Une offre impossible à refuser [Dokhara & Lucretia].

Le Talabecland se trouve au coeur de l'Empire, et ses armées prennent souvent la forme de petites forces d'élites. Helmut Feuerbach est porté disparu, mais sa cour est toujours dans la Cité de Talabheim.

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Dokhara de Soya
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Une offre impossible à refuser [Dokhara & Lucretia].

Message par Dokhara de Soya »

Dokhara se réveilla en sursaut, ouvrant les yeux et prenant une respiration aussi grande qu'une noyée refaisant surface.
Le contrecoup fut quasi immédiat - à se mettre en position assise si rapidement, une douleur vive s'exprima à l'arrière de sa tête pour se propager à travers tout son crâne, la forçant à refermer ses paupières alors que le décor tournait autour d'elle. La baronne tâta par reflexe la source de cet élancement, pour découvrir une vilaine bosse cachée sous sa chevelure. Le souvenir de sa caboche percutant la paroi intérieure du carrosse de Lucrétia lui revint en mémoire.

Lucrétia ?

Elle s'astreignit à rouvrir les yeux malgré la douleur sourde dans son crâne. Heureusement, la lumière de la chambre était très tamisée - les rideaux étaient fermés, et la météo extérieure semblait faire la part belle à la grisaille, les faibles rais de lumière entrant dans la pièce étant bien timides.

Ce n'était pas la première fois qu'elle se réveillait dans un lieu inconnu, mais cette fois quelque chose était différent. Un sentiment de malaise grandissait dans son ventre, tandis qu'elle recomposait les souvenirs de la veille. Elle ressentit maintenant une légère honte en se rappelant la manière dont elle s'était donnée en spectacle. Certes, les résultats avaient été intéressants, mais tout de même... il ne serait pas aisé de rester digne devant Lucrétia lorsqu'elle la reverrait.

D'ailleurs où était cette dernière ?

Dokhara parcourut la pièce du regard. Elle était bel et bien seule dans cette chambre. A juger du mobilier sommaire, et des quelques valises déposées ça et là, Dokhara devina qu'elle ne se trouvait pas "chez quelqu'un", mais plutôt dans une auberge. Le carrosse avait donc repris la route après son évanouissement, pour faire une pause ici. C'était logique : si la vampire préférait certainement la nuit au jour, elle devait néanmoins composer avec la fatigue de ses hommes de main.

La jeune noble se leva lentement, mesurant chaque geste avec précaution pour éviter de faire revenir la céphalée qui menaçait. Alors que ce détail lui avait échappé jusque là, un courant d'air la fit suffisamment frissonner pour qu'elle remarque être dans son plus simple appareil. Un coup d’œil supplémentaire confirma ses doutes - il n'y avait nulle trace de ses frusques dans la pièce. De toutes manières, son chemisier et sa brassière avaient été trop déchirés et souillés de sang pour espérer les reporter un jour. Quant à ses vêtements de rechange... et bien ils voyageaient actuellement vers Altdorf sans elle. De fait, lors de l'attaque de son convoi par les hommes de Lucrétia, elle n'avait pas vraiment eu la tête à penser à récupérer ses affaires dans la carriole tandis qu'elle se faisait enlever...

Il n'y avait pas de miroir dans la pièce, aussi dut-elle se contenter de scruter les parties de son corps visibles par ses yeux. Elle fit glisser ses doigts le long de sa gorge, cherchant les blessures de la veille, sans en trouver la moindre trace.
La baronne fut rassurée de voir que sur ce point au moins, tout s'était passé comme elle l'avait imaginée. Elle n'avait pas oubliée que des mois auparavant, après sa première morsure, les traces de crocs avaient mystérieusement disparu de son poignet, ne laissant aucune preuve du méfait accompli par la lahmianne. Et lorsque cette dernière avait transpercé sa peau délicate de sa dague, elle avait eu le sentiment que jamais la noble Lucrétia n'aurait abimé ce qu'elle ne pouvait réparer - après tout, Dokhara devait rester agréable à regarder, et avait déjà bien assez de cicatrices sans en ajouter de trop visibles.
Dommage que la magie de Lucrétia n'avait apparemment rien pu faire pour ses douleurs crâniennes. A moins que ces dernières ne servent de rappel quant aux limites des provocations qu'elle pouvait se permettre ?

Alors qu'elle était occupée à scruter son corps pour comme y chercher une trace d'un éventuel sévice, elle finit par comprendre ce qui la dérangeait le plus jusqu'alors.

Elle sentait bon.

Elle avait passé une journée entière enfermée dans une carriole bondée, entassée avec les gens du peuple peu regardants sur l'hygiène, et assise entre deux mâles dont l'un tout en muscles qui suait et empestait comme un porc.
Donc si sa peau sentait aussi bon dès le réveil... c'est que quelqu'un... l'avait... lavée.

Son imagination dépassa trop rapidement les faibles frontières qu'elle tenta d'imposer à son esprit. Déjà, elle imaginait Lucrétia et elle dans un baquet d'eau bouillante, la vampire, savon à la main, pouvant faire tout ce qui lui chantait de la baronne évanouie. A sa totale merci, sans aucune capacité de se défendre, un jouet entre ses mains, entre ses bras, entre ses crocs...

Dokhara se mordit la lèvre, comme utilisant la douleur physique pour reprendre le contrôle de ses fantasmes. Ce n'était clairement pas le moment de déraper - elle en avait largement assez fait la veille, et la situation ne se prêtait pas aux rêveries.

Elle avait remarqué du coin de l’œil les vêtements qui avaient été négligemment abandonnés sur la commode de la pièce. Ce n'étaient pas les siens. Clairement, Lucrétia les avait pourtant laissés là à son attention. Sa peau désormais recouverte de chair de poule, elle fouilla minutieusement ce qui lui avait été laissé, dans l'espoir de trouver de quoi se réchauffer.

Elle se saisit du corset posé sur le dessus - le vêtements à baleines était rouge, pourvu de nombreux lacets dorés, et avait une forme en U. Dokhara soupira de désagrément. Elle détestait ces vêtements contraignants. Elle en portait à l'occasion, pour les bals, les réceptions, mais se contentait habituellement de simples bandelettes de tissu pour le maintien de sa poitrine, et de robes légères. Là où ses rivales usaient et abusaient d'atours ostentatoires, Dokhara avait fait sa spécialité une apparence toute en blancheur immaculée, dans des robes parfaitement taillées pour sa silhouette, qui s'ajustaient à sa taille de guêpe sans nécessité de corset. C'était la qualité du tissu et la discrétion des nombreux filigranes et motifs ajoutés en relief sur ces robes qui faisaient toute leur distinction. Elles donnaient à Dokhara une apparence pure, éthérée, angélique.

La robe qu'avait laissée Lucrétia à son attention était différente en bien des égards à ses habitudes. D'un rouge carmin, offrant un décolleté provocant, l'échancrure en V de son col était raidie par des bordures métallisées en or. Plusieurs lacets servaient à serrer la taille, tandis que d'autres encore sortaient du tissu à l'arrière du vêtement sans que Dokhara ne put dire pour quelle torture d'étouffement supplémentaire ils avaient pu être conçus.

A défaut de pouvoir enfiler seule ces vêtements, elle prit la dernière pièce de tissu visible - un magnifique châle en soie, assez large pour servir de couverture si le tissu était intégralement déployé. Elle l'enroula autour de ses épaules, profitant de la douceur de l'étoffe contre sa peau nue.

Aux côtés des vêtements, une boite à bijoux ouverte. Le choix était gigantesque, et son contenu brillait de mille feux - émeraudes, rubis, saphirs, perles, or et argent, c'était une cascade de pierres et métaux précieux, un véritable trésor dont un dragon eut pu être fier. Dokhra était loin de posséder telle collection - son père lui avait acheté le strict nécessaire pour paraitre riche en société, et louait le reste lorsqu'un peu de diversité était nécessaire. Le surplus d'accessoires ne seyant pas à son style épuré, elle n'avait jamais pris la peine d'en acheter de nouveaux.

Aussi ne résista t-elle pas à la tentation, et en sortit quelques-uns pour les essayer.

Puis quelque chose dégénéra.

Prise d'un élan d'insouciance incontrôlée, il ne s'écoula que quelques minutes avant qu'elle ne se retrouve à porter une douzaine de colliers superposés, une bague à chaque doigt, et assez de bracelets pour cliqueter autant qu'un homme d'armes en armure de mailles. Enfin satisfaite de sa nouvelle apparence, elle marcha à travers la pièce d'un pas exagérément lent et sensuel. Comprimant ses seins l'un contre l'autre d'un bras, elle agitait devant elle ses doigts de sa main libre comme pour montrer à un auditoire invisible le détail de ses bagues.

- Craignez mon courroux, petites gens ! dit-elle à voix basse par jeu. Voyez comme je brille, voyez comme j'étincelle ! Puisque je ne peux pas voir le soleil, alors je brillerais autant que lui ! Craignez-ma toute puissante poitrine, j'ai étouffé plus d'un homme entre ces seins !

Et c'est à ce moment précis que quelqu'un toqua à la porte, faisant rater un battement de cœur à la baronne.


Oh Sigmar. Si c'est elle, je suis morte.


- Je, euh... je... une minute !

Dans la précipitation la plus totale, Dokhara arracha le châle pour le jeter sur le lit, puis tâcha de retirer son amas de bijoux et de tout entasser dans le coffret dédié. Les chaines des colliers s’emmêlèrent dans un joli sac de nœud, tandis qu'elle se déboita deux phalanges en retirant quelques-unes des bagues récalcitrantes avec trop d'entrain.

- Je, oui, euh... entrez !

Lorsque la porte s'ouvrit, Dokhara était négligemment assise sur le coin du lit, jambes croisées, tentant de rassembler le peu de dignité qui lui restait pour faire face à son visiteur. La couleur rouge pivoine de tout son visage n'aidait en rien cette tentative, pas plus que son cœur battant la chamade, ni sa nudité.

Lorsqu'elle vit un petit bout de femme toute potelette, d'une quarantaine d'années, sobrement vêtue d'une robe bleue très simple, Dokhara réussit à retrouver son souffle. Elle avait au moins gagné un sursis.

- Bonjour Madame, dit la visiteuse en accompagnant ses mots d'une courbette timide. Ma maitresse m'a demandé de vous aider à vous apprêter. Je suis Elsa, la femme de chambre attitrée de Madame de Shwitzerhaüm.

La situation échappait aux normes connues de Dokhara. Elle était une baronne, kidnappée par une vampire, dont la servante venait proposer de l'habiller et la coiffer, tandis qu'elle était nue et avait sans doutes été prise sur le fait en train de... faire n'importe quoi.
Néanmoins... la dénommée Elsa restait une servante, et elle une baronne. Il n'y avait nulle honte à avoir.

Dokhara se leva et marcha avec toute l'assurance dont elle était capable vers la commode.

- Soit. Alors ne perdez pas de temps, aidez-moi à me vêtir. Je n'ai guère l'habitude de porter des frusques aussi vulgaires que celles de votre maitresse.

Le mépris était une façade comme une autre. A défaut de mieux, cela lui permettait de sauver les images - quand bien même ce masque se fissura dangereusement lorsqu'elle surprit Elsa jeter un coup d’œil désapprobateur aux bijoux entassés chaotiquement dans leur réceptacle.

La suite se fit dans un silence gêné. La servante aida Dokhara à enfiler le corset, et comme la baronne s'y attendait, l'expérience ne fut en rien agréable. Les lacets furent serrés jusqu'à ce que ses côtes soient à la limite de craquer, sa taille se vit devenir deux fois plus fine qu'elle ne le pensait possible, et ses seins légèrement comprimés l'un contre l'autre de chaque côté, par les bretelles métalliques de l'outil de torture.
Elsa la regarda alors, tournant autour d'elle pendant plusieurs secondes. Quelque chose semblait gêner la servante, mais cette dernière hésitait à parler.

- Quoi ? vociféra la baronne agacée.

- Et bien, c'est à dire que madame m'avait prévenue, mais... c'est assez gênant...

Dokhara était exaspérée. Puisqu'il n'y avait pas de miroir dans la pièce, elle était incapable de comprendre par elle-même la source de la gêne d'Elsa, quand bien même un doute germait et grandissait, nourri par les regards fuyants de la servante.

- Madame a une morphologie différente, aussi m'a t-elle confié plusieurs morceaux de tissus pour compenser ce problème, ne vous en faites pas, nous allons arranger tout cela.

Lucrétia se foutait ouvertement d'elle, aucun doute possible. Dokhara sentit la colère monter, mais décida de fermer les yeux et de prendre une grande inspiration pour retrouver son calme - chose rendue possible par Elsa qui détacha les lacets du corset pour le réajuster, libérant ses poumons de leur calvaire. Inutile de s'énerver sur la servante - cette dernière semblait confuse de cette étrange situation, et n'était pas responsable du comportement de la vampire.

Aussi le corset fut-il garni de part et d'autres de quelques épaisseurs de tissus, permettant cette fois-ci à sa poitrine d'être véritablement relevée, avec un gain significatif de volume. Aucune pitié supplémentaire ne fut accordée à ses côtes pour ce second essayage.

Le port de la robe en revanche fut plus surprenante. La qualité de la soie rendait son contact très agréable, le vêtement glissant sur sa peau avec douceur. L'intérieur était doublé et quelques discrètes touches de fourrure offraient au vêtement une bonne protection thermique. Les plis du tissu tombaient jusqu'à ses chevilles, la fin du vêtement ornée de coutures dorées du plus bel effet. Néanmoins, des lacets supplémentaires furent tirés, ajustant toujours davantage sa taille et comprimant plus encore ses seins.

Elsa posa ensuite le châle carmin précédemment porté sur les épaules de la baronne, puis scruta à nouveau cette dernière de la tête aux pieds, avant d'émettre un hochement de tête satisfait.

Elle sortit ensuite de sa besace de camériste un petit miroir de poche, qui permit enfin à Dokhara de se contempler à son tour, quand bien même le gabarit de l'objet n'était pas adéquat.

Elle était magnifique.

Certes, le confort n'était pas au rendez-vous, mais la robe que Lucrétia lui avait offerte, bien qu'un peu trop révélatrice, accentuait à la perfection les qualités déjà présentes dans la morphologie de la jeune baronne. Certes, sa poitrine avait due être aidée de quelque astuce pour remplir parfaitement le vêtement - la tricherie opérait à merveille - mais cela ne changeait rien au résultat : que ce soit la couleur carmin de la robe et du châle, les reliefs, la boucle en or qui ornait le centre de l'échancrure, ou encore les magnifiques filigranes dorés subtilement gravés sur les manches, le vêtement était parfait pour elle.

Après les péripéties de ces dix derniers jours, le déguisement de roturier, les odeurs, le sang, les vêtements déchirés, Dokhara n'avait pas eu l'occasion de s'admirer ou de s'aimer bien longtemps. Aussi, se voir si joliment vêtue lui fit chaud au cœur. Ce n’était pas grand chose, mais cela suffit à faire disparaitre les sentiments de colère ou de honte qui l'avaient envahi précédemment. Elle était la baronne Dokhara de Soya, d'apparence comme de cœur.

Elsa dut également sentir l'atmosphère se détendre, puisqu'elle répondit au sourire de la baronne par un autre sourire, bien que plus timide.

Elle prit ensuite une dizaine de minutes pour coiffer la jeune noble avec une grande habileté - mais c'était bien naturel pour quelqu'un devant dompter les cheveux de Lucrétia chaque jour. Elle dut néanmoins la stopper lorsque cette dernière se saisit de nombreuses épingles pour lui faire un chignon - Dokhara aimait à garder sa chevelure cascadant sur ses épaules. Si sa consœur avait pu lui imposer ses habitudes vestimentaires, elle ne la laisserait pas influencer d'autres aspects de son apparence.

De nouveau en phase avec elle-même, ce fut tout naturellement qu'elle enfila les bottines noires mises à sa disposition - par chance, Lucrétia semblait faire la même pointure qu'elle - puis choisit les ornements qu'elle porterait. De simples perles étaient idéales - puisqu'elle ne pouvait porter de blanc aujourd'hui, alors ses bijoux le feraient pour elle. Rouge et blanc - les contrastes changeaient, mais l'impression qui se dégageait de la baronne de Soya ne changeait pas - la pureté des perles, l'innocence de son regard lavande et ses longues boucles rouges flamboyantes suffisaient pour que Dokhara retrouve l'apparente candeur qu'elle aimait entretenir.


Décolleté extravagant mis à part.



***



Sa confiance en elle retrouvée, c'est d'un pas assuré qu'elle descendit les escaliers, prête à affronter tout ce que Lucrétia avait pu mettre sur son chemin.

C'est à dire pas grand chose.


Dans la salle commune de l'auberge, elle ne vit que deux personnes - toutes deux apparemment très occupées à l'ignorer. D'un coté, l'aubergiste derrière son comptoir, qui, l'ayant à peine aperçue, se mit à se trouver une vraie passion dans le nettoyage de son mobilier. De l'autre, Lucrétia qui sirotait un bol de lait, tout en planifiant apparemment un itinéraire sur plusieurs cartes superposées devant elle.

Non pas que Dokhara s'attendait à une arrivée en fanfare, mais elle avait au moins espéré quelques témoins de sa beauté matinale ! Mais même les hommes de main de Lucrétia étaient absents, à croire qu'ils dormaient encore tous dans leur chambre !

Et d'ailleurs, pourquoi la tenancière la fuyait du regard ainsi ? Dokhara était certes sublime ainsi apprêtée, mais tout de même... Et où étaient les clients ? Où diable la vampire les avait-elles menées pour que l'endroit soit si peu fréquenté ?

Refusant de se laisser destabiliser, Dokkhara offrit un sourire à la vampire qui ne la regardait pourtant pas, y ajoutant même un clin d'oeil charmeur avant de se diriger vers l'aubergiste. Cette dernière avait peut-être décidé de l'ignorer, mais elle était aussi assoifée qu'affamée et était bien décidée à prendre des forces. Elle n'avait pas la moindre idée de la durée du repas qu'avait pris Lucrétia la veille, mais il était certain que si elle souhaitait se faire mordre à nouveau, il lui fallait veiller à ne pas finir anémique.


A peine eut-elle fini de décrire ses besoins que la tenancière osa enfin lever les yeux vers elle. C'est avec une voix tremblotante, clairement effrayée, qu'elle demanda à la baronne de confirmer son identité. Mettant cette étrange situation sur le compte d'une mise en scène de Lucrétia et refusant de jouer une autre de ses partitions, elle répondit sobrement par l'affirmative.
La tenancière lui tendit alors un coffret, prétendument livré par un inconnu cette nuit, qu'elle lâcha dans ses mains comme si l'objet était maudit.

Dokhara jeta un œil derrière elle, espérant que la vampire avait des réponses à apporter à ses questions. Néanmoins, cette dernière était toujours perdue dans son étude cartographique - et pourtant, Dokhara était presque certaine que cette passion pour les itinéraires était désormais feinte. Toutes deux étaient bien trop seules dans cette pièce pour ignorer involontairement la présence de l'autre. Soit Lucrétia simulait l'indifférence pour voir les réactions de Dokhara au jeu qu'elle lui avait prévu, soit elle tentait de cacher sa propre curiosité derrière des faux semblants.

Quoiqu'il en soit, l'arrivée de ce coffre prêtait au questionnement. Car si ce n'était pas la vampire la responsable, alors c'était très perturbant. Ayant dévié de son trajet d'origine, enlevée par la vampire, personne d'humain n'aurait pu prédire dans quelle auberge elle passerait la nuit - elle-même n'avait pas la moindre idée de sa localisation actuelle !
Il n'y avait donc que trois possibilités. Ou quelqu'un la suivait depuis Talabheim et avait continué sa traque même près l'enlèvement. Ou l'un des hommes de Lucrétia lui faisait des infidélités et donnait des informations à une tierce personne. Ou l'inconnu encapuchonné appartenait à une organisation capable d'user de magie pour la trouver.

Elle profita du comptoir pour déposer le coffret et examiner son contenu. Nul besoin de le cacher à la tenancière - voyant ce que s'apprêtait à faire sa cliente, elle prit le parti d'aller préparer son petit-déjeuner dans une autre pièce, comme si elle mettait un point d'honneur à mettre le plus de distance possible entre elle et l'objet. Pour ce qui était de Lucrétia, la vampire ne pouvait voir de sa position que le dos de la jeune noble. Dokhara fit néanmoins confiance à la bienséance dictée par l'étiquette, ainsi qu'à l'ego de la vampire qui ne saurait se lever pour s'intéresser aux affaires d'une autre, pour détailler le contenu du coffret en toute discrétion.

Cela lui prit une bonne minute pour examiner tout ce que contenait la boite. De sa position, la vampire put entendre distinctement plusieurs tintements métalliques, ainsi que le bruit d'un vélin que l'on déroule, puis enroule à nouveau.

Puis pendant plusieurs secondes, Dokhara resta immobile, se répétant une incessante litanie dans ses pensées, afin de l'ancrer au mieux dans sa mémoire.

Ni la carangue malade échouée, ni le beau et célèbre aspe fuyant, n'ont tragiquement osé calmer mes lubies. Ni la carangue malade échouée, ni le beau et célèbre aspe fuyant, n'ont tragiquement osé calmer mes lubies. Ni la carangue malade échouée, ni le beau et célèbre aspe fuyant, n'ont tragiquement osé calmer mes lubies.
Arthur, Kalten, Jansen, Trident, Arthur, Kalten, Jansen, Trident, Arthur, Kalten, Jansen, Trident.
Ni la carangue malade échouée, ni le beau et célèbre aspe fuyant, n'ont tragiquement osé calmer mes lubies. Ni la carangue malade échouée, ni le beau et célèbre aspe fuyant, n'ont tragiquement osé calmer mes lubies. Ni la carangue malade échouée, ni le beau et célèbre aspe fuyant, n'ont tragiquement osé calmer mes lubies.
Arthur, Kalten, Jansen, Trident, Arthur, Kalten, Jansen, Trident, Arthur, Kalten, Jansen, Trident.


Un bruit sec avertit les deux femmes de la refermeture du coffret, que Dokhara coinça sous son bras, tenant dans son autre main un parchemin enroulé, dont le sceau de cire avait été brisé. Sans aucune hésitation, elle fit quelques pas en direction de la cheminée et le jeta dans les flammes. Après avoir vérifié que le papier s'incinérait rapidement, elle se retourna vers la table de Lucrétia, marchant nonchalamment jusqu'à elle, pour finalement s'asseoir en face d'elle.

- Bien le bonjour, baronne von Shwitzerhaüm.

Lui offrant l'un de ses sourires les plus rayonnants, Dokhara déposa le coffret à côté d'elle sur la banquette, puis observa la tenancière qui déposait un bol de lait tiède, une soupe de légumes au vin fumante, quelques fruits et plusieurs tranche de pain sur la table. Ses gestes étaient rapides et malhabiles, ses bras tremblants - elle faisait tout pour expédier la tâche au plus vite et s'éloigner de Dokhara.

- Et bien, il semblerait que l'établissement que vous nous ayez choisi pour notre lune de miel n'aie pas l'habitude de voir passer du gratin. Que ce soit le comportement de sa tenancière ou la qualité de sa nourriture...

Ce disant, elle tripotait distraitement les tranches de pain dont la mie était incroyablement dure. Il n'y avait pas d'autres moyens de déguster ce repas qu'en les plongeant dans la soupe ou le lait, mais cela avait un je ne sais quoi de trop "paysan" pour être fait devant Lucrétia. Elle se contenta donc de siroter sa soupe, profitant de la chaleur du liquide pour se réchauffer les mains et les entrailles.

Elle observa Lucrétia du coin de l'oeil tout en se sustantant. La vampire s'était préparée aux températures extérieures, portant par dessus sa robe un lourd manteau d'hiver en fourrure. Dire qu'elle ne lui avait laissé qu'un châle... Dokhara espérait qu'elle bénéficierait d'un surplus de générosité de la part de sa kidnappeuse lorsque viendrait le moment de quitter l'établissement - son châle et sa robe tenaient assez chauds pour une auberge avec cheminée, mais surement pas assez pour affronter les rigueurs de la fin d'automne qui sévissaient à l'extérieur...

Quoique, ne devrais-je pas profiter du froid tant que je le peux encore...

- Je me dois de vous remercier pour cette exquise soirée, lâcha t-elle comme une banalité. Comme bien souvent en votre compagnie, j'en garderais un excellent souvenir. J'ai par ailleurs beaucoup apprécié savoir que rien ne pouvait ébranler votre contrôle de vous-même - vous fûtes exemplaire, et assurément, un modèle à suivre.

Les paroles étaient flagorneuses, mais comme souvent dans ses habitudes en société, Dokhara s'amusait à mêler le vrai du faux, sarcasme et compliment mâtinés de sous-entendus. Si Lucrétia avait perdu de sa superbe à plusieurs reprises la veille, c'était bien la maitrise de ses pulsions vampiriques que Dokhara complimentait. De fait, depuis sa précédente rencontre avec la lahmianne, elle s'était suffisamment documentée pour apprendre que la Soif de Sang était la plus terrible malédiction des vampires, et que nombreux sont ceux ne pouvant résister à son appel. Savoir que Lucrétia avait déjà surmonté cette épreuve n'était pas étonnant, mais néanmoins rassurant... pour bien des raisons.

Dokhara hésita à la remercier également pour le choix des vêtements empruntés, mais se ravisa. Il s'agissait de ne pas non plus être trop aimable avec la vampire - c'était après tout elle qui avait mis ses habits précédents dans un état lamentable, il était bien naturel de lui en prêter de nouveaux.

Et puis... peut-être valait-il mieux éviter d'amener la conversation sur le déroulement de la nuit. Que ce soit en bien ou en mal, Dokhara préférait pour l'heure ne pas s'aventurer sur un terrain aussi glissant.

Quant à l'utilisation du vouvoiement... puisque Lucrétia avait refusé de casser cette barrière entre elles, Dokhara préférait faire machine arrière. Elle avait joué et perdu, elle devait désormais attendre le tour de sa consœur.

- Mais passons, hier était un autre jour, et il me semble que vous avez exaucé ma demande. Il est donc naturel qu'aujourd'hui, j'honore ma parole.

Dokhara prit le temps de siroter à nouveau sa soupe qui refroidissait. Plus par effet de style pour créer l'attente et nourri sa curiosité, que par véritable soif.

- Je quitte le pays, ma chère. Je pars... en voyage. L'Inja, vous connaissez ?

Elle profita de l'amas de cartes posées devant Lucrétia pour toutes les saisir, et sans plus faire de manières, mettre sur le dessus de la pile une carte du monde.

- Oui, oui, évidemment que vous connaissez, je n'en doute pas une seconde.

Cette fois la moquerie était évidente. Une façon détournée d'appuyer sur l'ego démesuré de la lahmianne - pas très fin, mais qu'y pouvait Dokhara, elle ne pouvait s'empêcher de jouer avec le feu.

Pointant du doigt sur la carte le continent loin à l'Est, elle reprit la parole.

- Je manquais de pouvoir en Altdorf, alors j'ai cherché des amis pour m'élever. Et qui possède le pouvoir en Altdorf ? Non pas la noblesse, mais les bourgeois. Après la guerre contre Archaon et les couts faramineux qu'elle a nécessité, la noblesse a accumulé des dettes hallucinantes. Et si elle n'est pas capable de les rembourser en nature, elle n'a d'autre choix que de payer autrement... c'est à dire en prêtant son pouvoir à ceux qui tiennent les cordons de la bourse. Bref, je ne vous ferais pas un cours de politique sur la situation actuelle de l'Empire, mais sachez qu'en Altdorf c'est encore pire que ce dont vous avez pu être témoin à Talabheim.

Une courte pause, qu'elle mit à profit pour croquer à pleines dents dans une pomme.

- Quoiqu'il en soit, je n'ai trouvé que deux biais acceptables de gravir les échelons. Soit je devais trouver un bon parti - et vous savez que je ne pourrais accepter autre personne dans mon lit que vous-même - soit je devais entrer dans les petits papiers des guildes marchandes d'Altdorf.

Nouvelle pause, nouvelle bouchée de fruit.

- On pourrait croire que les riches n'ont besoin de rien, mais c'est mal les connaitre : ils ont besoin d'une chose. Plus de richesses. Leur problématique actuelle concerne bien l'Inja - il s'avère que nos relations diplomatiques avec ce pays lointain ne sont pas aux beau fixe dans tous les domaines, et nos routes commerciales ne servent qu'à importer quelques épices, certes rares et couteuses, mais bien insuffisantes au vu de la popularité croissante du marché de l'Art en Altdorf, entre autres. Au vu de mes précédents de diplomate pour la Taladélégation, les guildes marchandes d'Altdorf m'envoient donc en Inja pour négocier avec leurs politiciens l'ouverture à nos routes commerciales de nouveaux produits plus avantageux, comme des œuvres d'art, mais aussi des armes et des médicaments. Eux-mêmes n'arrivent à rien dans leurs tractations, car s'ils manipulent les noble de l'Empire grâce aux dettes, ils n'ont aucun pouvoir hors de nos frontières. Et la dernière expédition maritime qu'ils ont envoyé a... coulé. Ils ne connaissent pas les circonstances.

Elle croisa le regard de Lucrétia, la fixant désormais droit dans les yeux tandis que son ton se faisait plus enthousiaste.

- L'aventure, Lucrétia ! L'Extrême orient, vous imaginez-vous ceci ? Nos dieux, nos lois, notre Empire, tout cela n'a aucun sens là-bas. Il m'est offert l'occasion de joindre l'utile à l'agréable, et je me morfondais à mourir dans ma demeure familiale à la capitale. Je ne sais pas jusqu'à quelles frontières du monde connu vous avez pu vous rendre, mais pour moi, ce prétexte à l'exploration est une aubaine inimaginable. Adieu Altdorf, adieux serviteurs, adieux routine et ennui mortel, la baronne Dokhara de Soya prend la mer pour l'autre bout du monde !

Elle cessa à nouveau de parler, non pas pour manger mais uniquement pour observer le regard de Lucrétia. Il était évident que ces informations l'intéressaient, mais ne répondaient en rien aux questions qu'elle avait pu poser la veille.

Dokhara joua donc de sa curiosité pour cette fois-ci éplucher une poire dans un excès de minutie, comme si c'était une tâche d'une importance divine. Ce n'est qu'une fois cette mission personnelle accomplie et un premier morceau de fruit gouté qu'elle reprit la parole.

- Quant à la partie de cette histoire qui vous intéresse, il est certain que j'aurais préféré ne pas avoir à vous la narrer - mais je n'ai qu'une parole. Je vous préviens, c'est aussi ridicule que mièvre, mais je suppose que vous ne me permettrez pas d'y couper court, donc...

Un soupir résigné.

- Disons qu'alors que je préparais ce prochain voyage qui me fera quitter mon foyer des mois durant, j'ai souhaité... me libérer d'une vieille entrave.

Nouvelle pause, mais pour la première fois il ne semblait pas s'agir d'un effet de style. Dokhara semblait plus en difficulté à trouver ses mots, voire à refouler certaines émotions.

- Peut-être vous souvenez-vous d'Ingrid, la grande prêtresse de Rhya qui nous accompagnait lors de la Taladélégation ? Vous n'étiez pas sans savoir que j'entretenais une relation avec elle. Une fois cette mission diplomatique menée à bien, nous avons gardé contact via l'oiselle qu'elle m'avait confiée. Mais... les mois ont passé, la distance était grande entre nos deux villes, et si sa flamme n'a jamais faibli, la mienne...

Elle ne termina pas cette phrase, la ponctuant d'un signe de main, comme pour l'évacuer.

- C'est pour cela que je me suis rendue à Talabheim. Le motif était trop ridicule pour que j'en fasse un voyage officiel, accompagnée de tous mes serviteurs. Mais ça me paraissait important de clore en personne cette histoire, non pas par un simple courrier. Cela a été plus difficile que je ne me l'imaginais - il est aisé de se complaire à voir tous les chemins que nous pourrions emprunter, il l'est bien moins d'en choisir un et par conséquent, en condamner un autre.

Un maigre sourire à Lucrétia, tandis que Dokhara posa ses mains sur les siennes d'un geste aussi vif que doux. Voyant que la vampire ne rétractait pas les siennes immédiatement, son sourire s'élargit.

- Mais Rhya et vous n'étiez vraiment pas compatibles - j'ai fait mon choix !

Bien sur, son histoire ne décrivait pas l'exacte vérité. Mais ça y ressemblait bien assez pour être crédible de bout en bout. En mêlant de réels sentiments à une histoire subtilement réarrangée pour correspondre à ses besoins, elle s'assurait que le ton de sa voix reste dans les nuances d'émotions souhaitées pour créer une réalité alternative.

Sa dernière phrase n'était pas dénuée de malice, mais c'était surtout le sous-entendu qu'elle y avait glissé qui importait pour la baronne. Elle ne souhaitait pas abandonner la vampire. Ou plutôt, elle ne souhaitait pas que Lucrétia l'abandonne. Les raisons étaient multiples, et trier son esprit n'était pas à l'ordre du jour - il y avait eu trop d'éléments, trop rapidement, pour qu'elle puisse être objective sur sa situation. Mais elle était sure d'une chose : pour ce voyage à venir, elle souhaitait que la lahmianne l'accompagne, et espérait que les attraits de l'aventure qu'elle avait mises en avant percutent son désir persistant de tromper son propre ennui.

Elle jeta un œil à la tenancière, qu'elle devinait cachée désormais derrière son comptoir à nettoyer Sigmar seul sait quoi.

Non, ce problème-ci devrait attendre. Il fallait déjà observer si la lahmianne mordrait à l'hameçon ou pas.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 07 janv. 2018, 17:18, modifié 1 fois.
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Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: Une offre impossible à refuser [Dokhara & Lucretia].

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

Le doux cahot du véhicule berça la Lahmiane sur le restant du trajet, sans que rien ne vînt la déranger. Elle observa paisiblement le paysage qui évoluait lieue après lieue, les villages qui se succédaient aux forêts, les étangs qui ponctuaient la courbe sinueuse de quelques rivières, dans une parfaite immobilité. On l’eût prise pour une statue de cire, ainsi quiète et renfoncée dans le dossier de sa banquette, mais un œil averti n’aurait pas manqué de percevoir une infime et légère respiration, qu’elle tenait tant que bien à préserver, tout autant que quelques discrets regards se perdant dans l’habitacle. Et ces œillades, aussi calme que ne l’était son attitude, se posait sur une Dokhara endormie, plongée dans des songeries et des tribulations obscures dont se garda bien de la tirer Lucretia. Quelques menus gémissements de-ci de-là venaient rompre un silence supplanté par le bruit du véhicule, et les paupières refermées de la jeune femme s’agitaient parfois frénétiquement, trahissant un cauchemar. Mais les morsures partagées avaient pour elles leurs secrets et leurs mystères que régissaient des lois universelles et presque religieuses, aussi la vampire, après cet instant solennel, n’avait pas cherché à inquiéter outre mesure sa comparse en la brutalisant d’un réveil inutile. La Lahmiane pensait avoir bien cerné le comportement éperdu de Dokhara ; une folie forcenée qui n’avait pas d’autre visée que d’éconduire une faiblesse, un abattement, une affliction qu’elle ne parvenait pas à maîtriser. La tirer de son sommeil reviendrait à la ramener sur les rails incertains de ses émotions, à la rejeter sur les voies méandreuses de cette réalité qu’il était bon, parfois, de quitter. Peut-être même, se disait Lucretia, que le potentiel cauchemar que vivait sa compagne valait bien mieux que toute la géhenne qu’elle avait pu connaître pour lui parvenir dans un tel état.

La maîtresse de Bratian cilla, et dans cet unique geste s’égrena un millier de secondes conjuguées à tout autant de minutes ; une journée venait de se passer. Elle n’avait pas prêté attention à la route, qu’elle avait observée avec un détachement des plus stoïques, sans rien retenir. Elle sortait à l’instant de sa torpeur, de son immobilisme, et se rendait compte, en l’absence de tout danger, qu’elle n’avait rien mémorisé du voyage. Celui-ci s’était assurément déroulé dans un calme plat, sans rien à noter. Aussi lisse qu’une feuille sous la pluie, aussi inattrapable que le vent, aussi banal que le cahot incessant du carrosse… Qui s’était justement interrompu.

Lucretia tiqua de nouveau. Voilà donc l’objet de son réveil. Le martèlement des chevaux ne se faisait plus entendre, le véhicule ne bringuebalait plus dans tous les sens, et le paysage avait cessé de défiler. Avait-on établi quelque pause sans son accord ?

« Madame, il serait bon de faire un arrêt ; la nuit ne va pas tarder à tomber, et une auberge se dresse juste devant nous. »

La voix du cocher avait traversé le bois de la cabine et s’était faufilée jusqu’auprès de Lucretia, qui hocha de la tête avant de donner son approbation. Ainsi donc, la nuit allait renaître après le jour, un jour qu’elle n’avait pas vu passer, tout enfermée qu’elle avait été dans la langueur et l’ennui que conféraient d’ordinaire les longs trajets. Si elle n’avait véritablement besoin de se reposer, il n’en allait sûrement pas de même pour la totalité de ses hommes.

Ladite auberge faisait pâle figure dans la pénombre. Une silhouette boisée décharnée, trapue, qui n’inspirait ni confiance ni robustesse. Plus qu’un relais, l’on eût dit un repaire de malfrats que ses occupants avaient déserté à la va-vite, et, pour cause, l’endroit était désert. Ou presque ; seule sa tenancière, une vieille mégère avachie, aux épaules et au dos voûtés par le poids des années, somnolait derrière le comptoir, et ce ne fut qu’avec un moment de retard qu’elle vit débouler dans la grande salle une dizaine d’hommes en arme escortant une femme hommasse d’un lignage bien différent du sien. Elle ouvrit grand les yeux de surprise, hoqueta, crachota, et leur souhaita à tous la bienvenue d’une voix chevrotante après s’être reforgé une armure aussi sèche qu’austère.

La Lahmiane habillée en homme, après s’être impatronisée de la sorte dans l’établissement pour jauger de sa qualité, quelquefois que, eu égard à l’aspect extérieur de la bicoque, l’habit ne fît pas le moine, laissa Marcus, le capitaine de la garde, marchander leur droit d’hospitalité, et s’en alla quérir Dokhara. Si celle-ci n’arborait plus véritablement les blessures de cet étrange petit jeu qu’elles avaient mené, le sang, lui, n’avait pu être lavé, et la peau opaline de la baronne s’en retrouvait toute maculée. Et que dire de sa vêture, déchirée, tranchée, souillée, qui, de piètre facture déjà, achevait presque de la transformer en fille de mauvaise vie. La Lahmiane s’en occuperait ; pas question que des regards lubriques ne se posassent sur ces blancheurs dénudées, ou qu’une autre personne qu’elle ne la portât à l’étage. Alors, la prenant dans ses bras, elle la sortit du carrosse, et lui fit traverser la grande salle, sous le regard étonnamment gêné des hommes qui feignirent de ne rien voir. Observant un tel spectacle, la tenancière, elle, ne détourna nullement les yeux, et ce tableau-là, entre beautés parfaites, peau découverte, tissu déchiré, et quantité de sang, manqua tout juste de briser son armure poussiéreuse de vieille femme lassée par la vie.

Parvenue en haut, sachant d’ores et déjà qu’une chambrée leur serait réservée, elle déposa Dokhara dans la plus grande, sur un lit miteux, à l’image du bâtiment. Cela suffirait toutefois pour une nuit. Elle redescendit au rez-de-chaussée.

« Un puits, il y a-t-il un puits, céans même ? Que l’on me tire un peu d’eau, et qu’on me l’amène à l’étage, devant la porte de ma chambre. »
La jeune femme avait lancé cela à la ronde, et l’ordre concernait aussi bien la vieille aubergiste que ses soldats. Assurément que, au bout d’un certain temps, l’eau vint à elle dans un seau.

Lui faisant franchir le parvis de sa chambre, elle le plaça à côté du lit, et entreprit, après l’avoir déshabillée, de laver Dokhara de tout ce sang séché qui lui collait à la peau. L’œuvre prit son temps, dans la patience et l’application, veillant à ne pas brusquer celle qu’une morsure vampirique avait encore et toujours plongée dans un profond sommeil. Certes, pour sa propre personne, Lucretia aurait fait venir Esla, sa dame d’atours qui voyageait en sa compagnie. Mais, une fois de plus, en ce qui concernait sa comparse, elle veillait à se charger seule de ce qui se reportait à Dokhara. Et ce fut sans compter certains fantasmes qui se glissèrent sournoisement dans l’esprit de la vampire. Une fois de plus, et comme toujours, elle avait l’ascendant sur sa compagne, qui s’était volontairement soumise à son étreinte. Les piques, les remarques, et les comportements vindicateurs n’avaient été que de l’esbroufe ou de vaines tentatives afin de provoquer une réaction qui n’avait jamais eu lieu. Le simple fait de la dévêtir sans qu’elle ne pût réagir, pour de bon, suffit à titiller la Lahmiane. Sa nudité était un affront, une exhortation, qui l’aiguillonnait, l’ahortait afin de la consommer. Et que dire de ce ventre qui se soulevait et s’abaissait à chaque respiration, à cette poitrine découverte de tout tissu dont le froid et les gouttelettes éparses, qui s’écoulaient çà et là avec lascivité, venaient hérisser une délicieuse chair de poule –entre autres- sur une peau opaline. Si le cœur de Lucretia avait toujours battu, nul doute que son rythme cardiaque se serait dangereusement accéléré, prêt à la faire céder. Mais elle tenait bon ; si elle avait fait preuve d’un magistral stoïcisme face à Dokhara, alors ce n’était pas pour s’abandonner à ses premières pulsions une fois sa cible endormie, fourbement, à son insu. Peut-être même que ses exactions, à l’encontre de son amante, auraient été pires encore, laissant des traces qu’elle n’aurait pu véritablement guérir. Et avec le lendemain viendraient les sous-entendus évidents, les regards aussi interrogateurs que, certainement, victorieux. Faire la fière en vis-à-vis, dans le carrosse, que pour mieux perdre la face une fois le rideau tombé, laissant dans son sillage des preuves accablantes d’une perte de contrôle qu’elle avait toujours réfuté. Voilà qui n’arriverait pas. Aussi se contenta-t-elle de laisser traîner avec légèreté et ses doigts et ses songes après le passage d’un savon glissant sur une peau contre laquelle elle se serait bien pressée, puis de la sécher d’une serviette, à la va-vite, afin de s’épargner pareille géhenne.

Finalement, une fois les ablutions terminées, elle l’allongea confortablement dans le lit et rabattit les couvertures sur son corps, la gardant au chaud. Puis, aidée par sa camérière qu’elle avait fait appeler, se dévêtit à son tour, s’étendit aux côtés de la jeune femme, et se plongea dans le même immobilisme stupéfiant qui l’avait engloutie durant le voyage, presque bercée par la respiration régulière de Dokhara.

Les heures s’égrainèrent lentement, et l’aube ne tarda pas à poindre le bout de son nez, éveillant avec elle le gazouillis incessant des oiseaux. Définitivement remise en forme, et voyant Dokhara qui dormait toujours, Lucretia fit appel à Elsa pour s’habiller.

Eu égard à sa nature, la baronne de Bratian faisait fi du froid, d’autant plus que sa vêture de la veille l’avait emmitouflée de tissus chauds et épais. Pour autant, elle avait été à même que de percevoir les différents frissons qui avaient agité les corps de ses gardes et, plus ostensible encore, la buée qui s’échappait d’entre leurs lèvres à la moindre expiration. Le froid sévissait au-dehors, et s’atourner avec légèreté comme à l’ordinaire, sans jamais manifester le plus petit signe de gêne, ne manquerait pas de faire froncer les sourcils des esprits les plus alertes. Pour autant, il n’était pas question que de s’hommasser une fois de plus ; pas de complot à fomenter, pas d’enlèvement à effectuer, et Lucretia était désormais libre, après avoir ravi Dokhara, de se montrer telle qu’elle l’était véritablement. Le choix ne défléchirait pas de ses habitudes ; une robe échancrée, tape à l’œil, provocante et totalement hors de coût, à tel point qu’elle valait assurément le prix du lopin de terre ci-présent, auberge comprise. Elle se devait de s’affirmer en tant que baronne, de se parer de sa féminie usuelle, et de comparaître devant Dokhara comme celle-ci l’avait vue pour la première fois. Même si elle ne nécessitait pas forcément la totalité de ses artifices pour la faire flancher et lui faire monter à la tête toute pensée fantasmagorique, Lucretia se préférait bien mieux ainsi adonisée.

Elle enfila son corset, demanda à Elsa, qui dormait à côté, de venir lui lacer les liens dans le dos, compressant son corps entre coutils et capitonnages damassés. Le vêtement, après avoir épousé les courbes de sa silhouette jusqu’à l’opprimer, disparu derrière une robe tout en jupons démultipliés, dentelles soyeuses, et gorge dénudée. La maîtresse de Bratian laissa alors ses instructions concernant l’endormie enfouie sous les couvertures.

« Si la damoiselle Dokhara de Soya nécessite ton aide pour se vêtir, n’hésite pas à agir comme tu le fais avec moi, en la traitant avec tous les égards qu’il se doit. Et pour la conseiller, également ; elle a beaucoup de mal avec les couleurs, la pauvre enfant. Tu peux librement piocher dans mes affaires pour cela. »

Lucretia s’éloigna de quelques pas, bien décidée à quitter la pièce pour rejoindre la grande salle, avant de subitement se raviser. Un petit sourire moqueur vint se pendre sur ses lèvres, et elle fit aussitôt volte-face dans une expression des plus cauteleuses. Elsa se posa bien des questions.

« Oh, non, en fait, tu lui donneras… »

Et la Lahmiane se mit à farfouiller dans ses affaires et ses bagages, dépliant les robes pour les observer de haut en bas, les tenant à bras tendus devant elle. Plusieurs de ces vêtements connurent le même sort avant qu’elle ne trouvât enfin l’objet de son bonheur.

«…cette robe. Et cela, également », fit-elle en lui tendant l’habit ainsi qu’une poignée de divers vieux chiffons. A n’en pas douter, la vampire rayonnait d’une matoise mesquinerie. Elle tourna définitivement les talons, laissant sa dame d’atours plantée là.




***




Elsa retourna dans sa chambre, mitoyenne à celle de sa maîtresse. Celle-ci l’avait placée dans cette pièce ; l’endroit était certes plus étroit, plus exigu, mais sa proximité avec Lucretia lui permettait d’accourir sitôt qu’elle se faisait appeler. Et, quand bien même ne l’avait-on pas mandée, cette fois-ci, il ne lui fallut pas longtemps pour être dérangée de nouveau.

Les cloisons étant ce qu’elles étaient, une activité perça au travers du bois, légère, mais assez soutenue pour comprendre que la damoiselle Dokhara venait certainement de se lever. Les dires de madame étaient l’on ne pouvait plus clair ; Esla devait la seconder comme si elle avait été Lucretia en personne. Aussi, après quelques instants, toqua-t-elle à la porte.

Si l’on tarda à lui indiquer qu’elle pouvait librement rentrer, elle ne s’en formalisa aucunement ; Dokhara n’était certainement pas au courant, et pouvait déjà s’imaginer quelques gardes pénétrant dans sa chambrée alors qu’elle sortait tout juste du lit. Voilà qui n’aurait guère été seyant. Toutefois, lorsque la dame d’atours entra dans la pièce pour découvrir une baronne raide comme un piquet, quoiqu’assise sur le lit, et bien plus écarlate qu’elle n’aurait jamais dû l’être, elle se posa quelques questions. Et sûrement plus encore lorsque, en balayant rapidement le tableau, elle s’aperçut tout aussi vite que les bijoux étaient en pagaille. Aussitôt, son regard se fit sceptique, circonspect à l’encontre de cette jeune femme que Madame avait curieusement prise sous son aile. Une voleuse, peut-être ? Pourtant, elle l’avait déjà vue lors de la Taladélégation ; Lucretia l’avait invitée dans le manoir, et la perte d’aucun objet n’avait été à déplorer. Il était possible, toutefois, que, à cette époque-là, l’intruse n’avait su mettre la main sur le coffret à bijoux. Elle fit un pas dans la chambre. Madame n’était pas de celles que l’on engeigne aisément, mais elle ne manquerait pas de lui toucher deux mots quant à la suspicion soudaine qu’elle ressentait pour Dokhara. Aussi se présenta-t-elle malgré tout, comme si de rien n’était, avec cette manière douce mais effacée qu’emprunte d’ordinaire le service ancillaire.

La baronne de Soya tança alors Madame sur sa façon de se vêtir ; ses robes demeuraient pour le moins dévergondées. Et Elsa, perdant toute sa timidité, ne put qu’opiner du chef, ès qualités de mère quadragénaire de bonne famille.

« Ah ! Mais je ne cesse de le lui dire, mais que voulez-vous ! Elle n’en fait qu’à sa tête, cette enfant ! N’a-t-on jamais vu baronne si… Si outrecuidante ?! »

Il n’en fallait pas davantage pour lancer la camérière dans sa tâche, et si le silence qui s’installa alors se révéla quelque peu gênant, Elsa n’en fit peu de cas. Elle effectua son office, tournoyant çà et là autour de Dokhara, ajustant son corset, ses manches, sa chevelure, son port, et son maquillage. Vint le moment véritablement importun, et la domestique comprit, avec un temps de retard, le pourquoi de l’air si amusé et cynique de sa maîtresse. Effectivement ; la robe qu’elle avait choisie pour sa partenaire s’avérait fort généreuse au niveau d’un décolleté que l’actuelle porteuse ne remplissait pas véritablement.

Mine gênée, regard hésitant, attitude passive, faisant planer le doute. Vocifération, explications malaisées, toussotements de circonstance, et, une expression toujours aussi embarrassée, Elsa vint délacer le corsage que pour mieux le remplir de ces chiffons qui lui avaient été confiés.
La suite se déroula sans anicroche, quoique l’atmosphère semblait s’être refroidie, eu égard à la plaisanterie de Lucretia, qui planait sur les épaules d’Elsa comme sur celles de Dokhara. Mais le travail, là encore, fut accompli, la domestique veillant au soin apporté sur sa nouvelle cliente. Robe, cheveux, châle, bijoux ; tout y passa, et le résultat, en fin de compte, valait bien le coup d’œil. Le sourire de la baronne, lorsqu’elle s’aperçut dans le miroir que lui tendait Elsa, fut communicatif, et cette dernière ne put s’empêcher d’adopter un air tout aussi enjoué. Elle n’avait toutefois pas oublié ce curieux petit épisode des bijoux mis sens dessus dessous.



***



Lorsque Lucretia était redescendue dans la grande salle, avec sa robe d’orfroi recouverte d’un manteau d’hermine qu’elle avait laissé ouvert, la vieille tenancière, qui avait pourtant dû voir passer toute sorte de clients dans sa vie, manqua de défaillir. Là où, la veille, elle avait déjà noté un petit quelque chose à propos de cette femme-là, odieusement habillée comme un garçon, mais noble jusqu’au bout des ongles, le tableau qu’elle eut sous les yeux confirma l’intégralité de ses doutes. Elle en perdit pour de bon ses airs revêches de mégère aigrie par la vie, et s’exécuta tout de suite après avoir reçu commande d’un petit déjeuner. Une tasse de lait, du pain et du beurre furent servis et apportés à la table de Lucretia, qui s’était déjà penchée sur une carte descendue pour l’occasion. Il lui fallait étudier ses prochains trajets ; la capture de Dokhara, ainsi que d’autres évènements récents, lui avait fait douter de ses plans futurs. Il restait nombre de détails à organiser, de questions à se poser, et de choix à prendre.

Elsa déboula alors dans la grande salle, venant se hisser à la hauteur de sa maîtresse pour lui murmurer quelques mots à l’oreille, et la baronne de Bratian ne manqua pas de hausser un sourcil étonné. Ce que lui racontait sa camérière la tarabustait au plus haut point. Et pourtant, Dokhara ne se retrouvait-elle pas dans une situation compliquée, quoique Lucretia ignorât encore véritablement de quoi il s’agissait ? La triste mine que sa consoeur avait arborée tout du long, ainsi que ce sentiment latent d’abandon, justifiait-elle l’acte que venait de lui citer Elsa ? Elle fit la moue. La domestique, ayant accompli sa mission, remonta l’escalier, cédant sa place quelques minutes plus tard à une Dokhara nouvellement habillée.

Il ne fallut qu’un seul et unique regard à Lucretia pour se rendre compte de la dimension de ce changement. Elle qui ne voulait lui concéder qu’un rapide coup d’œil avant de se focaliser de nouveau sur la carte échoua dans ce simple objectif. Son visage demeura une seconde trop longtemps en direction de Dokhara, avant de feindre de se replonger dans ses calculs. Elle lâcha tout de même ;

« Alors, fini de faire joujou ? Un tracé du doigt entre deux points, une estimation temporelle, avant de terminer son sous-entendu. Parce que je compte bien récupérer la totalité de mes afféteries. Bijoux compris. »

La Lahmiane releva alors les yeux, prêts à fixer Dokhara d’un regard inquisiteur. Mais ce fut le dos de cette dernière qu’elle contempla à la place, et n’eut en vis-à-vis, en vérité, que la vieille tenancière qui, définitivement, n’en menait pas large. C’était trop pour elle, semblait-il. Une garçonne qui pénètre dans son auberge en portant une morte débraillée, et, le lendemain, les voilà sublimées, magnifiées, changées comme jamais n’avait-elle pu voir de transformation si réussie. De nouvelles personnes, de nouveaux êtres, de nouvelles femmes, mais, surtout, des nobles totalement au-delà de son lignage. Elle tremblait comme une feuille en face d’une Dokhara métamorphosée.

L’ouïe précise et affûtée de la vampire put toutefois capter un échange aussi rapide qu’étrange ; la tenancière connaissait le prénom et patronyme de la baronne de Soya. Pourtant, Lucretia elle-même n’avait pas décliné son identité, si ce n’était à Elsa, et cette première doutait fort que celle-ci l’eût déjà répété. Se pouvait-il qu’un membre de sa garde l’eût entendue, et l’eût déclamé au hasard d’une conversation ? Peut-être. Mais la vieille femme ne semblait pas sûre d’elle-même, au même titre que Dokhara, qui parut hésiter et prendre un léger temps avant de répondre, incertaine du pourquoi de la question. Tout autant compréhensible.

Lucretia trempa ses lèvres dans sa tasse de lait, bien décidée à espionner ces étrangetés. Et n’en fut que plus surprise encore lorsqu’elle entendit que son amante bénéficiait des largesses d’un admirateur des plus collants. Comment diable avait-il pu connaître la position de la jeune femme pour réussir à lui faire parvenir un coffret ? Elle reposa sa tasse dans une grimace agacée ; ce lait n’avait aucun goût, tout occupée qu’elle était à essayer de répondre à ce flot de questions qui se posaient soudainement. La Lahmiane tenta un petit coup d’œil par-dessus son épaule, que pour s’apercevoir que le dos de Dokhara lui masquait le contenu du coffret, qu’elle était justement en train d’ouvrir. Là encore, nombre d’interrogations fusèrent dans l’esprit de Lucretia ; devait-elle attendre, devait-elle s’approcher l’air de rien, devait-elle, carrément, lui demander de quoi s’agissait-il ? D’un ton doux, nuancé, autoritaire ? Fichu entregent. Fichue fierté, qui l’empêchait de s’abaisser à lui poser la question. Elle en avait conscience, tout autant que Dokhara qui ne connaissait que trop le caractère de la baronne de Bratian ; cette dernière en était persuadée. Et assurément, sa captive devait prendre un malin plaisir à demeurer dans l’ombre, sans lever le voile sur cette mystérieuse affaire. En lui dissimulant de manière délibérée l’objet de sa curiosité. L’ego de Lucretia arrangeait bien, subitement, Dokhara, pour une fois. La vampire n’en tira que des cliquètements métalliques et des froissements de vélin que l’on déroula. Elle prit son mal en patience, cette carte et ce lait ne parvenant définitivement plus à captiver son attention. Et la baronne de Soya vint s’asseoir en face d’elle, amenant ce curieux coffret, la saluant au passage.

« La bonne journée à vous, très chère… »

Lucretia la mira sans gêne, de haut en bas, tandis que Dokhara plaisantait sur la qualité de l’établissement tout comme sur celle de ses clients ordinaires. Oui, la tenancière y était assurément pour quelque chose, ainsi que son comportement.

« Vous m’en direz tant. Et pour cause, quel gratin formons-nous ! Surtout vous, à vrai dire, en l’occurrence. Ah, lorsque je vous vois ainsi, je me flatte et conçois bien naturellement que je possède de bons goûts vestimentaires. J’ai le génie esthétique. Vous êtes… Magnifique. »

Si la Lahmiane ne s’était pas fait prier pour se jeter de manière volontaire tout un paquet de fleurs, en souriant d’un petit air espiègle, le dernier compliment avait été prononcé sur un ton beaucoup plus sincère, beaucoup plus franc. Et il s’agissait là de la vérité même.
Dokhara était somme toute resplendissante. A des années-lumière de la jeune femme sale et droguée qu’elle avait incarnée la veille en franchissant le parvis de l’auberge, dans les bras de Lucretia. Et cela quand bien même cette dernière s’était moquée de sa compagne, à sa façon, en lui confiant une robe qu’elle ne pouvait pourvoir comme il se fallait, que quelques artifices étaient parvenus à sublimer. Si ce n’était ce menu détail, dont elle s’était affranchie, elle rayonnait d’une grâce et d’une prestance retrouvées. La robe, aidée par le corset qu’elle lui avait laissé, épousait parfaitement son corps, rendant à sa personne un certain aspect doux et fragile que les vicissitudes de la route avaient jusque-là gommé. Une joliesse éclatante, une ingénuité exacerbée qui, pourtant, se disloquait sitôt que l’on portait un regard sur les coupes de son accoutrement. Un décolleté prodigieux, dans lequel se perdraient de nombreuses œillades. Une légèreté vestimentaire qui ne tarderait pas à centraliser toute l’attention, les rumeurs et les ragots que l’on s’échangerait.

« Je crois que je vais devoir surveiller mes hommes de manière plus précautionneuse… murmura-t-elle, davantage pour elle-même que pour Dokhara. Hors de question que… Elle chassa la suite de ses paroles d’un revers de la main agacé, comme si Lucretia venait de se rendre compte qu’elle avait songé à haute voix.

Difficile, par la suite, de déterminer avec précision si la baronne de Soya se payait sa tête ou non en la complimentant sur la soirée qu’elles avaient passée toutes les deux. Soirée au cours de laquelle la Lahmiane avait ravi sa consœur avant de s’engager dans une lutte acharnée pour la conquête d’un sang-froid face à différentes épreuves imposées par son amante. Lutte qu’elle avait plutôt remportée, comme toujours.

Mais ce fut la suite qui ne manqua pas de la surprendre. Dokhara se lança dans une grande tirade afin d’expliciter ses choix de vie, ses ambitions et ses projets. Et ceux-ci s’avérèrent des plus étonnants, des plus déboussolants, pour toute une série de facteurs et de raisons qu’avait pu connaître Lucretia. La voilà qui, entre deux bouchées de son repas, s’épancha sur son besoin de liberté, sur les amis qu’elle avait perdus, sur de nouveaux alliés qu’elle s’était faits dans des guildes marchandes, et sur cette foucade que de partir pour l’Inja, une des contrées les plus reculées au monde. Lucretia la laissa parler tout du long, bien droite, affichant une patiente neutralité uniquement trahie par un sourcil relevé, interrogateur.

Dokhara souhaitait si fait tout abandonner dans l’Empire pour se lancer à corps perdu dans une aventure incertaine et pour le moins dangereuse, ne jugeant plus que par le prisme d’une liberté exacerbée. Une tribulation commerciale, entre épices, médicaments, œuvres d’art et armes, issue d’une diplomatie dont elle ne connaissait sûrement pas grand-chose. Mais que diable comportait donc ce coffret pour lui avoir ainsi fait tourner la tête ? Et son discours ne fut jamais autant empli de félicité et de bonheur, de conviction et d’assurance, que lorsqu’elle déclara que le dernier navire à destination de ce pays situé à l’autre bout du monde avait coulé dans des circonstances inexpliquées. Vraiment ?

Petite pause bienvenue, le temps pour la Lahmiane d’assimiler toutes ces informations et, surtout, de les étudier afin de pouvoir s’en servir au mieux, de comprendre les tenants et aboutissants de cette soudaine lubie. Difficile, là encore, d’afficher une certaine nonchalance, mais la baronne y parvint peu ou prou. A Dokhara, désormais, de répondre à une autre série de questions que Lucretia avait posées la veille.

Réprimant une petite grimace, la vampire acquiesça. Oui, elle ne se souvenait que trop bien de la prêtresse et, oui, elle n’était pas sans savoir que sa vis-à-vis avait eu une certaine liaison avec la dénommée Ingrid. La relation s'était forlongée un moment durant, notamment au travers de la Taladélégation, mais s’était estompée avec le temps, lorsqu’une distance trop importante avait séparé les deux amantes. L’amour que vouait Ingrid pour Dokhara était demeuré intact, en fidèle élue de Rhya qu’elle était, mais celui que lui portait la baronne de Soya, au contraire, n’avait fait que s’amenuiser. Etait alors venu un temps où les choses devaient être dites, de vive voix plutôt que piteusement couchées par écrit. Dokhara avait alors mis un terme à leur relation, se rendant sur place ; telle était la raison de son dernier voyage. En fin de compte, maintenant que Lucretia lui était revenue, elle se confortait dans son choix ; elle avait opté pour la Lahmiane, pour de bon. Des mains douces et assurées vinrent s’emparer de celles de Lucretia, qui darda un œil perçant sur sa consœur.

« Je ne vous connaissais pas si sensible, damoiselle. Je gage que vous avez additionné les relations en tout genre, multiplié les ruptures insolites, et, pourtant, vous m’êtes apparue en bien piteux état. Accablée de chagrin, abattue par la vie, avec cette désinvolture suicidaire qu’adoptent ceux qui n’ont plus rien à perdre, sans respect pour votre âme, sans devenir ni projets… »

Lucretia se fendit d’un petit sourire cauteleux, mirant la baronne et son expression. Elle qui était si vive d’esprit, si apte à la parole, si prompte à plaisanter et à se lancer dans n’importe quelle aventure pourvu qu’elle se désennuyât, à l’instar de Lucretia elle-même, avait été anéantie par une relation comme elle en avait connu des dizaines.

« Vous deviez vraiment l’aimer pour avoir été si profondément laminée dans votre chair comme dans votre cœur… avant de revenir vers moi comme si de rien n’était, lorsque je vous suis apparue. »

L’ironie de la Lahmiane était mordante et palpable ; connaissant que trop Dokhara, elle ne croyait pas véritablement à ces paroles et ces artifices qui venaient de lui être jetés au visage. En revanche, pour ce qui était du voyage en Inja… La vélocité avec laquelle sa compagne avait fait volte-face et s’était trouvé une nouvelle occupation saisissait Lucretia tout autant qu’elle l’interpellait. Là encore, elle avait du mal à croire que son otage présumée fût tout à fait sérieuse. L’on eût plutôt dit une lubie qui s’était greffée dans un cerveau affaibli par une puissante fièvre sans toutefois ressentir les effets de la torpeur et de la fatigue. Des envies diverses lui traversaient l’esprit ; elle les choisissait à la volée, avec simplicité, sans y réfléchir plus que cela. Encore que les arguments concernant la guilde des marchands et les échauffourées économiques en Altdorf demeurassent plausibles. Quelle mouche l’avait donc piquée ? Enfin, au vu des derniers et récents évènements, Lucretia avait sa petite opinion sur le sujet, mais comment se pouvait-il que Dokhara s’en trouvât concernée ? Elle secoua la tête, incertaine.

« Ce voyage en Inja… Je… »

Lucretia en avait presque du mal à rassembler ses idées, ce qui l’agaça plus ou moins, dans ce cadre qui n’était aucunement formel et lui permettait toutes les incartades. Elle tapa légèrement du plat de la main sur la table, perdant quelque peu patience, tout en branlant plus fortement encore du chef.

« Ce n’est pas quelque chose à prendre à la légère. Et cela semble sortir de nulle part. Un voyage aux confins du monde, vraiment ? Alors que la veille encore, vous étiez au bout de votre vie, sous prétexte d’avoir dit adieu à Ingrid. Elle leva les yeux au ciel. Soit. Et là, tout feu tout flamme, vous organisez dès à présent le plus long trajet de votre existence… Et du mien, par la même occasion. En étant soudainement au courant d’évènements qui –dans l’instant- nous dépassent. Par les dieux, qu’il y a-t-il dans cette boîte pour vous retourner ainsi l’esprit ? Car n’allez pas me faire croire que, toute déboussolée que vous ayez été, vous aviez déjà conclu je ne sais quel contrat avec une guilde marchande et que celle-ci vous a envoyé un messager, lequel nous aura suivies à la trace, sans que je le sache, jusqu’à vous poursuivre et vous trouver pendant un enlèvement. »

Lucretia défléchit son regard pour vérifier les occupations de la tenancière. Evoquer tant de mystères jusqu’à énoncer un enlèvement n’était assurément pas des plus prudents, mais la vieille femme, fort heureusement, ne souhaitant pas frayer davantage avec ces deux étranges femmes qui n’étaient aucunement de son rang, s’était retranchée dans l’arrière-boutique. La Lahmiane revint sur Dokhara.

« Je comprends votre passade. Cette envie de vous évader, d’échapper à ces devoirs qui nous lient et nous séquestres, nobles de l’Empire que nous incarnons. Vivre une vie de pèlerin est attrayant ; l’aventure est alléchante, séduisante… Et je serais presque encline à vous suivre, mais enfin ! J’ai un manoir, des terres, un village à gérer, sans compter quelques ambitions par-ci par-là sur lesquelles il faudrait que je travaille, plutôt que de rêvasser et me complaire dans ce que j’ai déjà jusqu’à me lasser. Là encore, je vous trouve bien prompte à vous engager dans une expédition dont la seule mention n’est pas autre qu’un navire qui y a fait naufrage, sans explication possible. »

Pour la énième fois, Lucretia secoua la tête, jetant de nouveau un coup d’œil en direction de l’arrière-boutique où s’affairait l’aubergiste.

« C’est bien la dernière fois que je vous mords », grommela-t-elle dans sa barbe.

Ce fut ce moment que choisirent quelques hommes de sa garde pour pénétrer dans la grande salle. Certains s’étaient tout juste levés lorsque d’autres, réveillés aux aurores, s’étaient mis en tête de vérifier le carrosse et l’équipement, et venaient de l’extérieur. Le brouhaha et les conversations s’interrompirent brusquement en voyant les deux femmes, apparemment lancées dans un grand débat qui les dépassait possiblement. Mais peut-être que le nouvel aspect de Dokhara y était pour quelque chose, et nombre de regards, comme l’avait deviné Lucretia, lorgnèrent çà et là du côté de la « prisonnière ». Ce qui eut pour mérite de faire naître un petit sourire sur le visage de la Lahmiane et de la calmer quelque peu.

« Madame, tout est prêt, lui annonça Hans, le cocher. Nous mettons-nous bientôt en route, comme convenu ? »

L’intéressée soupira ; l’intervention de Hans, semblait-il, n’avait pas d’autre visée que de lui forcer la main, la contraindre à lui faire prendre une importante décision sur le moment.

« …Mmh… Attendez voir. Laissez-nous pour le moment », fit-elle en réitérant ce petit geste de la dextre qu’elle avait eu tout à l’heure.
Les hommes, y compris ceux qui n’avaient pas mangé, quittèrent la grande salle en laissant traîner une dernière fois sur un petit déjeuner qui eût été bienvenu. Ou ailleurs.

« Admettons que vous désirez véritablement vous rendre là-bas… Quel serait votre dessein, votre trajet ? lui demanda Lucretia en s’asseyant à côté de Dokhara de manière à avoir les plans, qu’elle venait de recentrer sur la table, en face d’elles.
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Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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Dokhara de Soya
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Re: Une offre impossible à refuser [Dokhara & Lucretia].

Message par Dokhara de Soya »

Dokhara n'avait pas pu réprimer quelques sourires enchantés au début de la conversation, lorsque Lucrétia lui témoigna par deux fois de l'effet que lui faisait son accoutrement actuel. Quand bien même le doute subsistait quant à la part d'égocentrisme dans ces remarques - ne la trouvait-elle pas magnifique précisément parce qu'ainsi vêtue, elle lui ressemblait ? - cela ne changeait rien à l'existence même de ce relâchement dans l'attitude si hautaine de la vampire. De par son immortalité, elle avait déjà du voir bien des humaines ; et savoir que malgré cette expérience, elle avait été affectée par sa beauté ne pouvait que mettre de bonne humeur la jeune de Soya.

Une bonne humeur qui s'effrita néanmoins lorsque sa consœur lui répondit d'un sarcasme bien senti au sujet d'Ingrid. Que Dokhara le veuille ou non, ce sujet-ci était encore bien sensible, et l'aborder ne lui plaisait guère. Elle aurait du se contenir, se comporter en vraie baronne, mais l'émotion fut plus rapide que la raison.

- Je ne sais pour quel type de femme vous me prenez baronne Von Shwitzerhaüm, et je mettrais votre remarque sur le compte de la perte de votre humanité, et de quelques notions sentimentales qui y étaient rattachées.

Non. C'était trop agressif. Elle ne savait rien de ce que ressentait encore la vampire, malgré les discussions déjà partagées sur le sujet avec l'intéressée. Le ton de Lucrétia méritait réponse acerbe, mais pas comme ça.

- Mais admettons que je n'ai peut-être pas donné la meilleure image de moi-même lorsque vous m'avez connue à la Taladélégation. Aussi détrompez-vous. Ingrid a été la première.

Dokhara aurait pu développer, mais outre le fait que des affaires aussi privées ne concernaient aucunement la vampire, c'était également trop douloureux pour elle d'en parler. Elle n'était pas certaine de pouvoir garder toute sa prestance sur un sujet si sensible.

Elle aurait pu parler d'amour. Expliquer qu'Ingrid lui avait ouvert les yeux et sur sa sexualité, et sa capacité à aimer pour la première fois. Qu'elle représentait une pureté d'esprit que la baronne de Soya aspirait à atteindre. Que l'échec de cette voie l'avait blessée plus profondément qu'aucune dague n'en était capable - plus que la fin d'une relation amoureuse, c'était aussi le mépris d'elle-même qui lui tordait l'estomac. Elle n'avait pas été capable de tendre la main à cette forme de vertu. Elle n'avait pas été capable de sacrifier ses ambitions pour sa rédemption. Et elle chérissait malsainement cette tristesse aujourd'hui, preuve qu'il existait encore en elle, enfouie, le désir d'aimer. La capacité de ressentir quelque chose dont le culte essayait de la priver.

Mais le moment passa, et le sujet du voyage à venir devint leur principale préoccupation. Lucrétia ne s'était apparemment pas attendue à pareille déclaration, semblant particulièrement déstabilisée à la mention de l'improbable voyage que s'apprêtait à faire Dokhara. Laissant à la vampire le temps de rassembler ses pensées, la jeune noble fut enchantée de voir la baronne Von Shwitzerhaüm aborder la possibilité de l'accompagner, malgré quelques contre-arguments.

Voyant l'effervescence soudaine des réflexions de sa consœur, la baronne préféra ne pas intervenir, lui laissant le temps d'exprimer toutes ses préoccupations.
Alors qu'elle était apparue dans la grande salle, Dokhara ressemblait beaucoup à Lucrétia. Mais maintenant que la vampire semblait perdre le contrôle de sa gestuelle et de son ton de voix tandis que ses mots sortaient à la vitesse de ses pensées et de sa curiosité, c'était elle qui désormais lui ressemblait.

Plus tard, elle se félicita de voir sa ravisseuse ainsi congédier ses hommes d'armes après leur interruption ; ainsi donc, elle avait toute l'attention d'une lahmiane aussi perplexe que perdue. Avant de poursuivre, elle vérifia néanmoins que personne ne les écoutait - ni à la porte, ni aux fenêtres, ni derrière le comptoir. Ce contrôle effectué, Dokhara se sentant en position de force s'engouffra dans la faille béante laissée dans les défenses de Lucrétia. Elle se pencha en avant, intimant à sa comparse de faire de même, avant de chuchoter.

- Ainsi donc vous ne m'écoutiez pas, Lucrétia. Croyez-vous que je soliloque pour le plaisir ? Je ne savais pas que les vampires pouvaient eux aussi ne pas être du matin, car je vous ai connue bien plus vive d'esprit. Alors laissez-moi reformuler.

Le ton amusé de Dokhara disparut soudainement, son regard devenant aussi perçant et désapprobateur qu'une mère déçue du comportement de sa fille.

- Une guilde que je n'ai pas nommée, intéressée par l'art, ayant plus d'influence en Altdorf qu'ailleurs, manipule la noblesse de la capitale pour qu'elle rembourse les dettes qu'elle a contracté. Elle a été capable de faire parvenir un message ici, où que ce puisse être. La disparition d'autres atteste du danger mortel, mais je vais le faire même si c'est insensé car je n'ai pas le luxe du choix.

Elle saisit alors le coffret posé à côté d'elle, puis le posa avec force sur la table, faisant trembler le bois sous l'impact. La baronne observa d'un œil mauvais la tenancière éventuellement curieuse du bruit, pour lui conseiller de retourner à son nettoyage. Puis elle ouvrit le coffret afin d'en dévoiler tout le contenu à Lucrétia.

Il y avait là-dedans trois bourses remplies à en faire craquer le cuir de marks d'or, ainsi qu'une autre plus petite, de laquelle s'était échappé un saphir mais qui devait, à son volume, contenir bien d'autres pierres.

Nul besoin de s'inquiéter de l'éventuelle convoitise de Lucrétia - elle avait les capacités de se procurer aisément bien davantage que le contenu, pourtant mirobolant, du petit coffre.

Dokhara referma le coffret avec la même brutalité qu'elle l'avait posé, faisant claquer le bois une nouvelle fois, pour le déposer à nouveau à côté d'elle sur la banquette..

- Mon expédition a d'ores et déjà été financée par mes mécènes. Mais ce sont là mes problèmes et non les vôtres.

Une courte pause.

- Et pourtant...

Elle croisa le regard de Lucrétia, ne pouvant s'empêcher d'admirer au passage la beauté de la vampire. Elle était tellement... elle. Les sentiments de Dokhara à son égard étaient si confus... L'aimait-elle ? La désirait-elle ? La fascinait-elle ? De par son existence contre-nature, c'est comme si les émotions qui y étaient associées eux aussi dépassaient le spectre de celles réservés à l'humanité, comme s'il manquait un niveau de compréhension à Dokhara pour réussir à appréhender ce qui, indubitablement, la liait à la lahmianne.

- Vos ambitions sont à votre image - immortelles. Le temps est votre allié. Vos terres ne vont pas s'évaporer, votre manoir s'écrouler - même une guerre n'a su le détruire entièrement. Et pardonnez-moi si je me donne trop d'importance, mais... ce n'est pas mon cas. Il n'y a qu'une seule Dokhara de Soya, et sa vie sera courte.

A son tour de hausser un sourcil, jaugeant l'expression de Lucrétia.

- De tout le gratin de la délégation, c'est avec moi que vous avez passé la majorité de votre temps. Vous m'avez donné des indices sur votre nature, n'avez cessé de jauger mes réactions, de me tester. Alors que vous nous saviez surveillées par quelque magie, vous avez défié l'autorité en place pour, comme un galant, vous faufiler dans ma chambre par la fenêtre afin que nous profitions l'une de l'autre. Lorsque vous m'avez aperçue en pleurs, vous avez décidé de ne pas m'ignorer mais d'intervenir en revenant dans ma vie.

Dokhara leva son index en l'air, comme pour lui intimer de ne pas répondre immédiatement.

- Je ne vous demande pas d'égratigner votre image en confirmant on infirmant mes propos. Je sais avoir appuyé sur quelque chose de sensible. Je sais qu'il vous sera aisé de vous cacher derrière vos habitudes réconfortantes. Oui, vous n'avez agi que par caprice, par désir de tromper l'ennui. C'eut pu être une autre. Je ne suis qu'une bille plus amusante et colorée que d'autres. Ce statut ne me dérange pas, cela me plait d'être un joyau de votre collection.

Un sourire radieux, véritablement sincère, comme si parler de ce sujet libérait la baronne.

- Mais justement, quand bien même je ne serais que cela... je vois que vous ne vous êtes pas encore lassée de mes jolis reflets. Ma présence ici l'atteste. Alors pourquoi me laisser rouler hors de votre portée sous prétexte que votre sac de billes bien ternes vous attends chez vous ?

Le sourire s'élargit encore, cette fois-ci trahissant non seulement une certaine fierté, mais aussi sa complicité avec la vampire.

- Et d'ailleurs, ce sac de billes ternes ne m'appartiendrait-il pas désormais ? J'ai les papiers attestant que vous m'avez cédé terres et manoirs, villages comme habitants. Cette base à vos soi-disant ambitions, ne me l'aviez vous pas offerte sans ambages, montrant le peu d'intérêt que vous y attachiez ? Alors était-ce un simple caprice, ou bien... m'auriez-vous alors donné les armes pour que je puisse aujourd'hui négocier avec vous ? Intentionnellement, ou inconsciemment...

Un coup d'œil vers les mains de Lucrétia. Dokhara était prise de l'envie de les saisir à nouveau, de rétablir un contact charnel entre elles. Mais elle ne pouvait pas laisser à la vampire la possibilité de reprendre l'ascendant en refusant ce contact - la douceur tactile serait pour la fin des négociations, du moins l'espérait-elle.

- Quoiqu'il en soit, je n'apprécie guère mes actuels propriétaires, et préfèrerait grandement que vous me dérobiez. Métaphore mise de côté, et pour être bien certaine cette fois-ci que vous saisissiez le message dans toute sa portée : Lucretia Von Shwitzerhaüm, je n'ai guère le choix de ma destination, mais s'il doit m'être laissé le droit de désigner mes partenaires de voyage, alors sans aucun besoin de réflexion, c'est vous que je citerais en premier lieu. Et si je dois avoir des dettes, vous incarneriez une créancière que je serais ravie de rembourser...

Laissant une seconde aux sous-entendus de s'installer, Dokhara se pencha ensuite dans la contemplation des cartes qui étaient étalées sur la table et que sa consœur avait tourné dans sa direction pour qu'elle les étudie.

- Alors voyons... Votre demeure étant à l'est de Talabheim, sachant que vous m'avez capturée à une journée au sud de la ville, nous devons nous trouver à quelques heures tout au plus du lieu de votre attaque. Je suppose que vous avez voulu nous emmener en Bratian, donc nous ne devons pas être bien loin de Talabheim. Ma première étape sera donc la ville, afin d'acheter quelques livres pour me documenter sur les us et coutumes de l'Inja. A moins que je ne loue les services d'un professeur ? C'est une mission diplomatique, et il s'agit d'éviter toute erreur due à une différence de culture. Je pourrais étudier pendant le trajet vers Altdorf. La capitale possède la plus grande bibliothèque de l'Empire, c'est donc le lieu le plus pertinent pour compléter ma documentation - et cela me permettrait aussi de passer par chez moi pour préparer l'expédition - en garde robe, vivres, cadeaux, et équipage. Néanmoins, si vous faisiez le choix fou de m'accompagner, sachez que j'ai tant d'alliés que d'ennemis dans le cœur de l'Empire, et que vous pourriez vous mettre en danger en associant votre image à la mienne.

Simple provocation pour l'ego de la lahmianne, quand bien même elle recelait un fond de vérité. En songeant à Lucrétia en Atldorf, l'esprit de Dokhara s'échauffa, perdant le fil de ses explications pendant une poignée de secondes.

Si le messager m'a retrouvé ici, ils doivent d'ores et déjà être au courant pour Lucrétia de toutes manières. Elle n'a pas été bien discrète quant à sa nature pendant la délégation.
Voudront-ils la tuer ? Se doutent-ils de mes intentions ?
Attends une seconde...
S'ils ont choisi d'envoyer un messager ici plutôt que d'attendre mon retour en Altdorf, est-ce parce qu'ils savaient que c'était peut-être aujourd'hui ma seule opportunité de convaincre la vampire de m'accompagner ?
Non, je deviens paranoïaque. Ils ne pouvaient pas prévoir les évènements à ce point. Ils ne le pouvaient pas.
C'est une coïncidence.


Revenant à la réalité, elle vit du coin de l'œil Lucrétia la jauger du regard. Se rendant compte qu'elle avait encore un doigt pointé sur la carte, elle conclut son itinéraire en bafouillant.

- Oui, donc, euh... ensuite, la suite du trajet m'amènera à Marienburg, où un navire affrété en mon nom m'attendra. J'y complèterais éventuellement mon équipage, quand bien même je pensais voyager en petit comité. Quant à la partie maritime, ma foi, je laisse ça au capitaine de mon vaisseau, je n'ai aucune expérience pour parler en la matière.

Un soupir, avant de s'affaler en arrière contre le mur.

- A dire vrai, je n'ai que peu d'expérience de pareilles expéditions en général, et n'ai pas encore décidé de qui m'accompagnerait dans cette entreprise. Depuis la délégation, beaucoup de personnes de confiance m'entourant se sont avérées ne pas être aussi fiables que je le croyais. Ils ont choisi d'autres maitres que moi.

Ruud, Edrik et leur troupe se sont pervertis. Cogneur a quitté leur groupe, parti accomplir son destin. Alda, Rhom, Harold, Gart, et tous les serviteurs n'étaient plus rien d'autres que des esclaves sexuels, pantins drogués et manipulables dédiés au plaisir. J'ai du faire tuer Rolff lorsqu'il a découvert le pot aux roses. Je n'ai plus rien qui m'appartienne, plus personne en qui me fier. Je suis seule.


Elle balaya ces pensées parasites. Elle avait perdu assez de temps à pleurnicher. L'heure n'était plus ni aux doutes, ni aux regrets. Désormais, elle allait contre-attaquer.

- Vous, c'est différent. Oh bien sur, je n'ai pas la naïveté de croire en votre fidélité à mon égard - mais je peux croire en votre force, en votre caractère, et surtout, à l'impossibilité pour quiconque de vous dicter votre conduite. Si vous deviez me trahir, me blesser, me tuer, vous le feriez en votre propre nom, pour votre profit, pour répondre à l'un de vos caprices, mais surement pas par obéissance à des puissances supérieures. Vos pouvoirs, votre nature, votre physique, ce ne sont que des détails face à ce qui fait vraiment palpiter mon cœur en votre présence : votre force de volonté et d'indépendance.

Dokhara rougit sincèrement. Encore une fois, ses mots avaient dépassé ses pensées. Et pourtant elle ne regrettait pas la gêne dans laquelle elle était désormais - car en parlant, elle avait réussi à clarifier le maelstrom d'émotions qui l'emportait dès que la vampire était présente - voilà ce qui la fascinait depuis leur première rencontre. C'était pourtant évident.

Lucrétia représentait l'idéal que la jeune de Soya avait recherché toute sa vie.

La liberté.

- Baronne Lucretia Von Shwitzerhaüm, me feriez-vous l'honneur de céder à un nouveau caprice, aussi déraisonnable qu'absurde, en choisissant de braver l'inconnu à mes côtés dans une improbable expédition vers l'Extrême Orient ?
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 07 janv. 2018, 17:18, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total : 12 xps
Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


Awards \o/
Warfo Award 2018 du meilleur PJ - RP
Warfo Award 2019 du meilleur PJ - Élaboration
Dream Team 2018 et 2019 avec Lucretia Von Shwitzerhaüm
Miss Vieux Monde 2019 et 2020

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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: Une offre impossible à refuser [Dokhara & Lucretia].

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

Ingrid avait été la première. Lucretia ne put s’empêcher de hausser un sourcil interrogateur, une fois de plus. Elle comprenait toutefois mieux ce que sous-entendait Dokhara en s’épanchant légèrement sur ses aventures précédentes. La prêtresse n’avait pas été la seule femme avec laquelle la baronne avait frayé, bien entendu, mais elle représentait, pour sa consœur, sa première véritable relation, consentie, appréciée, aimée. Pas une historiette de pacotille, pas une de ces rencontres fortuites et éphémères ; Dokhara avait souhaité bien davantage qu’un simple échange charnel, bien davantage que deux corps pressés l’un contre l’autre. Il aurait dû en être de même de leurs âmes, partageant une philosophie commune, suivant de concorde une voie incertaine, mais auréolée des lumières célestes et bienfaisantes de Rhya. La Lahmiane haussa des épaules. Eh bien, qu’à cela ne tienne, songea-t-elle pour elle-même, en son for intérieur. En vérité, elle se gargarisait de cet échec. La tristesse et le chagrin latents qui émanaient de l’expression de Dokhara en disaient long sur le ressenti de cette dernière, et un esprit plus sensible eût pu prendre en pitié la jeune femme et cette fausse innocente qu’exprimait la totalité de ses traits. Toutefois, la vampire le prenait au contraire pour une victoire personnelle, avec cynisme et méchanceté. Le malheur des uns faisait le bonheur des autres, disait-on couramment. Ingrid avait donc été la première.

« Eh bien, je serai la dernière », susurra-t-elle dans un sourire mi-figue mi-raisin, sur un ton équivoque. Difficile de déterminer s’il s’agissait là d’un aveu trahissant une certaine faiblesse ou, au contraire, une authenticité déguisée sous l’austère auspice d’une menace à peine dissimulée.

Par la suite, le cours de la discussion dériva sur cet étrange sujet qui concernait la soudaine lubie de Dokhara, et bien des pans d’ombre furent levés sur une vérité qui n’était peut-être pas pour plaire à Lucretia. Voilà que cette dernière essuya une remontrance de la part de sa consœur, sous prétexte qu’elle n’avait pas bien écouté ses paroles. A sa décharge, les explications de la jeune femme avaient été des plus sibyllines, ce qui lui fit grincer des dents, laissant jaillir une impatience agacée. Bien que nombre de réponses lui fussent ainsi apportées, ces révélations engendraient presque tout autant d’arêteuses questions.

« Je vois, et je saisis mieux, désormais, d’où proviennent vos inexplicables foucades du moment. J’aimerais toutefois comprendre ce qu’elles vous veulent. Enfin, pourquoi vous, qui n’êtes, au fond, qu’une simple humaine. Et je refuse d’entendre comme éclaircissements les mêmes raisons qui me poussent à vous trouver une quelconque forme d’intérêt. Trop facile. Tenterait-on de me cibler au travers de votre personne ? Vous êtes certainement plus achetable et vulnérable que je ne le suis. Et l’ultime récompense, au-delà de tout cet or et ces joyaux si… superficiels, je la possède déjà, pour ma part. Reste à savoir si vous la considérez comme telle également. Si vous êtes prête à embrasser cette cause qui, eh bien… changera fondamentalement le sens de votre vie. »

Car, oui, de l’or et des pierres précieuses, voilà qu’elles en détenaient soudainement beaucoup, eu égard au contenu du coffret que Dokhara venait de recevoir. Celle-ci le lui avait montré, avec force ostentation et brutalité, comme si elle voulait démontrer que la boîte à bijoux lui appartenait ou que, peut-être, elle souhaitait faire étalage de sa frustration face à ce commanditaire secret, mystérieux, et invisible. Et certainement même invincible, si l’on pensait à cette « personne » les dirigeant toutes.

Lucretia s’était alors répandue en excuses, problèmes et contre arguments, ne sachant pas elle-même où la conduiraient ses envies comme ses pensées. Cela lui permettait de réfléchir, de poser les choses à plat, tout en testant l’esprit critique et affûté de sa compagne. Et, pourquoi pas, de trouver de soudaines solutions qui l'aideraient à résoudre quelques-uns de leurs soucis. Elle ne fut pas déçue.

Oui, les terres et le domaine de Lucretia demeuraient immarcescibles et inaltérables ; même la guerre, qui avait pourtant sévi dans son village et à ses frontières, n’avait su les détruire. Les bâtiments étaient restés debout, la volonté de ses habitants tout autant, et l’ennemi, qui avait à la fois manœuvré par la fourberie et la force, avait été bouté de Bratian. En outre, comme le disait si bien sa consœur, Lucretia était immortelle, et le temps jouait en sa faveur. Ce qui n’était pas le cas de Dokhara. Les lèvres de la Lahmiane s’ornèrent d’un petit sourire cruel et satisfait.

« Cela, je peux toujours y remédier. Je vous l’ai proposé une fois, je pense être en mesure que de le faire de nouveau. L’argument est d’autant plus facile que vous vous opiniâtrez à refuser ce changement… Que l’on vous imposera sûrement tôt ou tard, eu égard à cette petite mission qui est la vôtre. Alors, peut-être serait-il plus prudent que de damner le pion à vos commanditaires en les prenant de vitesse. Il serait dommage, par ailleurs, que ce soit une autre que moi qui vous accorde ce don éternel, n’est-il pas ? Maintenant que j’y pense, oui, définitivement ; mieux vaut, pour vous, que cela n’arrive pas, ma petite bille préférée. »

Dokhara s’amusait véritablement à lui renvoyer à la figure l’étrange attachement dont la Lahmiane pouvait faire montre à l’égard de cette première, en multipliant les exemples tout en psychanalysant la pensée de Lucretia. Pire encore, la voilà qui l’interdit de répondre en levant un index autoritaire, amenant par avance sur la table les potentielles raisons qui auraient pu excuser l’attitude de la vampire. Celle-ci n’y avait pas tout à fait songé, en ces termes ou autres, mais ce petit exercice et les allures impératrices de sa compagne manquèrent de l’agacer quelque peu, elle qui n’avait pas pour habitude qu’on lui dictât sa conduite. Et pourtant. Dokhara paraissait véritablement se complaire, se présentant comme étant l’objet personnel de la Lahmiane, ni plus, ni moins. Une jeune femme que la vampire pouvait manier et ballotter à l’envi, au gré de ses foucades et de ses lubies parfois déraisonnées. Un récipient sur lequel elle pouvait tout autant se nourrir, une carcasse humaine sur laquelle elle pouvait épancher nombre de ses fantasmes, et un esprit qu’elle pouvait affronter comme bon lui semblait. Elle secoua la tête pour elle-même. Et je suis persuadée que, dans quelques siècles, l’on s’offusquera comme jamais de cette condition-là de la femme.

La baronne de Soya rayonnait d’une joie et d’une complicité indicibles qui partroubla quelque peu sa vis-à-vis. Elle décida, pour se dégager de cela, d’embrayer sur le changement de propriétaire de son domaine. Là encore, Dokhara usait sans vergogne de la générosité de son étrange bienfaitrice.

« Ces terres que je vous ai cédées, je l’ai fait de mon plein gré, alors que je pensai m’étranger dans les Principautés Frontalières et de ne plus jamais revenir dans l’Empire. Je vous savais sans véritable attache, et n’avais jamais considéré plus probante héritière. Toutefois, lorsque je m’en suis retournée par chez moi, je connus grande surprise que de vous voir absente. User ainsi de cet argument contre moi est, là encore, bien trop facile ; vous vous en emparez lorsque cela vous chante, même si le cœur n’y est pas. Quand bien même je ne réfute aucunement la validité et l’authenticité de ces documents, bien évidemment. »

Vint alors le plan des futures pérégrinations dans quelles les deux jeunes femmes allaient se lancer. Le trajet, la route, le voyage, les multiples points de relais…

« Ma foi, je ne sais ce qui me surprendrait le plus ; que vous ayez déjà en tête les différentes étapes, comme si vous vous lanciez volontairement, à corps perdu et tout en joie, dans ces tribulations, ou le génie méthodique de vos employeurs, qui auront déjà pensé à tout de A à Z. Cela dit, s’ils nous ont effectivement réservé les plus beaux hôtels de Talabheim, Altdorf et Marienburg, ainsi que les meilleures escortes pour nous y rendre sans rémora, voilà une offre que je pourrais difficilement refuser. Par ailleurs, avez-vous connaissance de la date d'appareillage du navire, afin de savoir si nous sommes pressées ? Il y a de très beaux opéras que j’aimerais revoir, du côté de la Capitale. Entre autres. »

Joli discours, par la suite, sur la façon de penser de Lucretia vis-à-vis de son indépendance et des choix à effectuer. Voilà qui résumait tout à fait le caractère intrépide voire téméraire de la Lahmiane, tout en représentant un aveu de Dokhara sur ce qui l’inspirait le plus chez son aînée.

« Si je devais vous trahir, vous blesser, ou vous tuer, répéta lentement Lucretia non sans se départir de son éternel petit sourire, comme si elle tentait de s’imprégner des différentes émotions que lui insufflait la mention de ces actes. Je suis d’avis que tout est possible. Que vous avez la liberté de tout accomplir, l'occasion de tout faire. Tout. Il vous faut juste en accepter les conséquences. Alors, pourquoi tant de complications ? La vie est si simple, lâcha-t-elle dans un haussement des épaules presque dédaigneux, comme si l’existence n’était qu’une bête formalité dont il fallait, çà et là, de temps à autre, s’occuper.

Cela n’aida pas pour autant Dokhara à se tirer de cette fâcheuse affaire qui engluait son âme et sa conscience, à s’affranchir de cette quête extraordinaire à laquelle on l’avait liée contre son gré. Non, elle souhaitait ardemment à ce que Lucretia vînt avec elle, peut-être même qu’elle acceptât à lui porter un secours certain. A l’épauler lors de son voyage et de sa mission, à la soutenir, à l’accompagner, à continuer de lui témoigner cet intérêt qu’elle lui portait encore et toujours, à ce qu’il ne se ternît jamais. Petite baronne qui, en dépit de son charme et de sa grâce, avait pourtant été abandonnée par tous, condamnée par la politique et par son père, et qui avait refusé l’un des rares amours que l’on avait osé lui accorder en la personne d’Ingrid. La déclaration ampoulée qu’elle fit à la Lahmiane, afin que celle-ci la suivît, trahissait le doute et l’espoir, la peur et l’excitation.

Lucretia baissa imperceptiblement la tête, laissant s’échapper un long soupir, mesurant le pour et le contre de cette proposition. Puis elle se redressa droitement et se leva que pour mieux aller s’immobiliser dans un recoin de la pièce, s’isolant, pourpensant aux tenants et aboutissants de toute cette fâcheuse affaire. Ses pas, longs et mesurés, la ramenèrent alors dans le dos de Dokhara, sur laquelle elle s’appuya quelque peu. Avec une lenteur calculée, ses paumes entrèrent en contact avec les épaules dénudées de la jeune femme, et ses longs doigts fins vinrent se refermer un à un sur sa peau, affermissant une prise douce et assurée à la fois. Ainsi qu’elle l’avait imaginé, elle perçut comme un léger frisson, quelle que fût l’émotion qui se cachait derrière, courir sur l’échine de sa consœur.

« Soit. J’accepte », lâcha-t-elle soudainement, comme si elle venait de jeter un pavé dans une mare. Mais elle ne desserra pas pour autant sa prise sur Dokhara. Sinueux et calculateurs, quelques-uns de ses doigts se glissèrent dans la chevelure de la jeune femme que pour mieux ranger, maternels, ses mèches folles derrière son oreille. Là, elle s’abaissa, lui glissant au passage :

« Je me satisferais bien d’être votre créancière et, si j’entends et je comprends volontiers vos sous-entendus et les partage quelque peu, ce n’est pas ainsi qu’ira mon paiement. Je réitère ce que j’ai dit tout à l’heure… »

Ses mains se reportèrent une fois de plus sur ses épaules, effleurant le tracé de ses clavicules, se hissant jusqu’à sa gorge, sur laquelle elle appliqua une certaine pression menaçante, possessive, presque meurtrière, avant de revenir à leur position de départ.

« Je détiens déjà votre corps, je possède déjà votre affection et votre amour, susurra-t-elle. Mais j’en veux davantage encore. Je convoite et j’aurai votre âme. Je m’emparerai de votre faiblesse, de cette humanité que vous chérissez tant, pour nombre de raisons qui m’échappent toujours. Et peu me chaut vos commanditaires, cette sororité qui semble vouloir vous mettre le grappin dessus. Quelle que soit la récompense, par-delà tout domaine, joyau ou pouvoir, vous serez ma fille, et celle de personne d’autre. »

Lèvres jusque-là pincées, Lucretia relâcha alors son étreinte, libérant le corps de Dokhara, qui paraissait s’être soudainement tendue. Avec cette nonchalance et ce naturel qui étaient siens, elle vint se rasseoir à ses côtés, faisant face à cet ensemble de plans qui déterminerait le trajet de leur voyage.

« Bien, fit-elle alors comme si de rien n’était, vous n’étiez pas dans le faux, en spéculant sur notre position actuelle. Je voudrais simplement préciser que, plutôt que de passer par la route, autrement plus dangereuse et incertaine, nous louerons une péniche, barge ou que sais-je encore une fois parvenue à Talabheim, et ce afin de descendre le Reik jusque Marienburg en traversant Altdorf. Ce sera assurément plus fluide, plus confortable et plus rapide, quoique peut-être un brin ennuyeux. Mais je gage que nombre de tribulations nous parviendront d’ici là bien assez tôt ; aucune raison pour nous que de chercher sciemment les problèmes. Et puis, cela nous habituera certainement à la vie maritime. Un voyage jusqu’en Inja… Par le ciel, nous en aurons pour des mois. »

La Lahmiane observa sa compagne du coin de l’œil, guettant un signe d’assentiment ou de négation, avant de soudainement se remembrer d’une chose.

« Oh, tenez, j’allais oublier, s’exclama-t-elle en lui présentant une dague. Je sais que mes morsures provoquent chez vous quelques drôles d’effets, parfois, et je ne voulais prendre aucun risque. Je vous la rends, si d’ordinaire vous deviez être en mesure de pouvoir vous défendre… Ou que vous désirez rejouer à un certain jeu, à l’instar de ce qui s’est passé la veille. »

Petit sourire matois, avant de tourner les talons pour s’engager dans la cage d’escalier.

« Hans nous partons bientôt. Marcus, rappelle les hommes ! »
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 07 janv. 2018, 17:20, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total : 12 xps
FOR 16 / END 14 / HAB 17 / CHAR 18 / INT 17 / INI 19* / ATT 17 / PAR 13 / TIR 11 / MAG 17 / NA 4 / PV 134/140
Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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Dokhara de Soya
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Re: Une offre impossible à refuser [Dokhara & Lucretia].

Message par Dokhara de Soya »

« Eh bien, je serai la dernière »

Dokhara appréciait vraiment ces joutes verbales avec la vampire, pleines de sous-entendus et de double sens. Elle-même s'amusait à glisser sans cesse des allusions à des paroles passées, à appuyer certains mots pour faire deviner un sens caché, à profiter des silences pour laisser le temps à sa compère d'imaginer un sous-texte.
Cette affirmation de Lucrétia fit soupirer d'aise la jeune de Soya. Un subtil mélange entre déclaration d'affection et menace de mort - il ne lui en fallait guère davantage pour se sentir comblée.

Mais parfois, l'une comme l'autre se laissait dépasser par ce jeu. A trop idéaliser l'esprit aiguisé de leur consoeur, chacune jouait parfois de trop de mystère pour être vraiment comprise. C'était le risque lors de pareilles conversations, et si Lucrétia n'avait pas perçu les premières insinuations au sujet des commanditaires de Dokhara, cette dernière ne fut guère plus réceptive aux suppositions de la vampire quant à leur nature.
En effet, s'il était clair que celle-ci semblait se fourvoyer sur les organisateurs du voyage en Inja, la fille de Wildred était quant à elle trop occupée à préparer son argumentation pour la convaincre de l'accompagner dans son périple. Aussi ne saisit-elle pas dans l'instant l'identité de celles auxquelles pensait sa consœur.

D'ailleurs Dokhara ne comprit pas non plus la solution que proposait Lucrétia pour allonger sa vie. L'allusion était pourtant cette fois-ci aisée à déchiffrer, mais là encore, pour attirer la vampire dans ses filets elle ne pouvait laisser le temps à son esprit de digresser. Elle préféra rebondir sur un sujet qu'elle maitrisait davantage, un thème sur lequel elle avait un ascendant sur Lucrétia et pouvait se permettre une pique facile : Bratian.

- Vous vous fourvoyez à nouveau sur mes intentions ma chère. Je n'ai aucunement usé de l'argument de vos terres pour vous convaincre de quoi que ce soit. Je n'ai fait que supposer que lorsque vous m'aviez offert Bratian, c'était peut-être pour me fournir un moyen de négocier avec vous aujourd'hui... mais je n'ai pas besoin de tels artifices, n'est-ce pas ? Je préfère user de mes propres armes, et non pas de celles que l'on m'a prêté.

Un sourire complice.

- Nous pourrons profiter de notre détour en Altdorf pour que je vous rende ces papiers si c'est là votre souhait. Néanmoins, j'aime à les considérer comme un gage de confiance de votre part... un cadeau ?

Le sourire s'efface, la baronne reprenant une façade plus sérieuse, comme pour correspondre aux les propos à venir.

- Détrompez-vous, nul hôtel ne nous a été réservé, nulle escorte de nous attends. Nous sommes livrées à nous-même, du moins je l'espère - je préfèrerais tant que possible réunir un équipage de confiance plutôt que me fier à celui qui aurait été sélectionné à notre attention. C'est pour cette même raison que nous n'avons pas de date à respecter, en théorie. Le navire restera à quai aussi longtemps que nécessaire. Nous pourrions faire un détour par l'Opéra de la capitale en effet... mais je crains néanmoins qu'en Altdorf, la surveillance de mes commanditaires soit un peu trop omniprésente pour me permettre de digresser de mon actuelle mission. Pour notre retour victorieux peut-être ?

La suite de la discussion devint infiniment plus complexe pour Dokhara. Car si Lucrétia semblait accepter de l'accompagner, elle l'avait fait en rétablissant un contact physique entre elles.

Ses mains se posèrent sur ses épaules nues.

En Altdorf elle laissait ses pulsions la dominer de multiples fois chaque jour, ses serviteurs étant devenus les esclaves de ses besoins.

Mais aujourd'hui...

Dix jours qu'elle voyageait en s'abstenant de tout contact, pour un idéal de bonté destiné à impressionner une trainée de prêtresse de Rhya inaccessible.

Des mois que la vampire et elle s'étaient quittées, leurs adieux s'étant faits sous les draps comme une promesse laissant envisager des retrouvailles plus exquises encore.

La déferlante de sensations balaya à nouveau toute tentative de réflexion que Dokhara tentait de s'imposer. Les envies, les désirs, les besoins, tout était tellement violent. Vulgaire fétu de paille dans une tornade d'émotions sans contrôle, son esprit se fracturait entre fantasmes et résistance à l'appel de tous ses sens.

Un frisson lui parcourut non seulement l'échine, mais également tout le corps. Sa peau réagit instantanément, faisant apparaitre une chair de poule de ses avant-bras jusqu'en haut de la nuque que Lucrétia s'amusait à effleurer.

C'est à peine si elle écoutait les termes du marché que Lucrétia proposait. Elle percevait les mots en sourdine, mais ne pouvait les comprendre alors que le conflit faisait rage. Positionnée derrière elle, la vampire ne pouvait voir la volonté vacillante dans le regard de Dokhara, elle ne pouvait se douter de la force contre laquelle elle devait lutter.

Son cœur battait trop rapidement. Son sang s'agitait trop vite, et il bouillait dans ses veines, comme de la lave s'agitant dans tout son corps. Ses doigts se crispaient sur le bois de la table.

Les doigts de Lucrétia glissent sur elle. Sa nuque, ses cheveux, ses épaules.

Elle avait espéré la veille que la morsure de la lahmianne saurait épancher ses besoins un temps durant. Espoir futile.

Elle avait besoin de plus. Tellement plus.

Que lui importaient ces mots, ces jeux idiots, ces verbiages inutiles destinés à exacerber la tension sexuelle qui existait entre elles ? Qu'elle cesse de babiller, qu'elle agisse !

Douleur dans sa nuque. Pas important.

Les visions délirantes se succédaient dans l'esprit affaibli de la baronne. Lucrétia, elle, ses hommes, l'aubergiste, le sang, le sexe, les cadavres, la musique, les crocs, la douleur, le plaisir.

LUCRETIA.

Elle perd pied.

Elle tourne la tête vers la vampire.

La lahmianne la regarde étrangement. Elle a rompu le contact. Elle attends une réponse à quelque chose.

Dokhara n'avait pas écouté.

Elle s'en foutait.

Elle se leva d'un bond, et ses lèvres rencontrèrent celles de la vampire. Elle l'embrassa plus fougueusement encore que la veille, profitant de l'élan et de la surprise pour la plaquer contre le mur derrière elle. Le baiser était avide et empli d'une lubricité qui ne souffrirait aucune limite, l'aveu d'un désir qui ne supporterait plus d'attente.

Elle la déshabillerait ici, de gré ou de force. Elles le feraient là, sur une table ou sur le sol, qu'importait. Autant qu'il le faudrait. Elle aurait ce qu'elle désirait ICI ET MAINTENANT.

Douleur.

Pas plaisante. Gênante.

Sa paume.

L'une de ses mains enserrait la nuque de la vampire. L'autre était restée pendante. C'était elle qui faisait mal.

Son pouce. L'ongle était planté dans sa paume. Profondément.

Un fragment de conscience.

Elle l'enfonce davantage, de toutes ses forces désormais, dans son poing fermé.

Cette douleur n'est pas vectrice de plaisir. Elle l'aide à reprendre pied, à retrouver le contrôle.

Plus fort !

Le sang coule de son poing et goutte sur le sol.

Ses lèvres quittent le décolleté de Lucrétia vers lequel elles avaient dangereusement glissé.

Ne plus subir. Pas comme ça. Pas avec elle. Pas une esclave du désir. Je dois résister. Changer les choses. Décider. Ça suffit.


Leurs yeux se croisent.

Lucrétia semble satisfaite. Comme si Dokhara avait répondu à son interrogation.

Elle se rasseyent en silence.

Des mots encore. Ellle n'écoute toujours pas. La lutte n'est pas finie. La vampire attends à nouveau une réponse. Elle donne le change par automatisme.

- Oui, comme vous le souhaiterez.

Quelque chose scintille sur la table. Le reflet de sa dague. C'est Lucrétia qui lui a tendu son arme. Comme une solution à ses problèmes, la vision de l'arme éclaircit les pensées de la baronne.

La vampire se lève et repart dans à l'étage, regroupant ses troupes.

La jeune de Soya est toujours en transe, mais elle sait désormais quoi faire. Elle ne pouvait pas juste faire refluer ce besoin qui tambourinait aussi bien dans son crâne que dans son cœur. C'était être trop optimiste de croire qu'elle pouvait changer aussi facilement. Elle n'en avait pas la force.

Mais si elle ne pouvait faire taire ces besoins, peut-être pouvait-elle les canaliser. C'est ce rôle que remplissait habituellement son violon, sa musique décadente servant à évacuer toute sa frustration, transmettant son désir et sa passion incontrôlables à son public pour s'en libérer. Mais l'instrument était resté en Altdorf, et elle n'en trouverait pas un autre dans cette auberge miteuse.

Elle se leva à nouveau, saisit sa dague puis la coinça dans la ceinture en tissu de sa robe, dans son dos.

Tapant du plat de la main sur le comptoir, elle attendit que l'aubergiste réponde à son appel.
Du sang sur la table. Sa paume saignait encore. Elle prit soin de laisser sa main posée sur le comptoir afin de cacher l'hémoglobine.
Revenant de l'arrière salle, la patronne marcha précautionneusement vers Dokhara, toujours avec la même frayeur dans le regard.

Dokhara lui offrit un sourire charmeur et rassurant, avant de se pencher pour lui chuchoter quelques mots, lui intimant de faire de même pour pouvoir l'entendre.

- J'aimerais vous remercier financièrement pour votre travail de messagère - d'autres auraient ouvert la boite, mais vous avez fait ce qui était attendu de vous, et conformément aux ordres que j'ai reçu je dois vous payer pour votre service. Cependant, je préfèrerais que mon amie et ses hommes ne soient pas au courant, cela vous dérangerait-il que je vous accompagne à l'arrière pour vous remettre votre pourboire ?

Une courte hésitation, avant que l'aubergiste n'accepte d'une voix bégayante. Aucune chance pour qu'une femme du statut de Lucrétia parte sans payer de toutes manières, elle pouvait se permettre de perdre de vue la salle commune. Elle permit à Dokhara de passer derrière le comptoir, pour l'accompagner dans la réserve.

La baronne prit le temps de fermer la porte derrière elle, prenant garde néanmoins à ce que la patronne ne puisse voir l'arme cachée dans son dos.

Une fois seules, Dokhara fut fidèle à sa parole, et sortit de sa bourse une couronne d'or qu'elle lui tendit. Voyant son regard incrédule, elle lui plaça de force dans la paume de sa main avant de refermer ses doigts dessus.

- Tout travail mérite salaire, et les miens ne sont jamais avares envers ceux qui les servent avec justesse.

Un sourire poli, rassurant, doux, tandis que sa main se posait sur l'épaule de l'aubergiste dans une tentative de réconfort. Dokhara rompit le contact rapidement néanmoins.

- Tant que j'y pense, ma consœur souhaitait également vous toucher deux mots, elle doit être dans sa chambre, pourriez-vous aller la voir ?

Elle semblait un peu perdue malgré la prévenance de la baronne. Celle-ci ne lui laissa pas le temps de reprendre ses esprits, et fit un geste poli en direction de la porte refermée.

- Vous d'abord, je vous en prie, je vous emboite le pas.

L'aubergiste ne discuterait pas la demande d'une noble, même si elle la trouvait incongrue. Et elle était sans doutes trop en proie au doute et à l'incompréhension pour se permettre de batailler ce détail à l'étiquette - en admettant qu'elle en connaisse les règles élémentaires.

Dokhara était là sans l'être. Tout son corps agissait de lui-même, comme s'il savait exactement quels gestes étaient attendus de lui - mots, émotions, démarche, ton de voix, expressions faciales. L'apprentissage d'une vie de charme et de séduction à la cour opérait en roue libre, sans qu'elle aie besoin d'y réfléchir, aussi naturellement qu'elle respirait. Son esprit était comme absent, sa conscience en sourdine, et pourtant tout lui semblait limpide - elle savait exactement quoi faire et pourquoi elle le faisait, comme si une volonté supérieure guidait ses actes.

La main de Dokhara était déjà prête à agir, le poing solidement refermé sur son poignard qu'elle avait libéré de sa ceinture de tissu. Du sang s'échappait encore de sa paume pour se mêler au cuir entourant la fusée de l'arme.

Son souffle s'accélère, ses battements de cœur aussi.

Mais lorsque l'aubergiste la dépassa pour quitter la pièce, la jeune de Soya n'eut aucune hésitation. D'un mouvement vif, elle lui emboita effectivement le pas pour être juste derrière elle, et d'un ample mouvement du bras, elle fit passer son arme par delà l'épaule de la femme pour lui trancher la gorge d'un geste vif.

En cas d'échec de la tentative, Dokhara deviendra une vraie furie et surinera l'aubergiste comme une démente dans le dos. Si elle perd son arme, elle n'hésitera pas à attraper tout ce qui lui vient sous la main pour tabasser à mort la pauvre femme. Elle tente néanmoins en premier lieu de tuer "proprement", au sens propre comme figuré - elle ne tient pas à salir la robe qu'on vient de lui offrir !
Du reste, s'il s'avère que je fais un peu plus de bruit que prévu, je te laisse voir si ça parvient jusqu'aux oreilles affutées de notre vampire préférée qui est montée à l'étage, je ne sais pas à quel point son statut lui permet d'avoir l'ouïe fine :mrgreen:
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 07 janv. 2018, 17:20, modifié 1 fois.
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Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


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[MJ] Le Grand Duc
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Re: Une offre impossible à refuser [Dokhara & Lucretia].

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Le carrosse et son escorte arrivèrent à Talabheim par la route de la Vieille Forêt. Au delà de la cime des arbres qui bordaient la voie se dressaient l'imposante muraille du Taalbastion, un mur naturel de plusieurs dizaines de mètres qui jetait son ombre sur la forêt environnante.

Alors que le trajet à travers les bois s'était déroulé diligemment et sans encombre, l'équipage de la comtesse de Bratian se retrouvait peu à peu englué dans la circulation à mesure qu'il approchait de Talagaad, le port et principal faubourg de la capitale provinciale, et passage obligé pour quiconque voulait pénétrer dans la cité. La route était désormais encombrée de chariots chargés de marchandises, de caravanes, de colporteurs et autres compagnies de commerçants et de voyageurs. La chaleur des premiers matins d'été commençait à monter, et avec elle les odeurs et les états d'âmes des malheureux coincés dans le trafic. Les charretiers juraient et s'insultaient, les mercenaires et les pèlerins se bousculaient en pestant, les bêtes mugissaient ou caquetaient nerveusement, tout cela dans les douces effluves de crottin frais et de sueur aigre.

Le carrosse de Lucrétia et Dokhara mit presque deux heures à atteindre la Place des Manœuvres, une vaste esplanade en terre battue qui s'étendait devant le corps de garde de Talagaad et qui devait son nom au doigté admirable d'un négociant en vin wissenlander. Ce dernier avait du faire entamer un demi-tour périlleux aux vingts chariots de sa caravane pour n'avoir pas eu de quoi s'acquitter des droits d'entrée à cause d'un nouvel impôt sur la boisson voté la veille par le Parlement. La ville était entre autre surnommée la Cité des Lois, et les réglementations et taxes en tous genre y étaient légion.


Hans, le cocher, tira sur les rennes pour immobiliser le véhicule lorsque ce dernier arriva à hauteur du poste de garde. Un agent du Bureau municipal des entrées s'approcha, flanqué d'un scribe et de deux hallebardiers portant la livrée rouge et blanche de Talabheim. Le petit homme au teint cireux échangea longtemps avec le conducteur mais ce qu'ils se dirent se perdit dans la vacarme ambiant. Le ton monta un peu, puis Hans quitta son siège et vint toquer à la porte de la diligence avant de l'entrouvrir.

- "Madame", dit-il d'un air exaspéré en direction de Lucrétia. "Nous devons payer les droits d'entrée. Ce monsieur demande vos noms, prénoms et titres, plus dix marks d'argent par tête et cinq par cheval pour monter en ville. Une belle filouterie si vous m'demandez mon avis ..." Il gratta l'un de ses favoris grisonnants avec une moue désapprobatrice. "Y dit aussi que pour moi et les gars de Marcus ça prendra trois jours le temps d'faire les autorisations et qu'on peut toujours louer une piaule à Talagaad si ça vous va pas. Y dit que si les gars montent, les armes doivent être consignées et qu'il y a des frais supplémentaires pour ça aussi. Je réponds quoi ?"
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: Une offre impossible à refuser [Dokhara & Lucretia].

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

La tension devenait palpable, plus lourde de sens, s’appesantissant sur les deux femmes alors que Lucretia venait tout juste d’énoncer sa condition pour accompagner Dokhara tout au long de son voyage. Condition sans équivoque, qui transformerait à terme la jeune femme en Lahmiane, en sa propre fille. La baronne de Bratian se tenait droitement derrière sa protégée, mains posées sur ses épaules, implacables, envahissantes, inquisitrices, et attendait une réponse toute définie, sachant pertinemment qu’un contact avec sa consœur suffisait à la perturber au plus haut point. Mais peut-être pas à ce point-là. Et certainement que, si Lucretia sentait l’atmosphère frétiller aussi bien que le faisait l’échine de Dokhara, ce n’était pas tout à fait pour les raisons qu’elle pensait.

D’un « oui » ou d’un « non », il en advint autre chose. Une acceptation déformée, un assentiment altéré ; la baronne de Bratian, transfigurée, se retourna vivement contre Lucretia. Dans son élan, alors qu’elle venait tout juste de se lever, elle renversa sa chaise, qui tomba avec un bruit sourd sans qu’aucune des deux femmes n’y prêtât attention, et pour cause. Dokhara se pressa contre la Lahmiane, avec fougue et empressement, tant et si bien qu’une série de petits pas la rencogna contre un mur. Leurs lèvres se trouvèrent mutuellement, dans une hargne certaine et une passion ignée, oubliant toute contenance, toute décence. Pour Lucretia, il s’agissait ni plus ni moins d’un « oui », d’une volonté exacerbée de prouver et de démontrer que Dokhara embrassait pleinement ce destin placé sous la tutelle de sa consœur, qu’elle acceptait corps et âme ce marché et que, même, celui-ci dépassait ses attentes les plus folles. Sans quoi, pourquoi y aurait-elle mis tant de désir ?

Ses mains agrippèrent Dokhara avec autant de force qu’elle l’avait plaquée contre le mur, faisant fi de ce tissu qu’elle lui avait délibérément cédé. Elle voulait sa peau, goûter de nouveau à sa chair, à son sang ; l’asphyxier sous le poids de son étreinte, la séquestrer de son corps, forcer le passage de sa bouche et de ses jambes. L’immobiliser, lui lier les poignets, lui attacher les pieds, là, dans cette salle, et l’observer d’un regard aussi amusé que condescendant se tordre de plaisir sous l’effet de ses caresses et de ses effleurements.

Ce fut l’odeur du sang qui la ramena dans le droit chemin, d’une manière des plus paradoxales. Comment sa soif, pourtant plus oppressante, plus indomptable que tout, pouvait-elle lui permettre de reprendre le contrôle sur les pulsions de son corps ? Elle s’était juré, à elle comme à Dokhara, de ne pas céder devant la soif de sang, de ne pas devenir la bête qu’avait pourtant titillée, à de maintes reprises, sa consœur, là où aucune autre promesse ni restriction ne s’était imposée à elle.

Lucretia reprit conscience de son être et de ses émotions ; une de ses mains s’était glissée dans la chevelure de Dokhara, lui agrippant le crâne, et l’incitait à descendre bien plus bas que ne l’était alors son visage, perdu dans son corsage. Elles échangèrent un long regard que maintint la vampire, avec calme et pondération ; étrange situation après ce qui venait de se passer. Puis elle se saisit de la dextre sanguinolente de son amante, lui ouvrant lentement la main sans rien trahir à la vue de ce sang qui lui maculait la peau.

« Vous êtes bien prompte à lâcher la bride de vos émotions », commenta-t-elle, un sourcil hautain finement arqué, alors qu’elle-même ne valait pas vraiment mieux. Et comme pour se redonner contenance, pour affirmer son ascendance, elle demeura là, à la fixer de son regard émeraude et tranchant ; Dokhara n’avait répondu que par un acte, aucunement par une parole, qu’elle n’avait assurément pas cédée. L’intéressée s’en rendit compte, et scella le pacte en donnant son assentiment. Ce ne fut qu’à ce moment-là que Lucretia laissa un sourire illuminer son visage, passant de la plus franche sévérité à la représentation même de la joie et de la douceur.



***


Marcus aussi bien que Hans avaient répondu à l’appel de leur maîtresse et avaient alerté les hommes ; l’on partait sous peu. Lucretia s’était engagée dans l’escalier afin de rejoindre sa chambrée pour avertir Elsa de ce même départ imminent, vérifiant ses affaires et, surtout, le contenu de sa boîte à bijoux. Sa camérière ne l’avait-elle pas avertie sur l’étrange comportement d’une Dokhara tout juste sortie du sommeil ensorceleur provoqué par une morsure ? Pourtant, si ce n’était les afféteries qu’elle avait remarquées sur sa compagne et ceux que Lucretia portait elle-même, tout semblait être là ; rien ne manquait. Parfait ; elle eût été bien en peine de découvrir une Dokhara aussi perfide que voleuse, n’hésitant pas à se servir dans les trésors d’autrui pour se reconstituer son saint-frusquin. Et cela d’autant plus que la baronne de Bratian était revenue vers elle pour la prendre une fois de plus sous son aile, à sa manière, et que l’argent n’était à présent plus un problème. Tout comme il n’en était plus un non plus pour Dokhara, maintenant que ce petit coffret de pierreries lui appartenait désormais.

Un bruit vint la perturber, au milieu de toute cette agitation qui s’organisait dans les pièces aux alentours. Un bruit bien trop précis qui, non content de lui chatouiller son ouïe, alerta surtout son instinct, son ressenti, faisant le tri entre toutes les émotions qu’elle pouvait percevoir. Une foultitude de sentiments lui traversa l’esprit et le corps, partant dans toutes les directions, comme si elles étaient à même que de récupérer, au loin, une information et de la lui ramener dans leur intégralité. Un choc mat, lourd, sourd, et le petit craquement osseux qui allait de concert lorsqu’un nez se brisait. Et surtout, du sang. Pas le bruit, non, mais bien l’odeur capiteuse et envoûtante qu’elle reconnaîtrait d’entre toutes. Son sang, le sien, ne fit qu’un tour, associant ses derniers souvenirs aux sensations perçues juste à l’instant. Hémoglobine, la main de Dokhara, leur étreinte passionnée, la promesse de la transformer avant qu’elle ne fût tuée, ou également changée, par la sororité qui avait commandité cette mission des plus abracadabrantesques. Tuer ; le bruit qu’elle avait entendu, exactement le son d’un corps qui tombe lourdement, sans vie. Se pouvait-il que, alors même qu’elle venait possiblement de réaliser l’un de ses rêves, l’on vînt tout juste de le lui retirer ? Se pouvait-il encore, vraiment, que l’on vînt à l'instant de tuer Dokhara après les avoir entendues s’échanger leurs promesses de vie et de mort, d’amour et de fidélité, de mission jusqu’au bout du monde ?

Que lui en chalait, soudainement, de se comporter en humaine ; il lui fallait voir le cœur net. Elle fusa dans le couloir avec une vélocité que l’on avait rarement vue, dégringola les marches trois par trois, déboula dans la grande salle, et s’apprêtait déjà à massacrer le premier gus dont la tête ne lui revenait pas quand Dokhara apparut devant elle. Aucunement blessée, traumatisée ou touchée par quoi que ce fût, elle venait tout juste de refermer la porte de l’arrière-boutique avec précaution. Un immense soulagement s’empara de Lucretia, qui laissa échapper un soupir apaisé, se décontractant soudainement que pour mieux redevenir elle-même. Lucretia.

« J’ai cru entendre un drôle de bruit, au travers du plancher, et que quelqu’un se serait blessé. J’ai décidément une trop bonne imagination », lâcha-t-elle le plus platement du monde, avec un petit mouvement nonchalant des épaules.

Toutefois, si elle avait pu rêvasser de ce bruit, demeurait un autre sens qui, lui, ne cessait de la titiller. Son odorat, alléché par une odeur qui jamais ne la tromperait. Celui du sang. Et si la baronne de Soya s’était ouvert la main de son pouce, assez pour en saigner, il ne s’agissait définitivement pas de cela. Ce qu’elle fleurait se révélait fort, puissant, enivrant, bien trop chargé pour qu’il provînt d’une petite blessure superficielle procrée à l’extrémité d’un corps. Bien trop présent pour ne représenter que quelques gouttes. Son regard se fixa sur la porte du cellier, curieux, puis sur Dokhara, interrogateur. Et par une série de longues enjambées décidées, elle se porta à hauteur du battant, qu’elle ouvrit.

Le spectacle, si simple, si édulcoré, avait pourtant de quoi saisir. L’on ne distinguait pas les traits de la mort gravés sur le visage de la vieille femme, ni même la grimace étonnée qui avait dû se figer à jamais sur son faciès ou encore les dents et le nez éclatés, mais la silhouette rabougrie, recouverte par le voile d’obscurité de la pièce, avait de quoi provoquer un certain recul. Et que dire alors en prenant conscience que cette même masse informe pataugeait dans un sang épais, dans une mare conglutineuse qui vous prenait la tête, vous donnant un inexorable vertige. La poigne de Lucretia jaillit pour se refermer sur le poignet de Dokhara, l’entraînant dans la remise tout en refermant la porte au passage.

« Embêtant, si on la retrouve sous peu et que l’on remonte notre trace, déclara-t-elle le plus simplement du monde, pourpensant davantage qu’elle ne s’inquiétait véritablement ou se mettait en colère. Je gage que, au moins, nous n’aurons plus à payer le prix de l’auberge, mais je doute qu’il s’agisse là de votre principale préoccupation. Aussi me vint une question. Pourquoi ? » demanda-t-elle finalement, haussant ses sourcils et sa voix, levant les mains de chaque côté du corps dans une pose et une expression quelque peu théâtrale.

***



Le trajet se déroula sans heurt, et ce fut sans peine qu’ils parvinrent aux abords de Talabheim. Surgissant d’entre le faîte des arbres, le Taalbastion se découpa par-delà les cimes, les surplombant de toute sa majestueuse hauteur et de ses tonnes rocheuses. Le spectacle demeurait toujours aussi fascinant, quand bien même, à force que de s’y être rendue en de nombreuses reprises, Lucretia commençait presque à ne plus y faire tout à fait attention. Mais tout de même ; ce cratère géant au sein duquel l’on avait construit une des plus grandes villes de l’Empire avait de quoi forcer l’admiration, et, n’ayant rien de mieux pour s'occuper, la Lahmiane l’observa grandir à mesure qu’ils s’en rapprochaient.

Lucretia espéra ne pas arriver lors d’une de ces trop nombreuses lippées que l’on ordonnait en faveur de Taal, ce qui aurait assurément retardé que plus encore leur voyage. Ces fêtes, traditions, us et coutumes auxquels l’on s’adonnait relevaient souvent de la plus grande stupidité ; c’était parfois comme jeter un dé au hasard et fermement appliquer une de ces lois inscrites sur leur registre ancestral et sibyllin. Car Talabheim était connue et reconnue pour cela, son système juridique capilotracté qui, pour d’obscures raisons, faisait la fierté de ses habitants, mais, également, et pour d’autres raisons bien plus compréhensibles, la terreur des étrangers.

Mais si le convoi arriva lors d’une journée somme toute normale, elle n’en fut pas moins dépeuplée. La route qui menait jusqu’à Talagaad, le quartier portuaire qui fourmillait déjà de vie dans l’ombre du Taalbastion, se trouvait présentement, et comme toujours, fréquentée par des hordes de marchands, pèlerins, commerçants, marins, et réfugiés de guerre ou politique. Ça criait à qui mieux mieux, ça s’insultait pour le moindre doublement, et tous les coups semblaient être permis afin de gagner ces une ou deux places capables de vous faire économiser trois ou quatre jours. Les caravanes se pressaient les unes contre les autres, les roues se heurtaient entre elles, et tout ce joyeux charivari commençait à saper la patience de la Lahmiane, dont l’ouïe en pâtissait quelque peu. Tentant d’oublier tout cela l’espace de quelques instants, elle projeta et fit part de ses plans pour les étapes à venir.

« Je crains le pire. Toutefois, nous ne sommes pas obligées de pénétrer au cœur de la ville, ce qui risquerait de nous faire affronter quantité de barrages, de taxes, et autres joyeusetés. Nous pouvons très bien demeurer un jour ou deux dans le quartier portuaire du Talagad, afin de trouver une barque assez conséquente pour tous nous transporter, carrosse compris. Le voyage, comme nous l’avons déjà énoncé, sera certainement plus rapide et sans danger. Et tout droit, ou presque, jusque Marienburg. Qu’en dîtes-vous ? »

Il fallut une éternité avant de pouvoir rejoindre le premier poste de garde, une éternité durant laquelle Lucretia comme Dokhara purent admirer le radieux paysage que composait le quartier portuaire. Des taudis en tout genre, des ruelles crasseuses, des quais surchargés, des docks qui manquaient de s’écrouler, et des échafauds de-ci de-là qui tentaient vainement de maintenir ces derniers. La population y était des plus cosmopolites ; les kislévites, immigrés depuis plusieurs générations, avaient décidé d’y établir leur trou, en quête d’une vie meilleure, des hochlandait, fuyant la guerre, marchandaient leur service pour un moindre tarif encore que les kislévites, et d’autres hères de l’Ostermark venaient compléter le tableau. Un paysage bigarré, haut en couleur, qui produisait un formidable raffut, rendant inaudible la conversation qui se déroula entre Hans et l’agent du bureau municipal.

Toujours fut-il que la discussion ne tourna pas en faveur de Lucretia, de sa compagne, et de ses hommes. Exaspéré, le cocher vint lui faire un compte rendu de la situation. S’il fallait en croire ses paroles, ainsi que la myriade de taxes et de paperasserie qu’il fallait remplir, ils en avaient pour quelques jours à patienter aux abords de la cité sans même pouvoir y entrer. Tout en déversant allégrement leurs escarcelles dans les bourses de Talabheim. La noble leva les yeux aux ciels.

« Fichue cité. Ma chère, lança-t-elle à l’attention de Dokhara, c’est peut-être le moment pour vous de renouer vos liens avec Taal et Rhya. Montrez-vous suffisamment zélée et fanatique, et ils vous laisseront passer sans sourciller. Quant à moi, hors de question que je me prête à ce petit jeu-là. Il est temps, peut-être, de revêtir les fonctions de diplomate que j’ai un jour endossées. »

Farfouillant dans ses affaires, elle en retira une lettre frappée au sceau d’Elise Kreiglitz-Untern. La tenant fermement dans ses mains, elle descendit du carrosse, décidée à engager elle-même la conversation avec le sbire impérial. Le protocole risquait d’être légèrement décalé, mais qu’importait, au final, qu’elle se passât de héraut pour s’annoncer ; une personne de sa stature dégageait bien davantage de charisme et d’éloquence qu’un simple cocher, et qui mieux qu’elle-même pour prouver la véracité de ses dires ?

La baronne, avec cette allure qui était sienne, décidée, entreprenante, inquisitrice, mais tout aussi légère, souple, et gracieuse, se porta à hauteur du quémandeur d’identité, déclinant la sienne.

« Dame Lucretia von Shwitzerhaüm, baronne de Bratian, maîtresse de Dreetz, conquérante des Feuerbach, et Haute Conseillère de notre bien aimée souveraine, la comtesse Elise Kreiglitz-Untern. Je constate avec amusement que la diminution des taxes ; lors de mon dernier passage, si je me remembre bien, l’on m’avait imposé, avant que je déclame mon appellation, trois sous par rideau de mon carrosse –rideau qui avait provoqué, dans des temps anciens, un important incendie dans la ville, et six par rayon du même véhicule. J’ignore la raison, pour celle-là, en revanche. Enfin, quoi qu’il en soit, il fait bon de revenir au pays. J’escompte, comme à l’ordinaire, pouvoir accéder au plus vite au cœur de Talabheim ; notre très estimée comtesse m’attend, et eu égard à ce rôle qui est le mien, je puis payer à hauteur d’un tiers de la taxe totale. L’administration de l’Œil de la Forêt se chargera de rembourser le reste, comme d’habitude. Pour moi, pour mon invitée, et pour ma garde, cela va de soi. Et je le répète, j’entends bien parvenir le plus vite possible au Quartier Châtelain. Sommes-nous d’accord, monsieur… ? »

Peut-être aurait-elle pu tenter de ne payer aucune taxe, mais Lucretia se garda bien de s’y essayer ; Talabheim n’était pas la cité des lois pour rien, et bien mal étaient vus ceux qui s’affranchissaient de ces impôts. Le ton employé avait été joyeux, emprunté à ces nobles qui s’en retournent au bercail, pour lequel ils portent une affection aussi particulière que distinguée. Mais sa voix s’était légèrement bronzée vers la fin, au même titre que son regard, en particulier lorsqu’elle avait quémandé l’identité de son vis-à-vis. Une manière subtile de lui glisser un certain message ; qu’on tentât de la retarder davantage, et elle la noble et haute conseillère qu’elle incarnait se ferait un plaisir de souffler le nom recueilli dans l’oreille des plus hautes têtes de l’administration de Talabheim, avec lesquelles elle frayait bien évidemment. Par ailleurs, en matière de haute conseillère, elle déplia, sous le nez de l’homme, l’une de ces missives qui attestaient de son statut, envoyées par la comtesse en personne. Voilà qui devrait produire son petit effet, et les laisser passer sans rémora.

Ma très chère Lucrétia,
Estimée Baronne de Bratian... et assurément bientôt Baronne de Dreetz, ainsi que Haute Conseillère de Talabheim.
Mon amie,

Tous les mots du monde ne seraient pas suffisants pour exprimer la peine et l'inquiétude que j'ai eues à vous savoir dans les sinistres et périlleux événements que vous m'avez contés dans vos lettres. Non plus que pour vous exprimer ma gratitude et mon amour pour avoir su si admirablement conserver vos terres en dépit des atroces et honteuses manigances Feuerbach.
Soyez sûre que des mesures de représailles sont en cours, vous serez dûment vengée, et les félons punis... mais vous savez sans doute combien, hélas, ce genre de mesures peut prendre du temps quand il s'agit d'ennemis riches et influents.

Dès que j'ai appris vos malheurs, j'ai aussitôt dépêché une escouade pour vous venir en aide, porteuse de cette courte missive que j'écris immédiatement.

Mais d'autres aides vont suivre, cela va de soi. Vous aurez bientôt la visite d'une plus forte troupe, nappée d'intendants et de comptables, lesquels participeront, je l'espère, à achever de sécuriser et réorganiser votre domaine comme il se doit.
Pour tout vous dire, j'aimerais assez qu'ils œuvrent en votre absence, vous déchargeant ainsi pour que vous puissiez effectuer cet hiver une mission en mon nom pour le Talabecland.
Une délégation parlementaire à destination de Beehafen sera en effet incluse dans vos visiteurs et je souhaiterais que vous l'intégriez pour veiller à nos intérêts avec l'Ostermark. Quelle plus digne, séduisante et talentueuse ambassadrice, en qui j'ai toute confiance, pourrais-je avoir là bas, ne sommes-nous pas d'accord? La Ligue Ostermark étant voisine de Bratian, votre fief aurait en outre tout à gagner à votre présence lors des palabres qui vont s'y jouer.
Mes ministres vous expliqueront tout cela plus en détail une fois qu'ils seront chez vous, et je suis certaine que vous ferez le bon choix.

J'attends avec impatience de vous retrouver en Talabheim au printemps pour visiter, entre autres, votre nouveau domaine de Dreetz.

Avec tout mon amour, quoi que vous décidiez.

Comtesse Kreiglitz-Untern.

La lettre peut être lue dans « Noble Désordre », page seize sur dix-sept, sous-forum Talabecland. (Oui, ce n’est pas moi qui l’ai inventée). Elle sert surtout à prouver le statut et les dires de Lucretia (puisqu’elle date un certain printemps).
Si cela ne fonctionne pas, je tente Domination. A cela près que, si je vois ma tentative couronnée de succès, je puis faire tout ce que je souhaite, et je ne paye rien. :mrgreen :
Pour moi comme pour Dokhara et mes gardes, ofc.

Par la suite, cela reste à voir avec Dokhara, peut-être. Louer une auberge dans le quartier portuaire et rechercher d’emblée une barque pouvant faire le trajet jusqu’Altdorf, voire plus loin encore ?
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 07 janv. 2018, 17:20, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total : 18 xps
FOR 16 / END 14 / HAB 17 / CHAR 18 / INT 17 / INI 19* / ATT 17 / PAR 13 / TIR 11 / MAG 17 / NA 4 / PV 134/140
Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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Dokhara de Soya
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Re: Une offre impossible à refuser [Dokhara & Lucretia].

Message par Dokhara de Soya »

L'incision avait été nette et précise. Le poignard de Dokhara était bien entretenu, et son tranchant assez aiguisé pour que la baronne n'aie nulle besoin d'une forte pression pour transpercer les chairs de l'aubergiste.

Ce n'était pas la première fois qu'elle utilisait son arme, mais il lui servait habituellement à donner du plaisir à autrui, non pas mettre fin à une vie.

La gorge de la femme avait été incisée d'un bout à l'autre, et sa carotide n'avait pas du être épargnée au vu de la gerbe de sang qui gicla devant elle. Le mouvement de Dokhara avait été assez rapide pour s'épargner le plus gros du crachat d'hémoglobine, sa main n'écopant que de quelques gouttelettes éparses.

La tenancière tenta par réflexe de limiter le flot en portant ses mains sa blessure. En vain - dans la seconde qui suivit elle avait déjà perdu conscience.

Ce que la nouvelle meurtrière n'avait pas prévu en revanche, c'était le poids de sa victime qui s'effondra en avant. Elle avait essayé de la retenir en l'attrapant sous les bras, mais manquant d'être emportée par la masse inerte qu'était devenu son corps, elle préféra relâcher sa prise, qui s'écroula dans un bruit sourd au sol, la tête la première. Au vu de l'entaille faite par la baronne, la patronne de l'auberge était sans doutes morte avant même de se faire réceptionner par les lattes en bois du plancher.

Alors qu'une flaque rouge grandissante s'étendait sous le cadavre de la vieille femme, Dokhara continua de faire confiance à son instinct, comme si la partie consciente de son cerveau se rendait compte qu'elle n'était pas encore prête à émerger de sa transe, à accepter les conséquences de ce qui venait de se dérouler.
Alors elle laissa son corps prendre les décisions pour elle, lâchant prise comme elle le faisait lors de ses nuits de débauche. Pas de réflexion, seulement des actes guidés par l'instinct.

Elle regarde autour d'elle dans le cellier. Gauche, droite. Un torchon et un seau d'eau.
Elle retrousse sa manche droite, s’accroupit puis plonge son arme et sa main dans le seau, avant de les ressortir aussitôt.
Elle se relève et marche vers la porte, tandis qu'elle essuie sommairement le poignard puis les traces rouges restantes sur sa peau.
Elle jette le chiffon au sol, raccroche son arme à sa ceinture de tissu en prenant garde à ne pas l'abimer, puis rouvre la porte, juste assez pour passer par l’entrebâillement.
Elle referme la porte, clôturant la scène de crime, et se retourne avec un sourire.

Pour mieux tomber sur Lucrétia.

Elles échangent un regard, et la conscience de Dokhara s'éveille bien malgré elle, pour laisser place à un sentiment de panique irrationnelle. A cet instant, peu importait que sa consœur était une monstruosité mangeuse d'hommes, aberration morte-vivante dont les pouvoirs contre-natures avaient sans doutes semé dans leur sillage bien plus de cadavres que Dokhara ne pouvait imaginer. Car à ce moment précis, la baronne de Soya n'était qu'une gamine qui avait fait une bêtise et était prise sur le fait par une adulte.

Elle vit la vampire s'approcher de la porte, et savait qu'il était inutile d'essayer de la retenir. Ni verbalement car elle ne pourrait que bégayer, ni physiquement pour des raisons évidentes. Elle était condamnée à assister impuissante à la révélation de son crime.

Combien de temps la lahmiane passa à contempler la victime de la jeune de Soya, elle ne saurait le dire tant le temps sembla s'étirer à cet instant. Elle observait le visage de Lucrétia, comme essayant de deviner quelles émotions passaient dans ses traits - mais comme toujours avec la lahmianne, c'était peine perdue.

Sa main se referma fermement sur la poignet de Dokhhara, l'attirant de force dans la pièce dont elle ferma la porte derrière elles.

Elle se perdit à nouveau dans la contemplation des yeux de Lucrétia, incrédule, avant que son regard ne fasse un aller-retour vers le cadavre encore chaud qui ornait le plancher de la pièce.

Alors que Lucretia relachait sa prise, Dokhara ressentit une joie immense. Elle gardait le contrôle ! Ca avait marché ! Ca avait marché !

Oh bien sûr, cela ne changeait rien à qui se tenait devant elle. Lucrétia était toujours aussi sublime - quoiqu'un peu décoiffée - et tout en elle continuait de plaire à Dokhara. Mais elle ne ressentait plus cet ouragan de désirs qui ne demandaient qu'à être assouvis, ce besoin impérieux de perdre tout contrôle pour s'adonner aux pires perversions.

Quelque part au fond d'elle, elle se rendit également compte que sa joie d'avoir réussi à étouffer ses pulsions avait pris le pas sur toute trace de culpabilité quant à son acte. Devait-elle s'inquiéter de ce manque d'humanité ? Non, cela faisait déjà longtemps qu'elle était consciente que Slaanesh lui avait volé certaines de ses capacités à ressentir... et pourtant Lucrétia faisait mentir ces mêmes convictions. Chaque seconde à ses côtés était accompagnée d'un cocktail de sensations inédites.

Quelque chose clochait avec la vampire, elle en était consciente. Elle provoquait quelque chose d'étrange dans les entrailles de Dokhara, éveillant des sens qu'elle pensait avoir sacrifié. Comme si elle profitait de quelque chose qui aurait du lui être interdit. Était-ce bien ou mal ? Quelle importance... Tout ce qui lui comptait désormais était de profiter de ce que la lahmiane créait en elle, aussi longtemps qu'elle le pourrait.

Quoiqu'il en soit, voir qu'elle avait vaincu ses démons pour le moment suffit à Dokhara à retrouver sa vivacité d'esprit en un instant.

- Et vous, pourquoi êtes-vous ainsi décoiffée ? Auriez-vous couru ? Vous-seriez-vous... inquiétée pour moi, chère consœur ?

Dokhara la prit au dépourvu en l'embrassant à nouveau. Bien loin du déchainement de passion qui avait précédé, la baronne se contenta d'un baiser déposé sur les lèvres de la lahmianne, aussi bien par taquinerie que pour vérifier à nouveau que toute pulsion l'avait quittée.
C'était plaisant, un baiser ainsi teinté... "d'innocence" ?

- J'en avais envie ? J'en avais besoin ? On me l'avait ordonné ? Voulais-je vous prouver quelque chose ?

Un peu tout ça à la fois...


Elle haussa les épaules, comme pour appuyer le peu d'importance qu'elle donnait aux réponses à ces questions. Puis elle enchaina sur d'autres, son sourire devenant carnassier.

- J'ai demandé intentionnellement à une morte-vivante de m'accompagner dans un périple à l'autre bout du monde, vous parais-je être quelqu'un de censé ? Dois-je avoir des raisons d'agir comme je le fais, sinon que cela m'amuse ? N'est-ce pas le moteur-même de vos propres actes, Lucrétia ? Vous ai-je demandé pourquoi vous avez choisi d'attaquer mon convoi pour me capturer, plutôt que de simplement venir à ma rencontre comme quiconque l'aurait fait ?

La jeune baronne tendit sa main droite en avant, comme pour examiner ses ongles. Puis, après avoir déposé un peu de salive sur son pouce gauche, elle fit mine d'essuyer une quelconque trace de sang sur les doigts de son autre main.

- L'interrogatoire privé est-il terminé, ou bien comptez-vous me torturer pour m'arracher toutes les réponses à vos questions ma chère consœur ? Si c'est le cas, je vous prierais de me retirer votre magnifique vêtement - je ne l'ai pas habilement épargné des flots de cette vieille femme pour le salir de mon propre fluide vital.

Pour accompagner son discours, Dokhara ferma les yeux et se recroquevilla légèrement sur elle-même, comme un chaton attendant avec appréhension sa punition. Mais sa mimique ne dura pas plus de deux secondes, avant qu'elle ne rouvre les yeux et serve un sourire charmeur à la vampire.

- Au fait... J'ai vraiment apprécié la passion avec laquelle vous m'avez rendu mon baiser tout à l'heure. Il nous faudra choisir une cabine confortable lors de nos prochains voyages maritimes... et éviter de vous nourrir de moi également, cela a la fâcheuse tendance de me guérir trop efficacement de mes insomnies. Quoique, je ne vois pas d'inconvénient à ce que vous jouiez de moi lorsque je suis endormie, mais j'ai l'arrogance de me penser bien plus passionnante lorsque je suis en pleine possession de mes moyens. A vous de voir comment vous me préférez.

Elle offrit à la vampire un clin d’œil taquin, mimant désormais d'avoir les deux poignets attachés, tendus en avant vers elle.
Plus que jamais, Dokhara de Soya offrait désormais la vision d'une enfant épanouie, comme si toute la tristesse et les inquiétudes qu'elle avait affichées la veille s'était envolées - ne restait que ce brin de femme joyeusement provocante, offrant un sourire d'une candeur effarante, à deux pas du cadavre de sa victime.


***


Le trajet fut l'occasion pour Dokhara d'enfin trier ses pensées. Elle avait fui toute introspection jusque là, et si la présence de Lucrétia en face d'elle perturbait un peu le fil de ses réflexions, la vampire semblait trop occupée à contempler l'horizon par la fenêtre du véhicule pour interagir avec elle. Qui était-elle pour la juger - après les évènements de la veille, la surveillance sa "protégée" qu'elle avait couvé toute la nuit, puis les émotions de la matinée, même une vampire devait prendre du repos - sans doutes. Et puis, l'altercation de ce matin avait crée un climat de tension qui rendait tout début de conversation difficile.

Elle profita donc de ce temps mort pour réfléchir au culte, à ses possibilités d'action dans le futur proche. Pour le moment, elle obéissait aux ordres, mais une fois en Inja, elle aurait tout le loisir de jouer un autre jeu.

Elle songea aussi à l'expédition, à l'équipage qu'elle devrait rassembler pour sa réussite.

Elle se répéta ensutie sa litanie, afin de ne pas oublier chaque mot la composant.

Elle compta la somme contenue dans le coffret, estimant quel montant elle avait à disposition pour ce voyage.

Elle pensa aussi à Lucrétia bien sur. L'aimait-elle ? Sa relation n'était en rien comparable à celle qu'elle avait entretenu avec Ingrid. C'était bien plus malsain, une fascination morbide pour un être mortel. Mettre le doigt sur des mots caractérisant ce qu'elle éprouvait en sa compagnie s'avéra être exercice bien vain, aussi le conclut-elle sur l'importance de profiter plutôt que de comprendre.

Elle cogita aussi à son absence de culpabilité vis à vis de son crime. Si l'acte avait jugulé ses besoins comme elle l'avait pressenti, il l'avait aidé d'une manière très différente que la musique de son violon le faisait habituellement. La libération avait été rapide et immédiate, mais peut-être un peu décevante aussi, comme un orgasme parti trop tôt. Le résultat était là, mais il pouvait être amélioré. Si elle devait à nouveau opérer ainsi, il lui faudrait travailler davantage sa manière de procéder - faire durer le plaisir et jouer avec sa victime plus longtemps, pour rendre le final plus libérateur.
Était-ce mal de penser ainsi ? Cela faisait-il d'elle une femme plus déviante qu'elle ne l'était ? On lui avait demandé de tuer cette vieille femme, aussi avait-elle pu cette fois joindre l'utile à l'agréable. Mais était-ce moralement moins condamnable de céder à ses pulsions sexuelles plutôt que de s'en libérer en mettant fin à une vie ? Sans doutes que oui... et cela allait à l'encontre des enseignements de Ranald et Rhya. Oui, elle tâcherait tant que possible de ne pas récidiver. Si cela ne l'affectait pas en mal, elle n'aimait pas pour autant l'image que cela donnait d'elle. Et puis comme Lucrétia le lui avait signalé, cela créait trop de risques de se faire remarquer par les autorités.
Il lui faudrait récupérer son instrument de musique chez elle en Altdorf. Et d'ici là... espérer que la vampire ne soit pas récalcitrante à l'aider à assouvir ses besoins, avant qu'elle ne perde à nouveau le contrôle de ses actes.

D'autres réflexions traversèrent ses pensées. Ce que lui avait dit Lucrétia pendant sa transe notamment. Elle n'avait pas écouté, pas vraiment. Il avait été question d'affection et d'humanité. Et de... sororité ?

Oui, elle se rappelait désormais ! Son amante croyait qu'elle travaillait pour ses consœurs ! Elle n'avait pas cité le terme de lahmiane directement, mais ses mots revinrent en mémoire de la jeune de Soya qui, cette fois-ci concentrée, n'eut aucun mal à établir cette connexion.
Cela signifiait-il que Lucrétia n'avait pas connaissance du culte de Slaanesh, que le Prince des Plaisirs lui était une déité inconnue ? Après tout, en tant qu'immortelle, elle ne s'intéressait peut-être que trop peu aux dieux pour connaitre ceux qui ne sont priés que dans l'ombre de l'Empire.
Ainsi donc elle se pensait en concurrence avec ses consœurs... voilà qui pouvait être un malentendu amusant. Dokhara pourrait aisément jouer de cet argument, en mettant en concurrence ce que lui offrait Lucrétia face à ses sœurs imaginaires. Quoiqu'il faudrait rester prudente sur pareil mensonge - elle ne connaissait pas assez toutes les spécificités des vampires et risquait de commettre une bourde la trahissant. Peut-être vaudra t-il mieux, le temps venu, dissiper ce malentendu...

Dokhara se remémora à nouveau le sourire sincère sur le visage de la vampire alors qu'elle avait dit oui à Sigmar seul sait quoi. Une émotion aussi ravissante était si rare sur le visage de marbre de sa consœur... Ce n'était pas une expression de supériorité, un contentement égocentrique prouvant qu'elle avait gagné une joute verbale. Ç’avait été très différent : Lucrétia avait vraiment été heureuse de sa réponse et tout son être en était devenu resplendissant.
Quoiqu'elle aie accepté, si cela avait permis à la vampire de ressentir au moins une partie de la joie que son expression laissait deviner, alors il n'y aurait pas de regret à avoir.

C'est en se remémorant ensuite comment ce sourire avait disparu derirère un visage bien plus terrifiant de par son absence d'émotion lorsque la vampire avait puni Dokhara pour son impertinence, après le meurtre de l'aubergiste, que la baronne put enfin assembler les pièces du puzzle. Alors qu'elle avait sarcastiquement moqué l'inquiétude de Lucrétia pour sa personne - quelle manoeuvre stupide, elle dont le but était justement de forcer la vampire à exprimer ses sentiments - la vampire lui avait répondu quelque chose qu'elle avait oublié suite aux deux claques magistrales qu'elle avait encaissé. Elle avait parlé de la transformer.
Dokhara écarquilla les yeux et ouvrit la bouche d'étonnement sans même s'en rendre compte. C'était ça ! Lucrétia avait accepté de l'accompagner en échange de sa transformation ! Et si elle craignait ses consœurs, c'était par peur que l'une d'elles ne lui vole ce privilège !
Les pensées de la jeune baronne perdirent de leur cohérence, mêlant des émotions dont elle ne savait pas trop quoi faire. Devait-elle être heureuse de savoir la vampire si intéressée par elle qu'elle songeait à faire d'elle son égale ? Devait-elle craindre ce que cette transformation impliquerait ? Devait-elle préparer une ruse pour échapper à ce destin le moment venu, ou l'accepter pleinement ?
Oui, elle avait déjà songé à profiter de la vampire pour devenir comme elle, et ainsi acquérir la force de vaincre ses adversaires. Mais jamais elle n'aurait cru que la proposition viendrait de Lucrétia si... facilement.

Elle observa son amante toujours perdue dans sa contemplation du paysage, le visage inexpressif.

Dokhara se sentit particulièrement... nulle. Elle critiquait l'absence de gestes affectifs de la vampire à son encontre, sans se rendre compte que Lucrétia, à défaut de mots, agissait à chaque instant en suivant ses émotions. Elle l'avait certes enlevée à son convoi, mais uniquement pour mieux s'inquiéter de son état. Elle avait répondu à sa requête d'être mordue, l'avait couvée la nuit durant, lui avait prêté des vêtements pour lui rendre sa dignité, avait couru auprès d'elle à l'instant où elle l'avait cru en danger, et lui avait proposé de devenir son égale.
Et qu'avait-elle fait en échange ? Elle s'était moquée, avait réfléchi aux manières de l'utiliser, lui avait menti sur le vrai but de son expédition, sur le meurtre de l'aubergiste, sur Ingrid, sur tout.

Elle mit la main sur sa joue droite, celle qui avait subi le coup le plus fort des deux, et qui mêlait désormais des teintes rouges et bleues. Elle était encore brulante, et douloureuse.
Mais ces deux claques n'étaient-elles pas amplement méritées, au vu de son ingratitude ?

Dokhara soupira, puis se leva et vint s'asseoir contre Lucrétia, avant de se laisser doucement tomber sur le côté, sa tête se posant silencieusement contre l'épaule de la vampire. Elle ne dit pas un mot, laissant l'instant parler pour elle. Elle hésita à s'excuser, mais préféra laisser le silence planer. Des actes plutôt que des mots, et elle espérait que la lahmianne comprendrait ce que signifiait ce moment de doux contact entre elles - Dokhara ne gardait nulle rancœur pour sa "punition" matinale, et souhaitait désormais rétablir l'entente qui les liait.
Elle ferma les yeux, et passa le reste du trajet ainsi installée, profitant de ce contact entre elles, et laissant son esprit vagabonder au gré de ses envies, tentant de ne pas penser aux implications de son pacte avec la vampire.


***


Impossible pour Dokhara de ne pas repenser à sa précédente expédition à Talabheim, qui ne datait de pas plus de deux jours, alors qu'elles se retrouvaient engluées dans la circulation difficile du Talagaad.
Accompagnée par la caravane marchande, elle avait elle aussi passé une demi-journée dans ces pénibles embouteillages, mais ayant payé d'avance la guilde d'Altdorf, elle avait laissé aux responsables du convoi tout le plaisir de négocier leur tarif d'entrée. Cette fois, il lui faudrait s'impliquer davantage.

Loin de s'ébahir à la vue de la cité qu'elle connaissait bien, c'était plutôt la foule disparate du Talagaad qui retenait toute l'attention de Dokhara. Si Lucrétia semblait s'incommoder de cette agression simultanée de plusieurs de leurs sens, ce n'était pas le cas de la jeune de Soya qui, bien au contraire, semblait plus curieuse que jamais, son regard scrutant la foule pour y détailler les signes d'une vie grouillante qu'elle chérissait. C'était un spectacle dont elle ne se lassait jamais, celui d'un monde simple et vivant auquel elle n'appartenait pas, mais dans lequel elle aimait s'incruster lorsqu'elle se déguisait.

Les suggestions de Lucretia interrompirent ses rêveries, aussi lui répondit-elle avec détachement, sans aller chercher à croiser le regard de sa consœur, continuant à scruter les mouvements de la foule.

- Je ne vois pas d'inconvénient à séjourner dans le Talagaad, notre objectif est effectivement de trouver un véhicule maritime. Je dois néanmoins me rendre dans l'enceinte de la cité pour déjà commencer à préparer notre expédition, et j'espérais trouver un historien ou un linguiste expert de l'Extrême Orient qui saurait me - nous ? - servir de professeur pendant notre trajet. Je doute trouver de telles compétences dans le port, mais peut-être à l'Académie Royale, ou une Université similaire... Le reste de l'équipage pourra bien attendre Altdorf ou Marienburg, mais quitte à avoir quelques jours de trajet fluvial, autant s'y mettre au plus tôt. Langue, us, coutumes, croyances, symboles, histoire, politique, c'est tout un nouveau monde à apprendre. Il me faudra peut-être compléter nos connaissances avec quelques livres - la bibliothèque de Talabheim est-elle bien fournie ?

Une courte pause, pendant laquelle Dokhara leva les yeux au ciel en signe de réflexion.

- Tous vos hommes vont donc nous accompagner jusque Marienburg ? Voire jusqu'en Inja ? Je comprends l'utilité de votre camériste, d'un valet, voire d'un garde du corps ou deux bien bâti, mais les autres... j'imaginais certes un voyage un peu plus intime pour nous deux, mais surtout, et n'y voyez aucune malice, ne serait-il pas cruel de demander à tous de vous accompagner sur un voyage de plusieurs mois à l'autre bout du monde, loin de leurs proches ? En sachant, surtout dans votre cas, que leur surnombre est essentiellement... décoratif ? Ajoutez à cela le surcout occasionné, mon propre besoin d'au minimum égaler ma consoeur pour ne pas perdre la face, qui doublera les problèmes liés à ce nombre... comment envisagiez-vous de voyager à mes côtés exactement ?

Un sourcil levé, Dokhara n'est même pas sarcastique, elle pose la question avec calme et politesse, comme une hôte s'enquérant des besoins (certes excessifs) de son invitée. N'ayant pour seule estimation de la puissance d'une vampire les descriptifs extravagants de quelques érudits, Dokhara avait bien du mal à comprendre dans quelle mesure ces hommes étaient nécessaires, sinon pour l'image qu'ils donnaient. A la rigueur pour veiller sur elle dans son sommeil, mais qu'étaient quelques humains, même expérimentés, face à une force qui aurait l'objectif de tuer une vampire ?
Quoiqu'il en soit, il y avait peut-être là une négociation à faire avec sa consoeur, matinée d'un peu de réflexion - sans encore connaitre les moeurs des gens d'Inja, difficile de savoir si être accompagnée d'une troupe de combattants ferait bonne impression pour sa démonstration de puissance, ou n'apporterait que méfiance envers deux étrangères indélicates.

Après deux longues heures d'embouteillage pendant lesquelles même l'émerveillement de Dokhara pour la vie de la cité s'effrita afin de céder la place à un morne ennui, le cocher du carosse vint leur faire un rapport sur la situation, et les contraintes administratives les empêchant d'emprunter le chemin du Sorcier.

Toute agacée que fut Lucrétia de la situation, Dokhara n'apprécia guère sa première proposition de solution la concernant, et ne se garda pas de lui faire savoir.

- J'ai rompu mes liens avec Rhya il y a peu, ce n'est pas pour désormais usurper leur foi selon mes convenances. Les dieux ne sont pas un sujet de plaisanterie.

Elle mentait partiellement. S'il était vrai que son détachement forcé de la WaldMutter Ingrid créait une scission entre elle et la Mère Nature, Dokhara ne pouvait néanmoins renier une foi qui lui avait permis un temps de trouver la paix. Et si Rhya n'écouterait sans doutes plus les prières d'une meurtrière, Dokhara ne pouvait néanmoins supporter l'idée de manquer de respect à la déesse en faisant appel à son nom pour la tirer du premier mauvais pas venu.

Elle hocha néanmoins la tête en signe d'assentiment à la vampire, pour lui faire comprendre qu'elle remettait leur sort à toutes deux entre ses mains. Après tout, elle était tout comme elle une loyale servante de la Comtesse Elise, et possédait sans nul doute les armes pour affronter quelques barrages administratifs. Et si déjà sa troupe armée posait des difficultés logistiques, administratives et financières dans la capitale de ses terres, la baronne éspérait silencieusement que cela serve d'exemple illustrant ses précédents doutes pour leur périple à venir.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 07 janv. 2018, 17:21, modifié 4 fois.
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Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


Awards \o/
Warfo Award 2018 du meilleur PJ - RP
Warfo Award 2019 du meilleur PJ - Élaboration
Dream Team 2018 et 2019 avec Lucretia Von Shwitzerhaüm
Miss Vieux Monde 2019 et 2020

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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Warfo Award 2018 du meilleur PJ - Élaboration
Messages : 543
Profil : FOR 16 / END 14 / HAB 17 / CHAR 18 / INT 17 / INI 19* / ATT 17 / PAR 14 / Tir 12 / NA 4 / PV 134/140
Lien fiche wiki : http://www.warforum-jdr.com/wiki-v2/dok ... itzerhauem

Re: Une offre impossible à refuser [Dokhara & Lucretia].

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

Retour sur évènement.
Lorsqu’elle avait aperçu le visage de sa consœur, Lucretia avait bien noté le petit air satisfait, heureux, complaît qu’avait alors arboré cette première. Mais sitôt qu’elle avait remarqué la présence de la Lahmiane dans son dos et que leurs regards s’étaient croisés, l’expression de Dokhara s’était soudainement décomposée. Adieu, la nonchalante insouciance, au revoir, la béatitude exacerbée ; place à la peur viscérale et à la pétrification même d’un corps. C’était sans aucun doute, en sus de l’odeur du sang qui fleurait à cent pas à la ronde, ce brutal changement des traits de sa comparse qui avait alerté Lucretia et l’avait enjointe à ouvrir la porte menant sur l’arrière-boutique. Le spectacle qu’elle avait alors trouvé eût manqué de délayer un battement de son cœur si elle avait encore été en vie, tant la scène avait de quoi la surprendre. Mais, toute craintive que la vampire avait été de tomber sur le corps sans vie de Dokhara, l’ébahissement provoqué par le crime, dirigé contre une tout autre personne, ne pouvait pas même égaler le soulagement et le bonheur de la savoir toujours intacte. Aussi Lucretia, minimisant toute gravité, n’avait connu aucun mal à arborer sa désinvolture habituelle. Désinvolture qui ne tarda pas à s’effriter.

La question avait été posée en toute logique ; pourquoi diable Dokhara avait-elle agi de la sorte, à son insu, supprimant une tenancière qui, en apparence, n’avait commis aucun mal ? Agrippant le poignet de la baronne de Soya, Lucretia avait pénétré plus en avant dans la pièce, entraînant son « otage » avec elle, lui demandant de s’expliquer. Et Dokhara s’essaya à jouer à la plus maligne.

Cela commença simplement avec l’affirmation que la Lahmiane s’était inquiétée pour elle, ce qui était vrai, chose que ne réfuta pas Lucretia.

« Oui. Car si vous devez mourir, conformément à ce que vous m’avez juré, je tiens à être dans les parages, afin de pouvoir vous transformer. Trépassez trop tôt, et vous n’aurez que Morr comme seule… compagne. »

Par la suite, ce ne fut qu’esquives et sarcasmes, refusant de répondre aux interrogations fondées de Lucretia pour riposter par une série de questions insolentes. Du mimétisme sur la façon qu’avait Lucretia de se comporter et d’agir, des mimiques impertinentes, et une nonchalance exécrable qui aurait presque laissé à penser que les disquisitions de la vampire ennuyaient Dokhara à mourir. Mais plus que tout, ce fut cette dernière singerie, imitant quelque personne se recroquevillant face au bâton, qui acheva d’endêver la vampire. Mais que pensait-elle donc véritablement ? Ce fut tout juste si une claque magistrale ne partit pas sur-le-champ. Elle se retint avec brio, embrigadant ses émotions que pour mieux les libérer par la suite.

Car Dokhara, après s’être comportée de la sorte, afficha une nouvelle fois l’expression candide de la jeune femme heureuse et comblée dont rien ni personne ne pouvait souffler le bonheur. Avec attention et connivence, mettant de côté cette outrecuidance dont elle s’était si bien parée jusque-là, elle raconta à quel point elle avait apprécié leur dernier échange tout en prévoyant déjà de choisir une cabine assez confortable pour terminer ce qu’elles avaient commencé. Oui, c’était la véritable réincarnation d’une bachelette autrefois ruinée par diverses tribulations qu’un miracle semblait avoir ramenée à la vie. Dommage que cette renaissance arrivât juste après un comportement que Lucretia ne pouvait pardonner ni oublier. Celle-ci calqua son expression sur celle de sa consœur, l’espace de quelques secondes, rayonnant d’une joie simple et partagée. Oui, le petit instant qu’elles avaient partagé l’avait tout aussi comblée. Oui, l’apaisement que l’on pouvait lire sur les traits de la Lahmiane reflétait son envie imminente que de passer du temps, seule à seule, avec Dokhara, dans une cabine, voyageant quiètement sur les flots du Talabec. Oui, encore, elle souhaitait à ce qu’elles vivent d’autres moments du même acabit. Elle lui rendit son baiser, simple, doux, fugace.

Les deux gifles partirent avec une vitesse surprenante, alors même que ses lèvres venaient tout juste de quitter celles de Dokhara, et que Lucretia conservait son expression légère et attendrie. Qu’elle s’y attendît ou non ne changea rien à la donne ; les claques demeuraient assez puissantes pour lui faire perdre son équilibre et la faire choir à quelques pas de là, cul par terre, les joues cuisantes. Peut-être avait-elle songé à se faire battre, peut-être avait-elle fini par en douter, calmée par la douceur des gestes de sa compagne, mais si Dokhara avait baigné dans une innocence et une joie palpable, si contente, si satisfaite de s’être débarrassée de quelque mal que ce fût d’une manière comme d’une autre, la flamme de son resplendissant bonheur fut mouchée sur le coup, dans l’instant suivant, sans que rien ne l’alarmât. Lucretia avait bien noté ce soudain changement dans le comportement de sa consœur, qui lui avait avoué son contentement face aux derniers évènements passés avec elle. Mais peu lui en chalait. Elle n’avait retenu que cette attitude insolente de la part de sa protégée, qui semblait se sentir pousser des ailes et s’autorisait des commentaires inconvenants. Pire encore, elle pérorait et dégoisait librement sous son nez avec désinvolture, soudainement inconsciente vis-à-vis de Lucretia, dont elle profitait trop de ses largesses. Ce qui ne dérangeait pas la Lahmiane, tant que l’intéressée restait dans les clous et rangeait ses railleries au placard. Es qualités de vampire, elle pouvait faire preuve d’une extraordinaire patience comme d’une incroyable inconstance, et estimait déjà avoir montré une grande tolérance quant aux lubies de la jeune femme. Oui, que croyait-elle vraiment, avec sa dernière mimique ; que Lucretia n’oserait jamais porter la main sur elle ailleurs que dans quelque jeu douteux ? Deux gifles ne représentaient pas grand-chose vis-à-vis de l’endêvement dont elle pouvait faire preuve, mais il s’agissait à tout le moins d’une première et dernière mise en garde qu’elle ne tarda pas à accompagner de paroles sournoises et délibérément blessantes. Encore que, du côté de Lucretia, la colère et l’impatience engendraient toujours un peu plus d’ire et d’instabilité. Elle avait souhaité, dans un premier temps, se montrer un tant soit peu magnanime et clémente, se contentant de la relever le plus simplement du monde, mais elle se surprit à agir différemment.

En un clignement d’œil, elle alla se glisser derrière le corps affaissé de Dokhara qui gisait au sol, encore légèrement déboussolée après cette scène qui n’avait pas duré plus d’une seconde. Plutôt que de la harper par le poignet et de la redresser sur ses pieds, comme elle y avait songé de prime abord, elle s’empara le plus simplement du monde de sa chevelure, toute bien coiffée et ordonnée, pour la hisser sans effort à hauteur de son visage, insufflant une douleur aussi morale que physique, très certainement, à sa proie.

« Et je suis ladite mort vivante qui s’engage dans un stupide voyage au bout du monde. Pensez-vous que je sois davantage sensée ? lui demanda-t-elle dans un murmure vipérin, intransigeant. Alors je vous saurai gré de surveiller vos paroles aussi bien que votre comportement, la prochaine fois. Et vos actions. Car si j’agis tel que vous le décrivez, c’est parce que je puis me le permettre. Et si vous pouvez agir de la sorte, c’est simplement parce que je vous l’autorise et surveille vos arrières. Sans moi, vous n’êtes plus rien qu’une simple humaine ballottée dans une carriole, suivant un chemin incertain après avoir trahi l’amour véritable de ce qui était peut-être la seule personne à vous l’avoir un jour accordé. »

Revenir sur Ingrid était assurément l’un des moyens les plus efficaces de la heurter de plein fouet, possiblement plus douloureusement que ne l’eût fait un coup de dague. Lucretia y avait pensé. Un petit coup dans le ventre, sans prévenir, sans que son visage ne trahît rien, et regarder l’étonnement poindre sur ses traits tandis qu’elle lui conterait à quel point ce genre d’attitude envers elle n’était pas envisageable. Mais avec l’esprit de Dokhara, qu’elle découvrait de plus en plus dérangé, elle en était venue à se demander si elle n’aurait pas apprécié cela. Une expérience au bord de la mort, sans toutefois y plonger véritablement. Car Lucretia l’eût soignée, de toute évidence. Non, mentionner Ingrid était aussi facile qu’efficace.

Elle la contempla, là, comme une statue de marbre, mais l’on pouvait sans peine deviner la tempête qui sévissait derrière ce visage au grain de peau opalin, immaculé. Un courroux qui ne tarderait pas à se déverser sur la pauvre créature qui avait une fois osé défier l'incarnation immortelle qu’elle représentait, l’immanité nonpareille prête à tout renverser sur son passage. Eût-elle été humaine que sa respiration se serait emballée et que ses joues se seraient empourprées, mais sa nature si spécifique, si spéciale, l’empêchait d’adopter un tel comportement. Le souffle de ses poumons demeurait aussi calme et posé que d’ordinaire, telle la mécanique rodée qu’elle s’était imposée afin de conserver une attitude humaine, et ses chairs se paraient de cette éternelle teinte marmoréenne. Une envie, une foucade cruelle traversa ses pensées, mais, en dépit de ce qu’elle pouvait présentement ressentir, Lucretia se surprit à l’étouffer dans son esprit.

« Je gage que le message est passé. Je l’espère de tout cœur, en vérité, lâcha-t-elle finalement, dans une voix étrangement calme et apaisée. Si vous agissez déjà de la sorte actuellement, qu’est-ce que cela donnera-t-il par la suite. Et je devrais être encore plus répressive, ce qui ne me plaît aucunement, mais ne m’empêchera jamais de l’être. Quant à votre vêture que vous semblez prête à quitter, par jeu ou par défi pour mieux que je vous châtre… »

Alors dans le dos de Dokhara, Lucretia fit couler ses doigts sous les lanières qui retenaient la robe entre ses omoplates, effleurant délibérément sa peau, rompant avec la dureté dont elle avait fait preuve jusqu’à présent. Ou presque. Car, s’en emparant fermement, elle tira sur les lacets entrecroisés, à pleine main, et la baronne de Soya n’eut pas d’autre choix que d’être une fois de plus légèrement déstabilisée, plaquée tout contre la Lahmiane qui lui glissa ces quelques mots au creux de l’oreille.

« Je n’en ferai rien. Car, tel que je vous connais, si je devais vous la confisquer, je mettrais ma main à couper que vous en éprouveriez beaucoup d’amertume et de rancœur. Croyez-moi… »

Si Dokhara, toujours collée à Lucretia, ne pouvait lire l’expression de son visage, elle put certainement deviner au ton de sa voix que son petit sourire narquois était revenu de lui-même.
Un pas en arrière, puis un autre, et les mains de la vampire se plantèrent fermement sur les épaules de la jeune femme, avec conviction et autorité.

« Bien, maintenant que tout ceci est expliqué, voire corrigé, j’escompte à ce que vous vous repreniez, ma fille. Prenez quelques secondes, puis venez me rejoindre dans mon carrosse. Nous mettons les voiles. »

Lucretia sortit de la pièce.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 07 janv. 2018, 17:21, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total : 24 xps
FOR 16 / END 14 / HAB 17 / CHAR 18 / INT 17 / INI 19* / ATT 17 / PAR 13 / TIR 11 / MAG 17 / NA 4 / PV 134/140
Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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Dokhara de Soya
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Re: Une offre impossible à refuser [Dokhara & Lucretia].

Message par Dokhara de Soya »

Fin du retour sur évènement


Dokhara s'était laissée amadouer.
Elle savait ne pas pouvoir répondre aux questions de la vampire, et avait tenter de dévier la conversation en jouant à la plus maline. En concluant sa tentative par la proposition de se déshabiller pour être mieux frappée, elle avait espéré que ce simple jeu de psychologie inversée aurait suffi à la protéger d'un retour de bâton. Elle avait cru qu'en l'amadouant avec quelques promesses de promiscuité, elle saurait se tirer du mauvais pas dans lequel elle s'était mise en manquant de discrétion pour son crime.
C'était bien mal connaitre la lahmianne qui avait joué le jeu, pour mieux la surprendre. La jeune baronne était tombée dans le panneau - elle avait cru au regard aimant de Lucrétia, cru à son retour de baiser tendre et doux, cru que sa pirouette avait réussi avec brio à la tirer de cette situation épineuse.

Elle n'eut pas le loisir de se remettre de cet effet de surprise, ou de se plaindre de la douleur engendrée. Même pas une seconde après avoir amorti sa chute avec son postérieur, Lucrétia la relevait déjà... en la soulevant par les cheveux.
Sentant la force exercée sur son cuir capillaire, Dokhara cria de douleur, tentant tant bien que mal de limiter la douleur en reprenant appui sur le sol de ses pieds, et en accompagnant de la tête le mouvement de la lahmianne. Le résultat ne fut pas convaincant, des larmes de douleur perlant inconsciemment des yeux de la baronne.

Le visage de Lucrétia avait changé du tout au tout, comme si elle avait changé de masque dans l'instant. Le calme et la patience aimante qu'elle affichait une seconde auparavant avaient disparu, désormais remplacés par une inexpressivité qui faisait froid dans le dos. Si sa voix était glaciale d'agacement, ses traits restaient plus figés que ceux d'une statue, pas un seul sentiment ne réussissant à trouver sa voie sur son visage parfait. C'est dans ce type de moment que Dokhara se rappelait pleinement que Lucrétia n'était pas humaine - car aucun humain ne pourrait garder un tel calme apparent, tout en gelant les sangs de quiconque dans la même pièce par sa seule aura.

La jeune baronne n'en mena pas large. Elle se laissa sermonner, son regard devint fuyant, ses mouvements destinés à limiter la douleur de son crâne désordonnés. Elle aurait aimé garder son calme, gérer cette situation et montrer à la vampire qu'elle était au dessus de ces quelques menaces. Mais elle n'y parvint pas, du moins pas tout de suite. Car lorsque Lucrétia fit mention d'Ingrid, relâchant enfin sa prise sur la chevelure flamboyante de Dokhara, cela sortit l'héritière de Soya de sa torpeur effrayée.

Elle croisa le regard de Lucrétia, tentant tant bien que mal d'avoir un visage aussi neutre qu'elle, de cacher ses émotions. Ses yeux ne parvinrent néanmoins pas au même exploit, du mépris mêlé de colère transparaissant derrière l'humidité de ses rétines.

Cette flamme fut néanmoins mouchée aussi rapidement qu'elle était apparue. Si plusieurs sarcasmes avaient germé dans son esprit, elle eut l'intelligence de les garder pour elle. Elle ne détacha pas son regard des prunelles émeraude de sa consœur, laissant cette dernière voir les germes de sa rancœur disparaitre.
A la vérité, la jeune baronne aurait été bien en mal d'expliquer comment la quiétude avait supplanté ses émotions. Quelque chose au fond d'elle était serein, détendu, et ne voyait pas l’intérêt de s'exciter pour cette courte humiliation physique. Si l'effet de surprise avait ébranlé son calme, ce dernier semblait avoir rapidement retrouvé sa place.

D'ailleurs la vampire suivit apparemment le même étouffement de son amertume. Son visage se radoucit pour le plus grand plaisir de Dokhara, et sa voix retrouva une douce chaleur tandis qu'elle prenait le rôle d'une mère qui avait été forcée de sévir, non pas pour son plaisir, mais uniquement pour apprendre quelque chose à sa fille.

Elle senti les lacets de sa robe dans son dos se serrer, tandis que la lahmianne jouait avec. A moitié étouffée par le tissu se comprimant sur elle, Dokhara se retrouva plaquée contre la vampire qui susurrait à son oreille d'une voix amusée.

Oui, la tempête était passée. Et si son arrivée avait surpris une baronne de Soya qui avait eu la bêtise de baisser sa garde, son départ la laissait quelque peu hébétée, comme incrédule face à la disparition soudaine d'un phénomène qui menaçait une seconde auparavant de tout détruire.

Lucrétia quitta la pièce, laissant à Dokhara le temps de reprendre ses esprits.

Son propre calme surprit la baronne de Soya. Acceptait-elle vraiment la manière de Lucrétia de rappeler le respect qui lui était dû ? Ne se sentait-elle pas humiliée par le traitement qu'elle lui avait infligée, comme si elle n'était qu'une gamine mal éduquée ?
Oui. Non. Quelle importance ?
Peut-être était-elle légèrement déçue. Son admiration pour la puissante vampire s'effritait un peu en voyant que la seule manière que semblait avoir cette dernière pour imposer ses frontières était la violence. Que sa seule manière de blesser Dokhara était de faire mention d'Ingrid, une arme qu'elle avait elle-même offert à la lahmianne quelques minutes plus tôt pendant leur repas.
Était-ce tout ce dont était capable cette créature légendaire ? Ou bien se refusait-elle à utiliser d'artifices plus surnaturels contre sa consœur ?
D'ailleurs, la correction passée, Lucrétia n'avait-elle pas quitté la pièce sans plus insister sur la raison du meurtre ? Cette violence mesurée n'était-elle pas qu'un prétexte pour permettre à Dokhara de garder ses secrets ?

La jeune baronne haussa les épaules, ne pouvant trouver seule des réponses à ces questions. Elle se massa le cuir chevelu pour tenter de calmer la douleur, puis effleura ses deux joues, toutes deux brûlantes et endolories. C'était désagréable, mais elle s'en accommoderait.

Comme en transe, l'esprit en ébullition tant par son récent meurtre que par cette altercation, Dokhara sortit de la pièce sans même adresser un dernier regard au cadavre. Il était temps de se mettre en route pour Talabheim.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 07 janv. 2018, 17:21, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total : 30 xps
Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


Awards \o/
Warfo Award 2018 du meilleur PJ - RP
Warfo Award 2019 du meilleur PJ - Élaboration
Dream Team 2018 et 2019 avec Lucretia Von Shwitzerhaüm
Miss Vieux Monde 2019 et 2020

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