[Tallana] Les renards fallacieux

Le Stirland a la réputation d'être une province pauvre, arriériée et rustique, aussi ses soldats portent-ils souvent un équipement de fortune. Ses archers sont néanmoins réputés dans tout l'Empire pour leur adresse. Le Graf Albérich Haupt-Anderssen, issue d'une famille vieille de quatre cent ans, règne sur le Grand Comté depuis Wurtbad, la Ville du Vin.

Modérateur : Equipe MJ

Répondre
Avatar du membre
[MJ] Loec
Messages : 246

[Tallana] Les renards fallacieux

Message par [MJ] Loec »

Un matin d'hiver, Wurtbad

Tallana frissona. Sa fine robe n'était d'aucune utilité contre l'air glacé qui lui transperçait la peau comme un millier d'épines gelées. Son souffle chaud s'envolait en nuages vaporeux dans la demi-pénombre du matin, tandis que ses pas crissaient sur la fine couche de neige hivernale. Depuis quelques jours, le temps avait empiré et annonçait l'arrivée de la véritable saison froide.
Tallana leva les yeux et contempla le ciel gris et morne typique de cette époque de l'année. La ville de Wurtbad, siège du Grand comté du Stirland et demeure du Comte Électeur Alberich semblait fonctionner au ralenti.
Image
Pourtant, une étrange activité bourdonnait sur la Grande Place. Dans tous les coins, les marchands et les badauds vaquaient à leurs occupations. Aujourd'hui était jour de grand marché et malgré leur légendaire flegme célèbre dans tout l'Empire, aucun Stirlandais n'aurait raté cette occasion.

Tallana n'avait pas très bien saisi les tenants de la fête. D'après ce qu'elle avait compris, il était question de l'anniversaire d'un quelconque personnage célèbre. Elle avait toutefois décidé de faire un tour pour observer les coutumes humaines. Avec un peu de chances, elle trouverait peut-être aussi un moyen de se faire quelques pièces. Les derniers jours à l'auberge avaient considérablement allégé sa bourse et elle avait besoin d'acheter quelques fournitures supplémentaires. En particulier, un étui pour protéger son instrument du froid.

Il était encore tôt mais la plupart des échoppes étaient déjà en place. Les forains hurlaient à tout va les mérites de leur marchandise en essayant de couvrir les rires des groupes d'enfants qui s'amusaient ci et là. Tallana s'avança en slalomant entre les passants et les différents brasiers repartis au quatre coins du marché placés dans une vaine tentative de réchauffer la place.

Le marché avait une taille impressionnante. On y vendait de tout; fourrures, viande séchée, poissons salés, laine, meubles, outils... Il y avait aussi un nombre considérable de marchands de vins et de bière chaude. Tallana n'avait pas encore eu l'occasion de goûter à cette "spécialité régionale" mais quelque chose lui faisait dire que ce n'était probablement pas une bonne idée. Un jour, elle avait même pu observer un local verser de la graisse de porc fondue dans sa bière. Depuis lors, elle avait préféré éviter la fameuse boisson.

Au centre de la place, une large estrade de bois dominait l'espace. Elle était vide pour le moment.

"Que fait un elfe par ici ?"
Image
Le ton du jeune homme était sévère et dénué de toute politesse. Mais c'est le fait qu'il lui adresse la parole qui surprit Tallana. Que ce soit par crainte, par mépris ou par respect, les gens ne lui parlaient pas souvent. Elle même essayait d'éviter les contacts trop prolongés avec des humains.

"On a pas besoin d'elfes, retourne dans ton pays." rajouta le jeune impertinent en serrant les dents. "Tu penses que tu peux mieux faire que nous parce que t'as les oreilles pointues ? Ben essaye, c'est ma troupe qui va gagner de toute façon."

Il avait haussé la voix et Tallana se rendit compte qu'un attroupement de badauds se formait progressivement autour d'eux. A n'en pas douter, les choses risquaient de dégénérer rapidement.

"C'est bien ça qui m'énerve avec les races de ton genre. Elles viennent dans nos belles contrées et pensent qu'elles peuvent faire ce qu'elles veulent, mais c'est l'Empire ici. T'as rien à faire ici."

Pendant que l'homme continuait de s'énerver, Tallana remarqua le sac qu'il transportait. Un large rabat de cuir en cachait l'intérieur mais laissait dépasser trois manches de bois qui ressemblaient à des poignets de quilles de jonglage. Elle se rappela alors du luth qu'elle transportait elle même en bandoulière dans son dos.
Oserez-vous vous aventurer dans les Bois sauvages de Loren ?

Avatar du membre
Tallana
PJ
Messages : 3
Profil : Tallana Tendrechant, Voie du Conteur Profil: For 8 | End 7 | Hab 10 | Cha 11 | Int 9 | Ini 9 | Att 8
Localisation : Charleroi, Belgique

Re: [Tallana] Les renards fallacieux

Message par Tallana »

L'hiver n'a jamais été ma saison favorite. Le soleil ne réchaufferait pas l'air avant cet après-midi, si même il y arrivait. De plus, la neige ne se contente pas d'être froide, elle est mouillée. Et donc, à cette heure toute matinale, quoi de plus normal, j'avais froid.

En arrivant sur la place, les cris des marchands m'avaient laissée de marbre, je n'avais pas assez d'argent pour m'offrir leurs biens qui ne me tentaient même pas. Et la bière, fierté locale, ne m'a jamais plût. Et je trouvais qu'il était un peu tôt pour boire le vin qui faisait la renommée de cette ville. Au centre de cet odorant marcher se trouvait une large estrade de bois qui était vide. Ayant déjà eu l'occasion de voir la "justice" des hommes, je chassais la construction de mon esprit.

"Que fait un elfe par ici ?"

Je mis un bref instant avant de comprendre que cet humain me parlait. Sur un ton peu plaisant qui plus est. Surprenant, habituellement, ils m'évitent autant que je les évite. Et réprimais un juron. Raté pour mon projet de "menus" larcins. En effet, certains des humains présents faisaient un étalage immodéré de leurs richesses, montrant ainsi leur statut social supérieur. Vu la foule, les gardes présents ne savaient surveiller tout le monde et personne ne me prêtait attention, jusque là tout du moins. Délester ces êtres qui avaient visiblement bien trop d'argent de leurs bourses aurait été un jeu d'enfant. Mais c'était à présent compromis.

Je me tournais dans sa direction, fermement campée sur mes pieds bien écartés, penchais légèrement la tête à droite, relevant un peu le menton, dans une posture que je considérais comme neutre. J'étais ainsi à mon aise pour observer cet inconnu. J'ai du mal à différencier les différences d'âge chez les hommes. Je ne suis pas assez âgée pour dire qu'ils sont tous jeunes, mais celui-ci l'était, même d'après leurs critères. Peut-être tout juste sorti de l'enfance.

"On a pas besoin d'elfes, retourne dans ton pays." rajouta-t-il, serrant les dents. Je ne comprenais pas vraiment la raison de son antipathie ; je n’ai rien fait pour l’énerver. "Tu penses que tu peux mieux faire que nous parce que t'as les oreilles pointues ? Ben essaye, c'est ma troupe qui va gagner de toute façon."

Il parlait bien plus fort que nécessaire et je pus voir qu’un attroupement se faisait autour de nous. Les curieux venaient voir l’altercation. J’aurais voulue resté discrète, mais c’était fichu.

"C'est bien ça qui m'énerve avec les races de ton genre. Elles viennent dans nos belles contrées et pensent qu'elles peuvent faire ce qu'elles veulent, mais c'est l'Empire ici. T'as rien à faire ici."

C'est bien ma chance, un xénophobe. Pensais-je alors avec un mélange d'agacement et de mépris. Plus il parlait, plus il semblait énervé. Le laisser s'exprimer plus longtemps ne ferait que le rendre plus enragé.
C'est alors que j'avisais son sac et surtout les quilles de jongleur qui en dépassait.

Un bateleur. Me suis-je dit. Puis, je fus frappée par le sens de ses paroles. Un concours ! Cette pensée m'amena à reconsidérer l'édifice en bois. Pourtant, je gardais mon "collègue" dans mon champ de vision. En regardant bien, il manquait en effet tous les accessoires "utiles" à la justice. Voilà surement le moyen le plus rapide de me faire de l'argent.

"Ta troupe va gagner ? Vraiment ? " Ma voix, bien entraînée, portait autant que la sienne et j'avais pris un ton plutôt ironique. "Il est amusant de voir comme les "vainqueurs" refusent le challenge. Si tu étais aussi sûr de ta victoire, ma présence ne te dérangerait pas." Haussant moi aussi le ton, je déclamais alors, avec le même volume que l'orateur qui harangue une foule : "Braves gens, je suis Tallana Tendrechant et je peux vous promettre des chants absolument renversants. Ils font vibrer les coeurs et inspirent la bravoure. " Revenant à un volume sonore moins élevé, mais toujours clairement audible par les gens attroupés autour de nous, je poursuivis alors. "Je n'ai pas besoin de ton autorisation, humain, je comptais déjà éblouir les bons Stirlanders par mes performances inoubliables."

Je ne soignais pas ma cote de popularité auprès de mes confrères, mais après tout, cet humain-ci ne m'appréciait déjà pas. Décidant soudain que je ne voulais pas plus envenimer la situation, je lui tournais le dos et fis comme s'il n'existait pas. Mais je le surveillais quand même du coin de l'oeil, sait-on jamais. Je cherchais alors comment et où s'inscrire à ce concours. Il me semblait évident que mon "rival" ne me le dirait pas.
Je fendis les badauds et me dirigeais donc vers le garde le plus proche pour obtenir mes renseignements.

"Bien le bonjour, messire garde." lui dis-je de manière bien plus avenante. "J'ai ouïe dire qu'un concours aurait lieu en ses lieux, pour la gloire de l'empire." J'avais un doute, mais toutes les fêtes humaines ne célébraient-elles pas la gloire de l'empire ? "J'aimerais donc savoir comment y participer et enchanter la fête de quelques chants célébrant la bravoure des soldats stirlanders..." c'est étrange, mais les gens sont bien plus enclins à vous aider quand vous leur passez un peu de brosse à reluire comme dit l'expression.

Je réfléchissais déjà à la manière dont j'allais dépenser le prix de ma victoire. Si tous les autres avaient le niveau de ce jeune raciste, elle serait même trop facile pour être satisfaisante. Je pensais avec satisfaction que le nouvel étui de mon luth serait finalement bien plus beau que ce que mes modestes finances ne laissaient présager au départ...
Modifié en dernier par [MJ] Loec le 13 déc. 2016, 13:37, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps |`Total : 6 xps
Tallana Tendrechant, Voie du Conteur
Profil: For 8 | End 7 | Hab 10 | Cha 11 | Int 9 | Ini 9 | Att 8 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | PV 50/50
Lien Fiche personnage: http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... endrechant

Avatar du membre
[MJ] Loec
Messages : 246

Re: [Tallana] Les renards fallacieux

Message par [MJ] Loec »

Le discours de Tallana ne sembla pas avoir beaucoup d'effets. Au contraire, plusieurs badauds reculèrent de quelques pas lorsque le regard de l'elfe croisa le leur. Heureusement, lorsque Tallana décida de partir, personne n'insista et l'attroupement se dissipa rapidement. Tout aurait été parfait si le jeune impertinent n'avait pas décidé de la suivre. Pendant qu'elle s'en allait, il la précéda de quelques pas tout en continuant de l’invectiver. Contre toute attente, il semblait un peu moins en colère qu'il y a quelques minutes, mais il continua son monologue xénophobe sans discontinuer. Tallana essaya de l'ignorer mais rien n'y fit.

Le garde à qui elle essaya de s'adresser fit un pas sur le côté et la jaugea du regard ainsi que sa bruyante "escorte". Durant un instant, Tallana crut qu'il allait l'aider mais il se ravisa rapidement et porta la main sur le pommeau de son épée. Manifestement, il n'était pas d'humeur à plaisanter et n'avait que faire des questions de la jeune elfe.

"Allons allons monsieur le garde ! Veuillez excusez mes amis pour tout ce raffût. Le bruit du vent contre les volets les a empêché de dormir la nuit dernière."

Tallana sentit qu'on la prenait par le bras, elle et le jeune homme. La poigne n'était pas agressive et semblait dénuée de mauvaises intentions. Elle se laissa donc faire et s'éloigna de la foule.
Image
C'est une ravissante jeune femme qui l'avait guidée hors du vue du stupide garde. Elle avait le teint pâle et portait un joli ruban de soie noire autour du cou. Lorsqu'il furent en sécurité, elle lâcha le bras de Tallana et se tourna vers le jeune homme.

"Idiot ! Crétin ! Coquebert ! Pourquoi faut-il toujours que tu te fasses remarquer ?!"

La nouvelle venue semblait vraiment furieuse. Des rides de colère plissaient son visage angevin et ses yeux d'onyx lançaient des éclairs de rage.

"Mais enfin, je pensais que tu..." répondit son interlocuteur, penaud.

"Tais-toi !" hurla-t-elle. Et le jeune homme se tût.

Elle se tourna ensuite vers Tallana en souriant comme si de rien n'était. La robe noire et l'écharpe de fourrure qu'elle portait faisaient écho à ses cheveux noirs de jais. Ce n'était pas des vêtements très raffinés. Au mieux tout juste un peu plus cher qu'une simple tunique et en se rapprochant un peu, on pouvait d'ailleurs discerner le tissage grossier. La jeune femme n'était pas une paysanne comme en témoignait ses mains d'albâtre parfaites et dénuées de toutes cicatrices, mais elle n'était certainement pas riche non plus. Hormis son ruban, elle n'avait rien sur elle et ne possédait rien de précieux.

"Excusez Kleist, c'est un idiot. Je suis Hannah. Nous sommes tous les deux membres de la compagnie des Renard fallacieux. Moi non plus je ne sais pas ce que fallacieux veut dire, mais notre chef, Wolfo, semble l'apprécier." dit-t-elle en jetant un clin d'oeil complice à Tallana. "Comme tu l'as sans doute compris, un concours de talents a lieu dans une deux petites heures sur l'estrade, et nous comptons y participer. Kleist est persuadé d'être le meilleur mais nous ne sommes pas si bons. Essaye de nous ménager hahaha !"

Tallana ne put s'empêcher de remarquer le passage au tutoiement.

"A moins que tu ne veuilles plus participer ?" tenta Hannah avec espoir. "Ton discours a fait forte impression. J'attends avec impatience de t'écouter !"

Elle semblait honnête et n'avait jamais cessé de sourire ce qui la rendait sympathique.

"Si tu veux t'inscrire, va à la table près de l'estrade. C'est la table du jury. Les juges ne sont pas encore arrivés mais il y a un scribe qui inscrit les participants. Les modalités du concours sont simples : tu as 3 minutes pour effectuer une performance de ton choix et impressionner les juges. Lorsque tout le monde sera passé et après délibération, le gagnant est annoncé et gagne le grand prix. 10 couronnes d'or ! Tu te rends compte !"

Derrière elle, Kleist maugréait en balayant le sol enneigé du bout de son pied.
____________________________________
Deux heures plus tard
L'heure du concours était enfin arrivée. Un large cercle d'auditeurs s'était formé autour de l'estrade et de la table qui lui faisait face. Les gens avaient progressivement quitté les stands et les étalages marchands pour se diriger vers le lieu des concours. Pratiquement tout le marché était donc attroupé ici. Les juges, trois hommes et une femme, étaient arrivés aussi et étaient assis à la table. Ils discutaient entre eux pour le moment sans faire attention aux participants.

Tallana repéra Hannah et Kleist dans la foule d'artistes qui s'entassait au bas de la scène. Tous les deux étaient occupés à parler avec un vieil homme bedonnant. On pouvait sentir la tension monter. Chaque artiste se concentrait sur le concours à venir et sur sa propre performance. Certains discutaient pour éviter le stress, d'autres répétaient leurs mouvements ou la chanson qu'ils allaient présenter. Tallana était la dernière à passer et elle avait donc du temps pour se préparer. Elle avait rapidement pu repérer ses opposants. Il y avait une trentaine de ménestrels et autres bardes de toutes les origines. Parmi eux, beaucoup de musiciens et de chanteurs, mais aussi des jongleurs et des comédiens. Elle avait même pu voir un dresseur d'ours qui se tenait un peu à l'écart.
/HRP/ Tu peux faire ce que tu veux pendant ces deux heures. Tu peux aussi décrire les artistes si tu le souhaites.
Oserez-vous vous aventurer dans les Bois sauvages de Loren ?

Avatar du membre
Tallana
PJ
Messages : 3
Profil : Tallana Tendrechant, Voie du Conteur Profil: For 8 | End 7 | Hab 10 | Cha 11 | Int 9 | Ini 9 | Att 8
Localisation : Charleroi, Belgique

Re: [Tallana] Les renards fallacieux

Message par Tallana »

Le garde à qui je parlais fit un pas sur le côté et me regarda de pied en cape, ainsi que mon "ami" aux paroles si agréables à mon égard. Je l'ignorais, après presque vingt ans sur les routes, j'étais habituée à ce traitement de la part des humains, mais plus dans les petits villages en fait. J'y avais déjà entendu maintes fois les insultes qu'il me lançait et les trouvait plutôt insipides tout compte fait.

Je lui posais quelque question d'un ton aimable, mais il lui semblait difficile d'ignorer les insultes de l'autre comme je le faisais moi-même. Durant un instant, je crus qu'il allait répondre à mes questions, mais il changea d'avis et posa la main sur le pommeau de son épée. Manifestement, nous l'agacions. Mais avant qu'il ne puisse faire montre de son autorité et ramener l'ordre, une voix me fit sursauter.

"Allons, allons monsieur le garde ! Veuillez excusez mes amis pour tout ce raffut. Le bruit du vent contre les volets les a empêchés de dormir la nuit dernière."

Je sentis que l'on m'agrippait le bras gauche. Une jeune et jolie humaine surgit entre moi et l'infatigable casse-pied quelle attrapa aussi, mais lui par le bras droit. Il me sembla plus sage de me laisser tirer en arrière, même si j'eusse préférée m'éloigner de cet idiot au langage plutôt limité.

Une fois loin de la foule, elle se stoppa et s'en pris au jeune homme. Je reculais prudemment d'un pas, pour ne pas attirer son attention.

"Idiot ! Crétin ! Coquebert ! Pourquoi faut-il toujours que tu te fasses remarquer ?!"

Elle semblait vraiment furieuse. La colère déformait son joli minois.

"Mais enfin, je pensais que tu..." tenta-t-il de se défendre.

"Tais-toi !" hurla-t-elle. Et le jeune homme se tût. Je fus favorablement impressionné par sa capacité à se faire obéir de l'autre. Surtout que tout ce que j'avais vu de lui m'incitait à croire, peut-être à tord, qu'il ne se taisait pas souvent.

Elle se tourna vers moi en souriant comme si de rien n'était. Il me semblait évident qu'ils se connaissaient bien, même si le jeune homme agaçait visiblement la jeune fille. Une jeune fille qui me semblait plus jeune que lui, bien que je ne fusse pas plus sûre de moi que cela. Le ruban qu'elle portait attira mon attention, il était très joli bien que fort simple.

"Excusez Kleist, c'est un idiot. Je suis Hannah. Nous sommes tous les deux membres de la compagnie des Renards fallacieux. Moi non plus je ne sais pas ce que fallacieux veut dire, mais notre chef, Wolfo, semble l'apprécier." Dit-t-elle en me jetant un clin d'oeil complice.

Fallacieux ne veut pas dire mensonger ? Pensais-je pris d'un très sérieux doute. Mais la jeune Hannah me semblait bien avenante et comme elle continuait de parler, cette pensée fugace s'enfuit dans le flot de ses paroles.

"Comme tu l'as sans doute compris, un concours de talents a lieu dans une ou deux petites heures sur l'estrade et nous comptons y participer. Kleist est persuadé d'être le meilleur, mais nous ne sommes pas si bons. Essaye de nous ménager hahaha !"

Son rire était charmant, mais je ne pus m'empêcher de remarquer le passage au tutoiement. Cela ne me plaisait pas vraiment, mais je n'avais pas vraiment de raison de le lui faire remarquée. Après tout, elle venait de calmer son ami.

"A moins que tu ne veuilles plus participer ?" Tenta Hannah avec espoir. Un espoir que je comptais bien décevoir, Kleist m'avais assez agacée pour que rien ne puisse me convaincre d'y renoncer. Et puis chanter ici ne pourrait que faire du bien à ma réputation. "Ton discours a fait forte impression. J'attends avec impatience de t'écouter !"

Elle semblait honnête et n'avait jamais cessé de sourire ce qui la rendait sympathique.

"Si tu veux t'inscrire, va à la table près de l'estrade. C'est la table du jury. Les juges ne sont pas encore arrivés ,mais il y a un scribe qui inscrit les participants. Les modalités du concours sont simples : tu as trois minutes pour effectuer une performance de ton choix et impressionner les juges. Lorsque tout le monde sera passé et après délibération, le gagnant est annoncé et gagne le grand prix. 10 couronnes d'or ! Tu te rends compte !"

Derrière elle, Kleist maugréait en balayant le sol enneigé du bout de son pied. Je souris à la jeune fille. Elle était bien aimable de me donner tous ces renseignements. Je lui dis alors joyeusement :

"10 couronnes d'or ? Voilà qui est un beau prix. Bien sûr que je vais participer. Quel bateleur digne de ce nom refuserait un tel concours ? " J'eu un rictus satisfait en regardant Kleist et dit de manière tout à fait audible pour celui-ci en me penchant vers Hannah : "Je vais te dire un secret, je n'étais pas du tout au courant pour ce concours. Sans ton ami Kleist ici présent, je n'aurais pu y participer."

L'humain fit une grimace écoeurée en entendant cela. Le sourire d'Hannah ne bougea pas, mais ses yeux s'écartèrent légèrement de surprise. Je fis un petit signe de la main à la jeune fille et me dirigeait vers la table du scribe d'un pas légèrement sautillant, le sourire aux lèvres.

Tout en louvoyant dans la foule compacte, je pensais à ce qu'Hannah m'avait dit. Ils faisaient donc partie de la troupe des "Renards Fallacieux". Ce qui voulait dire que la jeune fille était elle aussi une amuseuse. N'ayant vu aucun outil ou instrument sur elle, je ne savais pas trop quelle discipline elle pratiquait, mais quelque chose me disait qu'elle chantait aussi. Je n'étais donc plus aussi sûre de l'emporter sans problème. Je m'inscris pourtant, l'appât du gain était puissant.

Après les formalités d'usage, je décidais d'aller faire des emplettes. L'hiver arrivant, il me fallait des vêtements plus chauds. Je flânais un peu, regardant les articles sur les étals du marcher. Les vendeurs me lançaient parfois des regards suspicieux, mais je les ignorais.
Au bout d'un moment, je vis un étal couvert de manteaux en tous genres. L'un d'entre eux attira particulièrement mon attention. Ce dernier était un beau manteau en tissus épais d'un beau gris foncé. Il devait tenir bien chaud et semblait pouvoir raisonnablement repousser les averses. Le devant se fermait avec des boutons en bois sombre. Et il avait deux larges poches extérieures ainsi qu'une poche plus discrète à l'intérieur. Devant mon intérêt pour sa marchandise, l'humain derrière l'étal, une brute facilement deux fois plus large que moi et au visage peu amène braqua son regard perçant sur moi. Il plissa les yeux en regardant mes oreilles, mais ne me chassa pas.

Quand je lui demandais le prix du manteau, il se gratta la barbe, aussi noire que ses cheveux et grogna :"Ca fait deux couronnes et demi"

Je me penchais en avant et lui demandais alors, tout souriant et en battant des cils. "Il ne serait pas possible d'avoir une petite ristourne ? Après tout, c'est jour de fête. " je tentais de le charmer par mon air innocent pour l'inciter à se montrer généreux.
J'essaye de négocier un rabais, mais je prends le manteau quoi qu'il arrive, je n'ai aucun bonus
Après avoir payé le prix convenu, j'enfilais l'habit avec plaisir, il tenait vraiment chaud. Mieux encore : la coupe était presque bonne pour moi, fait rare avec des vêtements prévus pour les humains. Il était un peu large, mais pas assez pour laisser passer le vent et froid, ni même pour que je me prenne les mains dans les manches. J'avais fait un bon choix.

Je continuais à flâner dans les allées du marcher et vis plusieurs étuis qui auraient pu convenir pour mon luth, mais décidait d'attendre la fin du concours pour en acheter un, espérant avoir plus de fonds.

Je regardais les gants avec envie, protéger mes mains du froid me permettrait de mieux jouer de mon instrument. Mais de nouveau je reportais cet achat.

Après avoir acheté et surtout presque entièrement dévoré une miche de pain, je mis ce qu'il en restait dans mon sac pour plus tard. J'avisais alors que le temps avant le concours était presque écoulé. Je me dirigeais donc vers le centre de la place. Progresser était de plus en plus dur, la foule commençant à se rassembler pour voir le spectacle.
L'heure du concours
Trois hommes et une femme, les juges, étaient assis à la table. Ils discutaient entre eux pour le moment sans faire attention aux participants.

On pouvait sentir la tension monter. Chaque artiste se concentrait sur sa propre performance. Certains discutaient pour éviter le stress, d'autres répétaient leurs mouvements ou la chanson qu'ils allaient présenter. Etant la dernière à passer j'avais donc du temps pour me préparer. Et un net avantage, car on se souvenait bien plus du dernier à passer. J'observais mes opposants, en accordant mon luth, un peu à l'écart. Il y avait une trentaine de ménestrels et autres bardes de toutes les origines. Parmi eux, beaucoup de musiciens et de chanteurs, mais aussi des jongleurs et des comédiens. Beaucoup me semblaient insipides, mais certains, pour l'une ou l'autre raison, sortaient du lot.

Je repérais Hannah et Kleist dans la foule d'artistes qui s'entassaient au bas de la scène. Tous les deux étaient occupés à parler avec un vieil homme bedonnant.

Je pu voir un dresseur d'ours qui se tenait lui aussi à l'écart. J'observais la bête avec curiosité, n'en ayant jamais vu avant. L'animal était bien plus grand et volumineux que le kislévite qui lui servait de dresseur, pourtant immense par rapport aux autres humains présents. L'homme portait des fourrures lui donnant un air féroce. Son impressionnante musculature n'adoucissait pas cette impression, pas plus que la barbe hirsute qu'il portait. Mais en l'observant bien, il titubait un peu fort, probablement à cause de la flasque qu'il n'arrêtait pas de porter à ses lèvres. Il ferait certainement forte impression, mais je n'étais pas sûr que cela suffise à sa victoire. Ni qui saurait tenir l'animal dans son état. J'espérais vraiment qu'il n'y aurait pas de problème.

Parmi mes autres rivaux je ne vis que peu de femmes. Je n'en comptais que six, Hannah inclue. Les autres étaient visiblement plus vieilles qu'elles. L'une d'entre elle, probablement l'aînée qui portait une robe brune ayant connu des jours meilleurs, était même ridée avec des longs cheveux blancs et crasseux, je me demandais quel pouvait être son talent. D'ailleurs c'était la seule qui avait l'air si déraillée, les autres s'étaient tous mis sur leur trente et un.

Une autre de ces femmes dansait. Elle était plus grande que la vieille dame, mais avait le même visage, sans les rides néanmoins et ses cheveux étaient blonds. Au vu de leurs yeux identiques, j'en déduisis qu'il devait s'agir de la fille de la première. Elle portait une robe serrée qui s'évasait à partir de la taille et qui formait comme une corole de fleur tandis que le tissu tournoyait autour de la femme. Ses pieds bougeaient si vite qu'ils en devenaient flous. Je dois admettre qu'il était difficile de détourner les yeux de sa danse.

Plusieurs jongleurs s'entraînaient avec plus ou moins de quilles dans divers costumes, allant du sobre au ridicule. L'un d'entre eux, un homme petit habillé d'un costume multicolore, en maniait... Je n'arrivais pas bien à les compter en mouvement, mais j'étais prête à jurer qu'il y en avait plus de sept. Et en plus elles étaient étranges, le bout de chacune d'entre elles était noirci, comme une torche qui avait déjà servi. Le mouvement des quilles était lui aussi plus original fessant des sortes de papillons en l'air. Cela me surprit tellement que j'en oubliais de regarder son visage.

Parmi les musiciens, l'un d'entre eux, un homme portant de riches vêtements rouges et bleus, jouait de la lyre. Tout en lui criait la richesse. De son maintien arrogant aux beaux motifs de fleurs brodés dans ses vêtements de velours. Sa tenue était belle et attirait l'attention, même parmi tous ces gens bariolés qui l'entouraient. Et son instrument valait le détour, je pouvais le voir d'où j'étais. Dommage que son talent ne soit pas à la hauteur. Il avait un fort accent Bretonnien, mais ce qui me faisait vraiment grimacer, c'étaient toutes ses fausses notes. Les autres jouaient et chantaient juste. Pas lui.

Le seul autre participant à ne pas être un humain était un petit halfling joufflus à l'air heureux. Il tournait joyeusement autour de plusieurs paniers fumant dans le froid. S'arrêtant pour caresser le tissu recouvrant l'un ou l'autre d'un air attendri. Le vent m'apporta une odeur de viande. Le petit être allait probablement se livrer à une démonstration de gloutonnerie. A la manière dont il regardait ses paniers, ils devaient contenir plusieurs des célèbres tourtes à la viande si chère aux petites gens. Mais à la lueur qui animait son regard, je n'étais pas sûre que les tourtes survivent jusqu'à ce que son tour vienne..

Je n'ai pas trouvé les étuis dans les items de l'inventaire, alors je n'ai pas la moindre idée de combien cela peut coûter
s'il faut plus de concurrents, je peux encore en rajouter ^^
Modifié en dernier par [MJ] Loec le 19 déc. 2016, 12:50, modifié 4 fois.
Raison : 5 xps |`Total : 11 xps
Tallana Tendrechant, Voie du Conteur
Profil: For 8 | End 7 | Hab 10 | Cha 11 | Int 9 | Ini 9 | Att 8 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | PV 50/50
Lien Fiche personnage: http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... endrechant

Avatar du membre
[MJ] Loec
Messages : 246

Re: [Tallana] Les renards fallacieux

Message par [MJ] Loec »

J'ai un peu de retard, désolé ! Petite remarque : attention au strict copié-collé ! A utiliser avec parcimonie pour éviter la redondance :p
Test de CHAR :
Difficile malus de +1

Obtenu - 6 (réussite)
Tallana connaissait l'hostilité stirlandaise vis-à-vis des étrangers et ne se faisait pas beaucoup d'illusions quant au prix du manteau. Pourtant contre toute attente, le marchand lui offrit généreusement une remise de 50 pièces d'argent sur le prix de départ. Apparemment, le manteau n'était pas de très bonne qualité et commençait à être un peu vieux. La coupe du vêtement aussi était étrange. Particulièrement au niveau de la taille et des manches qui semblaient trop étroites. Le marchand avoua qu'il n'avait pas réussi à le vendre malgré ses efforts pendant les deux derniers marchés. Mais ne vous inquiétez pas il est parfaitement utilisable, rajouta-t-il en essayant de rassurer Tallana.
De toute façon, la jeune elfe n'avait pas vu d'autres manteaux qui pourraient lui convenir, et malgré les défauts, la petite poche intérieure de celui-ci était un gros avantage. Elle finit par l'acheter et repartit vers l'estrade, la bourse allégée de 2 couronnes d'or.
Il te reste 4 couronnes d'or.
______________________________
Les chanteurs et les comédiens se succédaient entre chaque salve d'applaudissements. Tallana était étonnée par la qualité du spectacle. Les prestations étaient de qualité inégale mais l'ensemble était globalement distrayant (selon les critères humains). Le dresseur d'ours était passé en premier. Il avait fait faire quelques galipettes à son ours puis était reparti. Rien de réellement impressionnant et Tallana n'avait pas pu empêcher de plaindre le pauvre animal. Celui-ci ne semblait pas en très bonne santé. De longues banderoles de poils morts pendaient sur ses flans et son œil vide reflétait la tristesse d'une vie entière de domptage. Le public en revanche avait adoré. Les enfants s’entassaient désormais derrière les coulisses et essayaient de s'approcher de l'animal sauvage, en lui lançant de temps en temps de petits graviers.

Vint enfin le tour d'Hannah et de Kleist qui lança un regard noir à Tallana en montant sur scène. Ils étaient accompagnés par le vieil homme à l'air peu commode. Celui avec qui ils parlaient un instant plus tôt.
Image
Ils se présentèrent comme la compagnie des Renards fallacieux. Personne ne sembla remarquer l'usage erroné de l'adjectif et ils commencèrent donc leur performance.
Le silence se fit lorsque Kleist se mit à jongler. Le vieil homme, qui s'appelait Ulric, lui lançait une à une de longues torches de bois enflammées. Le feu crépitait dans l'air sec et laissait derrière lui des traînées rougeoyantes. Kleist jonglait maintenant avec pas moins de sept torches. Il les lançait avec brio haut dans le ciel. "Oooh" "waaah" s'exclamait la foule par intermittence. Enfin, le rythme se calma et il battit en retrait vers le fond de l'estrade tout en continuant de jongler.

Puis Hannah commença à chanter et à danser. Elle avait une voix magnifique.
"Méfiez-vous du loup qui dort, loin loin dans les forêts, loin loin dans les montagnes..." disait la chanson. Les mouvements de sa danse étaient lents et harmonieux, presque hypnotiques. Elle possédait une grâce que Tallana avait rarement vu observer chez un humain.

"C'était une nuit de fer, une nuit de sang..." continua la chanson tandis qu'Ulric sortit une courte mandoline de bois clair et commença à jouer un air triste qui accompagnait parfaitement l'air du chant.
"J´aimais ton rire, charmante Tallana
Les loups étaient loin d'Altdorf.

Mais ça fait ces cinquante lieues
Dans une nuit à queue leu leu
Dès que ça flaire une ripaille
De morts sur un champ de bataille
Dès que la peur hante les rues
Les loups s´en viennent la nuit venue... alors

Les loups, ououh ! ououououh !
Les loups ont regardé vers Altdorf
De Drakenwald, de la Reikwald
Les loups ont regardé vers Altdorf
Oh tu peux rire, charmante Tallana
Les loups regardent vers Atldorf

Et v´là qu´il fit un rude hiver
Cent congestions en fait divers
Volets clos, on claquait des dents
Même dans les beaux arrondissements
Et personne n´osait plus le soir
Affronter la neige des boulevards... alors

Deux loups ououh ! ouououh !
Deux loups sont entrés dans Altdorf
L'un par le nord, l'autre par le sud
Deux loups sont entrés dans Altdorf
Oh tu peux rire charmante Tallana
Deux loups sont entrés dans Altdorf.

Le premier n´avait plus qu´un œil
C´était un vieux mâle de Krivoï
Il installa ses dix femelles
Dans le maigre marché du Süderich
Et nourrit ses deux cents petits
Avec les enfants du district... alors

Cent loups, ououh ! ououououh !
Cent loups sont entrés dans Altdorf
Soit par le nord, soit par sud
Cent loups sont entrés dans Altdorf
Cessez de rire, charmante Tallana
Cent loups sont entrés dans Altdorf

Attirés par l´odeur du sang
Il en vint des mille et des cents
Faire carouss´, liesse et bombance
Dans ce foutu pays de malchance
Jusqu´à c´que les hommes aient retrouvé
L´amour et la fraternité.... alors

Les loups ououh ! ououououh !
Les loups sont sortis d'Altdorf
Soit par le sud, soit par le nord
Les loups sont sortis d'Altdorf
J'aime ton rire, charmante Tallana
Les loups sont sortis d'Altdorf
J'aime ton rire, charmante Tallana
Les loups sont sortis d'Altdorf"
Les gens restèrent bouche-bée, même une fois la chanson finie. Puis un tonnerre d'applaudissement résonna dans tout le marché. Kleist rattrapa les torches et les éteint prestement tandis qu'Hannah reprenait son souffle.
Les trois artistes saluèrent la foule, puis descendirent de la scène. La jeune femme fit un clin d'oeil à Tallana qui ne put s'empêcher de rougir sans raison.

Les artistes restant se regardèrent entre-eux avec inquiétude. Les renards fallacieux avaient mis la barre très haut. Le reste des participants se concerta un court moment pendant que les juges appelaient leurs noms, mais ils décidèrent finalement d'abandonner. Les six artistes partirent le pas traînant, en laissant Tallana seule.

"Dernier participant !" annonça un des juges.

La jeune elfe n'avait pas le temps réfléchir. C'était désormais son tour. Elle monta lentement les marches de bois et posa un pied sur l'estrade. Les applaudissements avaient cessés et tous les regards étaient désormais fixés sur elle.
Je remercie Serge Reggiani pour les paroles de la chanson !
Oserez-vous vous aventurer dans les Bois sauvages de Loren ?

Avatar du membre
Tallana
PJ
Messages : 3
Profil : Tallana Tendrechant, Voie du Conteur Profil: For 8 | End 7 | Hab 10 | Cha 11 | Int 9 | Ini 9 | Att 8
Localisation : Charleroi, Belgique

Re: [Tallana] Les renards fallacieux

Message par Tallana »

Alors que les artistes se succédaient, je sentis le stress monter. La qualité du spectacle était bien supérieure à ce que j'espérais. Le dresseur d'ours était passé en premier. Il ne m'avait pas ébloui par son talent de dresseur et les juges semblaient penser comme moi. Lorsqu'elle descendit de la scène, je pus regarder la bête de plus près. Je plaignais sincèrement Ce pauvre animal. Qui non seulement ne semblait pas en très bonne santé, mais subissait en plus les assauts des enfants qui lui lançaient de petits graviers, sans que son maître ne fasse quoique se soit pour le défendre. Trop occupé à boire de sa flasque avec une régularité inquiétante. La bête méritait mieux que cela, la mort me paraissait même préférable, mais je me tins à distance de l'animal.

Le "ménestrel" bretonnien fut si navrant qu'il réussit l'exploit de faire pire que ce à quoi je m'attendais. Et je ne m'attendais déjà pas à grand-chose. Sa ritournelle était vide, le rythme fade et, pire encore, les paroles ne rimaient même pas. Sans même parler des fausses notes en rafale qu'il faisait tant au chant qu'à la lyre. C'est simple, j'avais entendu des nains ivres chanter mieux que cela. Il eut droit à quelques applaudissements polis, mais dans l'ensemble, le public se moquait de lui.

Juste après cet homme, vint la petite vieille à l'aspect si peu soigné qui monta sur scène avec sa fille. Elle prit une flute à l'allure grossière et en tira un son d'une pureté qui me sidéra, compte tenu de la piètre qualité de l'instrument. La plus jeune dansa sur les différentes mélodies que lui offrit la vieille dame. Ses mouvements étaient captivants. Elles eurent droit à une ovation bien plus sincère que leur prédécesseur.

Quand ce fut son tour, le halfling qui se présenta comme étant Dottpanse Ventretendu, monta sur scène avec ses paniers. Petit et bedonnant, il me semblait terne dans sa tenue toute en peau de chèvre. J'avais toujours entendu vanter l'incroyable appétit des petites gens, mais ne les avais jamais vus à l'oeuvre. Et il faut bien dire qu'il était à la hauteur de la réputation des siens. Dans le temps qui lui était impartit, il réussit à engloutir pas moins de quatre volumineuses tourtes. J'aurais bien peiné à en finir une seule, surtout en moins de trois minutes. Il était tellement occupé à s'empiffrer, qu'il fallut le chasser manu militari de l'estrade sous les rires de la foule. Une fois au pied de l'édifice, il reprit son festin sans plus se soucier des gens qui l'entouraient. Son exploit gustatif m'impressionnait, mais il n'avait aucune chance de victoire. Il avait néanmoins bien diverti le bon peuple de Wurtbad qui riait de bon coeur.

Vint enfin le tour d'Hannah et de Kleist qui me fusilla du regard en montant sur scène. Ils étaient accompagnés par le vieil homme à l'air peu commode avec qui ils parlaient un instant plus tôt.

Après qu'ils se soient présentés, le silence se fit. Kleist se mit alors à jongler. Le vieil homme s'appelait Ulric même si porter le nom d'un dieu est étrange. Ulric donc, lui lançait habilement des torches enflammées. Kleist jonglait avec sept torches sous les acclamations de la foule. Je dois admettre qu'il était plutôt doué, mais pas assez pour que je pense un seul instant perde face à lui. J'avais déjà vu des jongleurs bien meilleurs que lui. Il recula enfin dans un coin de l'estrade, mais n'arrêta pas de jongler pour autant.

Puis Hannah commença à chanter et à danser. Elle avait une voix magnifique et une grâce que j'avais rarement observée chez les siens. Ulric sortit une mandoline de bois clair et joua un air triste qui accompagnait parfaitement l'air du chant.

Je n'avais jamais entendu ce chant avant. Et elle le chantait très bien avec une voix digne des meilleurs ménestrels, mais chaque fois qu'elle déclamait son "charmante Tallana", je ne pouvais m'empêcher d'y voir une moquerie à mon égard. Moquerie qui ne me plaisait pas.

Une fois son chant fini, les gens restèrent bouche-bée, puis un tonnerre d'applaudissement résonna dans tout le marché. Lorsque les trois artistes descendirent de la scène, la jeune humaine me fit un clin d'oeil et je ne pus m'empêcher de rougir.

Les renards fallacieux avaient mis la barre très haut. En conséquence, les Six artistes restant avant moi décidèrent d'abandonner, même le jongleur qui avait retenu mon attention. Me laissant seule en lise. Je ne pouvais décemment pas abandonner après mon petit discours.

"Dernier participant !" annonça un des juges.

C'était à présent mon tour. Je montais lentement sur l'estrade. Je m'avançais donc au centre de la plateforme dans le silence pesant. Tous les regards étaient désormais fixés sur moi. Cela me changeait considérablement du public de taverne auquel j'étais habituée. J'eu soudain une inspiration. je murmurais un "Puisse Lileath me bénir" avant de proclamer avec emphase :

"Brave gens de Wurtbad, je vais vous conter l'histoire de Rudolf, un fier et fort Stirlander. "

Je commençais donc à jouer un air avec mon luth. Comme les premières notes s'élevaient dans l'air froid de cet après-midi hivernal, mon trac disparu soudain et je me laissais porter par ma propre musique. La mélodie avait un petit air martial sur le refrain, mais changeait à chaque couplet tour à tour joyeuse, effrayante ou héroïque et s'adaptait bien au sens des paroles de mon chant.

"Rudolf était brave, fort et fier
Cheminant vers la terrible guerre
Tout comme le doit un Stirlander

Né un bel après-midi d’été
Un jeune garçon plein de joie
Dans un village frontalier
En Sigmar plaçait toute sa Foi
Et par très ses nombreuses facéties
De la belle Hellène le cœur ravit

Rudolf était brave, fort et fier
Cheminant vers la terrible guerre
Tout comme le doit un Stirlander

De leur union un fils naquit
De leur amour le brillant fruit
Il était brave, fort et fier
Tout comme l’était son père
Rudolf fit de son vaillant courage
De sa ligné le bel héritage

Rudolf était brave, fort et fier
Cheminant vers la terrible guerre
Tout comme le doit un Stirlander

Lorsque des forêts de la maudite Sylvanie
Sortirent monstres hideux et autres avanies
Laissant derrière Hellène la toute belle
Rudolf entra dans l’armée impériale
Brave et fort lorsqu’il combattit l’horreur
Les morts sans repos ne lui firent point peur

Rudolf était brave, fort et fier
Cheminant vers la terrible guerre
Tout comme le doit un Stirlander

Chant du glaive qui protège
Cher aux plus durs guerriers !
Bois le sang et mort la chair
Il les fera saigner !
Toutes les horreurs de la nuit
En vain se meurent aujourd’hui

Rudolf était brave, fort et fier
Cheminant vers la terrible guerre
Tout comme le doit un Stirlander

Sur les champs de batailles, il se couvrit de gloire
Et après les victoires du noble et grand empire
En buvant maintes bières, il contait son histoire
Et la fin des vils, veules et lâches vampires
Grands conteurs et avenantes vierges
De tout l’empire venait l’entendre

Rudolf était brave, fort et fier
Cheminant vers la terrible guerre
Tout comme le doit un Stirlander

Vers sa femme et son fils enfin il revint
Et fut longtemps heureux auprès d’eux
Mais quand la mort et l’horreur de nouveau survint
Sa fidèle épée il reprit, fort et courageux
Et avec son fils dans l’armée il retourna
Pour défendre celle que toujours il aima

Rudolf était brave, fort et fier
Cheminant vers la terrible guerre
Tout comme le doit un Stirlander
Tout comme le doit un Stirlander"

Je laissais la mélodie de mon luth mourir en même temps que ma voix sur mon dernier "Stirlander" et m'inclinais pour saluer. Attendant avec un calme apparent, que je ne ressentais pas, la réaction du public
Je me sert donc de mes compétences en Chant et en Musique pour éblouir le publique et surtout les juges
Tallana Tendrechant, Voie du Conteur
Profil: For 8 | End 7 | Hab 10 | Cha 11 | Int 9 | Ini 9 | Att 8 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | PV 50/50
Lien Fiche personnage: http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... endrechant

Répondre

Retourner vers « Stirland »