[Lucrétia et Dokhara] Taladélégation: étape en Bratian.

Le Talabecland se trouve au coeur de l'Empire, et ses armées prennent souvent la forme de petites forces d'élites. Helmut Feuerbach est porté disparu, mais sa cour est toujours dans la Cité de Talabheim.

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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Taladélégation: étape en Bratian.

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

  • Le banquet continua comme si de rien n’était et les échansons comme les domestiques s’attelaient à apporter des mets divers et variés sur les tréteaux que l’on avait fait dresser pour l’occasion. Certains allaient prendre l’air au-dehors alors que la moite température de la pièce augmentait plus que de raison, tributaire de cette chaleur humaine qui se dégageait de chacun des convives. Les entrées et sorties incessantes maculaient le sol de traces de pas noirâtres au beau milieu de la jonchée qu’il faudrait changer une fois survenu le lendemain, et les pilons de poulet, os, flaques d’eau ou de bière renversée et autres miettes de pain allaient en ce même sens, s’amoncelant sur le parterre. Le service ancillaire aurait bien du travail, et la nuitée se poursuivrait les concernant lorsque tout le conviviat s’en irait se coucher, lui.

    Mais les riches bourgeois et hobereaux ne se compassionnaient aucunement pour les petites gens chargées de laver, nettoyer et récurer derrière eux, et l’on fit fi de tout cela. L’on continua de s’amuser et dégoiser, parlant de tout et surtout de rien. L’alcool coulait à flot pour ceux qui se pensaient capables de supporter son étreinte enivrante, et les flots se déversaient avidement dans les gorges, en vue d’un réveil difficile. D’autres, plus sagaces, s’étaient déjà retirés, attendant ce même réveil d’un pied ferme, nullement inquiétés par l’état de l’intérieur de leur crâne et de leur estomac. Des paroles plus ou moins intelligibles furent proférées, la plupart hautement sibyllines, forcenées par la boisson, et quelques-unes se voulant être d’avisés conseils.

    Le mage de feu leur avisa de séduire le fameux jeune coq, s’il fallait reprendre ses propos. De quel jeune coq parlait-il, cela restait indécis, quand bien même pouvait-on aisément penser qu’il s’agissait du blondin von Schirach. Séduire un homme, voilà qui s’avérait être dans les cordes de la baronne, pourvu que sa proie de fût pas versée sur des entrefessons un peu trop longues et une poitrine un peu trop courte. Mais aguicher un godelureau de cet acabit, elle n’y tenait vraiment pas. Le robin tentait bien tant que mal à la rabaisser et elle devait s’offrir à lui ? Dans ce genre de situation, que pût faire la femme, et c’était l’homme qui en tirait tous les mérites, et Lucretia avait bien trop de fierté et d’ego pour s’abaisser à cela. Et, d’une façon comme d’une autre, leur première rencontre s’était plus que mal passée, et il lui semblait qu’il jouait l’un comme l’autre à couteaux tirés.

    Puis ce fut au gros sigmarite de venir les déranger quelque peu. L’homme, comme l’avait deviné la maîtresse de céans, était du genre pochtron, et ce fut tout imbriaque qu’il vint leur causer. Comme si son visage rubicond ne suffisait pas, comme si son nez épaté et son sourire d’ivrogne ne le trahissaient pas déjà assez, la teneur de ses paroles, somme toute déplacée, en dit long à son sujet. Ah, il aimait la petite Dokhara, mais à la manière des hommes de foi. Tout allait bien en ce cas. Sa consœur ne risquait plus rien, désormais. Lucretia détourna légèrement le visage, souriant ironiquement. Comme si cela ne t’empêchait pas d’avoir une queue et de ressentir l’envie de t’en servir.

    Puis le prêtre itinérant s’adressa à elle-même, dans la continuité de ce drôle de regard dont il l’avait affublée. Mais, cette fois-ci, tout imbibé qu’il était, la jeune femme ne comprit pas véritablement ce qu’il voulut dire. Elle l’avait de prime abord considéré avec dédain, comme l’un de ces nombreux rustres qui venaient l’importuner, que trop désireux de jeter un coup d’œil dans son décolleté en saisissant quelque prétexte que ce fût pour ce faire, puis avait affiché une expression sceptique.
    « Suis-je née trop…. ? Je vous demande pardon ? » lâcha-t-elle en faisant une légère moue de ses lèvres, haussant un sourcil d’incompréhension. Puis elle ne lui laissa pas le temps de reformuler ses propos, adoptant un ton plus léger.
    « Loin de moi l’envie de pervertir dame de Soya. Non, s’il y avait une personne qui désire agir de la sorte, je désignerais le petit insolent qui cherche à nous discréditer toutes les deux, votre maîtresse comme moi-même. L’homme était soul, et son esprit ne devait pas être des plus clairs. Et ce que venait d’expliquer Lucretia demeurait sensiblement vrai. M’est avis que vous devriez creuser de ce côté-là, et je vous épaulerai bien volontiers dans cette tâche. L’on ne tente pas de nous insulter sous mon propre toit impudemment. »
    S’il « savait », après avoir lu les pamphlets la concernant, mieux valait directement se positionner du côté de sa maîtresse.

    Rien de plus notable que tout cela, par la suite. L’on termina les auges et les verres, termina de remplir les estomacs à ras-bord, termina de salir la salle une dernière fois. Et l’on alla se coucher. La journée des éminents personnages s’achevait comme celle des serviteurs continuait.

    Le lendemain vint rapidement, trop rapidement, sûrement, au goût de certains. Lucretia se surprit à avoir une petite pensée pour le prêtre imbriaque qui était venu leur parler la veille dans un état d’alcoolisme avancé, et se demandait de quelle manière avait-il appréhendé le chant du coq et les premiers gazouillements des oiseaux. Tout allait bien du côté de la jeune femme, quand bien même le sommeil se refusait-il souvent à elle, qui, aidée d’Elsa, fit une rapide toilette, se vêtit, puis descendit dans le but de se sustenter quelque peu en compagnie de ceux qui se seraient levés.
    Quelques idées avaient également eu le temps de germer dans l’esprit de la baronne. Nul doute qu’elle se ferait des ennemis au sein de la délégation, et probablement que ce recrutement d’adversaires avait déjà bel et bien commencé en la personne de von Schirach. Et qu’elle allait s’en faire davantage encore, eu égard à son comportement et au caractère bien trempé de la belle. Si fait, elle dépêcha Otto, lui demandant de rassembler la troupe d’homme qu’il avait amené avec lui et de la compléter à l’aide de la milice afin d’obtenir une petite escorte d’une vingtaine d’hommes. Voilà qui renforcerait la sécurité de la délégation sur les routes. L’on n’était jamais trop prudent.

    Tout le monde était fin prêt, rassemblé devant le manoir pour commencer leur périple jusqu’en Ostermark. Lucretia hésita dans un premier temps entre le cheval et le carrosse, mais supputait que si elle en venait à monter, cela serait une fois de plus mal perçu. Ne serait-ce que pour la provocation, elle fut bien tentée d’agir de la sorte, de s’emparer de sa monture, et de caracoler librement comme l’eût fait n’importe quel homme. Mais le voyage en Ostermark empruntait une longue route vers l’est, et la jeune femme décida de troquer sa monture, qu’elle emmena néanmoins, contre le confort bien plus avéré du carrosse.

    Durant le trajet, le Gutsherr vint lui rendre visite, la morigénant quelque peu pour son comportement de la veille et lui demandant de se tenir d’une plus quiète manière. Alors qu’il la regardait bien fixement, épaulé par les deux mages qui faisaient de même, elle pencha doucement la tête sur le côté, le dévisageant, avant de sourire d’un air franc, l’œil soudainement éclairé d’une lueur matoise.
    « Un homme, quel qu’il soit, qui joue les hâbleurs et qui se fait dueliser par une femme que pour perdre par la suite sera la risée, oui, je suis d’accord avec vous. Mieux vaudrait éviter cela, non pas ? Ce serait fâcheux. »
    Elle fit mine de réfléchir avant de continuer sur le même ton, aucunement agressive, ironique ou menaçante, simplement amusée. Elle expliquait de quoi il en retournait.
    « Que connaissez-vous aux femmes, herr ? Je parle bien des femmes, des vraies, et non pas de ces poupées que l’on habille joliment et que l’on fait taire que pour mieux les déshabiller et les baiser dans l’intimité de la nuit selon le bon plaisir des hommes. Pas grand-chose, je gage, mmh…. ? »
    Elle s’appuya à la fenêtre ouverte de sa voiture, sourire accentué, observant l’homme juché sur sa monture qui marchait au côté de son carrosse.

    «Je me doute bien que vous êtes le genre d’homme qui se plaît à tout contrôler. Je le conçois aisément, étant pareille. Mais vous ne pourrez pas tout maîtriser et ordonner. La Comtesse a grande confiance en vous tout comme elle me tient en haute estime, effectivement, et cela pour des raisons qui lui sont propres. Si je suis ici à la demande de la Comtesse Elise, ce n’est aucunement et simplement parce que la route de la délégation empiétait sur mon domaine, non. Je suis là… Elle fit mine de chercher ses mots. Pour une bonne raison. Vous ne savez pas tout, contrairement à ce que vous pensez certainement, et cela peut vous être désagréable, certes. Mais il en va ainsi. Aussi puis-je jouir d’une certaine liberté dont ne disposent pas vos véritables sujets. Je subodore que vous connaissez bien Elise, sa façon de penser et ses idéaux, et que vous imaginez à présent pourquoi je possède ce privilège… »

    Quoi qu’il advint par la suite, ils arrivèrent à bon port dans cette première étape de leur voyage. Borkum, une petite ville fortifiée en bordure de l’Ostermark, dont la place forte dominait la plaine environnante, les bois et la jetée sur le fleuve Talabec. Ils furent tous informés qu’ils passeraient la nuit céans-même, gracieusement invités par le seigneur des lieux, assurément, lequel donnerait un banquet en leur faveur.
    «C’est qu’il va nous falloir prendre soin de notre ligne, soupira-t-elle. Heureusement que je prends là où il faut. »
    Restait à savoir où chacun dormirait. Dans le village, comme certains l’avaient-ils fait à Bratian, dans le castel seigneurial pour les nobles ? Il serait de bon goût, également, d’éviter de se retrouver en compagnie de von Schirach.
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Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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Dokhara de Soya
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Taladélégation: étape en Bratian.

Message par Dokhara de Soya »

La petite remarque du mage de feu trouva un écho plus favorable chez Dokhara que chez Lucretia. Bien sûr, le petit fanfaron l'agaçait, mais après tout, il était jeune, ce qu'il avait entre les jambes devait frétiller à tous les instants, et si elle en avait l'envie, il ne serait certainement pas bien difficile de dompter l'animal, dans un type de duel sans épée où elle serait plus à son aise. L'idée de lui rendre une visite nocturne germa dans son esprit, avant qu'elle ne la chasse pour plusieurs raisons. Premièrement, ses quelques relents de dignité s'offusquaient d'approcher charnellement cet orgueilleux gamin, même si c'était dans le but d'obtenir un certain contrôle sur sa personne. Deuxièmement... les cicatrices qu'elle avait accumulé ces dernières années avaient tendance à faire jaser ceux qui pouvaient les voir, et il était préférable d'écarter le risque qu'il les remarque. Troisièmement, hé, c'était lui et son copain qui avaient répandu des rumeurs comme quoi ils auraient fait des galipettes avec elle, c'eut été un comble de les transformer en réalité !

Alors qu'elle laissait ses pensées divaguer vers Ruud - encore lui, ne pouvait-il donc pas quitter sa foutue tête ? - ce fut Marguillon qui vint la surprendre. Le prêtre avait apparemment quelque peu abusé du rouge qui tâche, et vint la courtiser façon prêtre, avant d'agresser verbalement sa consœur. Bon sang, entre Rolff et lui, elle avait vraiment des compagnons de voyage parfaits pour se faire des amis...
Quant à la réponse de Lucretia, elle était des plus étranges. Sigmar qu'elle était sérieuse pour répondre de façon si argumentée aux paroles d'un prêtre à moitié cuit ! Si on lui avait tenu ce genre de propos, Dokhara aurait sûrement éclaté de rire, avant de taper l'épaule de son interlocuteur en lui offrant un verre de plus. Le prêtre aurait-il touché un point sensible sans le vouloir, ou bien la baronne était-elle encore sur les nerfs de la précédente altercation, et n'avait donc pas le cœur à se dérider ? Dokhara en tout cas, elle, était sortie de sa maussaderie grâce à l'intervention de ce bedonnant gaillard.

- Et bien et bien, Marguillon, moi aussi je vous aime beaucoup, comme une femme de la noblesse !

Dokhara n'avait pas la moindre idée du type d'amour qu'offrait "une femme de la noblesse", mais il pouvait être amusant de laisser imaginer Sigmar seul sait quoi au prêtre. Si elle devait donner un sens à l'expression, Dokhara répondrait néanmoins quelque chose du type "avec beaucoup d'hypocrisie".

- Cependant, vous avez là des paroles bien dures envers notre hôte ! Nous sommes ses invités, et en tant que tels, nous devons lui montrer un peu plus de respect. C'est elle qui a payé le repas et les nombreuses boissons que vous avez dégusté ce soir après tout...

Une fois le prêtre reparti, Dokhara reprit sa fourchette et picora dans son assiette quelques petits morceaux, tentant de garder son sérieux... En vain. Elle ne put s'empêcher de pouffer de rire, avant de se tourner vers Lucretia.

- Excusez-moi... - un silence alors qu'elle tente de reprendre son calme et de s’empêcher de rire, pour échouer à nouveau - alors comme ça, vous avez le sombre dessein de me pervertir, machiavélique baronne ? Voilà qui est vraiment inconvenant de votre part ! Heureusement, les magiciens, les vieillards et les alcooliques sont décidés à protéger mon honneur de tout sinistre plan destiné à détruire ma belle innocence !

Dokhara avait peut-être un peu trop abusé du vin. Un rapide décompte dans sa tête lui rappela qu'elle avait déjà terminé quatre verres, et que le cinquième devant elle était en bonne voie de rejoindre ses compagnons dans son estomac. Elle se sentait plus désinhibée et savait qu'il lui fallait faire attention mais... c'était plus fort qu'elle. Après toute la tension qui a précédé avec Von Schirach, ses nerfs craquaient et elle ne pouvait s'empêcher de sourire.

Elle laissa son regard parcourir la salle, observer les convives, avant de revenir à Lucretia.

- Cependant, il faut bien avouer que votre terrible machination semble assez inefficace. Excusez-moi, mais ce banquet manque sérieusement d'énergie. Notre petite confrontation s'est achevée dans l’œuf, avec tout ce qu'elle promettait d'aventure et d'action - j'aurais tant aimé vous voir, vous, ferrailler contre ce godelureau ! Mais voilà, la chose ne s'est pas faite, et maintenant nous sommes là, attablées, à échanger des banalités sans passion aucune. Que j'aurais aimé danser et m'amuser ce soir, notamment dans le manoir d'une noble de mon rang ! La Taladélégation ne s'y prête sûrement pas, je le comprends, mais le déplore malgré tout... sans aller jusqu'à la perversion dénoncée par ce bon Marguillon, auriez-vous une activité distrayante à me proposer dans votre demeure, une fois le repas terminé ?

Contrôle-toi, Dokh, pas de bêtises...


***

Départ de Bratian, direction Borkum.

Les préparatifs se firent rapidement. L'alcool aidant, Dokhara avait sombré dans le sommeil en quelques secondes, et son réveil traina en longueur. Après avoir envoyé Alda bouler au loin à deux reprises lorsqu'elle tenta de la réveiller, la baronne consentit enfin à émerger de son lit, pour se rendre compte que ses serviteurs avaient déjà récupéré presque toutes ses affaires de la chambre, et empaquetées. Sa gouvernante avait déjà préparé ses habits de voyage, qu'elle accepta sans rechigner.

Aveuglée par la lumière du jour, Dokhara grommela quelques mots, avant de rejoindre son équipage, et de se mettre à l'abri dans son véhicule. A peine entrée, Belle Gueule l'accosta, profitant de l'agitation du départ pour lui glisser quelques mots discrètement.

- Oui bien sûr. Assurez-vous seulement que vos visages ne soient jamais aperçus, même furtivement.

Elle avait confiance dans les capacités de Ruud et de ses hommes : il connaissait ses forces, et saurait évaluer le risque avant d'agir. Et puis, si elle l'avait engagé, c'était aussi pour qu'il y trouve son compte.

La journée se déroula sans incidents. Le voyage fut aussi pénible que les autres jours. Elle vit au loin le GutsHerr échanger quelques paroles, l'air grave, avec Lucretia, sans entendre ce qui se disait. Sans doute la morigénait-il à propos des conflits de la veille. Bah, la baronne saurait sans aucun doute le remettre à sa place : elle avait pu constater que sa consoeur avait tout comme elle un caractère bien trempé.
Elle invita Ingrid dans son carrosse, afin de tromper l'ennui. Elle lui demanderait comment étaient les bois entourant la demeure de Lucretia pour sa nuit, et si cette dernière avait été agréable. En fait, elle pourrait discuter de tout et de n'importe quoi avec elle, posant des questions dont les réponses ne l'intéressaient même pas, uniquement pour profiter de la compagnie d'une personne de confiance qui n'était pas de la noblesse. Se sentant un peu crispée, Dokhara savait que la présence de la prêtresse, sans forcément nécessiter de contact charnel, avait le même effet que son thé : elle apportait un vent de fraicheur et de détente.

A nouveau, Dokhara prit un malin plaisir de demander à Cogneur de rester près d'elle alors que la délégation locale vint les saluer. La réaction des nobles à son égard était toujours très distrayante, que ce soit par la terreur ou le dégout.
Quant à elle, elle avait eu tout le loisir de ruminer toute la journée - il était temps de renfiler son masque. Rajustant son décolleté pour mettre le plus en valeur possible sa poitrine et affichant son petit sourire de potiche, Dokhara était prête pour assumer son rôle coutumier.
Modifié en dernier par [MJ] Bonnepierre le 23 mars 2014, 05:33, modifié 3 fois.
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Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


Awards \o/
Warfo Award 2018 du meilleur PJ - RP
Warfo Award 2019 du meilleur PJ - Élaboration
Dream Team 2018 et 2019 avec Lucretia Von Shwitzerhaüm
Miss Vieux Monde 2019 et 2020

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[MJ] Bonnepierre
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Taladélégation: étape en Bratian.

Message par [MJ] Bonnepierre »

Encore à Bratian. Le Banquet:
Le pochtron Marguillon, prêtre alcoolique de Sigmar, s'était excusé de mots bredouillants. Il avait néanmoins rajouté à Dokhara:
-J'vous... je vous mett.. hic, juste en garde hein! M'dame la Baronne... V'savez, y'a les plus gros répurgratteurs, ha ha, régurgitateurs,... enfin, y'a du lourd en Ostermark!
Puis, à Lucrétia, en s'éloignant humblement:
-Je vais voir à calmer le paltoquet, M'dame l'autre Baronne, promis! ... Pardon du dérangement, je crois que j'ai trop bu.
Il regarda néanmoins la lahmiane dans les yeux, directement - comme pour un défi?
-Demain je m'arrange pour qu'on vous offre un collier d'argent massif, vous le porterez toute la soirée hein!?

Et il partit rejoindre les plus avinés du coin.

Le lendemain. En chemin vers Borkum. Pas de pluie:
Vingt hommes choisis par le Chevalier Otta Von Fhur accompagnait la carrosse de Madame Von Scwitzerhaüm.
« Que connaissez-vous aux femmes, herr ? Je parle bien des femmes, des vraies, et non pas de ces poupées que l’on habille joliment et que l’on fait taire que pour mieux les déshabiller et les baiser dans l’intimité de la nuit selon le bon plaisir des hommes. Pas grand-chose, je gage, mmh…. ? »
Elle s’appuya à la fenêtre ouverte de sa voiture, sourire accentué, observant l’homme juché sur sa monture qui marchait au côté de son carrosse.
Dès que lucréita eût dit cela, bornant son interlocuteur en un ignare "en femmes", le visage dudit homme à cheval avait changé. Et pas en bien. Cet homme, le GutsHerr Von Kreiglitz, cavalait droit et fièrement, était couvert de fer et ne se prenait manifestement pas pour un "ignare en femmes". Il était en outre le chef de ces quelques trois autres centaines qui gravitaient autour.
En bon gentilhomme qu'il était, il la laissa néanmoins poursuivre. Si la suite lui convint mieux il n'en laissa rien paraître. Cet homme était une fenêtre fermée, même pour les plus observateurs, un être rompu aux arts courtisans. Enfin, il dit calmement à Lucrétia:
-Cette bonne Elise... Je l'apprécie beaucoup. je suis son plus féal sujet... Mais est-elle ici? La voyez vous?
Il fit mine de regarder autour de lui à sa recherche, puis:
-Non, je ne la vois pas, je crois qu'elle est en Talabheim... peut-être devriez vous retourner là bas dans ses jupes si là seuls sont vos arguments? Car céans c'est moi le dirigeant, moi le commandeur, moi le régent... Déplaisez moi, Baronne, et c'est à moi que vous aurez à rendre des comptes, non à cette bonne "Elise"... Soyez consciente de cela avant tout, ou rentrez donc dans la ruine qui vous sert de fief.
Je pourrais même vous bannir si votre existence me devient trop incommodante.

Un reniflement hautain:
-Ceci étant dit, j'admire votre aplomb, vous saurez nous servir à Beehafen. Restez donc. Si tant est que vous savez tenir votre rang, "Baronne"... je n'ai point besoin de bavassières inconséquentes, concentrez vous plutôt à me rendre service plutôt qu'à m'ennuyer cela sera mieux.

Nous nous sommes compris?

Après un regard haut, il n'attendit pas de réponse, et éperonna son cheval qui prit de l'avance sur le carrosse.

Dokhara, comme par hasard pas loin dans le sien propre, avait tout entendu de cela.

Mais elle même n'était-elle pas plutôt occupée à faire entrer une prêtresse des forêts dans sa demeure roulante?
-Non pas, ma belle dame, lui avait répondu la Waldmutter Ingrind, riante et négligeamment accrochée au carrosse, que nenni ! comme disent vos fiers chevaliers! je ne voyage point ainsi. Toucher le sol est la sève de mes enseignements, que dirait-on si je naviguait en chambre avec vous?
Plus bas:
Si vous voulez me voir, mon amour, cela ne pourra être que dans les bois, les cieux comme seuls juges...

De fait, Dokhara dût s'ennuyer avec ses gens sur le trajet, mais pas a avec Ingrid, laquelle repartit vite "au sol" avec les siens: les fermiers, les forestiers...
Marguillon vint la voir pour lui conter sa dernière calembredaine:
-Quelle différence entre une vampire et un beau jouvenceau?... Les deux vous tentent.

Von Schirach et son adjoint noble avaient dû recevoir des ordres de plus haut qu'eux, ils se tenaient loin, ce qui devait bien arranger le Chevalier Rolff.

Weiss la mort Blanche, dans son armure runique, passa l'air de rien à la fenêtre de Lucrétia, sous couvert d'aller en avant:
Il la regarda intensément, à la fois attiré, dégoûté et prudent.

Borkum. Le soir:

Il y avait un charmant petit bourg en contrebas, le castel le dominant avec la hauteur de ses murailles hors d'échelles.
Tous les nobles étaient prévus de dormir en demeure seigneuriale, ainsi que l'amiral Rogalaunt. Mais comme à Bratian, le banquet fut pour tous les magistrats.

Image

Le maître de maison, le Baron Pollmar Kriegwirr de Borkum, était particulièrement jeune, seize ans tout au plus; mais déjà un caractère affirmé. Et qui faisait de l'exercice au vu de ses épaules. Un joli jouvenceau sans peur, en fait: Il accueillit le gutsherr d'une accolade franche et forte qui surprit ce dernier, puis clama négligemment:
-Du vin, des femmes et à banqueter pour tous ces ruineurs, allez! Et il fut obéit de son personnel.

Il avait 100 hommes d'armes aux environs;
Son banquet ne manquait de rien;
Mais lui il restait à l'écart, attendant que ça se finisse. Aucun membre de la Taladélégation ne semblait l'intéresser. Il avait sans doute mieux à faire après votre passage... Ou du moins le feignait-il bien, car Johan Weiss, La Mort Blanche, attirait son oeil, bien évidemment. Une légende tel que cela! Qui ne serait pas intrigué?

Au début de ce banquet, le prêtre Marguillon désigna Lucrétia au jeune von schirach, lequel s'approchait d'elle avec un superbe collier d'argent massif... en vu de lui offrir sans doute?

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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Taladélégation: étape en Bratian.

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

  • Le prête dégoisait de trop et s’en allait bien que trop loin dans ses sous-entendus fustigateurs. Eût-il était sobre qu’il se serait comporté de manière plus décente et moins insultante ? Etait-ce bien sage de sa part que d’avouer à une potentielle ennemie ce qu’il savait d’elle, qu’il était au courant ? Si l’homme était aussi sagace qu’il pouvait probablement aimer à se le dire, alors ne tenterait-il pas le diable en jouant grossièrement de la sorte. La foi était le refuge des crétins et le fonds de commerce de ceux qui les manipulaient, et le prêtre aurait beau se protéger derrière ce pavois ébréché qu’il succomberait tôt ou tard si la belle s’en donnait un tant soit peu les moyens. Mais si cette dernière avait pu lire les pensées de Dokhara, alors eût-elle agréé ; l’alcool émoussait que trop fortement les sens aussi bien que la pensée, et il eût été pas très indiqué que de prêter foi aux paroles d’un imbriaque, fût-il aussi éclairé en temps normal. Seulement, les derniers événements avaient eu raison de la patience ô combien limitée de la baronne qui n’avait point envie de rire. Aussi continua-t-elle à afficher ce masque de stoïcisme teinté de sévérité qui contenait grand mal un certain agacement lorsque le rubicond personnage se mit à parler de répurgateurs et autres joyeusetés.

    La mauvaise éducation dudit Marguillon obligea celle qui en disposait d’une bien meilleure à s’excuser à sa place et, suite aux remontrances de Dokhara, le prêtre s’excusa quelque peu.
    «Je vous en remercie, lui tint-elle lorsque l’homme annonça qu’il allait surveiller le blondin, avant d’hausser des épaules.Et la boisson, au fond, n’est là que pour être bue. »
    Ses dernières menaces alors qu’il prenait congé, sibyllines pour ceux qui n’étaient pas au fait de toutes ces cabales, promettaient une suite et un lendemain fort intéressants, en revanche, et de possibles désillusions pour certains. Du moins l’espérait-elle. Et ce fut d’un petit sourire cynique qu’elle lui répondit silencieusement.
    Et à Dokhara de rire.

    Lucretia la regarda du coin de l’œil, intriguée par son soudain éclat d’amusement qu’elle ne parvenait pas à refouler. Un amusement certain qui vous gagnait, plus fort que vous-même, et qui vous laissait un sourire niais sur le visage quand bien même le sérieux était-il de mise. Un amusement qui, eu égard à l’œil pétillant et lointainement vague de la baronne tout autant qu’à sa constance, témoignait d’un état aviné avancé. Il y avait des imbriaques qui, comme l’autre prêtre, irritaient fortement Lucretia, et d’autres qui l’amusaient déjà autrement mieux et lui donnaient envie d’entrer dans leur jeu.
    Non sans se départir de son badinage, la baronne de Soya vint la taquiner en faisant mine d’accorder créance aux médisances de Marguillon. La pervertir, la dépraver et violer sa si belle innocence… Lucretia pouvait-elle véritablement se targuer d’être aussi menaçante ? Le prêtre, et pas seulement lui, eût répondu que oui, assurément. Voilà qui était des plus tentants, soudainement. Il ne s’agissait pas de débauche et de stupre, non pas, mais d’une entité bien plus sombre et oppressante, mais tout aussi exaltante pour qui savait l’apprécier. Lucretia retrouva un petit sourire.

    «Alors suis-je aussi diablement inconvenante qu’incompétente en la matière pour cette tâche si précise… Hélas… ? Mais, allons, faites donc fi de toute cette badaudaille qui vous entoure et vous « conseille » et soyez vous-même, quitte à être indécente selon les mœurs qui nous empoisonnent. Ou qui empoisonnent surtout les hommes, à vrai dire. Et gaussez-vous de leurs premiers ébahissements, car c’est là tout ce que vous obtiendrez d’eux avant que survienne leur morgue. Jusqu’à ce qu’ils réalisent leur erreur », souffla-t-elle presque pour elle-même, le visage soudainement redevenu fermé. La baronne le releva alors, croisant le regard de sa consœur.

    « Mais je dois vous être d’affreuse compagnie en ce moment même ! Ah, oui, j’aurais tant aimé pouvoir administrer sa correction à ce godelureau, et rendre ce banquet ô combien plus attrayant, mais soit. »
    Et lorsque vint le moment où Dokhara parla d’une activité distrayante, Lucretia fit une petite pause, contemplant la jeune femme qui lui faisait face. Distrayante… Elle doutait que quoi qu’elle pût proposer se placerait sous le signe d’une telle qualification. Et la maîtresse de céans repensa à Marguillon et à ce qu’il savait. A ses sous-entendus avérés et à la possibilité qu’il s’en allât tout révéler à sa jeune maîtresse afin de la protéger. Si fait, devait-elle éliminer le prêtre ? Charmer la jeune Dokhara jusqu’à la convaincre qu’elle ne représentait aucun danger ? L’effrayer, au contraire ? Mais, au fond, pourquoi diable se préoccuper des états de pensée et de l’opinion d’une petite baronne de son acabit, aussi sympathique et avenante fût-elle ? Probablement parce que cela se révélait subitement bien plus intéressant sous de tels auspices et qu’elles allaient toutes les deux partager un bon bout de chemin ensemble. Et pour d’autres raisons également.
    Une activité distrayante. Pour Lucretia, assurément. Pour Dokhara, peut-être moins. Mais possiblement intéressante.

    «Venez donc… » lui sourit-elle derechef en lui prenant la main, veillant également à ce qu’elle ne trébuchât pas trop lourdement suite à une levée trop brutale de l’endroit où elle était assise.
    Elle conduisit la jeune femme en-dehors de la pièce, nonobstant les possibles et différents regards qu’eussent pu leur lancer chacun de ces vieillards, alcooliques et magiciens protecteurs de la baronne de Soya. Elles traversèrent toutes deux le petit couloir qu’empruntait le service ancillaire afin de mener la nourriture et la boisson jusqu’à eux, bifurquèrent au détour d’un couloir et se retrouvèrent dans cet escalier qui avait vu mourir Carl, le domestique et chambellan du manoir Hoppkruffen. Tout en ralentissant la cadence, Lucretia se plongea mentalement dans les premières sphères immatérielles de l’Aethyr, agrippant çà et là les différentes couleurs qui passaient à sa portée, fermement mais doucement afin que nul ne pût sentir l’altération magique. La jeune femme se retourna vers Dokhara.

    « Nous parlions tout à l’heure des récents évènements que connut ce manoir, et des Feuerbach. C’est ici que tout commença, quand ces derniers assassinèrent mon majordome sous mon propre toit alors que je leur avais accordé l’hospitalité. On le retrouva gisant céans-même au petit matin, et sur ses traient étaient incrustées la douleur et la surprise, à jamais. Etrangement… Je pense que son fantôme n’a jamais connu le repos depuis lors, après la violation de ladite hospitalité conférée à nos invités que nous pensions alors nos alliés, et ce quand bien même lui avons-nous donné de bonnes funérailles. Je l’entends remuer ci et là, parfois, et me demande à présent ce qu’il pense maintenant, alors que vous, mon manoir et moi sommes envahis d’invités qui peuvent, à leur tour, s’avérer être de fourbes et sournois ennemis. »

    Lucretia arrêta sa sibylline logorrhée pour observer sa consœur. Quand bien même était-elle passablement ivre qu’elle n’y croyait toujours pas et était en train de se demander où la maîtresse des lieux voulait-elle en venir, si elle n’était soudainement pas tombée sur la tête. Et cette dernière relâcha doucement l’emprise qu’elle avait sur le sortilège qu’elle venait de tisser. Si celui-ci prit vie, alors Dokhara put entendre, comme faisant écho aux paroles de Lucretia, d’étranges psalmodies autour d’elle, émanant des murs et du plafond. Et dans ces chuchotements d’outre-tombe qui se refermaient peu à peu sur elle s’éclipsait tout autant la faible lueur des chandeliers éclairant les lieux. En écoutant ces échos caverneux et spectraux, vous aviez l’impression –ou était-ce le vin ?- que la lumière reculait que pour mieux vomir des ténèbres rampantes et oppressantes prêtes à vous engloutir pour peu que vous fussiez coupable.
    Le regard des deux jeunes femmes se croisèrent peut-être, l’une inquiète, l’autre assurée mais quelque peu méditant, et Lucretia rompit cet échange pour le retourner en direction de l’escalier et du plafond.

    «Cesse donc, Carl. Elle est avec nous. » Et les bruits entourant Dokhara diminuèrent en intensité jusqu’à être totalement occultés par une paix retrouvée, comme Lucretia venait d’annuler son sortilège.
    «Cela devrait aller mieux, à présent, informa-t-elle à sa consœur tout en reprenant la marche. J’exerce un certain pouvoir ici, car tout ce qui nous entoure m’appartient. Je ne crains pas grand-chose céans-même mais, à mesure que nous nous éloignerons de cet endroit, je détiendrai de moins en moins de contrôle. »
    Tous les couloirs étaient vides alors qu’elles les traversaient dans ce qui s’apparentait à une visite sans commentaire du manoir. Les serviteurs et autres portefaix étaient accaparés en bas, dans la grande salle et en cuisine afin de pourvoir encore et toujours au banquet, ne laissant qu’un grand silence à l’étage supérieur. Sur leur chemin se dressaient divers mobiliers et commodes en bois plus ou moins ciselé et décoré, de richesse et de tailles diverses, et les outrages de la guerre se faisaient aussi quelque fois sentir au détour de grandes traces noirâtres sur le sol ou de tapisseries aux brocards rongés par les flammes.
    «Nous y voici, fit Lucretia en parvenant enfin devant une porte qu’elle ouvrit. Je vous en prie ; entrez. »

    L’intérieur se composait d’armoires, de commodes, de coffres et d’un lit à baldaquin qui reposait dans le fond de la pièce, au beau milieu d’autres tapisseries aux couleurs usées par le temps et aux tableaux qui commençaient à l’être tout autant. Une table, sur laquelle reposait une cruche et un verre, entourée de quelques fauteuils aux coussins rebondis constituait là un petit salon, et un bureau en chêne massif venait clore la description de la pièce.
    «Ma nouvelle chambre et bureau, présenta-t-elle, que j’ai dû choisir en une seule pièce après que les deux anciennes respectives furent plus ou moins détruites. La décoration y est sommaire et veillotte, mais, ma foi, c’est mieux que rien. » Elle versa un peu de vin se trouvant dans la cruche et offrit le verre à son invitée, l’invitant à prendre place dans un des fauteuils.

    «Je pensais avoir du temps devant moi, et j’ai toujours repoussé à plus tard une certaine inspection bien précise. Mais voilà que la délégation est arrivée, et avec elle, la promesse de ne plus revenir ici avant un bon petit moment une fois que je serai partie. Il s’agit bien du dernier soir que je passe chez moi, en ma demeure. Dites-moi, ma chère, demanda-t-elle en regardant l’intéressée, que connaissez-vous à la magie ou à ses instruments ? »

    Et sur cette étrange question, Lucretia s’en alla attraper un étrange bâton de bois rouge surmonté d’un rubis enchâssé qui brillait d’un éclat vermeil.
    «Encore un vestige des Feuerbach. Un puissant bâton, je gage, « légué » par un mage rouge qui m’aura causé quelques soucis. A cela près que je n’ai aucune idée de la manière dont il faut s’en servir… Peut-être me faudrait-il aller voir le mage rouge de la délégation pour en apprendre davantage. Le connaissez-vous bien ? Car j’espère bien qu’il ne me fera nul reproche quant à ma possession d’un tel objet que je ne compte aucune restituer au collège rougeoyant. Ou bien peut-être que nous parviendrons à en extraire les secrets de son utilisation toutes les deux, bien que je n’ose pas même imaginer à quel point nous passerions pour des gamines irresponsables si un malheur survenait à cause de ce maudit objet. »

    Une pareille idée la fit sourire. Lucretia imaginait déjà le Gutsherr qui se prendrait la tête dans le visage, le von Schirach qui ricanerait effrontément devant sa chambre dévorée par une explosion, le prêtre Marguillon qui ne cesserait de répéter à sa jeune maîtresse à quel point il avait eu raison de se méfier d’elle… Des pensées qui la faisaient sourire à présent, mais qui lui ôteraient tout amusement si elles venaient à se réaliser.
    «Peut-être qu’une pièce close n’est pas l’endroit idéal pour ce faire, non plus… », murmura-t-elle pour elle-même en considérant l’objet d’un regard suspect.



    ***


    Aux mots de Lucretia, voilà que le visage du Gutsherr s’était soudainement fermé là où celui de la jeune femme demeurait quelque peu goguenard et assuré. Il y avait de ces jours où, dans son lunatisme et sa versatilité, la baronne restait engoncée dans une humeur inaltérable, peu importe ce qu’il pouvait bien se passer autour d’elle, et d’autres où son caractère voltait du rire à la colère. Là, en l’occurrence, il s’avérait qu’elle rayonnait de quiétude et de gaieté, et ne se départit pas de son petit air de circonstance. Voilà qui en disait long sur le sieur, lequel n’aimait pas à ce que l’on déprisât sa virilité et sa capacité à la mettre en vigueur, semblait-il. Un sujet sur lequel bien des hommes se renfermaient et se vexaient sitôt qu’il était abordé. Plus encore, le gaillard se mettait à bafouer l’autorité de la comtesse, celle-là même à qui il devait totale allégeance. Voilà qui était fort intéressant. Et de sa capacité à la bannir, la jeune femme en doutait fortement, eu égard aux conséquences qui lui retomberaient dessus après qu’il eût déclamé de telles paroles. Mais elle n’était pas là pour argumenter plus autre mesure ; elle rendrait bien évidemment service au Gutsherr et à la délégation si cela allait en son sens comme elle continuerait d’être fidèle à elle-même en toute situation. Et elle le laissa repartir en avant, nullement inquiétée.

    Et si Dokhara avait pu avoir vent de ce qui venait de se dire aux abords du carrosse de Lucretia, alors cette dernière, de par son ouïe, put tout aussi entendre ce qu’il se disait dans le cortège de sa consœur baronne. Et il n’y eut qu’une seule et unique phrase qui l’interpella véritablement.
    « Si vous voulez me voir, mon amour, cela ne pourra être que dans les bois, les cieux comme seuls juges... »
    Vraiiiment ?! Le Gutsherr avait pu causer et dégoiser tout son soul, voilà que la totalité de ses paroles venaient d’être occultées par d’autres, bien plus intéressantes et déroutantes. Certes, elle n’avait encore jamais approché la prêtresse Taalienne, mais, tout de même, celle-ci cachait bien son jeu. Dokhara et elle entretenaient-elles une si forte liaison, et ce depuis combien de temps ? La jeune baronne s’avérait tout autant discrète en la matière sur ses tendances, avec ses petits éclats de rire innocents et son air angélique. Ah, si Lucretia avait eu vent de tout ceci la veille, il y eût eu matière à la taquiner allégrement. Encore que, aurait-elle véritablement fait mention de ce qui concernait intimement une personne qu’elle ne connaissait que très peu encore ? Probablement pas. Mais des paroles refirent surface à sa mémoire. « auriez-vous une activité distrayante à me proposer dans votre demeure, une fois le repas terminé »
    Et elle éclata d’un léger rire cristallin.

    Elle vit passer à sa fenêtre, également, la légende vivante de la Mort Blanche, Weiss, lequel lui découla un étrange regard au-travers duquel se mêlaient trop de sentiments contradictoires. Envie, suspicion, écœurement et plein d’autres choses encore, et la jeune femme se prit s’amusement à lui sourire et à le regarder avec de gros yeux cupides comme si l’homme n’était pas autre qu’un bon casse-croûte sur pattes. Et cela dans tous les sens du terme.

    Le soleil tomba loin derrière l’horizon, et avec l’arrivée du crépuscule vint également Borkum et son hameau composé de plusieurs habitations rassemblées sous l’ombre protectrice de la forteresse gardant le plateau et ses plaines environnantes. La délégation s’engouffra à travers les portes ouvertes et la herse levée pour être accueillie par le seigneur des lieux et ses gens. Si le Gutsherr aimait le respect et se pensait assurément au-dessus de tous les hommes –et femmes, le voilà qui fut plutôt surpris par la manière dont le baron Pollmar Kriegwirr l’aborda. Une franche accolade, virile et bourrue, en dépit de son jeune âge, comme si les deux hommes étaient leurs égaux respectifs. Chacun alla déposer ses affaires dans les chambres accordées, dépaquetant lessives, sacs et effets personnels, et l’on donna le banquet.

    Rien de bien notable lors de cette grande ripée, si ce n’était que l’hôte faisait honneur à ses invités de par la nourriture et la boisson servie, comme il se devait lors de telles occasions. Mais ledit hôte, lui, ne semblait aucunement prendre part à ses festivités, et se contentait de rester dans un coin, passivement, pressé que tout cela se termine au plus vite. N’avait-il pas qualifié les membres de la délégation de « ruineurs » ?
    La menace de Marguillon se profila également à l’horizon en la personne de von Schirach, lequel faisait glisser entre ses doigts un argent de qualité. Le prêtre tenait ses promesses et Lucretia tiendrait probablement les siennes, tout autant. En vérité, elle ne semblait pas craindre un tel présent, qu’elle l’acceptât ou non. Elle se demandait bien de quelle manière le gamin lui offrirait pareil bijou après les derniers aheurtements connus de tous. Cela dit, Lucretia se doutait bien qu’il parviendrait tôt ou tard à rendre possible la chose, et le danger se trouvait si fait en le présent lui-même. Un présent d’argent que la jeune femme sentait pouvoir supporter. Certes, l’argent ne lui était aucunement agréable, mais elle avait appris, au fil du temps et des rencontres, à contrôler et ses faiblesses, et ses expressions, et estimait sa volonté plus forte et écrasante que celle de l’argent qui lui serait présenté.

    Négligemment, elle s’en alla du côté de Pollmar Kriegwirr, à qui elle s’adressa sans le regarder, gobelottant une coupe de vin d’un air désintéressé.
    « Vous ne semblez aucunement passionné par les fêtes et autres grandes réceptions mondaines, lesquelles coûtent fort cher. Elle soupira. Je le sais bien pour l’avoir appris à mes dépends ; pas plus tard qu’hier, et la délégation passait au-travers de mes terres. Il me fallut si fait donner banquet et grande réception à la totalité de ces hobereaux qui demandaient confort et bonne chère.
    Enfin, une fois venu le lendemain, et vous serez tranquille… Contrairement à la personne chargée de vos finances.
    »

    Elle esquissa un petit sourire, curieuse de connaître la personnalité de leur hôte.
    Lancement du sort "Son" le plus discrètement possible au manoir, et ce jusqu'à ce qu'il fonctionne.
Modifié en dernier par [MJ] Bonnepierre le 19 avr. 2014, 00:58, modifié 2 fois.
Raison : 7xp/63xp
FOR 16 / END 14 / HAB 17 / CHAR 18 / INT 17 / INI 19* / ATT 17 / PAR 13 / TIR 11 / MAG 17 / NA 4 / PV 134/140
Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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Dokhara de Soya
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Taladélégation: étape en Bratian.

Message par Dokhara de Soya »

Marguillon avait quitté les deux baronnes, mais non sans pas lâcher quelques phrases auparavant... des excuses, mais teintées de plusieurs autres formulations qui avaient un je-ne-sais-quoi de menaçant. Se méfier des répurgateurs ? Et cette histoire de collier : ç'aurait pu être un genre d'excuse pour son comportement que la promesse d'offre d'un bijou, mais il y avait là encore comme un sous-entendu entre lui et Lucretia, comme s'ils parlaient un langage codé que Dokhara ne pouvait pas comprendre. C'était pourtant la première fois qu'ils se rencontraient, non ? Bizarre...

Quoi qu'il en soit, les excuses ponctuées de rires que formulèrent Dokhara semblèrent avoir un impact plus positif sur le moral de sa consœur. Elle sembla oublier sa mauvaise humeur, pour entrer dans son jeu, bien qu'apparemment moins affectée par l'alcool.

Être moi-même quitte à être indécente ? Ma grande, je ne suis pas certaine que tu aies vraiment envie de voir ce que ça donne...

Elle répondit favorablement à la demande de Dokhara sur des sources d'amusement, néanmoins sans lui donner la moindre information, se contentant d'un sourire taquin. Soit, la baronne de Soya aimait les surprises. Elle prit la main de son hôte, et quitta les lieux non sans saluer au préalable les personnes encore attablées avec politesse. Quelques-uns de ses gens la regardèrent avec un sourcil levé, curieux de savoir où elles se rendaient. D'un regard, elle leur fit comprendre que tout allait bien, et qu'elle n'avait pas besoin qu'ils la suivent.

Alors qu'elles allaient manifestement gravir un escalier, Lucretia s'arrêta et se mit à faire un cours d'histoire qui intrigua quelque peu Dokhara. Elle lui réclamait de l'amusement, et celle-ci venait lui parler d'assassinat ? Et bien, voilà qui mettait une bonne ambiance...
Mais lorsqu'elle en vint à aborder l'histoire du fantôme du majordome, la femme en robe blanche ne put s'empêcher de sourire. Allons bon, souhaitait-elle jouer aux petites filles qui essaient de se faire peur avec des contes nocturnes ?

Son sourire se figea lorsqu'elle vit quelque chose bouger. Son ombre. Son ombre au sol avait grandi. Celle de Lucretia également. toutes les ombres de la pièce semblaient en fait de mouvoir par leur propre volonté. Relevant la tête pour voir ce qui modifiait la propagation des sources lumineuses, elle eut l'impression que les chandelles murales s'étouffaient, que leurs flammes vacillaient.
Des voix chuchotèrent à son oreille. Impossible de comprendre le moindre mot, juste un souffle constant.
Inconsciemment, sa main s'agrippa à l'épaule de Lucretia, qu'elle ne regardait pourtant pas. Elle était trop occupée à observer partout autour d'elle. La peur commençait à lui serrer le ventre, tandis que son cerveau se battait contre l'influence de l'alcool pour tenter d'imposer sa raison à la situation.
Le vin n'expliquait pas cette impression. Elle avait un peu bu, oui, mais pas suffisamment pour halluciner - elle voyait encore distinctement les choses, tout au plus il lui fallait un peu de concentration pour marcher droit mais guère davantage. Alors que se passait-il ? De vrais spectres ?

Puis Lucretia ordonna au fantôme de cesser son manège ce qu'il fit puisque les ténèbres reculèrent, et la réalité revint à la normale. Le malaise était toujours présent lui, se disputant à l'incompréhension. Alors qu'elle reprit la marche, se détachant de l'emprise de sa consoeur, Dokhara était bien incapable de lui répondre d'une quelconque manière, son cerveau bouillant de pensées contradictoires permettant d'expliquer le phénomène précédent.

La baronne avait l'esprit ouvert. Magie, dieux, spectres, elle pouvait croire en tout pour peu que des éléments tangibles lui soient présentées. Mais elle avait plusieurs fois été piégée par des prestidigitateurs et escrocs pour savoir que dans la majorité des cas, l'explication à l'impossible est plus simple que le surnaturel : il y a presque toujours des ficelles, des inventions humaines qui font appel à l'astuce pour tromper le spectateur.
Il fallait trier les informations, il fallait comprendre, quand bien même la peur et le vin n'aidaient en rien.
Une illusion d'optique ? Pourquoi pas. Les chandeliers disposaient peut-être de moyens technologiques permettant de diminuer la vivacité des flammes. Ce n'était pas parce qu'elle ne connaissait pas une technologie qu'elle n'existait pas. Mais les voix spectrales ?
De la magie sinon ? Pourquoi pas. Elle avait peut-être un mage à ses ordres, caché quelque part, s'amusant à ses dépends. Ce qui expliquait le "Cesse-donc Carl", permettant d'ordonner au mage de stopper son sortilège. A moins que... non, Lucretia discutait avec elle de façon décontractée, lorsque la réalité s'est embrumée. De ce qu'elle en savait - c'est-à-dire pas grand chose - seuls les plus grands mages sont capables de se dispenser de paroles et de gestes, imposant par leur seule volonté leurs sortilèges. Impossible.
De la drogue... voilà qui était plus probable. Son vin pouvait avoir été drogué pour accentuer ses perceptions. Un simple souffle de vent sur les chandelles, peut alors être réinterprété par son subconscient en phénomène surnaturel. Mais... ça avait été bref, instancié. une drogue aurait affecté sa perception toute la soirée... et les choses n'auraient pas pu revenir à la normale sur un simple ordre de la baronne.
Un vrai spectre alors ? Sûrement la possibilité la plus improbable... et pourtant celle qui semblait le mieux expliquer la situation.

Elle abandonna son raisonnement, qui ne menait nulle part. Elle tenta de croiser le regard de Lucretia, mais celle-ci ouvrant la marche, elle tournait la tête juste assez pour que ses mots soient dirigés vers elle, mais sans permettre à leurs regards de se croiser. Elle fixa néanmoins son regard sur la partie du visage de la baronne qu'elle pouvait observer, ne profitant pas une seule seconde du mobilier. Peut-être parce qu'elle avait peur de voir une ombre se glisser sur les murs pour les suivre.

Malgré le malaise qui étreignait l'estomac de Dokhara, et à défaut de pouvoir en expliquer la cause exacte, elle pouvait comprendre la conséquence recherchée. Lucretia souhaitait l’impressionner. Serrant les dents, Dokhara se jura de ne pas se laisser faire si facilement... quand bien-même son petit effet, quel qu'en soit la provenance, avait touché juste.

Elle l'invita à entrer dans ce qu'elle présenta être sa chambre. Dokhara prit grand soin d'examiner en détail les lieux, curieuse de savoir ce que les objets présents pourraient lui apprendre sur la baronne von Scwitzerhaüm. Le lit à baldaquin et ses magnifiques draps inspirèrent rapidement quelques adultes pensées à Dokhara, qui ne peut alors s'empêcher de reporter son attention sur Lucretia pour mieux la détailler.
Avec des courbes pareilles, pas étonnant qu'elle cultive son apparence afin d'être aussi impressionnante que séduisante. Ainsi, si toute personnes sexuée ne pouvait que fantasmer sur chaque centimètre de peau qu'elle laissait apparent, le regard sévère de la baronne empêchait tous ceux n'étant pas de son rang de se faire la moindre idée sur ses chances.

Lorsque Lucretia lui offrit du vin, Dokhara accepta avec un sourire poli, prit le verre, puis observa avec quelques soupçons le liquide rouge. Si elle l'approcha de ses lèvres, elle prit garde à ne pas en avaler une seule goutte. On était jamais trop prudente.

"que connaissez-vous à la magie ou à ses instruments ?"

Elle remettait le couvert, et rapidement de surcroit. Dokhara ne s'était pas encore remise des émotions provoquées par le phénomène surnaturel des escaliers. Aucun doute possible, Lucretia tentait de la déstabiliser. Tentant de la contrer avec le peu d'instruments qu'elle possédait, Dokhara afficha un grand sourire jovial lorsqu'elle répondit :

- Absolument rien je le crains. Désolée...


Elle écoute les explications de Lucretia, qui jouait très bien la comédie, prenant un air vraiment intéressé par l'objet. Dokhara leva la main en l'air, paume ouverte, et lança sa demande muette à Lucretia.

- Et bien alors, lancez-le moi, que j'observe cela de plus près ! Il ne va pas exploser tout de même... si ?

Un défi idiot, sans doute proposé sous l'influence de l'alcool - et peut-être de la frustration de ne pas comprendre où la baronne souhaitait en venir. Qu'elle lui lance ou que Dokhara doive essuyer un refus pour ensuite s'approcher avec une mine mi-vexée mi-chafouine, elle prit le temps de saisir le bâton à pleines mains pour en faire l'étude méthodique.

Elle n'avait ni connaissance magique, ni aucune sensibilité pour ces choses-là, aussi ne pouvait-elle qu'apprécier le physique de l'objet. Elle s'attarda sur son rubis chatoyant - une bien belle gemme.
L'objet était-il vraiment magique, ou bien Lucretia se moquait-elle ouvertement d'elle, et attendait qu'elle ne s'aventure trop loin pour éclater de rire et lui dévoiler la supercherie ? Si cela ne tenait qu'à Dokhara, elle avait effectivement une impression étrange au fond d'elle en tenant l'objet - une impression de chaleur qui l'affectait de l'intérieur - mais là encore, entre l'alcool et les vives émotions suscitées par le soi-disant spectre de Carl, il était difficile de faire confiance à ses sensations.

Elle alla s'asseoir sur le lit à baldaquin, le bâton toujours en main. Un geste peu respectueux, mais Dokhara avait besoin d'avoir un minimum son impression d'avoir le moindre contrôle sur la situation actuelle. Elle décoiffa ses cheveux, puis elle saisit le bâton à deux mains, et frappa le sol entre ces jambes, imitant la voix de Justus Justinus pour déclamer avec autant de sérieux que possible :

- Ce bâton est un feu ardent, baronne von Scwitzerhaüm. Beau et dansant au loin, il consume votre être lorsque vous le touchez. Jamais la belette sensuelle ne doit être trop téméraire face au volcan tempétueux.

Elle releva la tête pour voir le visage de Lucretia avant de rire. Peut-être était-elle belle et bien plus alcoolisée qu'elle ne le croyait. La moitié de ses actions se faisait avant qu'elle n'aie le temps d'y penser.

- Voilà sans doute ce que vous dirait le mage rouge je crois. Je n'ai pas la moindre idée de comment vous pourriez vous servir de cet objet. Mais s'il est effectivement magique, je vous déconseille vivement de le lui montrer, ou à un quelconque officiel que vous ne connaissez pas personnellement. Soit il vous rira au nez, soit il vous le confisquera. Et si vous croyez pouvoir refuser, attendez-vous à voir débarquer toute une armée de flambeux dans les jours à venir : aux ventes aux enchères d'Altdorf, il y en a toujours un pour venir voir s'il n'y aurait pas quelque chose dans leurs critères, et lorsque c'est le cas ils sont prêts à TOUT pour le récupérer. Quitte à avoir trouvé un si bel objet comme prise de guerre, ce serait dommage de devoir le céder gratuitement aux autorités.


Un soupir, tandis qu'elle laissa son doigt effleurer toute la longueur de l'objet.

- Deux solutions donc. Soit vous connaissez une personne qui "sait" mais qui n'est pas de la branche classique, si vous voyez ce que je veux dire. Mais en tant que baronnes vertueuses, nous n'avons, bien entendu, pas ce type de connaissances. Il ne reste donc que l'expérimental ! Bon, il y a bien sûr le risque de faire exploser votre manoir de l'intérieur... mais le rôle de gamine irresponsable ne m'est pas forcément étranger.

Elle se leva soudainement, un grand sourire sur le visage.

- On sort ? Vous m'avez rendue curieuse... Je ne suis pas le genre de baronne à laisser une consœur prendre des risques seule ! Si vous devez exploser en petits morceaux à cause d'un bâton maléfique, alors je serais là pour le spectacle ! J'espère cela dit que vous n'avez pas peur du ridicule... il y a de fortes chances qu'agiter ce bâton dans tous les sens n'apporte en fait qu'une paire d'ampoules aux doigts...


***********

Le lendemain. En chemin vers Borkum.

Si Dokhara n'avait au départ pas prêté attention au dialogue entre Lucretia et von Kreiglitz, le visage glacial de l'homme en réponse au sourire moqueur de la baronne attira son attention. En se concentrant, elle put percevoir la majorité de l'échange, devinant les quelques mots qui manquèrent à sa perception. La migraine qu'elle se trainait fut un atout dans cet effort, amplifiant douloureusement chaque son qui l'entourait - et Sigmar seul sait à quelle point une délégation complète était bruyante...

Et bien, voilà qui n'était pas très stratégique de la part de sa consœur. Un peu trop arrogante, elle ne se laissait clairement pas marcher sur les pieds, mais poussait son avantage trop loin, ne se gênant pas pour être clairement insultante dans ses phrasés. Et cela lui peinait de l'admettre, mais pour la peine Dokhara penchait pour le GutsHerr dans ce duel verbeux : l'attitude de Lucretia avait été trop provocante pour son rang, et invoquer le nom de la comtesse était une bien faible agression - à dire vrai, du niveau de celle de von Schirach qui avait la veille utilisé l'influence de son père et son argent pour régler ses problèmes...
A dire vrai, la baronne se surprit de ressentir une petite déception de voir ainsi Lucretia remise à sa place. Peut-être l'avait-elle trop rapidement mise sur un piédestal la veille...
Quoiqu'il en soit, elle éloigna son visage de la fenêtre ouverte de son propre carrosse, pour ne pas être surprise par Lucretia, dès que leur conversation fut close - ce serait certainement blessant pour elle de savoir que cette petite humiliation avait eu pour témoin sa consœur.

Le refus d'Ingrid aurait pu l'agacer, mais son rire sincère et son sourire sans ambiguïté lui firent oublier tout reproche. Après tout, si l'esprit de Dokhara n'avait pas été perturbé par sa migraine, elle se serait sans doute rappelé cette spécificité du culte de Rhya. Mais la simple présence de la prêtresse était rassérénante.

"Mon amour ?" Et bien ma coquine, tu t'attaches vite... Mais ma foi, si un peu de sexe a fait de toi mon alliée, je me ferais un plaisir de rester ton "amour" aussi longtemps que tu le voudras. Essaie d'éviter en public cela dit...

La baronne de Soya aurait voulu jeter un oeil par la fenêtre pour vérifier que personne ne les avait épiées, mais c'eut été malpoli devant la prêtresse des bois. Bah, elle avait parlé faiblement, au milieu du vacarme des pas, aucun humain normal n'aurait pu l'entendre... si ?

Elle feignit un soupir triste pour répondre à Ingrid :

- On vous dirait certainement que la baronne Dokhara de Soya vous a fait un sacré effet, pour que vous sacrifiiez ainsi votre foi pour elle...

Elle sourit rapidement à cette déclaration, enchainant rapidement pour bien faire comprendre que ce n'était qu'une plaisanterie - hors de question d'insulter la foi d'une croyante par mégarde... quoique la détourner de son culte pour la faire sombrer dans d'autres délices - où elle avait déjà d'excellentes notions - serait sûrement très amusant.

- Mais loin de moi l'idée de vous détourner de la voie de Rhya. J'avais momentanément oublié les préceptes fondamentaux qui régissent votre culte, excusez-moi, je ne sais pas où j'avais la tête... loin de moi l'idée de trop vous en demander Ingrid, vous m'avez déjà rendu un grand service précédemment... un très agréable service. C'est plutôt à vous de quérir quelque chose de ma part maintenant, afin que l'on soit quittes !

Dokhara prit un air songeur.

- Un morceau de violon vous plairait-il ce soir ? Avec seulement les cieux et vous comme témoins bien entendu...


Un engagement... pas sûre qu'elle aie le temps de le tenir, mais après tout, Dokhara ne se sentait pas d'humeur à supporter un autre banquet à échanger des mondanités - ou pire, un nouveau noble alcoolisé qui aurait décidé de lui chercher des noises.

L'expérience lesbienne que lui avait offerte Ingrid avait été... passionnante. Très en douceur, et en poésie, en tendresse, et en simplicité. Rien de dégradant, c'était du sexe dénué de tout superflu pour se concentrer sur l'objectif du plaisir partagé. Un moment envoutant, que Dokhara avait su apprécier pour sa pureté, d'autant plus que la prêtresse semblait savoir ce qu'elle faisait, là où la baronne découvrait un nouvel univers.
Ç’avait été très différent du sexe qu'elle avait l'habitude de pratiquer, que ce soit dans les bouges crasseux des bas-quartiers d'Altdorf, ou dans ses sphères plus huppées axées sur les orgies masquées. Très différent aussi du sexe avec Ruud, tout en possession et en conflit, en domination et en désir ardent. Cela faisait bien longtemps à dire vrai que Dokhara n'avait pas fait l'amour sans aucune trace de perversité. "Fait l'amour"... cela faisait écho à la façon dont Ingrid l'avait nommée. Dokhara ne savait pas si cela lui plaisait ou non.
Ingrid avait été fabuleuse, cette nuit avait été fabuleuse. Parce que c'était nouveau, c'était surprenant, c'était un autre type de monde, qu'une femme expérimentée lui faisait découvrir, à sa manière.
Mais en y repensant maintenant, cela pouvait être mieux. Cela pourrait être plus sale, plus intense, plus ardent. Le plaisir seul crée un moment magique, mais le désir fou, celui qui pousse à faire des choses plus perverses à chaque minute, celui qui pousse à renouveler les expériences, à exploser le carcan des conventions sociales pour n'être plus qu'une bête sauvage assoiffée de possession de chair, ce sentiment là était plus puissant que tout.
Ce n'était pas tant l'idée du sexe perverti avec Ingrid qui excitait dorénavant Dokhara, mais la possibilité d'insinuer ce désir inarrêtable, de la contaminer de cette soif inextinguible qui dévorait la baronne et avec laquelle elle devait se battre à chaque instant. L'envie de la faire devenir comme elle. De la pousser aux pires exactions, de la voir rongée par la culpabilité et les doutes une fois l'acte terminé, puis de la rassurer en la poussant plus loin encore...

Marguillon la sortit de ses fantasmes, toquant à sa fenêtre pour tenter de la divertir. Son humour ne fut néanmoins pas au goût de Dokhara, qui ne comprit pas la chute de son calembour.

- Je ne m'intéresse nullement aux beaux jouvenceaux Marguillon. Sinon, vous m'auriez vu roucouler auprès de von Schirach hier, et non pas me confronter à lui. Quant aux vampires... ma foi, si l'un d'entre eux tente de boire mon sang, je compte sur votre bravoure pour le repousser avec l'aide de Sigmar !


Avec un air plus sévère :

- Cela dit pour cela, il faudrait que le vampire m'agresse de jour, ce qui me semble peu probable. De nuit, vous serez sans doute trop occupé par d'autres liquides rouges...


Elle lui fit un maigre sourire, pour minimiser ce qui pouvait trop ressembler à une critique agressive.

- Loin de moi l'idée de vous critiquer Marguillon. Vous m'avez acceptée telle que je suis, avec mes étrangetés, lorsque vous avez souhaité rejoindre mon groupe. Et je vous ai accepté - difficile de faire autrement, vous êtes diablement charismatique comme gaillard !

Un petit clin d’œil complice. Après tout, lui aussi avait déclaré "bien l'aimer" hier... que d'admirateurs !

- Mais hier soir... vous n'avez vraiment pas été respectueux avec notre hôte. Cela ne vous ressemble pas, vous si prompt à vous faire des amis... et alors que nous nous sommes appréciés lors de notre rencontre pour notre même point de vue sur la valeur des hommes, qu'il ne fallait pas les juger que sur leur présent mais aussi sur leur passé, vous m'avez semblé bien prompt à... agresser la baronne Lucretia. Pourquoi ? Juste l'alcool ou bien... vous la connaissez ?

Une fois le prêtre éloigné, Dokhara ferma sa fenêtre et replaça le rideau, puis s'effondra dans le siège de son carrosse, et ferma les yeux. Quelques fois, lorsque l'excitation tombait, lorsque son enthousiasme naturel s'effritait, et qu'elle se retrouvait seule avec une migraine pour compagnie, alors une touche de mélancolie s'insinuait dans son esprit.

Que de chemin pour en arriver là. Des années de mensonges auprès de sa famille, de ses serviteurs, tout ça dans le but égoïste de satisfaire son désir de liberté, son désir de sensations, de folie et de chaos. Si elle avait coopéré, sans doute serait-elle aujourd'hui mariée à un noble d'importance, et son père aurait pris pas mal de galon. Elle aurait eu un poste plus important que "baronne", et sans avoir tant à se fatiguer avec des voyages idiots, à devoir simuler des sentiments pour se faire des alliés.
Mais elle n'aurait été qu'un outil au service de son père, un objet décoratif dans l'arsenal de son mari théorique.
Alors finalement, les escapades, les mensonges, les larcins, les blessures sur son corps, le meurtre de son propre père... cela avait-il valu le coup ?
Car en ce moment précis, au milieu de ses serviteurs, d'un prêtre admiratif, d'une délégation d'importance, et après avoir entendu une femme l'appeler "mon amour", Dokhara se sentait plus seule et isolée que jamais. Plus... vide.
Ses pensées dérivèrent de nouveau vers de nouveaux fantasmes en compagnie d'Ingrid, de Ruud, et d'autres encore.
Le sexe pour échappatoire ? Peut-être bien, mais la réflexion n'aboutit pas plus loin, la fatigue l'emportant sur la mélancolie, laissant la baronne se reposer.

*****

Borkum. Le soir

Et bien, le baron était jeune ! Dokhara n'avait encore une fois pas pris la peine de se renseigner sur les hôtes, occupée à somnoler sur la moitié du trajet. Elle ne put s'empêcher de sourire lorsqu'elle vit son accolade virile au Guttsherr.
Le gamin était jeune, mais il prenait soin de son corps, et il savait se faire respecter de ses serviteurs. En plus de quoi il était assez mignon... après l'avoir salué selon les convenances, Dokhara se mordit légèrement la lèvre en échangeant un regard avec lui et força une légère rougeur à atteindre ses joues, petite preuve discrète de son intérêt pour lui, tout en timidité simulée.

Lors du banquet, Dokhara regarda d'un mauvais œil son verre de vin. Non, cette fois, elle resterait à l'eau... si la migraine était passée, ce n'était pas une raison pour remettre le couvert si rapidement. Elle observa les agissements de Marguillon, soucieuse de voir s'il prenait les mêmes bonnes résolutions qu'elle. Aussi, quelle ne fut pas sa surprise de le voir communiquer avec von Schirach, qui rejoignait Lucretia - en conversation avec leur hôte - avec un collier en argent... collier qu'il avait promis de lui offrir.
Mais il se foutait d'elle le religieux ! Elle lui accordait sa confiance, elle le laissait l'accompagner, et lui il allait sympathiser avec la seule personne de la délégation avec qui elle avait un différent ? Et puis c'est quoi cette histoire de collier ? Pourquoi il ne lui donne pas lui-même ?

Alors là Marguillon, on va avoir une sacrée discussion tous les deux, et ce n'est certainement pas ton dieu qui te sauvera de mon courroux crois-moi...

Serrant ses couverts, elle dissimula sa colère, tentant de la rationaliser. N'eut-été qu'elle, elle aurait sans doute prétexté n'importe quoi pour quitter le banquet, et rejoindre Ingrid dans les bois pour se détendre, canalisant sa rage dans une agressivité plus stimulante. Mais Lucretia l'avait soutenue hier soir contre von Schirach, et avait partagé quelques moments d'intimité avec elle. Si aujourd'hui elle devait se trouver en situation délicate, Dokhara se devait d'être à ses côtés.

Alors la baronne prit son mal en patience, se contenant d'observer les évènements à venir, restant prête à intervenir pour soutenir sa consœur.
Modifié en dernier par [MJ] Bonnepierre le 19 avr. 2014, 00:57, modifié 1 fois.
Raison : 8xp (quel beau long post) /30 xp (mais que ça ne te donne pas envie d'être plus lente encore^^)
Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


Awards \o/
Warfo Award 2018 du meilleur PJ - RP
Warfo Award 2019 du meilleur PJ - Élaboration
Dream Team 2018 et 2019 avec Lucretia Von Shwitzerhaüm
Miss Vieux Monde 2019 et 2020

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[MJ] Bonnepierre
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Taladélégation: étape en Bratian.

Message par [MJ] Bonnepierre »

Au manoir Hopperkrüffen, la veille au soir, entre femmes:
Etonnant bâton que montra là Lucrétia à Dokhara: Celui-ci, de chêne rouge, était de toute beauté, surtout le rubis de belle taille qui le surmontait; Il était légèrement chaud quand on en approchait la main, et de même au toucher...

De part son intelligence et son érudition, et des bases certaines de magie- même si celles-ci étaient noires et plutôt instinctives - Lucrétia se questionnait sur son utilité pour elle-même. C'était de toute évidence liée à la magie flamboyante... Mais pas forcément seulement limité aux mages rouges? Rien n'était sûr en cela, bien qu'hélas c'était très possible.
Toujours étant que, si elle fouinait dans ses souvenirs, le mage rouge à qui elle l'avait pris ne craignait point le feu, non pas? En témoignait cette boule de feu qu'il avait balancé sur eux deux à la fois... sans lui même être brûlé.

C'était tout autre chose qui venait à Dokhora, ainsi qu'elle l'avait dit. Elle, elle n'était point férue de magie, mais par contre, l'Etiquette, les us, elle connaissait. Divers sigles sur le chêne rouge, et même sur le rubis, profondément ancrés, montrait bien son appartenance exclusive au Collège Flamboyant. C'était un bien du Collège, même au regard de la Loi, le posséder était illégal et pouvait valoir jusqu'au bûcher si le juge était mal luné...
Le rubis valait sans doute à lui seul dans les 50 couronnes...

Du reste, elles ne savaient rien et ne pouvait que supputer en aveugle.

Et donc? qu'en firent ces dames, ce soir?
test d'Empathie de Dokhara: 17, raté
pas d'infos sur lucrétia

lucré: tu l'emporte avec toi, ce bâton?
En route vers Borkum:
Lorsque l'impressionnant Weiss était passé à la fenêtre du carrosse de Lucrétia, il avait finalement ralenti sa puissante monture blanche. Peut-être du fait du regard sans peur de la lahmiane qui disait ouvertement "tu es un casse-croûte sur patte"? Peu de gens devaient oser le lorgner de la sorte, ni hommes ni femmes.
Il sourit sans joie, montrant une denture qui en avait vu des dures, mais qui allait bien avec ses traits virils; Sa courte chevelure blanc de neige était saisissante, tranchant avec son teint buriné:

- Tout va bien pour Madame?... C'est rare les gens qu'osent me toiser comme vous, qu'ils soient nobliautes comme gueux... Mhmm, p't'être que ce qu'on dit sur vous est vrai? Dommage alors..; ou alors vous en avez une sacrée paire... enfin, hem, si vous étiez un homme, pardon.
Un salut méfiant du chef et il s'éloigna sur son étalon.

Dokhara n'avait pas entendu cela, trop occupée alors avec "sa" Taalienne dans son propre carrosse pourtant roulant de concert. Il n'en restait pas moins qu'à côté de ce Yann Weiss, tueur couvert de fer, son cher Ruud lui semblait sans doute tel un enfançon nouveau né. Quel homme impressionnant! L'on sentait la force émaner de lui, la certitude suprême de l'invincibilité, sans pourtant qu'il en oublie la prudence...
Empathie: 13, raté pour le voyage.
Même si la jeune De Soya s'inquiéta un peu d'être ouïe, Lucrétia et ses sens exacerbés entendirent sans soucis la suite de sa discussion avec la Waldmutter Ingrid, laquelle avait répondu, enchantée de la proposition musicale nocturne de Dokhara:

-Oh, du violon? Juste nous deux dans les bois? voilà qui est original... et prometteur. J'en serais ravie!
Elle ajouta, son sourire très doux:
-Mais vous ne me devez rien, ma mie, ne vous y sentez point obligée... Ce que nous avons déjà vécu a été un cadeau pour toutes deux... ceci étant, je vous attendrai à la lune haute, vous me trouverez.
Un clin d'oeil gentiment grivois, et elle sautait déjà avec dextre du marche pied du carrosse, rejoignant sa bande de pieux forestiers.

Plus tard, et là encore Lucrétia put profiter de tout (notamment car Marguillon parlait fort - à desseins?), il y eut donc une petite conversation entre Dokhara et son suivant prêtre errant de Sigmar.
Celui-ci avait remplacé la WaldMutter sur le marche-pied extérieur du carrosse. A la fenêtre, son visage rubicond (mais il était relativement sobre, pour le coup) s'était légèrement teinté d'une vraie expression d'excuse aux premiers mots de sa "maîtresse", mais très vite il avait retrouvé son éternelle jovialité et son oeil lui avait rendu son clin complice. Son avant bras épais le maintenait sans mal à l'engin roulant, Ce gaillard était bien plus costaud qu'un simple prêtre alcoolique.
Et plus pénétrant?
Signe de son esprit de synthèse, il répondit à tout ce qui lui avait été dit. D'abord par un rire:

-Jolie analogie entre les différents liquides rouges, ma brave Baronne! Très bon, ça, je m'en souviendrai... Enfin... Déjà que je foire mes galéjades, c'est pas si sûr: il fallait dire quel est le "rapport" et non pas la "différence" bien sûr! Pardon pardon! je suis vraiment mauvais... D'autant que la blague était elle aussi mauvaise, on dirait...
Ceci étant, rapport au soleil et les vampire, sachez que c'est surfait. Certains savent y résister... L'argent à même la peau, par contre, il faut voir...


Et merci de me trouver "charismatique", au passage, je vous retourne le compliment, ma noble amie!

Grand sourire, toujours très jovial. Il se tenait toujours sans peine au carrosse roulant, malgré un très lourd marteau au dos qui aurait pu le déséquilibrer. C'était décidément du balaise le Marguillon. Son regard s'égarait parfois fugacement vers la luxueuse chariote voisine -à laquelle il ne tournait pas le dos vu qu'il était du côté opposé - et l'on sentait comme un défi dans ce regard.

-Si je connais la Dame de Bratian? Non pas personnellement. Seulement sur ouïs dires... Permettez que je vous raconte une histoire?
Gageons que oui, Dokhara permit:
-C'est l'histoire d'une intrépide baronne rousse... un peu comme vous... mais... quand même plus ambiguë... Au début, ses forestiers, guidés par la plus grande prêtresse Taalienne du Talabeccland, la prenaient pour un vampire. Etrange non?... Mais non, ladite Baronne n'était pas vampire, car sinon, pourquoi était-elle aussi généreuse et attentive avec ses sujets?... Vint alors de méchants hommes en son manoir. Et ils ourdirent si bien, les filous, qu'elle se retrouva à devoir lutter seule contre quatre mercenaires bien armés. Des mercenaires furent tués, elle s'en sortit, prenant même un otage... Seule une femme démon l'aurait pu, dirent les gens... Mais non, ce n'était pas un démon, car quel démon irait ensuite galoper à cheval soutenir son Castel assiégé pour éviter trop de mort?... (Toutefois, quelle femme irait ainsi au combat sans peur?)... C'était quand même un démon? - Ou du moins une crétaure surhumaine? - Parce qu'elle disparut souvent lors de la bataille, sans que personne ne sache où elle se trouvait?... toujours étant qu'elle sauva sa Baronnie, la brave femme, et cela face à des sbires surentraînés... - saviez vous, Dame De soya, que les vampires savent se muer en brume, ou en chauve-souris, en loup? Un bon moyen de disparaître... mais n'y voyez nulle accusation de ma part.
Point besoin que j'accuse. Un temps après cela, des lettres inondèrent son pays, et presque tout le Talabeccland Ouest: On taxait notre valeureuse héroïne de démone, de vampire...
Encore.


Courte pause, haussant des sourcils faussement dubitatifs:

-Ces lettres? Racontars de vaincus, médisances?... Possible... mais la parole originelle de Mandra, suprême protectrice des forêts, disais la même chose, vous vous souvenez? Les forestiers disaient aussi que notre Baronne était un vampire, au départ... Confondant, non pas?

Un rire:

-Moralité de ce conte?... Quand un seul homme crie à l'hérésie, l'innocence peut demeurer. Lorsque tous les hommes crient à l'hérésie, alors elle ne le peut plus... ou alors c'est vraiment qu'on est mal aimé!

-Bonne route, ma Baronne à moi, et méfiez vous de vos fréquentations, simple conseil.
Et il sauta alors de son point d'appui sur le carrosse, restant du coup en arrière, son regard et son sourire, devenus moins aimables, dardés sur celui de Lucrétia qui s'éloignait de lui...

Le soir présent. Banquet à Borkum:
Argent : S'il est une chose que les vampires craignent plus encore que le soleil, c'est l'argent. Le soleil est omniprésent mais facile à éviter, tandis qu'une lame d'argent peut à tout moment glisser silencieusement hors du fourreau d'un assassin. L'argent fait également partie des armes traditionnelles des chasseurs de vampires et il n'existe rien ni personne qui fasse plus d'impression sur l'esprit des enfants du sang que les rares mortels assez audacieux pour tenter de mettre un terme à l'existence de ceux qui leur sont tellement supérieurs. L'argent est capable de mordre profondément dans la chair normalement si résistante des vampires. Il incendie le sang, calcine la peau et les blessures qu'il cause sont lentes à guérir. Certains vampires sont tellement sensibles à la menace de ce métal qu'ils peuvent en ressentir la présence sans le voir, comme un picotement de la peau ou un effluve qui leur monte aux narines.
Tu as un don vampirique contre ça lucry? je ne crois pas... Même juste posé sur la peau, ça fera bien mal, te brûlera si c'est durable (pv), laissera des marques... (je reste ouvert aux MP pour en discuter, cela dit, mais telle est ma conclusion... )
Tandis que ça se goinfrait au repas du soir à la forteresse de Borkum, que le GutsHerr palabrait avec ses conseillers, que l'Amiral Rogalaunt observait tous et toutes sans un mot, Lucrétia était négligemment allée parler à Pollmar Kriegwir, le jeune maître des lieux. L'oeil du mignon nobliau s'illumina à la mention que la lahmiane fût sa voisine régionale. Il la toisa, sourire insolent en coin:

- Gratte greniers que tous ceux là hein!... Et donc c'est vous la nouvelle Baronne de Bratian c'est ça? Mhmm... et bien si vous voulez parler affaires, je vous présenterai tantôt la personne chargée de mes finances de laquelle vous parlez. Moi je m'en fiche... autant que de la mort de mon paternel...
Il regarda ensuite les belles formes et le beau visage de Lucrétia, d'un air licencieux, sans s'en cacher. Ambitieux l'adolescent! Et provocateur.
-Mais si vous voulez "parler" d'autre chose en privé, je suis votre homme, ma belle dame... Joli décolleté...

Von Schirach, non moins beau jouvenceau, arriva alors près de la lahmiane, portant son sublime collier d'argent massif luisant sur un coussin bleu roi. Il ne pouvait se départir d'un fond d'air revêche, mais fit preuve d'un ton fort poli. Ses yeux luisaient d'une malsaine curiosité, piégeuse:

-Dame Von Schwitzerhäum de Bratian, je sais que je vous ai offensée hier soir. Accepteriez vous de porter ce soir ce présent, signe de ma contrariété à vous avoir froissée?
Jusqu'au GutsHerr, nombre s'étaient tus, observant la scène, lequel GutsHerr voyait visiblement ce signe de paix d'un bon oeil. Weiss, à l'écart avec ses soudards vétérans, n'en perdait rien non plus, intéressé. Le Prêtre Marguillon jeta un regard navré à Dokhara, mais qui témoignait aussi d'une nécessité. Il n'avait que très peu bu ce soir...
-Il vient de ma collection, gazouilla alors Aramena douslak, il va vous aller à ravir, Madame! Puis sur un ton de confidence un peu déplacée - mais totalement candide - Il l'a payé cher.
Empathie de dokh: 5, réussi
Lucrétia (INT): 1, encore mieux.
Dokhara se sentait appréciée - ou ignorée - de tous. Marguillon l'adorait vraiment, c'était clair.
Rien sur le visage de Lucrétia ne trahissait une quelconque crainte. La belle Baronne de Bratian était totalement détendue...

... Mais quelque chose vint peut-être - si besoin - l'aider à se sortir de sa situation:
Un officier alla parler à l'oreille du Kapitän Tabrag; lequel parla à celle du Gutsherr d'un air soucieux; et le GutsHerr Von Kreiglitz grogna sourdement:

-Des gredins qui pillent des retardataires? Voilà qui est fâcheux Frank, allez donc dès cette nuit leur donner la chasse.

Le nain tueur, garde du corps de Dokhara -Cogneur - finit sa choppe cul sec, à sa table à l'écart avec les roturiers. Nervosité? Seule la jeune De soya l'aura vu en ce cas.
Pour les noms que vous ne parvenez plus à situer: ici
http://warforum-jdr.com/phpBB3/viewtopi ... 104&t=5082
J'espère avoir fait le tour des actions en suspends, sinon n'hésitez pas à me MP ou à aller sur mon topic MJ

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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Taladélégation: étape en Bratian.

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

  • La jeune femme ne connaissait rien dans l’art de l’Aethyr, ce qui n’était point surprenant ; Lucretia l’avait supputé en ces faits. Comment une jeune femme diligemment élevée dans les hautes sphères de la cour pouvait-elle avoir eu le moindre fragment de connaissance en la matière, comment le gracieux verbiage, la couture, la musique et les jolies courbettes pouvaient-elles vous plonger dans un univers autrement plus dangereux et instable que le petit confort mondain ? Non, si sa réponse avait été positive, alors Dokhara eût-elle bien dévié dans son apprentissage par le biais de rencontres aussi mauvaises que douteuses. Mais, si fait, quid de Lucretia ? Mais là n’était pas la question, et si sa jeune consœur n’en possédait certainement pas l’art, bien évidemment, il en était tout autrement lorsque l’on venait à parler de curiosité.

    Tout au long de sa petite tirade, la baronne n’avait eu de cesse que de mirer discrètement l’expression de son invitée, et celle-ci s’avérait des plus intéressantes. Il était difficile de pouvoir distinguer quel sentiment transcendait au-travers de son beau et innocent visage. Il y avait un peu de tout, à vrai dire. La curiosité demeurait bien présente, assurément. L’envie, possiblement, et l’impatience, à mesure que la logorrhée de Lucretia ne semblait se tarir. Et percevait-elle, derrière tout cela, l’ombre d’un vestige de la peur qui l’avait assaillie ? Un doute qu’elle ne parvenait pas à occulter, et son lot de questions qui la tenaillait ?
    Lucretia avait eu le même comportement que celui qu’elle avait à présent, lors de sa petite farce de l’escalier. Observer sa consœur avait été fort plaisant, tout en conservant une expression énigmatique que pour mieux la dissimuler en se retournant vers la suite de la visite lorsque Dokhara avait fait de même, vers elle, une expression incertaine gravée sur ses traits. Son petit manège avait eu son petit effet sur la jeune femme, et la maîtresse de céans ne se rappelait que trop bien cette main soudainement agrippée à son épaule et ces yeux lilas furetant çà et là dans l’obscurité, tentant d’en percer les mystères.
    Oui, un peu de peur et de malaise ressentis dans l’escalier, un peu de peur et de malaise qu’elle tentait d’occulter au-travers de cette bravacherie qui faisait l’apanage des personnes légèrement alcoolisées.

    Légèrement plus avachie dans le fauteuil que ne l’eût été une personne de sa condition dans un cadre plus sérieux et moins intime, Dokhara lui lança ces quelques mots, la défiant de lui remettre l’étrange bâton. A Lucretia de lui répondre.
    «S’il ne va pas exploser ? Je ne le sais, mais il est dit que la magie et la maîtrise de ses vents, tout autant que les objets qui les renferment, sont là des entités des plus instables qu’il faut manier avec la plus grande précaution. »
    Elle lui lança négligemment le bâton dans un sourire mi-figue mi-raisin.

    Etait-ce dû au fait de la grande précision de Lucretia, de celle, alcoolisée, de Dokhara, ou d’un simple concours de circonstance, toujours fut-il que l’objet fut rattrapé, possiblement de justesse, et placé sous le regard néophyte d’une baronne. Celle-ci l’ausculta avec tout le savoir qu’elle possédait, et Lucretia put capter une rapide moue douteuse et un regard qui l’était tout autant porté dans sa direction. Si l’intéressée sourit intérieurement, elle demeura de marbre. Expression stoïque qu’elle ne conserva pas bien longtemps.

    Que son invitée s’assît sans permission aucune sur le rebord de son lit, la jeune femme n’en prit point ombrage. Mais l’imitation qu’elle lui fournit de Justus Justinus lui fit tout d’abord lever un sourcil amusé qui se mua bien rapidement en un éclat de rire. Ah, qu’elle avait fière allure ainsi, déchevelée de la sorte, tenant bien fermement l’objet entre ses mains et fièrement campée sur ses deux jambes, une expression des plus sérieuses gravée sur son visage. Et le ton tout aussi bien que le contenu sibyllin de ses paroles s’apparentaient tout à fait à l’étrangeté du mage rouge, à quelques expressions près.
    «Belette sensuelle, hmm... ? »
    Tout cela était si décalé. Elle rit de nouveau, de concorde avec sa consœur.

    Nonobstant, Dokhara avait beau être légèrement imbriaque, la suite de ses paroles n’en demeura pas moins bien fondée. Elle avait raison ; l’on n’était jamais trop prudente, et la possession d’un tel objet pouvait la mettre en grand danger si ce fait s’avérait connu. Les répurgateurs arpentaient le Vieux Monde, et chaque occasion se révélait bienvenue pour édifier quelques brasiers assaisonnés de villageois ou, à tout le moins, pour poser des questions plus indiscrètes les unes que les autres. Mieux valait ne point leur donner de prétextes pour qu’ils menassent leurs investigations et garder le secret de cette interlope possession.
    Lucretia soupira.

    « Non, hélas, je ne connais aucune personne de cet acabit. Je suis bien trop humble pour me targuer de posséder pareilles connaissances, et je ne voudrais en aucun cas entacher ma probité. »
    Petite moue de circonstance, mais le sourire de Dokhara était contagieux. Diablement contagieux.
    Lucretia le lui rendit bien, secouant nonchalamment du chef.
    « Je tâcherai de faire attention, mais, oui, mieux vaut moi que vous. L’on a déjà que trop de soupçons quant à mon désir de vous pervertir, et je ne voudrais aucunement que cette vérité éclate au grand jour. Et puis, je préfère exploser en boulettes de baronne plutôt qu’il ne vous arrive la même chose. Que dirai-je alors à Marguillon ? »minauda-t-elle dans une fausse mine contrite.

    Armée de son bâton, la baronne de céans ouvrit la porte de sa chambrée, invitant sa consœur à la suivre au-dehors. Elles traversèrent un moment les mêmes couloirs empruntés à l’aller pour bifurquer par la suite à l’opposé du brouhaha émanant encore des salles inférieures. Veillant à conserver leur discrétion, Lucretia fit passer Dokhara dans des entrées de services et des ailes à présent abandonnées de la bâtisse, rongées par la destruction et la guerre qui avait fait rage il y avait de cela quelques mois. Dans ce décors vespéral, les poutres carbonisées et les charpentes se confondaient avec les ombres de la nuit, et des tuiles brisées et du toit percé s’étaient engouffrées des pelletés de feuilles qui tapissaient à présent un parquet oublié. Au-derrière du manoir, les hautes herbes avaient commencé à revendiquer leurs droits, s’avançant inéluctablement sur quelques petits sentiers et les murs de pierres blanches. Non loin de là, l’orée de la forêt se dressait tranquillement dans son silence apaisant, uniquement ponctué du bruissement du vent et des stridulations de quelques insectes nocturnes. Les deux lunes jouaient à cache-cache avec les nuages dans ce qui formait un cadre parfait pour mener secrètement quelques expériences que le bon sens n’approuvait pas.
    «Et pourtant, avança mystérieusement Lucretia, je gage que, d’ici là, quelqu’un viendra nous déranger. Sur qui pariez-vous ? Mmh… J’hésite entre Justus Justinus et la Waldmutter Ingrid. »

    Elles marchèrent ainsi encore un petit moment avant d’être certaine de pouvoir officier dans la paix et d’arriver dans un lieu que la maîtresse de maison connaissait bien. Le chant de l’eau résonnait musicalement à leurs oreilles comme une cascatelle se découpait dans la clairière, scintillant sous le clair de lune et tombant dans un petit bassin bordé de rochers.
    «D’abord quelques leçons d’équitation en compagnie d’un preux chevalier, puis la pratique de la sorcellerie avec une consœur baronne. C’est que l’on fait de tout, ici. »

    Tenant toujours le bâton flamboyant dans sa main, Lucretia s’avança au-delà de Dokhara, se tenant face au petit bassin. Quitte à manipuler des langues de feu ou quelque immatérialité du même genre que ce fût, autant le faire en présence d’eau. Voire à essayer tout cela sur l’eau.
    « Voyons voyons… »
    Lucretia ne voulait pas échouer. Certes, Dokhara n’avait pas eu tort en lui soufflant comiquement qu’elle n’en retirerait peut-être que des ampoules aux mains, mais le danger avait pour lui sa part d’excitation, et toutes les deux s’en retireraient pour le moins déçues si rien n’advenait. Toutes ces manigances et ces mystères pour rien… Non, sa fierté et sa curiosité ne pouvaient l’envisager.
    A la façon dont elle modelait la trame d’un sortilège, l’esprit de Lucretia se faufila au sein même de l’objet, rampant implacablement vers le rubis flamboyant. Loin de tisser harmonieusement et de répondre à l’essence même du bois dans lequel était façonné l’objet, elle le gravissait impérialement, s’emparant de tout ce qu’elle pouvait au passage, engrangeant tout le avoir qu’elle pouvait obtenir afin de briser la paroi invisible du rubis qui maintenait les vents de magie.
    Et quoi qu’il pût bien en échapper, la jeune femme veillait à ce que cela fût dirigé vers la surface de l’onde du bassin.

    Si jamais je l’emporte avec moi ? Tout dépend de ce qu’il adviendra. x)

    ***


    Il n’y eut pas grand-chose de plus intéressant sur la route, dans l’échange qui entremettait Dokhara et la Waldmutter. Lucretia, engoncée dans les coussins et les brocards de son véhicule, tendait l’oreille, en quête de toute information digne de cette dernière révélation qu’elle avait pu percevoir. Mais point de nouvel amour caché, point de passion débridée ou d’autre meurtre encore inavoué. Non, seul un rendez-vous galant se distingua de cette entrevue singulière, rendez-vous qui, pensa la jeune femme, pouvait s’avérer des plus indiqués ; voilà qui permettrait à ces deux invitées de pouvoir s’échapper librement lors d’un énième banquet qui serait assurément donné en leur faveur. Si von Schirach ou elle ne savait quel autre nobliau y remettait du sien pour quelque raison que ce fût, il s’agissait là d’un prétexte pour ne plus en faire les frais. Ou d’un aveu de faiblesse et de crainte ? Tss tss, si cela sonnait ainsi aux oreilles mal-lunées du blondinet, Lucretia n’y voyait là, elle, qu’un moyen comme un autre d’oublier un tant soit peu la routine quotidienne du chemin ou des événements mondains pour se consacrer à soi-même.

    Puis il y eut Marguillon, et l’entrevue qui s’en suivit s’avéra différente et possiblement plus intéressante. Lucretia était-elle si rancunière qu’elle apprécia la petite remontrance qui fustigea les oreilles du prêtre bedonnant ? Elle était de bonne humeur, et ne le fut que davantage encore, quoique légèrement, en entendant l’homme se faire réprimander. Ses sourcils se froncèrent cela dit lorsque Dokhara le taxa de « charismatique ». Lucretia ne voyait en lui qu’un imbriaque passablement lourd lorsqu’il se retrouvait dans son état naturel et dont le propre était de lui chercher des noises en tout instant lorsqu’il ne tentait pas d’émettre des sous-entendus de mauvais goût. Et cela pour la simple raison qu’il savait. La baronne secoua la tête, reconnaissant que le bougre qui avait une fois affirmé que la connaissance, c’était comme la confiture ; plus on en avait, plus on l’étalait, avait foutrement raison. Ah, ça…
    Elle écouta avec grand intérêt la petite histoire de Marguillon, une petite histoire dont elle était le héros. Ah, ça aussi…

    L’on ne pouvait pas dire qu’il était déplaisant que de se faire dépeindre en bien, et l’intéressée tendit bonnement l’oreille, un petit sourire flottant sur ses lèvres écarlates. Car oui, pour elle, tout cela n’était qu’un discours dithyrambique qui mettait en valeur son courage, sa vaillance, et l’amour qu’elle pouvait porter pour ses gens et ses terres ; ces histoires qui vous faisaient pleurer même le plus farouche des chevaliers bretonniens. Quant aux petits détails que l’on pouvait véhiculer sur un quelconque côté démoniaque… Les étrangers étaient souvent mal perçus lorsqu’ils s’installaient nouvellement sur leurs terres, et les perdants ne tarissaient pas de défauts sur ceux qui les avaient mis genoux à terre.
    Amusée, elle garda sa propre moralité pour elle-même.

    Passa également, mais à la fenêtre de Lucretia, cette fois-ci, la légende vivante, Weiss, lequel s’arrêta soudainement lorsque la baronne le couva de son étrange regard smaragdin. Et à ses paroles, ledit regard changea du tout au tout, devenant subitement plus déférant.
    « La route est monotone mais apparemment sans danger ; tout va bien, l’accueillit-elle d’un cordial salut de la tête. Puis elle haussa des épaules. Cela n’est peut-être pas des plus indiqués, mais je ne vous crains pas ; je vous respecte. Vos exploits sont légendaires, et, qu’importe le parti que vous prenez ou qui vous achète, je sais reconnaître une personne de valeur lorsque j’en ai une sous les yeux. » Elle ne releva aucunement le « ce que l’on dit sur vous », mais rit quelque peu à cette petite fredaine que commettaient bien des hommes de son genre en se hasardant dans leurs métaphores désignant un certain courage.
    «Il n’y a pas de mal. La bonne journée. »

    ***
    Effectivement, je n’ai pas du tout de résistance contre l’argent, en fait, ce que je pensais. è_é Il me brûlera donc. Cela dit, je pense que ce que je vais faire pourrait aller. Enfin, j’espère. (A)

    Le banquet poursuivait bien plus nonchalamment son cours qu’il ne l’avait fait la veille en d’autres lieux. Moins d’agitation, moins de corvées auxquelles penser une fois que la réception serait terminée, et davantage de connaissance et de proximité entre chacun des membres composant la délégation. Certes, si, conservant leurs mesquines habitudes, la totalité de ces nobles et bourgeois continuait de s’épier et de se juger, au moins le faisait-elle d’une façon moins suspicieuse et malsaine. L’on commençait à parler plus franchement déjà, quoique jamais totalement, jamais, les premiers liens se tissaient et peu encore, n’était-ce le duo de Dokhara et Lucretia face à von Schirach, se déchiraient. Dans ce nouveau lieu, seules les nouvelles personnes demeuraient encore étrangères à Lucretia, et c’était bien là l’objet de sa petite discussion désintéressée avec le seigneur de Borkum.

    Désintéressé, cela l’était-il quelque peu en matière de finance, politique et familiale. De but en blanc, comme cela, leur hôte réussit à morguer la disparition de son père comme s’il ne s’agissait là que d’un vulgaire malentendu sur lequel il ne valait pas la peine que l’on s’épanchât. Soit ; c’était tout à fait dans son droit, encore que Lucretia trouva étrange qu’il abordât un tel sujet avec tant de désinvolture lorsqu’elle n’avait aucunement abordé le sujet, de loin ou de près.
    Joueur. Bien que jeune, il se savait beau garçon et jouait au godelureau charmant ces dames. Confiant, ou tentant possiblement de masquer les doutes qui pouvaient éventuellement assaillir une jeune personne se devant d’administrer tout un domaine, il n’y allait pas par quatre chemins et montrait de façon l’on ne pouvait plus claire ses désirs du moment. Il lorgna du côté de la poitrine de Lucretia, n’hésitant pas à commenter au fil de ses envies. La jeune femme se fendit d’un sourire amusé et laissa échapper un petit rire, acceptant la critique.

    «Vous êtes plutôt du genre direct, vous », lui lança-t-elle sans accepter ni refuser sa proposition et en s’adossant nonchalamment à une table. Elle lui jeta un petit coup d’œil en coin de façon à le juger, puis observa le banquet qui se présentait désormais droit devant elle.
    « Je subodore que cela fait peu de temps que vous êtes le seigneur de Borkum. Et déjà, les banquets ne vous intéressent pas, pas plus que les discussions politiques –et je vous comprends tout à fait ; elles peuvent être d’un ennui… Mais je vous ai vu lorgner du côté de Weiss la Mort Blanche. Sont-ce ses légendes qui vous attirent plutôt ? Les perspectives d’aventures sont toujours plus grisantes que la réalité de la vie seigneuriale. Vieillir d’inaction et laisser la routine nous gangrener petit à petit… Là où lui possède la vraie liberté, en un sens. »

    Alors qu’ils parlaient, le banquet poursuivait bien plus nonchalamment son cours qu’il ne l’avait fait la veille en d’autres lieux. Mais plus pour très longtemps.
    Comme elle le supputait, von Schirach se tint rapidement devant elle, portant ce fameux collier d’argent dont elle percevait déjà les relents métalliques et corrosifs. Il était magnifique sur ce brocard bleu roi, et Lucretia pensa qu’il lui irait à ravir si seulement elle avait pu le porter. Mais les choses et la nature, si tant était que l’on pouvait la nommer ainsi, en avaient décidé autrement. Marguillon avait tenu sa promesse, et le bijou honni se tenait là, à sa portée. Pour un peu, et la jeune femme en eût presque soupiré d’agacement. Il la soupçonnait de vampirisme, et en savait suffisamment long sur le sujet pour savoir que certains de ces êtres supportaient sans mal la lumière du jour, et ce là où la légende était si profondément ancrée que l’on associait pourtant sans peine soleil avec ennemi mortel des vampires. Etait-il si au fait de la stature vampirique ? Mais qu’il sût ce point précis, pourquoi pas.

    Mais une autre faiblesse vampirique demeurait tout autant connue, une que prêtre possédait en quantité, eu égard à son statut. Il n’avait qu’à tendre la main pour la présenter à Lucretia, s’il la pensait véritablement vampire. Mais non, pas lui. Là où tout prêtre se fût tourné vers sa foi et son dieu, lui préférait s’assoter en compagnie du bougre même qui avait insulté et bafoué à plusieurs reprises l’honneur de celle qui qualifiait de maîtresse, à trafiquer avec lui en allant à contrecourant dans le seul but de satisfaire son envie personnelle. L’homme n’était pas sans rappeler à Lucretia un certain Mascher, lui-même homme de Sigmar… Sur le premier plan, uniquement. Marguillon lui semblait faire double jeu, allant là où ses intérêts s’avéraient les meilleurs que pour retourner sa veste lorsque le vent faiblissait. Un de ces prêtres qui pouvaient tout justifier à coup de « Sigmar l’a voulu ». Dokhara avait-elle déjà eu affaire à des hommes tels que Mascher ? Lucretia fut tentée que de regarder en sa direction. Mais elle n’en fit rien.

    Le collier d’argent venait de lui être présenté comme une offrande, une amende honorable face à tout ce que von Schirach avait pu lui faire la veille. La scène devait être saisissante, et cela d’autant plus lorsque l’on était au fait des rudes tensions qui animaient les deux personnages et les racontars que l’on véhiculait sur l’un des deux protagonistes en particulier. Tout le monde s’était tu et observait, sentant que tout pouvait basculer d’un moment à un autre. Car Lucretia ne pouvait décemment pas porter ce collier, et il lui fallait trouver une échappatoire sous peine de voir sa nature révélée au grand jour.

    La jeune femme sentait le regard mesquin de von Schirach posé sur son corps, sa curiosité malsaine et sa satisfaction de la voir ainsi piégée. Cela se lisait tout autant dans l’expression de son visage, et la baronne n’avait qu’une envie ; celle de le gifler et de lui faire ravaler son collier. Ou d’user de sa magie pour lui faire éclater un à un, sous sa peau, ses veines et ses nerfs, chacun des os de son corps en d’indicibles échardes qui lui larderaient les chairs au moindre mouvement.
    Mais contrairement au blondin, rien de Lucretia ne trahissait pareil sentiment.

    Droite, altière comme toujours, la jeune femme n’avait pourtant pas céans-même son attitude condescendance et vaniteuse ; l’humilité avait revêtu ses traits alors même qu’elle considérait son vis-à-vis, une expression de surprise voilant son regard autrefois sévère. Les lèvres entrouvertes dans un ébahissement où se mêlait également le ravissement, elle avança une main en direction du coussin bleu roi, oubliant que chaque paire d’yeux était rivée sur elle afin de deviner ce qu’allait produire le tant redouté contact entre sa main et l’argent. Mais Lucretia était au-delà de tout cela. N’était-ce là pas un beau geste de la part du jouvenceau que de vouloir la paix ? Si, et personne ne pouvait contredire ce fait.
    La peau entra en contact avec le métal scintillant.

    Il n’y eut pas d’éclair, pas de porte du Chaos qui s’ouvrit, de cris de douleur ou d’extrêmes lamentations venant d’outre-tombe. Simplement le bruissement d’une fine chaîne lorsqu’un doigt à la douce peau parcourut rapidement le chemin qu’elle traçait, puis le bruit mat et plat du médaillon qui retomba sur le coussin après que Lucretia se fût penchée par-dessus les ornements d’argent, l’ayant tenu l’espace de quelques secondes dans sa main.
    La douleur était là, présente et intense, mais avant tout bien plus morale que physique. Une douleur qu’elle était à même d’éprouver et de contenir comme elle l’avait déjà fait si souvent. Et elle avait relâché le bijou avant que le moindre signe ne trahît sa nature. La scène n’avait duré que quelques secondes tout au plus, ainsi, mais la jeune femme était certaine que chacun l’eût vue en train de toucher l’argent. La belle Baronne de Bratian était totalement détendue...
    «Il est magnifique », souffla-t-elle d’une petite voix dans laquelle se lisaient l’envie et le choc.

    Elle releva le menton et ses yeux de la chaîne pour contempler von Schirach qui lui faisait face. Le regard émeraude de la baronne luisait d’une sincérité si profonde que même Marguillon put douter de la véracité de ses plus profondes réflexions. Ou bien se rendit-il compte, avec un effroi soudain, à quel point les yeux de la jeune femme étaient devenus deux puits verts au gouffre sans fond, dans lequel il était si aisé d’y plonger et de s’y perdre. Dans cette douce candeur juvénile, la noyade vous attendait alors même que vous étiez prêt à faire n’importe quoi pour vous imprégner de ces flots innocents. De tout faire pour réaliser ce qui allait être clamé par la voix devenue ensorcelante et impérieuse de Lucretia. Si Marguillon était véritablement persuadé de la nature vampirique de la baronne et qu’il connaissait tant de choses à leur sujet, alors venait-il de comprendre qu’elle était sur le point, de par son simple regard, de prendre possession de von Schirach.

    Mais loin des calomnies proférées par le prêtre, loin de ses médisances et de ses théories fumeuses de femmes croquant les hommes, il n’y eut que deux baisers.
    Ce fut avec une grande reconnaissance pour la paix apportée que Lucretia encadra les épaules de son vis-à-vis que pour mieux l’embrasser sur les deux joues avant de se retirer d’un pas pour effectuer une petite salutation respectueuse. Elle se tourna alors vers Aramena Douslak, l’arabéenne à qui avait autrefois appartenu ce collier.

    «Madame, soyez assurée que vous possédez des goûts tout à fait exquis et que ce collier est aussi somptueux que celle à qui il appartint. »
    Nouveau pivotement en direction de von Schirach.

    «Mais je me sens quelque peu honteuse à l’idée de conclure des arrangements et de m’emparer de cadeaux qui ne m’appartiennent pas , avoua-t-elle en baissant légèrement les yeux.
    Cette paix ne doit pas m’être offerte ; je ne dois pas en être la réceptrice. En vérité… Elle doit être adressée à la baronne Dokhara de Soya, pour tous les… affronts qui lui ont été faits. »
    Lucretia se tut un moment, laissant chaque personne de l’assemblée reconstituer les évènements et ce qui avait été dit. Le silence demeurait un allié bien plus diplomatique que toutes les vérités qu’elle eût pu exposer ; diffamation en la traitant de mauvais coup et de traînée, menace de mort à l’encontre de plusieurs membres de sa suite et bafouage de son nom, du nom de son père et de son père avant lui. Lorsque Lucretia fut certaine que tout le monde s’était bien remembré des derniers jours, elle continua, se tournant vers sa noble consœur.
    «C’est à vous que doivent aller ce gage de paix et ces excuses. »
    Puis au blondin :
    « Mais soyez sans crainte ; je souhaite également que la paix règne entre nos deux personnes et n’oublie aucunement vos premières pensées. Vous avez déjà fait beaucoup à l’égard de ma consœur en ce collier d’argent et vos résipiscences ; c’est à moi de faire le premier pas, d’une manière bien plus solennelle.
    Acceptez-vous, seigneur von Schirach, à oublier ce qui a été dit de la part de l’un et de l’autre camp et de repartir à zéro ?
    »

    Un officier vint les interrompre pour transmettre quelques nouvelles en provenance de l’arrière-garde de la délégation, laquelle avait été, semblait-il, attaquée par des bandits.
    «Excusez-moi, messires, quémanda Lucretia, inquiète, mais sait-on quelles sont les victimes et à quelles maisons elles appartiennent, s’il y en a eu ? –Mais que Sigmar fasse que tout le monde s’en sortît vivant. »
    Je n'utilise absolument pas Domination sur Schirach, au cas où. =P
Modifié en dernier par [MJ] Bonnepierre le 24 mai 2014, 02:47, modifié 1 fois.
Raison : 7xp/70xp
FOR 16 / END 14 / HAB 17 / CHAR 18 / INT 17 / INI 19* / ATT 17 / PAR 13 / TIR 11 / MAG 17 / NA 4 / PV 134/140
Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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Dokhara de Soya
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Taladélégation: étape en Bratian.

Message par Dokhara de Soya »

Au manoir Hopperkrüffen et ses extérieurs, la veille au soir, entre femmes :

Dokhara avait d'abord froncé les sourcils lorsque Lucretia lui fit un rapide exposé de la prudence nécessaire à la manipulation d'un objet magique... et sourit avec d'autant plus de naturel, lorsque surprise, elle vit sa consœur agir à l'encontre de sa mise en garde en lui lançant négligemment l'objet. Une désinvolture rafraichissante... qui allait finalement de pair avec l'assurance qu'affichait en permanence la baronne.

Si Dokhara n'avait bel et bien aucune connaissance en magie - sinon celle dilapidée par quelques pompeux abscons, comme Justinus, qui venaient parfois aux banquets de feu son père - elle avait su identifier les sigles du collège rouge sur l'objet. Si les flambeux ont pris le temps de marquer leur bâton, ce n'était sûrement pas par sentimentalité envers un ustensile d'aide à la marche pour grand-père. Non, aucun doute possible, Lucretia ne lui mentait pas sur ce point : le bâton était magique.

Son analyse finie, elle écouta la réponse de Lucretia puis se releva pour rendre l'objet à sa propriétaire.

- Pas grand chose je le crains. Votre bouche s'entrouvrirait pour tenter de vous justifier que déjà, vous seriez attachée à un tas de paille et de bois. Et le lendemain, ce bon Marguillon raconterait déjà comment, face à vos vils assauts pervers, j'ai supplié Sigmar de me faire exploser en petits morceaux plutôt que de me laisser être souillée par la monstrueuse baronne Lucretia.

De l'humour dans le ton de la voix de Dokhara, bien sur, mais aussi un message à faire passer. Lucretia avait des spectres pour la protéger ? Et bien elle aussi, elle avait ses protecteurs zélés, et rappeler à la maitresse de maison qu'elle n'était pas la seule à disposer d'un peu de pouvoir n'était pas superflu.


Alors que les deux femmes marchaient à travers le manoir pour se trouver un coin tranquille, Dokhara pensa à Marguillon.
Possédant apparemment une très grande estime pour la baronne après l'avoir vue jouer les diplomates auprès du groupe de Ruud, il s'était joint à elle avec son approbation. Compagnon charismatique, il semblait pouvoir discuter et bien s'entendre avec tous. Son goût pour la boisson et la bonne chère n'était pas chez lui une faiblesse, non, cela le rendait au contraire plus humain auprès de ceux qui le côtoyaient, loin des bigots prêchant d'abandonner tout plaisir terrestre pour se consacrer à la seule prière.
Dokhara avait nourri quelques pensées paranoïaques au sujet de ce nouvel allié. Il s'entendait "trop" bien avec tout le monde. Sans pouvoir mettre le doigt sur un seul moment qui appuierait sur ses théories farfelues, la baronne ne pouvait s'empêcher de se méfier des gens "trop" parfaits.
A la réflexion, elle était presque contente de son dérapage de cette soirée, auprès de Lucretia. Cela prouvait qu'elle se trompait, que le prêtre n'était pas si parfait que ça, qu'il pouvait aussi se faire des inimitiés. Mais pourquoi avec la maitresse de maison, une consœur baronne, que Dokhara commençait tout juste à apprécier ?

Elle s'arrêta dans un couloir tandis que cette pensée la traversa. Puis reprit sa marche, se forçant quelques pas plus rapides pour rattraper le petit écart entre elle et Lucrétia.

L'apprécier ?

Ces derniers jours, Ingrid mise à part, Dokhara n'avait pas côtoyé grand monde de bien intéressant. Elle simulait une amitié avec Aramena, en discutant robes et bijoux. Elle souriait sans cesse aux avances du chevalier idiot Gudrik, avec sa petite moustache bien lissée. Elle supportait le caractère gronchon de Rolff, les blagues idiotes de Gart, les paraboles obscures de Justinus.
Elle souffrait de la solitude, laissant ses pensées vaquer vers Ruud, puis s'agaçant elle-même de sa faiblesse.

Lucretia... elle jouait les dures, les froides, les déterminées, voire les mystérieuses. Elle ne connaissant Dokhara que depuis peu mais déjà, elles s'étaient trouvées un intérêt commun : le dédain pour von Schirach. Une inimitié commune qui se transformé en alliance, lorsque contre toute attente, Lucrétia s'était levée et avait provoqué publiquement le jeune imbécile, permettant à la baronne de Soya de sortir d'une situation difficile qui mettait son honneur en jeu. L’affaire s'était mal conclue, mais ce n'était pas là la question.

De par sa réceptivité à l'humour de Dokhara, ses propres plaisanteries emplies de sous-entendus, et sa sale manie de nimber ses propos de mystères, la baronne Von Shwitzerhaüm avait su se rendre sympathique aux yeux de Dokhara en une seule soirée. Un petit exploit, surtout lorsqu'on considérait qu'elle avait réussi ce tour de force en gardant tous ses vêtements sur son corps.

Même si son esprit était occupé, la peur du spectre était restée ancrée dans l'esprit de Dokhara tandis qu'elles quittaient le manoir, passant par des pièces délabrées et donc peu rassurantes. Aussi, lorsqu'elles en sortirent enfin, son regard put arrêter de scruter chaque ombre, pour se concentrer sur la silhouette de sa comparse. La faible lueur dispensée par la lune derrière les nuages, la grande chevelure de la baronne, le tissu de sa robe et la crinoline ne permettaient pas de deviner grand chose d'intéressant sur sa silhouette, mais l'imagination de Dokhara aimait les challenges.

Sa façon de marcher, de parler aux hommes... elle a confiance en son physique. Elle sait utiliser sa féminité à son avantage. Mais c'est une guerrière, peut-être a t-elle quelques cicatrices aussi, bien cachées ? Si elle s'est déjà battue, peut-être s'est-elle entrainée, auquel cas elle doit avoir quelques muscles développés...

C'est alors qu'elle s'imaginait Lucrétia totalement dénudée que cette dernière décida de lui adresser la parole, sans se retourner néanmoins. Rêveuse, Dokhara répondit amusée :

- Je compte justement sur vous pour nous emmener dans un endroit où, quoiqu'il advienne, personne ne dérange notre intimité. Nous pourrions avoir des problèmes si quelqu'un savait ce que nous nous apprêtons à faire, Lucretia...

Un faux avertissement mâtiné d'une allusion, pour appuyer encore plus le futur amusement de la transgression. Encore une chose qu'elle semblait partager avec cette femme... qu'elle avait appelé par son prénom. Elle devait faire plus attention, c'était trop familier, elle était avec une noble tout de même, pas avec une de ses conquêtes...

La clairière dans laquelle elle l'emmena était très... bucolique. L'endroit parfait pour une romance idyllique entre la princesse de conte et son amour interdit qui la rejoindrait au clair de lune chaque nuit.
Elle ne se permit néanmoins pas de plaisanterie cette fois-ci. L'alcool la rendait un peu trop idiote, et elle aurait aimé plonger sa tête dans le bassin pour se remettre les idées en place - mais si Lucretia lui était sympathique, elle restait une rivale politique : Dokhara ne pouvait pas se permettre de faire tout et n'importe quoi en sa présence. C'est donc avec sérieux qu'elle s'assit dans la clairière, et observa son hôte tenter d'activer l'objet magique. Elle lui adressa un hochement de tête d'encouragement, tandis qu'elle aussi se mettait en place.

Montre-moi, Lucretia... tu ne m'as surement pas emmené ici pour te ridiculiser, tu sais sûrement déjà ce que fait ton bâton... alors vas-y. Eblouis-moi. Impressionne-moi. Séduis-moi...

***
En route vers Borkum

Et déjà, Ingrid bondissait loin de son carrosse. Une brise de vent, simple et rafraichissante, voilà ce qu'était la Taalienne.
Le Sigmarite qui prit sa place, c'était autre chose... plus compliqué. Plutôt un pierre qui roule le long d'une pente, et qui emmène avec lui ce qu'il croise... bah, Dokhara n'avait jamais été douée en analogies, quand bien même Marguillon lui affirmait le contraire.
Elle écouta son récit, et n'y répondit que par quelques hochements de tête. Il y avait là beaucoup d'informations, et cela demandait quelques instants pour y réfléchir... Le mélange détonnant de la fatigue et de la migraine n'aidaient en rien.
Lucretia Von Shwitzerhaüm, une vampire... uh ? Bah, c'était bien le propre de l'homme que d'utiliser le surnaturel pour résoudre les mystères qu'il n'arrive pas à percer. Une faible femme qui réussit d'incroyables tours de force, c'est impossible, ce n'est qu'une femme. Alors qu'une vampire...
Trop fatiguée pour y réfléchir vraiment, son mal de tête plus douloureux à chaque nouvelle question, Dokhara laissa ses pensées dériver vers son passé plutôt que sur sa consœur, laissant sa mélancolie prendre le dessus sur sa curiosité, et l'emporter vers un sommeil agité.

***

Le soir présent. Banquet à Borkum


Lucretia une vampire ?

Dokhara n'en savait rien. C'était l'explication la plus simple. Les choses sont rarement simples cependant.
Mais elle était sûre d'une chose : Marguillon, lui, était certain qu'elle en était une. Voilà à quoi rimait ce jeu, voilà comment les pièces du puzzle s'emboitaient. Il lui avait expliqué sa théorie quelques heures plus tôt. Et maintenant, il voulait qu'elle comprenne que non, il ne la trahissait pas elle, il tentait seulement de mettre à jour la nature maléfique de Lucrétia.

Sa rage envers Marguillon ne baissa pas avec cette nouvelle compréhension de la situation. Il agissait comme Rolff. Etait-ce si difficile de lui parler de ce qu'ils comptaient faire avant de la mettre devant le fait accompli, à devoir assumer leurs actes ? Car si Marguillon ne faisait pas partie de ses serviteurs, il était néanmoins présent de par sa responsabilité... et si Lucretia se sortait de cette épreuve, peut-être tiendrait-elle rigueur à la baronne de Soya d'avoir amené avec son équipage un prêtre si agaçant...

Et pourtant, même si elle se sentait trahie, Dokhara ne pouvait réagir. Elle observa le collier, fait d'argent scintillant. Elle observa Alfred, fier de lui, certain que ses fausses excuses aboutiront à piéger son adversaire. Elle observa Lucrétia, droite et fière, fixant le bijou. Et dans ce moment figé, elle sut qu'elle ne pouvait pas intervenir.
C'était idiot de rester passif. Car si Lucrétia était une vampire, alors la situation dégénèrerait. Si elle ne l'était pas, alors Dokhara n'aura été que l'ingrate qui, en plus d'avoir amené un prêtre casse-pieds, n'est même pas intervenue pour à son tour, sauver sa consœur d'une situation délicate.
Non, il était plus intelligent, plus pertinent d'agir maintenant, et de la confronter plus tard à la question. Loin des regards, loin de Sigmar.
Mais ce n'était pas une question de stratégie politique. Il y avait eu des mystères, des étrangetés. Le spectre du majordome notamment. Le comportement de Marguillon, tellement sûr de sa théorie qu'il en oubliait son charisme naturel.
Dokhara voulait agir pour aider sa consœur, mais elle ne le put. La curiosité était trop forte. Elle devait regarder.

Son souffle s'arrêta lorsque Lucrétia saisit le bijou entre ses doigts pour l'examiner... avant de le reposer. L'argent ne sembla pas l'avoir blessé mais... elle n'avait pas enfilé le bijou.
Elle fixait von Schirach, qui lui rendait son regard.
Personne n'osait parler. Tout le monde regardait Lucrétia. Tout le monde avait dû entendre les rumeurs. Et tout le monde devait, comme elle, ne pas savoir quoi penser de cette scène : oui, elle avait tenu le collier, mais non, elle ne l'avait pas mis autour du cou.

La propriétaire du manoir Hopperkrüffen s'empara de la parole, avec assez de force pour empêcher momentanément quiconque de lui en demander davantage. Et c'est tout naturellement qu'elle tenta de déplacer l'attention de tous sur sa consœur.

Elle aurait du se sentir honorée par l'attention de Lucretia, de partager ainsi les excuses qui devaient leur être faites.
Ce n'était pas le cas. La colère initiale qu'avait éveillée Marguillon s'était maintenant amplifiée par la baronne. Car tout ceci n'était qu'une farce.
Elle n'offrait rien à Dokhara. Elle l'utilisait comme appât pour sauver sa peau, rien de plus. Acculée par un alcoolique et un adolescent, elle tentait de détourner l'attention d'elle-même.

Dokhara n'avait plus de doutes. Lucretia Von Shwitzerhaüm était une vampire.

Alors que, pendant le court silence qui suivit l'évocation de son nom, tout le monde la regardait, elle rougit légèrement, et baissa le regard. La façade ne devait pas se laisser fragiliser par la colère qui bouillait en elle.

Elle savait que cette haine soudaine était incohérente. Qu'à la place de Lucrétia, elle aurait sans doute agi de même. Mais cette sensation de n'être qu'un outil utilisé par sa consœur, de n'être que le dindon de la farce, rien ne pouvait l'agacer davantage. Elle ne voulait pas d'excuses publiques, encore moins aussi fausses que celles-ci. Le collier piégé de Marguillon, le mensonge de Von Schirach... voilà ce que Lucrétia avait la bonté de partager.

Et surtout, elle s'était prise d'affection pour la baronne Von Shwitzerhaüm la veille. Cette simuli-trahison n'en était que plus blessante... comment croire une créature qui passe ses journées à mentir sur sa nature-même ?

Elle n'eut pas à prendre la parole cependant. Lucrétia était bien trop occupée à monopoliser l'attention pour éviter qu'on la force à enfiler son présent empoisonné. Il n'était pas certain que cela suffise - Marguillon arrivera à ses fins uà un moment ou à un autre, et tout comme elle, il ne devait qu'être davantage certain de ses convictions maintenant.

Le GutsHerr Von Kreiglitz lui apporta néanmoins une échappatoire... qui encore une fois, contraria Dokhara. Il ne manquait plus que ça pour la démoraliser ce soir, que Ruud se fasse remarquer.
Elle réagit en un éclair. Cherchant Cogneur du regard, elle le fit appeler. Une fois que le nain la rejoignit derrière sa chaise, elle lui parla à volume ambiant, sans chercher à cacher l'échange.

- Hors de question que ces vils brigands ne m'agressent ! Je sais que ces derniers jours ont été un peu trop tranquilles, et que tu manques d'action ces temps-ci Cogneur. Ça me semble une bonne occasion d'aller t'amuser : montre un peu aux officiers de Talabheim comment un tueur terrifie la racaille. Tu peux emmener Edrik avec toi, je sais que vous êtes inséparables tous les deux. Pas de bêtises cela dit ! Je vous veux en pleine forme demain matin, n'allez pas prendre de risques inutiles surtout.

Espérant que Cogneur avait bien compris ce qu'elle attendait de lui - qu'il se débrouille avec Edrik pour prévenir leurs compagnons du danger, tout en se faisant passer pour des tueurs de brigands auprès des gardes du convoi - Dokhara ne put qu'observer le nain quitter la pièce, impuissante.

Agacée par Marguillon, par Lucretia, par Ruud, Dokhara ne pouvait plus rester dans cette pièce. Elle étouffait, prise au piège sous son masque de petite potiche toute gênée de ces excuses publiques, et du magnifique collier que Lucrétia souhaitait partager.
Mais elle ne pouvait pas quitter la pièce. Pas maintenant, pas sans risquer qu'un lien se crée dans l'esprit collectif entre les brigands et elle.

Il fallait tenir bon.

Lucrétia avait besoin d'aide. Si Dokhara était en colère, elle pouvait mettre ses émotions de côté, pour réfléchir plus froidement. Elle ne gagnerait rien à participer à la construction d'un bucher pour sa consœur. Elle gagnerait davantage à l'aider. Quoique... elle s'était alliée à un groupe de brigands, et ceux-ci s'étaient déjà faits remarquer. Mieux valait ne pas imaginer ce qui se passerait si elle commençait à passer des marchés avec une vampire.

Mais plus que la stratégie ou la colère, Dokhara était curieuse. Maintenant convaincue que Lucretia était une vampire, elle avait l'impression qu'un nouveau monde s'ouvrait devant elle... un univers dangereux mais ô combien excitant. C'était une chose que de lire des histoires de vampires, c'en était une autre de pouvoir en côtoyer de son vivant... et Dokhara avait soif de découverte, de nouveauté, et d'excitation. Il fallait qu'elle l'aide à rester en vie, pour apprendre, pour comprendre.

Elle hésita à demander à Marguillon de participer à la chasse, afin de s'en débarrasser. Mais ce faisant, il pourrait croiser des visages familiers parmi les bandits, chose dont Dokhara se passerait bien...

La mort-vivante tentait d'utiliser les brigands pour se faire oublier... peut-être cela fonctionnerait. Dokhara tenta d'appuyer cette méthode en simulant la panique, se levant brutalement et haussant la voix

- Des brigands ? Sigmar soit loué, j'avais entendu parler d'une forte augmentation des crimes dans cette région, m'étant moi-même faite agresser il y a quelques jours, mais pas au point qu'ils osent s'en prendre à un convoi officiel de si grande envergure ! Et comment se fait-il que nos gardes n'aient pas su protéger efficacement nos retardataires ? Sommes-nous vraiment en sécurité ?
Modifié en dernier par [MJ] Bonnepierre le 24 mai 2014, 02:48, modifié 1 fois.
Raison : 7xp/37xp (tu veux une augmentation?)
Dokhara de Soya, Voie de la Belle Mort, Beauté mortelle

Profil : For 11 | End 11 | Hab 14 | Cha 17 | Int 12 | Ini 13 | Att 12 | Par 11(13) | Tir 10 | Mag 11 | NA 2 | PV 110/110

Compétences :
- Sociales : Diplomatie, Éloquence, Empathie, Étiquette, Séduction
- Artistiques : Chant, Danse, Musique (violon), Tatouage
- Intellectuelles : Alphabétisation, Langue étrangère (kislévarin, strygani)
- Martiales : Ambidextrie, Bagarre, Fuite, Monte, Parade, Résistance accrue (spécialisation alcool), Sang-froid
- Divers : Sens Accrus
- Dons Du Sang : Regard Hypnotique, Régénération Impie
Compétences en cours d'apprentissage :
Escamotage : 1/2
Adresse au tir (arbalètes) : 2/3
Équipement :
Armement :
- Griffe d'Ursun : 18+1d8 dégâts ; 12(24) parade. Rapide. Chaque attaque réussie qui résulte en une perte de points de vie pour l’adversaire inflige -1 Att/Hab/Par le tour suivant. Si trois touches sont infligées au même tour, les malus durent alors 2 tours et infligent un malus supplémentaire de -1 Na. Les malus cumulés ne peuvent pas excéder -4 Att, Hab et Par et -1 Na.
- Main gauche : 8+1d6 dégâts ; 8(16) parade ; Rapide. +2 PAR si utilisée en conjonction avec une autre arme. Lors d'une parade, c'est le score de parade de l'arme en main droite qui compte pour le premier jet, celle de la main gauche pour le second jet si relance.
- Poignard : 12+1d6 dégâts ; 6(12) parade ; Rapide. Peut être utilisé comme arme de jet
- Arbalète : 34+1d8 dégâts : Malus de -2 TIR tous les 30 mètres ; Perforante (4) : Un tir par NA maximum.

Armure :
- Veste et jambières en cuir : 5 de protection partout sauf tête
- Tunique noire druchiie : 2 de protection sur tout le corps
- Cape de dissimulation, permet de devenir invisible si immobile (v. wiki)

Équipement de voyage (fontes de selle, pas systématiquement porté) :
- Sellerie splendide
- Nécessaire de tatoueuse
- Violon
- Arc courbe + flèches des anciennes
- Lame en or marin
- Huile d'amande
- Surplus de drogues, poisons, ingrédients (Dodo a 2 de chaque sur elle, pas plus)


Awards \o/
Warfo Award 2018 du meilleur PJ - RP
Warfo Award 2019 du meilleur PJ - Élaboration
Dream Team 2018 et 2019 avec Lucretia Von Shwitzerhaüm
Miss Vieux Monde 2019 et 2020

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[MJ] Bonnepierre
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Taladélégation: étape en Bratian.

Message par [MJ] Bonnepierre »

La Nuit. Bratian. Entre femmes près d'un bassin.
Test pour Lucrétia: 17, raté
"Montre-moi, Lucretia... tu ne m'as surement pas emmené ici pour te ridiculiser, tu sais sûrement déjà ce que fait ton bâton... alors vas-y. Eblouis-moi. Impressionne-moi. Séduis-moi... "
Voilà ce que pensais la jeune Dokhara en cet instant... Un instant où il ne se passa rien... Certes Lucrétia restait "séduisante", charismatique au possible, ne laissant sans doute que très peu paraître sa déconvenue... Mais il en resta que rien ne se passa.

Il n'y avait rien de nécromantique dans ce bâton et son rubis, et aussi pénétrante pût être la lahmiane en de nombreuses matières, il semblait que ce ne fut pas innée en des domaines étrangers de l'Aethyr... Était-elle enchanteresse ou rûneuse? Non pas... Possédait-elle seulement une conscience particulière de la magie, hormis la sienne?... Il apparaissait que non.

Le rubis restait un rubis, le bâton de chêne rouge un bâton... "Rien ne se passa", de fait... du moins dans un premier temps...
Car Lucrétia avait des ressources insoupçonnées!
La bâton fut soudain activé, crachant d'abord des étincelles, puis l'onde tout entière du bassin fut un instant agitée de tressaillement... avant de se calmer, tandis que des poissons rouges venaient flotter à la surface, morts...

Il s'était passé quelque chose finalement.
Et donc? tu l'emportes en voyage ce bâton Lucry?
En route vers Borkum:
Juste une réponse de "la légende vivante" Yann Weiss, sur son blanc destrier s'éloignant du carrosse de Lucrétia:
-Moi aussi j'vous respecte m'dame de Bratian... et si j'devais craindre quelqu'un dans tout ce cirque, ce serait juste vous. Personne d'autre.

Sur son propre destrier, baie pour le sien, Otto Von Fhur vint ensuite vitement s'assurer que la "légende" n'ennuyait pas sa maîtresse... mais sans raison, car la "Mort Blanche" était maintenant partie aux avants postes...

Borkum, le soir; Au château:
Le jouvenceau Pollmar Kriegwirr, officiellement le maître des lieux, avait décollé les yeux de l'attrayant décolleté de Lucrétia pour regarder plus précisément Yann Weiss, qui dînait avec ses hommes aux tables des roturiers:
- Vous croyez vraiment qu'il a la liberté? souffla t-il, un sourire sceptique sur ses traits jeunots: Moi je crois qu'il fait ce que noblesse lui dit, tant que c'est dit avec respect par de la Graaande nobliserie... Là, par exemple, si un blasonné menace Môssieur le GutsHerr, vous croyez que beau héros prendra quel parti?...
Un soupir blasé (déjà blasé à son âge?), puis un rire désabusé avant de boire du vin à sa coupe:
-L'en reste que ce gars est un héros, un vrai de vrai... Vous vous êtes trompée sur mes sentiments tandis que je le lorgnais Madame. Je ne l'admirais point, pas vraiment du moins, je constatais juste que le plus fort des hommes pouvait être dominé par un autre plus faible... mais noble celui là.

Il mentait en partie, à la fois Dokhara (laquelle, non loin assise, pouvait entendre) et Lucrétia s'en aperçurent sans doute: il l'admirait vraiment ce Weiss "la Mort Blanche" -sûrement que son enfance avait été bercée par ses exploits - mais il était déçu.

Un curieux nobliau que ce Pollmar. Il disait merci aux gueux qui lui servaient à boire, leur offrait des vrais sourires d'amitié, et déprisait clairement la noblesse... Entre tout cela, et ses mots "contre" son père, l'on pouvait discerner le jeune rebelle qu'il était, un être en but contre l'autorité... Mais qui, bien que décelable par des yeux affûtés comme ceux de nos deux héroïnes, était loin d'être dépourvu d'intelligence... Ni de caractère!

Un de ces deux traits, voire les deux, manquait possiblement à Von Schirach, dont les yeux sournois luisirent d'une malsaine curiosité lorsque Lucréita prit le collier qu'il lui offrait, dans le soudain silence de la salle:
Pv perdus 1d20 = 20 / -END(14) = 6 pv, reste 134/140 (non régénérable) à Lucrétia (dsl pour le "20" au dé :? )
Test d'INT+FOR/2 (Volonté): 16, réussi tout juste
Test empathie de Dokhara: 6, réussi
change tes pvs sur ta signature stp Lucry, tant que tu n'auras pas bu de sang
Peu de gens virent sans doute l'expression de la Baronne Von Scwitzerhäum changer lorsqu'elle manipula le bijou d'argent.
Mais la Baronne De Soya vit quelque chose, elle:
Si la malignité de Von Schirach était évidente, si le fait que nombre de personnalités attablées là avaient ouï des rumeurs sur Lucrétia l'était aussi, par contre, lire un quelconque repoussement - autre que contre von Schirach - sur le visage d'ange de Lucrétia était impossible... Sauf par empathie.

La Baronne de Bratian avait souffert. Dokhara le sentait. Souffert via le seul contact de ce colleir qu'elle avait si vite reposé.
Si un doute persistait - et ce n'était point le cas n'est-il pas? - il était balayé!... Lucrétia Von Schwitzerhaüm était un vampire?...

Ensuite, certes les paroles de la "vampire" furent adroites, quoique la désignant elle, la baronne de Soya - pour noyer le poisson? - Dokhara vit une sombre certitude confortée sur le visage de Marguillon, un doute étrange sur celui du Gutsherr... un sourire féroce sur le visage de Weiss (lequel "sourire féroce" nota aussi Lucrétia vu que Weiss avait son regard planté dans le sien - comme si elle était un challenge enfin à sa mesure?)...

Toutefois l'annonce des brigands éluda tout cela pour un temps...

-Je ne sais rien de plus que ce que je vous ai dit, fit le GutsHerr Von Kreiglitz en réponse à Lucrétia, puis il s’énerva contre le vieux Kapitan Tabrag: Mais dépêchez vous donc Frank, allez!
Et il resta à siroter sa coupe d'un air fâché - il fit signe à Weiss de rester lorsque celui-ci se leva pour éventuellement aider à la traque des gredins.

-il n'y a pas eu de brigands sur mes terres depuis des années, soupira le jeune Polmarr avec insolence: N'allez pas m'accuser, c'est vous qui les avez traîné avec vous, grand chef. C'est sûr! avec une troupe si discrète!... tous les...

Un regard noir du GutsHerr le fit taire.
Et il répondit à Dokhara, après qu'elle eût envoyé Cogneur et Edrik en renfort:
-Vous êtes en sécurité, Madame, ne sombrez pas dans l'hystérie je vous en prie. Puis, à tous, se levant, l'énorme chevalier Lambertus Drhud près de lui (sept pieds de haut, l'animal, pas une once de pitié dans les yeux), Timothäus Von Kreiglitz clama d'un air calme:
-Nous sommes tous en sécurité, ces ruffians seront tués dans la nuit, que nul ne s'inquiète. Ce ne sont que des vagabonds qui ont agressé des gueux qui nous suivaient... Considérez cela réglé.

Image Image Le GutsHerr et Lambertus Dhrud

L'homme a de l'autorité, surtout avec son géant chevalier derrière lui, les uns et les autres acquiescent, ils mangent, ils reprennent leurs discussions.

-Et ce collier alors? la ramèna Igor Douslak. Oh oui le collier! renchérit sa sotte de femme exotique.
ImageImage

-Ce collier est pour la Dame De Soya, cela a été dit, coupa froidement le GutsHerr. Quant il était de mauvaise humeur comme ça, tout le monde se taisait. Vous le lui donnerez demain Sir Alfred(Von Schirach), d'ici là continuez à rester gentilhomme, cela nous change!
Il reprit ensuite ses discussions financières avec ses conseillers, sans plus se préoccuper de personne d'autres, pas plus de l'air outré de Von Schirach que de l'hilarité de Marguillon, ou des émois de ces dames... Plus tard, il s'isola quelques instants en Compagnie de Weiss, et Lucrétia eut l'impression durant la fin de soirée que ce dernier la tenait désormais à l'oeil.

Cela parla un temps de brigands, bien entendu, mais très vite, le vin aidant, le sujet fut oublié pour des choses plus futiles... Ainsi se poursuivit le festin au castel de Borkum...
Si voulez faire quelque chose de particulier, ce soir, allez y donc, sinon, le lendemain adviendra je suppose...

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Lucretia Von Shwitzerhaüm
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Re: [Lucrétia et Dokhara] Taladélégation: étape en Bratian.

Message par Lucretia Von Shwitzerhaüm »

  • Alors qu’elle empoignait le bâton à pleines mains, Lucretia put sentir le regard mauve de sa consœur peser sur ses épaules et son corps, la dévorant avec une curiosité des plus voraces. Oui, Dokhara semblait plus que bien impliquée dans tout ce qui pouvait s’avérer dangereux, interlopes, des actions qui ne correspondaient aucunement avec ce que l’on attendait habituellement d’une sage petite baronne bien élevée, pleine d’entregent. Non, au-travers de son regard et de sa mine aussi déterminée que si ç’avait été à elle que de manier l’objet magique, la jeune femme, pourtant simple spectatrice, attendait avec une ardeur certaine que quelque chose se produisît. Une tension supplémentaire que ressentit Lucretia, une pression de plus qui lui interdisait l’échec, aussi bien pour ne pas décevoir Dokhara que pour ne pas se décevoir elle-même, eu égard à sa fierté.
    Solidement campée sur ses deux jambes, mâchoire serrée par la concentration, son esprit remonta avec fulgurance le long du manche de chêne pour aller frapper de plein fouet le rubis dont les reflets rougeâtres chatoyaient dans l’obscurité. Mais rien ne se passa.

    Le rubis semblait comme flotter dans le néant, sans aucune rampe d’accès pour l’atteindre. Visible, là, non loin, mais totalement hors de portée. La puissante et la volonté de la jeune femme qui lui permettaient en chaque instant d’atteindre ses objectifs, de modeler la trame de la réalité à sa fantaisie, venaient de lamentablement échouer, éconduites par une subtilité aéthyrique qu’elle ne possédait pas du tout. Et s’ajoutait à cela, en sus de la déception, de la colère et du dépit, la présence de Dokhara, témoin de son impuissance face à ce bâton dont elle avait tant parlé. Et avoir fait tout ce chemin pour en arriver là, s’être nimbée de mystères pour faire choux blanc de la sorte ? Non ; Lucretia ne pouvait diligemment pas en rester là.

    La baronne de Bratian ne croisa pas le regard de sa consœur ; l’avoir fait eût été comme avouer un échec qu’elle ne voulait ni prouver, ni ressentir. A la place, elle se replongea de nouveau dans les méandres de son esprit, mais ne tendit plus ce dernier en direction du bâton flamboyant. Libérée de l’objet magique, totalement affranchie de sa matière et de sa forme à suivre, elle modélisa un sortilège qu’elle lâcha aussitôt à l’extrémité de la carassonne. Et l’on put voir des étincelles et de petites flammes sourdre du rubis étincelant en direction du bassin à l’onde paisible, sans jamais l’atteindre cependant.
    «Pas très commode, le machin », simula Lucretia, sourcils froncés par un faux scepticisme ajouté à de la véritable concentration. Et désireuse d’aller plus loin, ne voulant aucunement se cantonner à de chétives flammèches qui eussent fait sa risée, elle décida de se lancer dans un sortilège plus dangereux et bien plus sophistiqué. Et réussit.

    Ce ne fut pas de maigres flammes et lueurs qui s’évaporèrent du bâton. Au contraire, l’on put percevoir comme un véritable courant éthéré et invisible traverser l’espace séparant la baronne du bassin, floutant l’air comme des brumes de chaleur mortelles qui s’écrasèrent sur les eaux, saccageant leur quiétude et la vie qui les habitait. Car peu de temps après, ce fut tout un assemblement hétéroclite de poissons rouges, de grenouilles, de nénuphars grisés et d’algues mortes qui remontèrent à la surface, flottant dans la mort.
    Relâchant son souffle, chose aussi futile pour elle qu’elle était ancrée dans ses habitudes depuis bien des années, la jeune femme tourna son visage vers Dokhara.
    «Définitivement pas commode à utiliser. Elle mira du côté du bassin. Voilà qui pourrait être très utile pour se débarrasser d’une personne un peu trop ennuyeuse, si seulement cela était plus discret et plus aisé à manipuler. Ce n’était pas tout à fait ce que j’escomptais, cela dit.
    Sceptique, elle observa le bâton l’espace de quelques secondes avant d’afficher un pâle sourire.
    Mais je sais désormais ce dont il est capable, c’est au moins cela de pris. Je crois… Je crois que ça sera tout pour ce soir, concernant son usage. Rentrons ? »
    Non, je ne le prends pas.



    ***

    Deux paires d’yeux observaient à présent le mercenaire Yan Weiss qui dialoguait en compagnie de ses hommes de mains et d’autres bien mieux-nés que lui-même.
    «Oui, je le crois, pour sûr. Le sieur Weiss prendra le parti du GutsHerr parce qu’il a eu la liberté de décider qu’il se mettra pour le moment à son service, répondit-elle à Pollmar. Il sera libre, par la suite, de s’en retourner où il voudra, de prêter ses services à quelque marchant ou autre seigneur, de créer sa compagnie de mercenaires ou même de se lancer dans le brigandage si l’envie lui prend subitement. »

    Oui, un bien curieux nobliau que ce Pollmar. Il avait de bonnes manières –si ce n’étaient ses coups d’œil ouvertement déplacés-, mais semblait plus enclin à les utiliser en présence de petites gens plutôt qu’auprès de ceux de son rang. Il y avait de quoi se renfrogner pour les hauts-nés de voir tant de sympathie pour de vulgaires laquais et tant de morgue à l’encontre de ceux qui valaient véritablement la peine d’être côtoyés. Un comportement singulier et amusé qui fit sourire Lucretia, laquelle ne s’en offusqua pas vraiment. C’était qu’il n’avait rien fait pour ; au contraire, il l’avait couverte de blandices, à sa façon.

    «C’est qu’il existe bien des formes de force, seigneur. Il s’agit simplement d’évaluer ce à quoi nous avons affaire. Si l’on ne jugeait que par les faits d’arme, alors nul doute que tous lui devraient allégeance, car Weiss pourrait tous nous pourfendre, y compris le GutsHerr. Mais ce dernier possède sa propre force ; le pouvoir, qui pourrait tous nous faire arrêter et exécuter. Justinus a pour lui sa force mentale, et est tout à fait capable de nous rôtir vivant. Et pourquoi pas la foi ? Un membre éminent sigmarite aurait plus ou moins les mêmes pouvoir que le GutsHerr, je gage…
    Elle haussa nonchalamment des épaules peu avant que l’on vînt la déranger pour ce fameux collier.

    Ainsi avait-elle parlé, ainsi le collier l’avait-il touchée. Car ce dernier l’avait brûlée bien plus qu’elle ne l’eût cru de prime abord. Même plusieurs secondes après avoir l’avoir redéposé sur son couffin bleu roi, la jeune femme ressentait encore sa morsure acérée dans le creux de sa paume, sur la douceur du bout de ses doigts. Aucune souffrance ne franchissait le dur rempart de sa volonté pour aller afficher une mine douloureuse sur son visage, mais elle en pâtissait nonobstant.
    Autour d’elle, le silence, toujours, et des expressions qui évoluaient lentement. Elle n’avait pas enfilé le collier, et restait encore à savoir si ses paroles avaient fait mouche. Etait-elle véritablement ce que l’on racontait sur elle, eu égard à son refus de porter le bijou, ou est-ce que la décence l’emportait assurément, décence qui l’empêchait de s’afficher avec tout cadeau à l’intention d’une autre personne qu’elle ? Le doute subsistait toujours.

    De Dokhara, rien ne laissait présager de ses pensées, tout regard et visage baissés qu’elle était. Du blondinet, qu’une sorte d’incrédulité stupide là où il pensait déjà avoir remporté la partie. Le visage rubicond de Marguillon se couvrit d’ombre, ses traits se durcirent quelque peu alors qu’une sombre résolution s’emparait de lui. Yann Weiss afficha un sourire aiguisé de témérité, déjà prêt à en découdre avec elle si l’ordre lui en était donné, quand bien même la respectait-il, lui avait-il confié. Il n’était pas adversaire à prendre à la légère. Et du GutsHerr, que de l’incertitude, ne sachant que penser de tout cela. L’inimité des deux camps était connue de tous.
    Rien de plus, pour le moment, car l’affaire des brigands prit rapidement le dessus.

    L’on répondit aux questions avec les informations dont chacun disposait, aucune, et des ordres furent donnés pour rapidement établir de quoi il s’agissait et chasser ces faquins. Dokhara, après avoir envoyé son drôle de nain à la mine patibulaire, développa une hystérie qui ne lui ressemblait aucunement après l’intrépidité et la curiosité morbide qu’elle avait montrées la veille. Ou peut-être ne se sentait-elle plus du tout en sécurité dans ce monde mondain où tous les coups semblaient permis. Petit coup d’œil de la part de Lucretia en sa direction, mais ce fut là tout, avant qu’une subite envie d’étriper l’arabéenne ne la submergeât. Celle-ci revint à la charge à propos de son fichu collier, résolue à conclure l’affaire sur une note plus dramatique qu’une soudaine arrivée de brigands. La réponse fut étonnante.

    Les paroles de Lucretia semblèrent plus que crédibles ; le collier serait ainsi attribué à Dokhara. La discussion était close.
    Une étrange sensation envahie la baronne de Bratian. C’était là tout ? Elle eût cru qu’une interrogation quant à une possible nature vampirique aurait davantage remué les choses, que l’on eût cherché à en savoir bien plus. Ou son comportement ainsi que son jaspinage avaient véritablement étaient plausibles. Elle se demandait combien de personnes avaient donné dans le godan. Elle en retirait une grande satisfaction ; que la crut ou non, rien de plus n’avait été mené lorsque bon nombre l’eussent considérée comme déjà morte au moment même où le collier lui avait été présenté et qu’aucune échappatoire n’avait semblé disponible. Voilà qui avait comme des échos de victoire à ses oreilles. Le doute était écarté, ou mieux encore, la possibilité qu’elle fût véritablement vampire n’avait toujours pas été écarté, mais peu en chalait au GutsHerr. Peut-être que les mystérieux talents de la Lahmianne pouvaient lui être utiles, se disait-il.
    Lucretia balaya l’assemblée d’un petit regard vaniteux, plus que satisfaite, se rengorgeant comme elle ne l’avait que très peu fait encore. Si le doute était toujours présent mais que rien n’était fait à son encontre, alors n’était-elle pas que plus dangereuse encore sans que personne ne pût rien faire contre elle, légitimement ? Sourire accroché aux lèvres, démarche altière et regard bien devant elle, elle avança entre les tables, plastronnant, passant au-derrière de Dokhara pour lui souffler plus intimement que jamais au creux de son oreille, derrière sa douce chevelure cuivrée :
    « Mes excuses. »
    Pour quoi, au fond ? Pour ce qu’elle venait de faire, ou ce qu’elle allait faire ? Aucune réponse n’était encore disponible, mais Lucretia était certaine que Marguillon l’avait vue approcher de la sorte, étroitement, sa jeune baronne et protégée. Elle riva son regard au prêtre, affichant un petit rictus digne de la vampire dont on l’affublait, et n’arrêta sa course qu’après avoir rejoint Pollmar.

    «J’espère que le spectacle vous a plu. Dîtes-moi, après toutes ces histoires et ces élucubrations, un petit babillage en privé vous chaufferait-il toujours autant ? Petit sourire sardonique. Tenez, pour en revenir à notre conversation précédente, une certaine réputation peut-être une force. Un décolleté plongeant également. Et certains, je n’en doute pas, tableraient tout autant sur de grandes dents également. Quelle serait votre force, à vous… ? »

    Elle écouta sa possible réponse avant de revenir sur ce détail qui l’avait quelque peu chiffonnée.

    « Je vous ai quelque peu observé, curieuse que je suis. Ce que j’en ai vu n’est pas pour me déplaire, mais quelque chose a attiré mon attention. Vous semblez… Détester la noblesse, ou la morguer, à tout le moins, là où vos serviteurs vous emplissent de respect et de gratitude. Plutôt atypique chez un noble de l’Empire. Vous feriez fureur en Bretonnie et dans leurs contes et légendes dont ils sont si friands. Le noble et beau personnage, seigneur le jour, herrimault la nuit… Elle sourit gentiment, avant de le regarder bien en face.
    Cela peut vous être personnel, mais je me posais la question. Vous paraissez avoir envie de liberté, d’une toute autre simplicité que la vie de noble ne peut vous offrir. Vous n’appréciez apparemment pas votre paternel ; qu’est-ce qui vous retient ici, si jamais je puis me permettre ? Pourquoi ne pas tenter votre chance et suivre les traces de Yann Weiss, par exemple… ? »

    Peut-être que ces questions s’avéraient pour le moins déplacées, trop personnelles, et qu’il lui en fit la remarque. Dans tous les cas, elle continua, plus franchement.

    «J’espère que suivre l’idéal bretonnien ne figure pas sur votre liste d’objectifs à accomplir. Encore que… Cela pourrait s’arranger. Car toutes ces questions qui cherchent à m’en faire connaître davantage sur votre personne mène à une chose bien plus officielle. Voyez-vous… Il s’avère que la comtesse Elise Kreiglitz-Untern aurait quelques projets de mariage… »
Modifié en dernier par [MJ] Bonnepierre le 16 juin 2014, 03:11, modifié 1 fois.
Raison : 6xp/76xp
FOR 16 / END 14 / HAB 17 / CHAR 18 / INT 17 / INI 19* / ATT 17 / PAR 13 / TIR 11 / MAG 17 / NA 4 / PV 134/140
Ma Fiche
Objets particuliers:
- * Anneau Nowelleux (+1 INI)
- Amulette (relance d'un EC: 2/3 utilisations disponibles)

Compétences acquises et Dons du Sang

COMBAT :
Attaque : Coup précis (3), Arme de prédilection ( épée à une main)
Défense : Esquive, Acrobatie de combat, Sang vif (2) (DDS), Coriace,
Autres : Régénération Impie (DDS), Innocence Perdue (DDS), Valse Macabre


MAGIE :
- Sens de la Magie
- Conscience de la Magie
- Maîtrise de l'Aethyr - niveau 3

CHARISME :
- Diplomatie
- Éloquence
- Séduction
- Intimidation
- Comédie
- Etiquette
- Intrigue de cour

INTELLIGENCE :
- Domination (DDS)
- Érudition
- Littérature
- Linguistique
- Histoire
- Administration
- Enseignement
- Connaissance végétale
- Langue étrangère : Kislévarin
- Connaissance des démons

INITIATIVE / HABILETE :
- Sang vif (DDS)
- Réflexes éclairs
- Escalade
- Monte - chevaux
- Sens Accrus
- Vision nocturne

AUTRES :
- Défi de l'Aube (DDS)
- Ame Profane (DDS)
- Forme de Familier : Corneille (DDS)
- Sang argenté (DDS)
- Alphabétisation
- Force accrue
- Chance
- Préparation des poisons

Inventaire :
- Griffe d'Ursun
- Veste de cuir & pèlerine en "voyage" / robe habillée en "réception"
- Anneau de promptitude
- Bague du tumulus
- Sacoche de chanvre
- Lettre de la comtesse
- Gemmes et pépites d'or
- Fleur de salicaire
- Glandes à venin
- Poison (?)

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