[Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitudes.

La population rurale de l'Ostermark est composée de gens capables et autonomes qui se battent souvent aux côtés des Kislévites contre les pillards Nordiques. Wolfram Hertwig dirige sa province depuis Bechafen, situé dans le Nord.

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[MJ] Vivenef
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

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  • Alors que Juliette lui massait le dos et les épaules, Adélaïde expira un petit soupir d’aise, se laissant aller aux mains de la jeune femme, avachie contre la paroi de la cuve et yeux fermés. Elle ne semblait nullement gênée par l’odeur qui s’exhalait de l’étrange substance issue du mélange de l’eau et du sang, et tout autant moins gênée par ce liquide à demi carmin qui lui collait quelque peu à la peau. La camérière le sentait bien, elle, au-travers de son gant poisseux, et sa main glissée à l’intérieur ne cessait de le lui faire ressentir si tôt qu’elle y bougeait les doigts.
    Lorsque Juliette décida qu’il s’agissait du moment propice durant lequel elle pouvait poser en toute impunité la question qui lui brûlait les lèvres, la margrave leva cependant une paupière paresseuse, interrogative, puis décida, après un bref haussement d’épaules avorté par le massage de l’ancienne mineuse, qu’elle pouvait lui répondre.

    «Duquel parles-tu ? Oh non, je vois… Le sang est ce qui court en nous, dans nos veines. C’est ce qui nous donne notre vitalité, même s’il périt au fur et à mesure que le temps passe, lentement. Si je nourris ma peau d’un sang… Si je nourris ma peau de sang et que je l’en imbibe régulièrement, et qu’elle l’absorbe, alors elle absorbera aussi ses vertus, sa vitalité, son énergie. Et moi, je resterai et belle et jeune et désirable. Comprends-tu, Juliette ?
    Adélaïode la lorgna d’un regard aussi bien sceptique qu’interrogatif.
    Non, tu ne comprends pas. Tu ne peux pas comprendre… Du moins, tout de suite. C’est quelque chose qu’il faut longtemps réfléchir et lier à certaines connaissances que l’on obtient en lisant ou en étudiant, ce que tu n’as jamais fait, je présume. Elle soupira plus paresseusement que jamais. Il me serait bien trop long que de tout t’expliquer. Prends-le simplement pour acquis.

    Elle resta pensive l’espace d’un instant, se remémorant quelques réflexions ou souvenirs connus d’elle seule, avant de décider que s’en était assez pour aujourd’hui.
    « Bien. Voici le moment le plus désagréable », grimaça-t-elle.

    Ledit moment le plus désagréable s’avéra en fait être celui où Juliette fut contrainte d’aller chercher un seau d’eau provenant du puits, eau qui n’aurait pas le temps d’être réchauffée dans la mesure où Adélaïde n’avait point envie d’en perdre. Et après que cette dernière plongea la clef poisseuse de sang qu’elle tenait toujours dans la main dans le but de la nettoyer, il fut dit à Juliette de verser délicatement le contenu du récipient sur le corps de la noble afin de la purger de toute particule sanguine susceptible aussi bien de lui tacher sa vêture que de la lui coller désagréablement à la peau. Alors qu’elle sortait frissonnante du bain, sa camérière vint l’enrouler dans une serviette propre et, pendant que la margrave se séchait toute seule, celle-ci lui demanda d’aller ranger la clef.
    «Va donc rouvrir la porte puis mettre la clef avec les autres, dans le tiroir de ma table de nuit. »

    Juliette alla donc déverrouiller la salle de bain avant de déposer ladite clef dans le tiroir de la table de chevet, lequel comprenait un grand trousseau permettant très certainement l’accès à l’ensemble du manoir.
    Si la serviette dans laquelle s’était enroulée Adélaïde se colorait de couleurs clairs, elle le fut bien moins une fois que sa propriétaire la quitta ; sa peau, à l’œil nu, paraissait immaculée, mais sûrement quelques invisibles effluves sanguines étaient restées sur son corps, tachant ainsi la serviette que la margrave considéra d’une expression réprobatrice. « Encore une qu’il faudra brûler d’ici peu », commenta-t-elle en grimaçant à nouveau.

    Le moment qui s’en suivit lui remembra peut-être la première fois qu’elle avait pénétré dans la salle de bain ; afin de chasser l’odeur cuivrée et persistante du sang, Adélaïde demanda à Juliette d’allumer l’encensoir qui se trouvait là. Bientôt, une lourde fumée s’en échappa, plongeant la pièce dans une brume vaporeuse, et avec elle, une exhalaison non pas moins entêtante mais toujours plus agréable que la précédente s’en suivit.
    Et elles quittèrent toutes les deux la salle.

    La journée se déroula tranquillement, sans précipitation et sans que rien de notable ne se remarquât. Frédérick quitta de bonne heure la demeure, sans un mot. Adélaïde resta dans son bureau, et les trois filles s’afféraient à leurs activités ancillaires, comme d’ordinaire.
    Le soir venu, Frédérick n’était toujours pas revenu et, alors que Juliette, Estelle et Licinia prenaient leur repas dans la salle à manger, la première fut appelée dans le bureau de sa maîtresse.

    Adélaïde semblait fort occupée, et assez contrariée par tout un tas de parchemins qui s’amoncelaient sur son bureau.
    «Juliette, peux-tu aller me chercher un papier dans ma chambre ? Il est posé sur le guéridon. Après, je m’en irai en ville, il faut que j’aille vérifier deux ou trois petites choses qui me paraissent bien louches chez certains de nos commerçants… Enfin, rien qui ne t’intéresse, de toute façon. »

    Dans la chambrée, le parchemin se trouvait effectivement sur la petite table ronde entourée de deux chaises et sur laquelle était situé le bol contenant quelques fruits. Mais surtout, elle se trouvait seule à l’étage pendant que les autres étaient occupées en bas. Sûrement que Juliette n’avait pas tout le temps nécessaire pour mener à bien une investigation prolongée si sa curiosité demeurait la même, mais il pouvait bien s’agir du moment durant lequel quelques outils pouvaient être saisis afin d’enquêter quand tout le monde dormirait…

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Juliette Dickens
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

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  • Juliette Dickens avait mal partout et elle était épuisée. Elle soupira en se saisissant de sa cuillère pour déguster son repas du soir. Depuis que la margrave Adélaïde von Mach était rentrée de son séjour hors du manoir, la jeune servante n’avait pas arrêté de nettoyer, laver, coiffer, lustrer, frotter… Et ces quelques minutes pour manger étaient insuffisantes pour se reposer pleinement. De plus à cela s’ajoutait une atmosphère fortement désagréable ! Estelle n’avait pas encore digérée le fait que Juliette lui ai prit sa place auprès de la margrave et elle le faisait ressentir. Licinia, elle, était plutôt contente pour sa nouvelle amie.

    Juliette avala son repas, trempant le pain dans le ragoût bouillant qui était incroyablement bon. Licinia était une bonne cuisinière et elle prenait du plaisir à concocter des petits plats. L’ancienne mineuse commençait, elle aussi, à se débrouiller derrière les fourneaux. Il faut dire qu’elle avait appris aux côtés de la meilleure cuisinière. Mais alors qu’elle allait entamer une mandarine pour terminer sur une note sucrée, la voix de la margrave retentit dans le manoir :


    «Juliette, peux-tu aller me chercher un papier dans ma chambre ? Il est posé sur le guéridon. Après, je m’en irai en ville, il faut que j’aille vérifier deux ou trois petites choses qui me paraissent bien louches chez certains de nos commerçants… Enfin, rien qui ne t’intéresse, de toute façon. »

    Juliette poussa un petit soupir plaintif et alla poser son bol ainsi que ses couverts dans l’évier. Elle ferait la vaisselle plus tard. Et alors qu’elle tournait le dos à ses deux consœurs, la camérière sentit le regard d’Estelle se poser sur sa silhouette. Jalouse.

    La jeune fille monta les marches qui menaient à l’étage quatre par quatre. Il ne fait pas bon de faire patienter la margrave lorsqu’elle est excédée. Juliette se souvenait encore de la scène à laquelle elle avait assisté chez le tailleur du village. La servante ne voulait pas subir les foudres de sa maîtresse. Oh ça non. C’était la seule qui pouvait la protéger dans ce manoir. Licinia aussi mais à une moins grande échelle.

    Le parchemin se trouvait sur la petite table ronde de la chambre conjugale. Heureusement pour Juliette, elle ne risquait pas de voir surgir Frédérick von Mach car ce dernier était parti dans la matinée et il n’était toujours pas revenu. Un souci en moins et pas des moindres. C’est à ce moment qu’une idée germa dans la tête de la jeune fille : pas de margrave, Adélaïde allait s’absenter durant la nuit… l’étage serait vide une fois que Licinia et Estelle auraient regagné leurs chambres ! Elle pourrait fouiller tranquillement la mystérieuse pièce. De plus, Juliette savait exactement où la margrave dissimulait son trousseau de clés.

    La jeune servante ouvrit le tiroir de la table de chevet pour se saisir du trousseau et le dissimuler dans la poche de sa robe… (hors rp : je sais pas si le trousseau se trouve toujours dans le tiroir donc je continue sans connaitre la réponse)

    Une fois le parchemin en main, Juliette Dickens courut jusqu’au bureau de la margrave. Cette dernière était encombrée par une multitude de parchemins qui s’amoncelaient sur son bureau. Au passage, l’ancienne paysanne essaya d’en connaître un peu plus sur l’escapade du margrave pour ne pas avoir de mauvaise surpris lors de ses fouilles…


    « Voilà votre parchemin, margrave. Cela ne vous inquiète pas que le margrave ne soit pas de retour au manoir ? Normalement il devrait déjà être en train de manger à l’étage inférieur… »
Modifié en dernier par Juliette Dickens le 09 janv. 2013, 19:23, modifié 1 fois.
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[MJ] Vivenef
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par [MJ] Vivenef »

  • Lorsque Juliette ouvrit le tiroir de la table de chevet, le trousseau de clefs se trouvait bien là, celui-là même qui tintinnabula métalliquement dans la poche de sa robe au moment où elle l’y déposa. Et à chaque fois qu’elle effectuait un geste brusque ou un tant soit peu trop violent, voilà que le bruit se reproduisait à nouveau, et n’importe qui eût été en mesure de se poser des questions quant à l’origine sonore de ce cliquètement. Et si elle courut au début, sa démarche s’altéra toute seule, sans qu’elle le voulût spécifiquement. Un pas de voleuse, doucereux, de peur de faire trembler les clefs dans sa poche ; une avance qui se voulait fluide et non pas saccadée, pour ces mêmes raisons, mais qui ne l’était que trop pour faire naturelle. Quand bien même prit-elle tout son temps et qu’elle mobilisa toute sa volonté, elle ne put éviter de faire chanter le trousseau alors qu’elle descendait l’escalier. Fort heureusement, tout cela n’avait pris que quelques secondes à se faire, les filles étaient toujours en train de manger en bas ; elle ne croisa personne et put se rendre sans encombre dans le bureau d’Adélaïde.

    Celle-ci condescendit un maigre merci, les yeux perdus dans ses papiers, yeux qu’elle releva aussitôt lorsque Juliette posa sa question.
    «Si cela m’inquiète ? maugréa-t-elle. Non, voilà qui m’exaspère bien davantage que cela ne n’en inquiète. Je ne sais nullement où il est encore passé, mais je vais bien tâcher de, justement, en profiter pour savoir où il traîne. » Elle chassa le sujet d’un revers de la main, consciente, peut-être un peu tard, qu’elle ne devait pas discourir ainsi de son mari devant l’une de ses servantes.
    «Bon, je vais m’absenter, mais j’espère ne pas rentrer trop tard. Ce n’est pas une raison pour en profiter ; je t’attends demain matin de bonne heure, comme toujours, à mon réveil. »
    Et sur un dernier regard somme toute assez sévère et plein de promesses en cas d’incartade, elle quitta la pièce et le manoir.

    Si Juliette revint dans la salle à manger pour y terminer sa mandarine, elle put sentir le regard soupçonneux d’Estelle peser sur elle, là où celui de Licinia, alors occupée à débarrasser ses affaires pour les laver, demeurait indifférent si ce n’était fatigué. Estelle ne tarda pas à faire de même, puis ce fut au tour de Juliette.
    Les journées étaient très chargées ; il y avait toujours quelque chose de laborieux ou harassant à faire, et l’on se couchait tôt pour se lever tôt une fois le matin venu. Que la margrave fût partie ne changea en rien les règles et les habitudes, il fallait être en forme pour affronter le lendemain qui ne serait pas de tout repos, comme chaque jour qui passait lentement. Licinia, bâillant, fut la première à leur souhaité la bonne nuit et à aller se coucher, et, Estelle aussi bien que Juliette ne désirant sûrement pas rester toutes seules à deux, ses consœurs ne tardèrent pas à l’imiter.

    Dans sa chambre, l’ancienne mineuse patienta toutefois, en dépit de sa curiosité qui la rongeait, que tout le monde dormît bien. Et il y avait toujours la menace de Frédérick, susceptible de revenir à n’importe quelle heure, ou encore celle d’Adélaïde, pour les mêmes raisons. Que feraient-ils s’ils la prenaient en flagrant délit ? Peut-être ne valait-il mieux pas y penser, sous peine de risquer de doucher la petite flamme d’indiscrétion qui brûlait encore en Juliette. Le temps passa lentement, très lentement, lorsque, enfin, n’en pouvant plus, elle décida de mener sa petite enquête.

    Dans le couloir obscurci par la nuit, la porte éternellement verrouillée se distinguait difficilement, comme toutes les autres, mais la camérière, à force d’avoir arpenté le manoir des centaines de fois, était en passe de le connaître par cœur. Une fois devant, fouillant dans ses poches, elle en extirpa le trousseau qui, à ses oreilles, sembla produire un bruit de tous les diables. S’immobilisant, elle reprit son souffle, glissant une après une les différentes clefs qui se présentaient à elle dans la serrure, jusqu’à trouver la bonne. Dans un petit clic, la serrure s’ouvrit.

    La porte se révéla être bien plus lourde et épaisse que ce que l’on pouvait imaginer de l’extérieur. Juliette s’y faufila agilement, avant de la refermer derrière elle, clef en main. En se retournant, quelle n’en fut pas sa surprise de croiser un autre regard, un regard à travers lequel s’était lue une crainte sans pareille alors qu’elle avait pénétrée dans la pièce, dissimulée par les ombres, et où luisait à présent une étincelle d’espoir intense comme la nouvelle-venue venait d’être révélée en s’avançant quelque peu. Juliette n’était certainement pas la personne que cette belle jeune femme, vêtue d’une robe de servante, bâillonnée et enchaînée à un lit, avait redouté de voir.

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Juliette Dickens
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par Juliette Dickens »

  • Quand Juliette Dickens fut enfin dans sa chambre, en attendant que le manoir s’endorme, elle dut lutter contre la fatigue pour ne pas s’endormir. Elle avait mal aux jambes. Le travail de servante était harassant et fatiguant. Mais malgré sa lutte invisible, la jeune fille finit par tomber dans un vague rêve, dans lequel il lui semblait regarder par une haute fenêtre une sombre mer d’arbres entrelacés. D’en bas, parmi les racines, montait le bruissement de créatures rampantes.

    Puis elle entendit un bruit dans le lointain. Elle crut tout d’abord que c’était un grand vent qui passait dans les feuilles de la forêt. Puis elle sut que ce n’étaient pas les feuilles, mais le bruit de la mer lointaine ; bruit qu’elle n’avait jamais entendu dans sa vie éveillée, mais qui avait souvent troublé ses rêves. Mais soudain une lumière illumina le ciel, et le tonnerre retentit.

    Juliette Dickens se réveilla brusquement. Sa chambre était encore éclairée par sa petite bougie et elle se rendit compte que la pluie tombait à l’extérieur. Cela pouvait expliquer le tonnerre. La servante fut rapidement prise de panique en réalisant qu’elle venait de s’endormir. Etait-ce trop tard pour agir ? La margrave était-elle déjà rentrée ? Voir même le margrave ? Mais elle fut rapidement soulagée en découvrant que la flamme n’avait pas énormément consommée la bougie qui se trouvait sur sa table de chevet. Elle avait dut s’assoupir quelques minutes seulement.

    La jeune servante entreprit de se dégager lestement de son cocon de laine pour chausser ses bottines qu’elle avait déposées au-bas de son lit. Juliette colla son oreille droite sur la porte de sa chambre… aucuns bruits ! C’était l’heure pour elle d’assouvir son vilain défaut : la curiosité. Elle ouvrit lentement la porte et se retrouva dans le couloir.

    Juliette Dickens s’orientait dans la demeure comme un loup en chasse, à ceci près que la bête ignorait si elle allait vers la forêt ou le lac. La servante, elle, connaissait presque par cœur son territoire de chasse…Une fois devant la porte, l’ancienne mineuse sortit de sa robe l’encombrant trousseau et commença à tester une à une les différentes clefs. Lorsqu’elle la bonne entra dans la serrure, la jeune fille put entendre le petit clic et la serrure s’ouvrit. La porte était extrêmement lourde et il fallut s’employer entièrement pour la déplacer. Finalement elle se faufila dans la mystérieuse pièce et referma derrière elle la porte, à clef.

    Et alors qu’elle se détournait de la serrure pour découvrir la nouvelle pièce, Juliette croisa un autre regard. Un regard empli de craintes. Un regard féminin. La servante plissa les yeux. Les quelques ecchymoses ne parvenaient même pas à estomper sa beauté. C’était une jeune femme de taille moyenne, aux longs cheveux bruns, et qui avait des yeux assez grands pour y placer une bonne partie de la candeur du monde, ce qui n'était pas rien. Le regard de Juliette ne cessait de la détailler, de la scruter.

    La servante secoua légèrement la tête pour se reprendre. Quoi qu’il en soit, ce n’était pas un danger puisqu’elle était ligotée et bâillonnée.

    «Ou peut-être la margrave ne supportait plus les regards que son mari lançait parfois à la dénommée Laëssya »Les paroles de Licinia lui revinrent en tête…

    Juliette se porta à la hauteur de la prisonnière, s’agenouilla et lui abaissa son bâillon :


    « Laëssya ? »
Modifié en dernier par Juliette Dickens le 09 janv. 2013, 19:24, modifié 1 fois.
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Juliette Dickens, Voie de la Belle Mort (Beauté Mortelle)
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[MJ] Vivenef
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par [MJ] Vivenef »

  • Il pleut, il y a de l’orage, celle que tu as découverte est de taille moyenne, possède des cheveux bruns et a de grands yeux innocents ? Qu’est-ce qui te fait dire tout cela ? n_n
    Bon, va pour cela, qui ne me dérange aucunement. En revanche, pas d’ecchymoses visibles.
    Lorsque le bâillon lui fut retiré, la jeune femme exhala une grande bouffée d’air, comme si le lourd morceau de tissu lui avait rendu la respiration difficile. Elle tenta bien de parler une première fois, mais les mots restèrent bloqués dans sa gorge, obstruée par une langue gonflée par la sécheresse. Ses lèvres délicates remuèrent alors qu’elle tentait à nouveau l’expérience, et Juliette put ouïr les vestiges d’une voix qui avait dû être fort jolie auparavant.

    «… Si longtemps que je n’ai pas eu l’occasion de parler… »

    Le ton était aussi brisé que la voix, rauque et murmuré. Elle venait de proférer ces mots sur un ton pitoyable d’excuse, ne pouvant faire mieux, et ses grands yeux candides scintillaient d’humidité, ne rendant la nitescence émeraude de leurs reflets que plus éclatante encore. Une quinte de toux violente la prit alors, achevant de faire déborder son regard, et une perle brillante roula le long de sa joue.

    « Que… Comment sais-tu mon nom ? Il y a-t-il encore des gens qui se souviennent de moi, ou pensent-ils tous que je suis morte ou que je me suis enfuie d’ici ? »

    Dans son regard se lisait l’incompréhension et le désespoir d’avoir été oubliée de tous. Elle cherchait tant bien que mal à accrocher le regard de Juliette ; elle était enchaînée au niveau de ses poignets que protégeaient ses manches, accrochés au lit et remontés au niveau de son visage, équidistants, et une chaîne s’enroulait également au niveau du col de sa robe, l’obligeant à tordre difficilement le cou pour dévisager sa sauveuse située à son côté.

    « Et… Et toi, qui es-tu ? Tu es une nouvelle servante, celle qui me remplace… ? Je ne sais pas combien de temps je suis enfermée ici, à… Si une simple larme avait roulé le long de sa joue, il y en avait désormais bien davantage qui lui rougissaient les yeux et venaient tacher le matelas, ruisselant en abondance sur sa peau. Elle reprit tant bien que mal, fermant les paupières un instant pour puiser le peu de force qui lui restait encore, ce qui provoqua une nouvelle inondation incontrôlée. … A la merci de ces gens, à la merci de... Du margrave. Souvent, il vient, et…et il… »

    Les mots n’étaient pas nécessaires pour comprendre ce qu’infligeait l’homme à la dénommée Laëssya, et celle-ci détourna la tête de Juliette, comme elle le pouvait, à présent engagée dans ces sanglots silencieux mais perpétuels qui vous empêchaient de respirer et vous faisaient tressauter doucement, douloureusement. Si elle l’avait pu, nul doute qu’elle se serait mise en boule, recroquevillée en position fœtale, quand bien même cela n’eût-il rien changé à ce qu’elle endurait fréquemment.
    Là, elle tira quelque peu sur ses entraves, abandonnant aussitôt, ayant eu plus que le temps nécessaire pour comprendre qu’elle ne pouvait rien faire. Elle ne demanda pas même à ce que Juliette la délivrât, comme si elle avait renoncé depuis longtemps à un espoir qui était à chaque plus blessant à mesure qu’il se révélait vain. Immobile si ce n’était parcourue, de temps à autre, de soubresauts silencieux, elle gisait allongée, visage dissimulée dans l’ombre opposée de Juliette, mais les larmes, elles, demeuraient tout sauf invisibles.

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Juliette Dickens
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par Juliette Dickens »

  • C’était pour ne pas reprendre tous ce que tu avais déjà dit :wink:
    Juliette Dickens resta assez éloignée de Laëssya lorsqu’elle lui abaissa le bâillon. On ne savait jamais. La tentation pouvait être forte pour une prisonnière, même si l’ancienne servante n’avait pas l’air de ceux-là. Elle inspirait presque de la confiance pour quelqu’un qui avait réussi à se retrouver dans cette situation. Il pouvait être intéressant de savoir ce qui justement l’avait amené dans cette situation. Même si elle avait déjà sa propre idée. Juliette la dévisageait dans une sorte d’expectative, ne voulant se faire ni accueillante, ni hostile…

    « Que… Comment sais-tu mon nom ? Il y a-t-il encore des gens qui se souviennent de moi, ou pensent-ils tous que je suis morte ou que je me suis enfuie d’ici ? »

    Laëssya était attachée avec une grosse chaîne métallique au niveau des bras ainsi que par les chevilles. Juliette remarqua qu’un imposant cadenas empêcher la jeune femme de se défaire de ses liens. Dickens se demanda si le trousseau contenait la clef du cadenas…

    « Et… Et toi, qui es-tu ? Tu es une nouvelle servante, celle qui me remplace… ? Je ne sais pas combien de temps je suis enfermée ici, à… A la merci de ces gens, à la merci de... Du margrave. Souvent, il vient, et…et il… »

    D’après les propos que lui avaient tenus Estelle, l’ancienne servante avait quitté le manoir sans dire un mot. Tandis que Licinia lui avait dit que la margrave l’avait sûrement renvoyée ne supportant plus les regards que lui lançait son mari. C’est pourquoi Juliette fut étonnée par les propos de Laëssya. La margrave l’avait-elle enfermée dans cette pièce tout en laissant son mari abusé de la jeune fille ? Cela paraissait improbable ! Pourquoi l’avoir démise de ses fonctions à cause des regards de Frédérick pour ensuite lui donner la permission de violer l’ancienne servante… Cela n’avait ni queue ni tête…

    Un pli passager de rage déforma les lèvres de Juliette. Elle pouvait comprendre la peine de Laëssya car Frédérick von Mach avait aussi tenté de la souiller… La camérière lâcha un soupir autant destiné à signifier sa lassitude qu’à se calmer, avant de tendre une main un rien tremblante vers la prisonnière. Cette dernière était effondrée, en larmes. Juliette vint toucher son épaule, qu’elle trouva froide et dure. S’il avait seulement suffi de bander sa volonté pour lui insuffler la chaleur de sa chair, alors sa peau n’aurait pas été si glacée.


    « Laëssya… Laëssya… »

    Juliette commença à la serrer contre elle, cherchant à la réconforter. Elle chuchota au creux de son oreille, au travers de ses boucles brunes.

    « Tu es plus forte que ça. Tu peux échapper à ces gens, tu peux échapper à tout ça. Adélaïde et Frédérick ne sont pas dans le manoir ce soir. Tout ce que tu as à faire, c’est accepter de te redresser pour que j’ouvre ton cadenas, accepter de faire un pas puis un autre pour quitter cet endroit. »

    Doucement, elle releva son visage, enfoui entre ses bras, pour la regarder droit dans les yeux.

    « C’est exact, je suis la nouvelle servante. Celle qui te remplace… Et j’ai trouvé un bijou portant ton nom dans la chambre de la margrave, c’est pour cela que je le connais. Raconte-moi comment tu t’es retrouvée dans cette pièce pendant que j’essaye d’ouvrir ton cadenas… »

    Juliette agita l’encombrant trousseau aux yeux de Laëssya…
    C’est possible d’avoir un décompte de mes xp ? :P
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[MJ] Vivenef
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par [MJ] Vivenef »

  • Suite aux paroles de Juliette, Laëssya se calma doucement, alors que l’espoir semblait à nouveau gagner son cœur. Son regard s’enflamma d’une étincelle avide de liberté. Elle frémit, frissonna lorsque l’ancienne mineuse tenta de la réconforter, et finit par accepter l’étreinte. Ses larmes redoublèrent pendant un temps, silencieuses, mais se tarirent rapidement. Elle déglutit une première fois, acquiesça du mieux qu’elle le pouvait de la tête, tentant de paraître plus forte qu’elle ne l’était réellement alors que Juliette lui expliquait qu’elle allait la délivrer. Et lorsque cette dernière exhiba devant elle le trousseau de clefs qu’elle avait trouvé dans la table de nuit d’Adélaïde, le feu qui luisait dans les pupilles de la prisonnière se transforma bientôt en un brasier ardent. Elle ne semblait pas y croire ; sûrement lui avait-on promis la liberté autrefois, mais aucune preuve concrète ne lui avait jamais été apportée.

    «Je… Je ferai tout ce que tu me diras de faire ! »

    Elle se redressa quelque peu, et alors que Juliette essayait plusieurs clefs, raconta l’histoire qui était sienne.

    « Je suis la cadette d’une grande famille, mais, ne pouvant pas hériter des terres de mes parents qui formeront la dot de mon aînée, je fus destinée à être dame d’atours. Afin de recevoir une bonne éducation ancillaire, l’on m’envoya ici pour me former dans un moindre niveau. « Après cela, quand tu auras assez d’expérience, tu iras auprès de la femme du Comte Electeur Wolfram Hertwig, à Bechafen. Dans la capitale de l’Ostermark, tu vivras une vie autrement plus belle que celle que tu as actuellement, ce qui n’est pas peu dire ; tu côtoieras les plus grandes personnalités de la région, et tu trouveras sûrement un plus puissant mari que si jamais tu restais ici. » Tu… Tu parles. Tout ce que j’ai fait, c’est récurer les latrines à mes débuts pour terminer par faire les poussières ou donner le bain à la margrave. Et au bout de deux ans, alors qu’est venu le temps pour moi de rentrer chez moi pour que l’on juge de mon expérience, j’ai… »

    Son silence soudain trahit son désarroi, immédiatement couvert par le bruit du trousseau qui s’agitait dans tous les sens alors que Juliette tentait différentes clefs.

    « Je… Je ne sais pas ! Je dormais tranquillement quand je me suis réveillée en sursaut, en pleine nuit, et Adélaïde et Frédérick étaient là, penchés sur moi ! Et à peine avais-je ouvert les yeux vers eux que je sombrais dans les ténèbres ! Je ne sais même pas pourquoi !! » Sur ces derniers mots, la voix de la prisonnière s’était distordue vers les aigues, muée par une incompréhension totale qui se mêlait à la rage et au désespoir. Sa respiration devint frénétique, rauque, alors que sa mâchoire se serrait tout autant que ses poings, et ses ongles s’enfonçaient douloureusement dans ses paumes. Un courroux soudain qui témoignait de sa complète impuissance, et il lui fallut peu de temps avant qu’elle s’en rendît compte à nouveau. Et elle une fois de plus, elle craqua mentalement alors que son corps se détendait soudainement et que toute motivation l’abandonnait. Arrière du crâne reposant sur le matelas, sans défense, elle avait les yeux ouverts droit devant elle, sur le plafond, et quelques larmes continuèrent de s’écouler doucement.

    Les chaînes étaient bien étranges, et le cadenas tout autant. Il ne s’agissait pas de gros et épais maillons grossiers reliés les uns aux autres comme l’eussent été ceux d’une chaîne à laquelle se suspendait au bout l’ancre d’un bateau, non. Juliette maniait plutôt entre ses mains quelque chose de plus…. subtile, de plus fin, autant par l’épaisseur que par sa qualité.
    Clic ! Enfin le bruit annonciateur d’une liberté tant souhaitée pour la prisonnière se fit entendre alors que l’ancienne mineuse venait de faire sauter le verrou après avoir tourné la bonne clef à l’intérieur. Laëssya avait du mal à y croire, et resta là, allongée quelques secondes avant de se redresser doucement, avec difficulté. Ses membres enfin déliés composaient des mouvements incertains, saccadés, comme s’ils ne s’habituaient pas encore à leur indépendance retrouvée. Depuis combien de temps avait-elle été attachée de la sorte, sans pouvoir se mouvoir ? Depuis combien de temps n’avait-elle pas marché ? Trop longtemps, certainement ; Laëssya s’assit délicatement sur le rebord du matelas après que Juliette lui eût retiré elle-même les chaînes qui la maintenaient encore, et se lever à la force de ses petits bras lui en coûtait beaucoup. Ils avaient tremblé tout du long de l’effort que nécessitait une telle action, mais dans le regard de la jeune femme pouvait s’être lue une nouvelle détermination.

    Assise sur le rebord du lit, Juliette se trouvant en face, Laëssya contempla longuement sa consœur dans une expression de gratitude infinie. Le margrave n’était pas là, pas plus qu’Adélaïde, et, alors qu’elle était à présent délivrée et que les choses se passaient au mieux, rien n’aurait pu entacher cette perspective. Pas même une éventuelle arrivée de la part des maîtres de céans ; pour l’ancienne prisonnière, seuls demeuraient l’émotion et la reconnaissance. Elle tomba dans les bras de Juliette, à nouveau en larme.

    «Merci, merci de ton mon cœur », souffla-t-elle en sanglotant, trempant la robe de la jeune femme.
    La chaîne était véritablement curieuse. Glaciale. Mais Juliette ne l’avait-elle pas lâché depuis un petit bout de temps, déjà ? Quelque chose clochait, elle ne savait pas quoi, mais un sens indicible le lui soufflait. Elle vacilla soudainement, avant de sombrer dans les ténèbres.

    ***

    L’obscurité t’entoure, où que tu puisses poser tes yeux. De temps à autre, cependant, des éclairs illuminent ton regard, et tu aperçois cette étrange pièce dans laquelle tu es rentrée. Le monde tangue et tangue encore, brouillé par un flou opaque. Tout vacille, tout oscille et s’entremêle. Ton esprit semble bien plus léger, également ; plus guilleret. Ce qui t’entoure pourrait être sujet à de bien amusantes plaisanteries, tu en as la certitude, quand bien même tu ne sais pas réellement ce qu’il y a autour de toi. Même cette étrange chaîne qui te semble être le fruit d’un odieux canular te fait éclater de rire. Tu le sais, à présent, tu pourrais y mettre ta main au feu. Elle était en argent.


    ***


    Quelque chose la réveilla.
    Un mal de crâne épouvantable ne cessait de lui fracasser le front à chaque pulsation de son cœur. Une envie de vomir, aussi, la répugnait, lui tiraillant l’estomac. Juliette, allongée, tenta bien de se retourner pour vomir quelque chose, mais il se trouvait qu’elle ne pouvait bouger. Un doux tintement fut audible à ses oreilles, celle d’une chaîne en argent qui lui maintenait les pieds, les mains, et le cou, à l’image de la position dans laquelle s’était retrouvée Laëssya. Et de celle-ci, nulle trace. Et si elle tenta de l’appeler, elle se rendit compte, son esprit venant d’émerger de la brume opaque qui altérait toute tentative de réflexion, qu’elle était à présent bâillonnée.

    Il y avait toutefois une autre présence dans la pièce. Une redoutée, pour sûr. Frédérick se trouvait là, devant elle. L’homme semblait passablement éméché, eu égard à son air quelque peu hagard et à l’étrange mouvement de balancier qui le faisait tanguer d’un pied sur l’autre. Mais s’il avait beau avoir trop bu, il paraissait être sûr de lui quant à sa présence en ces lieux.

    «Salut Laë’… Salut ma belle… »

    Un salut qui avait dû être répété des dizaines de fois, si ce n’était davantage. Une platitude sans expression, sans sentiment, simplement avertissant la malheureuse de ce qui l’attendait. Imbriaque, dans la pénombre de la pièce, il ne se rendait pas compte d’à qui il avait affaire, allongée sur le matelas, et la robe de servante achevait de le fourvoyer. Il s’approcha du bout du matelas et baissa ses chausses. L’alcool avait douché sa vigueur, momentanément, mais l’on ne pouvait que deviner qu’il ne tarderait pas à la retrouver rapidement après quelques attouchements.

    En fin de compte, Frédérick avait eu raison. Adélaïde, en dépit de tout ce qu’elle avait tenté, n’avait rien pu faire pour sauver sa protégée des obscénités de son mari, et la margrave n’était plus dans la maison pour lui venir en aide. Bâillonnée comme elle l’était, Juliette ne pouvait pas même appeler Estelle et Licinia qui devaient bien sagement dormir dans leur chambre respective, et encore moins se défendre. Elle allait connaître les souffrances et la honte qu’avait connues celle qu’elle avait délivrée et qui, comme une vulgaire putains, avait pris la fuite en voyant l’aube survenir à l’horizon, empochant son dû, sa liberté.
    L’homme avait réussi à mettre le grappin sur la jeune femme, comme il l’en avait menacé, mais le plus drôle là-dedans, peut-être, était qu’il ne s’en était même pas rendu compte.

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Juliette Dickens
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par Juliette Dickens »

  • !!!
    C'était étrange. Je ne sentais rien, je ne voyais rien, je ne touchais même rien... Et pourtant j'étais là à flotter dans ces neutres ténèbres, impassibles, qui m'observaient de leur regard aveugle et pourtant omniscient. "Que me voulez-vous ?" avais-je envie de leur hurler. "Qu'avez-vous à me surveiller ? N'avez-vous pas d'autres morts à guetter, à attendre que s'élime la dernière once de volonté ?" Oui, c'était ça... Cette noirceur-là attendait que s'étouffe en moi jusqu'à la dernière étincelle de vie, de désir. Je voulais qu'elles disparaissent. Je me mis à le souhaiter, avec une force proche de la haine. Disparaissez, ombres fantoches, disparaissez dans votre trou de désespoir. Ce n'est pas aujourd'hui que je vous appartiendrai !
    ***


    Quelque chose réveilla Juliette Dickens.
    Un flot d’odeurs âcres et vieillies s’engouffra dans son nez et investit son palais, lui donnant envie de vomir. La jeune servante était allongée sur le dos et elle tenta de se relever. Mais elle ne pouvait pas bouger. Une chaîne entravait ses mouvements sans pour autant meurtrir sa chair. La chaîne en argent ! C’était elle qui l’avait fait sombrer dans l’inconscience… Mais qui avait bien pu l’attacher ici ? Et où était passée Laëssya ?

    Un mouvement dans le fond de la pièce la détourna de ses interrogations. Frédérick se trouvait dans la pièce. Juste devant elle. Juliette commença à se débattre férocement. En vain. La jeune servante fixa son bourreau, une expression profondément agressive gravée sur son visage. Mais quelque chose dans la démarche du margrave lui indiqua qu’il avait un peu trop bu.


    «Salut Laë’… Salut ma belle… »

    Une incrédulité choquée aux relents de peur se fraya peu à peu un passage dans la résolution que Juliette avait décidé d’adopter.

    « A la merci de ces gens, à la merci de... Du margrave. Souvent, il vient, et…et il… »

    Les paroles de Laëssya étaient comme des coups de bélier sur son sang-froid, et le siège de son calme s’effritait sans que Juliette puisse en retenir les morceaux. La camérière se replia dans un silence morose, se remémorant les paroles de Laëssya pour y chercher la moindre faille, la moindre petite branche à laquelle elle pouvait se raccrocher qui ne fut pas pourrie par l’accablement ou le désespoir.

    Avec un rictus désabusé, Juliette jetait un œil lucide sur sa condition. Guère brillante. De loin, elle préférait la mort à ce qui allait se dérouler dans quelques minutes. C’était une néantisation de toute la noblesse potentielle dont disposait chaque femme, qu’elle choisisse d’agir en bien ou en mal. La soumission aux instincts pervers… Une déchéance bien pire, bien plus sale que le prétendu malheur qui était de vieillir pour retourner à la terre.

    Et où pouvait bien être passée cette salope de Laëssya ?! Avait-elle mentie ? Avait-elle jouée avec ses sentiments ? Pourtant elle avait semblé si sincère… Juliette détourna la tête de son bourreau et fondit en larmes. Impuissante. Adélaïde von Mach n’était toujours pas revenue et elle ne pourrait lui venir en aide une seconde fois. Elle ne pouvait même pas appeler Licinia, un bâillon l’en empêchait.

    Laëssya… On n'est jamais plus semblable que lorsqu'on partage le même tourment. Juliette serra les dents et se prépara à subir les sévices du margrave, espérant fortement que Laëssya soit toujours ici pour lui venir en aide…
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Juliette Dickens, Voie de la Belle Mort (Beauté Mortelle)
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[MJ] Vivenef
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par [MJ] Vivenef »

  • Le margrave était certes un bel homme doté d’un charisme certain, qu’importait qu’il vous inspirait de la crainte ou de l’amour, mais son état d’ébriété jetait un voile sur sa personnalité. Et plus encore ainsi, alors qu’il se trouvait dans cette vêture, ses chausses et braies au niveau des chevilles et les vestiges d’une belle et riche tunique à présent tachée de vin sur les épaules. Il se pencha en avant, troussant la robe de Juliette, mais le geste trop brusque et trop hâtif qu’il effectua le plongea vers un déséquilibre que son état ne permettait pas de supporter. Basculant quelque peu en avant, il se rattrapa en grognant aux chevilles de la prisonnière, s’en aidant pour se redresser difficilement et continuer son acte.

    Juliette avait détourné son regard de la scène, les joues à son tour scintillantes, parsemées de larmes de désespoir et de résignation. Le choix d’une attente insurmontable s’était imposé de lui-même à sa pauvre personne, l’attente des coups de butoir et d’une sensation qui n’aurait jamais dû être prodiguée de la sorte. Et le premier coup vint. Le premier râle de Frédérick aussi.

    Juliette ne ressentait rien. Elle était au-delà de ce monde et, en dépit de sa rage, de sa haine, se retrouvait parfaitement impuissante face à ce qu’il se passait et tenter de surmonter du mieux qu’elle le pouvait cette épreuve en séparant son esprit et son corps. L’homme pouvait avoir son corps, mais il n’aurait jamais son âme. Finalement, l’épreuve était bien moins douloureuse que prévue.

    « Qu’est-ce que…. Putains de sale pute ! »

    Pourquoi le margrave grommelait-il ainsi alors qu’il avait ce qu’il voulait ? Juliette ne put s’empêcher de regarder, de jeter un coup d’œil en direction de ce que Frédérick était en train de faire, dût cela lui faire ressentir soudainement toutes les souffrances infligées à son corps. Mais loin de ce que la camérière avait pu croire, son tortionnaire ne l’avait encore jamais touchée ; il se tenait l’arrière du crâne, à moitié plié en deux, et une grimace de douleur lui ravageait la figure. Le râle qu’il avait poussé n’en était pas un de satisfaction, et bien un de douleur, et le coup n’était pas autre que le manche d’un poignard fracassé sur son cuir chevelu. Et il vacilla en pestant, abruti par l’alcool, tentant de se retourner et de faire face à son agresseur, mais ses chausses lui entravèrent le mouvement alors qu’il effectuait un demi-tour. Un nouveau coup l’envoya au sol, inconscient.

    Un regard doté d’un dédain et d’un mépris incommensurable vint écraser le corps gisant au sol. Ce n’était pas celui de Juliette, mais bien celui de Laëssya. Ce n’était pas de la colère, pas de la haine, juste un dégoût sans nom qui s’inscrivit sur ses traits magnifiques. Car si elle avait paru belle la première fois que l’ancienne mineuse l’avait aperçue, elle ne s’était embellie que davantage encore d’une façon qui échappait tout à fait à la spectatrice enchaînée. Elle éclipsait de loin la margrave, et il était facile de comprendre que cette dernière, si soigneuse de sa personne, avait pu éprouver de la jalousie à son encontre. Laëssya avait paru si sensible, si fragile, si minable et plongée dans l’obscurité sur le matelas ; désormais, elle resplendissait d’une telle manière que l’on n’aurait jamais cru qu’elle eût pu paraître aussi chétive et effacée. En dépit d’une taille moyenne, vous eussiez juré qu’il fallait lever la tête pour l’observer évoluer avec une grâce naturelle, projetant dans l’ombre ceux qui auraient eu l’audace de la surpasser.

    Et comme Juliette l’avait fait auparavant, l’ancienne dame d’atours de la margrave vint s’agenouiller aux côtés de la première, la contemplant lentement en silence.

    «Je voulais avoir ma vengeance. » Une platitude déballée sur un ton tellement plat que cela en devenait une évidence des plus limpides. Malgré tout, sa voix aussi avait changé. Pas de voix ravagée par un bâillon trop longtemps porté, pas de tonalité brisé pour avoir trop longtemps hurlé en vain ; cette voix vous enchantait de par sa mélodie, et même la plus violente des insultes passait pour un doux piaillement de rouges-gorges.
    De plus près, Juliette s’aperçut que la jeune femme était légèrement plus vieille qu’elle ; sûrement devait-elle avoir dans les vingt-cinq ans. Si elle avait été d’un blanc blafard, tournant au cireux, sa peau fine et sans défaut scintillait désormais l’opaline et la clarté lunaire.

    «Mais elle n’est pas encore assouvie pleinement. » Et elle adressa un sourire enchanteur à la prisonnière, de petites et délicates fossettes creusant ses joues. Etrange vision que ces deux yeux-là empli de candeur vous annonçant ce qui présageait une atrocité par un si charmant sourire. A ceci près que la bouche de la jeune femme était barbouillée de sang, un aperçu capable de transformer la plus jolie des poupées en un cauchemar abominable hantant le reste de vos nuits.
    Et Frédérick ne saignait pas.

    Dans un geste d’une douceur maternelle, elle rentra sa main dans la manche de sa robe, et épongea délicatement le restant de larmes à présent taries sur les joues de Juliette. L’alliciant sourire ensanglanté, penché au-dessus d’elle, n’en ressortit pas pour autant moins perturbant, même lorsqu’elle replaça avec tendresse les mèches déchevelées de sa consœur servante.
    Elle jeta un coup d’œil à l’homme gisant toujours au sol.

    «Félicitation… Juliette. Car c’est bien ainsi que tu t’appelles, n’est-il pas…. ? Eh bien, officiellement, tu viens d’attaquer ton maître à coups de poignards. Tss-tss, voilà qui est mal, très mal. »
    Et pourtant luisait encore dans ses yeux une douce étincelle amusée et guère plus réprobatrice que ce qu’elle voulait réellement laisser croire. S’emparant du trousseau de clefs de sa victime, elle entreprit d’ouvrir le cadenas. A nouveau, le même petit clic se fit entendre délivrant Juliette. Usant de sa main encore recouverte du tissu de la robe, elle retira les chaînes dans des mouvements qui se révélèrent être bien plus frénétiques que précis ; elle donnait l’impression de vouloir être en contact le moins possible avec le métal, et il s’avéra qu’elle balaya plus les liens de métal que ne les retirait vraiment.
    Quoi qu’il en fût, Juliette se retrouva libre.
    230 xp.

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Juliette Dickens
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Re: [Juliette Dickens] Fuite éperdue et inavouables habitude

Message par Juliette Dickens »

  • Merci :)
    Juliette Dickens ferma les yeux, laissant vagabonder ses pensées loin d'ici, très loin de cette salle hideuse et tourmentée. Les petites ruelles de son village natal s'offrirent à elle. Les silhouettes minces et petites de ses habitants déambulaient ici et là, cernées par des bâtiments faits la plupart du temps en bois et peints en rouge ou en blanc. Les toits se courbaient subtilement, découpant doucement un ciel extrêmement bleu. C'était la fin du printemps, et les arbres se chargeaient encore de leurs trésors. Les pommiers, très répandus dans cette région de l’Ostermark, tapissaient le sol de magnifiques fruits. La jeune servante se souvint de la toute première fois où elle avait cueilli une pomme, mordant dans sa chair avec délices et savourant le jus sucré.
    Des larmes lui envahirent le visage.

    Des doigts, Juliette tentait de chercher une faiblesse sur la chaîne en argent. Elle reporta son attention sur le margrave Frédérick qui venait d’abaisser ses chausses. D'un œil affûté par la certitude que le sens du détail pouvait sauver la mise, l’ancienne mineuse cherchait à repérer une issue pour s’évader. Comprendre les actions d'un geôlier pour mieux deviner sa prochaine action, et éventuellement les défauts de sa réflexion.

    La jeune femme prit le parti de river son regard dans celui du margrave. Elle réprima le frissonnement de sa laideur intérieure... car ce qu’elle put lire au fond de ces yeux, c'était davantage que de l’envie. Il s'agissait d'une convoitise, une convoitise absolue, mesquine et cannibale.
    Au cours de son existence, tout le monde pouvait gagner ou perdre en humanité. Mais là pour violer une jeune fille sans défense, il avait fallu y renoncer. Renoncer à ses droits sur la pitié et la compassion, renoncer à ses droits sur l'amour et le réconfort. L'être qui faisait face à Juliette s'était destiné à l'oubli de l'instant présent.

    Comme attendu et craint, Frédérick von Mach s’approchait inexorablement de sa victime. Ses mains chaudes se pressèrent sur les flancs de Juliette pour y arracher sa robe. La respiration de la jeune fille s’accéléra. Elle détourna son regard de la scène, fermant les yeux, serrant les poings.


    « Qu’est-ce que…. Putains de sale pute ! »

    Juliette Dickens fut surprise et elle ne put s’empêcher d’ouvrir un œil pour observer ce que faisait le margrave. Frédérick se tenait l’arrière du crâne, une grimace de douleur sur le visage. La jeune fille commença à rêver ! Il n’avait pas réussi la première fois, il ne réussirait pas la seconde ! Il y a des prières qui sont entendues, Juliette en avait désormais l’intime conviction.

    Dans un bruit sourd, Frédérick von Mach tomba au sol. Juliette, elle, commença à s’agiter pour se défaire de ses liens. La jeune servante poussa un grand soupir de soulagement en découvrant que Laëssya se trouvait derrière le margrave. Elle était venue à sa rescousse ! L’ancienne favorite de la margrave s’agenouilla auprès de Juliette et commença à lui ôter la chaîne.


    «Je voulais avoir ma vengeance […] Mais elle n’est pas encore assouvie pleinement »

    Une fois dispensée de ses chaînes, Juliette put remarquer que la bouche de Laëssya était barbouillée de sang alors que Frédérick ne saignait pas… L’ancienne servante était-elle partie s’en prendre à Licinia et Estelle ? Un accès de panique prit Juliette à la gorge… Laëssya allait-elle la tuer elle aussi ?

    «Félicitation… Juliette. Car c’est bien ainsi que tu t’appelles, n’est-il pas…. ? Eh bien, officiellement, tu viens d’attaquer ton maître à coups de poignards. Tss-tss, voilà qui est mal, très mal. »

    Laëssya venait de prononcer ces derniers mots sur un ton guère réprobateur. Lorsque la margrave allait apprendre la nouvelle, son courroux s’abattrait sans doute sur Juliette. Pourquoi avait-elle ouverte cette porte fermée à clef ? Il y a quelques heures encore, elle était la favorite d’Adélaïde von Mach et maintenant, elle venait de faire évader sa prisonnière et son mari venait d’être poignardé…

    « Non non non… Je ne veux pas me retrouver encore une fois sans famille ! Qu’avez-vous fait ? Où sont Estelle et Licinia ? D’où vient ce sang qui barbouille votre visage ? Comment tout cela va se terminer… »

    Juliette Dickens était tellement dépassée que son esprit était embrumé. Au lieu de remercier Laëssya, elle était en train de s’en prendre à elle verbalement…
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Juliette Dickens, Voie de la Belle Mort (Beauté Mortelle)
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