Dans un carrosse bien confortable où de nombreux cousins rouges contrastant avec le meubliez sombre, il était là, assis sur la banquette donnant plus une impression de canapé luxueux. Portant sa main dans la poche de son gilet, caché sous ce long et épais manteau à capuchon de velours et brodé d'argent, il sortit alors ce qui semblait être une montre à gousset simple en fer. Pourtant, malgré l'aspect vieillot de la babiole, elle était extrêmement bien entretenue, ne laissait paraître que quelque éraflure indiquant que l'objet avait vécu et n'était plus tout neuf. Une petite pression sur le côté, et voilà que l'objet rond s'ouvrit délicatement dans un petit clic, laissant paraître son contenu. Sur le côté droit, juste le cadrant d'une montre métallique aux aiguilles finement taillées, il était d'ailleurs possible de voir le petit mécanisme faisant fonctionné l'appareil. Mais l'individu n'avait que faire de l'heure, c'était… le côté gauche qu'il l'intéressait.
Le simple portrait d'une femme, dessiné avec beaucoup de talent, un mini portrait en quelque sorte bien que la couleur soit absent. Qu'importe qui était cette femme, mais son visage ne laissait pas de doute sur la beauté incroyable de cette créature. Un visage fin, des yeux complices, une large chevelure laissé décoiffée et lisse, tombant sur ses épaules et un sourire étincelant. L'homme passa sa main sur le portrait, comme si le visage était bien présent avec lui dans ce carrosse et qu'il voulait le caresser. Sa main passait néanmoins pour toucher le papier et il soupira, refermant la montre affichant l'autre côté ou était inscrit un « A » simple. L'objet rangé, il leva la tête laissant paraître sous son capuchon, des yeux d'un blanc étincelant.
Bientôt mon amour… bientôt.
*****
Se stoppant, l'aubergiste observa au loin à droite et à gauche dans les rues, cherchant l'origine de cette chose qui avait piqué sa curiosité. Très vite, cela s'avéra être un mouvement au loin, quelque chose bougeait… et bien plus vite, il put clairement certifier qu'il s'agissait de bruits de sabot. Sous les longs rideaux liquides… il put enfin voir cette chose qui avait dérangée la nuit, les choses plutôt. Plusieurs formes se détachaient de l'obscurité, cinq plus petite une plus imposante. Avec encore un peu de patience, Hugo put cette fois ci voir de quoi il s'agissait. Les petites formes étaient des cavaliers… ou plutôt des chevaliers vu leurs attirails… mais de quel ordre pouvait-il bien venir ? Leurs armures étaient d'un acier légèrement assombri, mais malgré cela, les reflets des lumières de l'auberge scintillaient sur eux comme des petits esprits joueurs. Couvert de la tête au pied d'acier, les traces de couleur vinrent avec leurs tabards et les plumes ornant le haut de leurs casques. Violet, noir et de légères touches rouges, voilà ce qui ornait leurs tabards, décorés de nombreux insignes en ors. Les destriers étaient eux équipés du même attirail à tel point qu'il était très difficile de voir les animaux en dessous du métal. Hugo put simplement voir la couleur noire du pelage mais rien de plus. Épées à la ceinture et boucliers accrochés sur le côté gauche du destrier, les chevaliers étaient protégés de la pluie par de larges capes violettes légèrement usées et recouvertes de fourrures sombres sur les épaules.
La sombre silhouette était un très large carrosse sinistre, amplement décoré de sculptures et de bas-relief, mais Hugo ne put voir grand-chose d'autre de plus, le peu de luminosité ne l'aidait pas… il ne put au final voir que le carrosse était tiré par deux sombres destriers et dirigé par un cocher abrité par un grand chapeau et un manteau lui descendant jusqu'au pied et où le col lui montait au-dessus du nez… comme les chevaliers, seul les yeux étaient visibles.
Quelque chose clochait dans tout ça, Hugo pouvait le jurer, mais il n'eut pas vraiment le temps de réfléchir à ce sujet. Soudainement, il fut comme terrorisé parce qu'il voyait, une terreur qui le poussa à se reculer rapidement et maladroitement lorsqu'un des chevaliers tournant lentement la tête dans sa direction. Maintenant la porte fermée… il décida logiquement qu'il valait mieux boire un peu, avant d'aller se coucher pour ne pas avoir ce sinistre carrosse hanter ses rêves. Peut-être que la nuit lui avait joué des tours, qui sait ? Il décida alors sereinement de croire qu'il avait juste halluciné à cause de la fatigue… c'était ça de ce démener au travail.
Malheureusement pour Hugo, il n'avait pas rêvé le moins du monde, une fois la porte de l'auberge refermée, le chevalier reporta son regard sur le reste du chemin, prenant la tête de l'escorte. Personne d'autre du village n'eut la brillante idée de voir ce qu'il se passait dehors et tant mieux, il n'aimait pas les curieux et n'était là que pour voir une seule personne… les autres n'étaient que de simples silhouettes. Le chemin continua alors jusqu'à la grande grille du manoir Hopperkruffen ou les chevaliers, bien que le visage caché sous leurs heaumes, ne purent s'empêcher de lever un sourcil. Eux qui c'était peut-être attendu à une puissante démonstration de force... comme une forteresse ou au moins un château… les voilà bien déçus maintenant. Qu'importe, cela ne serait que plus facile au final. Néanmoins, l'approche d'un tel cortège finit néanmoins par attirer l'attention de la sentinelle du portail, ce demandant bien qui serait assez bête pour venir au domaine de la baronne à une heure pareille.
Gerald, abrité sous sa cape imperméable à capuchon, observa approcher cet étrange groupe qui se stoppa net devant les grilles du domaine. Les yeux grands ouverts, il observa longuement les chevaliers droits comme des I et immuable au temps, attendant patiemment l'ouverture du portail. De l'autre côté, le cocher descendit lentement, sans vraiment se presser, pour enfin pour mettre pieds à terre. Il prit un petit temps pour remettre correctement son manteau avant de s'approcher d'un pas simple vers le garde, sortant de son grand manteau un parchemin cacheté et le tendre vers le garde.
Gerald eu une…. Très longue hésitation, décontenancé par ce silence complet venant d'étrangers pourtant très assuré. Peut-être ne parlait-il pas la langue si cela se trouve ? C'était surement ça pensa Gerald qui prit le parchemin d'une main hésitante pour l'ouvrir lentement comme il le pouvait pour ne pas le mouiller et rendre le contenu illisible. Après la lecture, il porta son regard vers l'homme qui n'avait pas dit un mot et toujours bien caché par l'ombre et ses vêtements.
-Hum… vous allez devoir attendre par contre, je ne sais pas si la Baronne peut vous recevoir et |
-La baronne va nous recevoir, le Comte n'attendra pas. |
-C'est que… la Baronne n'attendait pas de visite à cette heure, le mieux serait de revenir demain pour que je pui |
-La. Baronne. Va. Nous. Recevoir. Maintenant. |
-Hum… |
-Baronne… nous avons… de… la visite. Un homme se présentant sous le nom du comte de Montecristo… voudrait vous voir… urgemment. |