Il n'y eut qu'un son mât en réponse à l'attaque de Martin. Puis, la résistance rencontrée par la pointe de l'épée céda immédiatement et la lame s'enfonça comme dans du beurre, jusqu'à la garde. Le chasseur put sentir une étrange force pulser dans le corps du démoniste. Tout doucement, les pulsations s'espacèrent jusqu'à disparaître. Le corps perdit alors toute sa rigidité et ne fut plus qu'un poids mort sur ses bras. La capuche noire bascula en arrière et ne dévoila rien d'autre qu'une flammèche verdâtre qui disparut aussitôt en volute. Peu à peu, une tête et un visage se matérialisèrent là où quelques instants plus tôt, il n'y avait rien. Les yeux étaient clos, les traits sereins, les lèvres entrouvertes, le teint blême. S'il ne s'était pas agi du visage d'un mort, on aurait pu y voir de la beauté.Test sous HAB (10) >> 6 (réussite)
Martin soutenait la tête du gisant d'une main alors que l'autre tenait toujours le pommeau de l'épée des von Austrog ; il réalisa alors qu'il venait de mettre un terme définitif à une longue série de funestes événements.
Il sursauta quand la main d'Alcaas se posa sur son épaule.
- Tu as bien œuvré... humain.
La voix de l'Elfe était plus amicale et prévenante que jamais. On sentait qu'il souhaitait réellement réconforter celui qui, par la force des choses, était devenu un compagnon d'arme.
- Occupons-nous de ton Duc, maintenant.
Borric von Austrog devait souffrir le martyre à en juger par l'état de sa jambe gauche mais sa force de caractère depuis peu retrouvée lui interdisait de hurler sa douleur. Les mâchoires crispées et les dents serrées, le front ruisselant de sueur, il regardait l'acide continuer de ronger ses muscles jusqu'à l'os. Les dégâts semblaient irréversibles. La jambe du Duc n'était plus qu'un amas informe et sanguinolent. Tremblant de tout son corps, ne sachant où poser ses mains pour arrêter l'hémorragie, il luttait pour ne pas perdre connaissance. Dans un effort surhumain, il ordonna :
- Trou-vez Ly-am... Je n'i-rai p-pas bien loin.
Un appel remonta alors depuis la clairière en contrebas, les voix semblaient provenir de l'ouverture dans le sol.
- Père !
- Lyam !?
- Père, je suis là !
- Lyam...
Le soulagement d'entendre la voix de son aîné sain et sauf soulagea tant le Duc Borric qu'il s'abandonna et sombra, laissant son buste et sa tête basculer en arrière dans l'herbe.
- Père ? Père !