Si les yeux sont effectivement les fenêtres de l'âme, les votres sont bien nettoyées ... Ma foi, vous n'êtes ni prêtre, ni aventurier ni chevalier, mais bien espion ! " Il éclata d'un rire presque efféminé, une main devant la bouche. "Herr ... Kirk, oui, c'est cela."

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- "Oh, une de poire de Parravon." dit Adolf en saisissant la bouteille pour en admirer le fuselage et le bouchon de cire bleue. "Vous êtes un homme de goût, Herr Kirk. La fraîcheur du fruit, la brutalité du spiritueux ... c'est comme croquer dedans à pleine dent, étendu sous la fraîcheur d'une tonnelle de cette magnifique ville. Je vous remercie humblement."

Il inclina la tête avec politesse, s'éloignant avec la bouteille suivi de ses trois comparses. Mais il se retourna vers Geralt qui les suivait.

- "Vous pensiez venir avec nous ? Oh mais quelle idée ! Allez plutôt voir au buffet du rez-de-chaussée ... un ami m'a dit qu'il y avait quelques bouteilles d'eau-de-vie de poire. Dépêchez vous, bientôt il n'y en aura plus !"

Il éclata d'un rire mauvais auquel ses favoris firent écho et ils se détournèrent.

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Le Loup Blanc laissa un peu de distance avec le groupe et décida de le suivre. Les quatre comparses déambulèrent dans le couloir entre les autres convives, s'arrêtant ça et là pour discuter, rire avec d'autres invités masqués, boire un verre de vin ou échanger des politesses. Peu à peu, la compagnie d'Adolf Ziegler se sépara, l'une s'arrêtant dans un boudoir sur le côté tandis qu'un autre retint son attention sur une charmante courtisane qui passait par là.

Bientôt le couturier fut seul et traversa l'hôtel en fête jusqu'à une petite antichambre plus intimiste, éclairée par de magnifiques chandeliers dorés. Des divans et des banquettes étaient disposés dans la pièce et de petits groupes y discutaient à voix basse, au milieu des rires étouffés et des mots susurrés à l'oreille. Certains étaient dans des positions lascives, d'autres dormaient sur un fauteuil, un verre encore à moitié plein tombant de la main. Geralt remarqua un valet déguisé et armé d'une rapière, près de l'une des portes ouvertes qui donnait sur une petite cour éclairée au flambeaux. Adolf Ziegler s'avança vers l'une des banquettes au fond de la salle et s'assit aux côtés d'une femme aux formes généreuses coiffée d'un chapeau extravagant. Ils se mirent à discuter à voix basse, dans cette lumière tamisée, tandis que le couturier passait un doigt distrait sur le décolleté de la belle masquée.

Message par **Geralt** » 30 juil. 2019, 02:17

Le dénommé Ziegler était donc bien l'homme au bandeau masquant son œil gauche, sûre de lui et médisant avec le reste du monde, lui et sa petit bande de nobliaux s'amusa à dévisager et à jauger ce nouvelle interlocuteur qui s'était présenté à eux avec de biens beaux discours que le maître couturier ne put s'empêcher de démonter.
Malgré le jeu de présentation auquel le loup blanc dû se livrer, son interlocuteur ne semblait nullement enclin à lui rendre la pareil, trop doué après des années de pratique à travers des bals et autres soirées mondaines, au jeu de joute verbale entre personnes influentes de l'Empire, Ziegler s'amusa à vouloir ridiculiser Geralt dans le seul but d'amuser sa petite bande, qui à la manière de ces ombres, ne pouvaient s'empêcher de ricaner au moindre traits d'esprit de leur maître.
Comparé à un homme n'ayant que peu de goût au vue de son accoutrement, et jeune agneau tout juste plongé dans le milieu de la nuit parmi les loups, le chaotique ne put s'empêcher de comparer le chasseur de monstre à un jeune homme plein de fougue, désireux de faire ces preuves en vendant sornettes et autres artifices dans le simple but d'attirer l’attention des plus impressionnables, catégorie dont Ziegler ne semblait nullement faire partie.
En plus de la moquerie, il fit preuve d'une impolitesse certaine, ne dédaignant pas offrir le moindre remerciement à l'ancien chevalier corbeau, lorsque celui ci lui indiqua l'un des créanciers refusant de payer la dette qu'il avait contracté auprès du serviteur du Dieu du plaisir.
Se forçant à prononcer le nom d'emprunt de Geralt : Her Kirk... Celui ci le prononça avec dédain, comme n'y attachant aucune importance, sachant très bien qu'il l'oublierai dès le moment où il tournerai les talons pour échapper à la potentiel conversation que le chasseur de monstre avait tenté de lancer.
Après l'invitation de Geralt à partager la bouteille d'eau de vie lui ayant coûté une fortune, Ziegler ne put s'empêcher de lorgner dessus, s'en emparant aussi vite qu'un serpent, avant de demander à sa petite troupe de le suivre, sans aucun doute pour la déguster au travers de quelques discussions où chacun s’amuserait à déverser son venin sur le reste des convives...
Malgré l'accueil plutôt froid qu'il avait reçu, le loup blanc ne se démonta pas, embrayant derrière la troupe avant que Ziegler ne le remarque pour mieux le congédier, sans s'empêcher de lui rappeler que le gros des invités devaient rester au rez de chaussés, à la manière de la plèbe n'ayant ni les épaules ni la classe pour côtoyer ceux qui se prenaient pour des demi-Dieux.

Geralt se figea alors, voyant sa cible s'éloigner, ricanant à tout va, tandis que dans son esprit, il visualisa la meilleur façon de tuer ce petit merdeux à la grande gueule, trop bien installé sur son trône pour pouvoir un jour penser y chuter... Si la colère était la sensation dominant le criminel de L'Ordre à l'instant T, il dû réfréner ses ardeurs, le moindre coup de sang pouvant lui coûter le peu de chance qu'il avait ici de pouvoir trouver des informations pouvant relier le culte chaotique semblant agir dans l'ombre de Talabheim et l'évasion de Karla des caves...
A la manière d'une ombre, il pista alors Ziegler et sa troupe, tandis que bon nombre d'invités s'écartaient de son itinéraire, lui portant des regards emplit de haine mais aussi et surtout de peur... Dominer par l'influence et la terreur... Voici donc comment la cible du loup blanc semblait fonctionner...

Continuant à observer, tandis que la soirée continuait de battre son plein, la petite troupe lui servant de fan club commença à s’effriter, se dispersant à travers les nombreux couloirs et antichambres constituant l'étage, certains se perdant à travers quelques discussions, d'autres dans les yeux d'une courtisane attendant qu'on vienne lui faire la cours.
Ziegler de son coté, traversa le manoir d'un ton enjoué, s'enfonçant alors dans une antichambre à l'écart des autres pièces normalement destiné aux reste des invités, continuant à le suivre, le loup blanc se retrouva alors dans une salle où de nombreux divans étaient disposés dans la pièce ici et là... De nombreuses personnes étaient présentes ici, échangeant rires, soupirs et messes basses... Ce lieu reflétait une partie des vices que les cultistes de Slaanesh aimaient à assouvir, aussi Geralt cru bon de penser que le couturier de Talabheim était venu dans cet endroit dans un but précis... Avait il tort de le penser ? Les prochaines minutes sauraient le lui dire...
S'asseyant sur une banquette, Ziegler prit place auprès d'une belle et pulpeuse jeune femme portant de riches atouts ainsi qu'une coiffure des plus extravagante, tandis qu'il murmura à son oreille tout en laissant trainer ces mains baladeuses sur le décolleté de la belle masqué.
Ce fut à ce moment précis que le loup blanc s'invita, s'asseyant sur l'une des banquettes en face de Ziegler, tandis que l'un des valets armé et chargé de la sécurité des lieux ne put s'empêcher de tourner le regard dans la direction de l'homme étant semble il venu importuner son maître...

"Un espion disiez vous Her Ziegler ? Que les Dieux me garde car j'en serais un bien mauvais semble il... Me présenter deux fois en l’intervalle de quelques minutes devant vous... Est ce de la stupidité ou de l'audace ? Au vue de vos talents pour lire dans les yeux de vos interlocuteurs, je suis sûre que vous pourriez y répondre" Ironisa t'il, avant de lever la main en l'air pour capter l'attention du couturier qu'il s'attendait déjà à voir appeler d'un signe de tête le valet chargé de garder l'accès à l'une des cours privée reliant l'antichambre. "Marchand de sornette, morrien dévoyé... Vous m'avez affublé de bien des titres, et je vous laisse seul maître de les juger justes ou pas... Mais s'il vous plait... En temps qu'homme de raison, faisons montre d'un peu de tenue durant cette belle soirée... Il me serait regrettable de devoir abimer l'un de vos pantins. Si vous êtes un homme de goût et le meilleur couturier de la ville... J'ai moi même la chance de bénéficier de talents bien particulier selon les situations..."

Le regard affiché par le loup blanc à travers son masque était des plus glacial, et si au moment de sa rencontre avec Ziegler il avait tenté de faire preuve de tact, le moment était venu de se montrer un peu plus direct avec l'individu, Geralt ayant une patience dont il ne fallait pas tenter d'observer les limites.
Tournant son regard vers la belle jeune femme aux cotés de sa cible, Geralt la salua d'un signe de tête avant de lui sourire en disant :

"Pardonnez mes manières Madame... Her Kirk pour vous servir. Quelques minutes du temps de votre ami, et je le laisserai ensuite à votre entière disposition."

Il reporta son entière attention sur l'homme au bandeau.

"Vous êtes un homme d'affaire, aussi ai je bonne espoir que vous saurez comprendre la requête que je désire vous faire parvenir... Plus tôt vous avez fais les frais du jeu du chat et de la souris que débiteurs et créditeurs aiment à se livrer... D'un ennuie mortel n'est ce pas ?

Je suis en effet à la recherche d'une personne... Une femme avec qui j'ai eu le plaisir de faire affaires par le passé... Des histoires de terrains, d'argents... Or, il semble que vous ayez une connaissance dans votre entourage pouvant sans l'ombre d'un doute m'aider à satisfaire mon unique requête..."

Le plus sérieusement et sereinement du monde, il énonça sa demande, à la manière d'une faveur qui il en était persuadé, n’obtiendrai nullement satisfaction au vue du caractère du personnage face à lui.

"Je voudrai que vous m'intronisiez auprès de Mademoiselle Rebecca von Menzel... Je ne doute pas que du statut dont elle joui, elle pourra sans l'ombre d'un doute m'aider à rembourser la dette que cette personne a su contracter à mon égard..."

Et le plus naïvement possible, à la manière d'une info qu'il désirait lâcher à la volée, observant la moindre réaction pouvant se déceler sur le visage de Ziegler il dit :

"Le baronne Lucretia von Shwitzerhaüm... Cela vous dis peut être quelque chose ?"

Malgré les risques que prononcer ce nom, en particulier devant des chaotiques pouvait représenter, il semblait que Geralt avait fais le choix de jouer le jeu d'une certaine transparence, car quand on était au cœur de la tanière du loup, mieux ne valait il pas l'appâter pour mieux le saisir ?
S'attendant à toutes les éventualités, le loup blanc se prépara à réagir à la moindre réaction du couturier.

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