[Ludwig Staüss] Une paix troublée

Le Stirland a la réputation d'être une province pauvre, arriériée et rustique, aussi ses soldats portent-ils souvent un équipement de fortune. Ses archers sont néanmoins réputés dans tout l'Empire pour leur adresse. Le Graf Albérich Haupt-Anderssen, issue d'une famille vieille de quatre cent ans, règne sur le Grand Comté depuis Wurtbad, la Ville du Vin.

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Une paix troublée

Les flammes crépitaient, léchant le bois frais comme d’infernales langues ardentes. Ludwig Staüss était plongé dans la contemplation du feu aveuglant, fasciné par sa beauté destructrice.

Bien qu’il sentît la chaleur de l’âtre lui amener le rouge aux joues, il ne parvenait pas à écarter le froid glacial qui régnait dans l’obscure cabane. Il avait beau empiler du bois sec dans le foyer, les flammes avaient beau s’élever bien haut, rien ne semblait pouvoir réchauffer l’endroit. C’était comme s’il avait été touché par le doigt cruel de la mort, inexorable et glacial.

La fenêtre de la petite pièce était voilée par un rideau rongé aux mites qui avait autrefois été d’un beau vert, mais dont la couleur s’était depuis bien longtemps dissipée. Des rayons de lumière froide et grise s’infiltraient là où les insectes avaient complètement troué le tissu effiloché. Les poutres du plafond ployaient comme si le poids de l’existence leur pesait trop, et les lattes inégales du plancher étaient recouvertes d’un tapis. Il n’y avait aucun meuble excepté une vieille paillasse sur le sol et une chaise basse à côté. En de temps meilleurs, sa mère aurait été assise sur la chaise devant le feu, perdue dans ses pensées.

Ludwig s’arracha à la contemplation morbide du feu et son regard revint au visage pâle et presque grisâtre de sa mère. Il pria pour se souvenir d’elle sous l’aspect de la femme puissante qu’elle avait été et non sous celui de ce squelette décharné qui respirait péniblement sous les couvertures lourdes et imprégnées de sueur. Ses bras n’avaient plus que la peau sur les os, ravagés comme le reste de son corps par la maladie. Depuis quatre jours déjà elle était plongée dans cet état comateux, incapable de se réveiller ou d’émettre le moindre son. Seul le rythme imperceptible de sa poitrine desséchée indiquait qu’elle était toujours en vie.

Et si Morr était miséricordieux, elle n’en avait plus pour longtemps.

De la miséricorde ! Cette pensée le fit presque rire. Le peu de pitié en ce monde avait depuis longtemps déserté le peuple du Stirland.

L’hiver serrait toujours le pays dans son sein glacé, comme il le faisait depuis cinq mois, bien après ce qui aurait dû être le dégel. La neige s’amoncelait dehors. Dans les champs, les récoltes s’étaient depuis longtemps flétries et avaient péri dans la terre gelée, et aucun des robustes moutons à longs poils qu’on élevait dans la région n’avait survécu. La mort était partout, en particulier chez les vieux et les infirmes, et le sang avait même coulé chez les villageois désespérés qui se querellaient pour des denrées rares: couvertures, bois de chauffage et nourriture. Adelmo Haefen, le meunier réservé du village, avait été poignardé à l’estomac seulement deux jours auparavant, après une altercation au sujet d’une simple tranche de pain.

Mais les rigueurs de l’hiver n’étaient rien à côté de ce qui était survenu ensuite…

Un vagabond dément et à demi nu était arrivé au village près de trois semaines auparavant. Des clous avaient été plantés dans les os de ses bras, et de son dos écorché pendaient des lambeaux de chair sanguinolents. On avait gravé sur son front la forme grossière d’une comète bifide et son visage était couvert de sang frais et de croûtes coagulées. Il avait hurlé et baragouiné au sujet de la fin du monde, proclamant la venue de la mort et affirmant qu’il était son héraut. Pour accompagner ses vociférations apocalyptiques, il se flagellait à l’aide d’un fouet aux lanières de cuir barbelé de métal.

Et le flagellant était dans le vrai, quoique peut-être pas comme il l’entendait, puisqu’il avait tout simplement apporté l’épidémie avec lui. Il s’était effondré le jour même pour sombrer dans un coma mortel dont il ne sortirait pas.

Au bout de quelques jours, des dizaines de villageois étaient frappés par le même mal, apparemment au hasard, et il n’avait pas fallu longtemps pour que des familles qui avaient travaillé la terre pendant des douzaines de générations embarquent tous leurs biens dans des carrioles qu’on utilisait généralement pour aller vendre les produits au marché, et partent dans l’espoir de se réfugier dans de lointaines cités supposées sûres. Mais une rumeur était arrivée selon laquelle la peste sévissait aussi dans les rues de la capitale de l’Empire, Altdorf, et c’était à ce moment que la panique s’était vraiment installée.

Chaque jour on trainait de nouvelles victimes jusqu’au vieil hôtel de ville qui dominait la place du village. Ce bâtiment en décrépitude, avec son toit enfoncé et inégal, et ses murs dangereusement penchés, avait longtemps été laissé à l’abandon: on avait décidé qu’il serait converti en hospice de quarantaine improvisé. Ses portes et ses fenêtres étaient maintenues fermées et barricadées, et on avait planté des poteaux d’avertissement tout autour. Pour ceux qui ne savaient pas lire le reikspiel, c’est-à-dire la plupart des roturiers de l’Empire, on avait rendu le message des panneaux plus clair possible en y suspendant des crânes de bêtes mortes badigeonnées de la marque de Morr, ainsi que des cadavres de rats pourrissants et d’autres répugnants trophées associés à la peste et à l’épidémie.

Le bourgeois du village s’était enfui au beau milieu de la nuit, abandonnant son poste et les villageois à leur destin. Il n’y avait plus personne pour faire le pain, car le boulanger, sa femme et ses apprentis comptaient parmi les premières victimes. Ils étaient étendus, comateux et dépérissant au milieu des immondices qui s’entassaient dans l’hôtel de ville. Le boucher local, qui faisait aussi office d’apothicaire et représentait donc ce que le village avait de mieux en matière de guérisseur, avait succombé aux premiers signes de l’épidémie. Plus personne n’osait entrer dans ce bâtiment maudit pour s’occuper des malades et des mourants. Chaque matin , les hommes du village tiraient à la courte paille pour savoir qui irait traîner les nouvelles victimes dans l’hospice, et ils se couvraient la bouche et le nez d’un foulard au moment de jeter hâtivement leur fardeau à l’intérieur avant de refermer les portes à clef.

Pour le moment, on ignorait encore si des victimes de l’épidémie étaient mortes, mais on pensait qu’aucune n’était sortie de l’état comateux dans lesquelles elles sombraient quelque trois jours après l’apparition des premiers symptômes. De toute évidence, personne ne tentait de sortir de l’affreux hôpital.

Ludwig Staüss regarda de nouveau le visage flétri de sa mère. Une semaine auparavant, elle était encore au mieux de sa forme. Ludwig s’était refusé à l’emmener dans l’abominable bâtiment de quarantaine: qu’il soit damné s’il la laissait passer ses dernières heures à pourrir dans cet enfer au milieu des cadavres et des autres mourants.

Une clameur furibonde parvint à la cabane depuis le village en contrebas…

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Re: [Ludwig Staüss] Une paix troublée

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Il y avait bien longtemps que Ludwig avait oublié ce que c'était que d'avoir chaud, malgré les flammes hautes qui dansaient dans l'âtre au milieu de la petite et unique pièce il avait froid. Cependant ce n'était pas le froid qui provoqua en lui un frisson aussi violent que soudain, le regard du strirlander s'était attardé sur la frêle silhouette allongée dans la paillasse qui faisait office de lit. La femme qui se trouvait là était la propre mère du paysan et elle était loin d'être très en point, pire on pouvait même affirmer qu'elle était mourante.

"Shallya sauvez la du mal... Ou que Morr l'emporte au plus vite."

Ses vœux manquèrent de le faire rire, il y avait longtemps que les dieux semblaient avoir abandonné le village mais une once d'espoir lui restait. Se dirigeant vers sa mère d'un pas lent faisant à peine bruisser le vieux tapis sur le sol, Ludwig pria Shallya pour au moins la quarantième fois depuis que la femme était tombée malade. Le jeune homme trouvait particulièrement ironique que sa mère qui était une fervente adoratrice de la déesse de la compassion soit celle qui fut victime de l'étrange maladie dans la famille. Néanmoins le pauvre stirlander ne blâmait pas la déesse mais plutôt les horreurs du chaos et les morts vivants maudits qui étaient malheureusement dans le proche voisinage. En pensant aux voisins, ceux de sa race n'étaient pas mieux lotis qu'eux même car l'épidémie n'épargnait personne depuis le boucher guérisseur jusqu'au boulanger et ses apprentis. Pour ajouter à leurs malheurs l'hiver durait depuis désormais cinq mois, longue saison meurtrière pour les montons et les plants de blé qui avaient flétris.

"Que les dieux maudissent ce fou."

Il y avait trois semaines, un homme s'était présenté dans le village prophétisant la fin du monde en se mutilant et depuis les gens tombaient malades les uns après les autres. Il avait fallu peu de temps à Ludwig pour deviner que le fou avait emporté le mal avec lui tandis que la plupart des villageois seins eux, emportaient leurs maigres biens et leur famille loin de l'épidémie si un tel endroit existait. Une larme coula le long des joues quasiment inexistantes du jeune homme en repensant à la robuste mère qu'était auparavant la silhouette cadavérique allongée sur la paillasse. Une clameur inhabituelle atteignit la cabane, rompant le silence de mort qui régnait désormais dans le petit village ce qui eut pour effet de provoquer un sentiment de curiosité chez le paysan. Plusieurs scénarios passèrent dans la tête du stirlander qui prit la faux de la famille, seule chose pouvant servir d'arme, avant de se diriger vers une fenêtre couverte d'un rideau mangé aux mites.

"J’espère que ça ne vient pas de l’hôtel de ville."

Le vieux bâtiment servait depuis le début du désastre d'hôpital ou plutôt d'antichambre de la mort où s'entassaient tout les malades mise à part la mère du jeune homme que celui-ci ne voulait pas abandonner dans cet endroit horrible. Levant les restes du rideau informe, Ludwig tenta de voir ce qui pouvait bien se passer de pire encore dans le village car il y avait maintenant longtemps qu'il n'attendait plus d'améliorations.
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Re: [Ludwig Staüss] Une paix troublée

Message par [MJ] Wargut »

Ludwig Staüss tira les lourds rideaux pleins de poussière et ouvrit la fenêtre sale pour voir ce qui causait ce raffut. Protégeant ses yeux de la brusque luminosité du soleil se reflétant sur la neige, il vit un groupe d’hommes, dont certains portaient les uniformes officiels vert et jaune des soldats de la province du Stirland, marchant d’un pas lourd dans la boue et la neige fondue.
Image
Certains brandissaient des armes, des hallebardes, des fourches et des gourdins, leurs cris faisaient sortir d’autres badauds de leurs maisons et de leur prostration.

Jetant un regard soucieux à sa mère, Ludwig se mordit la lèvre, indécis. Les étrangers qui étaient venus au village n’y avaient apporté que les ennuis et la tristesse dernièrement, et il craignait ce que ce nouveau drame risquait de provoquer. Pourtant, une curiosité morbide le poussait à observer ces nouveaux arrivants…

L’état de sa mère ne semblait pas s’aggraver depuis deux jours, pouvait-il donc se permettre de sortir quelques minutes pour aller voir les nouveaux arrivants ? Cette décision lui appartenait… à lui seul…

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Re: [Ludwig Staüss] Une paix troublée

Message par Ludwig Staüss »

Soulevant le rideau verdâtre rongé par le temps et les insectes, Ludwig éternua à cause de mois de poussières accumulées dans le tissu. S'essuyant le nez du revers de sa manche en lambeau puis les yeux où étaient encore accrochées des larmes ne voulant pas s'enfuir, le paysan regarda à l’extérieur. La lumière soudaine qui lui agressa les yeux le fit pleurer de nouveau mais rien à voir avec la tristesse ce coup-ci c'était la douleur qui était responsable. Le jeune homme cacha ses yeux du reflet du soleil sur la neige avec ses mains le temps que ses yeux s’habituent à la lumière soudaine contrastant énormément avec l'obscurité de la cabane. Une fois qu'apercevoir quelque chose devint possible le stirlander fronça les sourcils devant le spectacle se déroulant devant lui.

"Voilà quelque chose de surprenant, il y a des soldats du Stirland qui traverse le village mère."

Ludwig se doutait plus ou moins que sa mère ne devait pas comprendre ce qu'il disait mais il avait l'espoir que son cerveau retiendrait ses paroles une fois cette dernière guérie. Du moins si elle guérissait mais pour le moment c'était plutôt mal parti étant donné qu'aucune personne n'avait son état qui s'améliorait. Néanmoins sa surprise exprimée était réelle car le paysan s'attendait à un événement mauvais comme il en avait l'habitude désormais mais l'arrivée des soldats n'était pas mauvaise à première vue. Les malheurs l'avait rendu méfiant envers tout et tout le monde ce qui l'empêchait de se réjouir de la présence de l'armée stirlander qui de plus, avait juste l'air de traverser le village.

"Je vais essayer de voir de plus près ce qu'il se passe."

Prudent, le jeune homme garda sa faux en main et ouvrit la porte pour sortir à l’extérieur jetant un dernier regard à la silhouette squelettique s ur la paillasse. Prenant la décision de ne pas trop s'éloigner en cas de soucis Ludwig fit un premier pas dans la neige froide qui le fit frissonner de la tête aux pieds. Bien qu'il faisait froid dans la modeste demeure familiale cela n'avait rien à voir avec l’extérieur et le contact de la neige avec sa peau à peine couverte par des bottes en morceaux était bien moins agréable que le froid régnant à l'intérieur. Le stirlander avança de quelques pas vers la colonne de soldats aux armes variées allant de la lance réglementaire à la fourche qui l'était bien moins. Les hommes semblaient avoir aussi du mal à marcher dans la neige fondue et la boue et malgré leurs uniformes verts et jaunes officiels le paysan ne croyait pas à une amélioration de leur situation. D'autres habitants étaient sortis de leur torpeur pour voir ce qui se passait comme Ludwig mais contrairement à eux le jeune homme resta à une bonne distance de la colonne à quelques mètres de sa maison et à porté de voix de sa mère.
Modifié en dernier par [MJ] Wargut le 13 juin 2011, 11:47, modifié 1 fois.
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Re: [Ludwig Staüss] Une paix troublée

Message par [MJ] Wargut »

Bien emmitouflé dans son manteau en peau de mouton, Ludwig Staüss ouvrit la porte de la cabane et sortit dans le froid de l’hiver. Il reviendrait s’occuper de sa mère dans un instant, pour le moment il devait en apprendre plus sur l’arrivée des soldats de l’Empire.

Tandis qu’il descendait la colline, la neige crissant sous ses pas et imbibant sa pantalon qui trainait à terre, il vit des hommes bousculer et donner des coups à un prisonnier ligoté et bâillonné qui marchait devant eux. L’un des soldats frappa de son gourdin la silhouette attachée, projetant le prisonnier au sol où il fut brutalement roué de coups de pieds par au moins trois hommes avant d’être relevé de force.

Ludwig aperçut brièvement de longs cheveux noirs et soyeux avant que la silhouette ne disparaisse à nouveau dans la foule. Certains hommes portaient des torches enflammées et on entendait des cris de colère et des appels au meurtre.

Une grande foule s’était rassemblée sur la grande place. Personne ne voulait trop s’approcher de l’hôtel de ville et beaucoup se couvraient la bouche et le nez à l’aide de guenilles ou de bandes de tissu. Se serrant dans son manteau pour se réchauffer, Ludwig vit un de ses amis s’approcher de lui.

ImageJohann Weiss:T’es au courant, Lud’ ? Non ? Eh ben, trois familles sont parties du village hier en entassant tous leurs bien dans une seule carriole. Ils ont été assassinés sur la route. Même les petits n‘ont pas été épargnés. Et ça, dit-il avec un petit mouvement de tête, c‘est un des meurtriers
Les hommes trainèrent l’assassin au centre de la grande place. Un solide et antique gibet s’y dressait depuis d’innombrables décennies et une cage de métal noirci y était suspendue. Ludwig avait toujours éprouvé une profonde répugnance pour cette chose et quand il était petit, il était toujous resté à l’écart quand les enfants jetaient des pierres aux condamnés.

Un tas d’os reposait dans l’engin de torture de fer, seul reste du cadavre d’un voleur qu’on y avait placé en guise d’avertissements. On libéra ces sinistres vestiges des lourdes chaînes qui les maintenaient en l’air et la cage de métal s’effondra au sol avec un grand fracas, auquel vint s’ajouter l’acclamation de la foule.

Leonard Horst, un villageois maigre comme un roseau, qui se déplaçait avec la raideur et la prudence d’un échassier en quête d’une proie, monta au sommet d’une balle de foin pourrie et agita la main pour obtenir le silence. C’était le gardien du village, un homme à la réputation sévère. On disait qu’il lui était arrivé de battre à mort un commerçant qui avait tenté d’échapper au péage. Quoi qu’il en soit, c’était un homme respecté, car nul ne doutait de sa dévotion envers le village et ses habitants.

ImageLeonard Horst :Le maréchal-ferrant Hellmaan et sa famille, ainsi que celles de ses deux sœurs, ont été brutalement assassinés sur la route quittant notre village, dit-il d‘une voix amère et haineuse.
Les membres de la foule qui se tenaient juste devant lui serraient leurs armes dans leurs mains, et la colère se lisait sur leurs traits. Les deux hommes qui maintenaient le prisonnier plaqué au sol raffermirent leur prise.
ImageLeonard Horst :Nous sommes revenus avec l‘un des meurtriers, un assassin au cœur noir et pleine de haine, de la race des elfes. On dirait même que c‘est une femme !
On entendit des hoquets de surprise parmi la foule. La plupart croyaient que les elfes n’étaient que des contes pour enfants et Ludwig faisait parti de ceux-là…

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Ludwig Staüss
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Re: [Ludwig Staüss] Une paix troublée

Message par Ludwig Staüss »

A moins d'un miracle auquel il ne croyait plus, la mère de Ludwig ne guérirait pas soudainement et depuis quelque temps son état semblait plus ou moins stable. Son corps protégé par un manteau fabriqué à partir de la laine des montons dont il aimait s'occuper, le paysan décida d'aller voir la raison de l'arrivée des soldats au village satisfaisant ainsi sa curiosité. Jetant un dernier regard à sa modeste masure le jeune homme s'avança vers l'attroupement en se promettant de ne pas trainer au cas plus que probable que l'état de sa mère empire. La pente de la colline aidant il n'eut aucun mal à descendre malgré la neige qui crissait sous ses pas, mouillant au passage le bas de son pantalon ayant connu des jours meilleurs.

"Ce n'était peut être pas une bonne idée finalement."

Cette pensée exprimée à voix haute lui venait du déchainement de violence dont il était maintenant témoin, ce dont il se serait bien passé. La violence dans son ensemble le répugnait même si dans le cas des hommes-bêtes et des morts-vivants il avait bien moins de scrupules cependant la silhouette bousculée, frappée et humiliée n'avait rien de cette catégorie d'horreurs. Avant que le prisonnier ne disparaisse dans la foule vindicative Ludwig aperçu de longs cheveux noirs et soyeux qu'il associa plutôt à une femme qu'à un homme bien que les apparences puissent être trompeuses. Secouant la tête en signe de désaccord avec ce qui se passait le paysan s'approcha de la grande place dans le but d'en savoir plus sur les raisons de ce lynchage et l'identité de la victime. Gardant ses distances avec l’hôtel de ville sinistre devenu un endroit à éviter l'homme ne vit pas de suite un jeune homme s'approcher de lui jusqu'à ce qu'il lui parle. Ses paroles par ailleurs étaient assez dure à entendre de la bouche d'un de ses seuls amis à deux jambes, il préférait la présence des animaux à ceux des hommes, qui lui apprenait que trois familles avaient été massacrées et que la cible de la foule était un des assassins.

"Quel genre de personne peut faire cela?" L'ami des bêtes jeta un nouveau regard sur la foule afin de tenter d'apercevoir de nouveau la silhouette battue. "Ton assassin ne ressemblait pas vraiment à une de ses horreurs de la forêt et je ne vois pas pourquoi des brigands massacreraient des enfants."

Le visage de Ludwig afficha un rictus de dégout tandis que l'on menait le présumé assassin vers l'antique gibet qui trônait au milieu de la place et qu'il avait toujours détesté et où pendait une vieille cage contenant encore les restes d'un criminel dont le jeune homme ignorait la faute. Les enfants aimaient jeter des pierres sur les condamnés qu'on y enfermait mais petit le paysan avait toujours trouvé mieux à faire que ce genre de chose qu'il jugeait indigne de lui et des hommes en général. L'antique instrument de punition fut mis à terre dans un fracas couvrant à peine les cris de la foule en colère qui avait l'air plus d'animaux enragés que d'humains tandis qu'un homme maigre comme un brin de blé monta sur un perchoir improvisé. Le fait qu'il soit sur une balle de foin pourrie n'altérait en rien l'autorité qu'il dégageait et tout le monde se tut dés qu'il l'ordonna.

"Je donne pas chère de la peau de l'assassin si le vieux Léonard s'en mêle Jo'."

L'éleveur de moutons n'appréciait pas vraiment l'homme nommé Leonard Horst car il avait des manière brutales qu'il désapprouvait bien qu'il les utilisait bien souvent pour le bien du village et de ses habitants. Ses paroles jetèrent une totale confusion dans l'esprit des pauvres paysans qu'ils étaient tous en constatant que le présumé était d'une part une femme et d'autre part une elfe. Le cerveau de Ludwig fonctionna à toutes vitesse en essayant de comprendre le prodige dont il était témoin: ces créatures humanoïdes étaient une légende pour la plupart des personnes au village lui compris et il se retrouvait prestement devant un de ces membres en chair et en os. Le paysan se pencha sur son ami afin d'obtenir une réponse à une question capitale à ses yeux.

"Euh... Et comment elle a été attrapée?... Et par qui?"


Ludwig avait du mal à croire qu'une personne à l'air aussi fragile puisse avoir fait une chose aussi horrible que massacrer trois familles entières jusqu'au dernier enfant sans raisons valables et il cherchait donc à tout pris à savoir si l'elfe n'avait été tout simplement au mauvais endroit, au mauvais moment.
Modifié en dernier par [MJ] Wargut le 18 juin 2011, 19:13, modifié 1 fois.
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Re: [Ludwig Staüss] Une paix troublée

Message par [MJ] Wargut »

ImageJohann Weiss:C‘est Leonard Horst et sa bande, aidée par quelques soldats du Stirland qui l'ont attrapée. Soi-disant, elle trainait près du village… comme on dit, un voleur revient toujours sur l'lieu de son crime…
Ludwig Staüss s’écarta de Johann et descendit encore un peu pour mieux voir la captif.
ImageLeonard Horst :Oh, nous allons pas la laisser s‘en tirer aussi facilement, dit le squelettique Horst depuis sa balle de foin gâté. Il faut qu‘elle souffre longtemps pour la cruauté dont elle a fait preuve vis-à-vis de ces pauvres gens.
Sa voix monta dans les aigus tandis qu’il se lançait dans une diatribe enflammée par la colère et l’amertume.

« Qu’on la bâillonne afin qu’elle ne puisse invoquer son ignoble sorcellerie ou appeler à l’aide ses odieuses divinités. Qu’on la suspende au gibet et qu’on la lapide. Qu’on lui arrache les yeux pour les donner en pâture aux corbeaux ! Et une fois qu’elle aura passé une semaine dans la cage, qu’on l’en extirpe seulement pour l’écarteler et trainer ses entrailles aux quatre coins du village. Et alors elle et tous ses congénères abhorrés apprendront à nous craindre, et ils sauront quelle est la vengeance du Stirland ! »

Un énorme rugissement s’éleva de la foule et Ludwig fut choqué de voir ses voisins, des gens bienveillants et affectueux, aboyer et réclamer du sang, le visage mué en un masque de haine. Il réalisa que c’étaient la peur et le désespoir qui les transfiguraient de la sorte, et qu’ils avaient besoin de rejeter sur quelqu’un la faute de leurs horribles et insolubles problèmes.

Il les vit forcer l’elfe aux cheveux noirs à se mettre sur pieds et aperçut son profil pâle et arrogant pour la première fois. Presque aussi blanche que la neige fraîche, son visage était long et anguleux. Elle restait de glace malgré toutes les ecchymoses et le sang, et il la vit se dresser devant la foule, la tête haute. Ludwig se perdit dans son regard profond et éclatant. Cette elfe était magnifique, mais après s’être fait lyncher. Mais il se remit rapidement de ses émotions…

Image
Un grincement de métal accompagna l’ouverture de la cage. On en libéra le squelette à coup de pied et l’elfe fut trainée vers la prison de fer. Elle se débattit et parvint à se libérer de l’un de ses gardiens. Elle enfonça son coude dans la figure de l’homme, lui écrasant le nez. Avec une vivacité surhumaine, elle projeta son pied au visage d’un autre soldat et pivota, faisant tourner son poignet de manière à ce que le coude de celui qui la maintenait se retrouve pointant vers le ciel. D’un coup violent vers le bas, l’elfe disloqua le bras tendu du soldat.

Un gros maillet s’abattit sur la nuque de l’elfe et son corps devint flasque. Poussant force jurons, du sang coulant par intermittence de son nez, le premier des hommes à avoir été touché se remit sur pied une dague à la main, avec un regard meurtrier. Il s’avança vers l’elfe effondrée, mais Horst l’arrêta en posant sa main sur sa poitrine. L’homme rengaina son couteau en jurant et cracha sur l’elfe.

Cette dernière, à peine consciente, la nuque couverte de sang, fut trainée de force vers la cage. On la plaça dans sa cruelle geôle de fer et on en claqua la porte avant de la verrouiller. Un vieux cadenas rouillé de la taille d’une tête humaine y fut fixé, l’enfermant à l’intérieur. Elle ne pouvait pas bouger. Presque évanouie, saignant abondamment. Les pierres et les morceaux de nourriture pourrie se mirent à pleuvoir.

Ludwig ne pouvait en voir plus… Les habitants allaient s’amuser pendant quelques minutes à lapider la soi-disant meurtrière avant de regagner leurs demeures respectives. Puis dans envions quatre jours, ils reviendraient s’occuper de son cas...

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Re: [Ludwig Staüss] Une paix troublée

Message par Ludwig Staüss »

La réponse de son ami à sa question importante ne plaisait pas du tout à Ludwig car elle confirmait ses craintes selon lesquelles l'elfe avait juste été maltraitée et continuait à l'être par un racisme de bas étage mêlée à une malchance. Le paysan n'aimait pas cela, pire cela avait tendance à le conforter dans l'idée que l'humanité s'enfonçait dans la fange de la médiocrité intellectuelle jour après jour. Soupirant bruyamment il se pencha vers Johann et lui fit par de ses pensées à voix basse pour que seul lui l'entende.

"En gros personne n'a rien vu... Rappelle-moi si je voyage de ne jamais longer un village, je ne veux pas finir comme cette... Personne."

Curieux par nature le révolté s'approcha un peu plus du centre de l'action afin d'apercevoir d'un peu plus près la victime de la bêtise de ses concitoyens. Alors que le jeune homme atteignait le premier rang, le gardien du village parla de nouveau de manière à énerver la foule plus qu'elle ne l'était déjà et promettait à l'elfe une agonie longue. Le paysan se retenait de ne pas pousser Leonard de sa balle de foin pourrie afin qu'il arrête de déclamer ses inepties immondes. Ce qui le retenait de passer à l'action était l'état de frénésie qui semblait s'être emparée de la foule qui pouvait très certainement mal prendre son intervention. Cependant la suite des paroles de l'homme maigre fit regretter Ludwig de ne pas être passer à l'action car elles atteignaient le comble de l’ignominie dans leur violence digne d'un serviteur du chaos... ou d'un inquisiteur. Ces deux catégories de personnes n'avaient pas la sympathie de l'éleveur bien que le premier lui suscitait la haine alors que le deuxième le dégoutait à en vomir.

"Mais c'est pas vrai..."

Ludwig regardait la foule de ses voisins, de ses compagnons de beuverie ou de ses collègues éleveurs s'enflammer débordant de haine pour la pauvre femme elfe. D'un seul coup le paysan se rendit compte du désespoir dans lequel le village s'était enfoncé, tout ce déchainement de colère n'avait pour racine que l'ignorance du coupable de leur malheur. Il fallait un coupable, pour le seul censé du village c'était les dieux du chaos, pour les villageois c'était cette créature qui s'était trouvée au mauvais endroit. Alors que l'on forçait la condamnée à se relevé, le jeune homme fut abasourdi par le visage de la femme elfe. Sa peau était presque aussi pâle que la neige fraichement tombée et son visage exprimait une arrogance étonnante par rapport à la situation dans laquelle elle se trouvait. L'éleveur ne put s'empêcher de remarquer sa dignité à peine entacher par les ecchymoses et son propre sang et quand elle se releva, il crut voir une reine et non une criminelle. Le révolté envouté se plongea dans le regard de la femme et manqua de s'y noyer, le bruit de l'ouverture de la cage le ramena malheureusement sur terre au premier rang du drame dont il était spectateur.

"Quelle beauté..."

Loin d'être docile la prisonnière se défendait ardemment contre le sort qui lui était réservé, elle parvint même sous le regard étonné de Ludwig à se débarrasser de l'emprise d'un de ses gardiens dont le nez fut violemment écrasé. Avec une rapidité digne d'un animal sauvage elle envoya son pied dans le visage de l'autre geôlier qui perdit son bras dans la manœuvre qui suivit. Le jeune homme manqua de crier de désespoir quand un gros maillet vint mettre un terme à la tentative d'évasion de l'elfe qui s'effondra inconsciente. L'homme au nez cassé se releva et sorti une dague avec des intentions meurtrières, le paysan détourna les yeux mais quand il entendit la cage se refermer son regard se posa de nouveau vers l'action. La captive était enfermée dans la cage, à moitié évanouie et saignant de façon inquiétante.

"Vous ne valez pas mieux que les horreurs des bois ou de la Sylvanie..."

Jurant entre ses dents et plein de rancœur envers la race humaine, Ludwig quitta la place d'un pas rapide dans la ferme intention de retourner dans sa masure qu'il n'aurait pas du quitter.
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Re: [Ludwig Staüss] Une paix troublée

Message par [MJ] Wargut »

Ne voulant pas en voir plus et impatient de rejoindre sa mère, Ludwig se fraya un chemin dans le foule. Il claqua la porte derrière lui, entendant toujours les cris étouffés des villageois… échos terrifiants d’une rage enfantée par la terreur et le désespoir.

Le jeune homme se dirigea vers la petite cuisine qui jouxtait la pièce principale et plongea les mains dans un seau d’eau pour se laver le visage. L’eau était glacée et il fut parcouru d’un frisson involontaire.

Si l’elfe avait vraiment assassinée ces familles, alors elle méritait bien la mort, mais pas une longue et atroce agonie. C’était un coutume sauvage et barbare. C’est alors qu’il entendit les premiers hurlements…

Traversant la cabane au pas de course, il ouvrit la porte d’entrée à la volée pour être témoin d’une scène bien différente de celle qu’il venait de quitter. Des gens couraient en tous sens et la neige était éclaboussée de sang. Il entendait des cris et des hurlements, et sa première pensée fut que l’elfe avait réussie à s’échapper ou que ses alliés étaient venus à sa rescousse. Tel n’était pas le cas: il voyait encore sa silhouette prisonnière de la cage, suspendue au-dessus du massacre qui se déroulait en contrebas.

Ludwig vit un guerrier portant la livrée des soldats de métier engagés par l’électeur du Stirland rouler dans la neige fondue, aux prises avec un villageois aux vêtements ternes. Deux hommes vêtus d’habits grossiers en plaquaient un autre au sol, les mains serrés sur sa gorge. D’autres encore étaient jetés à terre par la foule qui cherchait à s’échapper. Que se passait-il donc ? De quelle nouvelle folie s’agissait-il ?

Il y eut un choc sourd qui ébranla les lattes du plancher et Ludwig sursauta. Le bruit venait de la chambre de sa mère… S’arrachant au spectacle dément et meurtrier en contrebas, il traversa avec anxiété le salon pour mieux voir la chambre de sa mère. Les lattes craquaient sous ses pieds et il avait le cœur battant.

Il perçut du coin de l’œil des rubans de brume qui serpentaient dans la chambre obscure. Quand il vit la silhouette sombre d’une femme à quatre pattes à côté de la paillasse, son cœur faillit s’arrêter de battre. Sa mère était vivante et elle s’était levée de son lit toute seule !

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Ludwig Staüss
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Re: [Ludwig Staüss] Une paix troublée

Message par Ludwig Staüss »

Ayant eu une dose suffisante de cruauté et de brutalité pour les jours à venir, Ludwig regagna sa cabane de mauvaise humeur et en colère contre lui-même et sa curiosité qui lui avait fait quitter sa mère malade pour quelque chose qu'il aurait bien voulu éviter. Le paysan ouvrit la porte brutalement et la fit claquer avec force une fois entrée, son corps exprimant ainsi sa rage et sa déception à propos du manque de discernement de ses voisins et amis. Les villageois se moquait gentiment de sa passion pour les animaux, qu'ils soient sauvage ou pas, mais après ce qu'il avait vu l'ami des bêtes trouvait même les loups plus humains que la foule qu'il venait de quitter. L'image de l'elfe blessée lui restait en mémoire comme une sangsue qui ne veut pas lâcher une carotide et le jeune homme ne pouvait se concentrer sur une manière d'améliorer les conditions de la prisonnière tant qu'il pensait à elle et à son état.

"Maudit Léonard avec ses paroles haineuses..."

Ludwig se décida finalement à aller se rincer le visage dans la cuisine afin de tenter de retrouver ses esprits même si il n'avait pas beaucoup d'espoir. La pièce était petite comparée à la principale qui n'était pourtant pas bien grande non plus, néanmoins il y avait un seau d'eau qui suffisait amplement pour ce qu'il avait à faire. Sachant pertinemment que le liquide ne serait pas à une température idéale l'éleveur plongea les mains dans l'eau et s'aspergea le visage au plus vite. L'eau était tellement glacée qu'il fut parcouru par un frisson non contrôlé qui remonta tout le long de son dos et le fit jurer.

"Par tout les dieux!"

Son juron passé il lui était évident que son rapide nettoyage était totalement inefficace car l'elfe était toujours dans son esprit. Malgré tout, Ludwig repensa aux victimes qu'il avait vite oubliées pour se concentrer sur la barbarie dont était la cible la prétendue criminelle. Le meurtre de deux familles étaient bien sûr condamnable et suffisant pour mériter une pendaison mais le fait qu'il n'y avait aucune preuve contre la personne inculpée ajouté à un supplice long et inutile rendait le paysan furieux. Posant sa tête contre le mur pour se calmer, il entendit d'un coup des hurlements bien différents des cris de haine dont il s'était échappé. Poussé par la curiosité et la panique l'agriculteur franchit la distance qui le séparait de la porte d'entrée au pas de course et passa la tête à l’extérieur pour observer une scène de carnage étonnante.

"Finalement il semblerait que notre invité est des amis"

Des personnes s'enfuyaient dans tout les sens afin d'éviter un massacre qui avait déjà rendu la neige écarlate et criaient comme si cela changerait quoi que ce soit. Fronçant les sourcils afin de mieux observer les détails, Ludwig découvrit avec étonnement que l'elfe était toujours dans sa cage et qu'en réalité les stirlanders s'entretuaient. La description exacte serait plutôt que des villageois, sans doute devenus fous pour une quelconque mauvaise raison, étaient en train d'assassiner les soldats de métiers de l'électeur tandis que d'autres se faisaient bousculer par la foule encore sainte d'esprit mais paniquée. Ne sachant aucunement la raison de cet événement terrible le paysan ouvrit bêtement la bouche et s'apitoya un instant sur son sort qui ne faisait qu'empirer. Mais un bruit sourd venant de la chambre de sa mère le ramena aux événements récents et il se précipita vers le bruit tout en se demandant si la nouvelle allait être bonne ou non. Le plancher craquait sous ses pas tandis que l'éleveur avançait avec une certaine angoisse mêlée d'un soupçon d'espoir vers la pièce où reposait la malade.

"Vous allez bien mère? Que... Ce n'est pas possible..."

Une légère brume semblait occuper la pièce dans les coins mais Ludwig en n'était pas vraiment sûr car toute sa réflexion était occupé à deviner par quel miracle sa mère était à quatre pattes à côté de son couchage. Passé la surprise première de voir sa mère active venait le temps des réflexions.

*Mère se réveille et ça commence à se battre en bas... Coïncidence troublante.*

Ludwig avait une forte envie d'aider sa mère et de la serrer dans ses bras mais une sensation étrange de danger mêlée à sa réflexion précédente l'empêchait de se précipiter et il resta donc à une certaine distance, prêt à faire ce que sa mère lui demanderait.
Modifié en dernier par [MJ] Wargut le 24 juin 2011, 11:12, modifié 1 fois.
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