Une offre impossible à refuser [Dokhara & Lucretia].

Le Talabecland se trouve au coeur de l'Empire, et ses armées prennent souvent la forme de petites forces d'élites. Helmut Feuerbach est porté disparu, mais sa cour est toujours dans la Cité de Talabheim.

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[MJ] Le Grand Duc
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Re: Une offre impossible à refuser [Dokhara & Lucretia].

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Des réverbères à bougie éclairaient la rue encadrée par les maisons à étage et les boutiques fermées du quartier commerçant. Dokhara ouvrit la porte du fiacre et descendit par le côté du véhicule. Devant elle, la voie était barrée par une ligne de soldatesque portant l'uniforme rouge et blanc frappé du loup des hommes du guet de Talabheim, que l'on appelait grossièrement les Museaux. Il y avait une dizaine de hallebardiers et une demi-douzaine d'arbalétriers qui mirent la baronne de Soya en joue dès que cette dernière posa le pied sur le pavé. Derrière le fiacre, même constat : six ou sept soldats barraient la rue qui se faisait plus étroite en remontant vers le quartier châtelain.

Deux individus s'avancèrent depuis la ligne qui faisait face au fiacre, et Dokhara su dès l'instant à qui elle avait à faire. Le premier était un répurgateur, comme en témoignait son chapeau à larges bords et son long manteau sombre. Son visage était rongé par la barbe et son regard luisait dans l'ombre de son couvre-chef tandis que la lumière vacillante des lampadaires faisait briller la broche en forme de comète à deux queues qui était accrochée à son haut col. Cette figure inquiétante était flanquée d'un prêtre-guerrier de Sigmar, un homme d'une stature imposante engoncé dans un harnois frappé de sceaux et de parchemin bénits. Un livre sacré accroché à une cordelette pendait contre la robe de sa soutane et ses mains gantées de fer étaient fermées sur un marteau de guerre décoré de gravures saintes et de prières. Enfin, de lourdes chaînes lui faisaient office de collier et un anneau en métal ceignait son crâne chauve, donnant à son visage plein de morgue un air patibulaire.


- "Baronne Dokhara de Soya," clama le répurgateur, "vous êtes condamnée par contumace pour les crimes suivants, survenus en la ville d'Altdorf : atteinte aux bonnes mœurs, fornication, perversion, démonologie, hérésie et adoration des Dieux Sombres. Le Saint-Office vous condamne au bûché afin que, par Sigmar, le mal qui vous imprègne soit purgé par le feu purificateur." L'homme annonçait cela avec un ton détaché et protocolaire marqué d'accents grandiloquents. Ce faisant, il sortit une main gantée de cuir de sous son manteau, présentant une paire de menottes en fer. "Veuillez vous rendre aux autorités de l'Eglise sans résister."

Le prêtre-guerrier à ses côtés empoigna lentement son marteau de guerre, imperturbable. Derrière eux, les Museaux semblaient nerveux. Les hallebardes étaient baissées vers l'avant et les carreaux d'arbalète pointés droit sur Dokhara. Le conducteur du fiacre, lui, n'osait pas bouger d'un pouce, ses mains tremblante serrées sur les rennes de ses deux chevaux.
Si vous avez besoin de plus d'informations sur votre environnement immédiat, n'hésitez pas
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Dokhara de Soya
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Re: Une offre impossible à refuser [Dokhara & Lucretia].

Message par Dokhara de Soya »

- Oh.

C'est la seule réaction qu'eut Dokhara de Soya en descendant du fiacre, fermant la porte derrière elle et découvrant la scène qui se jouait devant elle. Scène dont elle semblait bien malheureusement être l'actrice principale.
Peut-être s'était-elle emballée en supposant que c'étaient les slaaneshis qui avaient organisé ce nouvel arrêt. Puisque ces derniers avaient su la retrouver dans la nuit qui avait précédé, elle avait trop rapidement pensé qu'eux seuls seraient capables de la traquer et l'intercepter ainsi.
Mais il fallait se rendre à l'évidence, la cellule de cultistes d'Altdorf, peu importait la taille de son réseau, ne pouvait réussir à créer une telle mise en scène.

L'inquisition s'était donné bien du mal. Une trentaine d'hommes réunis pour elle seule - mais pour qui la prenaient-ils donc ? Une vampire ? Rien qu'affronter un seul des Museaux lui paraissait déjà tâche insurmontable alors toute une troupe...

Curieusement, savoir que ce n'étaient pas les cultistes qui se tenaient devant elle l'avait soulagé. Son destin ne s'en trouvait nullement meilleur, ses chances de survie s'étaient même considérablement amoindries. Mais de manière totalement illogique, savoir que ce n'était "que" l'inquisition l'avait rassérénée. Loin de l'oppressante et pernicieuse influence des slaaneshis, les sigmarites semblaient arriver tels une délivrance.

La baronne de Soya observa ses deux bourreaux avec calme. Elle écouta attentivement la longue liste des méfaits qui lui étaient reprochés, son esprit commençant à s'activer.

Nulle fuite possible.
Il y a avait bien quelques ruelles sans Museaux pour les protéger, mais il n'y avait aucun moyen pour Dokhara d'en rejoindre une avant qu'une volée de carreaux d'arbalétriers ne la stoppe dans sa course.
Même problème pour le fiacre. Il était juste derrière elle, et peut-être réussirait-elle à se mettre à l'abri à l'intérieur, Lucrétia usant de sa magie pour terrifier les chevaux qui détaleraient. Mais là encore, pas moyen que le véhicule ne quitte la rue avant que ses chevaux ne soient ciblés.

Les Museaux étaient terrifiés. Ce qui pouvait être un atout si elle souhaitait berner leur crédulité quant à ses réelles capacités - mais aussi un danger supplémentaire. Un mouvement trop brusque, et dans la panique elle pourrait se retrouver constellée de carreaux d'arbalètes.


Les charges contre elles étaient étonnamment précises. La peine de mort qui conclut la liste ne fut pas une grande surprise.

Le bûcher, donc ? La boucle serait bouclée, c'était poétique. Née d'une mère sorcière flamboyante morte en couches, elle serait ainsi née par le feu, puis morte par le feu. Une conclusion logique.

Qui l'avait vendue ? Les cultistes peut-être ? Apprenant son association avec Lucrétia et craignant l'interférence d'une vampire dans leurs affaires, ils l'auraient trahie ? Illogique, elle connaissait l'identité d'une partie des dirigeants de la cellule d'Altdorf, les informations que l'inquisition pouvaient lui extirper ne valaient pas les gains de sa mort par ce biais.
Non, une seule conclusion s'imposait. L'un des cultistes ayant participé à ses orgies avait été capturé, et avait vendu la mèche sur l'identité de tous ceux qu'il avait côtoyé.

Condamnée par contumace. Bien sur. Son absence d'Altdorf avait été perçue comme une tentative de fuite, une preuve irréfutable de sa culpabilité.

Elle allait mourir.
C'était bizarre. C'était difficile de réaliser.
Une minute plus tôt, elle avait encore la tête sous les jupons de son amante. C'était si brusque.
Alors pourquoi cela ne l'affectait pas ? Ne devrait-elle pas être terrifiée par la fin du parcours ? Pourquoi ne ressentait-elle que cette curieuse sérénité face à a mort ?

Le fil de pensée dériva vers ses serviteurs.
Alda, Harold, Rhomgar, Gart.
Étaient-ils tous déjà morts ?
Peut-être.

Impossible de s'en émouvoir.

Pas de peur.

Pas de regrets.

Pas grand chose.


Un regard derrière elle, vers le fiacre.

Si, un regret, bien sur. Une promesse d'une nouvelle vie qui se brisait au moment même où elle la touchait du doigt. Fuir avec Lucrétia, partir à l'aventure en Inja avec son amante, loin du culte, loin de cette existence gâchée, et retrouver la joie de vivre qu'elle avait perdu. L'espoir d'un nouveau départ qui avait été aussi agréable à caresser que sa porteuse.
Lucrétia lui avait rappelé ce que c'était de ressentir. D'avoir peur, d'être frustrée, de s'énerver, d'aimer, d'espérer. Une morte lui avait rappelé comment vivre - les dieux s'amusaient bien.

Le doux rêve de devenir lahmianne. De reprendre le contrôle de sa liberté.

Tssss.

Elle glissa la main à la ceinture en tissu de sa robe, et détacha le petit pendentif qu'elle y avait accroché. Le mouvement était lent, le geste large, elle ne voulait pas se montrer menaçante envers un public qui attendait le moindre signe d'hostilité pour cesser toute diplomatie.

Levant la petite croix dorée au niveau de son visage, elle embrassa l'effigie de Ranald de la pointe des lèvres.

- Tu ne m'as pas pardonnée Ranald, n'est-ce pas ? Je comprends. Tu me punis en me privant de ma liberté une dernière fois.

Toujours aussi lentement, elle s'accroupit avec l'objectif de déposer le pendentif au sol. Il était en plaqué or, une vieille breloque sans valeur usée par le temps, mais qui ferait peut-être un joli souvenir d'elle à Lucrétia.

La vampire ne devait pas être impliquée. Non pas que Dokhara ne la croyait pas capable de tuer ces hommes - Lucrétia von Shwitzerhaüm était capable de tout. Mais...
Sa demande avait été égoïste. S'il s'était agi des cultistes, elle se serait délectée de voir son amante, déchaînée par la passion, sortir en furie du fiacre et faire étalage de ses pouvoirs pour massacrer ses opposants. Mais là c'était différent. Sa nature de vampire était déjà connue au sein de la noblesse du Talabecland, même si le secret était gardé par les proches de la Comtesse Elise. Mais si un seul Museau survivait à une éventuelle bataille, et que l'inquisition décidait alors de traquer la vampire Lucrétia, alors tous ses alliés lui tourneraient le dos. Bratian serait brûlé, ses serviteurs tués, et elle ne pourrait plus être en sécurité nulle part dans l'Empire.

Lucrétia n'avait pas à tomber avec elle. Elle n'avait pas à payer pour ses erreurs.

C'était la fin. Une conclusion méritée à une quête insensée de liberté qui n'aura jamais abouti nulle part. Le repos d'une âme tourmentée par une succession d'échecs et d'erreurs.



Et pourtant...




Sa main, plutôt que de relâcher le pendentif, se resserra sur l'objet.




ET POURTANT...



Elle l'écrasa entre ses doigts de toutes ses forces, avec une telle violence que les pointes de la croix pénétrèrent la peau de sa main jusqu'au sang.
Une larme coula inconsciemment de l'un de ses yeux pour glisser de sa joue jusqu'à son menton.



JE NE SUIS PAS D'ACCORD, RANALD !

VA.

TE.

FAIRE.

FOUTRE !



Elle releva la tête en direction du duo inquisitorial, une flamme nouvelle dans le regard.

- Dites à vos hommes de se détendre. Je ne cache nul démon sous ma robe, et je ne risque pas de les "pervertir" à cette distance. Je me rends sans résistance, voyez vous-même.

Elle ne laisserait pas cette apathie la diriger. Ce calme étouffant qui mettait en sourdine ses sens, cette léthargie des émotions que Slaanesh avait insidieusement développé en elle. Le feu qu'avait nourri Lucrétia ne s'éteindrait pas ainsi. La lahmianne était son remède, et elle pouvait sentir son regard par la fenêtre du fiacre derrière elle.

Elle abandonna son pendentif ensanglanté au sol, vestige d'un temps qui était désormais révolu. Puis elle se releva, essuya distraitement sa larme du coin de sa manche, et observa la paire de menottes en fer tendues dans sa direction. Elle poussa alors un profond soupir, puis tendit les poignets en avant, invitant le répurgateur à l'arrêter en bonne et due forme. C'est la tête droite, la voix fière, et avec tout ce qui lui restait de dignité qu'elle s'adressa à lui et à son compagnon prêtre.

- J'aurais aimé participer à mon procès, si l'on avait daigné m'informer de son existence et me transmettre une invitation. J'aurais pu porter de plus jolis vêtements pour commencer. Et éventuellement, me défendre de ces crimes dont on m'accuse. Aujourd'hui cela me semble compromis - j'ai assez fréquenté l’Église pour savoir que ce type de manifestation nocturne ne possède pas de mécanisme de marche arrière. Faites votre travail répurgateur. Oserais-je néanmoins vous soumettre une dernière volonté ?

Dokhara n'attendit pas la réponse. Allez savoir si elle ne serait pas bâillonnée ou assommée dans les secondes qui suivraient le verrouillage de ses fers. Il y avait peut-être encore une carte à jouer ici, une petite chance de se sortir de cette situation, un dernier atout aléatoire à dégainer.

- Si la justices des hommes m'a condamné sans même daigner m'entendre, peut-être puis-je encore être écoutée par la justice des Dieux. Je souhaiterais d'ici à ma mort - demain matin je suppose si l'on souhaite avoir un large public - bénéficier d'un temps de recueillement, seule face à la lumière des étoiles. Car je sais que Sigmar écoutera toujours une prière sincère, et voir la lumière d'une dernière comète traverser la voute céleste serait pour moi une manière de quitter cette terre en étant en paix avec moi-même. Vous avez bien une cellule avec vue quelque part pour une baronne, non ?

Ce disant, elle observa à nouveau le ciel, tout comme elle l'avait fait quelques minutes plus tôt en sortant de la Fine Plume.


C'était vraiment une belle nuit.


Et ça ne sera certainement pas sa dernière.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 13 févr. 2018, 17:53, modifié 4 fois.
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Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


Awards \o/
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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: Une offre impossible à refuser [Dokhara & Lucretia].

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

Ce qu’elles avaient toutes les deux partagé les avait réunies l’espace d’un instant comme autrefois, et ce même instant n’avait plus qu’à demeurer le plus longtemps possible. Un maillon faible s’était peut-être refermé, un nœud resserré sur une complicité qui s’était jusque-là effilochée, sans que pourtant jamais elles ne vinssent à se tourner totalement le dos. Il y avait eu des avants et des après, des rapprochements et la mise en place de certaines barrières, dans un chaos d’aléas aussi désordonnés les uns que les autres. Certains de ces avancements puisaient leur source dans des faits fondés et rationnels là ou l’existence d’autres de ces nouvelles frontières, au contraire, n’avaient pas lieu d’être, mais s’étaient malgré tout établies entre les deux femmes. Des questions qui n’avaient jamais été posées, des doutes qui demeuraient secrets, une considération estimée, mais tout autant entachée, et nombre de non-dits qui se devinaient çà et là, instaurant un climat qu’elles n’avaient jamais connu.

Un tel abandon de la part de l’une comme de l’autre pouvait signifier beaucoup, aussi bien pour Lucretia que pour Dokhara. Elles s’étaient séparées ainsi, par une noire nuit d’automne, au milieu de draps défaits dans une chambre isolée. Un dernier cadeau, un au revoir, voire peut-être même un adieu, quoique chargé de promesses qu’elles espéraient un jour se voir réalisées. Leurs corps s’étaient enlacés une dernière fois avant un schisme certain, une absence aussi bien prolongée que ressentie. Peut-être, encore, fallait-il un juste retour des choses pour qu’elles en vinssent à se redécouvrir. Une réitération du passé pour pouvoir avancer de concorde dans l’avenir. Se perdre l’une avec l’autre et renaître de ces sentiments, émotions, et complicité retrouvés.
Peut-être. Et Lucretia espérait que cet arrêt brutal n’eût point pour effet d’anéantir ce qui était potentiellement en train de se créer.

L’agacement fut la réaction qui suivit la vague de désir ayant submergé l’habitacle pour noyer au moins l’une de ses occupantes, à son corps défendant, et l’interruption, après les avoir laissées hébétées, balaya les vestiges d’un plaisir désormais dissipé. Une petite voix dans la tête de Lucretia en vint presque à trouver l’occasion heureuse ; sans nul doute que, eu égard à cet état éperdu qui s’était emparé d’elle, Dokhara n’aurait pas manqué quelques piques bien senties de retour sur terre. Là, sa consœur n’avait définitivement plus la tête à cela ; ses traits témoignaient de l’irritation qui la parcourait actuellement, et la hâte qui inspirait ses actions, se rhabillant avec empressement, ne parvenait pas à dissimuler sa soudaine mauvaise humeur.

Et pourtant, alors que Lucretia protestait à son tour, introduisant la présence invisible de la sororité dans le véhicule en mentionnant simplement leur existence, le visage de baronne de Soya trahit comme un léger doute, marqué par un arrêt des plus imperceptibles dans ses mouvements. Elle acquiesça toutefois à l’idée de la Lahmiane, qu’elle partageait vraisemblablement ; mieux valait qu’elle sortît seule, laissant l’existence de Lucretia dans l’ombre. Et pourtant, une fois de plus, une pensée singulière sembla entailler que plus encore la confiance endêvée qu’elle arborait. Nouvelle interruption dans ses agissements ; nouveaux raisonnements, semblait-il, et ceux-ci firent définitivement éclater le masque de la baronne. Dernier regard, paniqué, cette fois-ci, en direction de sa compagne, puis elle s’en fut au-dehors, ouvrant la porte, mais non sans avoir lâché ces derniers mots dont les échos éplorés vinrent puissamment se répercuter sur les fondations mêmes de l’armure de Lucretia, l’ébréchant au passage.

Ne pas les laisser les séparer.

Une vague d’émotions bien différentes de celles qu’elle avait ressenties jusque-là se déversa sur Lucretia, demeurée immobile, regard fixé sur les portes désormais closes la séparant de Dokhara. Un trouble interne, une multitude d’hésitations et de sentiments partagés la cueillirent à froid sans qu’elle fût préparée et, l’espace de quelques instants, la Lahmiane ne put réagir avec son habituel discernement. Trop de flous, trop d’incertitudes et d’indécisions qui la clouèrent sur place, esseulée dans cet habitacle toujours hanté par les vestiges et le parfum de celle qui venait à l’instant de quitter les lieux. Quelques mots, quelques paroles, qui avaient toutefois eu un effet des plus déstabilisants ; remettre en cause son égocentrisme aussi bien que son égoïsme et se rendre compte, peut-être, qu’une autre comptait tout aussi fortement à ses yeux. Elle s’en était déjà aperçue au fur et à mesure qu’elle s’était liée à Dokhara, lors de la Taladélégation, puis quand elles s’étaient quittées avant de se retrouver ces derniers temps. Là, la panique et la peur de l’abandon qu’elle avait lues chez sa compagne avaient cristallisé son ressenti. Elle ne laisserait certainement pas la sororité les séparer.

Demeurant sans bouger à l’intérieur du fiacre, Lucretia fut tout en mesure de saisir le contenu des paroles que l’on prononça au-dehors. Des paroles qui l’étonnèrent quelque peu ; si les Lahmianes avaient coutume que de contrôler le monde de la manière la plus fourbe qui fût, elle doutait malgré tout qu’elles pussent être en mesure de tisser leur toile au travers même de l’Inquisition. Car la sentence qui perçait la cloison de bois pour se distiller dans ses oreilles n’avait pas d’autre provenance que le clergé sigmarite dans son fanatisme le plus zélé. Plus encore, voilà que les accusations se reportaient assurément à la période qui avait suivi leur séparation, lorsque Dokhara s’en était repartie à Altdorf comme Lucretia avait fait route vers les Principautés Frontalières. Atteintes aux bonnes mœurs, fornication, démonologie et adoration des Dieux Sombres. L’Inquisition était connue et reconnue pour son extrémisme religieux, allant jusqu’à extrapoler le moindre fait qui pouvait être reproché. S’agissait-il de la vérité, ou d’une hyperbolisation de ce qu’avait pu traficoter la baronne de Soya ? Jouer les gomorrhéennes suffisait-il à se voir accuser de tous les maux, ou avait-elle effectivement frayé avec le Chaos ? Car Dokhara avait çà et là eu quelque comportement étrange, en effet.

N’en résultait qu’une troupe de taille assez importante venait la cueillir, là, à la sortie de ce fiacre. Ce qu’avait entendu Lucretia demeurait conforme à la réalité ; des soldats, trop de soldats qui s’étaient postés de part et d’autre en travers de la route. Un nombre suffisamment conséquent pour que Lucretia ne pût rien faire, sans arme et avec un usage limité de la magie. Et quand bien même aurait-elle été en pleine possession de ses moyens qu’elle n’aurait pu parvenir à submerger autant de militaires. Il fallait être pragmatique et raisonnable face à tant d’adversité. L’idée d’ouvrir la portière afin de fournir à sa consœur un bouclier de bois contre le tir d’éventuels projectifs lui traversa l’esprit, mais qu’adviendrait-il par la suite ? Il demeurait possible de prendre la fuite à l’aide d’un sortilège sonore suffisamment puissant pour que les montures s’emballassent dans les rues de Talabheim. Mais là encore, quelques sagettes bien ajustées, et le fiacre ne manquerait pas de s’arrêter net une nouvelle fois sans sa force de traction. Et quid, encore, du cocher qui risquait de ne pas se montrer aussi serviable que la Lahmiane l’aurait voulu, tétanisé par l’Inquisition qui s’était déployée devant lui ? Non, mieux valait la jouer fine plutôt que de faire étalage d’une violence aussi démesurée que superfétatoire. Et pourtant, Lucretia bouillait intérieurement de ne pouvoir être en mesure de réagir et de protéger son amante. De rester cloitrée dans l’habitacle sans se montrer, de jouer la carte de la patience plutôt que de l’exubérance. Mais à elle que d’être plus intelligente et de savoir contrôler ses pulsions dévastatrices qui, jusque-là, la démangeaient horriblement.

Et pour cause, elle n’eut aucun mal à comprendre le petit manège de Dokhara et les raisons d’une pareille demande. Un ergastule avec vue sur l’extérieur, afin d’obtenir la rédemption de son âme face à tous les péchés qu’elle avait pu commettre. Un accès qui, en vérité, n’avait pas pour autre visée que de permettre à la Lahmiane de venir la secourir cette nuit même si la requête était accordée. Il lui fallait pour le moment prendre son mal en patience et attendre la décision du répurgateur. Demeurer le plus discrète possible, et préparer son plan.

Ils ne savaient peut-être pas qui était Lucretia, ils n’avaient peut-être pas conscience qu’elle se trouvait à bord du fiacre. Ils ignoraient potentiellement son apparence. Et elle ne les laisserait pas grappiller davantage d’informations sur la possible compagne de celle qu’ils venaient tout juste de condamner.

Si personne ne venait ouvrir le fiacre, elle attendrait que celui-ci reparte avant d’entrebâiller la porte et de se transformer en corneille, volant le plus vite possible en direction de l’auberge de la Transborée pour préparer son plan de sauvetage.
Sans quoi, si quelque personne que ce fût venait vérifier l’intérieur de l’habitacle, elle ne manquerait pas de l’entendre avant de se transformer. Et sitôt que le battant de bois serait ouvert, elle s’envolerait vers les cieux en direction de la même auberge.
Edit : en vérité, je suivrai d'abord le convoi de sigmarite afin de voir où il se rend et où Dokhara sera emprisonnée, puis je me rendrai à la Transborée, le tout en forme de corneil.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 13 févr. 2018, 17:54, modifié 1 fois.
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FOR 16 / END 14 / HAB 17 / CHAR 18 / INT 17 / INI 19* / ATT 17 / PAR 13 / TIR 11 / MAG 17 / NA 4 / PV 134/140
Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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Re: Une offre impossible à refuser [Dokhara & Lucretia].

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Un sourire s'étira sous le chapeau à larges bords du répurgateur et ce dernier s'avança en direction du fiacre, le prêtre-guerrier et un garde du Guet sur ses talons.

- "Une cellule avec vue, oui madame la baronne." se contenta-t-il de dire en arrivant à hauteur de Dokhara.

Le sinistre personnage lui passa délicatement les fers, emprisonnant ses poignets devant elle. Il fit ensuite un signe au Museau et ce dernier rengaina son épée pour se saisir d'un havresac en tissu noir qu'il enfila sur la tête de la baronne avant d'en serrer les cordelettes, la plongeant dans le noir total.

Les trois hommes revinrent vers la soldatesque barrant la rue en compagnie de leur captive et l'escadron s'éloigna en ordre de marche, laissant là le véhicule, son conducteur encore tremblant et la vampire qui s'y trouvait.


Dokhara
Elle se tenait seule au centre de sa minuscule cellule, dans l'obscurité totale, le froid et l'humidité. Les quatre murs de briques qui l'entouraient montaient sur plus de dix mètres jusqu'à une grille carrée à travers laquelle filtrait faiblement la lumière pâle des deux lunes. Des gouttes perlaient depuis ce lointain plafond, s'écrasant sur le sol glacé, produisant un vacarme brisant le silence de plomb qui régnait ici bas.

Elle avait marché sous bonne escorte, seulement guidée par le bruit des pas de ses geôliers et la hampe d'une hallebarde qu'on pressait contre son dos lorsqu'elle déviait. Plusieurs fois elle avait glissé, chutant contre le pavé de la rue, et des mains solides l'avaient relevée sans ménagement. Personne ne parlait, son monde désormais noir n'était que claquement des bottes et cliquetis de ses chaînes. Puis on avait ouvert un lourd portail, on était entré dans un bâtiment froid. Les bruits de bottes de firent moins nombreux, elle n'était désormais accompagnée que par deux ou trois hommes. Crépitement des torches, toux lointaines. Des volées de marches. A plusieurs reprises. Elle pouvait sentir l'humidité contre sa nuque. Claquements métalliques, un cri de souffrance quelque part, étouffé par la distance ou quelque porte. Tintement d'un trousseau de clé. Puis à nouveau, les bottes, un cri plus éloigné encore, de femme cette fois. Trousseau de clé. Porte. Escaliers. Trousseau de clé. Porte. Sa marche lui semblait interminable. Trousseau de clé. Porte. Une odeur rance la pris soudainement à la gorge malgré la cagoule lui cachant le visage. Effluves d'urine et d'excréments. Elle marcha encore quelques minutes. Trousseau de clé. Porte. Escaliers. Puis on l'immobilisa. Il ne se passa rien pendant une bonne vingtaine de secondes, puis on lui déchira brutalement ses habits. Si elle résistait, une pluie de coups s'abattait sur elle, peut-être une ou deux injures. Et quand bien même elle ne résistait pas, un poing vint s'écraser dans son visage sans qu'elle puisse s'y préparer, lui cassant le nez. Le sang lui coulait dans la bouche, métallique. Si elle tombait, on la rélevait. Elle se retrouva complètement nue, meurtrie et grelottante. Des mains calleuses vinrent lui caresser avidement les hanches, puis les cuisses et enfin la poitrine, avant de se faire réprimander par un ordre aboyé à quelques mètres derrière Dokhara. On lui passa un pantalon en jute grossière et une chemise trop ample de même facture, puis il fallut marcher à nouveau. Trousseau, porte, escaliers. Trousseau, porte, escaliers. Trousseau, porte. On la poussa violemment en avant, elle s'écrasa contre un mur et s'écroula par terre. Ses fers lui furent retirés, lui rougissant les poignets, et on desserra les cordelettes de sa cagoule pour la lui enlever.

Elle se retrouva nez à nez avec un homme mal rasé et puant la bière qui la regardait mi-hilare mi-dégoûté.


- "Demain matin tu brûles, sorcière."

Sur ces mots, il quitta la cellule et son comparse, qui tenait une lanterne, referma derrière lui. Trousseau. Silence.
Lucrétia

Une corneille fendait l'air frais de la nuit, survolant les toits et les cheminées de la cité. Les rues et les venelles s'étendaient sous elle et sa hauteur lui donnait une vue sans pareil sur les quartiers agglutinés de l'Oeil de la Forêt. Si l'oiseau suivait la troupe emmenant Dokhara, elle pu le faire jusqu'à ce que la captive soit emmenée dans les Caves, l'immense complexe carcéral du Quartier de la Loi. Les tourelles et créneaux du sinistre bâtiment étaient garnis de braseros et de gardes en faction surveillant les alentours. La baronne de Soya maintenant hors de vue, l'oiseau noir de jais s'envola à nouveau et reprit sa course, s'élevant dans les airs pour dépasser l'immense muraille du Taalbastion et redescendre vers le pâté sordide qu'était Talagaad, en bordure du fleuve. La corneille survola les taudis et les bâtiments indistincts de la Petite Kislev en direction de l'auberge de la Transborée. Mais une activité incongrue attira son regard vif et l'oiseau se posa sur un coq en métal décorant le faîte d'un toit pour observer la rue en contrebas. Une patrouille d'une dizaine de gardes approchait d'un pas décidé vers l'établissement où Lucrétia et Dokhara avait élu domicile, descendant l'allée boueuse habituellement vide à cette heure avancée de la nuit. Les torches que certains portaient éclairaient le fer de leurs plastrons et de leurs hallebarde. Un sous-officier marchait en tête, chapeau à plumes sur la tête et pistolet dégainé en main. Ceux qui voulaient du mal à la baronne de Soya étaient visiblement bien renseignés et suffisamment haut placés pour utiliser les Museaux comme bon leur semblait. A moins que ces interventions avaient à voir avec autre chose ...
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Dokhara de Soya
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Re: Une offre impossible à refuser [Dokhara & Lucretia].

Message par Dokhara de Soya »

Difficile de savoir dans le sourire du répurgateur s'il se moquait d'elle ou non, mais c'était trop tard pour s'en soucier - désormais menottée et cagoulée, Dokhara ne pouvait plus que suivre son escorte vers sa cellule.

Elle avait l'habitude d'errer de nuit dans les rues d'Altdorf, et au gré de ses aventures avec les Bienfaiteurs, elle avait acquis un pas sur et agile qui lui permettait de se mouvoir aussi rapidement que silencieusement dans la ville. Mais c'était une chose que de courir librement d'une ruelle à l'autre sous la lumière des étoiles, et d'avancer dans le noir le plus complet avec la pointe d'une arme blanche chatouillant votre dos. Ajoutez à cela les rues pavées qui étaient l'ennemi naturel des talons de ses bottines, et vous obtenez la meilleure situation pour voir une noble trébucher tous les dix pas, quand elle ne s'affalait pas littéralement au sol.

Au début de cette longue marche, la résolution de la baronne de Soya était sans faille. Malgré les chutes, rien ne venait obscurcir sa détermination et déjà, elle prenait note de tous les bruits qu'elle percevait, du nombre de pas qu'elle parcourait et quels changements de direction elle opérait. Elle espérait ainsi, si fuir était possible, avoir assez d'indices pour retrouver son chemin.

Ce courage s'effrita au bout d'un moment. Difficile de déterminer le nombre de minutes ayant précédé cet abandon, plongée dans ces ténèbres. Mais alors qu'ils franchissaient une énième porte, traversaient un énième couloir, changeaient de direction pour la énième fois, Dokhara de Soya dut se rendre à l'évidence - le chemin qu'ils avaient emprunté était bien trop complexe pour qu'elle put en retenir tous les détails.

Plus que sa mémoire, c'est son espoir qui commençait à souffrir de cet éreintant parcours. Lucrétia pourrait-elle vraiment la retrouver dans le tortueux labyrinthe qu'on lui faisait traverser ? Combien de gardes lui faudrait-il vaincre, combien d'ennemis et d'obstacles se dressaient désormais entre elles ?

Que ne s'était-elle gardée que de se laisser emporter par la douce léthargie de l'acceptation ? Car en s'accrochant à l'espoir d'un éventuel sauvetage de son amante, elle devait désormais accepter aussi la peur de voir cette flamme douchée.

Seule dans le noir, Dokhara affronta ses démons en focalisant toutes ses pensées sur Lucrétia. Plus que penser à son sauvetage, elle tenta tant bien que mal de se remémorer chaque instant qu'elles avaient partagé, et tout le cocktail d'émotions que la vampire avait su créer en elle. Leur rencontre en Bratian, leur petite aventure dans les bois, leur alliance contre le jeune Von Schirach, leur cours particulier de combat à l'épée avec la Mort Blanche, leur tête-à-tête dans le carrosse. Leur nuit de plaisir. Leurs adieux. Leurs retrouvailles. Ses gémissements de jouissance qui résonnaient dans le fiacre.
Un petit microcosme permettant de fuir la réalité.


Elle s'était arrêtée. Était-elle arrivée à destination ? Était-elle dans sa cellule ?

On tire d'un coup sec sur son corset. Elle tombe en avant, se relève tant bien que mal.
Un coup de genou dans les côtes. Difficile de respirer.
Ça lui rappelle son père.
Quelqu'un découpe au couteau le tissu dans son dos. Arrache le vêtement de force.
Elle ne tente pas de se débattre. C'était toujours pire quand elle se débattait avec Wildred. Il cognait plus fort.

On la touche. Des mains, cinq, six ? Sur ses seins, son cou, ses hanches.

TERREUR.

Elle était une femme libérée des carcans de la société, qui goutait à tous les plaisirs que la vie pouvait lui offrir. Mais jamais n'avait-elle pu tolérer qu'on lui impose quoi que ce soit. C'était ainsi que sa foi en Slaanesh avait pu cohabiter avec celle en Ranald - même le Prince du chaos ne pourrait lui voler son besoin obsessionnel de liberté. Personne n'avait le droit de lui imposer ses choix, et encore moins de la toucher sans son consentement.

Elle perd le contrôle. Elle se débat. On lui tire les cheveux. Un coup de poing dans le visage, son nez craque.

Qu'importe la douleur. ON NE LA TOUCHERAIT PAS.

Plus que se débattre, elle essaie de mettre un coup de boule à la personne la plus proche. Elle avait déjà eu à affronter des bandes de ruffians dans les bas-quartiers d'Altdorf qui avaient les mêmes objectifs lubriques. Elle avait déjà écopé de coups et de blessures. Elle avait l'expérience de ce genre de combats. Elle se battrait jusqu'à l'évanouissement s'il le fallait. Tout plutôt que d'être consciente de ce qu'on pouvait lui infliger.

Elle se fait plaquer au mur. Une main se saisit de son front et fait percuter sa tête contre la pierre.

Elle se sent perdre conscience. Une nouvelle paire de mains sur sa poitrine.

Elle tente un coup de genou dans les parties de l'homme. Elle touche quelque chose, entend un cri.

Des mains l'étranglent.

Une voix grave donne un ordre. On la relâche.

Elle pleure sous sa cagoule. Elle déglutit du sang. Elle sent qu'il en coule sur sa nuque. Elle a encore du mal à respirer après les coups dans ses côtes.

Les mains reviennent, mais cette fois-ci pour l'habiller de force. Le tissu gratte au contact.

On la pousse en avant.

Maigre consolation que d'avoir échappé au pire.

Encore des couloirs, des escaliers, des portes. Elle n'essaie plus de savoir où elle est. Sa conscience s'échappe. Elle fuit, loin de tout, laissant son corps simple pantin promené à travers un dédale absurde. Elle se protège de la terreur qui l'envahit et corrompt toutes ses pensées.

Une pression dans son dos, on l'envoie valser contre un mur. Son épaule percute la pierre, avant qu'elle ne s'écroule au sol. Elle a mal à tant d'endroits de son corps qu'il devient difficile de différencier toutes ses douleurs.

On lui retire ses fers et sa cagoule.

Puis on l'abandonne à son sort.

Que faire maintenant ?

Pleurer semble un bon départ.


***


L'avantage d'être seule dans une cellule glaciale, c'est que cela donne le temps de réfléchir. Le froid anesthésiant les douleurs, assise contre un mur, Dokhara faisait le point.

Avait-elle peur ?

Oui. Plus que jamais désormais, elle savait que la fin était proche. Elle était consciente que ses espoirs de sauvetage étaient dérisoires. Elle allait probablement mourir demain.

De quoi avait-elle peur ?

La réponse était évidente. De ne plus voir Lucrétia. Elle avait redonné un sens à une vie qui l'avait perdu. Elle lui avait offert la promesse d'une existence différente, d'un retour à zéro à partir duquel elle pourrait cette fois-ci faire les bons choix.

Avait-elle des regrets ?

Un seul. A un seul moment de sa vie, peut-être s'était-elle trompée.
Lorsqu'elle avait choisi Slaanesh plutôt que Rhya. Alors que la WaldMutter Ingrid lui avait offert un amour sans compromis, Dokhara s'était laissée corrompre par sa soif de pouvoir en Altdorf. Elle aurait pu quitter sa vie et devenir initiée de Rhya sous la tutelle de son amante, une vie simple mais heureuse. Mais elle n'avait pas eu le courage de perdre l'héritage de la famille de Soya, d'abandonner son statut et son prestige. A ce moment précis, elle avait perdu de vue son bonheur pour une soif de pouvoir qui ne l'avait menée nulle part.



Lucrétia et Ingrid. Ombre et Lumière. Mort et vie. Mensonge et vérité. Corneille et colombe.

Dokhara eut un sourire triste alors qu'elle laissa sa tête s'affaisser contre le mur, observant les étoiles par la grille qui se tenait dix mètres au dessus d'elle.

Il était ironique de voir qu'aujourd'hui encore, c'était entre ces deux femmes que ses espoirs se cristallisaient. Comme si rien ne changeait jamais vraiment, et qu'elle se retrouvait éternellement tiraillée à travers le même dilemme moral.

Elles étaient les deux seules personnes à pouvoir la tirer de là, et dans une situation si catastrophique elle ne pouvait faire l'impasse sur l'une des deux.

Aussi se releva t-elle, pour se mettre à genoux au milieu de sa cellule. Joignant les mains pour prier, elle tourna sa tête vers les étoiles avant de clore ses paupières.

- Rhya.
Il y a longtemps, quand j'étais petite, l'une de tes prêtresses m'a enseigné tes valeurs. Je n'ai jamais su comment un triste Sire comme Père avait pu s'entendre avec une femme si pure, mais toujours était-il qu'elle incarnait un rai de lumière dans ma vie. Au milieu des réceptions pleine de courtisans hypocrites croulant sous les biens matériels, elle apparaissait dans ses robes à moitié composées de branches et de feuilles mortes, et irradiait d'un bonheur plus simple et plus vrai que quiconque. Vivant uniquement de tes bienfaits, dormant à même la terre de tes forêts, cette curieuse femme m'a montré la première qu'il existait d'autres façons de profiter de cette existence que celles que m'apprenaient Père. Qu'il y avait d'autres routes pour être heureuses.
Puis lorsque je m'égarais, tu m'as envoyé Ingrid. Je ne saurais jamais t'être assez reconnaissante pour cette rencontre. Elle m'a aidé comme personne n'aurait pu le faire, à m'accepter telle que je suis. Elle m'a guidé. Je regrette de ne pas avoir su me montrer digne de ce qu'elle m'offrait en ton nom. Je regrette vraiment.


Court silence.

- Je ne te mentirais pas Rhya. Je ne cherche pas ta rédemption. Ce que j'ai fait... ce serait mensonger de venir désormais te demander de l'aide en échange d'une fidélité renouvelée. J'ai échoué à prendre le chemin que ta servante me montrait, et si je crois toujours en tes enseignements, si je sais désormais que Slaanesh ne fait que corrompre les cadeaux que tu as offert aux hommes, je sais aussi que mon chemin n'est plus le tien.

Encore un silence. Dokhara pleurait désormais, les larmes accompagnant une honnêteté dont elle n'avait plus fait preuve depuis une éternité.

- Non je ne te mentirais pas. Quand bien même je sortirais de cette épreuve, ce ne serait pas pour me tourner vers toi à nouveau. La lahmianne Lucrétia, une vampire, l'anathème de la vie personnifiée, m'a montré un autre chemin. Un chemin hérétique pour toi et tes croyances, mais que j'ai décidé d'emprunter. Car... je l'aime, Rhya.

Dokhara éclata en sanglots. Elle laissa les larmes couler sans retenue, les laisant s'écraser sur ses genoux.

- Ca n'a pas de sens ! Si tu es la déesse de l'Amour et de la Vie, pourquoi as-tu éveillé chez moi ce sentiment pour une morte-vivante ? Pourquoi ai-je reçu ton baiser lorsqu'elle m'est apparue ? Elle est ton ennemi jurée ! Est-ce une punition ? Un test ? Je ne comprends pas ! Suis-je censé rejeter la seule créature sur cette terre qui me fait ressentir cela ? Je ne le ferais pas ! J'ai parjuré mes émotions pour Ingrid, me mentant à moi-même pour des considérations politiques idiotes ! Je ne referais plus cette erreur, j'accepte ce que je ressens, tu m'entends ?

Dokhara frappait de ses deux poings sur le sol désormais, se recroquevillant sur elle-même. Elle se laissait totalement aller à cette vague de désespoir qui la débordait. Elle allait mourir demain - cette simple vérité rendait obsolète toutes les protections mentales qu'elle s'était efforcée de maintenir des années durant. C'étaient ses dernières heures de vie, elle pouvait bien se laisser aller à sa détresse, et crier au visage des dieux tout ce qui lui rongeait le coeur.

Il lui fallut plusieurs minutes pour réussir à retrouver son calme. Comme si pleurer lui avait permis d'évacuer un trop plein d'émotions, elle avait l'impression d'avoir retrouvé un esprit clair lorsqu'elle se remit en position pour conclure sa prière.

- Rhya. Si je suis sans doutes la pire de tes disciples, cela ne change rien à la nature de la demande que je vais émettre. Il y a longtemps, ta servante Ingrid, WaldMutter du Talabecland, m'a offert une colombe nommée Blanche. Et elle m'a promis, Rhya, elle m'a promis que le jour où je serais en danger, je n'aurais qu'à crier son nom pour que cet oiseau aille la chercher afin qu'elle vienne me secourir. Il s'agit d'une promesse faite en ton nom par la femme la plus pure que j'aie jamais connu, et qui a eu la bêtise de s'enticher d'une hérétique comme moi. Je ne crois pas qu'elle puisse me sauver dans ma position. Mais j'aimerais au moins... la revoir. Lui dire merci. Qu'elle sache que mes émotions étaient sincères. Et que je suis désolée de m'être détournée du bonheur qu'elle aurait pu m'apporter.

Puis elle rouvrit les yeux, et observa le ciel étoilé, avant de crier.

- BLANCHE ! FICHUE COLOMBE, SI TU M'ENTENDS, C'EST AUJOURD'HUI QUE TA MISSION PREND SENS ! J'AI SUPPORTE DES MOIS DURANT QUE TU PRENNES MES CHEVEUX POUR TON NID PERSONNEL, ALORS IL EST TEMPS D'ACCOMPLIR CE POUR QUOI TA MAITRESSE T'A CONFIE A MOI ! DIS A INGRID OU JE SUIS ET QUE J'AI BESOIN D'ELLE !

Dokhara s'écroula en arrière, comme si ce cri du coeur était venu à bout de ses dernières forces. Couchée en étoile sur le sol, elle se perdait encore dans l'admiration des étoiles. Puis tout à coup, elle se mit à sourire avant d'éclater d'un rire nerveux.

- Et maintenant, je fais quoi ? Y a t-il un panthéon vampirique ? Dois-je prier le dieu des lahmiannes de guider son élue jusqu'à moi ? Ou est-ce directement à toi que je dois adresser mes prières Lucrétia ? Tu es déjà si fière de ta personne, je crains ta réaction le jour où tu apprendrais que je t'ai élevée au rang de déesse...

Le froid l'agressait, les maigres vêtements qu'on avait daigné lui laisser ne protégeant en rien du vent qui traversait la grille au-dessus d'elle. La fatigue accompagnait le rang de ses ennemis, mais elle refusait de se laisser emporter - à tout moment l'un des oiseaux attendu pouvait survenir, et elle ne voulait pas être au pays des songes si cet espoir devenait réalité.

Après avoir déprimé, pleuré, prié et réfléchi, Dokhara avait retrouvé la sérénité qui avait accompagné la découverte du groupe de Museaux à la sortie de son fiacre.
Elle avait fait tout ce qui était en son pouvoir désormais.
Son destin n'était plus entre ses mains.

Cessant de penser à son futur incertain, elle se perdit dans la contemplation des étoiles, guettant un signe des dieux.
Je dépense tous mes PdC de Rhya dans cette prière. Alea jacta est :mrgreen:
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 13 févr. 2018, 17:54, modifié 1 fois.
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Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


Awards \o/
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Warfo Award 2019 du meilleur PJ - Élaboration
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Miss Vieux Monde 2019 et 2020

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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: Une offre impossible à refuser [Dokhara & Lucretia].

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

Personne ne vint vérifier si une autre personne se trouvait à bord du véhicule. Si l’inquisition paraissait détenir nombre d’informations sur la baronne de Soya, il demeurait fort possible qu’elle n’en possédât pas, ou alors que trop peu, concernant Lucretia von Shwitzerhaüm. Celle-ci avait, en définitive, bien fait de ne pas se montrer, évoluant dans l’ombre de cette parodie de jugement. Car la Lahmiane comptait réellement agir afin de délivrer sa consœur.

Elle recueillit les paroles du répurgateur, lequel assura que Dokhara disposerait bel et bien d’un ergastule avec un soupirail donnant vers les cieux, dernière faveur pour une ultime rédemption. Fort heureusement ; eût-il refusé que la baronne aurait dès lors été définitivement condamnée. En dépit de ses pouvoirs et de son essence des plus surnaturelles, Lucretia ne voyait pas comment libérer quelque personne que ce fût au beau milieu des tunnels s’étendant sous le Quartier de la Loi, que ce fut par la ruse ou la force.

Le bruit des bottes résonna sur les pavés dans ce rythme si caractéristiquement martial, s’éloignant du carrosse, s’étiolant dans le lointain. Le fiacre, lui, ne bougea point, et, au travers des vantaux de bois composant l’habitacle, la vampire put percevoir la respiration frénétique d’un homme qui reprenait son souffle en jurant tout bas. Alors, après avoir entrebâillé la porte avec douceur pour se laisser une échappatoire, elle se plongea au sein d’elle-même, cherchant sa troisième forme au cœur de son être. Quelques secondes plus tard, et une corneille noire s’extirpa de la voiture, invisible dans les ténèbres de la nuit, voletant à toute allure bien haut vers la lune.

Alors que tous les évènements semblaient se liguer contre elle, Lucretia ne put que s’émerveiller, comme à chaque fois, de l’impression de liberté que lui conférait cette transformation. Elle filait dans les airs sans contrainte ni limite, fusait au-dessus des toits avec le monde à ses pieds. Plus de population pour la ralentir, plus de petites venelles tortueuses pour l’obliger à faire demi-tour ; la voilà qui pouvait se précipiter vers l’avant sans aucune barrière physique pour la faire défléchir. Il lui fallut toutefois composer avec un certain détachement de ces sentiments si exaltants pour se focaliser de nouveau sur cette nouvelle tâche qu’elle se serait bien gardée d’accepter en d’autre occasion. Rasant dès lors les ruelles d’une Talabheim endormie, elle se mit à la recherche de la troupe militaire, qu’elle repéra bien vite.

La prudence avait été de mise, et Lucretia s’en félicita. De son point de vue, elle put sans détour contempler l’attroupement de cette soldatesque composée de Museaux, ces gardes du Taalbastion œuvrant comme des rats dans la fourmilière creusée sous les remparts de la ville. Une bonne vingtaine d’hommes, à bien compter. Oui, définitivement, la moindre action téméraire se serait soldée par un échec, et, si la Lahmiane avait pu s’en sortir vivante, rien n’était moins sûr en ce qui concernait sa comparse. Mieux valait laisser de côté la précipitation et agir, au contraire, avec précaution et réflexion.

La troupe du répurgateur mena la corneille jusqu’aux Caves, le dispositif pécuniaire situé juste en face du Grand Tribunal, dans le Quartier de la Loi qu’elles avaient traversé pendant la journée. Et, en voyant le tableau de l’imposant bâtiment dont les fondations s’étendaient en un réseau tentaculaire garni d’alvéoles composant les geôles, Lucretia eut un déclic. Au cours de ses séjours à Talabheim, elle n’avait eu de cesse que de jaspiner avec la noblesse de céans, partageant histoires et ragots, et l’une de ces rumeurs colportées concernait justement la personne tenant les Caves. Elle avait oublié le nom du protagoniste, mais se remembrait bien à quel point celui-ci n’était aucunement immarcescible, et pour cause ; nombre de hobereaux l’avaient en de maintes reprises soudoyé afin de réduire, voire de supprimer, la peine de leurs proches. La question, toutefois, demeurait en suspens vis-à-vis des charges qui pesaient sur les épaules de Dokhara et, surtout, de la présence de l’Inquisition en ces murs. Etait-ce véritablement le commandant des Caves qui contrôlait encore et toujours le tout, ou, eu égard à la présence d’une autorité étrangère, la baronne de Soya était-elle définitivement entre les mains d’une juridiction différente ?

Question en suspens, mais question qui méritait d’être posée, quoiqu’en dernier recours. Ils ne connaissaient peut-être pas encore l’identité de la Lahmiane, à présumer qu’ils sussent quelque chose à son sujet, et celle-ci n’était pas encore assez intrépide pour en révéler davantage en se présentant aux Caves comme étant celle prêtre à délivrer une criminelle jugée pour hérésie et adoration des Dieux Sombres. Voilà que l’Inquisition, en apprenant cela, ne manquerait pas de s’intéresser d’un peu plus près à sa personne.

Sachant désormais où se situait plus ou moins sa consoeur, la corneille fit demi-tour pour aller rejoindre l’auberge de la Transborée.
***


Alors qu’elle filait en direction de l’auberge, une myriade de réfléchissements argentés vint perturber la course de la corneille, qui se posa sur un toit, intriguée. Plongeant son regard en contrebas de la rue, elle contempla un tableau qu’elle commençait un peu trop à connaître à son goût ; celui d’une troupe militaire battant le pavé d’une attitude décidée, une destination précise en tête. Et le lieu choisi n’avait vraisemblablement pas l’air d’être différent de la résidence temporaire de Lucretia et, surtout, de Dokhara. Ainsi, non content d'écrouer cette dernière, l’Inquisition avait opté d’effectuer une descente afin de saisir les affaires de la jeune femme pour y trouver de plus amples preuves au travers de leurs disquisitions. Elle ne pensait pas, toutefois, que ce qu’ils trouveraient la menacerait davantage Dokhara, dans la mesure où il pouvait difficilement y avoir pire que le bûcher. En revanche, pour ce qui était des affaires personnelles de Lucretia, cela pouvait être une tout autre histoire. Elle fusa dans la cour de l’établissement, gagnant plusieurs minutes d’avance sur les militaires afin d’alerter les siens. Il n’y avait jamais assez de prudence à avoir concernant les répurgateurs, et, sur un malentendu, le clergé sigmarite était tout à fait à même que de tous les condamner pour hérésie, eux aussi.

« HANS, MARCUS !! » hurla-t-elle comme une forcenée en pénétrant dans la grande salle du bâtiment. Une demi-douzaine de clients se retournèrent très certainement en l’observant avec circonspection, voire, peut-être pour certains, avec les derniers relents de peur qui précédaient un petit sursaut, mais peu lui en chalait. Si elle ne les trouvait pas dans la grande salle, alors s’en irait-elle à l’étage. Eux, ou Elsa, ou même un des membres de sa troupe.

« On dégage. On dégage tout de suite. Faites passer le mot, prenez vos affaires, le strict minimum, et rendez-vous tous au Balalaïka. N’en parlez qu’aux nôtres, discrètement. Nous n’avons pas plus de deux minutes. »

Lucretia s’engouffra dans sa chambre, prévenant Elsa si cela n’était pas déjà fait, et récupéra toutes ses affaires, qu’elles fussent alors rangées en boule ou non, ainsi que celles de Dokhara. Surtout les pierreries, qui sauraient acheter n’importe quel passage et, en dernier lieu, assurer la liberté de sa compagne. Elle demanda à Elsa de l’aider autant que possible, quitte à requérir l’assistance de certains de ses propres hommes également. Si les deux femmes coulaient, ils couleraient tous avec elles. D’une manière comme d’une autre, elle doutait fort que sa garde possédât autant voire davantage de possessions qu’elle-même. Pas le temps, en revanche, de s’occuper du carrosse, et ce fut le cœur déchiré qu’elle l’abandonna là.

« Un fiacre nous attend tout juste pour Wolfenburg, nous devons y aller au plus vite. Mes plus plates excuses pour le dérangement », lança-t-elle au tavernier en quittant les lieux, tout son équipement en main. Une bonne chose que Dokhara eût réglé les frais par avance dès leur arrivée ; cela lui permit de gagner quelques précieuses secondes supplémentaires, si ce n’était pas quelques minutes, afin de s’esbigner le plus rapidement de là. Et peut-être même qu’envoyer les répurgateurs sur une fausse piste au nord leur assurerait une avance certaine, maintenant ou plus tard.

Si elle parvenait à l’auberge du Balalaïka, qu’elle connaissait désormais après que Dokhara l’eût mentionnée que ses hommes n’auraient pas manqué de repérer, la Lahmiane s’équiperait en circonstance, troquant ses afféteries et son ample vêture pour enfiler une veste en cuir remontée d’une pèlerine, bien plus passe-partout et pratique que sa robe. Si elle en avait la possibilité, elle s’emparerait également de sa Lame de Loec. Vidant la sacoche de chanvre, elle y laisserait le pot d’onguent, la fiole de contrepoison, ainsi que la fine corde elfique, qui ne manquerait pas de se révéler utile, et des allumettes. La Lahmiane, en prévision de futurs barreaux, s’enquerrait auprès de ses gardes pour leur arracher une lime, et, s’ils n’en possédaient pas, ferait le nécessaire afin d’en obtenir une. Puis expliquerait succinctement la situation, demandant par ailleurs s’ils avaient trouvé une barge capable de les emmener, et prendrait quatre hommes avec elle, dont Marcus et Hans, en qui elle avait toute confiance, pour se rendre dans le Quartier de la Loi. Alors, se dissimulant aux yeux de tous, quand bien même certains en avaient-il déjà l’habitude, elle s’envolerait de nouveau et vérifierait toutes les cellules ayant vue sur l’extérieur pour y trouver Dokhara.
J’ai peut-être un peu dépassé sur ce que je peux faire actuellement, mais c’est pour éviter, si j’en ai l’occasion, de faire un petit poste juste pour cela. Je gage qu’il vaut mieux être raccord avec l’avancée de Dodo.
***


La rue, s’étranglant entre deux pâtés de maisons dont les hautes parois à colombage plongeaient dans l’ombre les pavés en contrebas, respirait une atmosphère lourde d’humidité. Les caniveaux, après une bruine légère mais insistante, ne parvenaient pas à évacuer l’eau croupie qui se répandait çà et là en flaques troubles, et nombre de déformations provoquées par les outrages du temps avaient placé les plaques d’égout en dehors d’atteinte des immondices qui ruisselaient grassement. Sous la voûte des encorbellements de bois et de pierre, une brume éparse issue de la rosée vespérale stagnait, piégée par les constructions, et s’engloutissait dans les venelles des environs, dévorant son et relief. Le monde avait déserté la voirie, les gens étaient rentrés chez eux, préférant se barricader dans leur masure, oubliant la nuit que pour mieux attendre le petit jour. Tout était silencieux, le moindre bruit étant absorbé par la pierrerie et ce brouillard difforme. Seuls quelques rares échos lointains parvenaient à se frayer un chemin aveugle jusque-là, mais ces sonorités, d’origine humaine, s’en trouvaient tellement altérées par la distance et les répercussions sonores que l’on se demandait bien s’il ne s’agissait pas là de quelque monstruosité surgissant des égouts.

Une silhouette apparut soudainement au beau milieu de la rue déserte qui avait vu se jouer, il y avait une heure de cela, la tragique scène d’une jeune femme condamnée au bûcher. Elle avança, tête basse et visage plongé dans l’ombre de sa capuche relevée, comme un fantôme au milieu d’un tertre, vers une destination connue d’elle seule. Puis, aussi brusquement qu’elle était apparue, la silhouette s’abaissa lentement, recueillant dans sa main gantée un petit objet abandonné au sol. Un rayon lunaire perça le ciel enténébré, illuminant dans un bref instant la paume ainsi tournée vers la voûte céleste. La minuscule croix qui s’y nichait, alors heurtée par l’astre d’argent, lança comme un éclair doré aux alentours, et l’on put presque percevoir, à moins qu’il ne s’agît d’une illusion procrée par les volutes de brume, un étrange sourire amusé perler sur des lèvres d’un rouge sanglant. Alors, avec une désinvolture détachée, l’apparition jeta d’un geste négligeant la petite effigie de Ranald dans une bouche d’égout, qui disparut de la surface du monde dans un petit tintinnabulement métallique.
La silhouette s’en fut aussi prestement et soudainement qu’elle était arrivée.


Cela, c’est surtout pour laisser à Dodo quelque chose à lire, enfin bon, quand même. è_é
Que ça arrive avant, après, ce n’est pas important. C’est juste un petit quelque chose entre ma baronne et moi-même.
D’ailleurs, le temps qu’il fait, tous ces éclats de lumière traversant l’obscurité vespérale, c’est que pour la classe et le mystère.
Parlant de mystère, il n’est pas mentionné le nom de Lucretia, et ça reste très vague. Dokhara ne sait donc pas que c’est moi. Pas besoin de le mettre en spoiler ; objectif accompli ! \o/
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 14 févr. 2018, 13:19, modifié 1 fois.
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Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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[MJ] Le Grand Duc
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Re: Une offre impossible à refuser [Dokhara & Lucretia].

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Lucrétia
Les suivants de Lucrétia ne se firent pas prier. Ils avaient suffisamment confiance en leur maîtresse pour savoir qu'ils devaient se contenter d'obéir, et vite. Nuls doutes que les explications viendraient ensuite. Marcus héla les hommes de main qui s'empressèrent de se saisir de leurs affaires et Hans prêta main forte à Elsa, le tout sous les regards éberlués des clients et du personnel. Le palefrenier à rouflaquettes eut un moment d'hésitation à l'idée d'abandonner ses chevaux, mais la brave Elsa le tira par le bras. La baronne de Bratian et sa suite prirent la poudre d'escampette et s'éclipsèrent de l'auberge de la Transborée au moment même où l'escadron du Guet apparaissait à l'angle du pâté de maisons.

Le Balalaïka semblait être un morceau d'Oblast enchâssé au cœur de l'Empire. C'était une longue salle assez étroite en forme de L où les clients étaient assis sur des bancs, attablés les uns à côté des autres. Un grand feu brûlait dans l'âtre et l'on fumait la pipe à tout va tandis que le kvas coulait à flot, directement importé de la mère patrie par le Talabec. L'air était plein de fumée et l'ambiance chaleureuse. Un homme jouait du luth dans un coin. Il tirait une musique enjouée de son instrument à caisse triangulaire et quelques chalands déjà avinés dansaient d'un pas gauche en chantant, hilares. Les clients étaient presque exclusivement kislévites et entendre du reikspiel était chose rare. Autant dire que l'entrée fracassante de Lucrétia et sa suite aux abois ne passa pas inaperçue. L'instrument s'étrangla et les conversations se turent tandis que tous les regards se tournaient vers l'entrée. Les talabeclanders essayèrent de garder leur calme, le souffle court, et suivirent la baronne jusqu'à l'une des rares tables vides, au fond de la salle. Ils s'installèrent sous les œillades du reste de l'assistance et ce silence pesant dura encore quelques instants jusqu'à ce que le joueur de luth reprenne son morceau et que la soirée continue, le brouhaha ambiant s'amplifiant de plus belle.


- "Ma dame ... avec tout le respect que je vous dois ..." dit Marcus à voix basse en regardant par dessus son épaule. "... peut-on savoir ce qu'il se passe, par Sigmar ?!"

Lucrétia leur expliqua succinctement la situation. Elle récupéra une lime auprès de l'un de ses hommes de main tandis que le chef de son escorte lui répondit qu'un marchand avait accepté de les prendre à l'aube sur sa péniche de commerce à destination d'Altdorf, qu'il transportait du bois d'oeuvre et de la bière d'Ostermark et qu'il faisait bien entendu payer le voyage. Marcus ne manqua pas de faire remarquer à la baronne que le-dit marchand refuserait probablement de faire monter des fugitifs à bord, si tant est qu'il savait à qui il avait affaire. Pendant ce temps, Elsa essayait vainement de réconforter Hans tandis que ce dernier grommelait dans sa chope de kvas, l'air triste. Puis Lucrétia prit congé de ses gens et s'éloigna en direction des latrines pour se changer. Il y avait une ouverture en haut du mur pour aérer l'endroit, et la vampire désormais corneille n'eut aucun difficulté à s'envoler par là.

L'oiseau s'élança dans la nuit noire et fit le chemin inverse que plus tôt, s'élevant au dessus des toits du Talagaad pour filer vers les imposants mur du Taalbastion et au delà. Talabheim était endormie et la masse sombre de la forteresse des Caves se découpait dans l'obscurité du Quartier de la Loi. Lucrétia s'en approcha pour en faire le tour, survolant les tours et les créneaux ponctués de torches et de braseros. Les encadrements devant lesquels elle passa étaient tous fermés par des rangées de barreaux épais mais pas un dans lesquels elle se posa ne donnait sur une cellule contenant la pauvre Dokhara.

Soudain, et alors qu'elle volait désespéramment de fenêtre en fenêtre, son odorat surnaturel la titilla. Une effluve douce-amère, alléchante. Celle du sang. La vampire la suivit instinctivement et aperçu une forme humaine appuyée contre l'un des chemins de ronde inférieur du sinistre bâtiment. Elle se posa sur un créneau adjacent pour observer de plus près ce qu'elle devina être un des gardes de la prison, maintenu debout contre le muret qu'il devait garder et la gorge tranchée. Il y eut des chuchotements dans la ruelle en contrebas, coincée entre la forteresse et une rangée de maisons hautes. En y regardant de plus près, Lucrétia aperçu un groupe de silhouettes encapuchonnées qui s'affairaient dans le noir autour de ce qui semblait être les barreaux d'un bouche d'égout. Et c'est là qu'elle reconnu une autre odeur, tout aussi douce : celle de la baronne de Soya.
Dokhara
Les heures passèrent pour la jeune baronne et les dieux restèrent silencieux. Dokhara ne pouvait sentir que le froid transir ses membres. Le sol de sa cellule sordide était trempé et, comble du malheur, une chape de nuages cruels vinrent lui masquer la vue des étoiles, loin au dessus d'elle. Elle était seule, prostrée. Jusqu'à ce que ...

Un murmure lui parvint aux oreilles, un murmure qui lui sembla être un cri tant le silence l'entourant était lourd.


- "Attrapez doucement cette corde et attachez la solidement à votre buste."

Ses yeux s'étaient peu à peu habitués à l'obscurité totale et pourtant elle ne devina aucune ombre auprès d'elle. La porte était restée close et la voix ne venait pas de derrière. Elle venait ... elle venait de son esprit même. Et elle n'était ni masculine, ni féminine. Juste une voix, entre ses deux oreilles. Devenait-elle folle ?

Et pourtant, elle devina la forme serpentine d'une corde de chanvre qui descendait lentement devant ses yeux depuis le plafond.


- "Faites vite. Nous n'avons que peu de temps."
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Dokhara de Soya
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Re: Une offre impossible à refuser [Dokhara & Lucretia].

Message par Dokhara de Soya »

Contempler les étoiles la détendait.

Malgré le froid qui l'avait obligé à se rouler en boule dans un coin de sa cellule, bras par dessus les genoux, son esprit arrivait à échapper à la pensée de sa fin proche pour s'évader vers tout et n'importe quoi. Difficile néanmoins, en étant aussi seule, de ne pas faire son introspection - aussi se retrouva t-elle surtout à penser à son passé, à ses choix, aux personnes qu'elle avait rencontré, aux liens qu'elle avait tissé, aux actes dont elle était fière et ceux dont elle avait honte.

Lorsque des nuages vinrent lui cacher sa maigre source de réconfort, elle décida finalement de s'abandonner à la fatigue, et ferma les yeux. Son inconfort actuel n'était pas bien important si l'on considérait d'une part que ce serait peut-être la dernière fois qu'elle aurait à se plaindre d'un quelconque malaise, et d'autre part qu'au moins, le froid, la douleur et l'épuisement avaient le mérite de lui rappeler qu'elle était encore vivante, pour le moment.

Au fond d'elle, même si la situation était désespérée, Dokhara de Soya n'avait plus peur. Elle avait accepté sa situation avec calme : ayant épuisé ses possibilités, elle dépendait maintenant du bon vouloir d'autres entités. Si une occasion se présentait de survivre à cette histoire, elle était prête à la saisir et à se battre de toutes ses forces. Et si rien ne survenait... et bien elle mourait avec peu de regrets.

C'était une étrange conclusion qui s'était formée dans son esprit au fil des heures qui s'étaient égrenées dans cette sinistre cellule, une vérité qu'elle avait d'abord eu du mal à accepter, qu'elle avait d'ailleurs rejetée des jours durant.

Elle remerciait Slaanesh pour ce qu'il lui avait offert.

Certes, le Prince des Plaisirs s'était joué d'elle. Il lui avait volé non seulement sa liberté, mais aussi sa maison, ses serviteurs, ses mercenaires, ses émotions. Toute sa vie. Tout ça pour qu'aujourd'hui, par la faute-même du culte, elle se retrouve à deux pas du bûcher.

Le prix à payer aujourd'hui était trop élevé, c'était une certitude. Mais quitte à mourir demain, si elle devait regarder la vérité en face, se demander si sa vie avait valu la peine d'être vécue, alors elle ne pouvait réfuter qu'elle avait adoré chaque instant de sa vie dans lequel Slaanesh s'était insinué.

Il avait sublimé sa musique au-delà des limites humaines, créant des mélodies de violon qui altéraient les sentiments-mêmes de ceux qui l'écoutaient, les touchant directement au cœur. D'une poignée de notes, elle pouvait affecter son public plus qu'avec n'importe quel discours. En jouant elle transformait son auditoire selon son bon plaisir, pouvant les rendre fous de désir, amoureux, tristes, colériques, haineux, voire mêler toutes ses émotions pour faire germer en eux un début de douce folie.
Elle avait tué. Indirectement son père puis un marchand de passage, et hier, lame en main, cette aubergiste innocente. Dans les trois cas, et même si parfois elle avait tenté de se convaincre du contraire, elle n'avait jamais ressenti la moindre culpabilité. Bien au contraire, expérimenter le pouvoir d'ôter la vie à autrui, de regarder son sang couler sur le sol, avait été passionnant.
Et surtout, elle avait profité d'expériences sexuelles offrant un plaisir qu'aucun de ses pairs ne pouvait même concevoir, des sensations d'extase au-delà de toute définition. La morale n'avait plus sa place dans les exactions qu'elle avait commise, et en rien elle ne regretterait une seule de ces perversions eut égards aux exquises sensations qu'elle avait découvertes.
Slaanesh avait tenu sa promesse malgré le coût exorbitant de ses dons : il avait permis à Dokhara de transcender les limites de la société, des hommes et de son propre corps pour profiter de plaisirs que le commun des mortels ne pourra jamais même imaginer.

Peut-être était-ce cette réalisation qui lui permettait d'affronter la mort sereine.

Elle avait cru que son seul regret était de ne pas avoir su prendre la main tendue par Ingrid. De ne pas avoir choisi le bonheur qui lui avait été proposé... mais peut-être que Dokhara de Soya était le genre de femme qui pour vivre, avait besoin de s'associer à des criminels, des slaaneshis et des vampires. Peut-être que cette réalité alternative qu'elle s'était crée dans laquelle elle vivait heureuse avec la WaldMutter n'était qu'une illusion, et que seul l'ennui et le désespoir l'auraient attendu dans cette voie. Peut-être que Dokhara de Soya ne pouvait être heureuse qu'en se complaisant dans le dépassement de ses limites humaines, quitte à y sacrifier sa morale, sa sécurité et sa liberté.

Peut-être n'avait-elle pas fait d'erreur, mais n'avait fait que suivre sa nature.

Peut-être était-elle bel et bien la dépravée décrite dans la liste des crimes citée par le répurgateur précédemment, et méritait sa place dans cette cellule.

L'esprit embrumé dans ces étranges réflexions, Dokhara finit par céder à la fatigue au milieu d'un fil de pensée, pour s'endormir sur le sol froid de sa cellule.


***


- "Attrapez doucement cette corde et attachez la solidement à votre buste."

Elle se réveilla d'un bond, les yeux grands ouverts, observant partout autour d'elle pour tenter de dissocier rêve et réalité. Elle avait entendu une voix dans sa tête, un murmure, mais provenait-elle du monde réel ?

Il faisait trop sombre, elle n'arrivait pas à discerner quoi que ce soit. Et pourtant, à un petit mètre de son visage, il ne pouvait y avoir aucun doute sur la nature de l'objet qui était descendu de la grille jusqu'à son niveau : une corde de chanvre attendait désormais qu'elle s'y agrippe.

L'esprit encore embrumé, Dokhara n'avait pas le temps de réfléchir à la situation. De toutes manières, et même si elle n'arrivait pas à reconnaitre l'identité de cette étrange voix qui résonnait directement dans sa tête, il n'y avait aucun doute à avoir. Nul destin ne pourrait être pire que celui de brûler vive sur un bûcher, et elle se remettrait au service de Slaanesh une seconde fois si cela lui permettait de s'en sortir vivante - et surtout, de retrouver Lucretia. S'il y avait bien eu une constante dans ses réflexions nocturnes, une certitude à laquelle elle pouvait s'agripper sans crainte tant elle était profondément enracinée dans son cœur, c'était son désir impérieux de revoir son amante et de se livrer à elle corps et âme, même si cela signifiait y perdre son humanité et devenir lahmianne.

Était-ce elle qui venait à son secours ? Non, la voix était trop neutre - le ton de la vampire aurait été plus sarcastique, profitant de cet instant de supériorité écrasante pour graver dans l'esprit de sa consœur le moment où sa vie ne dépendait plus que de son bon vouloir.

Quant à Ingrid, toute favorite des Dieux qu'elle était, Dokhara ne se rappelait pas qu'elle aie la faculté de parler directement dans son esprit.

Mais alors qui ?

Peu importait dans l'instant : tout ce qui comptait, c'était de survivre.

Dokhara se saisit de la corde qu'elle enroula autour de son buste et noua solidement, avant de sa serrer aussi fort qu'elle le pouvait de ses deux mains.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 21 févr. 2018, 19:59, modifié 5 fois.
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Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


Awards \o/
Warfo Award 2018 du meilleur PJ - RP
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Dream Team 2018 et 2019 avec Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: Une offre impossible à refuser [Dokhara & Lucretia].

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

Après que Lucretia leur eût ordonné de déguerpir de là en prenant le strict minimum, si ce n’était ses propres possessions, chacun de ses hommes s’exécuta comme il se devait sous le regard médusé de la clientèle. Le chaland demeurait là, bras ballants, tandis qu’autour de lui s’organisait tout un branle-bas de combat, et l’escalier se mit à fulminer de martèlements de bottes et d’autres gueulements divers. Les sacs furent gaillardement balancés par-dessus les épaules, et l’on s’en fut aussi prestement que la Lahmiane était entrée dans les lieux. Cela ne se joua pas à grand-chose, et pour cause ; au moment où Lucretia disparaissait dans l’angle d’une ruelle oubliée, elle aperçut l’ombre grandissante du premier soldat au coin opposé du pâté de maisons. Bien, restait à présent à espérer que le secret de leur prochaine destination ne s’éventât pas afin de pouvoir former un nouveau quartier général, l’espace d’une nuitée, à la Balalaïka. La vampire s’amusait déjà de l’expression de sa consœur en se rendant une fois délivrée dans cette auberge, qu’elle avait elle-même mentionnée, pour des raisons aux antipodes de ce qu’elle avait espéré vivre. Non, l’heure n’était pas à la fête.

En pénétrant dans le bâtiment, le petit groupe créa à nouveau la stupéfaction ; l’ambiance si chaleureuse et insouciante qui y régnait jusque-là mourut sur le coup, telle la flammèche d’une bougie que l’on venait de moucher. Tout s’immobilisa durant ces quelques secondes d’éternité où fusèrent les regards soupçonneux, presque hostiles, braqués sur une porte ouverte où se découpait la silhouette d’une femme que son rang n’étrangeait que plus encore, avant que la musique, brusquement interrompue, ne reprît progressivement. D’une manière comme d’une autre, la baronne n’aurait souffert aucun refus, eu égard à sa situation des plus précaires, et elle s’était déjà impatronisée céans même. Elle conduisit sa troupe jusqu’à une de ces tables recluses propices aux cabales et aux complots, engoncées entre deux murs, et développa un peu plus les derniers évènements – tout en prenant soin d’en passer certains sous un prude silence.

« La damoiselle Dokhara de Soya a des ennuis ; elle a été incarcérée dans les Caves du quartier de la loi. Je ne prévois aucunement l’abandonner là comme laissée pour compte ou que sais-je encore, et j’ai déjà en tête que d’aller la délivrer de ses bourreaux. Marcus et Hans, vous viendrez avec moi. Je veux deux hommes supplémentaires. Le reste, vous resterez ici, tout en vous tenant prêts à embarquer dès que possible sur la péniche que vous avez trouvée. Je vous félicite pour cela, par ailleurs ; cela pourrait être une bonne échappatoire, étant donné notre situation. Ou celle qu’elle sera sous peu. »

Marcus mentionna la collaboration du propriétaire de la péniche, qui pourrait soudainement disparaître en apprenant qu’il devrait peut-être héberger des fugitifs.

« Il n’a tout simplement pas à le savoir. Nous pouvons tout bêtement être très pressés de partir, ou augmenter le prix. Entre autres. »

Lucretia n’eut aucune difficulté à se procurer une lime capable d’user les barreaux d’une cellule jusqu’à les faire céder, et se changea rapidement dans les latrines du commerce, ce qui mit à rude épreuve son odorat dont elle se coupa momentanément. Puis, profitant d’une lucarne d’aération qui menait à l’extérieur du bâtiment, elle se métamorphosa une fois de plus et s’envola dans la nuit.

Il ne lui fallut que quelques instants avant de parvenir à la forteresse des Caves qu’elle avait quittée une dizaine de minutes auparavant. Cette fois-ci, elle effectua une recherche des plus approfondies et des plus méthodiques, commençant par le faîte du bâtiment pour finir au niveau de ses fondations. Chaque cellule fut examinée, chaque ergastule fut scruté d’un œil attentif, car toutes ces geôles qu’elle pouvait visiter du regard constituaient autant d’endroits où Dokhara aurait pu être enfermée. De ce qu’elle avait entendu, le répurgateur avait paru sincère lorsqu’il avait accédé à la rédemptrice demande de la baronne de Soya.

La corneille vit nombre de scènes dérangeantes, dans l’ombre de ces murs imposants, ce qui l’alarma d’autant plus qu’elle craignait déjà pour l’intégrité de sa compagne. Elle se hâta que plus encore, sans toutefois substituer ses manières précautionneuses à cette nouvelle prestesse. Elle décrivit de petits cercles autour de l’édifice, descendant toujours plus bas, virevoltant entre les merlons délimitant les différents chemins de ronde sécurisant le périmètre. Mais toujours rien, toujours pas de Dokhara. L’inquiétude la gagna, et, avec elle, la peur d’avoir mal observé, d’avoir perdu du temps, et de devoir tout recommencer. Certes, du temps, la Lahmiane en disposait encore une certaine quantité avant de l’épuiser jusqu’à l’aube, mais chaque seconde qui s’égrainait était autant de possibles tourments que pouvait vivre sa consœur. Et elle se rapprochait et se rapprochait que plus encore du sol sans parvenir à la trouver.

Soudainement, ce fut non pas sa vision mais bien son odorat qui l’alerta que quelque chose se tramait. Une importante quantité de sang véhiculait des arômes aussi appétissants que salivants, et, sur un coup de tête aussi bien que sur une certaine note d’appréhension, Lucretia décida d’aller voir de quoi il en retournait. Sur l’un des chemins de ronde les plus inférieurs, elle découvrit un garde planté là, immobile sur le muret, mais dont la gorge avait été si bien ouverte qu’elle vomissait encore légèrement les vestiges d’un sang toujours frais. Allons donc, que signifiait cette mascarade ?

Puis ce fut son ouïe ; des chuchotements échappés la menèrent en contrebas de la ruelle qui s’étranglait entre la forteresse et les parois d’un pâté de maisons. Une poignée de silhouettes se discernaient faiblement dans l’obscurité, mais les prunelles de la corneille parvinrent sans peine à deviner les tenants et aboutissants de toute cette affaire. Les malandrins s’affairaient autour d’une ouverture, très certainement un soupirail qui, à l’étonnement de Lucretia, laissa échapper une fragrance qui la soulagea aussi bien qu’elle la frustra. Celle de Dokhara en personne.

Qui pouvaient bien être ces curieux personnages ? En vérité, la Lahmiane avait tout à fait son idée sur la question, qu’elle l’eût montré jusque-là ou non. Et, à ce qu’elle devinait là, ces silhouettes s’attelaient très certainement à libérer la jeune femme. Pour un peu, et la corneille en aurait haussé un sourcil interrogateur.

Elle virevolta assez près pour se poser sur le toit d’une maison mitoyenne à la scène qui se déroulait en bas. Lucretia aurait certes pu agir tout de suite, mais la curiosité l’emportait sur le reste, ainsi qu’une once de prudence. L’on n’était jamais assez trop précautionneux, et les espionner de la sorte pouvait en révéler assez gros. S’agissait-il d’alliés, ou bien d’ennemis ?
Elle les laisserait dans un premier temps délivrer la jeune femme, si tel était leur objectif, avant de prendre une décision. Et elle ne manquerait pas de laisser traîner ses oreilles un certain temps, volant au rythme de leur progression dans la nuit.
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 20 févr. 2018, 12:48, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total : 60 xps
FOR 16 / END 14 / HAB 17 / CHAR 18 / INT 17 / INI 19* / ATT 17 / PAR 13 / TIR 11 / MAG 17 / NA 4 / PV 134/140
Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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[MJ] Le Grand Duc
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Re: Une offre impossible à refuser [Dokhara & Lucretia].

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Lucrétia
Depuis son perchoir, la corneille avait une vue dégagée sur la scène qui se déroulait en contrebas. Elle compta trois hommes affairés autour de la grille, agenouillés, et deux autres qui faisaient office de guetteurs de part et d'autre de l'étroite ruelle, surveillant les embranchements. Ils étaient tous vêtus de longues capes sombres, capuchon relevé sur leur visage, et la lahmiane vit briller l'acier de quelques poignards à la lueur de Morrslieb. Ils opéraient en silence et le seul bruit ambiant était celui, aphone, de la ville endormie.

Il y eut du mouvement et les trois hommes agenouillés autour de la grille se mirent les uns derrière les autres, tirant en rythme ce qui semblait être une corde attachée à quelques chose de lourd au fond du drain. C'est à ce moment qu'un des deux guetteurs revint en courant vers ceux de la grille. Il glissa quelques mots à l'un des aigrefins et ils se mirent à ramener la corde à eux plus rapidement, se souciant peu du rythme désormais. Des bruits de botte pressés se firent entendre depuis une rue adjacente au même moment où un cri de surprise parvint depuis le chemin de ronde contre lequel était appuyée la vigie égorgée. Une tête casquée se pencha par-dessus le créneau.


- "Alerte ! Alerte ! Dans la ruelle des Trois Chiens !" hurla le garde en appuyant une arbalète contre le parapet.

Presque aussitôt, cinq soldats surgirent d'une rue en amont en brandissant torches, épées et hallebardes.

- "Halte !" cria l'un d'eux tandis qu'ils se précipitaient sur les hommes encapuchonnés.

Ces derniers n'arrêtèrent pas leur entreprise pour autant. Les trois compères continuaient de remonter la corde à toute vitesse malgré un carreau d'arbalète qui siffla au dessus de leurs têtes pour aller ricocher contre le pavé tandis que les deux guetteurs dégainèrent leurs épées et foncèrent à la rencontre de la patrouille pour les retenir. Lucrétia pouvait déjà entendre d'autres cris et pas précipités dans les rues avoisinantes ainsi que depuis les chemins de ronde de la forteresse. Bientôt, toute la garnison des Caves serait alertée et les alentours allaient grouiller de gardes.
Dokhara

La baronne de Soya eut a peine terminé de nouer la corde autour de son buste que l'on commença à la soulever. Le chanvre lui brûlait les aisselles mais ses pieds quittèrent bientôt le sol tandis qu'elle montait lentement vers le plafond de sa sordide cellule en un mouvement continu. Le sol s'éloignait d'elle mètre après mètre lorsque l'ascension s'arrêta brusquement, lui cisaillant un peu plus la peau. Au même moment, elle entendit des cris indistincts depuis la surface et la montée repris abruptement, plus rapide et saccadée. L'espace dans lequel elle était tractée était si étroit que la jeune femme pouvait tenter de s'appuyer aux aspérités des murs humides pour aider l'effort de ses mystérieux sauveteurs. Dokhara voyait les barreaux de fer se rapprocher de plus en plus, la chape de nuages éparses en toile de fond.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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