[Acererak] La gloire de nos pairs

[[MJ] Le Roi maudit]

Le reste du jour fila dans la plus moribonde des inquiétudes. Lorsque la nuit enveloppa le cimetière de son manteau sombre, ils n'avaient toujours pas été attaqués, ce qui n'augurait rien de bon.
Pour tout dire, le pire se manifesta très vite. Lorsque même les rats, les goules et les corbeaux ne firent plus un seul son. Quand même les asticots ne remuèrent plus. Car tous étaient transis de peur.
La mort arrivait. Sur son cheval pâle.

Les ossements se redressèrent, assemblages macabres et rongés par les nécrophages. Mais ce ne fut pas sous l'impulsion d'Acererak ni de son Maitre. Les squelettes se jetèrent sur les goules, dans une féroce mêlée entre bêtes damnées. Ceux qui s'avancèrent sur les deux stryges ne firent pas le poids, et les griffes des vampires les brisèrent à nouveau. Mais Karkanoth n'était pas dupe. "Nos frères et sœurs arrivent. Pars Acererak. Pars sans jamais te retourner. Le Sang d'Ushoran doit perdurer."

Les squelettes étaient les premiers, mais ce n'était rien que l'avant-garde. La crypte grouillait de morts-vivants, puisant dans la magie noire qui lui restait si désespérément imperméable. Ils venaient, ils venaient pour eux. Les zombies décharnés s'écrasèrent contre les goules, mais ce qui se dressa face à la jeune stryge était d'une tout autre trempe.
Le guerrier était mort depuis longtemps, depuis aussi longtemps que Strygos était tombée. Mais sa poigne cadavérique restait ferme sur son arme et il se précipita sur Acererak.

??? t'attaque mais échoue
Tu attaques avec tes griffes, tu as droit à deux tentatives de touche.
La première échoue, mais tu réussis la seconde, 2, la parade de ??? réussie, il perd 20 pv
??? étant un sans-repos, il doit faire un test d'inté et perd des pvs si il échoue, son jet rate, il perd ??? pv
Il t'attaque, réussie, tu perds 23 pv
Tes deux tentatives ratent
Son attaque réussie, tu perds 29 pv
Tu frappes et touche, tu lui infliges 26 pv de dégats,
Son attaque échoue
Tu frappes à nouveau ,réussite critique, tu le remets de non-vie à trépas.
Il te reste 38 pv

Le guerrier ancien était un adversaire bien plus redoutable que des paysans rongés par la famine et la consanguinité. Ses frappes étaient aussi violentes qu'irraisonnées. Et lui-même n'avait aucune douleur à ressentir, aucune blessure à panser. Ils durent s'anéantir sous les lumières vacillantes des flammes qui consumaient la chair molle des goules crevées.
Une fois débarrassé du revenant, la stryge pu voir son maitre à l'action. Il était surpuissant. Chaque frappe réduisait en poussière des morts-vivants en armure, ne laissant que les restes cabossés pour joncher la crypte déjà encombrée.
Jusqu'à ce qu'arrive...


"Karkanoth. Vieux rat des cryptes. Tu as fini par te rendre sur un terrain de chasse qui t'était interdit. Tu sais pourtant ce que les Seigneurs font."
Karkanoth prit alors une apparence que Konrad n'avait jamais vu jusqu'ici. Celle d'un homme. D'un homme aux traits anguleux, aux yeux en amande et aux muscles secs. D'un guerrier de Strygos. D'un défenseur de Mourkain.
"Ils envoient leur chien m'aboyer dessus."
"Oh. Ils n'ont pas envoyé que moi. Cela faisait bien longtemps qu'ils n'avaient pas pu prendre part à une chasse."
"Seulement, tes maitres se languissent à longuer de nuit dans leur château, à se repaitre de paysans et de laquais. Loin est le temps de Vashanesh. Vous vous croyez supérieur, vous êtes juste devenu plus..." Il claqua des doigts, un rugissement déchira l'air. Des créatures bien plus terrifiantes que les goules arrivaient sous l'impulsion du roi stryge. "Domestiqués."

Mais il devait partir. Il lui avait ordonné. Se frayant un passage à coup de griffes, de crocs et de rage jusqu'à retrouver le ciel, la lune et ses étoiles. Il y avait des morts-vivants de partout. Mais il y avait bien plus. Il le sentait à l'agitation de la Dhar. Juchés dans des carrioles maudites, ils étaient là. Assistant à la traque et à la mise à mort d'un des leurs, l'Aristocratie de la nuit.
Alors, il partit dans les futaies, ce n'était pas une fuite, juste la préservation du sang d'Ushoran que leurs propres frères étaient si prompts à répandre. Comme cette nuit-là, comme à Mourkain. Il partit vers le Nord. Vers l'inconnu et l'appréhension de jamais recevoir le salut dans sa condition. D'exilé parmi les exilés. Il partit sans se retourner, sans espérer autre chose que la prolongation de sa non-vie.

Bien loin de là, inspectant les races laissées dans son sillage, l'enfant de Vashanesh releva la main.

"Karkanoth n'était pas seul. Veneur, lâchez les loups funestes. Mon amour, dites aux mortels de préparer nos montures.."
"Bien messire."
Les bêtes hurlèrent en cacophonie, tous leurs sens en alerte depuis l'exiguïté de leurs cages en fer.
"Avant la prochaine lune, nous ajouterons un nouveau trophée à notre collection. Gardes toi bien de nous divertir, Stryge."

[Acererak l'impérissable]

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Adieu Karkanoth, je ne t'oublierai jamais.

Ce qui l'alerta ne fut pas tant la débauche de Dhar que la main osseuse qui se referma sur sa cheville. Les morts fraîchement réveillés se jetèrent sur lui et son maître, dans les tréfonds de leur domaine, là où ils se pensaient princes. Une bataille acharnée s'engagea, opposant des macchabés muets à la horde vociférante des goules.

Pendant un temps, Acererak fut confiant. Fauchant les morts à peine réveillés comme du blé, il s'enhardissait. Cela ne dura pas. En plein cœur de la bataille, il croisa la route d'un adversaire d'une autre catégorie. Le mort vivant lui faisant face était vêtu de ce qui semblait être les restes d'une cotte de maille. Sans doute antérieur même à son maître, le lourd espadon qu'il maniait fendait sans peine les goules lui barrant le passage. Le revenant avançant droit sur la stryge, la confrontation était inévitable. Dans un vacarme assourdissant, les deux entités se chargèrent mutuellement.

L'animé était implacable. Ses attaques, vivaces quoique incohérentes, donnaient bien du fil à retordre à Acererak.
Chaque fois que la lame de bronze et d'argent touchait le vampire, celle ci infligeait de sévères dommages, traversant aisément son cuir.
Cependant, la stryge n'était pas en reste, et de nombreux coups furent échangés lors de cette avalanche de violence. Griffes contre lame, maille contre chair, les deux guerriers s'abimèrent mutuellement. L'un, cependant, se montra plus brutal... ou chanceux. Un coup d'une violence inouïe brisa la colonne vertébrale du revenant, le renvoyant dans les limbes qu'il n'aurait jamais dû quitter.

Son adversaire défait, Acererak aperçut du coin de l’œil son maître en train de combattre. Si nombreux qu'ils étaient, les revenants n'avaient aucune chance de l'emporter. Mais cela, ils s'en moquaient. Être sans commune mesure avec son cadet, il abattait les morts en armure par douzaines. À elle seule, la masse de Karkanoth suffisait pour défoncer le fer et briser les os en dessous. La stryge aînée était ça et bien d'autres choses encore, et il en faudrait plus pour se débarrasser d'elle.

Et quelque chose de plus arriva.

S'avançant gracieusement entre les rangs des morts qui se figèrent, l'inconnu les dépassa pour faire face au maître des lieux et à son disciple.

Un guerrier. Un frère. Un ennemi. Tout cela à la fois. Acererak pouvait le sentir, aussi sûr qu'il savait qu'il ne pouvait espérer le vaincre. Tout en lui lui hurlait de fuir. Et pourtant, une part de lui même ne désirait qu'une seule chose : ouvrir sa gorge et se repaître de son sang. La haine qu'il éprouva à la vue du nouvel arrivant n'avait rien de naturel. Se remémorant certaines des paroles de son maître à propos de leurs ennemis, Acererak comprit.

Ce n'était pas les chasseurs de vampires, ni même les répurgateurs que son suzerain craignait et arborait tant. C'était eux. Leurs semblables.

Se préparant à livrer un dernier baroud d'honneur aux côtés de son lige, le rejeton vampirique tressaillit lorsque celui ci prit la parole :

"Nos frères et sœurs arrivent. Pars Acererak. Pars sans jamais te retourner. Le Sang d'Ushoran doit perdurer."

Ces mots furent plus douloureux que tous les coups du revenant que venait d'occire Acererak. Sa fidélité lui intimait de rester et d'aider son maître jusqu'au bout, tandis que son obéissance le contraignait à se soumettre à ce qui pouvait bien être le dernier ordre de Karkanoth.

Une vaine objection s'étrangla dans la gorge du jeune vampire. L'émotion le submergeait, lui rappelant par là son lointain passé de mortel.
Toute l'horreur du monde s'abattait sur eux, et c'était sa faute.


Au prix d'un effort surhumain, la plus jeune des stryges s'agenouilla une dernière fois devant son maître et compagnon.

"Je jure, au nom d'Ushoran et de tous les nôtres, de vous, non... de nous venger. Merci pour tout, mon roi, mon ami, Karkanoth."

Puis, il parti. Quelques cadavres ambulants tentèrent de l'en empêcher, en vain. Empruntant un caveau connut seulement de certaines goules arpentant les souterrains, Acererak retrouva les étoiles. Il ne s'attarda cependant pas pour les contempler et fila de suite, conformément à la volonté de son maître. Il mettrait un point d'honneur à survivre et à faire prospérer le sang d'Ushoran. Il l'avait juré.

Il courrait éperdument, en direction du nord. Des larmes de sang coulaient sur ses joues, en une sinistre parodie de celles des innocents.

Son allure de même que sa foulée n'avaient rien d'humain. Courant sur ses quatre pattes, il avait abandonné tout apparence d'humanité, au moins pour un temps, au profit de sa sur-non-vie.

Au cours de la nuit, il s'efforça de mettre autant de distance que possible entre lui et le cimetière. Ignorant s'il était suivit, il progressait dans les eaux peu profondes lorsque cela lui était possible, afin de brouiller sa piste. Il se refusait à faire montre de manque de prudence encore une fois.

Puis, le jour se levant, il se mit en quête d'un abri : tout immortel qu'il était, il ne pouvait arpenter le monde des vivants de jour.
Par chance, il trouva une hutte. Relique appartenant certainement autrefois à un chasseur, cette dernière était en ruine. Par chance, une rapide inspection révéla l'existence d'une cave située en dessous, et avec elle, son content d'obscurité.

Acererak s'y tapit, pansant ses plaies, se morfondant sur son erreur ô combien fatale.

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Chasser ou être chassé. Ce n'était pas l'enseignement de Karkanoth, ni celui de ses pairs strygoïs. Ce n'était même pas un enseignement de son père ou de son maitre. C'était un instinct tapi en lui depuis le premier homme. Depuis le premier instant sur ce monde si brutal. Être le chasseur pour ne pas être la proie.

Mais le Veneur n'en était pas de cet avis. Et les loups et les chiens non plus. Arpentant le couvert sombre des bois, les dogues morts-vivants reniflaient le sol putréfié avec leurs truffes rongées par les vers. Les bêtes funestes traquaient la bête qui s'en était allée. Loin, loin dans la forêt.

Il était là, tapis dans sa masure. Le soleil s'était levé. Du répit ? Il n'en savait pas grand-chose, les mort-vivants n'étaient pas tous affligés de la sensibilité au Soleil qu'il pouvait éprouver, là, terré dans son trou comme une vermine qui attend le coup de grâce fatidique du trappeur. Lorsque l'astre protecteur des Hommes disparut à nouveau, il s'aventura dehors. Une stryge qui entendait déjà les hurlements lointains des loups maudits.
Les fauves lâchés par ses semblables, bien trop lâches pour lui faire face eux même.

Le vampire continua son chemin à travers l'épaisseur des bois. La véritable question. Quoi faire ? Il n'avait rien, sauf l'Immortalité. Rien si ce n'était la certitude de survivre au pire. Mais était-ce suffisant ? Se content de survivre jusqu'à la nuit des temps ? Se contenter d'être terré en espérant qu'aucun autre vampire, qu'aucun chasseur ne le trouve ? Les loups le talonnaient, ils étaient rapides. Il devait continuer, car ce n'étaient pas eux qu'il fallait semer. Mais celui qui remontait ses traces et les leurs.

Jet d'endurance : 13, ils te rattrapent petit à petit
Jet de contrôle mental sur les Loups morts-vivants : 1
Jet opposé caché
Tu réussis, tu peux les faire détaler. Temporairement.
Jet d'orientation : 7, réussite, tu peux trouver une autre planque sommaire pour faire le point.

ASSEZ ! Pensa-t-il. Si fort que sa gueule aux dents longues émit un grognement toutefois bestial. Il en avait assez. Assez de fuir. Il était en colère, en colère contre ces chiots pleins de puces et de vermines. Et sa rage... Eut de l'effet. Ils fuirent, il entendait leurs pas s'éloigner, les hurlements rauques des créatures nocturnes aussi damnées que lui. Elles retournaient à leur maitre. Il pouvait fuir, encore. Jusqu'à l'aube qui arrivait.
Et elle viendrait tout aussi vite que les loups.

[Acererak l'impérissable]

Incroyablement contraignante, la situation le frustrait au plus haut point. Encore une fois, le fuyard succomba à la bête qui l'habitait. Stoppant net sa course, l'abomination se redressa de toute sa hauteur, l'esprit submergé par son instinct. Dhar et volonté s'entremêlaient en son sein, sans qu'elle ne s'en rendit compte. Le sang d'Ushoran bouillait, ne demandant qu'à parler. Et c'est ce qu'il fit.

"ASSEZ !"

Canalisant toute sa haine dans une impulsion mentale, Acererak broya momentanément le contrôle que le veneur exerçait sur ses laquais quadrupèdes.
Si sa maîtrise des arts noirs était trop faible pour détruire ses poursuivants, il parvint néanmoins à les faire fuir, la queue entre les jambes.

Toutefois, ce succès inespéré ne saurait assurer à lui seul le salut du jeune vampire, et ce dernier le savait pertinemment.

Il lui fallait ruser.

Plantant avec aisance ses griffes dans l'écorce d'un des nombreux chênes qui peuplaient la forêt dans laquelle elle se trouvait, la stryge se mit à grimper.

Faisant complètement fi des blessures infligées par le revenant, elle montra une agilité remarquable : se déplaçant parmi les cimes des arbres en une sinistre parodie simiesque, elle maintint son rythme effréné tant que le terrain lui permit. Malheureusement, ce dernier se montra capricieux et les bois se clairsemèrent au bout de seulement quelques lieues. Au delà, vers le Nord, seules des prairies attendaient le fugitif. Sans doute des vestiges de ce qui était autrefois des terrains agricoles, ces derniers ne contenaient pas suffisamment d'arbres pour que la stryge puisse ré-employer sa tactique. Néanmoins, Acererak nota la présence de collines. Pour la première fois, peut être, il mit en pratique le savoir que lui avait inculqué Karkanoth : il se rappela que les anciens peuples étaient particulièrement friands de ce genre d'endroits pour y établir tertres et autres tumulus, y ensevelissant par là leurs guerriers et chefs de guerre.

Espérant y trouver de quoi s'abriter durant la journée ainsi que de possibles serviteurs squelettiques, il s'y dirigea résolument, n'ayant pas le temps de plus réfléchir à sa décision : l'aube se levait déjà.

Une fois sur place, sa découverte, ou plutôt non-découverte, le dépita : ici ne se trouvaient nuls tumulus, seulement quelques broussailles. La Dhar, elle, était certes présente, mais de façon éparse dans les environs, et non focalisée sur les collines comme il l'espérait initialement. La situation devint critique : l'aube était toute proche. Cherchant en catastrophe un endroit susceptible de l'abriter de la morsure de Ptra, Acererak remarqua par chance un rabat rocheux. Il s'y rendit en toute hâte, se recroquevillant entre les roches, tâchant de récupérer de ses blessures. Car après tout, il allait très certainement avoir besoin de toute sa vigueur très bientôt.

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Jets cachés

Déchu, seul, il s'en alla sur sa colline. À atteindre quoi ? Point de salut pour les enfants d'Ushoran, point de salut pour les non-morts. L'attente. Ou la folie. La folie qui courait dans les veines d'une lignée tordue. Une lignée reléguée avec les goules, la vermine et les cadavres.
Et des cadavres, il y en avait plein la colline. Un vaste réseau de catacombes, l'ultime demeure des combattants des temps jadis. Ceux-là mêmes qu'il avait affronté il y a tout juste une nuit. Ceux-là mêmes qui portaient les armes de bronze de la garde royale de Strygos. Pour la première fois, en se concentrant, la Dhar lui répondit. Lui répondit en s'infusant aux bouts de ses membres, soignant son corps rompu, jusqu'au bout de ses griffes. La Dhar ne faisait qu'un avec ses chairs mortes et cendreuses.

Et pour la première fois, ils lui répondirent. Les os. Les os de ces si anciens guerriers. Ils s'élevèrent, et ils commencèrent à venir. Des multiples trouées dans la terre froide et caillouteuse. Ils se rassemblèrent devant lui. Les orbites vides, les armures flottantes sur leurs restes. Ils étaient asobornes, brigondiens, mais surtout fennones. Mais il n'en savait rien, il avait juste enfin... Quelque chose à quoi parler. Des interlocuteurs, aussi minables étaient-ils.
Et sa première demande fut... De leur faire creuser. Et ils s'y appliquèrent, de leurs doigts décharnés, avec leurs écus tordus. Ils creusèrent, sous le regard attentif de leur maitre...
Jusqu'à ce que l'excavation amène aux boyaux d'où ils avaient émergé dans un foudroyant éboulement. Les tunnels antiques n'étaient pas réellement des plus résistants aux grandes œuvres entamées par les morts.
Dans la galerie ainsi éventrée, dans les restes cassés de ses serviteurs qui peinaient à se reconstruire, la stryge dû s'agiter pour retrouver son esprit. Mais il y avait quelque chose d'autre dans le tertre. Quelque chose qui n'aimait pas beaucoup le dérangement tout récent.


Elle déploya ses ailes dans la grande nécropole où elle avait fait son nid. Des os brisés, des restes d'armures et toutes les immondices de la terre étaient accumulés ici. La créature chiroptèrine poussa dès lors un rugissement strident, assez fort pour résonner jusque dans le cœur noir et boursouflé de Dhar d'Acererak. Un rugissement qui instillait la peur. Et qui trahissait que la bête avait faim. Terriblement faim.

[Acererak l'impérissable]

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Si les souverains de la nuit sont autant honnis parmi les hommes, c'est qu'ils incarnent simultanément leurs peurs et leurs désirs.
La créature qui se tenait devant Acererak suscitait en lui ces mêmes sentiments. Haut de près de trois fois sa taille (et Sigmar en soit témoin, il était grand) et bien plus long encore, le cauchemar lui faisant face le surplombait de toute sa stature. Grossier amalgame de dragon et de chauve souris, la créature le regardait fixement, savourant certainement le festin à venir.

Heureusement pour lui, Acererak n'était comme les mortels. Il ne succomberait pas à l'objet de sa fascination.

Se ressaisissant brutalement, le jeune vampire sortit de sa stupeur et réalisa que ses serviteurs ne s'étaient pas encore tous reconstitués, la plupart ayant été disloqués par la chute dans les catacombes. Il devait gagner du temps, sans quoi il était perdu. Le mince trou dans le plafond par lequel il était arrivé brillait, illuminé par les étoiles, symbolisant son espoir, sa sortie de cet enfer.
Encore fort de la Dhar qui coulait en abondance dans ses veines, il tenta d'assujettir le monstre.
Bandant sa volonté, il la projeta maladroitement, essayant de l'imposer à la bête... Sans succès. S'il n'avait pas le mérite d'avoir renouvelé l'exploit accompli sur les loups morts vivants, Acererak avait rempli son but : sa tentative de déstabilisation avait permis à ses serviteurs de se régénérer et de former une phalange le séparant de la créature nocturne.

Regardant ses troupes, notre protagoniste se prit à rêver : et si il parvenait à vaincre la bête, contre toute attente...? Elle lui fournirait une excellente monture, et le lieu lui même semblait tout indiqué pour l'établissement d'un nouveau repère.

L'espoir est parfois un doux et pernicieux poison.
Réalisant la démesure de la tâche qui l'attendait, il secoua la tête et se mit à grimper la paroi, en quête de l'air libre, pendant que ses pantins se jetèrent à l'assaut de la créature, plus pour distraire son attention que réellement l'occire.

Et il eut raison de prendre la fuite : à peine eut-il parcouru la moitié de la distance le séparant de son but que la bête était passée à l'action, oblitérant la moitié de ses serviteurs, certains étant pourtant en armure, sans sourciller.
En dépit de l'éradication de ses servants, ce plan fonctionna à merveille. Émergeant finalement sous la lueur des astres, Acererak fonça sans perdre un instant : le monstre semblait pouvoir voler, et ni ses sbires ni le plafond pourrissant n'allaient retenir la créature bien longtemps. Il devait trouver un abri avant que sa fin ne se libère de la nécropole. Courant aussi vite que ses jambes pouvaient le porter, il fila vers le nord, effectuant au passage une performance athlétique exceptionnelle. Mais il était bien trop occupé pour le réaliser.

Ses pas le menèrent devant un terrier devant appartenir à un blaireau : à peine assez large pour lui permettre d'entrer, il lui fournit néanmoins une bonne cachette, l'abritant du monde extérieur et de la morsure cruelle du soleil qui ne saurait tarder.

Au loin, il entendit le rugissement de rage du cauchemar. Privé de son repas, il devait fulminer.

Au fond de son trou, Acererak se ratatina et attendit. Toujours poursuivi, toujours sur le fil.

[Acererak l'impérissable]

Terrée au fond de son trou, la bête attendit patiemment son heure.

Malgré une semi-conscience induite par son inactivité prolongée, Acererak ne manqua pas les bruits provoqués supposément par ses poursuivants.
Grognements canins suivis de bruits de marche traînants, leur origine ne faisait aucun doute pour le fugitif. Ils l'avaient retrouvé.
Selon toute vraisemblance, le fruit des erreurs de son passé l'avait rattrapé, probablement même dépassé.

Lorsque la lune fut haute dans le ciel, Acererak sortit enfin de son antre. Sa décision était prise : il comptait explorer la crypte hors de laquelle l'aberration chauve-sourienne s'était extirpée. Peut être pourrait-il y trouver quelque chose d'utile : que ce soit des serviteurs, un semblant d'équipement ou bien un abri, il avait désespérément besoin des trois.

Le fuyard revint lentement sur ses pas. Il avançait aux aguets, prêt à détaler au moindre signe de danger. Même la lune n'était plus un bon présage désormais : le danger pouvait venir de n'importe où.

Finalement, Acererak rejoignit le trou béant créé par l'extraction du cauchemar. De taille colossale, des pans entiers de terre et de gravats s'étaient effondrés en son sein sous l'action du corps titanesque. À l'affut, le vampire se ramassa sur lui même et attendit, observant avec attention son environnement immédiat.

Rien.

Jugeant que la voie était libre, il descendit dans le gouffre, non sans une certaine grâce.
S'arrêtant un bref instant pour observer les lieux, la stryge s’ébahit de l'édifice : ce dernier semblait ancien et aurait fait un repaire idéal.
Se ressaisissant prestement, notre héros se remit au travail et canalisa la dhar sans attendre : sous son influence, les corps brisés des serviteurs qu'il avait ranimé plus tôt se réassemblaient rapidement. Bien vite, il aurait des bras en abondance pour mener à bien ses sombres tâches.

Soudain, un cri ô combien strident retentit et le vampire tressaillit. Pendant un instant, la surprise lui ôta tout contrôle sur la magie noire qu'il maniait et ses larbins retombèrent sur le sol, guère plus que des ossements tressaillants.

Le monstre était revenu, Acererak pouvait sentir sa présence à l'entrée du trou, lui coupant toute retraite.
Plus loin, il devait s'enfoncer plus loin sous terre, là où le monstre ne pourrait le suivre.
S'élançant, il chercha à atteindre les méandres les plus profonds du complexe, en vain. L'ensemble avait été démoli et façonné par le cauchemar au fil du temps, en faisant un espèce de terrier grossier. L'endroit n'offrait nul recoin, nul échappatoire.
En désespoir de cause, le vampire se hissa en haut d'une paroi et attendit, espérant que la bête ne le remarque pas.

Malheureusement pour lui, à peine rentrée elle fondit droit sur sa position, semblant connaître son emplacement à l'avance.
Comprenant qu'il était acculé, le rejeton de la nuit eut à peine le temps d'animer quelques os pour protéger son torse avant de se faire atteindre, et un combat à sens unique s'engagea.

Animée par l'énergie du désespoir, la stryge se démena, évitant à plusieurs reprises les coups de crocs de la bête, parvenant même à labourer ses flancs.
Malheureusement, l'inévitable finit par arriver sous la forme d'un revers de la queue du terreurgheist, brisant les côtes de l'humanoïde monstrueux et l'envoyant valdinguer contre une colonne à demi effondrée.

Essayant de se relever, la mort fut sur lui avant qu'il n'y parvienne, refermant ses terribles mâchoires sur son torse.

Le vampire n'eut pas le temps de souffrir ; son trépas fut quasi instantané.

Ambitionnant de rendre sa gloire perdue à Strygos et de venger son maître, il disparut misérablement au fond d'une crypte obscure, deux semaines à peine après son baiser de sang.

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Petite note de fin :

Je remercie le Mj Le Roi Maudit pour son Mjitage de grande qualité dont l’intrigue m'aura tenu en haleine tout du long.
Mon seul regret est de ne pas être parvenu à faire survivre mon personnage plus longtemps dans son univers.

Adieu Acererak.