À ces mots de l’elfe, le silence se fit dans la salle. C’était pour la majorité des gens une des pires stupidités jamais entendues ici, un elfe c’est un elfe, et pour le coup, celui-ci ressemblait bel et bien à un elfe tout ce qu’il y avait de plus… elfique. Certains parmi les plus informés comprenaient la différence qu’exprimait l’Asur, mais n’avait pas la moindre preuve de ce que ce dernier avançait, se contentant comme toujours de sa morgue endémique, à sa race mourante. Oui les Hauts elfes et leur héritage n’avaient plus grand-chose à voir avec celui des asraï, les elfes sylvains, ou même celui de leurs sombres cousins, mais au moins ces derniers n’étaient pas en train de s’éteindre. Alors Calen faisait ce que son peuple avait toujours fait, cacher la vérité d’une douleur pulsante derrière un masque d’assurance, de confiance à toute épreuve, frisant voire se réfugiant dans l’arrogance.
Et cela marcha étonnamment bien*, Pas auprès des villageois classiques bien sûr, mais la vieille dame se pencha en avant et croisa les mains à la mention de ce « froid » entre les habitants de la forêt de Laurelorn et les marins expérimentés d’Ulthuan. En effet, c’était là une rumeur persistante, fondée à vrai dire sur des faits réels, qui prétendait que la seule chose qui avait empêché le noble et puissant Comte Électeur Gausser de soumettre une bonne fois pour toute ces foutus arbres était une lettre venue de Marienburg, de la cité où se trouvait le plus importants des quartiers appartenant à des elfes. Une lettre où suintait la menace d’une intervention des osts argentés du Roi Phénix, ou au moins d’une expédition dirigée par l’exarch. Voilà qui était bon à savoir.
Bien sûr les personnes présentes, dont Calen, ignoraient tout de ce raisonnement tortueux et complexe. En fait, il était surtout concentré sur deux idées: survivre à la barbarie infantile des humains et leur taire son véritable objectif. Ça et le fait que la rouquine avait l’air particulièrement remontée et que plus le temps passait, moins sa remarque à propos de la pique lui semblait être teinte d’humour et plus il songeait à la prendre à un premier degré des plus déplaisant. Néanmoins, cette communauté ne semblait pas régie par la loi du plus nombreux mais par cette vieille dame très intéressée. Ce fut d’ailleurs cette dernière qui leva la main pour imposer le silence:
- « Voilà qui est intéressant elfe, tu dis donc être en froid avec les sylvains. Une chance pour toi que tu sois tombé sur nous et pas sur eux alors. Néanmoins, rien ne nous prouve ce que tu avances, si ce n’est ton arme étrange, tu comprendras donc que l’on te garde sous étroite surveillance, le temps que tu rembourses cette pauvre communauté et que nous portions cette affaire devant un représentant de Gausser. Alpaïde, je te le laisse, si il essaye de fuir ou de rejoindre ces foutus baiseurs d’arbres, tu peux le descendre.» |