-Björn Bäkersohn, Votre Seigneurie, s'était timidement présenté le jeune porteur des lettres de Machser. Je suis un des fils de Brönn.... le heu... boulanger de votre bourg...
Il avait déjà grandement remercié sa baronne avec un sincère contentement pour les pièces d'argent... Puis il s'était trouvé avec sans doute la plus formidable somme qu'il n'eut jamais porté: 12 couronnes d'or sonnantes et trébuchantes!
Après moult salutations, lui et "ses" deux miliciens s'en étaient allés, et déjà, alors qu'ils n'étaient même pas sortis du domaine, l'ouïe fine de Lucrétia perçut que les miliciens négociait le partage de l'argent donné... (l'argent, pas les couronnes d'or bien sûr!)
Durant toute cette entrevue, Otto Von Fhur n'était pas loin - assez pour n'être point indiscret, mais pas trop, pour pouvoir agir si besoin - Il était accompagné de deux de ses soldats.
Au vu des récents événements en Bratian, le Chevalier de Beck ne laissait jamais sa nouvelle maîtresse chérie sans garde rapprochée.
Le soir. Grêle et tonnerre sur Bratian:
Les six soldats de Talabheim se montrèrent bien aises, et reconnaissant, de pouvoir aller se réchauffer dans le Manoir de Lucrétia au lieu d'une bâtisse subalterne, et encore plus de la collation chaude que leur amena Elsa; Respectueux des lieux, ils avaient laissés leurs capes trempées au vestibule d'entrée, et se regardèrent avec d'heureux regards goguenards lorsqu'ils purent se régaler de copieux restes de ragoût; Certains regards égrillards s'attardèrent certes avec une discrétion relative sur le séant rebondi de la servante... mais hé! ce n'était point des chevaliers, juste des soudards harassé d'une longue chevauchée...
Calmant d'emblée leurs débuts d'ardeur, Otto se chargea de leur faire la conversation, leur demandant si leur voyage avait été bon, ce genre de choses... Il y avait un soldat du chevalier à chaque coin de la grande salle.
Fatigué ou pas - d'autant qu'il n'était plus tout jeune - Herrmund Gobz n'en était pas moins resté debout, droit et sérieux, tandis que Lucrétia avait lu la lettre de la Comtesse.
C'était de fait un homme d'un certain âge, mais encore digne. Si sur son visage se lisait une certaine lassitude - générale, non pas d'être ici - il n'en paraissait pas moins droit et consciencieux...
Du moins est-ce l'impression que Lucrétia eut de lui.
Après que la lahmiane lui eût donnée sa réponse positive quant à sa venue dans la délégation pour Beehafen, il inclina la tête avec respect:
-Ainsi soit-il, la Comtesse en sera ravie...
Court silence, réflexif:
- Sur un autre sujet, le choix final sera bien évidemment vôtre Madame, mais c'est à moi que la Dame de Talabheim avait pensé pour occuper le poste d'intendant en chef de votre fief, si jamais celui-ci n'était toujours point pourvu. D'où aussi ma venue en avance sur vos terres, car la délégation ne restera guère, devant parvenir à Beehafen avant les neiges... Et il convient de bien connaitre celui qui gérera vos biens en votre absence avant que de le laisser faire.
Aménageant un nouveau silence, d'usage, il enchaîna sur une courte présentation. Sa voix était grave, d'un sérieux qui en imposait, mais aussi empli d'humilité:
-J'ai été un des secrétaires particuliers de la Comtesse Kreiglitz-Untern durant dix années. Etant rompu de façon générale à l'exercice de la gestion, l'on peut dire que mes spécialités sont de l'ordre du commerce fluvial et du bois. Il y a de grandes choses à faire à Bratian, portail entre l'Otsermark, l'Ostland et le Kislev avec le Talabecland. Cela pourrait devenir un chef lieu de grande importance, vous le savez sans doute... mais peut-être n'est-ce point votre volonté.
il était vrai que, si l'on réfléchissait un peu, feu l'ancien seigneur du Bratian s'était montré bien renfermé, pouvait-on se dire, ou bien peu éclairé en matière de négoce... Car la position géographique du domaine de Lucrétia était vraiment particulière.
Un autre jour?
Escortée d'Otto - et peut-être aussi de quelques uns de ses soldats, à la demande du Chevalier? - la baronne se rendit possiblement et inopinément au temple Sigmarite de Grunwald...
il y avait alors sans doute de nombreux miliciens sur la place du Temple, en exercice, et déjà en chemin, elle put sûrement voir que de nombreuses escouades patrouillaient la campagne... Le bourg était bien gardé - surgardé, pourrait-on même se dire - et son "armée" bien disciplinée et hiérarchisée...
Le rubicond Père Fritz était comme souvent sur les marches du Temple, inoccupé maintenant que l'"Oracle" l'avait supplanté. Mais il n'en paraissait pas du tout contrit, au contraire... Comment ne pas céder sa place à un si saint homme?