[Juliette Dickens] Renaissance et nouveau départ.

La population rurale de l'Ostermark est composée de gens capables et autonomes qui se battent souvent aux côtés des Kislévites contre les pillards Nordiques. Wolfram Hertwig dirige sa province depuis Bechafen, situé dans le Nord.

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[MJ] Vivenef
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[Juliette Dickens] Renaissance et nouveau départ.

Message par [MJ] Vivenef »

  • Un simple hochement de tête, résolu, déterminé, suffit amplement à traduire toutes les paroles que Laëssya aurait pu dire. Un acquiescement silencieux mais lourd de sens, et Juliette, yeux rivés sur sa protectrice, ne pouvait pas faire autrement que de le sentir. Tendue par cette attente incertaine, elle retenait sa respiration sans même s’en rendre compte, observant et sentant les doigts de sa consœur glisser dans sa chevelure, la lui écartant de son cou, pour enfin, en attrapant son menton, lui détourner doucement le visage.
    Alors que la jeune femme s’approchait, l’ancienne mineuse put sentir, dans le creux de son cou, la respiration de la brune. Une respiration douce et posée, comme celle d’une amante ; une respiration qui ne devait pas exister mais qui se faisait tout de même sentir. Un contact humide d’une sensualité sans pareille troubla Juliette au plus profond d’elle-même tandis que les lèvres de sa compagne flirtaient avec sa peau. Puis attouchement froid. Et la douleur qui la submergea.

    Quelque chose retentit dans son esprit. Elle se rappela immédiatement l’autre nuit où, après avoir délivré la pauvre servante en robe qu’elle avait trouvée dans la pièce, elle s’était effondrée sans même en connaître la cause, sans plus trop s’en souvenir au réveil. Tout était clair, à présent. Aussi étrange que cela paraissait, on l’avait mordue, et, aussitôt, le monde s’était mis à tourner comme si elle était subitement devenue ivre. Et c’était véritablement ce qu’il s’était passé, ce que le poison administré dans son cou lui avait fait subir.

    Mais là, en ce moment même où la douleur lui vrillait l’esprit, il n’y avait rien pour atténuer la souffrance. L’ivresse était à portée de main, un confortable refuge permettant de laisser passer la tempête d’affliction jusqu’à ce qu’arrivât l’accalmie, mais, pourtant, il se révélait inattrapable. Loin de cela, sa gorge se retrouvait déchiquetée en quatre endroits, bien plus violemment que la fois précédente, et un odieux poison s’écoulait en elle. Celui-ci ruisselait dans ses veines, froid, glacial, si glacial, à vrai dire, que Juliette, quand bien même ne pouvait-elle le voir, eût juré que le sang se solidifiait en glace et que l’on pouvait voir, à travers sa peau devenue blafarde, le réseau à présent cristallin de son système sanguin. Et chaque veine implosait sous la pression et le volume bien supérieur de ce gel intérieur tandis qu’une bouche avide lui aspirait sa vitalité.

    L’odeur de la mort se faisait sentir. Douce mais amère, elle emplissait la jeune femme, remplaçant la vie qui l’habitait, celle-ci fuyant allégrement son être. Les yeux exorbités, rivés sur un plafond délabrés et crasseux de suie, Juliette ne pouvait rien faire d’autre que d’écouter les battements de son cœur qui devenaient à chaque fois plus frénétiques, sourds et puissants, mais surtout implorants, réclamant ce sang qui échappait à son contrôle. Sûrement que dans sa tête, quelque légitime question se posait ; avait-elle véritablement fait le bon choix ? La vie était tout ce que l’on détenait, au fond, et elle venait de l’offrir en pâture, de son plein gré, à cette belle mais et étrange femme.

    Et celle-ci haletait de plaisir et d’envie, se livrant corps et âme à ce macabre festin qui ne nécessitait, pour une fois, plus aucune retenue. Elle se pressait tout contre la plaie ouverte, désirant chaque fois davantage de ce liquide carmin qu’elle venait d’engloutir voracement. Cette innocente enfant qui gisait sous elle et qu’elle séquestrait de ses jambes, de ses mains et de son corps n’était plus qu’une marionnette, qu’une source de nourriture qui s’était délibérément jeté à genoux devant elle pour qu’elle s’en nourrît. Laëssya dut lutter avec acharnement contre elle-même pour se débarrasser de cette idée qu’elle trouvait si appétissante.

    Elle s’arracha difficilement de cette plaie d’où les dernières gouttes de sang terminaient de s’écouler. Sous elle, les yeux étaient grands ouverts, le visage figé dans ce devrait être l’éternité, tout comme ce petit cœur qui avait cessé la lutte. Mais Juliette demeurait toujours consciente. Peut-être pouvaient-elles même sentir, toutes les deux qui n’étaient pas encore mortes, l’ombre aussi menaçante que bienfaitrice de Morr planer au-dessus d’elles, prêt à recueillir une âme pure et immaculée. Alors, tout comme l’avait fait une reine à la beauté légendaire avant elle, Laëssya mordit violemment sa propre langue avant de presser ses lèvres contre celle de Juliette.
    «Bois… » eut-elle tout juste le temps de prononcer faiblement avant de sceller ce baiser pour de bon.

    De cette étreinte plus intime et au sens plus profond qu’oncques eût jamais pu imaginer, les deux corps étaient enlacés l’un contre l’autre jusque dans la mort. Les peaux s’entre touchaient, l’une glaciale, l’autre, en passe de le devenir, mais un même brasier ardant les unissait pourtant. Le Baiser de Sang fut pris mot pour mot, apportant une nouvelle étincelle de vie au sein d’un être qui en réclamait à grands cris muets, au fond de son esprit, et son âme s’illumina tout soudainement d’une sombre majesté…

    ***

    Un tambour battait violemment aux oreilles de Juliette, impérial, inarrêtable. Elle ouvrit les yeux. Une flopée de sensations s’abattit sur elle, se répandant en son être comme une trainée de poudre. La lumière grisâtre qui pénétrait la bâtisse par une fissure, la poussière qui y filtrait doucement en des tourbillons lents et infinis, les multitudes de noirs de cette suie qui tapissait le plafond composé de poutres à travers lesquelles des mites avaient creusé leurs antres, l’odeur détestable qui s’exhalait du matelas pourri, son contact humide avec ses vêtements, et presque visqueux avec la paume de sa main, le bruissement lointain du vent s’engouffrant dans les feuillages, un lapin grignotant une racine non loin de là, et les gémissements du pauvre bouleau qui en pâtissait.
    Et cette présence qu’elle ressentait toute proche d’elle sans pour autant encore la voir. Et en tournant le regard, Juliette put contempler sa génitrice.

    Dans l’ombre de l’édifice mais pourtant observable comme en plein jour, celle-ci la dévisageait sans un mot, sans bouger, lui laissant vraisemblablement prendre ses premiers repères qui ne pourraient que s’affuter avec le temps. Dans son port stoïque et élégant, droit et altier, Laëssya, en dépit de sa misérable vêture, resplendissait d’une énergie nouvelle que Juliette n’avait jamais été en mesure d’apercevoir, si ce n’était de deviner. Une puissance et une tranquillité absolue se dégageaient de son être en de fins filaments qui venaient étrangement la nimber d’assurance. Une énergie noire, une enveloppe écrasante de volonté, mais pourtant modulable au gré des pensées et de l’attitude de celle qui la possédait.
    Elle sourit en voyant sa protégée de mouvoir pour la première fois.

    «Et ainsi naquit une nouvelle déesse parmi les hommes... »
    D’un petit pas tranquille et d’un sourire toujours aussi ravissant, comme contente d’elle-même, Laëssya s’avança vers Juliette, prenant une chaise pour s’y assoir.
    «Te voici une nouvelle personne. Guérie de ce faible corps que tu possédais et qui agissait tel un carcan te séquestrant, doté, à présent, d’un nouveau, bien plus puissant et autonome. Ou presque… »

    Si Juliette avait voulu vérifier si les dires de sa consœur avaient été vrais, qu’elle pouvait la soigner, peut-être y eut-il une petite déconvenue lorsqu’elle s’aperçut que sa blessure était toujours présente, quoiqu’indolore. Mais cela en valait toujours la peine ; plus de fièvre, plus de peur. Elle se sentait forte comme jamais elle ne l’avait été auparavant, comme si elle avait dormi de longues années que pour emmagasiner de l’énergie qu’elle rêvait à présent de dépenser. L’ancienne mineuse avait subi comme une illumination ; comme si elle avait vécu toute sa vie durant dans un tombeau t ténébreux et que l’on venait de la libérer à l’instant même dans un magnifique paysage où elle était reine. Ses sens passaient maintenant comme à travers un prisme étincelant qui les amplifiait grandement. Son ouïe s’en retrouvait assurément développé, peut-être même déréglée, eu égard au battement de tambour qui rugissait toujours non loin d’elle.

    Ou peut-être provenait-il du corps de cette femme, qui ressemblait trop à la prêtresse shalléenne pour ne pas que ce fût elle, gisant au sol, évanouie ?
    Félicitation ! o/
    N'en déplaise aux mauvaises langues. n_n
    Vu que tu m'avais dit vouloir prendre des PC qu'une fois devenue vampire, je te fais le total de tes xp : 300. Et comme l'on va probablement changer de sujet et que c'est une fin de scénario en soit, tu as le droit à 10% de bonus/fin de scénario bonus, cela te fait donc 330xp (un malheureux +10 xp pour un scénario qui me fait, rien que pour mes propres posts, près de 100 pages word, je ne trouve pas que c'est à la hauteur).
    Dis-moi donc par Mp ce que tu veux prendre en te référant ici, pour la voie de la Belle Mort.
    Comme tu devrais avoir assez pour passer au niveau deux, tu as le droit à deux sorts de la Magie Primaire, un sort de la Magie Vulgaire (ou Magie Commune), et un sort du domaine de la Nécromancie.
    Tu gagnes le Don du Sang Apparence Humaine et un autre de ton choix ; tu peux en prendre un autre pour 75 xp (je viens de vérifier, et tu en as pour 300xp pile pour lvl up. Pas pour tout de suite, l'autre DDS).
    Bon shoping. =D

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Juliette Dickens
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

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  • Laëssya passa ses bras autour de la jeune paysanne et l’attira contre elle, avant d’abaisser la tête pour humer son cou. Juliette se mit à trembler, apeurée. Laëssya lui écarta la tête de côté et déposa ses lèvres sur son cou. Elle mordit doucement, pas assez fort pour percer la peau. Juliette grogna et elle se relâcha un peu. La vampire trouva la veine et mordit plus fortement. Ses crocs la transpercèrent et l’ancienne servante hoqueta de douleur…

    Juliette Dickens gémit sous Laëssya, cette dernière la caressa d’une main absente tout en fermant les yeux comme si elle se laissait immerger dans un océan de sensations, de doux murmures et de voluptueuses plénitudes. La tête de Juliette tourbillonnait d’émotions. D’immenses joies, de profondes tristesses et des rages démesurées la portèrent tour à tour au bord des larmes.

    Juliette ferma les yeux quand Laëssya commença à boire avec de délicates succions. Le plaisir de s’abandonner et de se laisser dériver, totalement libérée de toute tension. Les doutes s’effacèrent, éclipsés par des rêves où elle se voyait voler avec Laëssya, tels des dragons dans un ciel de sang. Elle la guidait, l’entrainait derrière elle, et Juliette se laissait faire avec bonheur, la laissant choisir le chemin, s’abandonnant à sa volonté et la laissant faire d’elle ce qui lui plaisait. Si Laëssya voulait la vider totalement et la laisser mourir, qu’elle le fasse. Elle mourrait en se laissant flotter vers un soleil rouge et chaud, jusqu’à ce qu’il la consume en son centre incandescent.

    L’ancienne paysanne grogna de contrariété quand Laëssya leva la tête et que le baiser prit fin. C’était comme si une corde les reliant avait été tranchée et elle se sentit soudain seule et glacée. La vampire mordit sa propre langue avant de presser ses lèvres contre celles de Juliette :


    «Bois… »

    Jamais la jeune fille n’avait éprouvé une telle chose auparavant. C’était plus grand que tout le reste, le plaisir plus fort et plus long. Il y avait un danger qui rendait l’aventure encore plus excitante. Laëssya pourrait briser la poupée que représentait Juliette et la tuer. C’était comme si elles roulaient au bord d’un précipice.
    Finalement, après un temps hors du temps, la vampire nouveau-née sombra dans l’inconscience…

    ***


    Les ténèbres. Elles sont là et m'entourent de toutes parts. Je n'ai jamais vraiment su s'il fallait redouter ou accueillir l'obscurité. Certes, elle était crainte de la race des hommes depuis si longtemps, recélant maints et maints cauchemars qu'on n'osait pas toujours imaginer...
    Mais la pénombre apportait un oubli bienheureux. Elle vous tendait les bras et les refermait sur vous, vous noyant en son sein glacé et vous apportant l'unique repos que nul ne pouvait troubler. Du moins, si vous étiez resté humain.

    Notre humanité, disent les prétendus sages de l'Empire, est le condensé de nos faiblesses et de nos imperfections. Mais ils ont toujours oublié que c'était notre humanité, notre médiocrité et notre humilité qui étaient la porte ouverte à la paix de l'âme.

    Les ténèbres du sommeil... sont si proches de celles de la mort... que parfois, je me dis que ma vie n'est qu'un rêve illusoire et fantoche, un peu mouvementé, un rien vaniteux, que je ne tarderai pas à oublier une fois réveillée…

    ***


    Et le réveil de Juliette fut le plus doux de tous depuis qu’elle était partie du manoir de la margrave. Une mince lumière grisâtre perçait à travers le toit délabré et la jeune fille ouvrit les yeux face à elle avec un tendre sourire. Une multitude de sensations s’abattit sur Juliette.


    «Et ainsi naquit une nouvelle déesse parmi les hommes... »

    La jeune fille détourna son regard et découvrit le visage de Laëssya, qui l’observait. Cette dernière resplendissait d’une énergie nouvelle.

    «Te voici une nouvelle personne. Guérie de ce faible corps que tu possédais et qui agissait tel un carcan te séquestrant, doté, à présent, d’un nouveau, bien plus puissant et autonome. Ou presque… »

    Juliette se défit des draps qui la couvraient et découvrit la peau pâle de ses jambes et manifestement sevrée de lumière. Avec une grande hésitation, elle se redressa dans le lit et commença à se palper pour juger d’elle-même l’étendue de la guérison dont parlait Laëssya. En dehors de sa plaie à la joue, qui par ailleurs ne la faisait plus souffrir le martyre, elle semblait plutôt en bonne santé. Elle se sentait même plus forte que jamais. Son ouïe était surdéveloppée car elle pouvait percevoir les battements de cœur de ce qui semblait être la prêtresse de Shallya tels des battements de tambour. Cette dernière gisait au sol, évanouie, mais Juliette ne s’en préoccupa pas une seule seconde, préférant redécouvrir son corps.

    L’ancienne mineuse fit quelques pas hésitants dans la hutte de chasseur, mettant ainsi à l’épreuve ses forces et son équilibre.
    Au début, sa démarche fut chancelante, mais à chaque nouveau pas, elle se sentait un peu plus forte.

    L’odeur était douce et agréable, si bien qu’elle prit une profonde inspiration pour s’imprégner de la myriade de senteurs qui l’entouraient. Elle pouvait même entendre des insectes bourdonnants et le bruissement de feuilles dérangées par une douce brise. Juliette se retourna vers Laëssya :


    « Les histoires pour apeurer les enfants sont donc vraies… Les princes de la nuit existent vraiment. Et tu en fais partie ? Tout comme moi, dorénavant ? »
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Juliette Dickens, Voie de la Belle Mort (Beauté Mortelle)
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[MJ] Vivenef
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par [MJ] Vivenef »

  • «Elles le sont ,effectivement, dans une certaine mesure. Ces histoires de vampires et de monstres qui se gorgent de sang sont tirées de la réalité, et je suis une composante de cette réalité. Tout comme toi dès à présent, oui. Mais peu de gens en connaissent l’existence, et celle-ci s’en retrouvent altérées par les récits des troubadours ou des poètes qui, dépendant de chacun, leur prêtent une ambiance romantique ou terrifiante. Nous pouvons appartenir aux deux genres, à vrai dire. »

    Laëssya regarda les fins traits de lumière qui filtraient à travers le toit, annonçant que le soleil, ou du moins le jour, régnait au-dehors.

    «Je me suis souvent demandé ce qui se passerait si un jour j’en venais à accorder le Baiser de Sang à une personne, ce que je ferais par la suite, ce que je dirais à cette progéniture encore innocente et inconsciente de ses véritables pouvoirs, et, alors que ce jour est enfin arrivé, je n’en sais pas davantage. Me voilà subitement transformée en préceptrice. Elle rit légèrement. Quelle étrange idée… Mais, eu égard au jour qui rayonne au-dehors, nous avons tout le temps pour parler de cela.

    La jeune femme reconsidéra Juliette. Etre une descendante des Lahmianes –car c’est ce que tu es à présent-, te changera profondément, et ces changements sont déjà en train d’opérer. C’est…. Tellement vaste, et… Absurde, peut-être. Mais à partir de maintenant, tu ne vies plus réellement, pas plus que tu es vraiment morte. Tu es entre deux eaux, sans jamais que cela soit dangereux pour toi. Ton cœur ne bat plus, tu n’es plus assujettie aux faiblesses et à la vulnérabilité de ton ancien corps. Que l’on te plonge une épée dans le ventre, et tu serais à même de survivre, et même de guérir et de te régénérer totalement tant que l’on ne te coupe pas entièrement un membre. Laëssya fronça les sourcils. Mais voilà qui est plutôt pessimiste, sombre et glauque, n’est-il pas… ? Non, disons plutôt que tu es immortelle, à présent, même si toujours vulnérable aux armes et au feu. Mais le temps n’a plus d’effet sur ton être, pas plus que la maladie ou le poison. Comprends-tu ce que cela signifie ? Le monde t’appartient, Juliette. Il est un terrain de jeu là où, auparavant, il t’asservissait, et où tu ne vivais que pour le compte d’autrui. Tu peux y faire tout ce que tu veux, à présent ; dans vingt ans, l’on aura oublié qui tu étais, ce que tu as fait, mais pas toi, et tu resteras telle que tu étais aujourd’hui. Et tu pourras recommencer, t’installer autre part, faire ton petit jeu, t’amuser avec les humains… » Elle s’interrompit, l’air quelque peu réprobatrice envers elle-même, comme si elle n’avait pas dû dire cela à une nouvelle-née.

    «Hum… Enfin, tant que tu ne te mets pas en danger, dirons-nous, tout cela te sera possible. Mais je serai là pour te guider et pour éviter que tu ne fasses trop de bêtises, au début.
    Que dire d’autre… Oh, oui, bien entendu. Bon nombre de récit couvrant les vampires disent que l’on ne se nourrit que de sang, et uniquement. C’est vrai et faux à la fois. Tu as beau être, disons…morte
    , grimaça-t-elle, cela ne t’empêche pas d’apprécier le goût de la nourriture, la saveur d’un bon vin, les fragrances d’un champ de fleurs… Elle regarda Juliette d’un air beaucoup plus sévère et ausculteur[/b]. Mais respire ! [/b]»

    La vampirisation avait pour elle qu’elle rendait le fait de respirer inutile dans la mesure où votre corps n’avait plus besoin d’oxygène, et il devenait alors très facile d’oublier ce système qui vous avait accompagné toute au long de votre vie antérieure. Les odeurs se percevaient alors d’une manière différente, instinctivement, comme si un sixième sens était continuellement éveillé.

    «Certains vampires disent qu’il s’agit là d’une faiblesse en voulant continuer d’adopter un comportement humain, mais pas tous. Et je rejoins ces derniers en prétendant que cela nous rend la tâche bien plus facile pour nous fondre parmi les humains. Combien de vampires se sont-ils déjà fait prendre parce qu’ils ne respiraient plus ? C’est stupide, totalement, d’autant plus que tu retrouveras facilement cette habitude pratiquée pendant vingt ans ; tu n’as besoin que d’y penser et de faire travailler ton ventre, après tout. Aussi simple et instinctif que de battre des paupières, même si cela non plus, tu n’en as plus besoin, au fond.

    Mais revenons-en à la nourriture. La seule et unique subsistance se trouve effectivement être le sang. Tu ne pourras jamais ignorer cette soif susceptible de te mener aux portes de la folie ou de la frénésie si tu tentes de l’occulter. C’est… Plus fort que le fait de mourir de faim ou de soif, voire les deux en même temps. Un besoin inexorable qui t’accompagnera tout au long de ta vie éternelle sans que tu ne puisses rien faire pour l’arrêter. Au début, tu auras souvent besoin de te sustenter de sang, mais, à mesure que tu t’y habitueras, ta volonté finira par contrôler ce besoin... A moins que tu n’y succombes auparavant.
    »

    Laëssya se leva alors de la chaise défoncée qui traînait là, et, s’approchant de Juliette qui était parvenue à se remettre sur pied, lui toucha délicatement la joue. Cette joue-là qui arborait encore une horrible marque, une horrible plaie qui n’était pas encore recousue par le temps et qui la défigurait encore.

    «Par ailleurs… Le sang d’autrui te permet de te rendre plus forte, de revigorer la bête qui sommeille en toi et également de te guérir plus rapidement. Il faut absolument que la personne sur laquelle tu te nourris soit vivante, ou très fraîchement trépassée ! Ne te nourris jamais sur un macchabé ou un animal ou tu connaitras une terrible malédiction. Ce sang-là n’est pas pour… Nous.
    C’est pourquoi je t’ai apporté ton premier repas. Alors que la nuit tombait pour laisser la place au jour, et que j’explorais un petit peu les environs, ma route croisa celle de la prêtresse qui s’en allait… Je ne sais pas où, à vrai dire. Peut-être dans un village des alentours afin de sauver la route de quelque personne que ce soit. Peu importe.

    Rappelle-toi toujours cela, Juliette. Je t’ai redonné la vie. Je ne l’ai pas fait pour rien. Ta vie sera toujours plus importante à celle d’un humain, et il ne s’agit pas là d’un excès de narcissisme mais bien un fait réel : sauver un humain est équivalent à sauver entre un et quarante ans, tout dépend de sa durée de vie future. Sauver ta vie signifie sauver l’infinie, car telle sera la durée de la tienne si tu ne commets pas d’impair. Comprends-tu cela, également ?
    »

    Comme une préceptrice qui exigeait le meilleur de son élève, Laëssya s’était campée bien devant sa pupille, et, lui relevant le menton, la regardait fixement, droit dans les yeux. La question avait été posée aussi bien par le ton que par le regard sévère, et quand bien même pouvait-il s’agir d’une question rhétorique que la jeune femme semblait attendre une réponse claire et précise.

    « Alors tu vas te nourrir maintenant. Le plus simple, tu l’auras deviné parce que déjà vécu, est de prendre le sang au niveau du cou. Après… Mords-y et laisse toi engloutir par le flot de sensation enivrant que tu connaîtras. »
    Test : caché
    Tu regardes la prêtresse, puis tu t’imagines boire son sang, sa vie, la déposséder de ce qu’elle est. Tu te rappelles qu’elle a fait tout le chemin de son village à la cave dans laquelle tu étais cachée pour s’assurer de ton état, évaluer ton niveau de santé, et, pourquoi pas, te soigner si elle le pouvait alors que d’autres t’auraient tout simplement dénoncée en tant que criminelle recherchée. Tu te poses des questions ; qui est-elle, à quel point est-elle dévouée à Shallya, est-elle mariée, a-t-elle des enfants, était-elle partie ce matin dans l’optique de faire son devoir, soigner ces personnes qui auraient pu être toi ?
    Un pas, deux pas en sa direction. Tu penses à ta blessure. Tu te dis qu’il s’agit là du seul et unique moyen pour devenir belle, et même bien plus que tu ne l’étais auparavant. Et Laëssya te regarde avec insistance. Mais quoi que tu aies pu lui dire lorsqu’elle te posa la question, tu sais pertinemment, au fond de toi, que tu ne pourras pas, en cet instant précis, faire couler ce sang innocent.

    Découverte de la faiblesse « larme ».

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Juliette Dickens
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par Juliette Dickens »

  • « Sauver ta vie signifie sauver l’infinie, car telle sera la durée de la tienne si tu ne commets pas d’impair. Comprends-tu cela, également ? »

    « Je comprends, Laëssya. »

    Mais pourrait-elle se nourrir sur une autre femme ? Une étrangère ? Bien sûr, il lui faudrait le faire et d’ailleurs si la rage de sang la submergeait, elle serait incapable de se contrôler. Elle deviendrait alors un animal dénué de conscience et de pensée rationnelle.

    Au fur et à mesure qu’elle s’approchait de la prêtresse, toujours évanouie, les doutes de Juliette augmentèrent. Se nourrir sur un autre humain ? Elle ne voulait pas que cela se produise. Elle allait dompter la bête. Le cadeau que venait de lui faire Laëssya était un véritable don, mais il avait ses inconvénients ; et la rage de sang en faisait partie. Une fois cette résolution prise, elle dut décider de la manière dont elle allait procéder pour éviter cela.

    Elle avait tellement envie de retrouver son visage qu’elle aurait pu se nourrir sur la première victime, mais elle repoussa encore une fois cette idée. Si seulement elle pouvait prendre le sang uniquement de créatures qui le méritaient, les pervertis, les cruels et tous ceux qui s’étaient abaissés d’eux-mêmes au niveau des bêtes.

    Elle s’arrêta soudain, frappée par la simplicité de la solution. Et pourquoi pas ? Elle pourrait alors se nourrir sans se déshonorer ou alourdir sa conscience, et en même temps, elle rendrait de grands services à l’humanité. De plus, elle ne risquait pas de tomber d’inanition, car le Vieux Monde ne manquerait jamais d’humains maléfiques. Elle sourit, montrant ses crocs. Elle pourrait faire banquet chaque nuit.
    Mais…

    Son euphorie s’effondra tout aussi vite qu’elle était montée. Comment les trouverait-elle ? Devrait-elle questionner chaque victime potentielle sur sa moralité avant de se décider si elle devait lui ouvrir la gorge ? Risible ! Ridicule !

    Juliette Dickens grogna contre elle-même, furieuse de sa propre naïveté. Tout ce bavardage n’était que faiblesse humaine, une bêtise autodestructrice. Non ! Elle refusait que sa nouvelle nature fût une excuse pour renier ses principes d’honneur et de mansuétude. Ce serait difficile, mais il n’y a aucun mérite à réussir dans la facilité. Elle trouverait un moyen d’exister sans pourchasser les innocents. Il devait forcément exister un moyen. Elle en était persuadée.

    Elle croisa les bras sur sa poitrine et se retourna sur Laëssya :


    « Je ne peux pas faire ça. Je vais la laisser partir. N’a-t-elle pas tentée de sauver ma vie ? Je ne peux pas lui prendre la sienne en échange. Je vous en supplie, maîtresse. Je sais que vous êtes une personne bonne et honorable. Comment pouvez-vous vous montrer aussi injuste à son égard alors qu’elle s’est montrée loyal avec moi ? »
    Si besoin, séduction (je sais pas si elle sera sensible :P )
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Juliette Dickens, Voie de la Belle Mort (Beauté Mortelle)
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[MJ] Vivenef
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par [MJ] Vivenef »

  • Je veux bien t’accorder « séduction », mais cette compétence ne servira qu’à minimiser (-1) très légèrement la difficulté du test (+4 au jet de charisme).

    Test de Cha : caché
    … Bon, je le cache plus vraiment : ça compte les jets supérieurs à l’échec critique ? Genre les 23 ? :mrgreen:
    Laëssya n’avait pas d’idée sur ce que ressentait Juliette en observant la prêtresse ; elle ne comprenait pas le bienfondé de sa réflexion et les nombreuses questions que la nouvelle-née se posait à chaque instant lorsque son regard rencontrait le corps inerte de celle qui lui avait voulu du bien.
    Non. Tout ce que voyait sa génitrice, c’était la détermination avec laquelle l’ancienne mineuse avait proféré ces mots à son encontre. La détermination avec laquelle elle avait affirmé qu’elle ne pouvait pas faire cela, et qu’elle allait la laisser partir, sans même lui demander sa permission. Et si celle-ci vint par la suite, à travers une maigre supplication, Laëssya ne vit que l’affront que lui faisait sa fille en se retournant résolument vers elle et en croisant les bras, comme l’eût-elle certainement fait dans une attitude de défi. Cette nouvelle-née déjà prétentieuse qui osait émettre un jugement sur ce qu’elle avait décidé pour le bien de sa protégée, et qui terminait par la flatter maladroitement en la qualifiant de termes qui s’avéraient loin d’être exacts.

    D’abord stupéfiée et le souffle coupé par tant d’outrecuidance, Laëssya contempla yeux écarquillés Juliette avant de subitement les plisser en deux traits venimeux. La claque partit, magistrale, atteignant la jeune femme sur sa plaie et l’envoyant bouler contre le mur. La cicatrice se déchira de nouveau, se remettant à saigner.

    «… ! » Sa génitrice ouvrit la bouche dans un accès de rage, prête à déverser un flot d’insultes sur la petite prétentieuse, mais sa surprise était telle qu’elle que rien ne sortit véritablement. A la place, elle se jeta sur Juliette, la bourrant de coups de pieds, la frappant au visage. La victime, encore jeune et faible de sa résurrection, ne put que se rouler en boule en gémissant, attendant que l’avalanche de coups ne cesse.

    «Mais pour qui te prends-tu, petite insolente ?cracha Laëssya, haineuse, visage déformé. Je t’offre une renaissance pour laquelle certains se damneraient corps et âme pour l’obtenir, je t’offre le plus puissants des pouvoirs et la vie éternelle, je t’offre un moyen de te guérir et de te rendre belle, je vais même jusqu’à prendre des risques moi-même pour t’éviter d’avoir à te déplacer et t’apporter ici même ce dont tu as besoin, et tu trouves encore le culot de dédaigner tout cela ? Mais pour qui te prends-tu donc, princesse ?

    Tu veux que je te donne une belle occasion de me détester pour une question d’éthique que tu trouverais mauvaise ? Je vais te la donner.
    »

    Ignorant alors totalement Juliette, elle s’approcha à grands pas furieux du corps gisant au sol. La prêtresse affichait une mine paisible dans cette petite cabane au cœur de la forêt, quoiqu’assommée. Déconnectée du monde, sa respiration était lente et régulière, et les battements de son cœur, toujours aussi bruyant pour la nouvelle-née, se faisait entendre selon un rythme constant.
    Le changement fut brutal après que Laëssya lui eût tranché la gorge à l’aide de sa dague, sous les yeux horrifiés de Juliette.

    S’il était toujours inconscient, le corps de la prêtresse s’affola subitement, pressentant que quelque chose de mal venait de lui arriver. Les battements se transformèrent en martèlement assourdissants, la respiration en halètements frénétiques, et, après chaque goulée d’air désespérée, jaillissait de la plaie béante un sang bouillonnant.
    Aussi vive que le sang écarlate s’enfuyait de Lidwine, Laëssya s’en reprit à Juliette, la saisissant à la gorge pour la remettre brutalement sur ses pieds. Bien plus forte que sa consœur, l’étau que représentait sa poigne lui broyait la gorge, la plaquant contre le mur, et si Juliette ne pouvait plus être étouffée, un réflexe encore humain l’obligeait à se tenir difficilement sur la pointe des pieds.

    «Es-tu satisfaite à présent que de pouvoir me faire la morale ?! Maintenant, tu es certaine qu’elle est déjà considérée comme morte. Mais avant de m’accuser ouvertement, remets-toi en question, petite. Si tu avais fait ce que je t’avais dit, elle serait encore en vie, parce que je n’aurais rien fait et que, contrairement à ces histoires débiles que tu as déjà entendues sur nous, une simple petite coupe de sang suffit à nous rassasier, même au début. C’est juste qu’un nouveau-né devra se nourrir plus souvent et sera plus susceptible de ne pouvoir se contrôler et de vider la victime de son sang.
    Tout n’est qu’une question de volonté.
    »

    Ce disant, elle projeta violemment Juliette sur le cadavre de la prêtresse, et la jeune femme alla s’étaler lamentablement dans la petite marre de sang qui s’étendait doucement à la base du cou.
    «Maintenant, bois. »
    L’odeur autrefois détestable et écœurante lui montait à présent à la tête sous des arômes emplis de saveurs qui lui mettait l’eau à la bouche, la faisant saliver. Elle en avait plein la peau, plein les cheveux, et le liquide carmin lui maculait ses vêtements alors qu’il continuait de s’écouler de la prêtresse.

    «Daigneras-tu enfin faire un effort, ou faut-il véritablement qu’elle soit morte non seulement par ta faute mais en plus pour rien ? Que tu t’en nourrisses ou non, cela ne changera plus rien pour elle. Autant que son trépas serve à quelque chose. »

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Juliette Dickens
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par Juliette Dickens »

  • Juliette Dickens sanglota lorsque Laëssya dégaina sa petite dague tout en se saisissant de la prêtresse de Shallya, inconsciente. Elle fut incapable de regarder, serra ses bras autour de ses jambes et appuya sa tête contre ses genoux. Elle ferma les yeux et aurait voulu pouvoir pleurer.
    Juliette sentit un objet dur derrière elle, un objet glissé dans la besace. Le marteau et les clous. Elle resta figée lorsqu’une terrible pensée s’imposa à elle, puis elle se tourna vers Laëssya, qui tenait la prêtresse par les cheveux.

    La vampire nouveau-née glissa une main dans la besace et la referma sur le manche du marteau. Laëssya ne verrait même pas venir le coup. Elle serait morte avant d’avoir pu s’en apercevoir. Juliette pouvait sauver la mère Lidwine Sorghen et s’enfuir avec elle, quitter l’Empire et partir à l’aventure dans une quelconque contrée étrangère, et y vivre à l’écart de toute société.

    Mais aussi rapidement que ce rêve se forma, la réalité le démolit comme une charge de cavalerie. Elle s’imaginait Lidwine vieillir, finissant par la haïr pour ce qu’elle était et même voulant la tuer. Pouvait-elle tuer Laëssya pour cela ? Pourrait-elle assassiner cette femme qui l’avait recueillie, qui l’avait protégée et réconfortée ? Sans Laëssya, elle serait morte depuis longtemps.

    Elle leva la tête. Le toit de la cabane de chasseur n’était pas totalement opaque et un mince trait de lumière pénétrait dans la pièce. Si elle-même ne pouvait faire le moindre mal à Laëssya, peut-être pourrait-elle se suicider. Elle avait un marteau dans la main et le soleil n’était qu’à quelques pas d’elle. Mais l’éventualité de se fracasser elle-même le crâne ou d’ouvrir la porte et de s’exposer à la lumière du jour ne dépassa pas le domaine de l’idée. Elle ne put ni bouger son bras, ni ses jambes.

    Laëssya se redressa après avoir tranché la gorge de la prêtresse et s’en reprit à Juliette en la saisissant violemment par la gorge pour la remettre debout.


    «Es-tu satisfaite à présent que de pouvoir me faire la morale ?! […] Tout n’est qu’une question de volonté. »

    Laëssya projeta Juliette sur le cadavre de Lidwine en faisant preuve d’une force surprenante. L’ancienne paysanne hésita avant d’abaisser son regard sur la prêtresse. Son visage s’était adouci et ressemblait presque à celui d’un enfant, avec un léger sourire apaisé.

    «Maintenant, bois. »

    L’odeur de sang planait jusqu’aux narines de la jeune fille. La senteur s’était renforçée extirpant toute pensée de sa conscience jusqu’à ce qu’elle ne soit plus hantée que par cette faim, ce vide rugissant qui réclamait d’être comblé. Il lui criait qu’elle mourrait si elle ne le faisait pas et que cette mort ne serait pas pour elle une délivrance. Il lui hurlait que rien d’autre ne comptait, pas même la loyauté, ni l’honneur et encore moins la compassion. La seule chose importante était de s’accrocher à l’existence, même dans cette non-vie, aussi longtemps qu’elle le pourrait.
    Mais Juliette ne pouvait pas…


    « Je suis désolée, maîtresse. Je ne peux pas le faire. Pas sur elle. Je ne pourrais pas… »
    Pas taper ! :mrgreen:
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Juliette Dickens, Voie de la Belle Mort (Beauté Mortelle)
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[MJ] Vivenef
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par [MJ] Vivenef »

  • Et Juliette ne voulait toujours pas boire, refusant obstinément de répondre à sa créatrice et à l’appel du sang qui la démangeait. La jeune femme gisant dans la flaque de sang s’était retournée, adressant ses mots à Laëssya, lui avouant que boire un tel sang était au-delà de ses forces. Celle-ci la regarda en retour, et alors que leurs yeux se croisaient, toute fureur l’abandonna subitement.

    «Je vois », lâcha-t-elle dans un souffle. Et dans le regard de la Lahmiane, l’on ne put qu’y voir toute la pitié et la honte que lui inspirait sa propre fille. «Je vois », répéta-t-elle à nouveau en hochant légèrement de la tête à la façon d’une personne qui, en réalité, ne comprenait pas. Passant devant l’ancienne mineuse sans même la regarder, Laëssya s’empara de la prêtresse par le col de sa robe et la traîna dans un coin de la pièce, laissant sur son passage une longue trace ensanglantée. Après s’être débarrassé du cadavre, comme s’il l’avait gênée, elle posa une chaise contre le mur, s’y assit, et ne bougea plus.

    Le temps passa, et si Juliette ne savait pas comment agir en conséquence, sa génitrice, elle, ne fit comme si elle n’avait jamais existé. Totalement immobile, elle était plongée dans un stoïcisme qui la coupait de la réalité. Son beau visage était tapi dans l’ombre de la cabane tout autant que dans l’ombre de ses pensées auxquelles elle semblait totalement se consacrer. En cette journée où le soleil rayonnait, bloquée à l’intérieur d’un petit édifice, les activités disponibles s’en trouvaient toute limitée, et sûrement avait-elle dû en passer de nombreuse de la sorte et s’en était ressortie une certaine accoutumance. En ce qui concernait Juliette, tout juste née, c’était une autre paire de manche, étant balayée par les doutes et l’ennui. Elle ne cernait plus véritablement le comportement de sa consœur, pouvant se demander ce à quoi elle pouvait bien penser. Il n’y avait rien à faire d’autre qu’attendre, attendre, et attendre encore que le soleil déclinât tout doucement, avec une lenteur extrême, comme s’il était en train de se jouer une fois de plus de la jeune femme. Et la faim, la soif rouge lui déchirait chaque fois plus les entrailles en une coulée acide qui lui ravageait non seulement le ventre, mais aussi son âme.

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Juliette Dickens
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par Juliette Dickens »

  • Sa réponse est encore pire que ce que je pensais… :mrgreen:
    Juliette Dickens entendit Laëssya tirer une chaise contre le mur, elle-même s’installa sur le lit, assisse en tailleur. Comment allait-elle parvenir à se racheter aux yeux de sa génitrice ? Elle n’avait aucun doute sur le fait qu’elle n’hésiterait pas à la détruire si elle échouait à nouveau. Laëssya paraissait avoir une certaine affection pour sa progéniture, mais elle l’avait rouée de coups sans la moindre hésitation. Juliette était persuadée que si elle la décevait à nouveau, sa protectrice n’aurait aucun scrupule à se débarrasser de ce qui deviendrait pour elle un fardeau. Il lui fallait contrôler sa progéniture ou l’éliminer.

    Juliette se sentait toute proche de la mort. Si elle ne parvenait pas à redorer son blason auprès de Laëssya, elle était perdue. Il existait bien entendu une autre option, la porte de la hutte n’était pas fermée à clef. Elle pourrait se sauver, se trouver une bonne cachette et elle n’aurait plus à se soucier des ordres de sa maîtresse.

    Son regard dériva vers la porte en bois. Cette possibilité était bien tentante. Mais cette liberté avait un revers : les chasseurs, les hommes avec des torches. C’était le sort qui l’attendait si elle décidait de vivre seule. Mourir comme un animal, être pourchassée durant des jours, vivre cachée et souffrir de la faim sans jamais pouvoir trouver la paix.

    Mais il y avait autre chose, sans doute plus important que tout. Un loup pouvait compter sur sa meute. Même un renard n’était jamais vraiment seul. Trouverait-elle d’autres de ses semblables ayant cette existence ? Juliette n’avait jamais vraiment aimé la solitude. Chez elle, lorsqu’elle était encore une mineuse, elle ne quittait rarement ses frères et sœurs. Même lorsqu’elle avait atterri chez la margrave, elle s’était rapidement attachée à Licinia.
    Et maintenant, dans cette nouvelle vie dont elle ignorait tout, dont elle ne connaissait aucune règle, elle avait encore moins envie de se retrouver seule. Elle connaissait à peine Laëssya, mais l’idée de s’éloigner d’elle, d’être privée de ses conseils la paralysait. Elle serait perdue sans elle. Les chasseurs ne tarderaient pas à venir et elle mourrait seule.
    Seule et damnée.

    Le temps passait, mais pour Juliette cela en devenait intenable. C’était insupportable. A cela s’ajoutait le mutisme angoissant de Laëssya. L’ancienne paysanne n’avait jamais vécu une attente aussi longue, ni aussi pénible. De plus, la soif rouge lui déchirait chaque fois plus les entrailles. Bien sûr, elle n’avait fait que compliquer les choses en refusant le repas que lui offrait sa génitrice. Mais elle se devait d’être forte. N’avait-elle pas enduré d’impitoyables hivers et de terribles douleurs dans les mines de son village ? N’avait-elle pas survécu malgré les privations ? La volonté des paysans l’habitait.
    Pour faire passer le temps, la jeune fille décida de tenter de briser la glace avec Laëssya… cela ne serait pas facile, assurément.


    « Je suis désolée, maîtresse. L’épreuve était trop forte pour moi… »
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[MJ] Vivenef
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par [MJ] Vivenef »

  • Le faible appel de Juliette ricocha sans aucune conséquence contre le mur d’indifférence que représentait Laëssya. Inaltérable, celle-ci ne lui adressa pas le moindre regard, le moindre coup d’œil, la moindre expression qui put faire penser qu’elle l’avait entendue. Ses yeux insensibles demeuraient vissés sur le long rai de lumière qui déclinait contre le mur, annonçant avec une lenteur exaspérante la fin de la journée. Sa respiration n’était pas perceptible, et, si ce n’avait été les quelques battements de ses longs cils, l’on eût juré qu’il s’agissait d’une statue de marbre. Difficile de savoir si elle pensait, et plus compliqué encore se révélait la tâche de les interpréter. Dans cette indécision qui la remplissait de doutes, franchissant les barrières qu’elle s’était montées, Juliette était en proie à cette même vulnérabilité qui caractérisait si bien les êtres humains. Et peut-être y avait-il en cela la peur d’avoir fait défaut, la crainte d’une solitude prochaine, l’angoisse du rejet ou d’être l’objet de cette honte inexpliquée.

    Ce ne fut que lorsque le léger trou dans le toit de la cabane ne projeta plus aucune lumière solaire que Laëssya daigna enfin bouger.
    «C’est bien ce qu’il m’avait semblé », répondit-elle à sa consœur avec quelques heures de retard, comme si une simple seconde s’était écoulée entre les deux phrases. Ce furent en premier lieux ses lèvres qui s’étaient mues, puis vint le tour de son visage, posant son regard smaragdin sur Juliette. «Je n’ai pas bien fait ; j’ai commis une grave erreur. Je n’aurais jamais dû te transformer, mais bien t’achever au plus vite, plutôt que de tenter de te sauver en retour. » Les mots qui suivirent furent peut-être d’autant plus durs à entendre qu’ils n’étaient pas prononcés sur le ton de la colère mais sur celui de la simple affirmation, de la simple constatation. Tu n’es pas, en vérité, digne d’être une Lahmiane. Je comprends mieux à présent les précautions qui sont de mises lorsque le Baiser de Sang doit être effectué… Se nourrir de sang est ce qu’il y a de plus important en tant que vampire, de plus primordial. Les fondations de ce qui nous caractérise, et tu échoues déjà à la première épreuve. »

    Laëssya soupira tout en secouant la tête avec peine, avant de continuer, d’une voix monotone. « Je ne sais pas ce que je vais faire. Je devrais t’éliminer aussi simplement que je t’ai donné la vie à nouveau, comme on le fait généralement avec les rebuts vampiriques. C’est sûrement ce qu’il y a de plus sage à faire en plus de ne plus m’être compromise en me plaçant moi-même dans une situation délicate ; toutes les incartades et fredaines que tu commettras en tant que… « sœur» de sang, ce sera à moi que de les payer sous prétexte que je ne t’aurais pas bien éduquée. Mais comment diable puis-je éduquer un cas tel que le tien ?!

    Par ton refus, tu m’es un fardeau incommensurable, une épine dans le pied que je me suis moi-même plantée. Je n’ai que faire de tes excuses ; elles ne te serviront à rien dans ce monde où seuls les actes comptent. Tu pourras jouer tant que tu veux à la vampirette de pacotille, mais, comme bon nombre avant toi, le masque tombera sous ton inexpérience, ce qui te mènera immanquablement jusqu’au bûcher où tu te consumeras dans les pires souffrances. Oui, définitivement, te tuer moi-même ne serait que miséricorde.

    Mais je vais tout de même te laisser une dernière chance. Si tu ne veux rien apprendre de moi, alors tu le feras toute seule en ce qui concerne le fait de te rassasier.
    Tu es couverte de sang, tu vas donc te changer en prenant un vêtement de ceux que nous avons volés à Adélaïde. Prends celui que tu veux, car c’est toi qui décideras, cette fois-ci, toute seule. Eu égard à ta balafre écœurante, cela ne changera pas grand chose. Juste au nord d’ici se situe le village d’Osterwald. Tu vas t’y rendre cette nuit-même, tu te nourriras sur la personne que tu veux, mais, je répète, tu te nourriras de sang. Lorsque ce sera fait, tu reviendras ici-même pour que je constate les faits.
    Je demeurerai ici cette nuit et jusqu’à la nuit prochaine, peu avant le lever du second jour. Après cela, je partirai, te laissant pour morte, peu importe ce qu’il te sera arrivé ; ne compte plus sur moi. Je garderai avec moi la gibecière et tous les bijoux qu'elle contient, quelque fois que, en réalité et en ancienne paysanne que tu es, tu tiennes davantage à cela qu'à toute autre chose. Si je dois procéder de la sorte pour que tu reviennes afin d'être éduquée en tant que Lahmiane, alors soit. Et une dernière chose, également.

    Si jamais tu te fais prendre, tente de mourir le plus vite possible sans me découvrir. Ne me fais pas défaut une seconde fois.
    »

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Juliette Dickens
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par Juliette Dickens »

  • « Je n’ai pas bien fait ; j’ai commis une grave erreur. Je n’aurais jamais dû te transformer, mais bien t’achever au plus vite, plutôt que de tenter de te sauver en retour […] Mais je vais tout de même te laisser une dernière chance […] Juste au nord d’ici se situe le village d’Osterwald. Tu vas t’y rendre cette nuit-même, tu te nourriras sur la personne que tu veux, mais, je répète, tu te nourriras de sang […] Ne me fais pas défaut une seconde fois. »

    Juliette Dickens jura intérieurement en entendant les paroles de Laëssya. Elle n’était pas trop surprise, mais elle avait espéré un meilleur traitement. Après tout, ne lui avait-elle pas finalement sauvé la vie ?
    Et lorsque sa génitrice lui imposa un ultimatum, la vampire nouveau-née eut l’impression d’avoir été giflée. Juliette serra les dents pour ne pas répliquer. Ainsi, elle allait devoir agir seule. Elle finit par s’incliner.


    « Très bien. Je serais de retour avant la nuit prochaine… »

    L’ancienne mineuse releva le menton, tourna les talons et s’approcha de la gibecière remplie de vêtements. Elle se débarrassa de sa robe tâchée de sang, puis prit une chemise, le pourpoint de velours noir, les bottes de cuir, une paire de gants et un chapeau à large bord. Ainsi, elle passerait inaperçue. Sans se retourner vers Laëssya, la jeune femme quitta la hutte de chasseurs.

    L’obscurité est la chose qu’une jeune femme telle que Juliette peut haïr lorsqu’elle ne maîtrise pas la situation. C’est dans le noir que les notions rassurantes perdent toute leur valeur. Mais étrangement, même si le soleil avait laissé place aux deux lunes, la vampire pouvait voir comme si elle était en plein jour. Etonnant.
    Juliette poussa un énième soupir débordant d’exaspération. D’irritation. Ces derniers jours avaient été très loin d’être reposants. Ajoutez-y une toute fraîche aversion pour ce maudit pays, et vous obtenez un état d'excitation farouche, amère et acide à la fois, qui avait le don de vous donner les nerfs à fleur de peau. Le regard de Juliette furetait partout, peut-être de crainte de finir par clore les paupières et ne plus les rouvrir. Quelque part, elle en voulait à Laëssya pour ne pas l’éduquer de manière plus douce. La jeune femme bouillonnait d’une rancœur informe et nerveuse, incapable de la retenir…

    "C'est lorsque l'on s'écoute trop soi-même, qu'on ne prête plus l'oreille à autrui."

    Juliette Dickens était littéralement incapable de regarder proprement, avec exactitude, ce qu'il se passait autour d’elle, et ce fait ne la rendait que plus folle encore. Or, il est assez répandu qu'être énervée n'aide en rien à se concentrer...

    La jeune fille décida d’accélérer le pas, plus vite elle terminait sa "mission", plus vite elle pourrait retrouver la présence rassurante de sa maîtresse.

    Je sens que cette petite "tâche" va être un véritable calvaire pour Juliette… :mrgreen:
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