Un bon mercenaire se bat pour l'or et évite les causes perdues, mais doit être assez audacieux pour savoir saisir les opportunités. Bonne chance mon garçon, et qu'Ulric et Sigmar veillent sur toi en ces temps sombres.
Le jeune homme avait alors emporté toutes ses possessions, fait ses au-revoir à ses proches, puis avait marché, marché, marché des jours durant, suivant l'itinéraire que lui avait donné le borgne à la lettre, sans jamais quitter les grandes routes, ce qui avait eu le mérite de l'endurcir tout en lui faisant éviter la plupart des dangers. Il y avait bien eu cette bande de détrousseurs, non loin de Middenheim, qui l'avait forcé à se cacher le temps qu'ils passent, aux abois d'une proie facile, mais cette rencontre s'était soldée sans aucun problème et lui avait appris la prudence, lui qui en tant que pauvre paysan était peu habitué aux routes dangereuses de l'Empire. Et c'est ainsi qu'il se retrouvait à marcher seul sur ce chemin de terre que la pluie transformait en boue qui collait aux bottes et au moral, jusqu'à ce que des bruits de voix humaines le tirent de sa torpeur.
La nuit n'allait pas tarder à tomber d'après la position du soleil, fortement voilé, dans le ciel, mais heureusement pour lui Eryorik n'allait pas dormir seul dans la forêt, l'obscurité, le froid et l'humidité car sa délivrance n'était plus très loin. En effet ce qui semblait être une lumière reflétée par la pluie se propageait de son côté, accompagnée par des éclats de voix, annonce claire si il en était qu'il arrivait à la civilisation. Son premier village en Ostland depuis le château sinistre qu'il avait contourné la veille, un havre de paix dans la tourmente, et avec un peu de chance un lieu où il trouverait du travail. C'est donc avec soulagement que le futur mercenaire se rapprocha de la lumière, jusqu'à avoir face à lui une grande palissade de bois surmontée d'une tour de guet d'où provenait la lumière, les nuages s'ouvrant au même moment, laissant filtrer une éclaircie qui permit au jeune homme d'avoir une meilleure vue.
Juste devant lui se trouvait tout un groupe de personnes, sûrement des voyageurs comme lui en vue de leurs vêtements rustiques et de mauvaise facture, qui attendait devant la barricade que les gardes qui étaient au sommet daignent leur ouvrir. Eryorik se plaça donc juste derrière le groupe en se faisant discret comme à son habitude, et commença à attendre, le temps passant sans que les éclats de voix à l'avant du groupe ne diminuent, toutefois trop brouillons pour que le jeune homme y comprenne quelque chose sans se rapprocher, jusqu'à ce que devant lui une femme ayant la quarantaine, le visage et les mains burinés par le poids des ans, se retourne et lui lance, en le jaugeant des pieds à la tête :
Tiens donc, v'là un aut gars. T'es bien humain dis ? Parce qu'avec toutes les choses qui traînent dans l'coin... M'enfin, je sais pô c'qui s'passe devant, j'espère juste qu'les auts troufions ils vont ouvrir bientôt, parce qu'on s'caille les miches ici. Dis, le p'tiot, maint'nant qu't'es là, tu voudrais pas y j'ter un coup d’œil et rev'nir fissa m'raconter ? J'ai pu la force de jouer des coudes après avoir tant joué d'la jambe.
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