[Galfric] « La seule chose pour laquelle les hommes comme nous sont doués... »

Les troupes régulières d'Ostland sont parmi les plus robustes et les plus coriaces de l'Empire, d'où la tête de taureau qu'elles ont adoptée pour emblême. Depuis Wolfenburg, le Comte Valmir von Raukov tient les rennes de cette province du nord.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Galfric] « La seule chose pour laquelle les hommes comme nous sont doués... »

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Parce que la saison était d’automne, Ulric avait décidé de chasser son frère et sa belle-sœur, et alors qu’il ne devait être que six heures passées, il commençait à faire nuit.

Le temps s’était gâté sitôt que les chasseurs de prime avaient quitté le village fantôme. D’abord, avec la lumière mourante, il y avait une fine averse qui commençait à perler sur les visages. Et puis, avec les pas lents et hagards au milieu d’une pénombre grandissante, le vent se mit à souffler très fort, assez pour faire s’agiter les manteaux derrière, et forcer Galfric à garder une main sur son chapeau pour qu’il ne s’envole pas. Ils n’étaient pas partis depuis une demi-heure que, déjà, ils étaient confrontés à l’évidence :
Ils risquaient de dormir en plein air par ce temps-là.

Albrecht ferma les boutons de son gros imperméable. Il se mit à grogner à voix haute, pour se faire entendre au-dessus du sifflement du vent :

« On d’vrait monter la tente maintenant, tant qu’on a encore des forces. Ça sert à rien d’avancer. »

Mais Galfric refusa. Il préféra continuer de marcher, tout droit, sans lumière, en quête d’un abri.

Et donc ils marchèrent.

Les premières vingt minutes étaient agaçantes. Il commençait à faire noir, il faisait froid, les corps étaient tremblotants, mais ça ne changeait pas de la météo habituelle de l’Ostland. Ce pays était un pays avec un temps de merde, pendant une saison de merde ; c’était ainsi.

Mais la nuit sans lune offrit une atmosphère angoissante. Les arbres décharnés ne faisaient que craquer tout le long d’une route où la pluie transformait la terre en boue, avec ses grosses flaques bien collantes aux pattes. La marche au pas cadencé se transforma vite en des petits mouvements hagards et quasi titubants. Les yeux rivés vers le sol, Galfric fut vite incapable d’observer l’horizon. Son cœur se mettait à battre fort, son nez, ses joues et ses oreilles se chauffaient ironiquement à cause du froid, et il devait régulièrement frotter ses mains pourtant gantées pour garder un peu de chaleur.

Les vingt minutes qui suivirent commencèrent à devenir vraiment violentes.

L’eau était entrée dans ses bottes. La douleur de la morsure du chien s’éveillait en serrant la plaie d’une manière lancinante. Le ventre gargouillait, la faim uniquement repue par quelques noix et fruits secs cassés sous les molaires. Pas avoir de campement, ça voulait dire ne pas pouvoir se panser, ne pas pouvoir mélanger de l’eau à son gruau, ça voulait dire ne pas pouvoir fermer l’œil, et continuer d’avancer.

Le pire, c’est que les Impériaux ont peur du noir. Tous les êtres humains ont peur du noir. La nuit est le domaine des sorcières et des morts-vivants, des goules et des monstres qui hantent la forêt. Les trois chasseurs de prime ne cessaient de sursauter au moindre son, tandis que le vent ressemblait parfois à un cri de jeune fille. Une petite brindille éclatait, et voilà qu’on imaginait un cruel homme-bête surgir de nulle part, avec un épieu et une sale tête.
À un moment, Albrecht glissa par terre. Il se releva en geignant et en vociférant une pluie d’insultes à voix basse — la boue était entrée dans ses sacoches.

C’est seulement au bout de presque une heure et demie de marche que Galfric trouva enfin à l’horizon, dans le noir, quelque chose qui pouvait faire office « d’abri ».

Ni une grotte. Ni un terrier. Ni une vieille casemate, ou un chariot abandonné, ou quoi que ce soit d’autre que son esprit embrumé par les rêveries que Mórr pouvait bien imaginer. Aucun endroit où être au sec, au chaud, et repus.

Il avait trouvé un arbre. Un arbre sans feuilles, plus gros et solide que les autres, pas encore coupé ou bouffé par les champignons. Une grosse branche, en particulier, ne s’était pas mise à trembloter sous la tempête. Peut-être qu’on pouvait jeter une bâche là-dessus pour se réfugier en dessous, ce serait au moins réaliser l’économie d’essayer de planter des piquets dans la boue.

Mais est-ce que cette découverte valait le calvaire qu’ils venaient de subir ? Galfric s’était momentanément senti en forme. Poussé dans des retranchements insoupçonnés, il avait cessé de sentir la faim et le froid mordant. Mais en se retournant pour observer ses collègues, il trouvait une Hilda et un Albrecht en mauvais état ; à défaut de pouvoir les voir, car on ne voyait pas grand-chose sans aucune lumière, le Nulner pouvait jurer qu’il les entendait claquer des dents. Et puis, leurs vêtements devaient être autant gorgés de pluie que les siens.

Est-ce que Galfric souhaitait s’arrêter là et se contenter de ce qu’il avait trouvé ? Ou ce n’était pas suffisant pour lui ? Ses comparses, qui avaient été obéissants jusque-là, avaient leur opinion à ce sujet. En particulier le plus bagarreur.

« T’es sérieux ?!
Tout ça pour ça ?!
Putain de merde, tout ça pour une putain de branche d’arbre. »


La voix du baroudeur était étrange. Elle avait commencé avec un ton plein de reproches, aiguisée comme un couteau. Et elle avait fini d’une voix plus calme.
Nerveusement, Albrecht se mit à rire. La situation le faisait marrer.

Hilda, elle, qui n’avait pas pipé un seul mot depuis qu’ils avaient quitté le village, persifla à voix haute, pour se faire clairement comprendre des deux mâles :

« Je pense que ça aurait été bien de pas étrangler Philipp Stark devant sa femme et ses enfants.
On aurait pu dormir sous un toit et manger la soupe qu’il était en train de nous faire.
C’était une tactique secrète de chasseur de prime ? Hm ? »

Vu avec Jodri, la météo qui va maintenant toucher la région :

« Le temps est frais, nuageux et venteux avec de la pluie persistante, et il devrait faire ce temps-là jusqu’à la semaine prochaine au moins.

Tu n’as pas d’équipement qui te permet de fournir de la lumière ou te réchauffer, ça va être tendax.

Vu sur discord : Tu insistes pour ne pas profiter de l’énergie qu’il te reste pour monter une tente, et tu préfères chercher un abri, quel qu’il soit.

Voilà comment on va faire. Vu ta vitesse, toutes les vingt minutes, tu marches un mille. À chaque mille, je roule un jet « de chance », sur un d20, pour voir à peu près la qualité de l’abri que tu trouves (1 = une putain de grotte aménagée au milieu de nulle part. 20 = le terrain plat qui empire comme pas permis). Mais l’abri, tu dois le trouver, dans le noir, il faut donc que non seulement le jet de chance convienne, mais aussi que tu réussisses un jet d’observation avec malus (-2). Le rapport entre le jet de chance et le jet d’observation permettra de voir si tu te rends compte qu’il y a un abri et qu’il sera convenable.

Premier mille :

Jet de chance : 10, pas mal
Jet d’observation (Malus : -2) : 13, échec de 6 pour l’observation

Tu ne vois rien sinon du plat, et des morceaux d’arbres maigrelets et déplumés.

Galfric, Hilda et Albrecht me roulent tous un jet d’endurance :
4, 8, 7 → 3 réussites. Ils grognent mais ils continuent de marcher.

Deuxième mille :

Jet de chance : 1, réussite critique. C’est dans la poche.
Jet d’observation : 20, échec critique. La chance est totalement annulée : Galfric est une taupe absolue. Tu avais un abri parfait, un putain d’endroit génial, et tu ne vois rien.

Nouveau jet d’endurance pour tout le monde, cette fois-ci à -2 (Faim et épuisement)
12, 5, 14.
Hilda tient bon. Galfric et Albrecht souffrent tous les deux de la météo.

Troisième mille :

Jet de chance : 11, moyen
Jet d’observation (Malus : -4) : 18. échec de 13 pour l’observation. Toujours rien.

Nouveau jet d’endurance pour tout le monde, cette fois à -3 pour les garçons et toujours -2 pour la fille :
1, 7, 3 → Que des réussites, dont une critique de Galfric. Galfric a un gros boost d’adrénaline et annulera ses malus de fatigue pour le prochain mille uniquement.

Quatrième mille :

Jet de chance : 15, nul.
Jet d’observation (Malus : -2) : 1, réussite critique. Au moins tu le vois.

Tu découvres un « abri ». En réalité, c’est juste un arbre avec des branches sans feuilles. Tu peux jeter la tente au-dessus de la-dite branche comme une bâche, pour au moins te couvrir de la pluie.
En réalité, tu viens de perdre 1h20 à marcher dans le froid et le vent pour que dalle, et si tu avais décidé de juste planter des piquets et vous recroqueviller dès que vous aviez quitté le village, ça serait revenu au même.

Tu peux choisir de t’obstiner et continuer, ou bien te contenter de ça.
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