[Geralt] Le massacre de Rossin

Les troupes régulières d'Ostland sont parmi les plus robustes et les plus coriaces de l'Empire, d'où la tête de taureau qu'elles ont adoptée pour emblême. Depuis Wolfenburg, le Comte Valmir von Raukov tient les rennes de cette province du nord.

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[MJ] Le Grand Duc
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[Geralt] Le massacre de Rossin

Message par [MJ] Le Grand Duc »

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Ce qu'il restait du groupe de chasse de l'Ordre de la Couvée du Corbeau avait reprit la route qui longeait désormais les rivages de la Mer des Griffes. Ces chasseurs de vampire d'élite quittaient les forêts de pins du Nordland pour pénétrer dans la province dévastée de l'Ostland, où les hameaux miséreux succédaient aux ruines et aux bois lugubres. Avant de partir, Massimo Garibaldi avait confié à Geralt une bourse rebondie dans laquelle se trouvaient les ressources financières de l'expédition : une belle poignée de gemmes colorées dont chacune valait à elle seule plusieurs karls d'or, c'est à dire suffisamment pour subvenir aux besoins modestes de ces austères templiers. Une mince partie de ce trésor servit à régler le gîte et le couvert dans les villages et les auberges fortifiées dans lesquels la troupe s'arrêtait chemin faisant. C'est dans un bourg un peu plus important que les autres que le Padre Giovanni fit l'acquisition d'onguents ou de remèdes auprès d'un apothicaire, afin de soigner ceux que la bataille du relais de la Botte de Mattheus n'avait pas épargnés.

C'était une troupe lugubre qui avançait vers Rossin, et les paysans et bûcherons que les templiers croisaient en bordure du chemin évitaient leur regard. Habits et armures noirs, montures de la même couleur, mines fermées et regards inquisiteurs : les chasseurs semblaient être les serviteurs de la Mort elle-même, venus châtier ceux qui osaient défier leur maîtresse. Tous étaient silencieux, plongés dans quelque sombres pensées ou observant attentivement les alentours. Et lorsque venait le soir et que les Corbeaux faisaient halte dans quelque relais de coche ou dans une auberge destinée aux voyageurs, le souper se faisant en silence après une courte prière, et chacun vaquait à ses occupations. Carmen, la princesse de Bilbali, fuyait autant que faire se peut la présence de Geralt, tandis que seul Julan, le chevalier de l'Ours Noir, profitait de ces rares instants pour se détendre et boire une pinte d'ale devant l'âtre, regrettant peut-être d'avoir échangé ses compagnons boute-en-train contre de sinistres mórriens. Quant au Padre Giovanni, il vint trouver le Loup Blanc au lendemain du départ de la Botte de Mattheus, tenant dans ses mains un gros ouvrage à la couverture de cuir noir.


- "Voici le Grand Bréviaire du Veilleur." dit-il de sa voix caverneuse en tendant le livre à Geralt. "Il a été rédigé en reikspiel par le frère-copiste Felini, à Nuln, et les enluminures qu'il contient sont de véritables oeuvres d'art. Mais plus important encore est le message qu'il renferme. Tu trouveras dedans l'intégralité du Livre des Portes, ainsi que les Psaumes du Corbeau." dit-il en fixant Geralt. Son regard était dur et froid comme l'acier, à moitié caché sous sa tignasse brune.

Une telle coiffure était étrange pour un prêtre, mais l'escadron de la Couvée des Corbeaux ne regroupait-il pas certains des plus excentriques fidèles du Grand Veilleur ? Du reste, le frère-questeur était rasé de près, et il croisait les mains dans les grandes manches de sa robe de bure noire, tandis que son collier de chaînes d'argent cliquetait contre la cotte de maille qu'il cachait en dessous.

- "Apprends ces paroles saintes. Médite sur le sens des mots qui sont couchés là. Accorde ton esprit tout entier à la prière et à la réflexion. Ce n'est que par l'exercice de l'esprit que tu sauras trouver la droiture et la sincérité. Tu es peut-être le vaisseau choisit par notre Père pour mener à bien cette mission sacrée, mais tu dois encore apprendre à gonfler les voiles de ta foi si tu veux arriver au bout de ta quête. Deviens le serviteur de Celui qui garde le troupeau des âmes. Sans conditions, ni limites."




Le bourg de Rossin n'était qu'à une journée de cheval et les Corbeaux avaient prévu d'arriver avant la nuit. Les templiers passaient au pas près d'un énième village en ruine lorsque le frère-questeur demanda une pause. Sans en expliquer la raison, il fit signe à Geralt de le suivre et mit pied à terre tandis que les autres membres de la troupe faisaient de même et en profitaient pour se restaurer au pied d'un vieux chêne sans feuilles.

Le prêtre guida le Loup Blanc entre les fondations calcinées et les toits effondrés que dévoraient le lierre et les orties. Ils étaient ici à l'orée de la Forêt des Ombres, vaste étendue ténébreuse qui recouvrait presque entièrement la province. Les ronces poussaient partout, et les branches des arbres étaient tordues sur elles-mêmes comme d'horribles doigts crochus. Les stigmates de la Tempête du Chaos ne s'effaçaient pas si facilement.


- "Ce village s'appelait autrefois Saint-Démar, du nom d'un de nos frères du passé." dit Giovanni en avançant parmi les vieilles pierres. "Frère Démar était un prêtre itinérant et ses pas le portèrent ici à une époque où une terrible épidémie frappait la région. Le village, abandonné par ses habitants, servait alors de repère à une meute de bandits aux mœurs hérétiques. Les malandrins capturèrent Frère Démar et l'enfermèrent dans une maison vide. Mais bientôt, la maladie les frappa aussi, et ils moururent les uns après les autres, si bien qu'il ne restait bientôt plus âme qui vive aux alentours, sinon Frère Démar qui était encore enfermé."

Giovanni arriva à l'autre bout des ruines et passa sous un porche en pierre qui tenait miraculeusement debout, à l'entrée d'un vaste rectangle ouvert sur le ciel qui devait avoir été, un jour, une église.

- "Pendant deux semaines, sans boire ni manger, le pauvre Démar frotta ses liens contre le bord d'un écuelle en bois posée sur le sol à côté de lui. C'est à force de persévérance, et tout en priant le Veilleur sans jamais abandonner, qu'il réussi à se défaire de ses entraves. Que fit-il alors ? Il trouva une pelle, et une pioche, et creusa des tombes dans le cimetière du village. Il creusa nuit et jour, puis enterra les brigands qui l'avaient condamné et récita, pour chacun, l'oraison funèbre. Enfin, il tomba de fatigue et mourut ainsi."

Le prêtre tiléen s'agenouilla alors à même le sol, devant un autel fendu à moitié couvert par la mousse et dans l'angle duquel poussait une grosse fougère.

- "Pour son coeur pur, il fut rappelé par Mórr en personne. Il devint une Âme Vénérée, un saint pour tous, et les villageois revinrent habiter le village une fois l'épidémie terminée. Guidés par leurs rêves, ils élevèrent une chapelle en l'honneur de Saint-Démar. Maintenant joins tes mains et prie, Geralt. Prie pour que la pureté du cœur de Saint-Démar inspire le tien."

Et le padre ferma une main sur son poing, baissa le menton sur sa large poitrine et pria à voix basse, d’abord en langue classique puis en reikspiel.

- "O Très bon Père,
par l'agonie de votre Cœur sacré
et par les souffrances de fidèles prosternés,
je vous supplie,
dans votre amour pour les âmes,
de purifier dans votre sang les pécheurs du monde entier qui,
en ce moment,
sont à l'agonie et qui doivent mourir aujourd'hui."

Ils prièrent ainsi et se recueillirent longtemps, jusqu'à se lever enfin. Giovanni s'assit alors sur l'une des grosses pierres de taille qui se trouvait avant dans le mur de la chapelle, et pinça les lèvres en regardant Geralt. Ils n'étaient que tous les deux, les autres ne pouvaient les entendre ni les voir.

- "Il est temps pour toi de te confesser, Loup Blanc. Dans ce carré de terre qui fut autrefois bénit, tu dois déclarer tes péchés et faire acte de pénitence. Que tes paroles sincères soient le premier pas vers la rédemption."


- 5 pollen de sirène
+ 10 points de vie.
N'oublie pas que tu es encore blessé.
J'ajoute le livre de prière et la bourse dans ton inventaire.
Tu peux désormais apprendre les prières mineures du domaine de Mórr.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Geralt
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Re: [Geralt] Le massacre de Rossin

Message par Geralt »

Le petit groupe reprit la route à dos de monture en même temps que les premières lueurs du jour, laissant derrière eux les froides terres de Nordland, non sans que Geralt ne jette un dernier cou d'œil par dessus son épaule, une pointe de nostalgie s'emparant de lui : C'était ici, dans cette contrée au sein du village Bielen, qu'il avait fait la rencontre du maître vampire Agabius pour la première fois… Et c'était également ici, des années plus tard, qu'il avait voyagé en compagnie de Rebecca et des papillons et ainsi devenir la cause de leur chute… Cette endroit était pour lui synonyme de bien des malheurs mais également le point de départ de bien des aventures. Était ce ici un nouveau signe de la destinée ?

Désormais, le Ostland et ces ruines s'offraient à leur yeux, cette contrée gravement touché par la dernière tempête du chaos, ressemblait à s'y méprendre à un immense cimetière où à travers ce paysage triste et sombre, se mouvait sans but quelques âmes errantes à la recherche du repos éternel tant espéré.
Désormais seul leader du petit groupuscule de chasseurs de vampire, il s'était vu remettre par Massimo, une bourse servant à couvrir les frais de leur entreprise. Si une majeur partie servi à payer le gîte et le couvert des différents relais et autres auberges qu'ils pouvaient croiser sur leur itinéraire, la sommes assez conséquente saurait sans l'ombre d'un doute leur servir pour se ravitailler en temps voulu une fois arrivé à Rossin.

Lorsqu'ils faisaient halte pour la nuit, le petit groupe n'échangeait en général que très peu, c'était ici un trait de caractère des serviteurs de Morr, qui avait bien souvent le visage fermé, ce genre d'ambiance au sein d'un groupe était une nouveauté pour l'ancien membre de l'Ordre de l'Ours Noir nommé Julan qui, à la mine maussade qu'il affichait, commença à regretter le temps où il se livrait à quelques beuveries et autres festivités avec ces anciens compagnons chevaliers. Heureusement, si le reste des membres de la couvée du corbeau n'étaient nullement des compagnons agréables, il pouvait encore passer le temps en s'envoyant quelques verres de liqueurs et autres alcools en tout genre pour passer quelques moments de détentes après cette longue traversée dans le Ostland.
De son coté le Loup blanc familier à ce genre d'ambiance du temps où il faisait équipe avec d'autres chevaliers corbeaux, s'isolait bien souvent de son coté, arborant le sombre masque qu'il s'était fait forgé dans le relais où il avait quitté Massimo, dans le but de cacher son horrible mutation des regards un peu trop indiscret des bucherons et autres marchands ambulants qu'ils leur arrivaient de croiser de temps à autre.
Perdu dans ses pensées, il ne lui arrivait que de temps en temps de lever le regard en direction de la princesse Carmen, qui depuis leur départ, fuyait le chasseur de monstre comme la peste. Pouvait il seulement lui en vouloir ? Absolument pas, elle qui était un symbole de beauté et de pureté tandis que Geralt dépérissait un peu plus chaque jour, les effets du pollen de Sirène se montrant toujours plus violent, alors que le teint de sa peau se faisait de plus en plus pâle et que ses joues se creusaient sous la fatigue. Symbole de faiblesse et de corruption, le sacrifice de la destinée de Massimo à son égard ne pouvait tout pardonner…
Bien souvent, une fois la nuit tombée, le chevalier déchu se rendait à l'extérieur dans le but de se livrer à quelques entrainements bien particuliers. Si maîtriser le coté martial de l'épée Del'ait était une chose aisé tant cette arme sainte était de parfaite manufacture, c'était le pouvoir qu'elle savait offrit qui échappait encore au contrôle du chasseur de monstre.
Giovanni le lui avait expliqué avec ces mots : Le pouvoir de Morr ne résidait nullement dans l'objet en lui même, l'épée n'étant que le réceptacle, c'était à Geralt de trouver quel pouvoir il souhaitait lui insuffler : La foi… C'était dans la foi dans le Grand Veilleur et dans sa propre force, qu'il saurait ou chercher des réponses.
Le corps et l'esprit ne devaient faire qu'un, et c'était à un bien étrange exercice que se livrait chaque soir Geralt : Il restait là droit comme un pique, tenant la lame cadeau de Massimo entre ses deux mains, en pointant l'extrémité vers une direction quelconque. La tenant à bout de bras, ses muscles étant en tension constante pour en supporter le poids, il restait pour autant totalement immobile alors qu'au fur et à mesure des minutes et des heures, on pouvait le voir suer à grandes gouttes.
Certains soirs, il restait ainsi un long moment sans que rien ne se passe tandis que d'autres, il ouvrait subitement les yeux à un moment donné, Del'ait s'embrasant soudainement de flammes pures et blanches : effet qui ne durait que quelques secondes tout au plus, les flammes pas assez puissantes pour tenir dans la durée, ou au contraire trop fortes pour qu'il ne puisse les maitriser, l'obligeant à lâcher l'épée au risque de se blesser.

Un échec de plus… Ce fameux pouvoir que Morr avait placé en lui et dont la maîtrise lui échappait totalement… En général en ces heures tardives on ne pouvait qu'entendre le loup blanc grogner de frustration et de rage, tandis qu'il regagnait sa couche en se disant que demain … Il essayerait à nouveau…

Un soir, le frère questeur Giovanni vint à sa rencontre pour lui offrir un livre, dont la couverture ne lui était nullement inconnu, les lectures de celui ci ayant bercé l'enfance du parjure du temps où il n'était qu'un jeune initié entre les mains de maître Dietrich à Siegfriedhof : le Grand Bréviaire du Veilleur.
Un ouvrage ancien contenant les préceptes du Saint Père ainsi que les différents psaumes du corbeau… Voila bien longtemps qu'il n'avait osé en parcourir à nouveau les pages…
Le père Giovanni dont les mots raisonnaient à travers Geralt alors que son regard sondait sans cesse l'âme du chevalier déchu, lui ordonna de parcourir les pages de ce livre pour peut être y voir des réponses susceptibles d'éclaircir les nombreux doutes le tiraillant sans cesse. Revenir du Val gris pour réintégrer le royaume des vivants n'avait été que la première étape d'une longue ascension, les maux du loup blanc l'habitant toujours, sa foi retrouvé dans le Grand Veilleur était comme une flamme : Fragile et se devant d'être entretenu pour ne pas disparaître totalement tandis que l'obscurité émanait toujours de sa personne.
Acquiesçant aux propos du représentant de Morr, le Loup blanc ne put que le remercier d'un signe de tête, tandis que désormais, en plus de ses entrainements à la méditation, il se livrait maintenant à de longues heures de lecture du livre de Morr.




******



Désormais plus qu'a un jour de chevauchée de Rossin, dernier lieu où semble il avait été aperçu Lucretia et Karla, le petit groupe de serviteur de Morr, accélérant l'allure pour espérer arriver avant la tombée de la nuit alors qu'ils n'avaient plus croisé âme qui vive à travers les différents hameaux en ruine jonchant leur route, firent halte à un moment donné sous les ordres du père Giovanni. L'homme d'église posant pied à terre, intima alors au loup blanc de le suivre seul, chose qu'il fit sans poser la moindre question, son nouveau précepteur étant, comme le fut Dietrich autrefois dans l'art de l'épée, celui qui saurait aiguiser son esprit et développer sa foi dans le Saint père.

A travers les ruines de fondations détruites et où la végétation avait semble il reprit ces droits, preuve qu'aucun passage humain n'avait eu lieu depuis au moins des années voir des décennies, le chasseur de monstre fut guidé par le prêtre, tout en lui comptant l'histoire de cet endroit, portant les stigmates de la guerre contre les puissances de la ruine.
Le village de Saint-Démar, nom donné en hommage à un prêtre ayant arpenté ces terres par le passé, et dont l'histoire était aussi intrigante que poussant à la réflexion : Le frère Démar avait été un prêtre itinérant dont les pas l'avait guidé vers ce village en majeur partie abandonné des siens car touché par la maladie… Désormais annexé par quelques bandits, le prêtre fut enlevé et séquestré par ces hommes, mais ceux ci imbu d'eux même et refusant de voir le danger qui guettait, périrent peu à peu de l'épidémie s'étant répandu dans la région, laissant le prêtre seul dans sa cage, condamné à mourir de faim…
Pourtant le serviteur de Morr, comme habité d'une mission divine, se refusa à mourir, n'entendant pas encore l'appel du royaume de Morr, il usa de sa foi pour tenter de défaire ces liens jusqu'à l'épuisement, non sans jamais oublié de continuer à prier…
Lorsqu'il parvint enfin à s'échapper de l'endroit où il fut retenu, plutôt que de fuir et ainsi trouver de l'aide, il s'empara d'une pelle, et offrit les sacrements et le repos éternels aux bandits qui pourtant… L'avait malmené et martyrisé… Fatigué et épuisé, Démar s'écroula alors sourire aux lèvres, laissant Morr guidé son âme vers son royaume… Pour l'éternité.
Ecoutant ceci… Geralt resta silencieux. Voila un bien étrange comportement. Pourquoi le frère Démar avait il décidé d'offrir sa vie pour des ordures et des hommes responsable de son malheur et de chute. Deux semaines à se battre seul pour sa liberté, pour finir par mourir pour des hommes ne méritant nul pardon… Était cela la marque de la vrai foi ? Le désintéressement total envers sa propre personne pour offrir sa vie et son existence aux autres ?

Le Loup blanc fut troublé par pareil anecdote mais continua à suivre le prêtre Giovanni sans prononcer un mot.

Passant un porche de pierre pour se retrouver devant ce qui ressemblait à un autel en ruine, une sensation étrange et nouvelle s'empara de Geralt une fois ses pas ayant foulé l'endroit saint. Cette chaleur dans le creux de son ventre, cette force invisible parcourant sa peau à lui en donner des frissons.
Le père Giovanni posant ses genoux au sol, le loup blanc fit de même à ces cotés, récitant alors les mots qu'étaient ceux du père Giovanni, priant ensemble pour que la pureté du cœur de Frère Démar inspire celui de Geralt.


"O Très bon Père,
par l'agonie de votre Cœur sacré
et par les souffrances de fidèles prosternés,
je vous supplie,
dans votre amour pour les âmes,
de purifier dans votre sang les pécheurs du monde entier qui,
en ce moment,
sont à l'agonie et qui doivent mourir aujourd'hui."


Ils restèrent ainsi de longues minutes, peut être même des heures, Geralt ne pouvait le savoir, lui qui gardant son œil valide fermé cherchait à vider son esprit de toutes pensées obscurs, la prière de Giovanni raisonnant à travers son esprit, jusqu'au moment où… Il cru entendre quelques bruits, au début incompréhensibles, puis de plus en plus audibles : Le crépitement des flammes, les cris de détresse d'hommes et de femmes, un nourrisson pleurant la mort de sa mère… N'ouvrant pour autant toujours pas les yeux, le loup blanc voyait pourtant clairement : Revivant comme si il y était la chute de ce village au moment de la tempête du chaos… Des malheureux innocents, suppliant qu'on leur vienne en aide, alors qu'un massacre avait lieu… Sans qu'il ne puisse se contrôler, des larmes s'échappaient maintenant de son œil droit, symbole de la colère et de la tristesse des âmes des défunts arpentant encore ce village et s'engouffrant en lui.
Soudain, une voix dont le ton ne cessait de changer, passant de homme à femme ou encore enfant, s'adressa à lui :


*Horrible... Marqué par le chaos… Parjure tu n'as rien à faire en ce lieu alors que les vils suppôts de la ruine nous ont massacré !*Dit la voix avec rage et tristesse.

*Je... Je ne suis pas l'un d'eux… Je suis là pour… Je viens prier pour vous et…* Mais il ne put terminer de s'expliquer, que la voix raisonna plus fort encore pour prendre le dessus sur le chevalier déchu.
*Il est marqué… Traitre… ou pas… Qui est il ? Qui est celui qui se tient devant nous ? Le loup blanc ? Geralt ? Un pied dans le royaume des vivants et un autre dans celui des morts… Le chasseur de monstre… Nous aurais tu aidé si tu avais été là ? Ou bien… Nous aurais tu laissé tomber comme tu l'as fais … Pour Morr ? Pour l'Empire ? Pour tes frères et tes sœurs de l'Ordre ? Tes amis ? Ou bien pour elle… Pour Karla…
Oui… Tu nous aurais laissé tomber toi aussi ! Pourquoi mérites tu de vivre parjure alors que nous sommes morts !!!!*


Soudainement il sentit des mains l'agrippées, une odeur de putréfaction lui remplissant les narines alors qu'il avait l'horrible sensation de sentir la chair en décomposition touché sa peau, les âmes n'ayant pu trouver le repos en ce village cherchant à l'entrainer avec eux.
Pour autant, Geralt se refusa d'ouvrir les yeux, il ne devait le faire, au risque de se voir entrainer dans les limbes d'où il ne pourrait jamais sortir.
Dans pareil situation, les armes et la force n'étaient pas les solutions, seul la puissance de la foi saurait le ramener et repousser ces âmes maudissant son nom, c'est alors qu'il entama une prière, tiré du Grand Bréviaire du Veilleur.


*Du royaume des vivants je crie vers toi, ô Saint Père.
Morr, écoute mon appel !
Que ton oreille se fasse attentive au cri de ma prière.
Si tu ne retiens que les fautes,
ô Saint père qui subsistera ?
Mais près de Toi se trouve le pardon
pour que l'homme te craigne.
J'espère le Veilleur de toute mon âme;
je l'espère, et j'attends sa parole.
Ces âmes attendent ton appel,
Rédempteur de tous tes fidèles,
accorde aux âmes des défunts
le pardon de tous leurs péchés,
pour qu'à l'aide de ma prières,
ils obtiennent ce pardon qu'ils ont toujours désiré.*


Il répéta ces mots de nombreuses fois, jusqu'à ce qu'un nouveau silence s'installe et que petit à petit les mains qui s'agrippaient encore à lui, ne disparaissent, ouvrant les yeux pour comprendre ce qui venait d'arriver, la température des lieux avaient drastiquement baissé, pourtant en milieu de journée, le loup blanc avait l'impression de se trouver désormais aux horaires du petit matin, l'humidité et le froid ambiant étant maintenant seul maître ici, de la buée s'échappait de la bouche de Geralt à chaque nouvelle expiration désormais. Ce phénomène étrange n'était de fait en rien naturel, mais venait bel et bien du chasseur de monstre, une sensation étrange le parcourant encore, la même qu'il avait ressenti lorsqu'il s'était emparé pour la première fois de Del'ait… Était ce cela le pouvoir de la foi ?
Cherchant du regard le père Giovanni, celui ci était maintenant levé, posté sur une dalle de pierre, il observa l'homme aux cheveux blanc le regard sévère, tandis qu'au moment de se redresser, Geralt fut prit de nausée, vomissant son dernier repas au sol, suite aux évènements qu'il venait de vivre.


"Il... Il ont tous été massacré… Certains sont en colères et si tristes… Les habitants de ce village. La marque de la ruine est toujours sur moi et…" Mais était ce nécessaire de s'expliquer ? La venue en ce lieu avec le père Giovanni n'était elle pas une sorte de test ? Cherchant à lui montrer qu'elle était la sensation devant l'habité pour user du pouvoir de Morr ? En situation de danger et de stress, il avait su faire le vide dans son esprit, là où il en était incapable quand il cherchait à maitriser ce pouvoir par la seul force de sa volonté. Voila qu'elle était la leçon à retenir : Les dons de Morr étaient des cadeaux, non pas quelque chose qui était dû. La ferveur dans le Grand Veilleur était la clé d'un grand pouvoir, mais dont on devait user avec réflexion car… Voir et communiquer avec les morts était à la fois un privilège et une malédiction, et les non initiés qui s'y risquaient sans réserve en payait bien souvent le prix fort.

Ne cherchant nullement à débattre de ce qu'il venait d'arriver, le père Giovanni pensant que le loup blanc devait se faire sa propre opinion sur la relation qu'il saurait et pouvait avoir avec les défunts, il intima à son élève de désormais se confesser, et quel endroit mieux que celui ci : Ou se mélangeait bénédiction et malheur pour un homme au passif emplit de noirceur mais aussi de moments de lumière comme le Loup blanc.
Se remettant à genou devant le père Giovanni, plongé dans sa réflexion car ne sachant par où commencer, Geralt se décida enfin à se confesser, premier pas vers une possible rédemption.


"J'ai fais beaucoup de mal… La recherche de pouvoir m'ayant écarté de la route de notre Saint Père. Les vampires… Le chaos… Ont su s'emparer de mes faiblesses me poussant à devenir une honte pour mes frères d'armes, et une déception pour mes amis ou tout ceux qui ont pu un jour croire en moi.
Là où je tuais des ordures et des criminels, ce n'était nullement par sentiment de devoir ou de justice… Non… C'était tout simplement par rage et par colère… Héros pour certains, je ne suis qu'un homme laissant derrière lui chagrin et marre de sang pour ceux croisant ma route.
Pensant me battre pour autrui, j'ai abandonné des braves pour survivre, justifiant des sacrifices pour le bien commun alors que j'aurais pu choisir une autre voix.
Me laissant aller à mes plus bas instincts, j'ai laissé mon corps sombrer dans la dépendance aux drogues et aux femmes, dans le simple but de me soulager du chagrin de mes propres échecs…
Haïssant ma vie, j'ai bafouer le nom de Morr, le défiant en m'abandonnant aux puissances de la ruine, tout en attendant de me voir mourir, sans pour autant avoir un jour le courage de me suicider…

Je suis un lâche… Et le surnom de parjure me semble bien doux quand je regarde mon parcours…"


Puis réalisant quelque chose, il leva le regard vers le Père Giovanni, les deux hommes se scrutant l'un l'autre.

"Mais mon pire crime… Est celui d'avoir un jour aimé…

L'amour que j'avais pour Ombre, la lame noir a brouillé ma vision de l'Ordre mais… c'est ma rencontre avec la descendant De Soya qui a tout changé… Le monde s'offrait à moi alors que je n'en connaissais ni les mœurs ni les coutumes, mes relations se limitant aux frères de l'Ordre, elle fut la première personne de l'extérieur, avec qui j'ose le dire… J'ai crée un lien.

Défendre les vivants, être l'épée dans l'obscurité… Ces mots tirés de nos préceptes je les connaissais par cœur mais… c'est avec Karla que j'en ai pris la pleine mesure… Une jeune adolescente, louant mes services pour tenter de sauver ceux qui étaient sa famille… Les bienfaiteurs, un groupe de voleur aux grands cœurs… Moi qui avait toujours été seul, je n'ai toujours eu que pour figure paternel Dietrich. Mais parmi ces gens… Bordel…

Je ne connaissais que trop bien cette règle : L'Ordre exécute la mission et ne prends pas parti, cela sert à notre survie et pourtant… J'ai choisi de prendre le risque de suivre les revendications d'une gamine aux cheveux rouges, oubliant tout ce que j'ai appris, je me suis même livré à une bande de brigand de la pègre dans le simple but de sauver la vie d'un des Bienfaiteurs… Moi qui avait été forgé dans l'art du combat, apprendre à vivre sans émotion, pour obéir de façon rationnel… Des années de formations, réduit à néant pour les doux yeux d'une adolescente que je pensais encore il y a peu être originaire des rues d'Altdorf…

Quelques jours… Simplement quelques jours qui auront guidé toute ma vie. Sans cette rencontre, sans l'ombre d'un doute aurais je accompli la destinée qui m'était dû, vaincre la non vie sans jamais me retourner, ne pas voir qui s'écroulait à mes cotés car après tout les chasseurs de vampires le savent : Notre mission ne s'arrête qu'après que nous tombions contre plus fort que nous…
Tel un enfant plein de naïveté, j'ai alors pensé qu'aucune perte ne justifiait la réussite d'une mission, je me suis attaché aux autres, pensant pouvoir tous les protéger par ma seul force mais j'avais tort… J'ai perdu tout ceux que j'aimais, au point que la vie m'a laissé un goût amer.

Le désespoir étant mon fardeau, et la mort ma libération…

Pensant pouvoir revenir en arrière, j'ai cru qu'il me suffisait de redevenir un homme froid et impitoyable pour ne plus jamais avoir à souffrir mais j'avais tort… L'amour est un doux poison dont personne ne peut se dispenser une fois qu'il y a gouté.

Et alors… Faisant la promesse de faire de Karla une chasseuse de vampire… Pour la renier ensuite dans l'espoir de la protéger des terreurs de se monde, j'ai lié son destin au mien : Tout doit finir là ou tout à commencer… Et ma route m'a ramener ici, au milieu d'une guerre que j'ai pensé n'être plus la mienne, à la recherche d'un fantôme du passé."


Il se releva alors, se tenant droit devant le prêtre, avant de dire d'une voix déterminé.

"Les visions et les prophéties de Morr sont bien souvent pleines de mystères, nous écoutons ces commandements, sans pour autant devoir les interpréter et pourtant…

Moi qui ai tué et bafoué tout ce que l'Ordre représente… Notre Saint père est prêt à m'offrir sa miséricorde, telle chose serait impossible pour des serviteurs de la non vie ?
Après tout que savons de l'histoire de la Baronne ? Ou même de Dohkara ? Quel soit vampire ou chaotique ? Nous chassons des monstres dont le principal crime est d'avoir bafoué la mort elle même mais… Agabius… Le maître vampire responsable de bien de mes maux, ne s'en ai prit à notre Ordre que pour une raison : Pour venger le meurtre de sa famille par un chasseur de vampire… Une vengeance par amour… Un sentiment bien humain pour une créature qu'on dit dénué de tout sentiment n'est ce pas ?

Je ne cherche pas à prendre la défense de la Baronne de Bratian ni même de Karla mais… Et si à la manière de Frère Démar, qui a su offrir son pardon au brigand l'ayant condamné… Mon rôle était de prouver qu'il peut exister du bon même dans la pire des créatures ?

Si Morr le veut, j'obtiendrai le pouvoir nécessaire à la chute de Lucretia von Shwitzerhaüm … Mais pour Karla… Serais je seulement en mesure de lever ma lame contre elle ? Elle est le dernier symbole de ma vie d'autrefois… Et dans d'autres circonstances, j'aurais été ce qu'elle désirai me voir être : Un ami, un père ou un frère, un amant, l'amour d'une vie…

Pour accéder à ma propre ascension, et pour voir les portes du Royaume de Morr s'ouvrir à mon âme… Dois je donc simplement tout balayer d'un simple revers d'épée ?

Voila le pire de mes péchés : Aimer ce qui pourrait bien être la définition même de ce que l'Ordre nomme : le mal…"


Puis avec une certaine lassitude, se tournant en direction du Nord, il murmura...

"Au final Frère Questeur… Alors que l'on nous prédit une menace sans pareille mesure venant du Nord… Notre traque des filles de la nuit, n'est elle pas juste l'aveu de notre propre faiblesse ? Le choix du moindre mal ? Morr lui même pensant que ces soldats ne seront au mieux que capable de retarder la tempête qui arrive ? En sorte… Gagner du temps en détruisant Lucretia et Dohkara alors qu'une fin inévitable attends tous les royaumes des peuples libres…

Je sais que je ne devrais pas me poser autant de question et pourtant… La prophétie d'Emilio résonne en moi, et j'espère obtenir des réponses… Avant qu'il ne soit trop tard."


Puis il reposa ces genoux au sol, baissant la tête pour obtenir ou non le pardon du prêtre ou au moins son avis et ces sages conseils quand à ses propos.
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Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 08 janv. 2020, 18:23, modifié 1 fois.
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Geralt, Chevalier renégat de l'Ordre du corbeau

For 12 | End 12 | Hab 14 (*+1) | Cha 8 (*+2) | Int 12 | Ini 14 | Att 14 | Par 14 | Tir 14 (*+1) | FOI 11 | NA 3 | PV 95/95
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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Geralt] Le massacre de Rossin

Message par [MJ] Le Grand Duc »

+1 pdc pour la prière
-3 pdc pour l’apprentissage de Fraîcheur des tertres
Pris d’une rage aussi soudaine qu’incontrôlable, Giovanni Beccaria frappa contre le reste de mur sur lequel il était assis, claquant son gantelet en fer contre la pierre sculptée. Le prêtre était un homme imposant au regard noir, et la tranquillité apparente dont il était drapé cachait une personnalité complexe et violente.

- « Sei pazzo ! » s’exclama-t-il en tiléen. « La miséricorde pour les serviteurs de la Non-Vie … Souhaites-tu donc être foudroyé sur place ? » Sa voix vibrait de colère et il semblait qu’il allait se jeter sur Geralt.

Le Frère-Questeur ferma les yeux et murmura une prière dans sa langue natale avec d’expirer longuement pour retrouver son calme. Il fit quelques pas autour du portique de l’ancienne église, comme tourmenté, les mains dans le dos. Les chaînes qui pendaient à son cou cliquetaient contre la cotte de maille qu’il portait sous sa robe noire.


« La plus grande qualité du croyant est son humilité. » dit-il enfin en s’immobilisant, dos à Geralt. « Celle de savoir que nous ne sommes pas maîtres de nos propres destinées mais que, au contraire, notre sort est entre les mains des dieux. » Il se retourna et planta son regard sinistre dans celui du chevalier. « Malgré tes larmoiements, tu as l’audace de croire que tu peux encore choisir, que c’est toi qui es venu à Mórr. » Il se redressa et secoua la tête avec amertume. « Détrompe-toi, Loup Blanc. C’est bien le Veilleur qui t’a désigné, et non l’inverse. Il est seul juge, et ta tâche n’est autre que d’être le bourreau. Sa sentence fait foi, et tu dois l’exécuter. C’est là le seul ordre des choses. Il ne te revient pas de décider qui doit vivre, ou qui doit mourir, ce qui est juste et ce qui ne l’est pas. Et moins encore as-tu le droit d’arbitrer les choix à même de sauvegarder l’équilibre, ceux que tu considères être le moindre mal. Toutes ces considérations ne sont que des excuses venues d’un esprit malhonnête au mieux, des balbutiements d’hérétique au pire. »

Giovanni balaya les ruines alentours du regard, s’attardant sur le carré de l’ancien cimetière, aujourd’hui dévoré par les ronces et les herbes folles.

- « Penses-tu qu’un vrai croyant tel Saint-Démar s’est abandonné dans les affres de la réflexion ? Non, car les errements de l’esprit n’aboutissent qu’à la corruption de l’âme. Ce sont le doute, la confusion, l’incertitude qui dévorent le cœur d’un homme et le poussent sur la voie de la damnation éternelle. L’histoire de notre glorieux Empire le prouve : combien sont-ils, ces valeureux paladins, à s’être abîmés dans la folie et le désespoir après que leur foi en nos dieux eut été ébranlée ? Combien, alors, se sont abandonnés au vice et à la déchéance ? » Cette question sonnait telle une accusation dans le ton acerbe du prêtre. « Lorsque Saint-Démar s’est délivré de ses entraves, il ne s’est pas enfui. Il ne s’est pas lamenté. Il n’a pas cédé à l’appel de la Ruine. Non, car au contraire, c’est dans la prière qu’il s’est réfugié. Les mains jointes, aux portes de la mort, il a demandé au Veilleur le salut pour les âmes de ses geôliers puis, en leur offrant une sépulture digne, a continué d’appliquer les commandements par-lesquels il vécu une vie exemplaire jusqu’à rendre son dernier souffle. Là est la leçon que nous apprend cette Âme Vénérée. »

Le prêtre en noir s’avança vers Geralt en le regardant avec la sévérité d’un père exigeant.

- « Humilité. » dit-il en croisant ses mains gantées de fer dans les manches larges de sa soutane. « Tu n’est pas un héros. T’es destinée n’attend pas d’être quelque prophétie devant être révélée aux yeux de tous. Tu ne sauveras pas le monde des Puissances de la Ruine, et tu n’offriras pas la rédemption à l’illusion que tu nommes Karla. » Son regard se fit plus appuyé. « Tu dois devenir une arme, Geralt. Une arme sainte, maniée par une foi inébranlable et une dévotion aveugle envers Mórr. Alors, et seulement alors, tous tes doutes se dissiperont. Ton avenir sera clair comme de l’eau de roche. »

Jugeant que s’en était assez, Giovanni fit signe au Loup Blanc de le suivre et ils quittèrent les ruines du village pour retourner auprès du reste du groupe.

- « Tu reviens de loin et, de ton aveu propre, ton âme fut mainte fois salie. Tu dois obéir sans réserve aux commandements du Grand Veilleur si tu veux prendre la voie de la pureté. » dit-il alors qu’il se dirigeait vers son cheval, une bête de voyage drapée dans un caparaçon noir qui tombait jusqu’au sol. « Or à l’image d’un plant de vigne qui pousse dans la mauvaise direction, il existe des tuteurs pour aider le pénitent à rester sur le bon chemin. Les moines qui vivent reclus dans l’abbaye où j’ai un jour prononcé mes vœux pratique la mortification et l’ascétisme. Ils tendent vers la perfection spirituelle, dorment le jour et prient toute la nuit durant. Leur seule nourriture physique est faite de farine de glands et de lait de chèvre, mais leur esprit se nourrit d’une dévotion sans failles envers Mórr. Malgré leur grande foi, ce ne sont que des hommes, et toutes leurs privations ne les rapproche pas encore assez, selon leur dogme, du divin. Alors ils s’imposent la souffrance, car ce qui meurtrit la chair élève l’âme. Ils se flagellent jusqu’au sang pour expier leurs péchés, chantent des cantiques en massant leurs plaies avec du sel, et porte sur eux ce qu’ils appellent « manchons du Fossoyeur ». »

Se faisant, il souleva l’une de ses larges manches, ainsi que la cotte de maille et la tunique en dessous. Son avant-bras velu et son biceps étaient constellés de tatouages à valeur religieuse tels des sabliers, des crânes humains ou d’animaux, des os entrecroisés et des tiges de rose épineuse. Et au milieu de cette fresque macabre, juste au-dessus de l’articulation du coude, une horrible cicatrice large d’un pouce faisait le tour de son membre. La peau et la chair semblaient y avoir été labouré en profondeur comme par une atroce brûlure. Le Frère-Questeur rabaissa sa manche et fouilla dans les fontes de sa selle pour en sortir une sorte de ceinture en chaîne où chaque maillon était orné d’un petit crochet tourné vers l’intérieur.

- « Voici un cilice, tels que ceux portés par mes anciens frères les pénitents. Porte-le autour de ta taille afin qu’il vienne te lacérer lorsque tu chevauches ou que tu marches. Cette souffrance, canalise la grâce à la prière et bientôt elle deviendra ta meilleure alliée. »




L’escadron de l’Ordre de la Couvée du Corbeau arriva enfin à destination. Rossin était un petit bourg fortifié situé à quelques lieux de la route d’Erengrad qui longeait la côte de la Mer des Griffes. Les landes inhospitalières qui composaient ce fief étaient battues par les vents froids venus du Nord. Des deux côtés de la route de terre qui menait au village, de petits pins maigrelets se battaient contre les rafales chargées d’embruns. Au loin, derrière un lacet de la piste entre deux monticules, Geralt pouvait deviner le mur d’enceinte, les tours et le donjon entre lesquels se pressaient des maisons aux toits d’ardoise et aux cheminées fumantes.

Si les Corbeaux avaient Rossin pour destination, c’était à cause d’un tragique évènement survenu plusieurs semaines auparavant. Une caravane de stryganis s’était alors arrêtée sur les terres du margrave Phillip von Falmer. La rumeur avait couru que les vagabonds abritaient avec eux deux sorcières activement recherchées par les autorités impériales et qui tentaient de passer la frontière pour se dissimuler dans le tsarat de Kislev. Le margrave avait alors envoyé son fils et une troupe armée à la rencontre des gitans pour faire la lumière sur cette histoire. Une véritable boucherie s’ensuivit au cours duquel le fils du margrave, les chevaliers, de nombreux soldats et la plupart des stryganis furent massacrés. Les quelques fuyards qui revinrent à Rossin étaient encore terrifiés de ne serait-ce que parler de ce qu’ils avaient vu. Ils rapportèrent le combat engagé entre eux et les stryganis, puis l’arrivée des sorcières, et enfin celle d’un monstre titanesque qui réduisait les hommes en lambeaux d’un seul coup de griffe. L’un d’eux jura même avoir vu l’une des sorcières mettre à mort Otto, le fils du margrave, à l’aide d’un sortilège maléfique.

Le massacre de Rossin pouvait paraître anodin dans une province qui portait encore les stigmates de la guerre et où les monstres et autres créatures corrompues pullulaient. Mais les Corbeaux avaient une bonne raison de s’intéresser à cet incident particulier. D’une part, il impliquait des stryganis, or le clergé mórrien était fort bien renseigné au sujet de ce peuple. Les gitans descendaient en effet d’une civilisation antique qui fut un jour gouvernée par des Immortels. Malgré les siècles et la chute de cet empire ancien, les romanichels nomades continuaient de vénérer leurs anciens maîtres en secret, et il n’était pas rare qu’ils cachent dans leurs roulottes des artefacts et talismans datant de cette époque reculée, ou pire encore. Les templiers de Mórr, tous ordres confondus, considéraient donc les stryganis comme de la vermine dont il valait mieux se débarrasser par mesure de prévention. Mais plus intéressant encore, le signalement des sorcières accompagnant les gitans mentionnait deux femmes originaires de l’Empire, toutes deux aux cheveux de feu, et rencontrées dans la portion hochlander de la Drakwald aux abords d’une auberge fortifiée, peu après les évènements ayant secoué Talabheim et sur lesquels Geralt avait déjà enquêté. L’Ordre de la Couvée du Corbeau avait également eu accès à ces informations et le rapprochement avait naturellement été fait entre ces deux sorcières mystérieuses et la disparition de Lucrétia von Shwitzerhaüm et Dokhara de Soya. C’était donc à Rossin que la traque de la lahmiane devait se poursuivre et le Loup Blanc allait devoir poser les bonnes questions afin de collecter suffisamment d’indications et pouvoir continuer sa sainte mission.

Un hameau sordide s’étendait au pied du corps de garde, traversé par une unique allée boueuse. En cette heure tardive où le soleil avait déjà disparu à l’horizon, des torches étaient allumées à intervalle régulier pour éclairer le chemin jusqu’à la porte du bourg. De part et d’autre de l’allée, de grands gibets exposaient des corps pendus et servaient de perchoir à des colonies de corbeaux, comme un avertissement macabre destiné aux gens de passage. Ils étaient une dizaine, aux poutres desquels se balançaient des corps décomposés où un ou deux volatiles s’échinaient encore sur les orbites. Les habits des macchabées, délavés par la pluie, portaient des couleurs aujourd’hui fades mais qui furent flamboyante avant que le vent, l’eau et les charognes leur servant de support ne les abime. Un des pendus portait encore un châle garni de breloques brillantes, tandis que les rafales soulevaient la robe bariolée d’une autre dépouille avec impudeur. Cette allée sordide était vide mais le Loup Blanc pouvait sentir le regard des habitants du faubourg peser sur sa compagnie depuis la sécurité de leurs masures. Il fallait les comprendre : ce devait être une vision des plus sinistre que cet escadron de cavaliers noirs marchant au pas et en silence entre les gibets.

Ils arrivèrent face à la porte du bourg à proprement parler, devant laquelle ils tirèrent sur leurs rennes pour arrêter les chevaux. C’était un grand portail de bois à double battants, encastré dans un corps de garde en pierre, et une porte plus petite était incrustée dedans. Après quelques instants, on entendit des bruits de botte dans la boue de l’autre côté et une trappe au cadre en fer s’ouvrit dans la porte pour laisser apercevoir une figure au regard partiellement inquiet.


- « Euh … L’soleil est couché m’seigneurs, alors le portail est fermé jusqu’au matin. Ordre du margrave, m’seigneurs. »


Image

-3 pollen de sirène
+25 pdv
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Re: [Geralt] Le massacre de Rossin

Message par Geralt »

Les propos énoncés par le Loup blanc concernant ses doutes ainsi que sur l'idée que possible rédemption était possible dans la non vie n'eurent pour simple effet qu'attiser la rage du nouveau précepteur de Geralt. En cet instant, il y vit les traces de l'immobilisme des préceptes inculqués par l'Ordre de la couvée du corbeau, ces mêmes préceptes qui avaient poussé le loup blanc à prendre ses distances avec la branche d'élite de l'inquisition, pouvait il pour autant encore se permettre de juger pareil discours du prêtre ? Absolument pas… Car à la manière du naufragé recherchant la lumière dans une mer déchainé pour être sauvé sur la côte, Geralt était un pécheur en quête de foi et de réponses, lui qui s'était laissé souillé, s'abandonnant à ses plus bas instincts dans le seul but de répondre à des objectifs personnels, se devait aujourd'hui de marcher à nouveau dans la lumière du Grand Veilleur.
La comparaison de Giovanni était pertinente : Il était le bourreau et non pas le juge, et ce n'était pas à lui de décider ce qui pouvait être bon ou mauvais pour autrui, il devait devenir le bras armé du Saint père, offrant son châtiment divin à ceux qui n'était plus digne de son pardon.
L'idée d'héroïsme ou d'acte de bravoure devait le quitter à jamais, car l'ambition amenait à la convoitise, elle même entretenant le désir, des faiblesses que les Dieux sombres avaient su voir chez le Loup blanc, et cela le père Giovanni ne s'en priva pas de le rappeler à son jeune et impudent élève.
La réputation qu'il s'était forgé, ses crimes eux même aussi affreux soient ils, son passé commun avec Dokhara de Soya… Tout ceci devait disparaître à tout jamais, et le jour où il serait prêt… Ce jour où, réalisant le but qui serait le sien, lorsqu'il verrait et comprendrai les desseins que Morr lui réservait : Alors tout deviendrai aussi limpide que de l'eau pour lui…

Ce discours raisonna à travers le chasseur de monstre, car celui ci était semblable en bien des points à celui que Dietrich lui dictait autrefois. Jeune et ambitieux, il n'avait su en comprendre le message alors peut être que… Aujourd'hui après tant d'erreurs et de mauvais choix, parviendrait il enfin à comprendre quel serait sa place dans le futur conflit à venir.
L'humilité… C'était ici le maître mot qui devait à jamais guider les pas du chevalier rédempteur. Suivre non plus le chemin de la raison ou des sentiments, mais bel et bien celui de la foi véritable, tout comme Saint-Démar l'avait fait autrefois : Sa place auprès du Saint père, il avait su l'obtenir en faisant preuve de miséricorde à ceux l'ayant conduit à mourir, outrepassant tout ressentiment, il s'était réfugié dans la prière, offrant une sépulture digne à ces brebis égarés pour que leusr âmes puissent trouver le repos dans le jardin de Morr malgré leurs péchés. N'était pas là ce que recherchait Geralt précisément ? Une seconde chance dans cette vie, dont la finalité serait le repos éternel auprès du Saint père ?

Pour accéder à cette ascension suprême, Geralt se devait d'oublier toute notion de bien et de mal, d'amour et de haine… Ces choses étaient des faiblesses dont il avait trop usé autrefois, et la déchéance de son corps était le meilleur moyen de lui rappeler l'échec de son ancienne existence. Morr l'avait ramené du Val gris, et à la manière d'un nouveau né sortant tout juste du ventre de sa mère, il lui faudrait tout réapprendre à nouveau.
Nul n'échappe à la destinée, et tenter de l'impacter ou de la modifier, est la preuve même de la stupidité humaine, Massimo l'avait bien comprit : Ne cherchant nullement à comprendre pourquoi le Saint Père avait décidé de porter toute son attention sur Geralt, il avait fais le choix de se sacrifier, dans le but d'accomplir la volonté du Grand Veilleur, voila ce qu'était la véritable foi, et c'est à cela que le loup blanc devrait tendre le moment venu.

Toujours agenouillé devant le frère questeur, Geralt ne s'autorisa aucun écart de conduite, écoutant les propos de son précepteur ne relevant la tête qu'au moment où celui ci lui expliqua que pour nettoyer l'âme, il fallait savoir purifier le corps, faire souffrir la chair à la manière d'un fardeau constant et imposé de son plein gré comme pour se rappeler à jamais des mauvais choix qu'on avait pu faire, la douleur et la prière seraient désormais les plus fidèles alliés du loup blanc.


"Pardonnez mes propos frère questeur… Je ne cherche pas à vous décevoir… Ni personne d'autre d'ailleurs… Je sais ce que je suis, et ce que j'ai fais…"

Les yeux posés dur le sol devant lui, plongé dans une réflexion personnel et silencieuse, il ne s'autorisa à relever le regard que sous les ordres du père Giovanni.
Quittant les ruines où il avait accompagné le prêtre dans la prière, Geralt marcha dans les pas de son précepteur jusqu'à sa monture, celui ci fouillant dans ces affaires, il en extirpa une objet nullement inconnu au loup blanc : un cilice… Une sorte de ceinture de métal aux extrémités piquantes et tranchantes, dont l'usage était de se l'enrouler autour du corps pour s'auto mutilé…
Un premier pas dans le long chemin de la rédemption pour le loup blanc, lui qui souffrait à cause de la maladie, allait ici s'imposer pour la première fois de sa vie, une douleur destiné à lui rappeler les péchés auxquels il s'était livré.
Restant toujours silencieux, il s'exécuta alors, soulevant le haut de son armure pour y apposer l'objet autour de sa taille, il sentit celui ci lui sectionner et lui bruler les chairs à chaque pas qu'il faisait désormais, grimaçant alors, il devrait apprendre avec le temps à s'adapter à ce nouveau atour loin d'être agréable, mais Geralt le savait, cette souffrance était une nécessité, et il l'embrassait désormais entièrement.




******


Le petit groupe chevaucha alors pendant trois jours entiers, les seules moments de halte qu'ils purent ainsi se permettre furent à la nuit tombée, ou en plus de reposer leur monture, ils entamèrent leurs provisions de voyage dans le but de se restaurer, tout en profitant de quelques heures de sommeil couplé aux tours de garde obligatoire dans ces terres hostiles et dangereuses.
Si Geralt continuait à se livrer à de longues séances d'entrainements ou de méditations, il lui arrivait de temps à autre de partager quelques moments de discussions avec le chevalier Julan, l'homme étant sans l'ombre d'un doute le plus loquace de ses compagnons.
Quand à Carmen… Celle ci continuait à éviter sans cesse son regard ou son contacte… Le moment d'une conversation entre eux ne semblait pas encore venu.

Continuant la traque de Lucretia, le groupe de chevaliers noirs faisaient désormais route vers le bourg de Rossin, ou quelques sombres et étranges histoires avaient su éveiller la curiosité de l'Ordre. En effet, il avait été fait mention d'un étrange et sinistre massacre dont la cause était assez flou et étrange, il y était fait mention de deux sorcières, d'une créature immense et si terrifiante que ceux qui avait su lui survivre, en avait perdu l'usage de la parole, d'un peuple nomade nommé Stryganis, et dont les opinions religieuses étaient lié au fanatisme à l'encontre des seigneurs de la non vie… Bien sûre, tout ceci, le loup blanc l'avait su grâce à Rebecca et la confrérie des papillons, mais désormais, il fallait se rendre sur les lieux du drame dans le but de recoller les morceaux du déroulé des évènements, dans le but d'obtenir une nouvelle piste pouvant offrir à Geralt des réponses quand à l'itinéraire emprunté par la Lahmiane et Karla.

Si cette région de l'empire portait encore les stigmates de la guerre, et que bon nombre de créatures sinistres avaient élu domicile dans les sous bois la composant, le massacre de Rossin avait une signification bien particulière pour l'autorité suprême de ce bourg et portant le titre de Margrave : ce qui avait été nommé pour la plupart comme une chasse à la sorcière avait conduit à la mort du fils de ce dernier, plongeant ainsi l'endroit dans la peur, la tristesse et le désespoir…
Ainsi même si le groupe était mandaté par l'Ordre de la couvée du corbeau, il existait des chances pour qu'il ne soit pas particulièrement bien accueilli dans cet endroit, car la perte d'un être cher pouvait obscurcir le jugement de bien des seigneurs, l'histoire de l'Empire, ou même celle de Geralt elle même avait su le prouver.

Arrivant à vu du bourg, Geralt portait désormais à nouveau le sombre masque de métal qu'il s'était fait forgé dans l'auberge relais où il avait su défaire le Satyre blanc, traversant une allée boueuse et éclairé par quelques torches, le chemin était également guidé par les corps de quelques malheureux, exposés à la vue de tous comme message de prévention à l'encontre de tous les étrangers voulant du mal à cet endroit. Le groupuscule de chevaliers noirs avançant dans un silence morbide dans cette atroce paysage, leur approche silencieuse ne fut perturbé que par les croassements des corbeaux se délectant de la chair des cadavres des ennemis de Rossin… Ou du Margrave en réalité…
Se positionnant devant la porte fortifiée du hameaux, l'homme de garde ouvrit alors une trappe entourée de fer de manière à pouvoir identifier quel voyageur pouvait bien se présenter ici à une heure si tardive, il devint livide en croisant le regard des sombres chevaliers, et balbutia alors les ordres qu'était les siens : Les portes de la ville devaient rester fermé dès le couché du soleil, l'ordre émanant du Margrave en personne…
Situation cocasse, où ironie du destin, l'instant présent rappela une situation similaire qu'il avait vécu en compagnie de Rebecca et des chaotiques, on lui avait également refusé le passage d'un village à la nuit tombée… Saurait il trouver les mots justes cette fois ci ?

Massimo n'étant désormais plus là, tous les chevaliers portèrent leur regard à l'encontre de Geralt, en temps que chef du groupuscule, il faisait ici ses premiers pas comme nouveau templier, et même si il restait bon nombre de trace de l'homme qu'il était avant son passage au Val gris, il se devait ici de jouer à la perfection le nouveau rôle que le Saint Père lui avait donné : Le nom de Geralt étant toujours assimilé à celui d'un criminel, il devait alors se nommer à nouveau sous le pseudonyme de Eskel pour éviter tout problème.


"Dîtes au Margrave que Eskel, chevalier de l'Ordre de la couvée du corbeau, ainsi que ses frères templiers se trouvent devant la porte. Nous sommes ici mandaté par le Saint siège dans le but de faire la lumière sur les évènements tragiques ayant frappé Rossin il y a peu… Des corbeaux nous ont fait part de sorcières… et de sombre magie…" Geralt marqua un temps d'arrêt, observant la réaction de son interlocuteur, la peur se lisant dans son regard à l'énonciation du mot "sorcière".

"Nous nous joignons à la peine qui frappe la population, ainsi que le chagrin devant accabler le Margrave suite à la perte de son fils… Nos prières accompagnent les âmes des défunts, et désormais les malheureux sont entre les mains du Saint père, jouissant d'un repos mérité dans son jardin."

Observant alors derrière lui pour porter son regard en direction des corps suspendus sur le chemin, sa voix se fit alors plus ferme et plus sombre.

"Annoncez aussi au Margrave, que si je suis en mesure de comprendre la signification de cette… mise en scène… Même les plus vils des hommes ou des femmes méritent des sépultures décentes pour que nous puissions leur offrir les sacrements destinés à voir leurs âmes rejoindre les bras du Saint Père.
Je n'ai pas souvenir que l'inquisition accepte pareil spectacle d'habitude… Aussi vais je ordonner que tout ceci soit enlevé aux premières lueurs du jour. A moins que nous devions nous en occuper nous même ? Que dirai le Saint siège face à ce genre d'agissement que je vois comme une offense à Morr en personne…"


Posant pied à terre, il s'avança alors vers la porte, figeant son œil encore valide dans ceux du garde.

"Que le Margrave ne s'y trompe pas, nous sommes ici pour lui venir en aide en ces temps troublés… Maintenant transmettez mon message, j'espère voir ces portes s'ouvrir d'ici peu."
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 24 janv. 2020, 21:33, modifié 1 fois.
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Geralt, Chevalier renégat de l'Ordre du corbeau

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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Geralt] Le massacre de Rossin

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Geralt n’eut pas à convaincre le garde plus avant, qui hocha vivement la tête en balbutiant.

- « Ah oui, oui, messieurs les templiers ! Le margrave vous attendait mais il ne pensait pas que vous arriveriez avant la semaine prochaine. On vous ouvre. » dit-il en refermant la lucarne.

Des ordres furent lancés de l’autre côté du corps de garde et les gonds du portail grincèrent lorsque les battants s’ouvrirent, tirés vers l’intérieur par trois hommes de chaque côté. Ces soldats portaient l’uniforme réglementaire de l’Ostland, et affichaient le noir et blanc de la province et le taureau rouge sur des écussons. On fit entrer les templiers dans l’enceinte du bourg et le portail se referma derrière eux tandis qu’ils mettaient pied à terre et confiaient leurs montures aux palefreniers de la garnison. Un sergent se présenta après avoir eu une courte discussion avec le garde ayant ouvert la lucarne, puis escorta les envoyés de Mórr à travers Rossin, jusqu’au donjon où demeurait le margrave. Il se faisait tard et les ruelles étaient quasiment désertes. Les rares passants qu’ils rencontrèrent parurent intidimés par cette sombre compagnie et prirent bien soin de ne pas croiser le regard de ces figures sinistres et de leur chef au visage masqué de fer.

Le donjon était un solide bastion de pierre planté au bout de la rue principale, un grand bâtiment froid et austère dont les fenêtres avaient des allures de meurtrières. L’Ostland était une province en guerre et les seigneurs du cru préféraient habiter un ouvrage défensif plutôt qu’une belle maison de campagne. Le sergent guida les templiers sous le porche, puis à travers une cour intérieure et dans un large escalier jusqu’à une salle rectangulaire dans laquelle trônait une longue table, des bancs de chaque côté et une chaise à haut dossier au bout. Une grosse cheminée en pierre ornait l’un des murs, de part et d’autre de laquelle pendaient des bannières, de vieilles tentures et des écus décorés. Il faisait si froid dans cette pièce que le souffle se changeait en buée.


- « Je vais prévenir le margrave de votre arrivée, et un valet va venir allumer la cheminée. » dit-il avant de claquer les talons et de déguerpir.

Les Corbeaux observèrent les lieux en attendant, certains prenant place sur les bancs autour de la table. Julan, le chevalier de l’Ordre de l’Ours Noir, se frottait les mains en observant, dubitatif, la vieille tête d’ours empaillée qui trônait au-dessus du linteau de la cheminée.


- « Cet endroit est aussi convivial qu’un cimetie… » Il s’interrompit et jeta un regard à ses nouveaux compagnons, se gardant de faire une comparaison malheureuse. « Disons simplement que c’est différent d’une bonne taverne d’Averheim. »

Le Padre Giovanni se tenait bien droit, les mains croisées dans le dos, face à une tapisserie mitée illustrant le dieu Ulric affrontant un gigantesque loup blanc.

- « Les fidèles du Dieu-Loup ne sont pas connus pour être les habitants les plus chaleureux du Vieux Monde. » dit-il de manière laconique. « Ni les plus raffinés. » Le prêtre mariait admirablement bien l’austérité d’un mórrien et l’arrogance d’un tiléen.

Klemens Kurz expira bruyamment par le nez, ce qui était une manière d’approuver pour ce Garde Noir qui s’était tranché la langue pour honorer son vœu de silence. Son écuyer, Engelbert, était lui aussi lié par un certain nombre d’engagements religieux, ce qui le rendait tout aussi silencieux que son maître quand bien même il lui restait tous ses organes. Emilio, du reste, s’était assit sans un mot sur un banc, et Carmen l’accompagna. La princesse communiquait exclusivement à voix basse désormais, et uniquement en tiléen, ce qui excluait derechef Geralt et Julan. Elle était néanmoins silencieuse la plupart du temps et son visage d’albâtre n’affichait qu’une moue continuellement distante et fermée.

Les Corbeaux formaient ainsi une troupe lugubre à l’aspect inquiétant, tel qu’on pouvait l’imaginer d’un escadron de templiers entièrement dévoués au Dieu des morts. Seul Julan, par les couleurs vives de ses foulards et ses manières débonnaires, tranchait d’avec le reste des mórriens.

Le margrave arriva finalement, accompagné du sergent, tandis qu’entre temps un valet était venu allumer la cheminée pour réchauffer cette salle glaciale. Phillip von Falmer était un homme de petite taille mais puissamment charpenté, aux épaules larges et au boitement de vétéran. Les traits durs qui se cachaient sous sa barbe taillée étaient ceux d’un homme calculateur et inflexible comme seul savait en produire la guerre. Aidé par une canne à pommeau d’ivoire, il vint se placer en tête de table et observa les templiers un à un tandis que ces derniers venaient prendre place sur les bancs.



Image

- « Vous avez fait route jusqu’à Rossin avec célérité. Par la grâce d’Ulric, je vous en remercie. » dit-il d’un ton morne avant de faire signe à tout le monde de s’assoir, et de lui-même prendre place alors qu’un valet tirait sa chaise. « J’imagine que vous avez fait un long voyage, et que vous êtes esseulés. Qu’on vous apporte des victuailles, et de quoi vous désaltérer. » Il frappa dans les mains et son valet quitta la pièce, tandis que cette annonce fut accueillie par un grand sourire de Julan.

Le margrave eut tôt fait de doucher l’enthousiasme de l’Ours Noir en dardant sur lui un regard acerbe, qu’il posa ensuite sur chaque Corbeau comme pour juger de leur valeur.


- « Votre clergé vous a envoyé ici pour traquer les diablesses qui ont tué mon fils, mais ne pensez pas que vous jouissez d’une quelconque autorité sur mes terres. Les gitans pouilleux que vous avez vu se balancer dehors ont été punis tels qu’ils le méritaient. Ce ne sont pas plus de simples charognes dans la mort que ce qu’ils furent de leur vivant. » Ne pouvant contenir le dégoût et la colère qui rongeait son cœur amer, Phillip accompagna ces dires d’un crachat sur les dalles de pierre. « Ils resteront pendus devant mes murs jusqu’à ce que la pluie, le vent et le sel corrode leurs cordes, que ce qui reste d’eux s’écrase en un tas dans la boue et que les chiens errants emportent leurs os. » Il fixa ensuite l’œil unique de Geralt à travers le masque de ce dernier, et il n’y avait nulle trace de crainte ou de considération dans son regard, seulement l’éclat de la vengeance. « Quant à vous, sachez que je goutte peu qu’on se présente dans ma demeure en masquant son visage. Oiseau de mauvais augure ou non. »

Il décolla le dos du dossier de sa chaise et posa les coudes sur la table pour croiser les mains. Ses doigts épais étaient couverts de coupures et il portait également plusieurs chevalières.

- « Maintenant, demandez-moi tout ce que vous voulez, et je vous éclairerais du mieux possible. Le Dieu-Loup m’en soit témoin, je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour que vous puissiez retrouver et détruire ces maudites sorcières ».

Son ton ne laissait aucun doute quant à cela.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Geralt
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Re: [Geralt] Le massacre de Rossin

Message par Geralt »

Finalement, le garde ne tenta pas de contre argumenter les propos de Geralt, en effet il semblait que le Margrave attendait l'arrivée des templiers depuis un moment déjà, il ne saurait qu'être surpris d'une arrivée bien plus tôt que ce qu'il avait pu prévoir.
Pénétrant alors enfin le bourg de Rossin en cette heure tardive, les ruelles boueuses de la ville étaient maintenant désertes, seulement quelques âmes vagabondaient dans les ténèbres de la nuit, s'écartant de la route du groupe de chevalier noir, et n'osant défier du regard ces agents porteur bien souvent de sombres et tristes nouvelles… Cette réputation d'agent de la mort possédait quelques inconvénients, mais permettait bien souvent d'éviter tout ennui ou quelques questions de citadins trop curieux.

A travers cette nuit sans lune, le bourg de Rossin semblait à l'image de ces habitants, triste et froid. Dans cette région hanté par le fantôme de la guerre tandis que de sombres et monstrueuses créatures se terraient dans les bois alentours, le village de Rossin avait été bâti à la manière d'une place forte, loin des demeures plus confortables que se faisaient en général bâtir les seigneurs du sud et de l'ouest. Ici, le représentant de la plus haute autorité siégeait dans un immense donjon surplombant la ville et ces alentours, sans doute le dernier rempart si les murs entourant le bourg venaient à tomber contre quelques agresseurs supérieur en force et en nombre… Les seigneurs de ces contrées ne pouvaient oublier les derniers ravages causés par la dernière tempête du chaos et en avait tiré des leçons.

Dans un décor sombre et froid, le groupe de chasseurs de vampires, fut amené dans la grande salle, servant d'ordinaire au repas de fête ou protocolaire quand le Margrave recevait quelques hôtes. Un valet leur demanda de bien vouloir patienter, tandis qu'il se hâta de démarrer un feu de cheminée dans le but de réchauffer l'atmosphère.
Eparpillé de part et d'autre, Julan ne put s'empêcher de souligner le coté peu chaleureux de l'accueil et de l'ambiance général de lieux, le père Giovanni ne put qu'acquiescé expliquant que le coté bourru des hommes de la région était un trait commun à leur croyance : A savoir le Dieu Loup Ulric.


"La peur et l'amertume règne ici… Comment pourrions nous leur reprocher cela…" Murmura le Loup blanc en l'air alors que son regard vadrouillait au travers de la salle.

Au bout de quelques minutes dans un silence morbide, le Margrave arriva d'un pas décidé tandis qu'il observa d'un œil sévère l'assemblée devant lui, le regard de celui qui portait le nom de Phillip von Falmer ne trompait pas : C'était un homme inflexible et expérimenté, et on pouvait lire dans ces yeux la tristesse de ceux ayant connu trop de guerres et vu passé trop d'hivers.
Intimant à ces hôtes de s'asseoir, le groupe de chevalier prit place sur les bancs autour de la grande table, tandis que quelques serviteurs servirent du pain, du lard et du vin, au plus grand plaisir du chevalier Julan.

Dès lors le seigneur de ces terres remercia les fidèles du Grand Veilleur pour leur venue jusqu'ici, mais rapidement celui ci montra le visage d'un homme que le Loup blanc s'était attendu à voir : Celui d'un homme rongé par le chagrin et un désir insatiable de vengeance contre celles qui avaient ôté la vie de son fils…
Nullement intimidé par Geralt et son groupe, il ne comptait nullement obéir à sa demande concernant la mise en scène destinée à effrayer tous étrangers ayant de mauvaises intentions à l'encontre de Rossin ou de son seigneur. Les corps des gitans continueraient à être dévoré par les corbeaux, et le temps, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus rien, ainsi il avait parlé.
Quoiqu'il en soit, son regard plongea désormais dans celui du chasseur de monstre Geralt, les deux hommes se jaugèrent, l'un l'observant avec une certaine réticence n'aimant guère qu'on se présente à lui avec un masque qu'il pensait être aussi offensant que ridicule tandis que l'autre ne broncha pas, restant aussi calme qu'il savait l'être, n'hésitant pas d'ailleurs à s'emparer d'un couvert pour s'emparer de quelques tranches de lard pour se sustenter, laissant le Margrave sans réponse sous les regards interrogateurs des autres chasseurs de vampires.

Il marqua le silence avant de soupirer et de poser à la manière du Margrave ses coudes sur la table, se plongeant dans une profonde réflexion avant de s'adresser directement au seigneur de ces terres, d'homme à homme.


"Je crois qu'il y a une erreur…" Dit il calmement avant d'enchainer : "J'ai demandé à rencontrer le Margrave et voila que c'est un père vengeur et dont le jugement est obscurci par le chagrin qui se trouve devant moi."

Il cru alors apercevoir une veine causé par la rage se dessiner sur le front du Margrave, tandis que le membre de l'Ordre de la couvée du corbeau soulevèrent un œil interrogateur quand à la provocation gratuite auquel se livrait le choisi de Morr.

"Il est vrai que simple homme de basse naissance, je n'ai ni le pouvoir, ni la légitimité de vous ordonnez quoique ce soit et pourtant… Simple mortel que nous sommes, rois et paysans sont tous soumis aux regards des Dieux…

Ce simulacre de scène que vous avez ordonné à l'entrée de votre demeure est une offense direct au Grand Veilleur… Ne bafouez pas le père qui désormais s'occupe d'une manière bienveillante de votre fils défunt.
En temps que ces templiers, j'ai le devoir d'offrir une sépultures décentes même aux pires de nos ennemis, accepteriez vous que je salisse le Dieu Ulric si nos rôles étaient inversés ?"
Il laissa sa question en supent tandis qu'il désigna de la main le reste de ces chevaliers.

"Ne nous prenez pas pour des chevaliers emplit d'amateurisme et dont le chef se masque pour éviter de croiser le regard d'autrui… Notre combat m'a rendu bien trop hideux, au point que même un homme de votre trempe, détournerai le regard de dégout en voyant les maux qui me frappent.

Le Saint siège ne prends nullement à la légère les récents évènements qui on frappé votre famille… Et j'en veux pour preuve que vous n'avez devant vous que d'illustres personnages capable de vouer corps et âme pour retrouver les femmes ayant conduit à la mort de votre progéniture."


Il se leva alors du banc, sans jamais détourner les yeux du Margrave, alors que même la princesse Carmen, haïssant Geralt au plus haut point, ne pouvait que reconnaître la qualité de l'argumentaire du loup blanc couplé à une assurance bien différente de l'homme qui avait ployé le genou devant le groupe pour quémander leur aide quelques jours plus tôt.
Il était troublant de penser que derrière ce sombre masque, se cachait toujours un homme rongé par une mutation chaotique, criminel et toujours vu par les plus hautes instances de l'Ordre comme un homme à abattre. Ce rôle de templier arborant le nom de Eskel qu'il s'était inventé, semblait sur le moment collé à la perfection, et le discours qu'il portait désormais, était bien loin de ceux qu'il tenait il y a quelques jours encore… Était cela que le Loup blanc avait ressenti comme changé en lui après son retour du Val gris ? Personne n'aurait su cerner son esprit en cet instant.


"Je vais donc vous réitérer ma demande : Enterrez les corps que vous n'affichez aux yeux de tous que pour simplement soulager votre peine.
Refusez… Et dans ce cas j'irai m'en charger moi même, vos soldats m'en empêcheront ils ?
D'un simple ordre, vous pouvez nous chasser d'ici, nous ne ferons que nous ravitailler et notre entrevu n'aura été qu'un bref échange de quelques minutes tout au plus."


Désormais Geralt se tenait droit devant le seigneur de Rossin, sa posture indiquant qu'il ne bluffait pas et attendait maintenant une potentiel réaction.
Mais... préférant éviter tous mauvais choix de sa part, il ajouta quelques points de détails à son argumentaire:


"Je l'ai déjà dis à vos hommes, je ne suis pas votre ennemi Seigneur… Vous me parlez de sorcières ? Je vous parle de vampires. Vous voulez des noms à mettre sur les assassins de votre fils ? Je vous en donne : Lucretia von Shwitzerhaüm et Dohkara de Soya…

Les rumeurs qui nous on été colporté parle d'une immense créature ayant massacré vos hommes… Je ne connais que trop bien les forêts l'Empire pour les avoir parcouru quasiment toutes, et au vue du passif que ce peuple que vous nommez péjorativement gitan possède avec la non vie… Nul doute qu'ils avaient un protecteur… Je vais peut être m'avancer sur le sujet, mais quelques mots avec de potentiels survivants, ou un simple regard sur les dégâts causés par cette bête… Je pense pouvoir affirmer que votre fils a dû se confronter à une Stryge…"


En énonçant ceci, la plupart des autres membres du groupe de chasseurs de vampire froncèrent les sourcils, quel aurait pu être la probabilité qu'une Stryge ne rencontre une Lahmiane au milieu de nul part ? Nul et pourtant, c'était la théorie que semblait avancer Geralt, ses connaissances de chasseurs de monstre ne pouvant l'induire en erreur au vue de la situation présenté.
Le Loup blanc ne connaissait que trop bien ces créatures, pour rappel, il en avait traqué une dans les Terres sombres, et l'avait tué, il ne connaissait que trop personnellement les ravages qu'elle pouvait faire quand on tentait de s'en prendre à leur territoire.
Un groupe de gitan sans défense, parcourant des bois infestés d'horribles bêtes et capable de survivre avec tant d'aisance… Cela cachait sans doute quelque chose… Et si ni le corps de Lucretia, ni celui de l'horrible monstre cité dans les rumeurs n'avaient été découvert, c'était une preuve supplémentaire de l'intelligence de cette chose…


"Si Lucretia von Shwitzerhaüm est bel et bien l'ennemi que nous cherchons… Je ne peux que saluer le talent de cette femme. Je n'ai jamais eu l'occasion de la croiser personnellement, mais… En plus de la dire si belle qu'elle pourrait faire sombrer des royaumes par sa simple présence, le fait qu'elle était il y a peu encore une haute responsable de Talabheim, ayant vécu à visage découvert parmi nombre de seigneurs, indique qu'elle fait preuve d'une intelligence à ne nullement sous estimer… Couplé à ces dons… Votre fils et ces chevaliers n'avaient hélas aucune chance.

Je vais ici une nouvelle fois m'avancer, et peut être accepterez vous de me répondre ou non mais… Je suppose qu'il n'y a nul survivant de l'attaque ? Que ce soit dans vos rangs ou même celui des gitans… Et si vous êtes devant moi, cela signifie que vous avez perdu sa trace malgré les meilleurs traqueurs de la région que vous avez dû grassement payer…"


Il réfléchit quelques instants, et énonça alors à l'ensemble des protagonistes présents :

"Où quel puisse désormais être… Lucretia se croit à l'abri de toutes représailles… Mais si il y a bien quelque chose que je puisse affirmer… C'est que nul de saurait m'échapper quand je suis en chasse…" Dit il d'une façon à glacer le sang alors qu'il porta toute son attention sur le jeune Emilio, semblant avoir une idée en tête.

S'approchant alors du Margrave, il dit d'un ton plus calme et plus amical :

"Ne pleurez pas les morts mais préférez leur rendre hommage… Et réjouissez vous pour les vivants mon Seigneur…

Si l'idée que j'ai viens à se concrétiser… Alors… Le sacrifice de votre fils n'aura pas été vain.

Si je n'oserai jamais vous demandez de me montrer son corps, j'aimerai par contre savoir si vous avez pu récupérer son armure… Je ne doute pas que vous avez su la garder en hommage à sa mémoire."


Sa main gauche fut soudainement prit de tremblements incontrôlables, il dû s'en saisir de la droite pour la calmer, cherchant à masquer ce moment de faiblesse de son corps en perdition.
Quel pouvait être l'idée du loup blanc ? Sans l'ombre d'un doute, tous auraient voulu le deviner sur le moment, et l'espace d'un instant… Alors qu'Emilio était tourné vers lui, on aurait juré le voir sourire… du coin des lèvres…

Était ce la les prémices de l'homme sur qui Morr avait décidé de parier ?
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 28 janv. 2020, 14:05, modifié 1 fois.
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Geralt, Chevalier renégat de l'Ordre du corbeau

For 12 | End 12 | Hab 14 (*+1) | Cha 8 (*+2) | Int 12 | Ini 14 | Att 14 | Par 14 | Tir 14 (*+1) | FOI 11 | NA 3 | PV 95/95
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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Geralt] Le massacre de Rossin

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Test de Char de Geralt (+2, pertinence des arguments) : 7, réussi.
L’expression du margrave passa de la surprise à la colère, puis se verrouilla sur un air impénétrable. De sombres pensées tournaient dans son esprit endeuillé mais il n’interrompit pas Geralt et le laissa terminer avant de lui répondre.

- « Des vampires … Qu’Ulric nous vienne en aide. » murmura-t-il comme pour lui-même en pinçant les lèvres. « Ces vagabonds traversaient mes terres chaque année pour se rendre aux foires d’Erengrad et Otto courait toujours à leur rencontre pour se distraire et consulter leurs voyantes. Maintes fois je l’ai disputé pour le lui interdire, mais mon fils était aussi têtu que sa nordling de mère … Jamais je n’aurai dû autoriser cela. J’aurai du être plus ferme … »

Phillip se tut un instant, plongé dans ses remords. Puis il secoua la tête et ferma les poings pour se reprendre. Il se redressa et fixa Geralt.

- « Plusieurs de mes soldats sont revenus après avoir fui le massacre. Ce sont eux qui m’ont raconté ce qu’ils y ont vu. Mais en abandonnant leur poste sans ordre et en laissant mon fils aux mains de ces monstres, ils se sont constitués déserteurs. Et sous mon autorité, la désertion n’est punie que d’une seule manière. » Le sort des fuyards se passait d’explications. « Un seul a échappé à la condamnation, car il a perdu l’esprit en assistant à la scène. Il ne vaut guère mieux qu’un simplet désormais et vit à l’hospice de Shallya, où les sœurs s’occupent de lui. Quant aux gitans … Vous avez déjà croisé ceux sur lesquels mes patrouilles ont réussi à mettre la main. J’ignore si d’autres qui terrent dans les environs ou ont réussi à s’enfuir au-delà de mes terres, mais j’en doute. Cependant j’ai été informé de votre venue, alors j’ai retardé l’exécution de l’un deux. Il croupit dans les geôles du donjon depuis le jour où nous l’avons capturé. Mes hommes n’ont rien su tirer de cette vermine, mais vous pouvez peut-être tenter votre chance. »

La dernière question de Geralt jeta un nouveau voile d’obscurité sur les traits tirés du margrave.

- « J’ai envoyé cinq de mes meilleurs éléments récupérer le corps de mon fils sur le lieu du combat. Aucun n’est revenu, et les autres refusent désormais d’y aller. Mes sujets disent que l’endroit est maudit. »

- « Un carnage de cette ampleur a dû attirer de nombreux nécrophages. » intervint le Padre Giovanni en jetant un coup d’œil à Geralt.

Le margrave ne répondit pas et se leva après un instant de silence en s’aidant de sa canne. Les chevaliers se levèrent en même temps que lui.


- « Je vous ai donné toutes les informations dont je dispose, je compte désormais sur vous pour faire ce pour quoi vous êtes venus. Je vais m’assurer que des chambres soient mises à votre disposition à l’auberge de la place, où vous pourrez vous reposer et vous restaurer à mes frais pour le temps que vous jugerez nécessaire. Faites appel au sergent Vagran si vous souhaitez vous rendre à l’hospice ou aux geôles, il vous y accompagnera. Un de mes pisteurs sera également à votre disposition pour vous guider jusqu’au lieu de l’attaque, dussiez-vous y aller. »

Phillip von Falmer se dirigea vers la sortie et un valet lui ouvrit la porte, mais le noble s’arrêta dans l’entrebâillement pour se tourner vers les Corbeaux.

- « Je vous récompenserai grassement si vous me ramenez le corps d’Otto afin de lui donner une sépulture décente parmi les siens, et je vous prie de m’informer de la moindre avancée faite dans votre enquête … Quant à ces maudits pendus, je vous laisse le soin de les décrocher si vous y tenez tant, car personne à Rossin de vous aidera. Et ne vous avisez pas de les enterrer ailleurs qu’à une lieue du village. Bonne nuit, templiers. »

Et il se retira, suivi par son valet. Il ne restait plus que le sergent Vagran, qui attendait de savoir où les Corbeaux souhaitaient se rendre, et ces derniers.

« Pour l’heure, nous devrions aller à l’auberge. La route fut longue et Emilio a besoin de repos. » dit Giovanni en regardant Geralt. « Mórr nous portera conseil pendant la nuit. »

Le prêtre attendit que les autres soient un peu éloignés pour parler au Loup Blanc à voix basse.

- « Si ce que tu dis est vérifié et qu’une stryge est impliquée dans cette affaire, elle se terre peut-être encore aux abords du charnier. Si c’est le cas, je comprends mieux pourquoi aucun des hommes du margrave ne sont revenus. Je doute que cela soit judicieux de s’y risquer. Nous sommes suffisamment nombreux pour venir à bout d’une jeune stryge, mais pas d’une bête plus ancienne, or nous n’avons pas d’informations à ce sujet. Et nous ne devons pas oublier que notre objectif est Lucrétia, pas tous les monstres l’Ostland. »
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Re: [Geralt] Le massacre de Rossin

Message par Geralt »

Les propos du loup blanc firent mouches, attisant tout d'abord la colère du Margrave, avant que la raison ne prenne peu à peu le dessus sur le ressentiment du vieux Seigneur. A l'énonciation de vampires, le visage jusque là fermé de Phillip von Falmer laissa alors entrevoir une pointe d'inquiétude.
Semblant vouloir contenir sa colère, et résigné à voir Geralt et les siens comme de potentiels alliés, il se lamenta alors sur les choix de son fils, jeune chevalier à la tête brulé qui tous les ans, venait à la rencontre des gitans pour qu'ils puissent lui lire les lignes de la main… Le jeune héritier de Rossin avait ainsi installé ce petit rituel qu'on aurait pu croire sans danger, et pourtant… Ranald avait décidé de lui jouer un bien vilain tour l'amenant à périr d'une terrible manière.

Répondant aux questions du chasseur de monstres, il expliqua qu'il restait des survivants à ce sombre évènement que déjà le peuple aimait à tristement surnommer : "le massacre de Rossin".
Tout d'abord, si des soldats avaient su échapper au carnage vampirique, la plupart avait connu la potence pour avoir oser laisser leur seigneur derrière eux… Seul un ayant totalement perdu la raison suite au traumatisme vécu, avait reçu la grâce du Margrave, coulant désormais de tristes jours dans le temple de Shallya de la ville. Quand aux gitans… si la plupart servaient aujourd'hui de pâture aux corbeaux, l'autorité suprême du bourg avait jugé d'en épargner un en apprenant la venu du groupuscule de templiers, mais les soldats du coin ayant déjà tenté de le faire parler, ne parvinrent à rien obtenir de lui, le grincement de dent du Margrave à l'énonciation de ce nouvelle échec se fit entendre de tous, avant qu'il ne se décide à rapidement passer à autre chose.

Hélas pour Geralt, si jusque là, les éléments offerts par le seigneur Von Falmer furent plutôt bénéfiques à la traque du groupuscule fidèle de Morr, la suite fut bien plus déplaisante, en effet après la perte de son fils, son père avait fait dépêcher cinq de ces meilleurs éléments pour récupérer le corps du malheureux… Sans succès… car jamais aucun ne revint en vie.
Giovanni intervint alors, soulignant que pareil carnage avait dû attirer bien des créatures venu se repaître de chair humaine. Mais dans le fond, Geralt vit une inquiétude bien plus grande dans le regard du prêtre : Si la théorie du Loup blanc était exacte et que la créature décrite autour de la défaite de Otto Von Falmer était une stryge… fort était à parier qu'elle sévissait toujours dans le coin, incapable de quitter l'abri de son territoire alors que nombre de chevaliers tentaient d'y pénétrer… A la manière d'un animal sauvage, l'horrible monstre ne faisait que réagir à un instinct de survie des plus primitif.

Désireux de prendre congé, le Margrave se leva alors de table, le groupe de chasseur de vampire, respectant le protocole dû à son rang en firent de même. Epuisé et malheureux, le seigneur de Rossin intima celui qu'il connaissait sous le nom de Eskel de lui donner tous les éléments susceptible de faire avancer l'enquête, et qu'une forte récompense serait donné si ils parvenaient à lui rendre le corps de son défunt fils.
Ici à Rossin, le groupe fidèle au Grand Veilleur bénéficierai de toute l'aide nécessaire à l'accomplissement de leur mission, omis pour un détail sur lequel le Margrave saurait être intraitable : Si Geralt voulait offrir une sépulture aux ordures qu'il avait fait exhiber aux portes de sa ville, grand bien lui fasse mais… Aucun habitants ne sauraient les aider dans cette tâche ingrate.
Geralt ne fit alors qu'acquiser en silence, tout en suivant du regard le départ du Margrave accompagné du Sergent Vagran qui dès lors serait l'interlocuteur direct du chevalier déchu.

Sous l'ordre du père Giovanni, il fut proposé de rejoindre l'auberge, le jeune Emilio par sa condition de simple enfant, se devait en effet de bénéficier d'un repos bien plus réparateur que le reste du groupe. Geralt ne put qu'accepter cette demande, non sans qu'avant de partir, son précepteur n'arrive à sa hauteur pour lui confier ces doutes quand à l'idée de trouver et d'affronter une Stryge dont l'âge et la puissance leur était inconnu… Lucretia était leur seule cible, et cela Geralt ne l'avait nullement oublié.


"Vos paroles sont censées ici Frère questeur. Et pourtant… retrouver le corps de Otto pourrait nous donner avec plus de précision la position exacte de Lucretia. Nous avançons dans l'ombre à la recherche d'indices qui jusque là nous on été favorables mais… L'attaque de la prison de Talabheim… le massacre de Rossin… Sont des évènements majeurs qui ont servi à retrouver la trace de la Lahmiane car Ranald aura su nous sourire mais… Que feront nous si, qu'elle et Karla soient allés plus au Nord ou plus à l'est… ne se décident à ne plus commettre aucune erreur ? Nous perdrons à jamais leur trace…"

A travers son masque et au ton de sa voix, on pouvait sentir que le chasseur de monstre doutait encore terriblement du rôle que Morr semblait vouloir lui offrir.

"Mon temps est compté Frère Questeur… Et même si la foi peut sauver le fragment d'âme qu'il me reste… elle ne saura sauver mon corps. Massimo ou Emilio pensaient que je serais celui capable de terrasser Lucretia… Je pense au contraire ne même pas parvenir à la rencontrer un jour au vue du peu de réserve de Pollen de Sirène qu'il me reste… Mais… Je saurais vous guidez jusqu'à elle… Pour le sacrifice de Massimo et… Pour notre Saint père… Qu'au moins une fois, je puisse trouver grâce à ces yeux pour une bonne raison."

Derrière son masque de métal, il afficha un sourire du coin des lèvres, comme résigné à mourir d'une façon ou d'une autre avant de suivre le reste des chevaliers qui déjà avaient commencé à quitter la grande salle du donjon.



******



Une fois conduit par l'homme de main du Margrave jusqu'à l'auberge de la ville qui jusqu'à nouvelle ordre leur servirai de QG, le groupe de chasseurs de vampires se retrouva attablé à une table pour faire le point sur les informations qu'ils avaient su obtenir en arrivant ici. Attendant l'arrivée de Carmen, qui s'était chargée de coucher le jeune devin Emilio, Geralt se décida à commencer quand tous arrivèrent enfin :

"Bien commençons… Bien des possibilités s'offrent à nous, avec leurs avantages et leurs inconvénients… Pour autant je me suis déjà fais une idée de la marche à suivre.

Père Giovanni… J'aimerai que vous alliez voir le soldat séjournant désormais au temple de Shellya, je ne doute pas que vous saurez réconfortez cette âme en souffrance, et qui sait, peut être même obtenir des informations concernant les évènements qui nous rassemble."


Observant le reste du groupe, il réfléchit quelques instants avant de reprendre d'une voix emprunte de détermination

"Dès les premières lueurs du jour, j'irai personnellement voir le prisonnier de Margrave pour tenter de lui soutirer des informations… les soldats locaux ont dû user de techniques bien stupides… la violence ou pire encore n'amenant bien souvent que peu de résultat."

Repensant alors à son passé, il se contenta soudainement de conter une histoire vécu auprès de Dietrich dû temps où il vivait dans l'Abbaye de Saint Aethelbert le Vigilant à Siegfriedhof.

"Lorsque j'étais enfant… Maître Dietrich aimait à me raconter ces traques. L'une d'elle plus particulièrement m'aura toujours marqué : C'était il y a des décennies, Dietrich n'était pas encore le maître des chevaliers corbeaux… Traquant un vampire, celui ci effaçant les traces de son passage disparu tout bonnement… Nul indice, nul carnage, la créature œuvrant pour la non vie resta masqué dans les ténèbres, attendant alors de se faire oublier, pensant voir ces crimes être effacés avec le temps…

Désespérant de pouvoir un jour retrouver sa trace… Dietrich eut alors la chance de faire appel à un prêtre de Morr, dont la renommée était grande… Véritable prodige, mon maître me raconta qu'à l'aide de sa foi et de la ferveur dont il savait faire preuve dans la prière … Morr lui montra une vision : Où le passé et l'avenir se mélangeaient, donnant ainsi avec précision la localisation du vampire.

Simple enfant, je fus alors en admiration, qu'un tel pouvoir soit aussi simple à utiliser, donnait ainsi à l'Ordre un avantage si grand contre nos ennemis mais… en réalité la chose était plus compliqué qu'on ne pouvait le penser : Pour obtenir le don de vision du Grand Veilleur, le prêtre devait connaître au moins de vue la cible recherché, et détenir un objet où celui ci avait un jour laisser apparaître son reflet…"


Marquant alors une pause, Geralt s'arrêta là, n'expliquant pas comment le prêtre avait pu un jour croiser la route du vampire traqué par Dietrich, dès lors, le reste du groupe fut pensif, certain semblant deviner où le loup blanc souhaitait en venir.

"Emilio possède un don prodigieux… Mais celui ci est épuisant pour son corps, j'ai pu l'observer avant l'attaque de la harde blanche … De fait… ne maitrisant que trop mal les dons que Morr à su m'offrir, j'aurais besoin de son aide ainsi que de la votre frère questeur pour accomplir pareil prodige. Je serais le réceptacle dont vous userez pour que Morr puisse m'offrir les visions susceptibles de nous guider.

Je ne connais pas Lucretia de manière personnel mais… Je connais Karla… Et si sa présence aux cotés de la Lahmiane est fondée alors… Elle me guidera jusqu'à elle. Quand à l'objet ayant pu capter son reflet…"


Julan sourcilla alors, comme semblant comprendre où le loup blanc voulait en venir, et au sourire qu'il afficha, il ne pouvait que saluer l'ingéniosité du chasseur de monstre.

"Certain semble avoir saisi le fond de ma pensée : l'armure du chevalier Otto… Si Dohkara de Soya était présente au moment de sa mise à mort alors… Son image s'est reflétée dans cette armure… Celle des nobles seigneurs sont bien souvent de meilleurs manufactures que le reste des troupes."

Si l'énonciation du plan n'eut pour seule réponse qu'un long et pesant silence, signe que sa réalisation était une possibilité pouvant certes les faire nettement avancer dans leur traque, il restait tout de même un point noir au tableau : Récupérer le corps de Otto semblait une entreprise bien périlleuse et que la théorie soulevée par Geralt concernant une potentiel Stryge soit fondée ou pas.

"Dès que le moment sera venu… J'irai moi même sur les lieux du massacre des hommes du dénommé Otto. Dans l'Empire, je suis de loin l'un des meilleurs traqueur ayant un jour foulé ces terres, ces forêts ne me sont nullement inconnus et… Si notre Stryge existe… J'ai un certain passif avec cette famille vampirique...

Ne vous y méprenez pas, je n'ai pas la prétention de pouvoir vaincre un tel monstre seul, j'ignore même si tous ensemble nous en serions capable. Notre but est Lucrétia… Par ma faute vous avez déjà perdu Massimo, Wolfgang et les autres… Perdre plus de gens mettrai un terme à notre mission, à quoi bon retrouver notre vampire si c'est pour échouer car nous ne sommes plus assez nombreux ?
Malgré le choix de Massimo, ainsi que celui de notre Saint père… Le temps qui m'a été alloué arrive peu à peu à son terme… Si je devais mourir dans ces bois… Et bien cela ne sera une perte pour personne n'est ce pas ?

Je vais trouver la Stryge… Jusqu'à m'entretenir avec elle si il le faut… Et récupérer le corps de Otto… Ou mourir en tentant de le faire…"


S'attendant à de potentiels protestations face à un acte aussi fou que désespéré, Geralt préféra préciser quelques détails destiné à l'aider dans la réalisation de son objectif :

"Julan et Carmen… Dès demain, je vous donnerai de mes fonds personnels pour me récupérer des équipements bien particulier. J'ai besoin de me préparer au mieux avant de tenter ma chance sans compter que… Mon corps n'a pas encore totalement récupéré de ma confrontation avec le Satyre blanc.

Klemens et Engelbert, vous vous occuperez de la protection de Emilio."


Ayant donné des tâches à toute l'équipe, il laissa alors la parole au reste des protagonistes.

"Je me doute que vous avez bon nombre de réticences quand à mon idée, aussi suis je prêt à écouter toutes les propositions possible.

Une fois que nous aurons terminé : Klemens, Engelbert et Julan, dirigez vous vers les portes de la ville, je vous y rejoindrai pour que nous puissions nous occuper des corps des malheureux ayant subit la colère du Margrave. Que leurs âmes trouvent le repos éternel dans le jardin du Saint père..."


Il fixa alors son regard vers la belle Carmen, il était grand temps d'échanger quelques mots avec la princesse originaire de Tilée.

"Mais avant cela… J'aimerai échanger quelques mots en privée avec Carmen…" Ordonna il tandis que les deux concernés s'observaient désormais.


******




Les discussions qui s'en suivirent avec le reste du groupe donnèrent lieu à quelques échanges musclés. Si tous s'entendaient pour dire que le plan de Geralt pour localiser avec précision Karla et Lucretia avait des chances de fonctionner, aucun ne semblait accepter l'idée de voir le parjure se lancer seul à la rencontre d'une potentiel stryge...
Pour autant, tous les arguments cités par le reste de la troupe de chevaliers de l'Ordre de le couvée du corbeau pour le raisonner ne furent suffisant et, en temps que chef désigné par Massimo et Emilio... Tous furent finalement forcés de se plier à la volonté de l'homme au masque.
Les arguments de Geralt étaient les suivants : Si il avait depuis son retour du Val gris, fait le choix de se plier au chemin dicté par sa destinée alors Morr saurait lui montré la voie dans les épreuves pouvant se dresser contre lui dans cette entreprise pouvant sembler totalement insensé.
Confronté de nouveau à la non vie, et se refusant à entraîner les autres dans ce qui pourrait être un mauvais choix, il voyait tout ceci comme une nouvelle étape à franchir pour se rapprocher un peu plus de Karla.
Retrouver le corps du fils du Margrave était donc désormais une priorité absolu.
Enfin, l'idée de se mouvoir seul sur le territoire de la Stryge, ne pourrait que lui faire baisser sa garde... Le loup blanc n'avait nullement l'intention de se battre contre pareil monstre, si il existait tout du moins, et cela... Il allait devoir le démontrer... Par tous les moyens possibles.

Une fois les dernières consignes données, la majeur parti du groupe prit congé, tandis qu'était désormais seulement attablé Geralt et Carmen.
Un silence s'installa alors entre les deux protagonistes que tout semblait opposer, et ce fut au loup blanc d'y mettre fin tandis qu'il devait pour l'heure toujours se contenter de supporter le regard sévère et froid de la princesse de Tilée.


"Tu doutes toujours autant de ma légitimité... Je ne peux t'en vouloir... Moi même j'ai encore du mal à croire aux récents événements... Brisé il y a quelques temps encore, je cherche désormais à me reconstruire... Alors que tous pensent que je suis depuis longtemps définitivement perdu." Il retira alors son masque dévoilant son visage à moitié dévoré par les veines noirâtres symbole de la corruption chaotique , il poussa un long soupir, cherchant ses mots :
"Ce regard que tu me portes... Merci de me l'offrir, il me permet de me souvenir de ce que j'ai pu faire... Et que même la bénédiction du Saint père ne peut effacer.

N'ai crainte Carmen, je ne monopoliserai que peu de ton temps... J'aimerais te demander une faveur vois tu... Au moment de ma mort... Quel soit ici ou dans une autre région... J'aimerai que ce soit toi qui prenne le commandement du groupe et qui récupère l'épée Del'ait si cela est possible."


Cette demande aussi surprenante que soudaine, semblait cacher quelques arrières pensées, aussi le chasseur de monstre s'expliqua t'il.

"Sans Wolfgang, tu es de fais la plus a même de mener cette équipe ... Je ne sais que trop bien les pensées qui t'habite : ma présence à votre tête est une honte pour toi, et ton ralliement n'est dû cas ta foi envers Morr...
Nul besoin de don pour voir que le doute s'est installé en toi, et c'est aussi pour cela que j'ai désiré te parler...

Que je sois mort ou toujours vivant, il te faudra à un moment faire un choix : Celui de la foi ou de la raison...
Cette mission... Ces chances de succès sont bien maigres, nous qui sommes les chasseurs, nous avançons à l'aveugle contre un ennemi qui ne nous laissera aucune chance sans compter que... Les forces qui habitent mon corps me quitte peu à peu."


Dans l'acier de son masque posé devant lui, il discerna son propre reflet, se perdant à le contempler quelques secondes, il termina par dire :

"Prophétie ou pas... L'Ordre ne pourra survivre que parce qu'il est en mesure de s'adapter aux nouvelles menaces qui se dressent à l'horizon.
Ni ma vie, ni la mort de Lucretia ne justifie de tout perdre... Si les choses devaient à un moment mal tourner alors : Retourne auprès du Saint Siège en compagnie de Emilio, cet enfant est une arme bien plus terrifiante que la plus fine des lames, et le perdre... Serait un coup dur pour nous.

Si je dois échouer... Alors cela sera la preuve que je n'étais nullement destiné à vaincre la Lahmiane... Tout ceci... J'ai l'impression de revenir quelques années en arrière, au moment où je traquais le vampire Agabius...

Cela avait mal fini... Et j'ai peur qu'il en soit de même pour ce groupe..."


Le regard vague et semblant perdu, Geralt parlait maintenant à demi mot, comme ne pouvant deviner le déroulé de sa propre histoire mais en connaissant l'exacte moment de son terme.
Que chercha t'il à dire ou expliquer ce soir là, nul n'aurait su le dire.


"L'enfant sera la clé Carmen... L'enfant sera la clé..."

Il murmura ces quelques mots, avant de faire signe à la jeune femme qu'elle pouvait désormais disposer.
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Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 28 janv. 2020, 21:56, modifié 1 fois.
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Geralt, Chevalier renégat de l'Ordre du corbeau

For 12 | End 12 | Hab 14 (*+1) | Cha 8 (*+2) | Int 12 | Ini 14 | Att 14 | Par 14 | Tir 14 (*+1) | FOI 11 | NA 3 | PV 95/95
Fiche : http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... che_geralt
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[MJ] Le Grand Duc
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Re: [Geralt] Le massacre de Rossin

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Carmen se tenait à l’opposé de Geralt, d’une raideur extrême et le visage figé. Elle ne regarda même pas le Loup Blanc tandis qu’il lui parlait et ne bougea pas d’un pouce. Ses traits finement ciselés ne laissaient paraître aucune émotion, sinon une dureté illustrée par ses sourcils froncés. Lorsque que le nouveau commandant des Corbeaux eut terminé, un silence lourd s’installa entre eux jusqu’à ce que, finalement, la princesse pose un regard noir sur l’homme qui lui faisait face.

- « Je ne souhaite pas entendre tes jérémiades. » dit-elle d’un ton cassant que même son accent ensoleillé ne suffisait pas à adoucir. « Et je souhaite encore moins supporter qu’un traître corrompu me dicte ma mission. »

En parlant, les arêtes de son nez aquilin se retroussaient sous l’effet de la colère. Elle expira d’un coup et se leva prestement, signifiant ainsi clairement qu’elle n’avait aucune envie de discuter avec Geralt.

- « Je me moque de ta prophétie, de ta destinée, de ta vie passée et de tes états d’âme. Contrairement aux autres, je n’ai aucune confiance en toi, ni en ta capacité à mener cette quête à bout. Si je suis toujours parmi vous, c’est uniquement pour protéger Emilio et m’assurer que tu ne puisses lui faire le moindre mal, par ton fait ou par les conséquences de tes actes. Porte-lui atteinte, mets-le inutilement en danger, et la Flèche du Silence viendra te percer le cœur pour mettre fin à ta triste existence. D’ici là, ou jusqu’à ce que tu trouves un meilleur moyen de disparaître de ce monde, avise-toi de ne pas t’adresser à moi à moins que cela ne soit strictement nécessaire. Garde bien à l’esprit que jamais, ô grand jamais, la Porte-Lance de l’Ordre de l’Etoile Noire n’acceptera d’appeler un parjure son frère. Et ce n’est pas la simple volonté d’un Massimo délirant qui va changer cela. »

C’est sur ces mots acides que la princesse de Bilbali quitta la pièce sans entendre ce que Geralt avait à lui répondre, disparaissant dans le couloir qui menait aux chambres. Le Loup resta attablé face à la cheminée éteinte, avec la lueur mourante d’une bougie pour seule compagnie.





Il faisait nuit noire lorsque Geralt retrouva Klemens, Engelbert et Julan aux portes du bourg. Les gardes leur ouvrirent le portail et les Corbeaux s’avancèrent à la lueur des torches dans le village bâti au pied des murs. Une à une, ils firent tomber les potences et récupérèrent les dépouilles décomposées des stryganis qui y étaient pendus avant de les entasser dans une charrette à bras, aux côtés de quatre pelles que l’écuyer avait dégotées avant de venir. Il faisait un froid glacial et le souffle des hommes se transformait en un gros nuage de buée, mais personne ne se plaignit car ils réalisaient là la volonté de leur divinité tutélaire, qui était que chaque individu devait recevoir une sépulture décente et les vœux de bon voyage dans la mort.

Une fois toutes les potences mises à bas et les cadavres chargés, ils tirèrent la charrette sur le chemin par lequel ils étaient arrivés et s’éloignèrent dans la nuit, loin des habitations. C’est là, en bordure de la piste, qu’ils plantèrent leurs pelles dans le sol sablonneux pour y creuser une fosse. Julan poussa la chansonnette pour se donner du cœur à l’ouvrage mais un regard noir de la part de Klemens suffit à le faire taire. Ils creusèrent donc en silence, jusqu’à ce que la tombe soit assez profonde et que les restes des stryganis y soient déchargés pêle-mêle. Les Corbeaux se tinrent alors autour du trou, mains croisées devant eux, et écoutèrent la prière de Geralt. Lorsque ce dernier eut terminé, ils effectuèrent le salut mórrien et saisirent à nouveaux leurs pelles pour recouvrir les corps de terre. Une fois leur besogne terminée, ils retournèrent à Rossin sans s’adresser un mot et prirent du repos.

+2 pdc envers Mórr




Au petit matin, Geralt se rendit au corps de garde pour demander au sergent Vagran de l’accompagner aux geôles. Le sous-officier s’exécuta et escorta le Loup Blanc jusqu’à un grand bâtiment en pierre adossé aux remparts et qui devait être la caserne de la garnison, compte tenu du grand nombre de soldats qui s’y trouvait. Les hommes s’écartèrent sur le passage du templier et la plupart n’osèrent pas croiser le regard qui brillait derrière le masque de fer.

Le sergent et lui passèrent une première porte, puis un long couloir, et une autre porte avant d’entrer dans la prison de Rossin, qui se résumait à six cellules qui se faisaient face les unes aux autres. L’endroit dégageait une odeur rance et seules quelques ouvertures en haut des murs laissaient entrer un peu de lumière. Le garde en faction se leva soudainement de son tabouret pour saluer le sergent et le chevalier qui l’accompagnait.


- « Erik, sors les outils et va ouvrir la cellule du gitan. » lui ordonna Vagran.

Le soldat s’exécuta et déroula un étui en cuir sur sa petite table, dévoilant un assortiment de pinces, de limes, de ciseaux et de petites lames visiblement destinés à l’usage de la torture. Puis il s’empressa d’aller ouvrir la dernière cellule, au fond du couloir.

De la paillasse souillée jonchait le sol, et un homme était assis en tailleur, attaché au mur par des fers qui lui tenaillaient les poignets. Il était grand et maigre, et portait un pantalon en lin taché et un bolero autrefois bleu vif mais aujourd’hui couvert de crasse. Son corps velu et tatoué était parcouru de traces de coups et d’ecchymoses, signes des mauvais traitements qu’il avait reçu au cours de son incarcération, et sa tête était baissée de telle sorte que sa sale tignasse sombre lui masquait le visage.


- « Debout vermine, t’as d’la visite. » lui lança Vagran. « Erik, réveille-le. »

- « Allez raclure ! T’es sourd ou quoi ! Y’a qu’unqu’un pour toi ! » lui cria alors le garde qui entra dans la cellule pour donner des coups de pied au prisonnier.

Ce dernier grogna et poussa un râle de douleur en essayant mollement d’éviter la botte, et redressa la tête de telle sorte que Geralt vit son visage. Il avait un nez en bec d’aigle et de grosses moustaches, les joues mangées par la barbe et les lèvres fendue. Il balbutia quelque chose en pliant les poignets au maximum pour se protéger le crâne des coups qui continuaient de pleuvoir.

- « ათი თაობის დაწყევლილი ხარ … aaaarh … de l’eau ... j’ai soif … » souffla-t-il avec le peu de forces qu’il avait.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Geralt
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Re: [Geralt] Le massacre de Rossin

Message par Geralt »

L'écoutant sans jamais broncher, le perforant de son regard emplit de rage et dégoût, la princesse Estalienne ne se décida à enfin intervenir qu'une fois que le Loup blanc eut terminé ce qui ressemblait à une revendication.
Toujours rongée par la colère et la honte, elle lui donna une réponse dès plus cinglante... Se moquant des demandes que Geralt pouvait bien lui faire, se refusant de lui offrir ne serait-ce qu'une pointe de sa confiance, allant jusqu'à remettre en doute directement la décision de Massimo qu'en à sa nomination en temps que chef du groupe, pensant que la gravité de ces blessures lui avait fait perdre l'esprit... Elle se montra finalement menaçante, allant jusqu'à lui cracher au visage, qu'elle n'hésiterai pas une seule seconde à l'abattre si il représentait de près ou de loin une menace pour le jeune Emilio... Plus que la foi qu'elle portait en Morr, c'était son attachement pour l'enfant qui semblait avoir pesé dans la balance quand à sa décision de suivre Geralt...
Cette agressivité n'avait rien d'agréable mais au final, son idée de protéger le jeune devin coûte que coûte rejoignait l'idée majeur de la demande que le chasseur de monstre lui avait fait plus tôt...
Lui tournant le dos, Carmen lui ordonna de ne plus lui adresser la parole, sauf en cas d'extrême urgence.
Prophétie... État d'âme... Passif... Ou justifications ne changeraient jamais la vision qu'elle avait du parjure. Se dissimuler derrière un masque terrifiant ne pouvant cacher l'homme qu'il était vraiment... Et pour Carmen, le mot auquel elle pensait en devisageant le chevalier déchu à l'instant T était : Une pourriture...

D'un pas souple et avec une allure gracieuse, elle disparu du champs de vision de son interlocuteur, sans même lui laisser le temps de lui fournir une nouvelle réponse.
A nouveau seul, plongé dans l'obscurité de la pièce de l'auberge simplement éclairé par une bougie... Geralt s'empara de son masque de métal, y observant son propre reflet... Son œil manquant... Ses veines noires... Le fond de sa pupille à moitié gorgée de sang, alors que ses joues étaient creusées... Lui même avait pitié de son état actuel.


"Seront ce là les mêmes mots que tu m'offriras au moment de nous revoir Karla ? Tu parles d'un champion de Morr... Une épave au mieux, dérivant dans un monde ne l'acceptant plus..."

Soudain sa main se mit à trembler violamment, ses forces le quittant, au point qu'il en lâcha son masque celui ci tombant au sol.
Ressentant du sang couler au niveau de ses narines, sa vue se troubla alors, tandis qu'il avait du mal à respirer désormais.
Sa crise dura une longue minute, jusqu'à ce qu'il puisse se calmer, malgré la sensation de nausée qui désormais l'habitait... Les effets bénéfiques du Pollen de Sirène semblant faiblir à chaque nouvelle dose ingérée, les blessures de son affrontement contre le Satyre blanc n'ayant pas encore toutes terminées de guérir, il était incroyable de penser qu'il était en mesure de se mouvoir pleinement encore alors qu'il avait en réalité besoin de repos...

Mais... Prêt à tout pour venir à bout de l'objectif qu'il s'était fixé, il s'empressa de se relever et de refixer le masque de fer sur son visage. Si Geralt était faible et mourant... Le templier Eskel lui... Devait se montrer fort... Car ainsi était la volonté du Saint Père...



******


Geralt retrouva Julan, Klemens et Engelbert aux portes de la ville. Par cette nuit froide et sans lune, ils se hâtèrent de décrocher les corps des malheureux gitans, faisant ainsi fuir les corbeaux qui crôssèrent de rage tandis qu'on les privaient de leur repas.
Il fallu plus d'une heure au groupe de chasseurs de vampires pour décrocher et charger les corps dont l'odeur nauséabond était un supplice pour l'odorat.
Il en fallu deux de plus pour les emmener à une lieue de Rossin, comme l'avait ordonné le Margrave, et pour leur offrir à tous une sépulture décente...
Leurs corps étant retournés à la terre, il ne restait plus cas guider leurs âmes dans les bras du Grand Veilleur, et c'était au loup blanc qu'incombait désormais cette tâche alors que les autres templiers se rassemblèrent autour de lui.


"Ô Mórr, Toi qui règne sur le Royaume d’en bas
Sur les caveaux d’insondable mystère
Où l’horizon morne et plombé s’étire
Ô Mórr, Toi qui surveille l’esprit des défunts
Quand le temps s’arrête
Et que la pénombre se fait nuit

Seigneur de la Mort qui demeure en toute chose
Seigneur des Rêves
Roi du calme et du silence
Humblement, nous te mandons de recevoir et d’accueillir,
De conduire en ton Royaume, éternellement, ces malheureux du peuple Stryganis
Vois venir à Toi ces défunts
Ouvres tes portes,
Qu’un rai de lumière jaillisse !
Nous entendons ton pas lourd et mesuré
Nous entendons ton pas pour l’accompagner !

Ô Mórr, nous t’adressons d’ici
Notre reconnaissance infinie
D’avoir recueilli en ton Royaume, à jamais ces âmes...
Qu’il en soit ainsi !"


Cette liturgie était d'ordinaire celle que l'on offrait aux âmes errantes cherchant leur chemin vers le jardin de Morr.
Marquant alors une minute de silence, il ne se tourna vers les templiers qu'une fois celle ci écoulé, les remerciant pour leur aide, avant de leur intimer de rentrer à l'auberge pour profiter des quelques heures de repos qui leur serait permis avant la levée du jour.



******




Après une nuit calme mais de courte durée, le loup blanc vint à se diriger en direction du corps de garde pour y retrouver le Sergent Vagran, afin qu'il puisse le conduire au plus rapidement, vers les geôles du bourg de manière à y rencontrer l'un des derniers survivants connu du massacre de Rossin.

Arrivant au niveau d'un grand bâtiment en pierre et collé aux rempart de la ville, le loup blanc fut ainsi conduit dans le sous sol humide et sombre de l'édifice.
Croisant quelques soldats sur le chemin, nul n'osa ne serait ce que dresser son regard en direction du chevalier noir. L'accompagnant, le Sergent ordonna au soldat de faction, un dénommé Edrik, de récupérer quelques outils destinés à la torture, et d'ouvrir la cellule de celui qui avait échappé au sombre sort qu'avait subi ces congénères.

Dès lors, à la manière d'un animal battu, Geralt pu apercevoir une silhouette recroquevillée sur elle même... Les soldats voyant que l'inquisiteur cherchait à mieux le discerner, eurent la bonne idée de le secouer un peu, le moins gradé pénétrant la cellule pour ainsi le rouer de coups de pied.
Il n'en fallu pas plus à Geralt pour intervenir, aggripant sa main sur l'épaule du soldat pour le tirer violamment en arrière au risque de le faire trébucher.


"Il suffit ! Vous n'obtiendrez rien ainsi ! Ramenez vos objets de malheurs et disparaissez... Je veux être seul avec lui !" Ordonna il d'une voix puissante et ferme, à en faire pâlir de peur les deux impériaux.
"Qu'on lui apporte de l'eau et du pain... Tout de suite !" Les deux hommes s'exécutèrent alors sans la moindre hésitation.

Le prisonnier toujours au sol, tremblotait de peur alors qu'il posa ces yeux vers le sinistre chevalier masqué. Se posant par terre en tailleur, Geralt l'oberva alors un long moment, lui faisant signe de se redresser pour ainsi mieux le contempler.
Le gitan s'attendant à être de nouveau frappé, s'exécuta sans broncher, non sans placer ces bras en protection, s'attendant à recevoir un mauvais coup à tout moment par celui qu'il voyait comme son nouveau bourreau.


C'était un homme en piteuse état que Geralt avait devant lui, arborant une barbe sale et mal entretenu , des cernes importants sous les yeux et un visage plein de bleus suite au mauvais traitement reçu ici.

"Mon nom est Eskel... Je suis un templier de Morr... Quel est ton nom homme du peuple Stryganis ?"

N'eut il le temps de lui répondre, que le soldat Edrik revint avec de l'eau et un peu de nourriture, qu'il déposa devant le prisonnier avant de disparaître en silence.
Geralt intima alors d'un signe de main à son interlocuteur de se servir, chose qu'il fit avec une pointe de méfiance, voyant cet étonnant élan de générosité comme un potentiel piège destiné à lui nuire.
Geralt l'observa alors de longues minutes sans dire un mot, tandis que le prisonnier mangeait et buvait à la manière d'un homme n'ayant connu que trop longtemps déjà la faim et la soif.


"Sache que ta survie est dû à une chance exceptionnelle... Le Margrave a jugé bon de t'épargner pour l'heure en apprenant ma venue.

Selon ce qu'il m'a dis, tu refuses de parler... En même temps, ces idiots de soldats pensent que l'on peut arracher tout ce que l'on veut d'un homme qui n'a plus rien par la simple violence..."


Geralt poussa un soupir de lassitude. L'homme devant lui n'avait dans le fond plus rien à perdre, les siens avaient été massacré et il était sans doute convaincu qu'il allait de toutes les manières mourir ici dans cette cage au beau milieu de sa propre pisse.

"Heureusement je ne suis pas comme ça. J'ai fais le choix de venir te rencontrer dans l'espoir d'avoir un échange constructif. Pose moi des questions, et j'y répondrai dans la mesure du possible, mais cela devra aussi valoir pour toi.

Sache que je n'aime pas perdre mon temps, aussi si tu ne veux rien me dire, ou que tu cherches à me mentir... Je peux partir dès à présent, et le Margrave te fera exécuter... Mais... "


Il marqua une pause, plongeant son regard dans celui du gitan avant de dire simplement et calmement :

"Si tu m'aides... Je peux peut être demander grâce au Margrave et ainsi t'épargner une mort atroce. Bien sûre je n'ai aucune garantie à te fournir j'en ai bien peur mais je peux te prouver ma bonne foi... Sache que j'ai fais faire décrocher et enterrer les malheureux de ton peuple que le dirigeant de Rossin avait exposer aux yeux de tous aux portes de sa ville... Ils ont reçu les sacréments par mes soins, et leurs âmes sont entre les mains du Saint Père désormais ." Il marqua une pause pour laisser le temps à son interlocuteur de digérer cette information avant de reprendre :
"Venons en aux faits... Toi et les tiens avez accueilli dans votre communauté deux femmes impériales aux cheveux de feu... Je veux tout savoir, en passant par leur rencontre, leur comportement, leur intégration, leurs projets, et la façon dont les tiens se sont retrouvés au milieu d'une boucherie ayant causé la mort de Otto Von Falmer..."

S'attendant à d'éventuels réticences, il préféra conclure par ces mots :

"Réfléchi bien avant de me répondre, tu es ici seul maître de ton destin... Sache encore que je n'userai d'aucune violence contre toi."
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 30 janv. 2020, 19:56, modifié 1 fois.
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Geralt, Chevalier renégat de l'Ordre du corbeau

For 12 | End 12 | Hab 14 (*+1) | Cha 8 (*+2) | Int 12 | Ini 14 | Att 14 | Par 14 | Tir 14 (*+1) | FOI 11 | NA 3 | PV 95/95
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