[Friedrich] Le Phare dans la Forêt

[[MJ] Le Djinn]

Un petit silence suivit la déclaration de Friedrich. Celui qui semblait être le guerrier du groupe d'aventurier, cet humain décidément trop musclé et rustique pour être honnête, s'outra doucement de l'attitude du sergent à vouloir absolument commander. Un coup dans les côtes de la magicienne lui fit comprendre qu'il n'avait pas son mot à dire et que cette brèche n'allait pas se refermer toute seule. Pendant ce temps, le soldat Holtz s'affairait déjà à desserrer les liens des survivants. Son regard porta un moment sur un cadavre affreusement grignoté. Il détourna le regard et pensa au décolleté de l'elfe pour se redonner du courage.

Le plupart des mineurs semblaient en état de choc avancé, pouvant à peine articuler des syllabes et complètement incapables de tenir une phrase complète. L'expérience avait dû être terrible, surtout qu'à bien y regarder ils avaient tous sur le corps des traces de sévices, au fer rouge ou à la lame. Certains se mirent d'ailleurs en position latérale une fois détachés, les yeux fous. Il leur faudrait quelques temps pour se remettre.
Bientôt, le nain apparut devant Friedrich, le front perlant de sueur. Il cracha par terre et déclare:

-"On a fait un petit muret mais ça tiendra pas. Je connais ces saloperies, ils se repointeront dès qu'on aura tourné le dos... Moi je dis, faut faire sauter la mine."

Derrière lui, le vieux Gildas, outré, débarqua l'air furax, ses bras s'agitaient dans tous les sens alors qu'il parlait et le ton de sa voix, hésitante pourtant, traduisait bien son aversion pour l'idée:

-"Mais vous êtes fou enfin! C'te mine c'est l'gagne pain des habitants! Si elle s'effondre avec vos conneries, on a plus rien nous! A quoi ça sert d'avoir échappé aux rats si on crève la dalle derrière?"

-"C'est pour ça que vous autres les humains vous devriez pas creuser, c'est un truc de nain ça. Retournez cultiver des champs, vous f'rez la guerre aux endives!"

-"Sergent, l'laissez pas faire! Il est timbré ce chnain!"

Le courtaud eut un geste obscène pour le vieillard:

-"On dit "nain", connard!"

A voir ce que Friedrich décidait ensuite. Utiliser beaucoup d'explosif ferait sauter toute la mine, rendant le fer inatteignable mais souvent le coin alors que tout laisser en l'état était laisser courir le risque de voir une nuée de skavens débarquer à tout moment... Une meilleure solution germerait-elle dans la tête du militaire?

[Friedrich Hadler]

Fort heureusement, pas une des craintes de Friedrich ne s’avéra fondée. L’ennemi semblait tout bonnement avoir fui le secteur, et c’était tant mieux. L’ennui était qu’il était impossible de dire combien de temps durerait cette accalmie. Quelques minutes ? Quelques heures ? Quelques jours ? Quelques semaines ? Plus encore ? Le sergent n’en avait aucune idée, mais ce qui était sûr, c’était que la perspective d’un retour des hommes-rats ne pouvait pas être exclue, et qu’à part un mince mur édifié à la hâte, rien ne ralentirait leur progression.

Par contre, le point positif était justement que d’une part ils avaient pu construire ce rempart qui leur donnait une petite marge de manœuvre, et que d’autre part la plupart des mineurs étaient saufs, encore que marqués à vie, physiquement et psychologiquement, et en état de choc.

C’est alors qu’un débat éclata entre le nain du groupe d’aventuriers et le vieux mineur local qui leur servait de guide, Gildas. Le premier voulait effondrer la mine afin de couper court à toute nouvelle incursion skaven. Le second souhaitait lui conserver les lieux en l’état. Chacun avança des arguments, auxquels le plus jeune des Hadler ne put qu’acquiescer. Il semblait toutefois que l’échange était sur le point de dégénérer et que le sous-officier devrait jouer le rôle d’arbitre. Un rôle pas si simple en l’occurrence, car il ne semblait pas y avoir de bonne solution en l’espèce. Toutes les options qui lui étaient proposées présentaient des inconvénients majeurs, mais paraissaient sensées et surtout nécessaires, et lui-même n’entrevoyait qu’une seule autre possibilité qui serait certes plus avantageuse en cas de réussite, mais aussi beaucoup plus risquée, et dont de surcroît il ignorait la faisabilité. A cela, il fallait ajouter que le sergent ne se sentait absolument pas le droit de prendre la responsabilité de décider du destin d’Astrona. Il n’était qu’un simple militaire et non pas un noble, un politicien ou un représentant du peuple. Qui plus est, si dans l’absolu il devait défendre tout l’Ostland et l’Empire, sa mission actuelle était de protéger Col-de-Ferlangen, il ne l’oubliait pas, et en vertu de cette responsabilité, il ne pouvait pas se permettre de tout risquer pour Astrona. Après une courte réflexion, et avec un air ennuyé sur le visage, qui transcrivait bien son malaise, il déclara d’une voix hésitante :

-Le pire dans tout cela, c’est que je pense que vous avez tous les deux raison. Sans cette mine, le village disparaîtra, c’est sûr. La mine est la raison d’être d’Astrona et je suppose qu'il n'y a pas d'autre filon exploitable ou d'affleurement de minerai en surface pour remplacer cette mine si on effondrait ces galeries ne serait-ce que partiellement, c'est bien cela ? Mais d’un autre côté, il est tout aussi certain que de faire comme si de rien n’était condamnerait les habitants. Regardez autour de vous : il y a déjà eu des morts, et les autres, vu comme ils étaient marqués, n’étaient sans doute pas destinés à un sort plus enviable. Et quand bien même nous laisserions les mines en état, voudraient-ils seulement y retravailler ?

De toute façon, cette décision ne dépend pas de moi. Je ne vis pas ici, je n’ai pas à choisir pour les habitants du village. C’est de leurs vies qu’il s’agit, et c’est à eux de décider. J’aurais cependant tendance à penser que leurs vies valent plus qu’un peu de fer, d’or et de cuivre. Même sans la mine, tant que vous vivrez, il restera de l’espoir, vous pourrez recommencer, ici ou ailleurs.

Néanmoins… Il y a peut-être une autre solution. Plus risquée, sans doute, mais le jeu peut en valoir la chandelle. J’ignore toutefois si elle est faisable ou non, et l’étendue des risques pris. Ceci-dit, ça devrait sans doute vous plaire, au moins dans l’idée, à tous les deux.

Rapidement, le sergent exposa la seule solution alternative qu'il avait envisagée au reste du groupe :

-Evidemment, nous sommes d’accord sur le fait que le mieux serait de conserver la mine tout en bloquant une bonne fois pour toutes l’arrivée des hommes-rats. Pour cela je ne vois qu’une seule possibilité : qu’un commando pénètre dans cette fissure, au cœur même du territoire ennemi, et place une charge explosive en aval, à un endroit où elle effondrait à coup sûr les galeries skavens sur un volume assez grand pour les bloquer pendant des mois au moins s'ils tentaient de les dégager, mais sans occasionner de dégâts la mine. Bien sûr, je ne suis pas ingénieur des mines et n’ai aucune expérience avec le maniement des explosifs. Je ne sais pas si placer une charge de manière à obtenir un tel résultat est possible : c’est sans doute le cas, mais il nous faudrait un expert pour calculer et placer les charges aux endroits idéaux. Une trop forte explosion et c’est la mine entière qui serait détruite, une trop faible et tout serait à recommencer, avec en prime la garantie de rameuter vers le bruit tous les rats du coin. J’ignore aussi ce qui attendrait le commando là-bas, il s’agit peut-être d’un piège. En tous cas, il faudra que les volontaires s’attendent à se jeter dans la gueule du loup. Dans l’idéal ils agiraient discrètement, mais qui sait si ces monstres ont posté des guetteurs. Cela dit, l'effet de surprise jouerait sans doute pour nous : je doute que ces skavens aient anticipé une telle action offensive et audacieuse sur leurs plates-bandes, il y a donc une possibilité pour que ça marche, au culot.

Quoi qu’il en soit, je suis d’avis de d’abord remonter les mineurs blessés en sécurité à la surface et de laisser les villageois prendre là-bas la décision. C’est à eux que revient cette responsabilité, et à eux seuls, collectivement. Aucun d’entre nous n’a le droit de décider à leur place.

D’ailleurs, si grâce à Sigmar Endrik, l’elfe et le ranger ont pu rentrer, les renforts de la milice ne devraient plus tarder maintenant. Un ou deux guetteurs resteront ici pour nous avertir au cas où ces damnés skavens tenteraient de revenir.

Est-ce que ça vous va ?

De toute façon, Friedrich n’attendait pas réellement de réponse à sa question finale. Le plus urgent dans l’immédiat était de mettre à l’abri les survivants. Ensuite seulement, il serait temps de décider de quoi faire de la mine en elle-même. Et enfin, s’il restait des explosifs ou des ressources non essentielles à Astrona, quelles qu’elles soient, il les réquisitionnerait pour la défense de Col-de-Ferlangen.

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La décision du militaire rencontra un avis des plus mitigé parmi l'auditoire et ce à plusieurs niveau. Excepté le nain qui jurait sur les barbes fournies de tous ses ancêtres de foncer dans ce trou et de démolir ces "putains de skavens de merde", les autres aventuriers étaient dubitatifs quant à la réussite de la mission. C'était cependant le vieux Gildas qui affichait l'air le plus contrit. Cette idée de décider "collectivement" lui semblait complètement étrangère, tant le système impérial était loin de valoriser les assemblées paysannes. Pire, il lui semblait bien, même s'il ne fit que le maugréer, que le sergent Hadler tentait d'échapper à son devoir de décisionnaire. C'était ainsi, on attendait des gens avec un insigne des décisions difficiles aux conséquences douloureuses et non pas un renoncement au profit de la collectivité.

Mais l'heure n'était pas ou plus à ces questions, pourtant importantes. Il fallait d'abord ramener les rangs de mineurs mortifiés à la surface ainsi que les restes des morts afin de leur offrir une sépulture décente. Friedrich ne se trompait pas cela dit: à l'entrée de la mine ils tombèrent sur un homme vêtu un peu plus richement que les autres entourés d'une dizaine de gardes, les rouflaquettes vantardes et les cheveux bruns coupés courts, l'archétype du petit bourgeois de province.

-"Ah! Vous voilà enfin! Nous avons eu si peur! Je suis le maire de ce village, Helmut Vandermen. Pour vous servir, sergent Hadler. Hélà, gardes! Aidez donc ces malheureux!"

Autour de l'entrée une petite foule commençait à se former, des femmes et des enfants notamment, qui cherchaient du regard les pères et les maris portés par les soldats en faction. Aucune trace des blessés à l'horizon. Helmut, qui visiblement tenait sa population d'une bonne main, n'eut aucun mal à fendre tous ces gens pour se rendre à une minuscule église de Sigmar devant laquelle se tenait déjà un prêtre maigrichon.

Tout le monde y était. Les blessés étaient allongés sur des matelas de fortune et on plaçait les nouveaux arrivants devant l'autel, sous la lumière blafarde des vitraux décolorés. Friedrich ne coupa pas à l'épreuve et le prêtre, aidé d'un acolyte, faisait les ablutions et les bandages de tout le monde. Le maire s'approcha et fixa fermement le sergent. Simplement, il demanda:

-"Que s'est-il passé?"

[Friedrich Hadler]

Les réactions furent pour le moins mitigées à l’annonce de la décision du sous-officier concernant la mine. Visiblement, personne n’était enchanté par ce qu’il considérait pourtant comme étant la solution la plus juste. On semblait lui reprocher de ne pas avoir tranché, sans oser toutefois le lui dire en face. Friedrich prit sur lui et canalisa sa colère montante dans une profonde inspiration qu’il relâcha ensuite en un long soupir. En tant que militaire, il ne souhaitait pas s’imposer par la force même en ces temps troublés où celui qui avait l’épée avait tout pouvoir. Il était au service de ces gens, mais ne pouvait pas décider à leur place, n’ayant aucune légitimité pour cela, sous peine de n’être qu’un oppresseur, un tyran. Sa force, il la mettrait justement au service des faibles, ils étaient la raison même de son engagement. Pire, s’il outrepassait ses prérogatives et se permettait de donner des ordres qu’il n’avait aucun droit de donner, il risquait la cour martiale. Il n’était pas noble, après tout, et détruire la mine qui appartenait sans doute à un membre de la noblesse sans en référer à quiconque lui paraissait difficile à faire avaler, sauf en cas d’extrême nécessité. C’est donc passablement énervé, mais sans rien dire, qu’il entreprit de mener le groupe à la surface.

La remontée se déroula sans encombre. Arrivé à la sortie de la mine, le sergent fut ébloui pendant une fraction de secondes par la puissance du Soleil. Là l’attendaient le maire du village et quelques uns de ses hommes qui s’adressèrent à lui. Et tandis que le notable lui parlait, le cadet des Hadler ne put s’empêcher de porter son attention sur les nombreuses femmes et enfants qui tentaient de retrouver leurs époux et parents. Il dut se retenir pour ne pas pleurer en pensant aux familles endeuillées. Certains de ces gosses ne grandiraient jamais avec leur papa, certaines femmes, sans leurs maris, auraient les pires difficultés du monde à survivre. Comment un être humain aurait-il pu rester insensible face à une telle tragédie ? Le soldat avait pu sauver la majorité des mineurs, mais pas tous, hélas, et bien que ce ne soit pas de sa faute, il en était sincèrement navré.

Quoi qu’il en fut, le temps n’était pas à se morfondre sur la difficulté de la vie en Ostland. Tout en continuant à marcher vers la place de l’Eglise, où il eut le soulagement d’apercevoir que tous les blessés étaient pris en charge, y compris ceux qui avaient fait partie de son groupe, le militaire écouta ce que le maire d’Astrona avait à lui dire. Comme cela était prévisible, l’élu lui demanda un rapport sur ce qui s’était produit dans la mine. Friedrich résuma donc la situation en quelques mots :

–Des hommes-rats, ou skavens selon le nain, ont fait irruption dans votre mine par une fissure située tout au fond de celle-ci. Nous avons éliminé les nuisibles qui étaient dans la place et muré leur galerie. Mais cette solution ne peut être que provisoire, car ils pourraient revenir et briser le mur. Il va falloir décider de quoi faire maintenant. A mon avis, il faudrait au moins effondrer une partie de la mine pour les stopper durablement, mais le choix vous revient.

Pour ma part, je suis en charge de la défense de Col-de-Ferlangen en prévision de la prochaine nuit des bêtes, et je souhaiterais emporter de la poudre et des hommes en armes, si cela vous est possible. Evidemment, toute autre aide ne sera pas refusée, car à vrai dire nous manquons de tout là-bas.

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Le silence du temple reprenait peu à peu sa demeure devant l'air fortement étonné du maire et des quelques gardes qui l'accompagnaient. Un râle de blessé, d'origine indéfinissable, Le maire se gratta la tête, fortement pensif. Il eut un sourire compatissant, sans doute trop. La joie sur son visage était un masque de miel cachant l'avidité et le pragmatisme purement politicien. Aussi répondit-il simplement:

-"Voyons sergent, les skavens sont une légende pour enfants, ils n'existent pas. Des hommes-bêtes ressemblant à des rats, au mieux... Nous prendrons des mesures pour les éradiquer..."

Une fois sa petite digression terminée, l'homme de pouvoir se frotta les mains l'une dans l'autre et observa longuement l'autel. Il semblait réfléchir profondément, sans doute à la solution qui lui offrirait le plus d'avantages politiques.

Oui, oui... Nous n'avons pas grand-chose à vous donner... Au mieux un peu de poudre noir, du bois, des cordes et un peu de matériel. Peut-être une demi-douzaine d'hommes et encore!

Il parut se gratter le menton quelques instants. Ses yeux roulaient à droite à gauche alors que sur son visage se dessinait une moue indécise.

-"Pour ce qui est de faire s'effondrer la mine, vous comprendrez mon hésitation... Toute nos maigres richesses viennent de ce filon de fer, si nous le perdons la ville mourra en quelques années, quelques mois même. Vous m'excuserez, je ne suis pas devenu maire pour accepter cela facilement! Non, dans ce cas nous aurions aussi bien fait de venir tous à Col- de-Ferlangen, ce serait du pareil au même..."

L'officier civil continua ses cent pas en maugréant. La situation l'enrageait de plus en plus.

-"Mourir de la main d'hommes-bêtes ici ou là-bas... Non, nous devons garder cette mine sans quoi c'est la famine..."

[Friedrich Hadler]

En entendant la réponse du maire, le militaire hocha la tête négativement. Il désapprouvait le choix du maire, qui mettrait de manière certaine ses administrés en danger, tôt ou tard. La politique de l’autruche consistant à se voiler la face en espérant que les problèmes allaient disparaître d’eux-mêmes plutôt que de les prendre à bras-le-corps n’avait jamais trouvé grâce aux yeux du sergent, qui lui préférait un choix certes plus difficile, mais plus courageux. En d’autres circonstances, il aurait insisté, voire même pris l’initiative de porter secours à ces villageois face à la crise qui pointait son nez. Cependant, même si ces gens étaient aussi des compatriotes dans le besoin, il avait des ordres, et ne disposait pas d’assez d’hommes pour défendre deux localités à la fois. Ses effectifs actuels étaient tout juste suffisants pour espérer tenir Col-de-Ferlangen en cas d’attaque. La mort dans l’âme, car il avait conscience qu’il devrait abandonner pour un temps au moins ces gens à leur sort, il répondit, en désignant d’un geste ample de la main tous les blessés étendus dans la chapelle, tout autour d’eux :

-Je comprends votre décision. Je la comprends mais… Je ne l’approuve pas. A mes yeux, rester ici est dangereux. Regardez donc ce qui est arrivé à ces pauvres gens, vos concitoyens, vos électeurs ! Si je n’étais pas intervenu en catastrophe avec un groupe de mercenaires, -que je vous laisserai d’ailleurs le soin de rémunérer à hauteur du service rendu-, ils seraient tous morts à l’heure qu’il est, ou pire encore. De plus, il est loin d’être sûr que vos mineurs acceptent de reprendre le travail, vu ce qu’ils ont vécu.

Il y avait de la compassion dans le regard du sous-officier ostlander. Lui aussi aurait voulu que tout finisse bien, qu’on puisse oublier d’un claquement de doigt les affreuses visions de chairs dévorées, les blessés et les morts à la pelle, et les hybrides monstrueux combattus dans la pénombre des profondeurs de la terre. Mais il était de son devoir de prévoir le pire et de s’y préparer, afin de mieux pouvoir l’affronter. C’était son fardeau en tant que soldat, il était l’épée et le bouclier de l’Ostland et de l’Empire. C’est pourquoi il y avait une certaine empathie dans la voix lorsqu’il termina :

-Après, prendre un tel risque… C’est vous qui voyez ! Il y en a qui ont essayé… Ils ont eu des problèmes. Toutefois c’est votre droit de vouloir défendre votre bien, et sincèrement, je vous souhaite de réussir à vous débarrasser de cette menace. Votre meilleure chance serait sans doute de faire appel à une levée de mercenaires en masse en leur promettant de l’argent tiré du revenu de la mine pour nettoyer une bonne fois pour toutes cette vermine et faire sauter leurs galeries en aval de la mine, ou bien organiser un système de gardes ou de milice armée pour escorter vos mineurs, surveiller le petit tunnel d’accès et espérer tenir en attendant la fin de la nuit des bêtes. Quand les troupes aux environs seront libres, elles pourront sans doute vous prêter main forte si vous en faites la demande officielle. Enfin bon… Quoi qu’il en soit je prierai Sigmar pour que votre entreprise réussisse, et je ferai un rapport aux autorités pour les prévenir de votre situation et appuyer vos demandes. Avec un peu de chance elles pourront débloquer quelques troupes ou fonds pour vous aider.

Et bien sûr, merci pour toute l’aide que vous avez consenti à nous apporter. C’est peu, certes, mais en ces temps de manque ça pourra peut-être faire la différence. Et je gage que si nous survivons à la nuit fatidique, Col-de-Ferlangen se souviendra de ce que vous avez fait pour elle et saura vous aider en retour.

Car oui, même ici dans ce lieu insolite qu’était le temple de Sigmar transformé en hôpital de campagne, et entouré de blessés qu’il venait de tirer des griffes d’hommes-rats, il ne fallait pas oublier la raison de la venue de Friedrich Hadler à Astrona ! Le sergent avait espéré trouver de l’aide, et finalement, après bien des péripéties, il en avait obtenu !

On lui avait promis de la poudre, du bois, du matériel et même six hommes environ, qui seraient bien utiles pour transporter le tout. C’était presque plus qu’il n’en espérait.

La journée avait été très chargée pour Friedrich et ses hommes, et l’adrénaline retombée, le militaire se rendit compte qu’il tombait de fatigue. Enchaîner une marche, un combat et une expédition de sauvetage avec un second affrontement plus terrible encore… Il avait eu largement sa dose d’action et de sang pour la journée ! Il s’assura qu’on n’avait plus besoin de lui, et passa saluer et remercier personnellement ses hommes, Holtz et Endrik, dont il s’enquit au passage de l’état, ainsi que chacun des mercenaires de la bande qui les avait aidé, et sans qui ils ne s’en seraient sans doute pas sortis vivants. Ceci-fait, il alla rejoindre sa chambre en baillant. Une fois dans l’intimité de la pièce, il s’agenouilla et joignit ses mains en position caractéristique, puis fit une petite prière à voix basse pour remercier les dieux :

-Je vous remercie, ô Myrmidia, pour m’avoir permis d’être victorieux aujourd’hui. Merci de m’avoir donné une leçon que je n’oublierai pas à l’avenir, à travers la personne de cette magicienne flamboyante. Donnez-moi la force de continuer à accomplir ma mission, et la clairvoyance pour mener mes hommes qui comptent sur moi pour les faire rentrer chez eux en vie.

Puisse Shallya avoir pitié des blessés d’aujourd’hui, et Morr accueillir dans son royaume ceux qui n’auront pas la chance de voir un nouveau matin se lever. Enfin, Sigmar, ô défenseur de l’Empire, daigne accorder ta bénédiction au village d’Astrona contre le mal qui ronge ses entrailles.

Ceci-fait, il s’effondra sur son lit pour profiter d’un sommeil bien mérité. Il n’y aurait que peu de repos pour les combattants, alors autant en profiter. Dès le lendemain, ils devraient repartir pour son campement, et en son for intérieur, il appréhendait déjà ce qu’il avait pu s’y passer en son absence, même s’il avait une totale confiance en son ami Poigno.

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Test de CHA: 1, réussite critique!

+1 PDC pour Myrmida

Le maire sembla fortement troublé par le discours de Friedrich. Certes, ses monologues touchaient rarement, l'interlocuteur étant souvent noyé dans plusieurs paragraphes de conversation dont il avait du mal à se tirer. Pourtant, cette fois, la version plus épurée de cette discussion avait touché l'esprit de l'officier civil. Troublé, l'élu recula, se massant le front pour réfléchir à la situation.

-"Ecoutez sergent... Cette journée a été... Difficile pour nous tous... Nous.. Nous allons nous réunir avec mes administrés pour discuter de la marche à suivre. Vous, reposez-vous bien."

Globalement les soldats et les aventuriers se portaient bien. Certes certains étaient sévèrement blessés mais les bons soins rapides des locaux permettraient sans doute d'éviter l'infection, le pire. Ne restait plus qu'à se reposer et à espérer que les blessures cicatriseraient suffisamment pour pouvoir être opérationnel lors de l'attaque finale. Les aventuriers étaient moins prompts à se battre, sauf le barbare et le nain, évidemment.

La nuit ne fût pas aussi calme que le sergent le désirait. Oh certes, le village était fort silencieux et on entendait rien d'autre que les pas des miliciens qui battaient le sol à rythme régulier. Pourtant, dans ses songes, au frontière du réel et de l'imaginaire, Friedrich entendait des voix. Faibles et vicieuses, multiples. Leur accent était difficile à situer et leur méthode de discussion laissait planer le doute sur leur origine.

-"C'est lui-lui? Le homme-Hadler"

-"Oui-oui, mon frère!"

-"Il faut le tuer!"

-"Non-ne pas! Attendre encore- plus..."

-"Mais lui-lui, ennemi du Rat-Cornu?"

-"Lui mourra-mourra, mais pas maintenant, trop utile-utile..."

L'origine des voix était indéterminée, surtout pour un jeune sergent mal réveillé ou mal endormi. Elles semblaient se répercuter sur la voûte du temple cmme venir de ses tréfonds. Impossible de les repérer.
Toujours était-il que le matin arriva. Les voix avaient disparues depuis longtemps et à part Friedrich nul ne semblait avoir entendu quoi que ce soit. EN se levant pour prendre un petit déjeuner simple, le soldat impérial constata que tout le vilage chargeait les mules, caravanes et chevaux. On se préparait à lever le camp avec tout ce qu'il était possible d'enlever. Ce fût le maire qui expliqua la situation, visiblement contrit.

-"Suite à notre discussion d'hier, sergent, j'ai pris la décision d'évacuer le village. La nuit m'a portée conseil et vous aviez raison: rester ici ne nous servira pas, nous mourrions simplement. Autant vous accompagner et revenir plus tard, quand tout sera terminé..."

Tu peux choisir de partir en village avec eux ou d'y aller sans eux. Si tu pars avec eux, considères que vous y arrivez sans encombre mais que vous mettez 1/2 journée de plus à arriver.

[Friedrich Hadler]

Pour quelqu’un de plutôt rationnel comme Friedrich, les rêves, songes et autres présages nocturnes n’avaient guère de sens. Aussi, d’ordinaire, ignorait-il tout simplement les rares bribes d’imaginaire dont il se souvenait parfois au réveil. Mais cette fois-ci, c’était peut-être légèrement différent, sans doute parce qu’il n’était tout à fait sûr d’être endormi lorsque des voix trop étranges pour être humaines étaient parvenues à ses oreilles. Des voix lointaines qui montaient des entrailles de la terre, résonnaient dans la pièce, et dont l’accent rappelait étrangement celui des hommes-rats qu’il avait affronté un peu plus tôt. Le contenu de leurs paroles était lourd de sens : on parlait de tenter de le tuer, car il serait l’ennemi d’un certain rat cornu. Mais finalement, le frère de celui qui voulait l’abattre finissait par calmer ses ardeurs au motif qu’il serait encore utile ! Quelle drôle d’idée !

Etait-ce réel, était-ce une réminiscence, ou seulement le fruit de son inconscient après les dures épreuves de la journée ? C’était très possible, car en y repensant au réveil, le sergent se souvint qu’il avait été appelé « Hadler ». Or il ne voyait comme ces supposés skavens, s’ils existaient bien, auraient pu connaître son nom. Néanmoins, il subsistait toujours un doute. Le militaire était plutôt du genre à garder ses deux pieds sur terre et la tête froide en toutes circonstances : il ne lui était encore jamais arrivé de délirer, d’halluciner ou de faire de quelconques rêves prémonitoires. Il se voyait donc mal avoir imaginé une telle discussion à partir de rien.

Au final, la question de la réalité ou non de ce qu’il avait cru entendre ne se posa guère longtemps. Très rapidement, le sous-officier éclipsa cette problématique somme toute très annexe pour se reconcentrer sur sa mission. Son raisonnement était le suivant : quand bien même les skavens projetteraient réellement de le supprimer, ils lui avaient accordé un sursis, et n’étaient donc pas un problème pour le moment. Quant au fait qu’il leur soit utile, Friedrich doutait que ce soit le cas directement : jamais personne d’un tant soit peu sensé n’aurait accepté de travailler pour ces monstres, et comme lui-même exécutait des ordres transmis directement par un humain et pour sauver des humains uniquement, il n’avait que faire des manigances éventuelles de quelques hybrides maléfiques. Peut-être ne fallait-il d’ailleurs pas chercher aussi loin : ces hommes-rats étaient-il, en dépit de leur nature semblable, opposés aux hommes-bêtes ? Dans tous les cas, dans l’esprit du militaire, les hommes-rats n’étaient pas la priorité.

En sortant de l’édifice religieux où il avait finalement trouvé refuge pour la nuit et en allant petit-déjeuner, le cadet des Hadler remarqua, à son grand étonnement, que tout le village était en effervescence. Partout, on s’activait, mais les mines, si certaines étaient soulagées, étaient plutôt tristes et résignées. Et pour cause ! Le maire Helmut Vandermen n’était pas loin et, lisant sans doute l’incompréhension sur le visage du sous-officier d’infanterie, expliqua à ce dernier ce qui se passait : on évacuait les lieux !

Finalement, la nuit avait porté conseil et les arguments de Friedrich avaient fait mouche. Le notable avait pris conscience du risque invisible mais bien réel qui pesait sur sa population et réagi en conséquence. Une décision difficile à prendre, mais juste, cela, Hadler en était certain.

Le militaire échangea un regard plein de compassion avec le représentant des habitants d’Astrona et posa sa main sur son épaule en signe de soutien tant moral que physique. Cet homme avait suivi son conseil, et il n’allait pas le laisser tomber maintenant. C’est pourquoi il lui répondit d’une voix douce :

–Vous avez fait le bon choix. Vos concitoyens ont bien de la chance d’avoir quelqu’un comme vous à leur tête. Pour ma part, je ne vous laisserai pas tomber, je vous promets. Dès que ma mission actuelle sera terminée, je m’assurerai personnellement que l’on vous fournisse de quoi sécuriser les lieux et reprendre votre activité. Car vous êtes ici chez vous. L’Ostland est notre terre et ni les hommes-bêtes, ni le chaos ni qui que ce soit d’autre ne nous empêchera jamais d’y vivre. Cet exil, bien que nécessaire, n’est que temporaire.

Cela dit, le sergent choisit de ne pas se presser outre mesure et de faire la route en compagnie des villageois d’Astrona. D’une part, parce qu’un long convoi principalement constitué de civils, avec de nombreux blessés parmi eux et emportant la majorité de leurs biens dont les plus précieux, constituerait une cible alléchante pour les bandes de brigands comme celle du Grand Bolstoï, dont ils emportaient d’ailleurs avec eux un des membres de sa bande, fait prisonnier par Friedrich et ses hommes à l’aller. En restant, il servait donc d’escorte. D’autre part, parce que partir seul devant pouvait être risqué pour un gain de temps somme toute minime. Et puis, en agissant de la sorte, il montrait sa solidarité avec les villageois d’Astrona déjà durement frappés avec la mort de certains mineurs et les blessures d’autres.

Hadler annonça donc à Holtz et Endrik qu’ils partiraient avec le convoi, puis il prit une sommaire collation, avant de proposer son aide à divers groupe d’habitants. Ici, il fallait des bras pour aider à soulever un meuble et à le placer sur un chariot. Là, c’était des sacs de grain à compter et à entasser. Ailleurs encore, il fallait déposer délicatement un homme sur une civière et la caller pour ne pas qu’elle ne bouge pendant le voyage. Bref, il y avait largement de quoi s’occuper et notre héros ne chôma pas !

D’une certaine manière, l’expédition à Astrona était une réussite totale. Non seulement il avait pu tirer la majorité des mineurs capturés par les hommes-rats dans la mine sans subir de pertes, mais il avait de plus gagné l’aide précieuse du village entier. Des denrées, des hommes dont des ouvriers et miliciens, du matériel, les réserves de précieuse poudre noire et même une équipe d’aventuriers plutôt efficace ! Ce gain substantiel serait sans aucune doute un atout de taille, et peut-être même décisif en vue de la bataille finale !

Mais il y avait un revers à la médaille. Ce qui préoccupait le sergent était justement qu’une fois de retour à Col-de-Ferlangen, il faudrait « absorber » cette masse de déplacés. Certes, leur situation n’était que temporaire, mais il faudrait bien s’en occuper d’ici la nuit des bêtes, faire en sorte qu’ils puissent s’installer dans un relatif confort, ou du moins des conditions décentes notamment au niveau de l’hygiène, et leur assurer de manger à leur faim, à moyen terme.

Bien sûr, Friedrich aurait également pu s’inquiéter de ce qui avait pu se produire dans « sa » ville en son absence, mais il ne s’en faisait pas trop à ce sujet. D’une part, il avait une totale confiance en son ami Poigno pour gérer les affaires, y compris les imprévus éventuels, et d’autre part, même si drame il y avait eu, il ne pourrait rien y changer, inquiet ou pas. Il n’en restait pas moins curieux de savoir ce qui s’était passé durant ce temps à Col-de-Ferlangen…

[[MJ] Le Djinn]

C'était plus qu'une caravane qui accompagnait les soldats et les aventuriers sur le chemin du retour, c'était une véritable petite armée! Des dizaines de personnes de tout sexe et de tout âges avaient pris leur baluchon, leurs maigres provisions et s'en étaient allés sur les routes peu sûres de l'Ostland. Ils avaient l'air grave et les fronts soucieux de ceux qui avancent sans connaître leur avenir. Déjà, certains murmuraient que cette décision signait leur fin à tous et qu'il était plus que temps de fuir avant de se faire massacrer. Evidemment, ce n'était jamais dit à voix haute mais toujours par chuchotement à son voisin, comme un bruit qui courait. En tout cas, les voyageurs arrivèrent bientôt au minuscule hameau qu'était Col-de-Ferlangen. Avec eux cet endroit deviendrait une place forte importante, c'était certain.

Bon, on va se faire un gros récap, on en a tous besoin!

Si j'ai bien calculé nous allons arriver au matin du 6ème jour.

Alors je vais pas te mentir: j'ai perdu mes notes et je n'ai pas le temps ou la patience de devoir tout refaire à la main. Je suis toutefois arrivé à une bonne approximation de ce qui devrait être fait.

Ont donc été construits:
- 1 forge.
- 1 moulin.
- 1 terrain de pisteur.

Seront terminés le 7ème jour:
-1 oratoire de Sigmar
-1 maisonnette pour la sorcière.
-1 bordel.

Tu possèdes avec tes nouveaux renforts (et là c'est important, nous nous en servirons de base pour la suite).

- 70 soldats ostalandais (30 à toi + 40 miliciens)
- 10 ouvriers bûcherons, ils rapportent chacun une unité de bois chaque jour. Soit 100 par jour.
- 10 ouvriers "à tout faire".
- 5 ouvriers au moulin. Ils rapportent chacun 10 de ravitaillement par jour. Il ne peut y avoir que 15 ouvriers à un moulin maximum.

- 1 pisteur est arrivé.
- Aucune nouvelle du commerçant.

Leurs ressources sont tombées à 0 aujourd'hui. Le convoi apporte 700 ravitaillements.

Est consommé par jour: 70*2+10*1+10*1+5*1 + 2 = 167 ravitaillements par jour.

Tu possèdes de plus 300 PO.

Après quelques calculs savants et l'apport du convoi, tu es à 30 de bois.

Je te renverrai un tableur excel avec les données mises à jour. Nous allons faire des check-up sur une base plus régulière, encore désolé pour la remise à zéro.

A Col-de-Ferlangen c'était une foule aussi abasourdie qu'étonnée qui accueillie l'arrivée d'un si grand nombre de colons d'un seul coup. Les avis étaient extrêmement partagés et les "On va tous y passer" côtoyaient les "Il a réussi, nous sommes sauvés". La raison était simple à comprendre: comment nourrir tout ce beau monde facilement alors qu'on peinait déjà à trouver de quoi manger avec une nombre d'habitants plus faible?
Dans tous les cas, un véritable quartier de tentes s'installa rapidement contre le hameau et les deux villages réunit ne s'échangeaient rien de plus que des regards obliques.
Seul Poigno éclata de rire en voyant ça, frappant Friedrich dans le dos et le félicitant. L'absence d'Ornevin fût des plus remarquées et le second sergent dû expliquer que suite à des mouvements d'ombres très nombreux la nuit précédente il était parti avec quelques villageois pour explorer l'orée de la forêt. On attendait son retour.

De nombreux bâtiments avaient été fait et l'endroit commençait enfin à avoir une allure à peu près correcte, cependant les signes étaient clairs: la forêt s'agitait et la bataille pour le territoire ne tarderait pas à commencer.

[Friedrich Hadler]

Comme on pouvait s’y attendre lorsqu’on voyageait avec un tel convoi, le trajet du retour se déroula sans incident pour Friedrich Hadler et ses hommes. Certes, à l’inverse, on aurait aussi pu penser qu’une colonne aussi importante constituait un appât intéressant, mais il aurait fallu avoir les dents longues pour oser l’attaquer, ainsi qu’une capacité organisationnelle et logistique importante. Et pour cause : en admettant même qu’un chef bandit comme le Grand Bolstoï ait assez de troupes et une audace assez grande pour tenter le coup, encore aurait-il fallu les mobiliser en un rien de temps, tant la décision du départ avait été rapide.
Au final, fort heureusement, il ne se passa rien sur le trajet, et toutes les craintes qu’avaient pu nourrir notre sous-officier se révélèrent infondées.

L’arrivée des habitants d’Astrona à Col-de-Ferlangen reçut un accueil très contrasté. Les pessimistes y voyaient la fin inéluctable de leur village, tandis que les optimistes étaient eux persuadés que cette colonne suffirait à assurer leur salut. Pour sa part, Friedrich estimait que la vérité se situait certainement quelque part entre les deux : globalement positif, l’afflux de nouveaux habitants allait se traduire à court terme par des difficultés supplémentaires. Rien d’insurmontable toutefois.

Néanmoins, il semblait que beaucoup parmi les déplacés ne partageaient pas forcément cette opinion. Le moral des nouveaux arrivants était sans doute miné par le sacrifice qu’ils avaient dû consentir en abandonnant pour un temps leurs foyers. Les deux communautés coexistaient sans réellement entretenir plus de contacts. Il n’y avait ni inimité, ni proximité entre les habitants des deux villages.

Quoi qu’il en soit, Friedrich était heureux de retrouver ses hommes et surtout son ami Poigno Ertezi. Il rendit à ce denier son accolade chaleureuse et le gratifia d’un grand sourire.

-Ah mon ami ! Ca me fait plaisir de te revoir ! Tout va bien ici ?

Puis il s’écarta un peu pour plus de confidentialité, et s’enquit de la situation à Col-de-Ferlangen en son absence. Globalement, les choses avaient avancé et c’était plutôt bien : de nombreux bâtiments étaient construits. De même, un pisteur était arrivé, comme souhaité, et apporterait son expérience pour les expéditions à venir dans les bois.

Le seul point négatif, était que malheureusement, la construction de l’échoppe du commerçant avait pris du retard, de même que celle du deuxième moulin. Or, c’étaient là des éléments essentiels dans le plan de Friedrich, et il faudrait au plus vite y remédier.

Pour sa part, le sergent Hadler résuma rapidement à son ami ce qui s’était passé à Astrona : l’attaque des hommes d’un chef bandit venu du Nord nommé le Grand Bolstoï sur le chemin, puis la rencontre avec les aventuriers et leur expédition pour sauver les mineurs capturés par les skavens, et enfin la décision du maire d’évacuer la ville provisoirement.

Rapidement après ce briefing, Friedrich donna donc ses instructions sur le développement civil de la ville :

–Et bien, ça pourrait être pire ! Avec cette forge et ce terrain de pisteurs, nous allons pouvoir tantôt commencer à recruter et former des chasseurs et éclaireurs compétents, équipés d’arcs, de flèches et d’épées. Le bordel et l’oratoire devraient satisfaire et calmer à la fois les impies et les pieux en leur proposant des distractions. Quant aux superstitieux, et il y en a beaucoup, la maisonnette de la sorcière nous assurera de son soutien et de ses bonnes prédictions, et avec un peu de chance de son aide personnelle le jour de la bataille.

Il nous faut maintenant veiller à ce qu’une boutique de commerce ouvre le plus vite possible afin de pouvoir écouler notre production et commencer à recruter et à organiser des défenses. De plus, surtout avec cet afflux de nouveaux réfugiés, il devient impératif d’augmenter la production de nourriture. Si le peuple est bien nourri et qu’il a des distractions, il croira en nous. Et nos hommes aussi verront leur moral et leurs capacités au combat remonter.

C’est pourquoi je veux que les ouvriers commencent dès que possible la construction d’un commerçant et d’un second moulin. Nous recruterons également au plus vite dix autres travailleurs afin de s’assurer que le premier moulin tourne à plein régime. On ne devrait pas manquer de main d’œuvre volontaire !

Quant à notre excédent, nous pourrons ensuite le revendre grâce au marchand pour se procurer des fonds.

Concernant l’aspect militaire, en revanche, une agitation inhabituelle dans les bois avait incité le répurgateur chef de la milice à fouiller l’orée de la forêt avec quelques villageois. Cela était plutôt une bonne chose, Friedrich lui-même comptait bien aller faire un tour en forêt accompagné de son pisteur et de quelques hommes, à l’occasion. Mais puisqu’on l’avait devancé, mieux valait attendre le rapport d’Ornevin avant d’entreprendre une action à l’aveugle. Il répondit donc à Poigno sur le sujet :

–D’accord. Je comptais de toute façon me lancer en forêt avec le pisteur pour essayer de voir ce qu’on peut découvrir sur notre ennemi. Ornevin d'Oëstrof m’aura devancé. A ce propos, je formerai bien encore quatre pisteurs, ils seront d’une grande aide pour ces opérations d’infiltration en milieu hostile et forestier.

Cela dit, notre héros choisit de passer voir la forge des nains. Il avait à leur parler au plus vite, et le temps manquait déjà.

HRP : Post de reprise, j'en suis pas très content je l'avoue mais au moins ça relance.

Donc, avant d'aller voir les nains, je récapitule mes achats et constructions exprimées en RP pour plus de simplicité :
Constructions (5 ouvriers sur chaque il me semble que c’est ce qu’on avait dit) :
-1 commerçant (10 de bois, fini dans 2 jours).
-1 moulin (15 de bois, fini dans 2 jours).

Me restera donc 5 bois+10=15 bois à la fin de la journée.

Recrutement :
-10 ouvriers (100 PO, recrutés en 2 jours si j’en crois l’exel. Cela dit pour des ouvriers agricoles [moulin] et vu l’arrivée des nouveaux, y aurait-il moyen d’accélérer ce recrutement ?)
-4 pisteurs (100 PO, formés dans 3 jours).

Me restera donc 100 PO.