[MJ] assistant Catuvolcos
À la question du jeune homme, le regard du caporal se fit moins appuyé, prenant un air un brin solennel il lui répondit :
- Bah, déjà tu vas vite te rendre compte que l’on n’est pas une unité versée sur les armures lourdes. Nous, notre truc c'est la fulgurance, le choc. Ah, et en ce qui concerne les recrues il y en a tellement qui meurent si vite que le bataillon ne peut pas gâcher de bonnes pièces d’armure… Bon allons-y.
Les trois soldats se levèrent, le caporal les dirigea vers le fond du réfectoire, parla quelques instants avec un cuisinier qui partit et revint quelques instants plus tard avec d'étranges rectangles de cuir. Ogrek en donna un à Edkar.
- Tiens, voilà pour toi. Ration du Nordland. Vingt-quatre heures d’efficacité chacune ! Haha ! Bon, moi je vous laisse ; rendez-vous devant la place dans quinze minutes et, Basil, montre-lui les couchages.
Edkar n’eut pas le temps de voir ces dites quinze minutes passer, après une rapide visite de la chambrée - une pièce tout en longueur où s’alignaient de multiples lits ainsi que des armoires pour les affaires personnelles -, le jeune soldat eut droit à son lit tout au fond de la pièce.
- Ah, tu vois, Edkar, c’était le couchage d'Ernst. Ce sacré bougre c'est fait trancher tout le tronc mais a quand même trouvé le moyen de tuer son homme-bête avant de rejoindre Mòrr… Bon, un brin de toilette et ce sera l’heure.
Comme deux bons soldats, les deux hommes furent les premiers rassemblés en attente de leurs supérieurs. Le caporal arriva peu de temps après suivi de près par le sergent.
Le sergent Strauss portait son ensemble de cuir, une très longue et étrange lame recourbée dépassait de son dos et il y avait, sur plusieurs parties de son corps, des étuis qui avaient l’air de contenir différentes sortes de lames plus affûtées les unes que les autres.
Le caporal Ogrek, lui, portait une sorte d’armure avec, par endroit, comme des sortes d’écailles ternes et de plaques noircies. Un bouclier d’acier rectangulaire ainsi qu’un marteau pendaient à son flanc.
Basil, quant à lui, portait son vêtement rembourré ainsi que la même lance qu’Edkar mais avait un bouclier de meilleure facture.
Strauss inspecta rapidement tout le monde puis lança, sans autre forme :
- Allez, on me suit !
En traversant dans les allées tortueuses de la ville, il n’y avait pas de foule rassemblée pour eux, pas de manifestation de joie, pas de jolies filles apportant des bouquets de fleurs ; non, c’était juste quatre hommes armés à l’air louche ayant envie d’en découdre. Le peuple se pressait de les laisser passer et c’est sans encombre qu’ils purent traverser la ville jusqu’à la porte Est, et c’est à cette dite porte que semblait attendre un groupe d’hommes.
Un grand homme à l’air de sauvage se détacha du groupe. Edkar put reconnaître Turgis. Il vint saluer les quatre soldats et fit un bref clin d’œil à la nouvelle recrue. Comme si tout avait été prévu, le groupe de chasseurs de Turgis d’une dizaine de membres se mit en route suivi par l’équipe du Sergent. Mais, au lieu de prendre par la route, le groupe s’enfonça directement à travers bois dans l’épaisse Forêts des ombres.
Tout semblait suspect, les arbres à l’aspect lugubre paraissaient observer les hommes. C’est dans cette ambiance silencieuse et austère que le Sergent, alors à l’avant avec Turgis, vint vers ses hommes qui fermaient la marche.
Quand il se mit à parler, se fut d’une voix basse comme s'il ne voulait pas que la forêt l’entende.
- Je vais vous expliquer rapidement le plan d’action de la journée comme nous n’avions pas le temps d’en parler ce matin. Avec les chasseurs, nous avons été envoyés en avant-garde. Pour nous c’est donc direction Huven où le gros du bataillon, ainsi que d'unité nordlandaise, devrait nous rejoindre d’ici plusieurs jours. Si tout se passe bien, on sera au village d'ici au lendemain.
L’après-midi se déroula sans encombre hormis une pluie diluvienne qui vint s’abattre pour le reste de la journée trempant toute la compagnie jusque aux os. La visibilité était fortement réduite et chasseurs et soldats en vinrent à progresser en formation plus groupée. Edkar put apercevoir que l’humeur était au beau fixe, ni son équipe, ni les hommes des bois n’avaient l’air de subir la météo. Les visages étaient stoïques et concentrés. Alors que la journée touchait à sa fin, Turgis mena le groupe jusqu’à une sorte de grotte perdue au milieu de nulle part.
Voyant le regard dubitatif du Sergent, il eut vite fait de le rassurer :
- Ne t’en fais pas, Strauss, je connais le coin. Il y avait un ours qui vivait ici depuis longtemps mais, depuis plusieurs semaines, il semble comme volatilisé et, de toute façon, ce lieu est bien plus facilement défendable qu’un bivouac classique.
Les hommes s’enfoncèrent dans la grotte qui n’était, en fait, pas si grande, mais où une horrible odeur de cadavre régnait encore. Des ossements de différentes espèces animales jonchaient le sol un peu partout. Rapidement, le repas fut pris et les tours de garde attribués. Edkar, fourbu par cette journée de marche, en profita pour s’endormir rapidement profitant de ces quelques heures de sommeil avant sa garde à l’avant de la grotte. Malheureusement pour lui, il eut l’impression qu’il ne dormait que depuis quinze minutes lorsque une main se posa lourdement sur lui. C’était un jeune chasseur, les cheveux blonds coupés très court. Il avait l’air inquiet. Il eut juste le temps de dire ces deux mots : ils arrivent ! que, déjà, les voix portantes de Strauss et Turgis se mirent à résonner dans toute la caverne :
Rassemblement ! Rassemblement ! se répercutait dans les oreilles des hommes.