[Melicent Hohenberg] Les larmes de l'Ostland

Les troupes régulières d'Ostland sont parmi les plus robustes et les plus coriaces de l'Empire, d'où la tête de taureau qu'elles ont adoptée pour emblême. Depuis Wolfenburg, le Comte Valmir von Raukov tient les rennes de cette province du nord.

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[MJ] Le Grand Duc
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Ceux qui étaient peut-être les derniers survivants de l'armée du Reikland entouraient la dépouille du guide, silencieux. De sinistres pensées leur traversaient l'esprit, car ils se savaient désormais pris au piège de cette sombre forêt. Curieusement, ce fut Melicent qui brisa ce silence lourd de sens. Les chevaliers lui jetèrent un regard et Herr Bayer s'en alla vers le destrier gisant sur la piste tandis qu'Adrien se pencha sur Ludwig. Le jeune homme observa quelques secondes ce visage blême et ses yeux déjà voilés, avant de lui baisser les paupières d'un geste lent et d'accorder une courte prière pour le salut de son âme, suite à quoi il se mit à fouiller le corps. Valdred, lui, s'affaissa contre un tronc et tomba assit dans les feuilles mortes, reprenant peu à peu son souffle. Son regard se faisait vague et ses mains tremblaient. Claus, enfin, s'approcha de la sorcière en évitant de trop la regarder dans les yeux.

- "J'crois qu'ça va, madame ... c'est qu'une griffure, j'ai vu pire." dit le déserteur en relevant la manche de son uniforme rapiécé.

En effet, la blessure semblait peu profonde et n'avait pas l'air sale comme celle qui ornait le ventre de la jeune femme.

Puis ce fût le moment de partir. Herr Bayer revint avec les fontes de selle dans lesquelles se trouvaient quelques rations, un livre de prière et trois mètres de corde. Adrien, lui récupéra seulement l'arc et le carquois du pisteur ostlander, qu'il remit à Claus Webber.

- "Cela vous sera plus utile qu'à lui, dorénavant." lâcha le jeune chevalier au soldat d'un ton sombre.

Claus passa l'arc et le réservoir de flèches en bandoulière et s'approcha de Valdred pour l'aider à se relever, le soutenant en passant le bras du magister affaibli sur ses propres épaules.

Et c'est ainsi que les fugitifs démoralisés et hébétés se mirent à errer dans la Forêt des Ombres sans même savoir où leurs pas allaient les mener. Peu avaient l'espoir de s'en sortir vivant, mais ils se gardèrent bien de le dire et c'est dans un silence oppressant que s'effectua cette marche hagarde, seulement ponctuée par un ou deux hurlements bestiaux dans la nuit, au loin.

Bientôt, la nuit glacée tomba complètement sur l'Ostland et une brume épaisse recouvrit le sol entre les troncs, masquant la piste, les racines et les rochers qui affleuraient entre les feuilles mortes. La lueur des lunes jumelles était étouffée par les nuages et la canopée clairsemée, rendant l'orientation plus difficile encore. Les marcheurs manquèrent de tomber plusieurs fois et Claus et Valdred s'écroulèrent à un moment, le soldat ayant trébuché sur une racine vicieuse.


- "Nous devons nous arrêter sous peu, ça ne sert à rien de continuer dans ces conditions." maugréa Herr Bayer en réponse à Melicent, tandis qu'Adrien aidait Claus et Valdred à se relever. "Nous ferons halte à la première occasion."

La-dite occasion se présenta plus tôt que prévu lorsque, au détour de la piste qu'ils suivaient tant bien que mal, ils tombèrent sur une petite clairière prise dans le brouillard. De petites mares troubles parsemaient le sol ça et là et, dans un coin, on pouvait deviner les ruines d'un bâtiment qui devait probablement être une ancienne ferme.
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- "Restez donc à l'abri des arbres, je vais voir de quoi il en retourne." murmura Adrien en dégainant lentement son épée, de la buée montant de sa bouche.

L'assermenté de la Reiskguard s'avança entre les bouquets de joncs et les points d'eau sombre, traçant un sillon dans la brume environnante. Il disparu rapidement dans les décombres de la ferme et n'en ressorti qu'après une attente qui sembla interminable aux autres, qui commençaient à grelotter de froid.


- "La voie est libre, allons-y." dit le jeune chevalier lorsqu'il revint vers le groupe.

Ils le suivirent et pénétrèrent dans la clairière pour venir se réfugier dans la ferme en ruine. La toiture de chaume était percée à de maints endroits et le sol en terre battu était jonché de morceaux de bois et de pièces de mobilier détruites. Des toiles d'araignée énormes tapissaient le plafond et les coins de cet endroit que nul n'avait visité depuis longtemps. Aucune âme qui vive, sinon un rapace nocturne qui hulula, non loin.

Les fuyards rentrèrent lentement, aux abois et armes au clair, prêts à se défendre en cas d'attaque surprise. Mais rien ne vint et ils s'installèrent dans le bâtiment principal, ou du moins ce qu'il en restait. L'ambiance était sinistre. La question de faire un feu se posa naturellement, tant l'air de la nuit était glacial.


- "Nous n'avons pas le choix, de toute façon. Si nous n'allumons pas de feu, nous pourrions aussi bien mourir de froid ... et puis les cloisons de cette ruine cacheront un peu la lueur. Je prendrai le premier quart de garde, Claus le second, Adrien le troisième et vous, Frau, le quatrième." ordonna Herr Bayer tandis que le soldat installait un Valdred éreinté contre un mur avant de commencer à ramasser de quoi alimenter le feu.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Melicent Hohenberg
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Melicent ne s'attarda pas plus longtemps à superviser l'opération de fouille, puisque le déserteur s'était approché d'elle, quelque peu mal à l'aise. Son regard fuyant n'avait pas échappé à la magister, qui comprenait la cause de ce trouble : si au départ elle avait pu apparaître comme un simple jeune femme sur un cheval, elle s'était révélée être manipulatrice de magie de feu alors que le combat contre les goules avait débuté. La boule de feu qu'elle avait créée et lancée en direction de la horde de monstres qui approchaient avait de quoi surprendre, surtout au moment où l'on s'y attend le moins. Les deux autres chevaliers étaient déjà au courant de sa nature, mais peut-être pas Claus. Elle connaissait bien la peur de l'inconnu que représentaient les magisters auprès des petites gens du commun, et l'homme devant elle devait avoir la trouille sans oser le montrer. La jeune femme se montra compatissante du trouble qu'elle inspirait au blessé, et observa la griffure sans se montrer envahissante, laissant l'homme relever sa manche lui-même et ne le touchant pas. Heureusement pour lui, la blessure semblait plutôt propre et il n'y avait aucune trace qui permettait de conclure que l'infection s'y propagerait. Un petit nettoyage et un bandage seraient amplement suffisants pour la refermer et d'ici deux ou trois jours, plus rien n'y paraitrait. Par contre, de l'eau propre et un bandage ne tomberaient pas du ciel par magie, il faudrait seulement d'assurer que la saleté ne s'incruste pas trop dans la plaie afin de ne pas interférer dans la guérison.

Satisfaite, Melicent posa son regard sur les deux hommes qui revenaient après avoir fouillé les cadavres. L'officier ramena quelques rations, un peu de corde et un livre de prière. Adrien offrit l'arc et le carquois de l'éclaireur à Claus, qui servirait beaucoup plus au vivant qu'au mort, à condition qu'il sache s'en servir. C'était déjà bien mieux que rien, considérant que les armes étaient une denrée rare et précieuse dans cet endroit d'infortune. Alors que les hommes se retournaient pour reprendre la marche, la lueur du soleil fit luire quelque chose au sol. Melicent s'en approcha pour découvrir une dague à moitié cachée sous le corps d'une goule, il devait s'agir de la lame de l'éclaireur. Repoussant du pied la créature morte, elle ramassa l'arme qu'elle cacha dans sa besace. Avec la perte de son bâton lors de l'assaut des hommes-bêtes, la jeune femme était aussi démunie qu'un enfant, ne pouvant que se défendre si Valdred avait la possibilité de lui remettre une épée enflammée dans les mains à nouveau, ce qui était plutôt handicapant. Avec cette arme, elle se sentait déjà plus en sécurité.

Le chemin traitre posa des difficultés incroyables, alors que la nuit était tombée et que la brume recouvra complètement le sol. Aveugle, le petit groupe devait avancer avec précaution pour éviter de glisser sur une roche humide ou une racine cachée. La progression se fit avec peine, et c'est lorsque Valdred et Claus tombèrent par terre que l'officier ordonna l'arrêt le plus vite possible. Heureusement pour eux, une cabane de bois fit son apparition après quelques minutes. Une vague de joie et de soulagement traversa le coeur de la jeune femme, qui n'espérait pas autant. Sigmar devait veiller sur eux, c'était la seule certitude qu'elle avait. Adrien partit quelques minutes pour explorer les environs et revint en disant qu'il n'y avait pas de danger. C'est ainsi que transi de froid, il se dirigèrent vers ce qui avait dû être une petite fermette il y a une éternité. Au passage, la jeune femme nota les petits points d'eau tout près, qui lui seraient sans doute utiles.

Les ruines n'étaient pas ce qu'il y aurait de plus confortable cette nuit. Le toit de chaume était percé de partout, il fallait seulement espérer qu'une pluie froide ne s'abattrait pas sur la forêt pendant la nuit. Partout, il y avait du mobilier défoncé, comme si le lieu avait été attaqué et démoli de nombreuses années auparavant. L'officier acceptant qu'un feu soit allumé, Melicent partit avec Claus pour récupérer un peu de bois. Des planches de bois de ce qui avaient composé un mur autrefois, des restes de tables et de chaises et autres pièces du même genre furent rassemblées en tas au milieu de la pièce. Pendant la recherche, la jeune femme dénicha un pot de terre cuite qui avait résisté au temps et aux intempéries. Le feu fût allumé (par la magister?), Melicent aida les hommes à installer Valdred dans son propre couchage portatif (s'il n'a plus le sien) et enfin il couchèrent, à l'exception de l'officier qui prenait le premier tour de garde, et d'elle même qui avait fort à faire.


« Je reviens .. » murmura-t-elle, avant de prendre le récipient.

À l'extérieur, sous la lumière blafarde des lunes, elle localisa le point d'eau le plus proche et rempli la cruche aux trois quart avant de revenir à l'intérieur. Déposant le récipient dans les flammes, elle entreprit de découper quelques larges bandes de tissu de sa propre robe à l'aide de la dague de l'éclaireur. Celle-ci donnerait dorénavant l'impression d'être trop courte, mais la coquetterie n'était pas d'usage en des temps pareils. Observant les foyer en silence alors que l'eau se mettait à chauffer, la jeune femme aurait bien voulu se perdre dans la contemplation du feu afin de sonder son Dieu. Il lui arrivait de déchiffrer des présages dans les flammes, persuadée qu'il s'agissait d'un don de Sigmar. Mais il y avait tant à faire, elle ne pouvait se permettre en ce moment même. Lorsque l'eau fit des bulles, elle retira le récipient du feu et trempa l'une des bandelettes dans l'eau.


« Herr Bayer, je risque d'avoir besoin de votre aide. »

Cruche en main, Melicent se pencha au dessus de son maître qu'elle réveilla doucement. Sa blessure méritait une attention immédiate sous peine de s'aggraver. Utilisant la dague, elle découpa le tissu de la robe de Valdred afin de se faire une meilleure idée de la gravité du coup qui avait été porté à son épaule. Essayant de retirer le plus de saleté possible de sa bandelette de tissu en la frottant dans l'eau chaude, lorsqu'elle jugea qu'elle ne pourrait pas rendre le morceau de robe plus propre, elle tenta de nettoyer du mieux qu'elle put la blessure.

« Croyez-vous que nous devrions le cautériser ? Qu'en pensez-vous? » demanda-t-elle à l'officier.

S'il jugea qu'il faudrait le faire, elle mettrait la dague qu'elle avait récupéré à chauffer sur une planche. Elle ferait mordre Valdred la bandouillère de cuir de son sac pendant l'opération. Sinon, elle ne ferait rien et laisserait la bande de tissu en place pour protéger la blessure de l'air et des impuretés.

Lorsque cela fut fait, elle remit la dague au feu et une nouvelle bande de tissu dans l'eau chaude. Elle répéta la même opération de décrassage du morceau de sa robe. Elle enleva alors son gilet de cuir et commença a déboutonner le devant de sa robe. Elle ne savait pas pour combien de temps encore son sortilège ferait effet, le mieux était de se dépêcher.


« J'ai été infectée par une créature plus tôt, j'espère que ce sera suffisant.. » dit-elle pour expliquer ce qu'elle comptait faire.

Melicent s'extirpa le haut du corps de sa robe, se retrouvant à moitié nue devant le chevalier. Elle s'était quand même détournée pendant le processus pour lui montrer uniquement son dos. Elle tenta de nettoyer la saleté, le sang et les croutes jaunes qui s'étaient formées autour des griffures pour rendre les lacérations aussi propres que possible. Mordant dans son sac, comme elle l'avait faire faire à Valdred quelques minutes plus tôt, elle se retourna et retira la dague à la lame incandescente qu'elle tendit à l'officier. Protégeant sa poitrine du regard de l'homme autant qu'elle le pouvait avec ses bras, elle attendit qu'il pris l'arme. Quand même bien elle aurait dû être intimidée par le chevalier, elle était beaucoup trop préoccupée pour se laisser aller à de telles pensées.


« Procédez je vous prie. » dit-elle, expectant la douleur qui fuserait bientôt. La souffrance serait intense mais temporaire. C'était beaucoup moins pire que celle d'une blessure qui pouvait lui empoisonner le sang et la tuer au bout de quelques jours.

Entre les trois hommes valides qui se trouvaient à sa disposition et qui aurait pu accomplir cette tâche, elle préférait de loin que ce soit le vieil officier qui s'en charge. Il semblait un homme bon et droit, enfin, autant que pouvait l'être un chevalier de la Reiksgard. Elle pouvait toujours se tromper, mais il n'avait pas l'aura d'un malotru. S'il n'avait pas été disponible, elle se serait difficilement rabattue sur Claus par le fait qu'il ne se sente pas trop à l'aise aux cotés de Melicent. Comment aurait-il réagi à l'idée de devoir brûler volontairement une dangereuse magister? La vue d'une poitrine dénudée l'aurait-elle mis dans tous ses états? Peut-être se serait-il acquitté à la tâche de manière professionnelle, peut-être pas. Autant lancer une pièce pour jouer à pile ou face. Enfin, avec Adrien, Melicent ne lui aurait jamais au grand jamais demandé un tel service. Cet homme avait quelque chose de mauvais et de dangereux. Il ne s'était pas gêné pour s'arroger du droit à la vie du déserteur, s'arrogerait-il du droit de disposer du corps de la jeune femme comme s'il pouvait l'user comme bon lui semble? Il était comme tous les autres nobles, persuadé d'avoir tous les droits sur les gens, sans égard à leur volonté. La voir ainsi peu vêtue aurait-il été un prétexte pour s'occuper d'elle dans un coin sombre, alors que son maître gravement blessé n'aurait su lui venir en aide ? Elle ne voulait surtout pas le savoir, se doutant de la réponse. C'est pourquoi elle avait été soulagée que l'officier soit le premier à se proposer pour le tour de garde.

Lorsque cela fût fait, elle remercia l'homme, remit sa robe avec difficulté vu la douleur lancinante qui lui brûlait le ventre, avant d'aller s'enrouler dans la cape aux cotés de Valdred.


« Pouvez-vous me laisser votre livre de prières tout près s'il vous plait? » demanda-t-elle au chevalier, avant de s'endormir pour les quelques heures qui précédaient son tour de garde.

Autant essayer de dormir, on ne savait pas ce qui pouvait se terrer dans les bois tout près. Elle espérait que cette blessure souillée ne lui causerait pas trop de difficultés à sombrer dans le sommeil.

- Lancer de flammèche sur le bois pour allumer un feu? Ou Quelqu'un a un briquet sur lui?
- Valdred dort dans son propre couchage ou le mien?
- Cautérisation de blessure pour Valdred ou pas?
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 08 mars 2016, 01:11, modifié 1 fois.
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[MJ] Le Grand Duc
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Message par [MJ] Le Grand Duc »

Incantation d'Incandescence : 9, réussie.
+1 xpm
Melicent et Claus Webber firent le tour de la ferme en ruine pour ramasser de quoi allumer un feu et entassèrent les débris de planche et de mobilier sur le sol en terre battue. Le soldat reiklander ne décrocha pas un mot à l'apprentie sorcière, pas plus qu'il ne lui accorda un regard. Il semblait mal à l'aise en sa présence, comme si elle dégageait une aura malfaisante. Le petit peuple de l'Empire était plein de préjugés sur la magie et ceux qui la manipulaient, préjugés régulièrement alimentés par le clergé qui voyaient les magisters d'un très mauvais œil. C'est ainsi que le déserteur détourna le regard et se signa silencieusement lorsque la jeune femme alluma le feu d'un simple regard. Aqshy, le Vent Rouge, tournoya fugacement dans l'esprit de Melicent et des flammes apparurent comme d'elles-même sur la pile de bois, éclairant la pièce délabrée dans laquelle les fugitifs s'étaient réfugiés.

Ils installèrent Valdred dans le couchage portatif de Melicent et le posèrent près du feu. Le maître sorcier avait le teint cireux et ses lèvres, blanches, tremblaient sans arrêt. Les yeux fermés et les traits tirés, il semblait psalmodier à voix basse, prononçant des phrases inaudibles et qui semblaient n'avoir aucun sens. Son état s'était grandement détérioré après l'errance du groupe dans la forêt, et cet homme d'ordinaire souriant et plein de vie n'était désormais plus que l'ombre de lui-même.

Herr Bayer ouvrit sa sacoche et distribua une ration de campagne à chacun, composée d'un morceau de viande séchée et d'une galette de froment insipide. Ils mangèrent dans un silence lourd, les yeux rivés dans le feu, puis Adrien et Claus se couchèrent à même le sol, au plus près des flammes, et essayèrent de trouver un peu de repos. Le chevalier Bayer, lui, restait éveillé pour son tour de garde, assit sur un tabouret, son épée contre lui et son pistolet -chargé- sur les genoux.

Il s'approcha de Melicent lorsqu'elle-ci le pria de l'aider, et ils se penchèrent sur Valdred tandis que l'apprentie ouvrait la robe de son maître pour observer la blessure qu'il avait au niveau de l'épaule. Ce qu'elle vit manqua lui donna un haut-le-cœur : l'odeur, d'abord, était épouvantable, et ressemblait à celle de la chair pourrie d'une carcasse vieille d'une semaine. La plaie, large et profonde, était noire, de même que les veines qui l'entouraient. Le tout était incrusté d'un pus marron et épais qui luisait à la lueur des flammes. Valdred s'agita quelque peu dans son tourment et entrouvrit ses yeux fiévreux pour regarder Melicent. Il murmura quelque chose, articulant difficilement, puis laissa retomber sa tête en arrière et referma les yeux en fronçant les sourcils, visiblement en proie à une grande souffrance.


- "Cette plaie est anormale. Nulle lame ne cause ce genre de blessure. Peut-être était-elle enduite de quelque poison, ou d'un maléfice. Cautériser n'empêchera pas le mal de faire son oeuvre, et la douleur pourrai l'achever. Il est trop faible." dit le chevalier Bayer à voix basse avant de regarder Melicent droit dans les yeux. "Ne nourrissez pas trop d'espoirs pour votre maître, Frau. Je doute qu'il passe la nuit."

Puis la sorcière mit la lame du poignard à chauffer et prépara de nouvelles bandelettes propres avant de commencer à déboutonner sa robe. Herr Bayer avait beau être un chevalier honorable, il n'en restait pas moins un homme. Dans cette ferme en ruine, perdus dans la Forêt des Ombres et voués à une mort certaine, les courbes élégantes de Melicent apparaissaient comme une lumière salvatrice dans l'obscurité infâme. Ce n'est pas avec une envie perverse que l'officier de la Reiksguard regarda la jeune femme, mais avec un respect profond, avec une pointe d'adoration, comme si ces épaules fines, ce dos nu et l'esquisse de ces seins ronds étaient ceux de quelque apparition divine. Le chevalier ne commenta pas les lacérations et les cicatrices que le fouet avait laissé sur le dos de Melicent. Pour autant, l'apprentie pu sentir ce regard peser sur elle pendant longtemps, tandis qu'elle nettoyait la plaie qui lui barrait l'abdomen, suffisamment pour l'inquiéter. L'état de la griffure que lui avait laissé la goule ne semblait pas s'améliorer. Neutralisée un temps par le sortilège de contre-poison, l'infection avait reprit son insidieuse progression et la blessure prenait une teinte alarmante, couverte de croûtes sales et de pus. La zone autour de ces traces était rouge et enflée, comme si le corps de Melicent essayait de combattre le mal qui immisçait en elle.

Lorsqu'elle se retourna pour tendre la poignée du coutelas chauffé à blanc, Herr Bayer serra la mâchoire et secoua la tête comme pour se remettre les idées en place. Il posa le pistolet à côté de lui et se releva pour s'approcher. Il saisi l'arme et tendit la lanière de sa sacoche à la jeune femme.


- "Mordez là dedans aussi fort que vous pouvez."

Le fer brûlant siffla lorsqu'il s'appuya contre la plaie et une vague de souffrance aiguë emporta Melicent, manquant de la faire défaillir. Elle eut l'impression qu'un tison s'enfonçait dans ses tripes tandis que l'odeur de la chair brûlée lui faisait tourner la tête. Le chevalier la maintint, une main sur l'épaule, puis retira la lame.

- "Dormez, maintenant. Reprenez des forces." lui conseilla Her Bayer après l'avoir observé tandis qu'elle se rhabillait.

Il déposa le livre de prière frappé du Saint Marteau à côté d'elle et revint s'asseoir sur son tabouret, face au feu, reposant son pistolet sur ses genoux. Melicent, quant à elle, vint s'étendre près d'un Valdred tremblant et délirant dans son sommeil enfiévré. Malgré le désespoir et la terrible douleur qui lui tiraillait le ventre, l'émotion et la fatigue eurent raison de l'apprentie, qui s'endormit vers un repos froid et vide de rêves.

La sorcière se réveilla subitement, se redressant d'un coup avec l'impression de manquer d'air et le désagréable sentiment d'être observée. Elle ne s'y trompait pas, car Adrien était assit à son chevet, immobile et penché sur elle, son regard rivé vers le visage de la jeune femme.
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- "Je viens vous réveiller, pour votre tour de garde." lui dit-il à voix basse.

La douleur que Melicent ressentait dans son ventre s'était amplifiée et elle avait l'impression d'avoir des braises incandescentes dans l'estomac. Sa tête était lourde et son front brûlant, comme si la fièvre la prenait lentement. Adrien se recula pour la laisser se lever et reprendre ses esprits. A côté d'eux, Valdred, Claus et Herr Bayer dormaient autour du feu.

Plutôt que de retourner se coucher, Adrien resta aux côtés de Melicent, assit contre une commode défoncée, n'ayant de cesse de l'observer.

- "Comment est-ce qu'une femme aussi belle que vous a-t-elle pu se retrouver ici, perdue avec de vulgaires soldats au milieu de la Forêt des Ombres ..." murmura-t-il sans décrocher d'elle son regard. "Vous ne méritez pas de mourir ici, dans la boue et les feuilles mortes. Vous devriez être dans l'un de ces riches salons d'Altdorf, au bras de votre mari, souriante et heureuse dans une robe de soie."

Il resta silencieux un instant, passant le doigt sur le fil de son épée sans cesser de fixer la jeune femme, une lueur de désir dans ses yeux verts.

- "Le désespoir pousse les hommes aux plus belles espérances. Nous sommes là, tous les deux, destinés à trépasser dans ces bois mornes et à être dévorés par quelques monstres et, pourtant, mon esprit vagabonde ça et là et se plait à imaginer d'heureuses scènes. La perspective d'une mort implacable et imminente sublime nos émotions et nos désirs, jusqu'aux plus inavoués ... N'est-ce pas amusant ?"

Devenaient-ils fous ? Le tourment dans lequel ils se trouvaient tous avait-il, peu à peu, raison de leur sens commun ? Face au manque de réaction de Melicent, Adrien détourna finalement son regard pour le porter sur Valdred, qui tremblait près du feu.

- "Vous l'aimez sincèrement ... mais il nous ralentira. Notre seul espoir de sortir vivant de cet enfer est de l'abandonner derrière nous, et vous le savez."

Dehors, la nuit était encore noire et brumeuse. Les cris des animaux nocturnes parvenaient parfois jusqu'à la ferme en ruine. Parfois un hibou, parfois un loup et parfois ... Ils étaient seuls, au cœur de l'angoisse.
Tu perds 3 points de vie.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Melicent Hohenberg
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Message par Melicent Hohenberg »

C'est en panique que se réveilla la jeune femme, Adrien penché sur elle. Instinctivement, elle porta une main à sa poitrine et une autre sur son bas-ventre, pour se protéger d'une éventuelle agression. Or, il n'était là que pour lui donner le tour de garde. La nuit devait être bien avancée et l'aube ne tarderait pas à faire son apparition. Se lever ne fût pas une mince affaire alors que sa blessure, malgré la cautérisation, ne s'était pas améliorée. Melicent le sentait, le poison de la goule s'était enfoncé plus profondément dans sa chair pendant son sommeil. La dague n'avait eu aucun effet, sinon de lui apporter une cicatrice supplémentaire sur son corps, comme si elle n'en possédait pas suffisamment. La magister s'en voulu pendant un instant d'avoir oublié de se refaire un nouveau sort de contrepoison sur sa blessure, mais de cette façon, elle sut immédiatement que le geste avait été d'une parfaite inutilité. Sans attendre plus longtemps, elle refit le mouvement des doigts et récita les simples paroles qui permettraient à la magie de figer le poison pendant un moment. Elle ne souffrirait que des brûlures que Herr Bayer lui avait infligées à sa demande. Sans lui pour la soutenir, elle se serait probablement effondrée si elle avait eu à faire cela elle même. Par chance que l'officier avait accepté.

Prenant une bandelette de tissu, elle la trempa dans l'eau qui était maintenant devenu froide pour la poser dans son front. Elle sentait la fièvre la gagner, et un peu d'eau lui ferait le plus grand bien pour baisser la température de son corps qui combattait l'infection. Maintenant la bandelette en place, la jeune femme s'accota elle aussi contre la commode défoncée où Adrien prenait place. Elle n'avait pas envie de se briser le dos à attendre des heures assise sur un tabouret qui devait être des plus inconfortables. Elle avait gardé la cape enroulée autour d'elle, comme une couverture pour se protéger du froid, mais aussi du regard du jeune chevalier, qui avait préféré rester debout plutôt que de se coucher, et l'écouta débiter ses inepties à propos de sa présence en ces lieux sordides.

Melicent ne put s'empêcher d'exprimer un rictus lors de ces propos. Dans un salon d'Altdorf, elle, au bras d'un noble et riche mari? Mais la vie avait tout fait pour lui refuser ce luxe. Cinquième et dernière fille d'une noble famille, c'est avec soulagement que son père l'avait envoyée dans un couvent, plutôt que de devoir payer une dot supplémentaire. L'occasion de quitter la vie ecclésiastique était apparue sous la forme d'un chevalier de la Reiksgard, mais elle ne lui permit pas de se promener au bras d'un noble, seulement d'entrer au Collège Flamboyant. De manière inéluctable, elle aurait fini par y entrer, mais bien plus tard, et sans devoir payer un aussi lourd tribut. Peut-être, un jour, terminerait-elle sa vie avec un noble... Mais qui voudrait s'afficher ouvertement avec une magister? Qui oserait être stigmatisé par ses pairs pour avoir choisi une telle engeance? Melicent n'était pas dupe : elle n'avait plus aucune valeur sociale et n'était plus bonne à marier. Les personnes avec une position élevée et une fortune conséquente aimaient bien s'entourer d'utilisateurs de magie pour subvenir à leurs nombreux besoin. On ne lui offrirait bijoux et belles robes que pour retenir ses services de protection. Robes et bijoux qui ne vaudraient jamais les centaines de couronnes que valaient un contrat avec un mage flamboyant. Pourquoi dépenser de folles fortunes quand vous pouvez obtenir un mage en échange de parures et d'invitations dans les soirées mondaines?

Le regard chargé de désir d'Adrien ne passa pas inaperçu auprès de la jeune femme, qui fit tout de même mine de ne pas voir remarqué. Son visage avait toujours ce même masque froid et inexpressif qu'elle abordait avec des inconnus qui ne lui plaisaient pas trop, voir même ceux qu'elle connaissait et qui lui plaisaient encore moins. Elle le laissa parler de belles espérances, et d'heureuses scènes, et se surpris de le trouver plus raffiné qu'elle ne l'aurait cru. Beaucoup de ces nobles qui avaient été fait chevaliers avaient appris à lire jeunes pour pour ensuite se concentrer uniquement sur les compétences de bataille, délaissant les lettres dès qu'ils en avaient la possibilité. Il n'était pas rare d'en rencontrer qui ne savaient déchiffrer que quelques mots communs, la lecture devant un exercice ardu alors que passaient les années. Leur vocabulaire tombait parfois aussi bas qu'un gueux qui avait eu la chance de faire quelques études, avec seule différence qu'ils possédaient toujours un accent trahissant leur origine. Adrien ne semblait pas de cette trempe. Soit il avait eu la chance d'avoir un meilleur précepteur que les autres, de débuter sa carrière militaire plus tard ou bien d'être plus intelligent que la moyenne. Enfin, peut-être s'intéressait-il réellement à des activités plus intellectuelles que ses compagnons.. ce qui restait une possibilité. La jeune femme s'était-elle trompée sur son compte? Peut-être cet homme était différent des autres, peut-être pas. La manière qu'il avait traité le déserteur et l'éclaireur plus tôt dans la journée ne lui avait pas échappé, et une personne qui est gentille avec sa compagne mais pas avec les gens qu'il conçoit comme des êtres inférieurs n'est pas une personne gentille. Peut-être était-ce le stress, le traumatisme, le combat qui avait fait rage qui avait fait ressortir ses traits les moins glorieux. Après tout, Melicent n'avait pas été non plus un exemple de bonté et de pureté non plus lorsqu'elle s'était adressée à Valdred avec des mots qu'elle ne saurait répéter à nouveau. Fallait-il la blâmer et la juger pour autant?

Son regard avait glissé sur son maître, toujours fiévreux, ce qui n'échappa pas au chevalier.


«Abandonneriez vous aussi lâchement votre père ou votre frère dans pareilles circonstances? Cet homme est la seule famille qui me reste... »

Mais il avait raison, après tout. La blessure qu'elle et Herr Bayer avaient découvert n'avait absolument rien de normal. Une telle putréfaction des chairs après seulement quelques heures ne pouvait être que d'origine maléfique ou un très puissant poison (Sens de la magie?). Rien n'était moins étonnant provenant de créatures aussi fourbes que les hommes-bêtes. Ah, si seulement son maître avait pu conserver quelques effets personnels suite à cette fuite! Elle aurait pu récupérer l'un de ses grimoires pour essayer de trouver un remède magique, une formule, un nouveau sort, quelque chose qui aurait pu le soigner ou au moins ralentir la propagation de son mal qui le rongeait. D'ici peu, son coeur serait atteint et cesserait de battre à tout jamais. Si seulement il avait pu lui apprendre quelques mots de magikane pour éliminer les effets pervers de ce maléfice, elle aurait tout tenté. Mais s'il n'avait pu se soigner lui-même, c'est qu'il ne savait pas non plus comment se débarrasser du danger qui coulait dans ses veines. Il était perdu, et à moins d'un miracle, il ne survivrait pas une journée de plus. Devait-elle faire son deuil de son maître, celui qui l'avait accompagnée depuis toutes ces années ? Que deviendrait-elle sans lui? Sans Valdred pour l'accompagner, son regard, son sourire, ses mots bienveillants et toujours justes, il n'y avait effectivement que la noirceur et le désespoir devant elle. Elle réprima une forte envie de pleurer, ne souhaitant pas paraître faible aux yeux Adrien, ce qui ne ferait que le conforter sur ses préjugés sur les femmes, à savoir que ce sont de fragiles créatures qui ne sont rien sans un homme à leurs cotés.

Melicent sortit alors la dague qu'elle avait récupéré de Ludwig pour se décrasser les ongles. Cette conversation l'avait mis fort mal à l'aise elle ne souhaitait pas continuer dans cette direction. Ne sachant pas quoi dire, un nettoyage lui semblait l'activité la plus appropriée. Jamais ses mains n'avaient été aussi malpropres de son existence. La boue et le sang séché la recouvraient jusqu'au bout des doigts, et la perspective d'un bain n'avait jamais été aussi éloignée. Elle se doutait bien que l'état de ses mains n'étaient que la partie visible de ce qui devait la recouvrir. S'inquiétant de son allure générale, elle sortit le petit miroir qu'elle possédait dans sa besace - qui avait miraculeusement survécu à cette journée mouvementée - pour observer l'étendue des dégâts. Même dans de pareilles circonstances, bien que la coquetterie n'aie pas sa place, il lui importait de toujours être la plus présentable possible, et ce qu'elle vit lui glaça le sang. Ses traits étaient tirés par la fatigue et ses yeux avaient des cernes aussi visibles que des insomniaques. Son visage présentait tous les symptômes du manque d'hydratation, en plus d'être couvert de saletés et de sang. Elle était aussi laide que les horribles harpies des contes pour enfants, ses cheveux étaient plus crasseux que jamais. Les faibles lueurs du feu ne suffisaient pas à cacher l'état lamentable dans lequel elle se trouvait. Elle fit quelques simagrées face au miroir, avant de se souvenir qu'elle n'était pas seule, puisque le chevalier était toujours à ses cotés. Pour sa défense, elle retourna le miroir dans sa direction, avant de lui tendre, avec un sourire gêné.

Profitant qu'Adrien se saisisse de l'objet, elle eut le loisir de l'observer de plus près, ce qu'elle n'avait pas eu la chance de faire plus tôt. Il était jeune, bien plus jeune que les hommes qu'elle avait désirés dans sa vie. Il possédait une cicatrice qui lui barrait le visage, tout comme un homme qu'elle avait aimé quelques moins plus tôt, mais qui s'était révélé être un salopard de plus, comme les autres. Chassant ce mauvais souvenir de ses pensées, elle se concentra à nouveau sur celui qui était devant elle. Cette marque, qu'il avait dut obtenir en combat ne lui enlevait aucun charme, bien au contraire. Une barbe sale lui couvrait les joues et le menton, et sa peau était incrustée de sang et saleté, tout comme celle de la jeune femme. Cette expédition de malheur faisait ressortir le plus laid chez les membres du petit groupe de survivants, autant physiquement que mentalement. Elle permettait à tous de se voir tels qu'ils étaient réellement, sans fard ni artifices. Alors que la survie de tous était en jeu, il n'y avait point de temps pour la tromperie et les faux semblants. C'est dans ces conditions que les vrais caractères s'affichaient.

Reprenant son bien et le remettant dans sa sacoche, Melicent profita de ce moment où la tension était à son minimum pour y aller de conversation plus légère. Le geste ne s'était toutefois pas déroulé sans douleur, le fait de s'étirer le bras ainsi lui arracha une petite plainte inaudible. Saleté de goule.


« C'est votre maîtresse, mécontente de son nouveau collier qui ne s'agençait pas avec sa robe préférée, qui vous a infligé cette cicatrice?»

Elle souriait de manière sincère, peut-être pour la première fois devant ce chevalier. La jeune femme pouvait aussi se montrer gentille et charmante, enjouée et passionnée. Jouer à la plus fine avec le chevalier en ce moment, l'ignorer et l'envoyer paître ne lui aurait servi strictement à rien, sinon qu'à alourdir l'atmosphère et risquer de ne pas se faire un ami du jeune homme. Qui sait, dans un moment critique, cette petite blague lui sauvera-t-elle la vie? De plus, dévier la conversation sur les hauts faits d'armes d'Adrien l'occuperait suffisamment longtemps pour qu'il ne pose pas de questions sur la jeune femme. Elle détestait parler de son passé aux autres, surtout s'il s'agissait de chevaliers, plus encore s'ils étaient de la Reiksgard.

-Lancer de contrepoison
-Sens de la magie sur la blessure
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 09 mars 2016, 12:44, modifié 1 fois.
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Re: [Melicent Hohenberg] Les larmes de l'Ostland

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Incantation de Contre-poison : 1, réussite critique.
+1 xpm
Sens de la magie : tu ne sens rien de magique.

Adrien rigola. C'était un rire froid et vide. Mais un rire tout de même.

- "Par Sigmar, si maîtresse je devais prendre, je vous assure qu'elle ne ressemblerai pas à celui qui m'a fait ça." dit-il d'un ton désabusé en regardant le feu. "J'ai gagné cette cicatrice il y a trois ans maintenant, lorsque j'étais encore incorporé au sein des Pistolkorps. Mon escadron avait sa caserne à Übersreik et nous repoussions régulièrement des incursions gobelines dans la région. L'un de ces parasites a réussi à me tailler le visage avec son surin, alors que je venais de tomber de cheval. Rassurez-vous, j'ai pris soin de lui griller la cervelle dans l'instant qui a suivi."

Le jeune homme se tut, plongé dans ses pensées, puis se releva lentement.

- "Je vais essayer de dormir un peu avant que l'aube ne se lève. Au moindre problème ... réveillez moi." lui dit-il en la regardant longuement dans les yeux avant d'aller se coucher près des flammes.

La garde de Melicent fût courte et, déjà, la lumière revenait peu à peu dans la brume épaisse et matinale qui recouvrait la clairière et la ferme en ruine.

Ils repartirent sans tarder. Valdred avait pu trouver un peu de repos grâce au sortilège de Melicent, mais il restait extrêmement faible. Claus le soutenait d'un côté, tandis que le magister s'appuyait sur son bâton de l'autre. La jeune apprentie pouvait sentir le regard pesant que les autres membres du groupes jetaient à son maître mais, pour le moment, aucun d'entre eux n'osa parler explicitement de l'abandonner là. Valdred n'était pas dupe et, malgré la fièvre, il savait qu'il les ralentissait dans leur fuite à travers les bois. Mais, s'il restait, c'était peut-être car il se savait encore utile, ou capable de lancer des sortilèges ? Où craignait-il seulement pour sa vie ? Peut-être ne voulait-il simplement pas mourir dans cet endroit sordide ? Il n'était qu'un homme, après tout. Toujours est-il qu'il marchait tant bien que mal, soutenu par le soldat et les yeux dérivants dans le vague.

La piste qu'ils avaient suivi la veille disparaissait rapidement dans les taillis et les bosquets mornes, et ils durent à présent avancer à l'aveuglette dans ce labyrinthe qu'était la Forêt des Ombres. Ils marchaient et marchaient encore, grimpant les coteaux rocailleux, traversant les ruisseaux et sautant par dessus les racines. De temps en temps, ils s'arrêtaient en entendant un cri bestial qui jaillissait du cœur de la forêt. Ces moments là étaient terrible, où chacun se préparait à combattre et à mourir dans d'atroces souffrances. Mais ils ne furent pas attaqués et continuèrent de s'enfoncer toujours plus loin dans l'obscurité des bois tandis que ces derniers semblaient se refermer peu à peu sur eux. La lumière du soleil déclinait à mesure que les nuages s'épaississaient et que la canopée sinistre se faisait plus dense au dessus de la tête des fugitifs. Ils s'étaient accordé une courte pause lorsque la journée leur semblait à moitié entamée, et Adrien avait profité de cet instant pour retirer son armure et grimper au tronc le plus proche pour essayer de repérer un village ou un filet de fumée alentours. Rien. Des arbres, des collines, des rochers et encore des arbres. A perte de vue. Le moral était au plus bas, et ils repartirent dans un silence oppressant. Bientôt, les chevaliers durent dégainer leurs épées pour se frayer un chemin, tant les buissons et les arbustes étaient touffus. Partout, les ronciers s'accrochaient aux vêtements et déchiraient le tissu. Des branches vous giflaient si vous n'y preniez pas garde, et les cailloux vicieux faisaient trébucher tout le monde.


Enfin, ils débouchèrent sur une petite rivière au cours lent et dont l'eau arrivait à peine à la cheville. L'endroit semblait calme, bien que lugubre. Un corbeau croissait, non loin. Quelques branches craquaient ça et là, et des lucioles voletaient au grès de la brise qui faisait danser le haut des arbres. La brume stagnait comme une chape immuable et d'énormes fougères couvraient le sol entre les troncs noirs. Herr Bayer inspecta les lieux du regard et rengaina lentement son épée, sur le qui-vive.

- "Faisons une courte halte ici, et profitons en pour remplir nos gourdes." dit-il en décrochant celle qu'il avait à la ceinture.

Le chevalier fit quelques pas et s'accroupis près du cours d'eau tandis que Claus faisait de même après avoir aidé Valdred à s'asseoir contre un rocher couvert de mousse. L'air était froid et humide, et l'humus était sombre. Le maître magister ramassa un morceau de mousse mouillée et s'épongea le visage pour se rafraîchir, tandis qu'Adrien scrutait les environs, son épée toujours au clair.
Test de Perception (basé sur Ini) : 16, échec.
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Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Melicent Hohenberg
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Re: [Melicent Hohenberg] Les larmes de l'Ostland

Message par Melicent Hohenberg »

Melicent avait écouté les propos du chevalier sans rien dire. Mine de rien, il venait de dévoiler de grands pans de sa vie, à savoir qu'il n'avait pas de femme dans sa vie, et qu'il avait passé quelques temps à Nuln à l'école d'artillerie, où de jeunes nobles étaient formés pour devenir pistoliers. Le chevalier devait posséder une bonne maîtrise des armes à poudre en plus d'être bon cavalier. En sa qualité de magister flamboyante appelée à accompagner les armées au combat, Melicent en connaissait un peu sur les différents corps armés qu'elle serait amenée à côtoyer. Elle avait bien évidemment entendu parler des exploits de courage des jeunes hommes intégrés à la Pistolkorp, bondissant au devant des ennemis, armes à la main, harcelant l'avant-garde ennemie. Quel dommage que ce jeune homme se retrouve intégré à la Reiksgard. Devrait-il périr lui aussi par le feu un jour ou l'autre? Lui, Gerstenmaier et tous les autres qui s'étaient retrouvés complices des malheurs que la jeune femme avait subis? Quelle tristesse cela sera lorsqu'il hurlera de douleur, le feu lui dévorant la chair et les entrailles, lui, cet homme qui paraissait bien intelligent et cultivé. Ou peut-être le laisserait-elle en vie, il semblait être un charmant jeune homme après tout. Des questionnements qui trouveraient réponse très bientôt : la forêt était grande et sombre, les lourds travers du chevalier pouvaient apparaître à tout moment lors de cette traversée périlleuse. Nul doute que Melicent trouverait rapidement une raison de lui faire la peau lui aussi d'ici les prochains jours, malgré toute l'éloquence qu'il dégageait et l'étendue de son vocabulaire. Peut-être la magister verserait une larme, qui finirait bien par sécher avec le temps. Même les larmes de sang pouvaient sécher.

La jeune femme avait soutenu son regard alors qu'il s'était relevé, tentant de cacher le trouble qu'il provoquait en elle. Réprimant l'envie d'aller s'allonger aux cotés d'Adrien, elle entreprit à nouveau le curage de ses ongles pour se changer les idées. Voilà de deux mois qu'elle accompagnait son maître dans l'Empire, qu'elle aurait souhaité partager sa couche, se languissant chaque nuit du besoin de chaleur humaine. Or, il dormait en ce moment même dans son couchage, à l'article de la mort, sans elle. De tous les scénarios qu'elle avait imaginés, celui-là n'en faisait pas partie. La proposition du chevalier lui sembla soudainement bien plus intéressante que de veiller seule devant les flammes. Mais avant qu'elle ne prenne une décision, elle entendit sa respiration de faire lente et régulière, alors qu'il venait de s'endormir. La journée avant été éreintante pour le jeune homme. Tant pis, pensa-t-elle. Il y aurait d'autre nuits. Elle continua de curer ses ongles jusqu'à être plus ou moins satisfaite puis rangea la dague dans sa besace. Melicent avisa à ce moment le livre de prières que l'officier lui avait laissé, et s'en saisi pour l'ouvrir et y jeter un oeil. Il contenait les cantiques les plus connus, quelques paragraphes du livre Saint, des méditations quotidiennes et autres écrits dans le même genre. La jeune femme les connaissait presque tous, en tant qu'ancienne Soeur, elle avait eu comme devoir de tous les apprendre par coeur dans sa prime jeunesse. Tournant une page au hasard, elle lut pour elle même :

* - «Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation : l'esprit est ardent, mais la chair est faible. »
Markus, 14.38 *


La magister poussa un soupir de dérision. C'est dans ces prières qu'elle avait vu celui qui avait causé sa chute, dans les flammes que son esprit avait vacillé. La tentation s'était insinuée en elle et avait corrompu ses pensées. Se frottant les yeux pour chasser les mots qui s'étaient imprimés dans son esprit, elle tourna à nouveau la page. Elle balaya lentement les écrits avant de s'approcher de son maître. Valdred avait toujours été un croyant, et en ces moments de souffrance, la jeune femme eut la pensée que quelques prières pour lui à ses cotés lui serait d'un grand secours. Posant une main sur son front brûlant, elle récita doucement, en un simple murmure, les phrases qui étaient écrites dans le livre.

« Sigmar,
je me remets entre Tes mains; je m'abandonne à Toi, je me confie à Toi.
Fais de moi tout ce qu'il Te plaira; quoi que Tu fasses de moi, je Te remercie. Je suis prête à tout, j'accepte tout.
Pourvu que Ta volonté se fasse en moi, pourvu que Ta volonté se fasse en tous Tes fidèles, je ne désire rien d'autre, mon Dieu.
Je remets mon âme entre Tes mains; je Te la donne, Sigmar, avec tout l'amour de mon coeur, parce que je T'aime, et que ce m'est un besoin d'amour de me donner. Je me remets entre Tes mains avec une infinie confiance, car Tu es le Tout-Puissant.»


Sigmar entendrait-il ces mots ? Daignerait-il poser son regard sur elle et Valdred ? Elle ne pouvait rien faire de plus que de prier, implorer la clémence de son Dieu. Lui seul pouvait décider d'abréger les souffrances de son maître en stoppant l'action meurtrière du poison tant et aussi longtemps qu'il ne rencontrerait pas de médecin ou de quelqu'un connaissant un antidote. Peut-être serait-il assez bon pour leur apporter de l'aide dans leur chemin. Le magister était un bon croyant, combattant pour les idéaux de l'Empire, ne rechignant pas devant le labeur et l'effort. Il n'avait pas peur des dangers, des orques, des hommes bêtes et s'était vaillamment battu en de nombreuses fois pour la protection de l'Empire. Il était fidèle à l'Empereur en tout temps et circonstances, fier de défendre sa patrie en des temps troublés.

Sigmar ne pouvait laisser souffrir ainsi l'un de ses plus courageux soldats. Non, c'était trop injuste.

Après avoir remit une nouvelle bande de tissu d'eau froide sur le front de Valdred afin de faire baisser un peu sa température, Melicent se réinstalla plus près de feu encore, les genoux remontés sous son menton. Ses yeux se perdirent dans les flammes qui brûlaient devant elle alors que ses pensées vagabondaient ça et là. Tentant de se concentrer, elle implora son dieu de lui envoyer une vision de l'avenir. Sortirait-elle de cet endroit sordide ? Valdred vivrait-il? Croiseraient-ils du danger sur la route ? Tant de questions dont elle voulait les réponses, en espérant qu'elles soient favorables.

Divination des flammes
La jeune femme regarda le feu mourir tranquillement alors que la lumière revenait peu à peu. Il faudrait bientôt réveiller les autres pour repartir.

**********

La journée fut particulièrement horrible.

Aidé par les soins de son apprentie, Valdred semblait en meilleure forme qu'elle ne l'aurait cru. Soutenu par le déserteur, il marchait tant bien que mal en suivant les autres. Elle sentait bien les regards qu'on lui lançait, comme s'il était responsable de leur lenteur. Mais partez en avant ! qu'elle aurait eu envie de leur crier. Laissez nous, abandonnez nous si cela vous chante, couards ! Chevaliers, mon cul ! Je vous traquerai inlassablement jusqu'à la fin de vos jours, je ferai de votre vie un enfer. Vous périrez par le feu de mon courroux, je me délecterai de vos demande de pitié, et peut-être, si vous me contentez suffisamment, je serai assez miséricordieuse pour vous achever d'un coup d'épée au lieu de la souffrance des flammes. Allez, fuyez, pleutres que vous êtes ! Mais personne ne dit mot, et tous marchèrent ensemble vers l'ouest. Claus n'était pas particulièrement enchanté de devoir s'occuper du magister, surtout après les avoir vus en action la veille, mais Melicent ne l'entendit pas se plaindre malgré son mécontentement visible.

Bientôt, il n'y eu plus de chemin, et ce qui restait de la piste s'enfonçait dans les ténèbres de la forêt. Ils avançaient toujours plus loin entre les arbres. Les deux chevaliers menaient la marche, Melicent suivait, Claus et Valdred la fermaient. Le petit groupe progressait lentement entre les roches et les racines, considérablement ralenti par le maître qui peinait à se déplacer dans ces lieux. Tous furent très silencieux pendant la journée, bien trop occupés à éviter les obstacles pour se laisser à bavarder. Parfois un brame se faisait entendre, si proche et si loin à la fois, et la jeune femme sentait son coeur cesser de battre pendant ces moments. Elle jetait des regard effrayés derrière elle, cherchant à capter celui de son maître pour qu'il la rassure, mais ses yeux se perdaient dans le vague de la souffrance. Elle finit par comprendre qu'elle ne pouvait plus rien attendre de lui, et continua d'avancer malgré l'angoisse qui lui tordait les entrailles.

La pause de mi-journée ne fût pas salutaire. À fuir ainsi, la peur au ventre, l'on ne ressentait pas la faim, ni la fatigue ni le mal de pieds. Pire encore, on avait l'impression de perdre son temps. Est-ce que ces quinze à vingt minutes de pause seraient fatales ? Un abri serait-il manqué de peu à se reposer ainsi, ne réussissant pas à se cacher dans un endroit sécuritaire pour la nuit pour cause d'avoir trainé les pieds? Melicent s'était tout de même assise sur une vieille souche pourrie, n'osant point porter tout haut ses interrogations. Valdred s'était assis sur un vieux tronc, ne bougeant pas un seul membre pendant de longues minutes. Voilà qui était absolument inhabituel et sérieusement inquiétant : jamais il n'était capable de tenir en place plus que deux minutes. Le maître avait constamment la bougeotte, une hyperactivité causée par Aqshy lui interdisait d'être tranquille pendant plus que quelques secondes. Quelle tristesse de le voir dans cet état. Pendant ce temps, Adrien avait retiré son armure pour grimper, et espérer apercevoir la fin de cette maudite forêt. Malheureusement, il redescendit bredouille, faisant un signe négatif de la tête alors que la magister l'avait questionné du regard. On ne s'en sortira jamais, pensa-t-elle. Et ils reprirent la marche.

L'obscurité des bois les happa sans avertissement. Les chevaliers avaient sorti leur épées pour se frayer un chemin au travers des branches et des buissons. Bientôt, les bras de la jeune femmes furent rouges d'égratignures alors que les ronces la griffaient. Des branches avaient déchiré sa robe en mains endroits, la faisant ressembler à une loqueteuse habillée de haillons. Elle, si fière de son apparence habituellement, se retrouvait à avoir l'air d'une petite souillon malpropre. Elle en vint à un point où, trébuchant pour une enième fois sur une roche glissante, elle se laissa choir sur le sol, sans vouloir se relever. Melicent n'en pouvait plus de cette fuite éperdue dans les bois, et le découragement la prenait au coeur. Elle se serait bien laissée mourir dans l'ombre d'un buisson si Adrien, prévenant, n'était pas venu la récupérer, lui offrant sa main pour l'aider à se relever. Elle le remercia timidement avant de se remettre à avancer, à contre-coeur.

Ils vinrent à croiser une petite rivière, et Herr Bayer décréta une nouvelle pause pour remplir les gourdes. La magister n'avait rien de tel dans ses effets personnels, et se contenta de s'assoir sur une roche plate en bordure de l'eau. Claus vint porter Valdred à ses coté, et celui-ci ramassa un peu de mousse pour s'éponger le visage.


« Comment ça va ? » murmura-t-elle à son maître. J'ai prié Sigmar cette nuit, nous nous en sortirons, ensemble. Restez avec moi, ne vous abandonnez pas à la souffrance ...

Elle jeta un regard par dessus son épaule, vers Adrien, avant de redonner toute son attention pour son mentor. Cette blessure devait lui faire souffrir le martyr, et Melicent y alla d'un nouveau sortilège de contrepoison pour l'aider à tenir le coup. C'est ainsi qu'elle réalisa que sa propre griffure ne l'avait pas trop incommodée de la journée. Peut-être son corps combattait efficacement le poison de goule ? Elle n'osait y jeter un coup d'oeil, de peur de voir qu'au contraire le tout s'était prodigieusement infecté...
Contrepoison pour Valdred
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 17 mars 2016, 00:35, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total : 79 xps
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Re: [Melicent Hohenberg] Les larmes de l'Ostland

Message par [MJ] Le Grand Duc »

La nuit, dans la ferme
+1 point de croyance envers Sigmar pour la pière.

Test de Divination (sous Int +1) : jet caché.
Les flammes dansaient devant les yeux Melicent, voraces et insatiables, consumant le bois pour n'en faire que des braises brûlantes. La jeune femme se concentra. Elle savait qu'elle disposait d'un don, sans vraiment savoir lequel. Plusieurs fois, elle avait vu des scènes dans le jeu, et certaines s'étaient déroulées par la suite. Était-ce un signe de Sigmar ? Était-ce dû à son affinité avec Aqshy, le Vent Rouge ? Ou était-ce encore autre chose ... Dans cette ferme en ruine perdue au milieu de la Forêt des Ombres, égarée dans la peur et la détresse, Melicent plongea intensément son regard dans les flammes pour essayer d'y apercevoir un signe d'espoir.

Les étincelles restèrent muettes pendant de longues minutes, crépitant comme bon leur semblait, puis peu à peu la lueur se mit à danser dans les prunelles de la sorcière. L'espace et le temps parurent s'effacer lentement tandis que l'esprit de la jeune femme plongeait dans le brasier. Les flammes s'élevèrent et rugirent soudainement, se dressant de plus en plus haut et enveloppant désormais la pièce dans un immense incendie. Elles engloutirent tout avec une soif inextinguible et Melicent disparu dans cet enfer brûlant lorsque la vision tant attendue la frappa de plein fouet.

Elle vit fugacement les visages de ses compagnons d'infortune en train de hurler. Leurs traits étaient déformés et leurs yeux écarquillés. Criaient-ils de douleur ? De terreur ? Leurs plaintes étaient accompagnées de gémissements étranges, lancinants. Melicent devina une maison, un village au milieu des bois. Elle aperçu une énorme araignée qui tissait une toile autour des habitations, les faisant disparaître sous un énorme cocon filandreux. Puis des épées découpèrent ce cocon de l'intérieur et des trompettes obsédantes retentirent de toute part alors qu'une lumière mauve jaillissait des larges entailles. La musique était entêtante, victorieuse, épique. Des flûtes et des luths, des tambours et des harpes se joignirent aux trompes. L'air se fit puissant comme une tempête qui s'élevait, glorieux et conquérant et, enfin, le cocon de l'araignée explosa. Il dévoila un champ de fleurs qui s'étendait à perte de vue. Ces fleurs étaient mauves, rondes et énormes. Elles dégageaient un parfum lourd et enivrant, et leurs pétales se fermaient vers le haut comme des nasses. La musique continuait de retentir et, lorsqu'elle culmina, toutes les fleurs s'ouvrirent en même temps, répandant dans l'air leurs milliers de graines duveteuses qui s'envolèrent comme un manteau beige avant de retomber lentement aux alentours en tournoyant sur elles même. L'une des fleurs, cependant, se mit à enfler et s'ouvrit plus lentement que les autres. Une créature en émergea lentement, se dépliant comme un phasme sortant de sa chrysalide. C'était une femme ... ou elle y ressemblait. Elle portait une couronne de cornes torsadées ornée d'un joyau rose. Ses yeux étaient comme un puits lumineux dans lequel on voulait tomber. Sa peau, par endroit, était recouverte d'écailles d'un violet sombre et ses doigts étaient terminés par des griffes effilées. Ses longs cheveux blancs et vaporeux tombaient dans son dos, et un œil reptilien ornementait son ventre rose, surmonté par une poitrine plantureuse et arrogante. Elle était immonde et splendide, horrible et merveilleuse à la fois. Elle dégageait un attrait irrésistible tout comme elle repoussait. Puis des mains et des bras lumineux s'élevèrent lentement de la fleur pour venir cueillir ce pistil troublant qui fixa Melicent à travers les flammes.

Image


Et soudain, cette créature absurde et fantastique s'évanouit, comme le champ de fleur qui l'entourait. Melicent revint à elle, le souffle court. Elle était seule, devant les flammes qui s'étaient remises à danser comme si de rien n'était. Quelle étrange vision ... était-ce qui allait se passer ? Était-ce seulement un avenir possible, et non inéducable ? Ou n'était-ce seulement qu'une divagation incohérente, causée par la fatigue et les caprices de son don ? Elle le saurait bien assez tôt ... et l'aube se levait enfin sur la Forêt des Ombres. Il était temps de partir.

A la rivière, quelque part dans la Forêt des Ombres
Incantation de Contre-Poison : 18, 2, réussie.
+1 xpms
Valdred cligna lentement des yeux et tourna la tête vers Melicent, appuyé contre le rocher. Son teint était cireux.

- "Melicent ... mon apprentie ..." murmura-t-il, le regard vague et les yeux injectés de sang. "Ne t'en fais pas pour moi. Je vais m'en sortir. Fais plutôt attention à toi ..." Son ton était lent, las. Il était visible que le magister tentait de résister à une grande souffrance. "Suis Herr Bayer. Prie Sigmar. Et surtout ... surtout n'oublie pas ce que je t'ai appris. Reste éveillée. Reste concentrée. Maîtrise ton souffle ... Tempère l'afflux ..." Il toussa. "Tu es jeune. Tu es belle. Tu es intelligente. Tu dois vivre ... Je vais m'en sortir ... Fais plutôt attention à toi." Il commençait à se répéter, comme s'il délirait sous l'effet de la fièvre.

Il ferma les yeux quelques secondes puis les rouvrit d'un coup en essayant de se redresser, comme s'il reprenait brusquement ses esprits.


- "Melicent ! ... Si je viens à mourir ... si je viens à mourir, brûle mon corps. Je ne veux pas être enterré dans cette forêt maudite. Mórr se détournerait de moi ... mon âme errerait ici à jamais ... Promets moi, Melicent. Promets moi de ne pas me laisser pourrir ici. Promet le moi !" cria-t-il en lui empoignant l'avant-bras.

Puis il se relâcha d'un coup, comme si ce sursaut avait consommé le peu d'énergie qu'il avait encore, et il s'appuya contre la pierre en fermant les yeux, haletant quelque peu.
Test de Perception (basé sur Int) : 20, échec critique.
Claus et le chevalier Bayer rebouchaient leurs gourdes après les avoir remplies tandis qu'Adrien continuait de scruter les environs.

- "Repartons sans tarder." maugréa le jeune assermenté de la Reiksguard.

- "Que ..." souffla Claus en fronçant les sourcils. Il baissa les yeux vers ses pieds et poussa un cri de stupeur, et tous se tournèrent vers lui.

Une longue tige végétale de l'épaisseur d'un bras venait de s'enrouler autour de la cheville du soldat. Ce dernier dégaina la dague qu'il avait à la ceinture et essaya de taillader le lacet qui l'enserrait mais la liane se tendit d'un coup sec et fit brutalement tomber Claus avant de le tirer en arrière à une vitesse incroyable. Le pauvre bougre disparu dans les fourrés en hurlant et le massif de fougère se mit à bruisser tandis que les hurlements du déserteur faisaient peu à peu place à un immonde bruit de mastication.

Les autres fugitifs restèrent cloués sur place, horrifiés par ce qui venaient de se passer, et ne réagirent que quand d'autres tiges vertes se dressèrent subitement depuis les buissons qui les entouraient, filant vers eux pour les saisir à leur tour.


- "Courrez !" beugla Her Bayer en tranchant une liane avide d'un grand coup de son épée.

Les deux chevaliers s'élancèrent dans les bois pour s'éloigner de la rivière et de ses fougères carnassières. Adrien s'arrêta après quelques foulées et se retourna vers Melicent et Valdred.

- "Fuyez, Melicent !! Vous ne pouvez plus rien pour lui ! Sauvez votre vie !" lui cria-t-il en tendant la main vers elle.
Tu peux reprendre la manière que j'ai utilisé, avec le découpage en deux partie, si tu veux parler de ce que tu as vu dans le feu.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Re: [Melicent Hohenberg] Les larmes de l'Ostland

Message par Melicent Hohenberg »

Melicent se laissa happer par la vision qui se révéla tenir du cauchemar absurde plutôt qu'un aperçu du futur. D'abord ses compagnons hurlant, mais pourquoi? Étaient-ils attaqués, blessés? Portant son regard plus loin, elle aperçut une ou des maisons, peut-être un village, qui disparaissait sous la toile d'une araignée gigantesque. Ce qu'elle détestait ces créatures à huit pattes ! Petites, grosses, blanches, noires, longues ou courtes pattes; le plus important était de les écraser sous la semelle le plus rapidement possible. Or, celle-là était beaucoup trop grosse pour seulement imaginer la tuer d'un coup de chaussure. Heureusement, le cocon fut transpercé de l'intérieur par des épées, et une grande musique victorieuse retentit dans l'air, couvrant les cris et les gémissements. Et bientôt, il n'y eu plus de chevaliers ni personne, seulement un grand champ de fleurs, un parfum capiteux et entêtant, un bal d'odeurs somptueuses et de musique grandiose, des fleurs à perte de vue. Puis il y eu cette fleur plus grande et plus belle que les autres, qui gonflait toujours plus, pour finalement s'ouvrir, laissant émerger la créature la plus magnifique que la magister avait pu voir. Aussi belle qu'effrayante, la jeune femme n'avait d'yeux pour sa longue et lourde chevelure blanche, son peau violacée, ses iris brillants et son opulente poitrine. Elle n'avait qu'un seul désir, s'approche, la toucher, la caresser, sentir les douces écailles sous ses mains, passer ses doigts dans ses cheveux. Cette apparition fantasmagorique était si attirante et repoussante à la fois, les cornes sur sa tête, l'oeil de reptile sur son ventre, ses longs doigts griffus, tout chez elle tenait du monstre, mais Melicent était incapable de détacher son regard de cet être irréel.

Ces yeux brillants la fixaient et sondaient son âme, à la recherche de quoi? La magister n'aurait su le dire, puisque la créature disparut lorsqu'elle revint soudainement à elle, la laissant pantoise, haletante, le souffle court. Tous ses sens étaient enflammés suite à cette délicieuse rêverie, la laissant dans un inconfort absurde. C'est à ce moment que Valdred tomba dans son champ de vision, et que la jeune femme sût comment pallier à cette gêne dans son bien-être. Elle voulait son maître, maintenant. Qu'importe qu'il soit à l'article de la mort, elle trouvait le moyen de le faire revivre, de le rendre puissant juste assez longtemps pour ses désirs. Dans l'état où il était, il ne pourrait lui résister, elle pouvait en faire ce qu'elle voulait. C'était le moment qu'elle avait tant attendu, il lui suffisait de se glisser dans son couchage et de relever sa robe de mage. C'est ce qu'elle désirait depuis si longtemps, alors pourquoi se priver ?

Étirant son bras, sa main glissa malencontreusement sur le livre de prières de Herr Bayer, la ramenant soudainement sur terre et pleinement consciente de ce qu'elle était en train de faire. En panique, Melicent pris le cahier et retrouva la page qu'elle avait lue plus tôt :

* - «Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation : l'esprit est ardent, mais la chair est faible. »
Markus, 14.38 *


Elle relut le psaume trois ou quatre fois, afin de calmer l'angoisse qui lui tordait les entrailles. Qu'était cette horrible chose, cette créature infâme qui avait allumé un brasier incandescentes de désir malsain à l'intérieur de son être ? Était-ce un effet secondaire du sort dont elle avait été victime la veille ? Sa vision ne comportait toutefois pas de flammes blanches troublantes comme le démon qui avait pris l'apparence de Valdred dans son rêve. Peut-être devrait-elle lui en glisser un mot ou deux à ce propos? Lui seul saurait la signification de ce message dérangeant. Melicent avait bien l'intention de nettoyer son âme et son esprit de la corruption qui la rongeait, tout comme le poison qui s'insinuait dans les veines de son maître. Sa sanité ne dépendait maintenant plus que d'une chose : la survie de Valdred.



*******

Les vents de magie se montrèrent capricieux et Melicent dut s'y reprendre une fois afin de réussir son sortilège de contrepoison. Lorsqu'enfin l'Aethyr se plia a sa volonté, la magister posa la main au niveau de la blessure de son maître, qui sembla ne ressentir les bienfaits presqu'immédiatement. Il cligna doucement des yeux avant de se retourner vers elle pour lui tenir des propos incohérents. Visiblement, le poison le rongeait à un point tel qu'il divaguait sérieusement. Ses yeux injectés de sang et sa fièvre ne mentaient pas : sans attention immédiate, son maître y laisserait sa peau. Mais comment lui prodiguer les soins nécessaires au beau milieu de cette forêt? L'éclaireur n'avait-il pas dit que le groupe arriverait ce jour même au village le plus près ? Quel gâchis que sa mort ! Lui seul semblait connaître le chemin pour se sortir de ce bordel, et voilà que sans lui, tous erraient sans savoir où se rendre, marchant vers l'ouest comme si c'était la bonne direction à prendre. Mais l'était-ce réellement ? Personne n'avait de carte, ni même aucun idée de l'emplacement de ce satané village. Tournaient-ils en rond ? Il y avait de quoi devenir fou.

Valdred n'avait pas fini de délirer, et y alla d'une demande pour le moins saugrenue, à savoir que son apprentie brûle son corps s'il devait perdre la vie... mais pourquoi? Bien sûr que non, il n'allait pas mourir. Il était hors de question que Melicent reste les bras croisés à le regarder crever sans rien tenter. Elle abuserait des sorts de contrepoison s'il le fallait, à toutes les demi-heures si cela était nécessaire, jusqu'à ce que son maître reçoive le traitement approprié. Malgré le fait qu'un usage immodéré de la magie augmentait la probabilité d'échapper de manière catastrophique l'Aethyr et causer des troubles sérieux, elle était prête à prendre le risque. Si c'était le seul moyen de maintenir Valdred en vie, elle ferait tout en son pouvoir. Alors qu'il la relâchait, refermant les yeux et s'appuyant le dos contre la pierre, elle lui murmura d'une voix douce :


« Nous nous en sortirons tous les deux mon cher maître. Nous sommes venus ensemble, nous repartirons ensemble.. »

Le secondes s'étiraient et il faudrait bientôt repartir. La jeune femme avait encore un peu de temps devant elle. Il fallait absolument qu'elle se confie à propos des visions troublantes qu'elle avait reçues dans les flammes. Son esprit avait été torturé toute la journée durant, à la fois par les araignées, mais aussi par l'apparition qui était sortie d'une fleur. Le simple souvenir de la créature lui provoqua des frissons glacials dans le dos, mais aussi une grande chaleur qui se diffusa lentement dans son corps.

« Valdred, m'entendez-vous ? Le temps presse, j'ai besoin de vous parler.. »

Melicent tourna la tête de part et d'autre, pour apercevoir Herr Bayer ne train de reboucher les gourdes, et qu'Adrien surveillaient les alentours.

« C'est à propos du sortilège du shaman. J'ai eu une vision dans les flammes, et je crois que...» mais elle ne pût terminer sa phrase, car Claus venait de pousser un cri.

Se relevant subitement, la magister vit ce qui avait causé cette agitation : Une racine venait de s'enrouler autour de la jambe du déserteur, l'avait fait tomber pour e trainer dans les bosquets, où un horrible bruit de mastication couvrit les hurlements de l'homme. Tétanisée par ce spectacle grotesque, Melicent ne réagit pas immédiatement, clouée par la peur et la surprise. Ce fût lorsque d'autre lianes se relevèrent qu'elle réalisa le danger dans lequel ils s'étaient tous fourrés, et elle poussa un grand cri d'effroi. Saisissant Valdred par un bras pour le relever et l'emmener dans sa fuite, elle entendit les mots qu'Adrien lui avait lancés.


«Corniaud ! Bâtard ! » siffla-t-elle entre ses dents, pour elle même.

Cet salaud de la Reiksgard n'avait absolument rien compris. Sans Valdred, la magister était condamnée à sombrer dans la folie. L'abandonner signifiait signer son propre arrêt de mort.
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Re: [Melicent Hohenberg] Les larmes de l'Ostland

Message par [MJ] Le Grand Duc »

Adrien poussa un juron en voyant Melicent aider Valdred à se relever. Il hésita un instant et se retourna.

- "Herr Bayer ! Nous devons secourir les magisters !"

L'officier de la Reiskguard fit demi-tour immédiatement et dégaina son pistolet, tenant son épée dans l'autre main. Il s'élança vers les sorciers, suivi par Adrien.

L'épée du chevalier Bayer fendait l'air pour venir s'abattre sur les lianes qui se jetaient sur les fuyards. Elles étaient de plus en plus nombreuse, mais le vieux briscard ne cédait pas un pouce de terrain et continuait de trancher dans tous les sens, sectionnant les tiges végétales qui fouettaient l'air. Son pistolet claqua dans un nuage de poudre alors qu'il tira à bout portant sur l'une des plantes voraces. Adrien en profita pour se précipiter vers Melicent et l'aida à soutenir Valdred, passant l'un des bras du magicien autour de ses épaules.


- "Ce n'est que folie !" siffla-t-il entre ses dents.

Une autre liane jaillit des fourrés à côté d'eux et ondula au sol avec la vélocité d'un serpent. Elle se redressa avec un grincement et fonça droit vers Valdred, mais Adrien la faucha d'un coup d'épée et le tronçon inanimé retomba au sol tandis que le moignon amputé se retira dans le massif de fougères.

La jeune femme et le chevalier avançaient aussi vite qu'ils le pouvaient, portant Valdred plus qu'ils ne le soutenaient. Ce dernier dodelinait de la tête en peinant pour garder les yeux ouverts, ses jambes se dérobant sous lui à chaque pas. Il n'avait presque plus la force de marcher. La blessure de Melicent la faisait souffrir également. Elle pouvait sentir son ventre brûler et sa tête tournait : l'infection portée par les griffes de la goule s'insinuait peu à peu en elle.
Tu perds 3 points de vie. Tu peux mettre ta signature à jour.
Ils continuaient de courir malgré tout, s'éloignant le plus rapidement possible de la rivière et des fougères mortelles qui en garnissaient les berges. Les trois fuyards s'enfonçaient à présent entre les arbres de la forêt lorsqu'ils entendirent un cri derrière eux. Lorsqu'ils se retournèrent, ce fut pour voir le chevalier Bayer mourir. Le vieil officier avait les bras et les jambes bloqués par de nombreuses lianes qui s'enroulaient autour de ses membres dans un mouvement lent et implacable de constriction. Une énième tige, plus fine et d'un vert plus vif, s'éleva au dessus des taillis et ondula vers le chevalier. Elle lui tâta le visage comme si elle le goûtait et s'enroula soudainement autour de son cou. D'une même impulsion, toutes les lianes se raidirent d'un coup et se tendirent à l'extrême, démembrant brutalement Herr Bayer dans une effroyable effusion de sang. Le buste armuré du chevalier tomba par terre tandis que sa tête et ses membres disparurent dans les fougères en un instant.

Adrien regarda la scène, impuissant, appuyé contre un tronc d'arbre et le souffle court. Un silence de mort retomba sur la rivière et les bois environnants tandis que les buissons cessaient de frémir pour s'immobiliser enfin, retrouvant leur aspect de plante inoffensive.

De longues minutes s'écoulèrent sans que le jeune chevalier ne décroche son regard des restes mutilés de l'officier. Valdred était étendu à côté, les yeux papillonnants et les mains tremblantes. Adrien se redressa lentement sans se retourner pour autant, restant dos aux magisters.


- "Herr Bayer était un homme couvert d'honneur et de gloire. C'était un héros de la Reiksguard, décoré à maintes reprises par le Reiksmarshall et l'Empereur en personne. Il est mort pour vous sauver."

Le jeune homme se retourna lentement, son épée toujours en main. Son visage était fermé, et son regard dur et glacial, plein d'une détermination nouvelle et effrayante.

- "Mais c'était une erreur, Frau Melicent. Votre maître ne peut pas être sauvé. Il est condamné à mourir ici, dans cette forêt maudite. Et c'est le sort qui nous attend aussi si nous ne continuons pas sans lui."

Il fit un pas vers Melicent et Valdred, sans quitter ce dernier du regard.

- "Vous savez que j'ai raison. Ni lui, ni Herr Bayer, ni même Sigmar Tout-Puissant ne peuvent nous aider désormais. Nous devons survivre seuls. Et cela implique de faire des sacrifices. Vos sentiments sont louables, mais ici ils ne sont que faiblesses. Si nous voulons sortir vivants d'ici ... nous devons nous séparer de votre maître. Et si vous n'avez pas la force de faire le nécessaire, alors laissez moi le faire pour vous."

Son ton était plat et son expression vide de toute émotion. Il posa une seconde main sur la poignée de son épée et avança d'encore quelques pas vers Valdred. Ce dernier haletait, appuyé contre une souche. Il releva les yeux vers le chevalier et essaya de dire quelque chose, les lèvres sèches et tremblantes, mais ses mots se perdirent en un murmure inaudible.
Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois. Je vis avec mes gens, loin de la folie des hommes. La nuit je vole dans les sombres profondeurs de la forêt. Mon regard d'acier partout se pose, et sans bruit, comme le vent, je file entre les branches des arbres séculiers. Je suis le Grand Duc, seigneur de ces bois.

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Re: [Melicent Hohenberg] Les larmes de l'Ostland

Message par Melicent Hohenberg »

Melicent jeta un regard mauvais au chevalier alors qu'il l'aidait à soulever Valdred et qu'il sifflait quelque chose entre ses dents. Il n'avait qu'à la laisser derrière s'il n'était pas content, non? Elle ne répondit rien, se contentant de s'éloigner le plus rapidement possible, trainant son maître, pour fuir les racines meurtrières. Adrien trancha une liane qui se dirigeait vers eux, et il se mirent à courir pour se protéger. La blessure de la jeune femme recommença à la faire souffrir à ce moment précis, mais elle n'avait pas le temps de s'en occuper. Le plus important était de mettre le maximum de distance entre eux et cette plante carnivore. Elle se contenta de serrer les dents malgré la douleur qui la fustigeait à chaque pas. Lorsqu'ils furent enfin assez éloignés, protégés par la forêt, ils se retournèrent pour voir Herr Bayer exploser en un gerbe de sang et de membres mutilés. L'horreur de la chose poussa Melicent à quatre pattes pour vomir de dégoût. Elle qui croyait avoir tout vu suite au combat contre les homme-bêtes n'était pas au bout de ses peines visiblement. Elle en aurait sans doute pour des jours, voir des mois, à en faire des cauchemars.

Adrien lui aussi sembla bien choqué par ce qui venait de se produire, seulement ne le montrait-il pas comme la jeune femme. Il semblait en transe, dans un profonde colère qu'il n'arrivait pas à exprimer correctement. Il était devenu effrayant et ne semblait plus être en était de réfléchir. Mais comment pouvait-on l'être après une telle vision d'horreur? Pourquoi tenait-il tant à ce que Valdred meure ? S'il y avait bien quelqu'un de responsable de la mort de l'officier, mis à part lui-même pour avoir voulu jouer les héros, il s'agissait peut-être de Melicent, son maître n'était pas à blâmer ! Mais encore là, c'était le fait d'une plante carnivore, et non pas de la négligence de la jeune femme! Quelle injustice ! Que pouvait-elle faire face à cet homme qui semblait bien déterminé à mettre fin aux jours du magister?


«Je ne vous empêcherai pas. »

Elle n'était pas stupide. Elle pouvait bien lancer une boule de feu sur Adrien et le brûler gravement, mais il y avait probablement plus de chance qu'il la tue en premier. Il était un chevalier, entraîné aux armes depuis toute son enfance, et bien plus longtemps qu'elle. Il était beaucoup plus grand et plus fort, une main serait suffisante pour la maintenir, alors qu'il la transpercerait de son épée avec l'autre. Le regard qu'il avait ne trompait pas, la folie s'était emparée de son âme. Saurait-elle le faire changer d'idée? Elle ne pouvait l'empêcher physiquement, mais pouvait toujours le convaincre qu'il y avait d'autres options.

«Sachez seulement que sans lui, je suis condamnée moi aussi Adrien. Peut-être sortirai-je vivante de cette forêt, mais pour combien de temps ? Peut-être croyez-vous faire un geste charitable qui nous sauvera tous les deux, mais ne vous méprenez pas. Autant que vous admiriez Herr Bayer, autant vous pouvez vous en sortir sans lui. Je ne peux en dire autant : sans mon maître, je ne pourrai survivre. Vous qui avez tout tenté pour que je reste en vie, au péril de la votre, pourquoi vouloir me condamner ainsi, maintenant ?»

Le mal la rongeait, elle en était persuadée. Le rêve et la vision d'horreur qu'elle avait eus ne trompaient pas, la corruption s'était implantée dans son âme et dans son esprit. Les prières ne seraient pas suffisantes pour qu'elle puisse s'en sortir seule. Sans Valdred, elle craignait de se transformer en monstre, à moins qu'on en finisse de sa vie avant. Les tares que Josef avaient eu d'une trop grande utilisation d'Aqshy ne seraient rien comparé à ce qui l'attendait.

«Autant nous abandonner ici.» lâcha-t-elle d'un ton morne «Même si je devais vous accompagner, je ne ferais que vous ralentir, faible et blessée que je suis. Vous avancerez plus vite sans moi, je ne serai qu'un fardeau pour vous. Vous avez le droit de vouloir vivre et je ne vous en tiendrai pas rigueur si jamais vous deviez quitter sans moi. J'ai peur de mourir, tout autant que vous. Je suis plus effrayée que jamais je ne l'ai été auparavant... et pourtant, je ne perds pas espoir de me sortir de cet endroit sordide. Ne perdez pas espoir non plus. Qui sait, peut-être aurons nous l'occasion un jour de nous croiser dans l'un de ces luxueux salons d'Altdorf ? Je vous y laisserai sans doute m'offrir un verre, si vous le désirez. Ou je vous en offrirai un... mieux, nous pourrions partager une bouteille ensemble? »

Melicent offrit un sourire désabusé au chevalier. La regardait-il seulement, ou ne cessait-il de fixer Valdred? Lui parlait-elle pour rien? Saurait-elle le ramener à la raison?

« Priez Sigmar du plus profond de votre être. Demandez lui sincèrement comment vous devriez agir en pareil moment. Il vous montrera la voie à suivre. Le choix est vôtre Adrien, sachez seulement que je n'abandonnerai pas mon maître vivant. Il doit y avoir un village tout près, l'éclaireur du comte Von Raukov nous a assuré que nous pourrions y être ce soir... nous pouvons nous y rendre à trois. »

La détermination brillait dans les yeux de la magister. Elle y croyait du comme fer de la proximité de ce village. Il y avait eu des maisons dans sa vision des flammes. Les araignées et le monstre à cornes ne devaient être qu'un égarement de son esprit torturé par le chaos. Elle ne devait pas se laisser submerger par la désespoir. Adrien devait à tout prix changer d'idée.

«Si vous croyez toujours que la mise à mort de mon maître est la meilleure option, si vous voulez défouler votre colère sur le faible et venger la mort du Herr Bayer, renier tous les serments que vous avez fait lors de votre entrée dans la Reiksgard pour peu qu'ils valent, sachez dès lors que vous sortirez peut-être vivant de cette forêt, mais mourrez avant moi, que tous les Dieux m'en soient témoins. Si vous vous entêtez toujours dans cette voie, veuillez au moins avoir l'amabilité de me laisser quelques minutes avec lui pour lui offrir les derniers sacrements. Un fidèle de Sigmar ne peut quitter ce monde malade et en danger de mort sans recevoir l'extrême-onction...»

Elle avait posé la main sur le bras de son maître, en signe de protection. Tout n'était pas perdu, non?
Modifié en dernier par [MJ] Le Grand Duc le 25 mars 2016, 02:11, modifié 1 fois.
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