[Morwen Nidariel & Piero Orson] Quand les Hommes redeviendront des Bêtes

La province du Nordland est peu peuplée et ses régiments passent l'essentiel de leur temps à patrouiller le long des côtes pour les protéger des pillards du nord. Le Comte Electeur Theodric Gausser siège à Salzenmund.

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[MJ] Le Djinn
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Re: [Morwen Nidariel & Piero Orson] Quand les Hommes redeviendront des Bêtes

Message par [MJ] Le Djinn »

Pendant que les différents membres du convoi s'entre-regardaient et essayaient de définir un bon endroit où partir, Boerich plaça le corps du jeune Karl dans une alvéole de terre un peu plus loin. Ce n'était pas une sépulture décente, mais en l'état c'était le mieux qu'il pouvait faire. Il y aurait toujours le temps d'aller le chercher plus tard. Une larme dévala sa joue droite alors qu'il se relevait, presque invisible pourtant à la faible lumière des torches.
Image-"Alors va pour la Clairière Rouge. Quand on y sera je vous demanderai à tous la plus grande prudence: les carexsangues vous attraperont s'ils le peuvent."
Sans plus de cérémonie, le branle-bas de combat fût déclenché. Il était plus que temps d'ailleurs: le sol tremblait déjà sous les foulées des Sabots-Fourchus et ce n'était qu'une question de temps avant que la trappe ne soit découverte. Ensuite… Il n'y aurait plus qu'à espérer que plaque et son verrou soient solides.
La traversée du tunnel fût des plus inintéressante: un simple assemblage de terre, d'étais et de racines qui soutenaient le tout, sans logique apparente. Sans connaissance préalable du lieu il y avait un fort risque d'errer pendant des heures et des heures. Heureusement, en trappeur avisé, Boerich n'était pas un ignorant. Une cinquantaine de minutes lui suffirent pour retrouver à la fois son chemin et la sortie, juste là où il l'attendait. Quelque chose le chagrinait néanmoins, alors qu'on lui éclairait les murs.

Image-"Étrange. Il n'y avait pas autant de racines la dernière fois..."
Sur le même mécanisme qu'à leur entrée, une trappe au plafond à laquelle était accrochée un escalier boueux menait à la surface. Les membres du convoi comme nos aventuriers grimpèrent les uns après les autres, souvent très impatients de rejoindre la liberté et l'air frais. Mais ce n'était pas une bouffée d'oxygène qui les attendait. Boerich lui-même poussa un juron accablé en découvrant le triste spectacle: un mur de ronces et d'épines large d'au moins six mètres encerclait la Clairière Rouge, à présent réduite à un petit cercle malmené de quatre mètres de rayon sur lequel les voyageurs avaient du mal à tenir ensemble. Il ne fallut pas longtemps au trappeur pour expliquer qu'en temps normal le lieu était au moins deux fois plus large et les carexsangues d'autant moins épais.
Plus inquiétant encore: une courte observation laissa entrevoir qu'au milieu des buissons de bois bruns et d'herbes rouges apparaissaient de nombreux cadavres, très nombreux. Des figures parfois bestiales ou chaotiques mais très souvent humaines: des humains en armures, en tenue de miliciens, des soldats et des mercenaires. Les corps n'étaient même pas si décomposés, mais plutôt momifiés, complètement desséchés, comme si on les avait vidé de tout leur sang jusqu'à la dernière goutte. Des mains implorantes pointaient vers le ciel ou le centre de la clairière, des armes sales et couvertes de sang séché trainaient un peu partout. Des chevaux, également, émergeaient ça et là. Un frisson d'horreur parcourut l'assistance.

Jet d'INT de Morwen puis Piero: 17 et 20.
Nul bruit pour troubler le calme absolu du lieu, aucun oiseau, aucun petit rongeur, rien. Même les arbres autours semblaient fatigués et terrifiés, à la façon dont les troncs avaient poussés pour s'éloigner des plantes tueuses. Ludwig, habituellement si silencieux, s'avança par petits pas jusqu'à la plante. Arrivé à moins d'un mètre, le buisson sembla comme vibrer et quelques branches se déplacèrent dans sa direction. Prenant une grande inspiration, il demanda simplement à Piero et Boerich de le tenir, au cas où la plante le saisirait. La chose faite, le garde, qui devait posséder du sang du Nord, se pencha pour observer les cadavres, se levant parfois sur la pointe des pieds ou au contraire se baissant. L'inspection faite il se prononça d'une voix pesante aux accents du Kislev:
Image-"Les tabards gris et blancs avec des pointes de rouges là ce sont des wissenlanders. Les types en bleu et jaunes ils sont locaux, c'est des troupes du Nordland, on le voit aussi à leurs armures moins clinquantes. Et les chevaliers ici et là ils m'ont tout l'air d'être des chevaliers de l'Ordre de l'Ours Noir. La bannière noire et rouge avec la patte d'ours c'est typique. J'ai combattu avec eux y'a dix ans à peu près, ils étaient bons, très bons. Cette plante doit être une sacrée saloperie pour les avoir tous butés comme ça."
Un des voyageurs, accompagné avec entrain par une donzelle, lâchèrent là leur estomac. Boerich, très nerveux, observait ce charnier à ciel ouvert avec appréhension. Mais que restait-il à faire pour les fuyards? Revenir sur ses pas et prendre un nouvel endroit? Essayer de ramasser un peu de matériel entre les corps peut-être? Essayer de tirer la situation plus au clair?
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Morwen Nidariel
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Re: [Morwen Nidariel & Piero Orson] Quand les Hommes redeviendront des Bêtes

Message par Morwen Nidariel »

C’était une tapisserie moins macabre qu’elle en avait l’air. La chair exsangue se mêlait aux épines et aux feuilles comme les restes d’un moucheron vidé dans le cocon de l’araignée ; mais c’était dans la nature de l’araignée de vivre de ses proies, et dans celle du moucheron de mourir dans sa toile. Pour Morwen, un tel spectacle pour saisissant qu’il pouvait être n’avait rien de si inquiétant. Il n’était qu’une des nombreuses expressions des dangers qui rôdaient dans les forêts du monde, non moins naturels que les sylves elles-mêmes, et auxquels les humains avaient fait le choix de se soumettre.

Un moment elle repensa, l’esprit ailleurs, à la fable qu’elle leur avait racontée la veille. Le conte de lorsque la terre n’était que plate et nue pour la race des hommes et que les elfes leur avaient apporté la grâce des bois sauvages ; il existait peut-être une vie alternative, ailleurs et en un autre temps, où ils n’étaient pas les proies ingénues de tout ce qui appartenait au règne de la chasse. Peut-être.
Elle en doutait tout de même fortement.

L’Asrai s’assit à distance respectable des fourrés, ignorant les réactions de répugnance qui arrachaient à certains tripes et boyaux. Ses doigts pâles se tachèrent d’herbes lorsqu’elle les glissa dans l’humus gras de ce qu’il restait de la clairière, les jambes repliées comme si elle avait décidé d’y camper. Les tresses filées d’anneaux en bois poli faisaient comme un rideau à ses yeux déjà fermés et, un souffle discret après l’autre, l’elfe prenait le temps de s’accorder et de s’ouvrir au discours de la forêt.

Ou du moins, à celui du mortel barrage de ronces et de lianes qui avait happé les malheureux éparpillés autour du petit groupe.

Depuis toujours.
Elle était ancienne. Plus que les animaux qu’elle abritait, plus que les humains qui la visitaient parfois. Bien plus que Morwen également, à une échelle que la guerrière à l’esprit libre avait du mal à imaginer.
Nous existons depuis toujours. Nous grandissons sur le terreau de ceux qui pourrissent.
Ainsi qu’il en était de tout ce qui croissait sous le soleil. Mais la carexsangue faisait davantage que se repaître de la mort des autres pour perdurer : elle provoquait ce trépas. Elle forçait sa chance. La raison, bien que inhabituelle, en était claire.
Faim. Nous avons faim.
Une fringale atroce. Les pensées – ou ce qui s’en rapprochait – de la plante s’infiltraient lentement dans celles de l’Asrai à la manière d’une sève poisseuse qu’on aurait vainement tenté de retenir avec les doigts. Tous les chasseurs tuaient pour se nourrir, mais la faim de celle-ci était poussée à des proportions que seule la folie savait accepter : rien n’aurait su la combler. Ni Ludwig, dont le manète observateur aiguisait l’appétit des fourrés faussement immobiles, ni la totalité de leur troupe, ni même la harde qui devait rôder à quelques milles de là. Son avidité pour la chair l’avait rendue démente – elle ne pensait plus guère qu’à ça. Qu’à la pulpe âcre sous la peau, si aisément percée et broyée par les épines. Qu’au sang qui y circulait si mystérieusement, chaud, abondant une fois la créature comprimée entre ses rameaux.
Nous avons faim !

Dans un sursaut de lucidité, l’elfe prit conscience que la carexsangue s’était rendue compte de la communication qui s’était établie entre elles : elle n’exprimait que de l’incompréhension devant ses questions informelles. Elle ne manifestait, à la surprise de Morwen, rien de ce qui faisait le discours des arbres et des herbes de la vieille Loren ou d’ailleurs. L’attrait pour la douceur du soleil, la saveur des profondeurs minérales de la terre, le rafraîchissement des cours d’eau sur leurs racines et de la pluie sur leurs feuilles. Rien de tout ceci n’apportait d’écho satisfait chez le végétal carnassier : elle ne pensait qu’aux mammifères à vider.
Les os des petits oiseaux craquent trop vite. Rien que des plumes et de l’air.
Elle voyait leurs osselets, minuscules, éparpillés entre les plus fines branches du mur de verdure.
Les daims, les renards, les lapins. Ils meurent si vite.
Ici ou là, un crâne décharné au sommet d’un squelette brisé. Les orbites vides d’un cerf fixaient l’elfe comme s’il lui demandait de l’en extirper.
Mais les humains… et vous…

L’amour que la carexsangue lui portait était mortel. Elle percevait l’invitation de la plante, à s’approcher, à la toucher. A la laisser l’enlacer : c’était le même genre d’appel, en infiniment moins sensuel et subtil, que celui des dryades à l’égard des visiteurs imprudents. Cependant il avait la même finalité, et se soldait par le trépas de ceux pas assez sages pour l’ignorer.

Elle rouvrit ses paupières d’un seul coup pour recouvrer totalement ses sens et fermer ses oreilles au discours dément qui provenait des buissons. Morwen se releva souplement, un sourire narquois refroidissant son visage. Elle jeta un regard à ses voisins, ceux qui avaient prêté attention à son manège ; la lueur de défi qui habitait ses yeux noirs était équivoque.

« Prenez le temps de vous reposer quelques instants, on va repartir. » Elle eut un moment de silence en observant les enfants. Sa pitié était soigneusement déguisée derrière un masque d’humour insensible. « Mais d’abord il y a quelque chose à tirer de ces fourrés… On n’est pas arrivé jusqu’ici pour rien ! »

Les anciens de son peuple auraient reconnu dans son initiative un reflet de la petite fille imprudente qu’elle avait été naguère. L’elfe s’approcha des ramures qui frémissaient imperceptiblement, le dos voûté comme celui d’un félin en approche de sa proie. C’était toujours le même jeu. A celui – ou celle – qui serait le plus vif ou le plus rusé. Son bras se tendit soudain à travers les profondeurs du buisson, pâle éclair de peau cinglée de bleu, et elle accrocha le revers d’une veste aux mailles cliquetantes à moitié arrachée à son défunt porteur. Mais la carexsangue n’attendait que cela ; des vrilles d’un vert trop vif pour être inoffensif s’agitèrent et enserrèrent son avant-bras, l’emprisonnant à mi-chemin alors que l’Asrai tentait de se dégageait avec une grimace de contrariété. Ses lèvres laissèrent résonner un sifflement de douleur lorsque des épines acérées s’y enfoncèrent soudain comme les griffes d’un fauve, et la scène arracha des cris d’orfraie aux plus petits.
Morwen se sentit happée plus en avant, un filet rosâtre dévalant sur ses doigts crispés. Elle piétina dans l’herbe grasse, s’arqua en arrière pour tenter de se soustraire à la prise qui l’attirait ; et au moment où elle croyait basculer, une paire de bras vint lui enserrer la taille. Après plusieurs moments de flottement elle finit par retomber en arrière avec une exclamation de surprise, la cotte de mailles serrées contre sa poitrine et des cheveux roux éparpillés sur son visage. Au-dessus d’elle se tenait un Piero qui, la première stupéfaction passée, venait de la secourir.

Elle lui tendit la veste métallique avec un rictus douloureux, des gouttelettes claires tombant près de sa joue.

« Nous sommes quittes. »
Image @par Pierre Huot
Morwen Nidariel, Voie du Danseur de Guerre
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* : Bottes du voyageur + Peinture de vivacité
** : Tatouage de Loec

Score d'esquive de base :
16 (Hab) + 2 (Tatouage de Loec) + 1 (Aspect du serpent) + 2 (Acrobatie de combat, Danse de Morrslieb) = 21

Compétences de combat :
Arme de prédilection (lance)
Bravade
Danse des ombres

Arme :
Lance à deux mains : Rapide (-2 Parade/Esquive), Longue (-2 Attaque), 25 + 1D8 dégâts, 10 Parade




Image
« Le jour où tout sera fini, où j'aurai payé toutes mes dettes et où j'aurai gagné leur confiance, je pourrai enfin rentrer... »

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Piero Orsone
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Re: [Morwen Nidariel & Piero Orson] Quand les Hommes redeviendront des Bêtes

Message par Piero Orsone »

Par toutes les putains de Tilée...C'était affreux à voir. Le suderon sentit son estomac se nouer comme un cordage sartosien en voyant les carcasses momifiées dans la neige et la végétation contrefaite. Quand on disait de bouffer les pissenlits par la racine, on ne pensait jamais que parfois c'est les pissenlits qui nous bouffent.
Les civils se mirent à gerber, si il n'avait pas dû ramper sous les potences de Myrmidens pour fuir une douzaine de reîtres, l'aventurier aurait fait de même.
Il écouta les paroles du garde. Bon d'accord, Ludwig était pas juste une brute à épée louée par une bourgeoise. C'était clairement un gars habile. Et ceux qui servaient de compost, c'était des impériaux, des putains de chevaliers. Et après on demande à une elfe, un chasseur, un malfrat et une palanquée de civils de survivre dans cette saloperie de bondieuserie de forêt ?!
Bah si on était pas dans la merde avant, cette fois on avait niqué ses bottes.

Son premier instinct était de déguerpir d'ici, par les tunnels, les bois ou par les airs, peut importe tant qu'il n'y a pas de plantes suceuses de sang autour. Va tuer une plante avec un pistolet et un sabre...D'ailleurs ça, pas con. L'Estalo-tiléen rechargea son arme. Si jamais il voyait la trogne hideuse d'un homme-bête au dessus d'un fourré, bam.
Cependant une fois son arme chargé, il tourna la tête, Morouène s'était allongée, comme un chat de gouttière, à même la neige. Qu'est ce qu'elle foutait...
Et là il l'a vit se débattre, la gueule sous les buissons carnassiers.
Lâchant un juron impliquant la génitrice des carexsangues il se jeta à genoux pour attraper l'elfe avant qu'elle ne se fasse happer. Il passa ses bras autour de sa taille, se collant à elle comme si il voulait lui renifler les reins et il tira, tira jusqu'à finir le cul par terre et Morouène sur lui. Elle avait fait ça pour une armure...Bon sang. Son palpitant frappait contre ses côtes comme si il voulait se barrer.

« Nous sommes quittes. »

Il ne répondit pas de suite. On avait déjà perdu un con de cocher, le p'tit karl. Il ne laisserait pas mourir l'Asrai.
Piero Orsone da Trantio, explorateur
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"Ma qué ?!"

Tu vuo' fa' ll'americano
mericano, mericano...
ma si' nato in Italy !

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[MJ] Le Djinn
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Re: [Morwen Nidariel & Piero Orson] Quand les Hommes redeviendront des Bêtes

Message par [MJ] Le Djinn »

La stupéfaction passée, il était devenu clair au duo, ainsi qu'à toute la troupe, que rester là n'était pas vraiment l'idée du siècle. Certes le carexsangue les protégerait avantageusement des menaces extérieures, mais quelle intérêt si elle était devenue suffisamment énorme pour s'en prendre à ses invités centraux? En tout cas mieux valait ne pas s'attarder et c'est sur l'impulsion de Boerich que tout le monde redescendit dans le tunnel, non sans jeter un dernier regard en arrière. Piero, dorénavant vêtu de sa belle cotte de maille qui ne manquerait pas à son précédent possesseur, tira d'ailleurs un coup en l'air avant de s'engouffrer à son tour dans le tunnel. Les regards interrogatifs et désapprobateurs sur sa personne cessèrent bien vite après une courte explication: en tirant là il indiquerait sa position aux hommes-bêtes, qui se retrouveraient donc à les chercher au mauvais endroit. Avec un peu de chance certains iraient se perdre dans les buissons sanglants, histoire de devoir de devenir de l'engrais. Boerich n'y croyait pas tellement cela dit, les monstres des bois devaient connaître ces plantes voraces depuis longtemps: ils ne seraient pas nombreux à tomber entre ses épines.

La destination suivante serait donc le temple d'Ulric perdu dans les bois. Ludwig, sa patronne ainsi que les autres membres du convoi ne paraissaient pas très chauds à cette idée, mais quelle alternative avaient-ils? L'autre possibilité était Ordafen, un village qui risquait de ne pas constituer une protection suffisante sir les Sabots-Fourchus revenaient en force. Qu'avait-il à perdre alors à s'installer dans une ruine où les bêtes n'avaient jamais mis les pieds? Rien.
Pour autant il y avait des interrogations, toujours plus forte alors que le chasseur vétéran menait cet équipage à travers les boyaux du Nordland. Si les chaotiques ne s'y étaient pas installés c''est qu'il y avait une raison. Laquelle? Est-ce que la puissance d'Ulric était si forte qu'elle suffisait à les repousser ou est-ce que le temple était devenu la tanière d'une créature encore plus terrible?

Pourtant, le premier coup d'œil à la lumière du soleil couchant ne montrait rien de particulièrement terrifiant au contraire. C'était un ancien bâtiment de pierre, assez grand à sa belle époque. Le plafond s'était effondré par endroits et la mousse comme le lierre avaient conquis le domaine, transformant ce palais de civilisation en une annexe de la nature, aussi banal qu'une grotte quelconque. Les murs transpiraient encore la sainteté alors que des statues du Père de l'Hiver et de ses loups favoris trônaient dans les alcôves, agrippées par des plantes grimpantes. Ca et là des livres rendus illisibles par l'humidité jonchaient le sol, à côtés d'effets personnels d'un autre temps et d'objets religieux aux couleurs ternies par les âges. La visibilité étant bonne, l'observateur remarquait rapidement que nulle âme n'habitait plus ce lieu. Quelques mulots et écureuils s'enfuirent en entendant la trappe de fer s'ouvrir à côté de l'autel et en voyant émerger les silhouettes humaines, mais rien de plus. Presque radieux, Boerich lança:


Image-"Installons-nous! J'ai quelques rations pour ce soir et si on utilise ces pierres nous pourrons nous faire un campement défendable. N'abusons pas des lumières cela dit."

Et ainsi fût fait. Des couches rudimentaires amenées par Ludwig et d'autres membres du convoi permettraient à quelques chanceux de ne pas dormir par terre. Après la montée d'adrénaline de la découverte, l''observation des lieux se fit plus juste, plus calme, plus sensée. En réalité le lieu dégageait un chagrin mystique, une tristesse qui s'échappait entre les gouttes d'eau coulant des vieilles pierres, dans l'abaissement des plantes, dans la poussière qui flottait paresseusement à la lumière du faible brasier. Même les statues aux yeux creux paraissaient malheureuses, leurs pupilles vides baissées vers le sol, non pas comme des entités rédemptrices jugeant les hommes, mais comme des hommes penauds devant leur faute.
On parlait bien peu, autant à cause des événements du jour que du lieu. La fatigue du combat gagnait les corps non-habitués maintenant que la sécurité était garantie. Boerich proposait d'explorer rapidement les environs de nuit pour repérer d'éventuelles menaces nocturnes, Ludwig au contraire voulait créer de véritables barricades avec le bois mort trouvé au sol. A voir ce que désiraient faire le nouveau duo.




Image
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Re: [Morwen Nidariel & Piero Orson] Quand les Hommes redeviendront des Bêtes

Message par Morwen Nidariel »

D'entre tous les lieux sacrés de la forêt il avait fallu que ce fût un temple pour les accueillir. Un temple, humain, abandonné depuis des lustres comme un tas de pierres enserré par les racines envahissantes et les feuilles volages arrachées par les vents d'automne. De ses ventaux dessinés dans la nef enténébrée se glissaient de doux rayons de lune, curieux des choses façonnées par la main de l'homme. Curieux des autels poussiéreux, silencieux, où plus aucune litanie ne résonnait à la gloire d'Ulric ; curieux de ces reliefs et statues, rendus plus granuleux qu'ils n'auraient du à cause des intempéries et des dents aigues du froid. La clarté des astres, largement filtrée par l'édifice, allongeait dans chaque recoin des ombres que l'imagination de l'elfe transformait pendant quelques secondes en jouets animés. Ces fantasmes ne duraient pas, car sa vue perçait finalement l'obscurité et elle s'adaptait sans plus de mal à la pénombre qui aveuglait ses compagnons.

Morwen se piqua de déambuler sous la haute voûte de roche taillée tandis que Ludwig et Boerich s'entretenaient sur la meilleure marche à suivre. Son oreille distraite surprit l'avis du trappeur, qui évoquait son désir de reconnaître les environs : elle reconnaissait bien là la sagesse d'un homme des bois et ne pouvait qu'être d'accord. Se terrer au fond de son trou et dresser des barricades de fortune, c'était bien un comportement de proie. Tandis qu'apprendre son environnement, évoluer avec discrétion, guetter l'opportunité et finalement la saisir ! C'était une voie de chasseurs.
La voie de son peuple.
Déjà convaincue, elle les laissa débattre tout en passant entre les piliers éraflés du sanctuaire. De la mousse avait commencé à pousser dans les sillons humides, couleur fauve sous le reflet des flammes timides que le groupe venait d'allumer dans un creux du sol de dalles.

Oubliés, les hommes-bêtes aux brames menacants. Oublié le sang fumant dans la neige. Son esprit d'elfe s'attardait sur l'atmosphère peinée du lieu, délaissé de ses adorateurs et du faste sévère qu'affectionnait le clergé du dieu-loup. Une telle ambiance de pierre et de dévotion défuntes, baignée dans la trouble lumière d'une nuit étoilée, trouvait grâce à ses veux de guerrière poète. Des courants d'air glacés mais ténus s'infiltraient par les fenêtres brisées, rappelant à tous que l'hiver n'oubliait rien ni personne. Les épaules drapées sous sa pelisse aux couleurs automnales l'Asrai frémit, l'extrémité de sa lance tintant contre le sol comme elle marquait une pause.
N'étaient-ils pas misérables ? Les corps frissonnants des humains, adultes et enfants, profilaient de dansantes silhouettes à l'opposé du brasier enterré. Elle pouvait déceler d'ici la détresse qui émanait de certains, coupés de leurs précieuses villes et de leurs certitudes ingénues, intérieurement prostrés dans le rôle douloureux de tendre gibier. Elle-même avait eu à subir cette situation, plus de fois qu'il n'était agréable de s'en rappeler : mais les épreuves avaient forgé sa volonté et sa rancune. Elles lui avaient donné un terreau fertile, acide et amer, d'où avait germé sa personnalité mature. Comment ne pas mépriser ceux qui, selon toute vraisemblance, n'étaient pas capables du même pas en avant ?

Oh oui, elle voulait les mépriser. Avec force. Son dédain lui brûlait presque le bout de la langue.

Pourtant, au fond d'elle, Morwen sentait bien un soupçon de compassion. D'où il provenait, elle aurait bien été en peine de le dire. Peut-être était-ce l'influence d'Ariel, la reine intemporelle des Asrai, qui n'était aujourd'hui plus si vindicative qu'à son époque - à un point tel qu'elle ne l'aurait quasiment pas reconnue. Peut-étre Athel Loren, à laquelle étaient liés tous les Asrais quelles que fussent leurs allégeances, n'était-elle plus si hargneuse qu'au temps de sa naissance.

Ou peut-être, simplement, la sylvaine se rendait-elle compte que les humains étaient davantage que les animaux qu'on lui avait appris à chasser par plaisir. Ils ne se laissaient pas faire tant qu'elle l'avait cru, même face à des puissances dont la profondeur et l'origine les dépassaient. Ils pleuraient et riaient avec la même force que les gens de son peuple.
Quoique pas pour les mêmes causes.
Lentement, à çontre-ceur, elle se rendait compte que ce qui les séparait ne relevait parfois que de la différence, et non de la supériorité.

C'est avec une expression adoucie qu'elle revint vers le halo de clarté, autour duquel un cercle irrégulier venait de se former. Elle s'y assit comme à son habitude, sur les talons, et ôta de ses épaules la bandoulière de sa large gibecière. Une expression mutine, le vestige espiègle de la petite fée qu'elle avait été, étira finement sa bouche noircie et elle farfouilla dans ses affaires en prenant soin de tenir rabaissé le capuchon du sac, de sorte qu'un certain mystère fut maintenu. Elle en retira alors, tenu entre ses doigts pâles dans les plis desquels un peu de sang avait séché, un bâtonnet de couleur cendrée.

« En des temps trės anciens existait un arbre très sage que tous appelaient... Estheranmyr. »

Sa voix chantante avait délivré ce nom avec un accent si forestier qu'il en évoquait les collines boisées les plus sauvages de Bretonnie. L'éclat qui brillait dans ses yeux n'était pas dû qu'au brasero : il était plein d'une vivacité et d'une malice toutes nouvelles, adressées d'abord aux plus jeunes du groupe si l'on en jugeait à l'attention particulière que semblait leur prêter l'Asrai.

« Il aimait à parler à toutes les créatures du monde, qui rampaient sur la terre, qui volaient dans le ciel, qui nageaient dans les rivières. Il les interpellait avec le bruissement du zéphyr dans ses branches chargées et il leur demandait des nouvelles de la terre, de la mer, et de toutes les landes inconnues et les montagnes dans le lointain. Il était avide de connaître les choses vivantes qui n'étaient ni d'écorce ni de fibre. Des choses telles que vous » ajouta-t-elle avec un sourire non feint, tendant le bâtonnet au petit garçon le plus proche. Elle l'encouragea à le prendre d'un hochement gracieux de la tête, sous la surveillance tour à tour méfiante ou fascinée de ses parents. Son expression ne tarda pas à s'assombrir - sentiment réel ou comédie liée à la narration de son conte, bien malin qui aurait pu le dire. « Mais le monde n'est pas qu'un lieu de beauté et de magie, vous l'avez constaté. On lui racontait parfois des choses atroces qui le plongeaient dans une profonde colère, car Estheranmyr était un vieil arbre déjà à cette époque et les vieux arbres comptent parmi les créatures les plus dengereuses à provoquer. L'injustice et le mal lui étaient insupportables. »

Ses yeux se voilèrent un moment comme si elle plongeait dans d'antiques souvenirs. Sa voix se fit plus distante.

« Mais que pouvait-il faire ? Il était attaché à sa terre, ses racines si profondément ancrées dans les profondeurs qu'il aurait été vain de tenter de s'en arracher. Il demanda aux choses qui marchaient de l'amener là où il pourrait punir les êtres impurs souillant le monde, mais elles avaient peur de lui et lui répondirent qu'il était trop grand pour être porté. Il demanda à tout ce qui nageait si les rivières pouvaient le transporter, mais on lui rétorqua que son bois était trop épais et imposant pour flotter. Aux oiseaux il ne demanda rien. »

Elle marqua un temps, tournant de côté son visage dont le caractère anguleux se laissait creuser par les ombres du feu. A une si chaude clarté, ses bijoux de bois poli luisaient dans des tons d'or et de bronze.

« Or donc les oiseaux lui demandèrent, pourquoi ne nous dis-tu rien ? Il leur répliqua que le vent ne pouvait rien pour lui, sinon faire bruire ses frondaisons, et certainement pas l'emmener là où l'on aurait besoin de sa force et de sa colère. Ils acquiescèrent tous, tous sauf un. Un petit faucon pèlerin, rusé et dévoué, qui vint se poser près de son coeur et lui dit ceci : le vent ne peut transporter ton bois, mais peut-être le feu le peut. »

Et l'elfe tendit la main pour reprendre son bâtonnet, qu'elle approcha des flammes. L'extrémité ne tarda pas à rougeoyer et brasiller.

« Estheranmyr était sage et il comprit ce que voulait dire le faucon. Il pria mes dieux qui commandent au ciel comme à la terre et la foudre tomba une unique fois, en plein sur son vieux ceur plein d'envie de justice. C'est par une belle nuit d'été que Estheranmyr flamba, flamba comme un petit soleil des heures durant, et un vent puissant dispersa ses cendres. Au-delà des rivières, des landes inconnues et des montagnes du lointain ; et ses cendres, parfois, se collaient en petits bâtonnets. L'on s'aperçut qu'on pouvait les brûler à nouveau, pour qu'en un lieu où l'on aurait besoin de lui le vieil arbre puisse venir protéger ceux que le mal menaçait. Parce que son nom était trop dur à prononcer pour bien des choses - des choses telles que vous » répéta l'elfe avec humour en dévisageant les enfants, « on se contenta d'appeler ces bâtonnets.. myrrhe. »

L'encens présenté au brasier s'embrasa doucement et un parfum entêtant, riche comme la robe d'un bon vin, se répandit tout autour. L'Asral le coinça alors entre deux morceaux de roche.

« Vous pourrez dormir sereinement cette nuit. Nous, » fit-elle en se désignant ainsi que Piero, Boerich et Ludwig, « et le vieil Estheranmyr veillons sur ce lieu. »
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* : Bottes du voyageur + Peinture de vivacité
** : Tatouage de Loec

Score d'esquive de base :
16 (Hab) + 2 (Tatouage de Loec) + 1 (Aspect du serpent) + 2 (Acrobatie de combat, Danse de Morrslieb) = 21

Compétences de combat :
Arme de prédilection (lance)
Bravade
Danse des ombres

Arme :
Lance à deux mains : Rapide (-2 Parade/Esquive), Longue (-2 Attaque), 25 + 1D8 dégâts, 10 Parade




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« Le jour où tout sera fini, où j'aurai payé toutes mes dettes et où j'aurai gagné leur confiance, je pourrai enfin rentrer... »

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Piero Orsone
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Re: [Morwen Nidariel & Piero Orson] Quand les Hommes redeviendront des Bêtes

Message par Piero Orsone »

Alors qu'il sortait le nez des obscures boyaux qui les avaient guidé vers l'horreur comme le salut, il regarda la bâtisse défraîchie par le temps, les plantes et les éléments. Alors c'était dans ce genre de lieux que l'on priait ce fameux Ulric ?

Il fallait comprendre, dans l'esprit de l'estalo-tiléen, la religion avait une place spécifique. Morr, car on y passe tous un jour, et dans des contrées balayées par les conflits fratricides, la vue des charretiers tout de noir vêtu, masqués, empilant les cadavres pour les envoyer dans les jardins, était chose banale.
Shallya, la Santé, la miséricorde, ça c'était les blessés, les réfugiés, les éclopés qui trainaient leurs frasques et leurs marmailles pleines de mouches sur les routes de Tilée. Ranald, vieux filou, presque comme un bon copain de bar. Il te fait gagner aux dés, pour que tu te fasses taxer ta bourse pendant que tu cuves sur le comptoir, un vrai pote en somme.
Mais surtout...Il y avait Myrmidia.
Ah ça, médire sur Myrmidia devant un suderon c'était presque pire que d'insulter sa mère. De la pire catin qui tendait sa croupe pour quatre pièces, au roi estalien devant le conseil de guerre dont chaque décision pouvait mener une armée à la mort, tout le monde pensait à la Mère du Sud. Celle qui avait donné son cœur au roi de Tylos, celle qui avait mené les survivants affamés et hagards à travers les Abaskos. C'était Myrmidia.
La première fois qu'il en avait prit conscience, il vagabondait à travers les rues de Trantio, il fuyait...Un boulanger peut être. Les détails étaient confus. Bref, il courrait, pieds nus dans la poussière, goguenard, un vrai furet. Sauf qu'en tournant à l'angle de la ruelle, il s'était jeté dans une grande rue à l'aveuglette. Et là, le gamin qu'il était s'était bouffé une cuissarde. À partir de là ses souvenirs étaient immaculés comme du papier de soie cathayen. Elle avait relevé son casque à la tylosi, dévoilant son visage sévère mais souriant encadré de longues mèches noires. C'était une prêtresse de la Guerrière, il y avait toute une procession. Elle lui avait tendu une main ganté, le relevant comme si il était pas plus lourd qu'un fagot de bois.
Il s'était décalé, scotché, et la procession continuait, les chevaliers en armure rutilante, les prêtresses guerrières, la statue de la Virginale mère de Trantio.

Et Ulric ? Une sorte de pouilleux du nord, pour des pouilleux du nord. Des loups galeux, des barbares rustres et barbus puant le sous-bois. Il avait appris dans une taverne que même les Norses priaient Ulric. Comme quoi entre brutes on se comprenait. La seule lune à laquelle il n'avait jamais hurlé c'était celle des bonnes femmes, voilà un objet de dévotion plus intéressant que la forêt, le froid et tous ces machins de peuplades pisses-vinaigres et bouffeuses de neige.

Pourtant il ne pouvait s'empêcher de faire le tour du temple en ruine, observant le savoir-faire et ce que le temps en avait fait.
Les civils s'installaient doucement, soufflaient. Boerich et le Ludwig discutaient. Le barbu voulait barricader tout ça. L'explorateur donna son approbation.
C'était comme ça après tout que les Tylosi avaient prospéré. Des bergers, des fermiers, des pauvres hères creusant le sol gras de la Tilée, à l'ombre des ruines elfiques majestueuses, s'y réfugiant dès qu'une menace approchait. Peu à peu les ruines protectrices devinrent des campements, des villes, des cités. Les Elfes, quel peuple étrange. Il regarda Mourouène, elle voulait faire un tour des environs avec le chasseur.
Il avait tant de questions sur eux. Peut être plus tard.

Tout d'abord il s'avança en direction de la famille qui s'était massé auprès du maigre feu. Il s'assit à côté, rechargeant son pistolet. Levant la tête en direction du patriarche, l'aventurier demanda ce qui les avait poussé à prendre la route en plein hiver. La réponse le déconcerta. Ils fuyaient la famine, la misère qui accablait ce Nordland déshérité. Ils partaient pour le Kislev, le Kislev ! En plein hiver ! Pourquoi pas pousser jusqu'à l'Inja...Ils avaient de la famille là bas qui pouvait les accueillir...
Comme quoi, quand les fanatiques de la Ruine avaient manqué d'éradiquer le monde ils avaient vraiment salopé le boulot. Leur assaut avait sûrement fait moins de macchabées que la famine, la misère et les colonnes de réfugiés du Middenland à Zaborata. Putain...

Après quelques politesses, il farfouilla dans sa besace, il avait une flasque d'eau-de-vie de Raganos. Dévissant le bouchon, Piero s'envoya une bonne goulée. Faut pas dire, ça fait du bien après le tête-à-tête avec les saloperies des bois.
Son regard de jais se posa sur la maîtresse à Ludwig. Il se racla la gorge et s'approcha, adoptant son ton le plus soigné.

-Excusez moi signora, ma qué faisiez vous sour la route dou Nordland ?

Vous allez rire, elle se nommait Johanna. De Magritta. Il pensa un instant à la Reine Juana de Bilbali, la célèbre, la fameuse, la sublime, promise en grandes pompes au roi, et quel roi, vous avez déjà vu sa moustache ? Louen Léoncoeur. Donc Johanna , de Magritta, pas de Bilbali, était une diplomate dans l'Empire. Du gratin, mais le genre vérénéen. Pas vénérien ça c'était maman. Qui elle était de Trantio, pas de Magritta.
Bref, la Johanna se rendait à Salzenmund, avec une escorte, dont le Ludwig. Et paf, hommes-bêtes. Puis elfe, comme quoi les surprises ça vous tombe toujours sur le coin de la gueule sans prévenir, merci Ranald.

Et là Morwen s'agenouilla, presque souriante. Quelle elferie pouvait-elle mijoter cette rouquine ?
Il esquissa un sourire et réajusta ses cheveux. Elle commença à raconter son histoire. Fascinant les gosses autant qu'elle le fascinait lui, une histoire d'arbre antique, d'avant le temps. Une histoire de terre, de vent et de feu , ça ferait une super chanson ça.

Lorsque la femme des bois alluma l'encens, l'odeur qui monta dans ses narines lui rappela les marchés de Luccini, le palais de San Pedro del Sur mais aussi Hélène. C'est fou ce qu'un parfum pouvait vous remémorer. Tant de choses que l'on croit enfouie dans un tréfonds de l'esprit pour ressortir à un moment opportun. C'est fou...

C'est presque les yeux humides qu'il se leva pour suivre Ludwig. Il fallait vérifier la moindre anfractuosité, la plus quelconque brèche par laquelle une saloperie pouvait ramper pour nous bouffer. Il avait de la bouteille ce gaillard. Et il était fort comme un bœuf de trait. Ils soulevaient des poutres épaisses comme les cuisses d'une noble afin de barrer le passage. Alors que l'impérial nouait des branches entre elles pour former un espèce de grillage, Piero le cuisina un peu. Il était loquace comme une porte de prison trantienne et il en avait connu plus d'une. Alors qu'ils achevaient leur travail de fortification, il savait tout juste qu'il était nordlander-ostlander, un sang mêlé en somme comme lui. Bâtard de deux nations. Le carnage de ses frères de route l'avait impacté. C'était jamais plaisant de voir des gens qu'on connaissait se faire éventrer par les griffes d'une créature mi ours mi chèvre et re-mi ours derrière.

Plus tard dans la nuit, alors que les civils exténués s'étaient roulés dans ce qui restait de leurs bagages pour dormir, Piero rejoignit Morwen à l'extérieur du temple, bravant le froid hivernal amplifié par l'obscurité. Sa lanterne à la ceinture et la mandoline au creux des bras.
Son haleine formait des panaches de vapeur alors qu'il replaça son foulard. Elle, elle semblait insensible au froid dans ses haillons qui laissaient voir plus que le décent de son corps fin et tatoué. Elle tenait de l'oiseau de proie, de la renarde, du fauve dans toute sa grâce, pas les lions empâtés des ménageries du Sud, non, les panthères de la jungle, merveilleuses créatures qui vous traquaient des jours durant pour fondre sur vous au moment où vous baissiez votre garde.
Ses yeux étranges se rétrécirent, le fixant comme si il jurait avec les résineux couverts d'une épaisse motte de neige. Il allait se jucher contre la pierre froide. L'elfe retourna à sa veille, scrutant les ténèbres avec l'aisance d'un félin.

Pendant un moment, seul le souffle du vent du nord et leurs respirations empêchaient le silence absolu. Piero entrouvrit la bouche, s'étonnant presque de ne pas avoir gelé, avant de demander doucement :

-Excusez moi Morouène, si vous vous en souvénez, nous avions parlé dé nos due mondes respectifs lorsqué nous étions ancora à Beeckerhoven. Ié voulais savoir...
Il laissa filer un léger rire nerveux, avant de reprendre :
-De là d'où ié viens, les elfes ont posé les bases dé nos citta, les artistes s'inspirent dé statoues qué vous nous avez laissé. Notre peuple a presque tout appris dou vôtre. Alors qui êtes vous, vous ? Une dame des bois, une guerrière ? Une chasseresse ? Vous êtes la prémière elfe qué ié iamais rencontré, et vous êtes...Singulière en tout point. Qui êtes vous Morwen Nidariel ?

L'elfe prit tant de temps pour lui répondre qu'on aurait pu croire un instant qu'elle ne le ferait pas du tout. Lorsque sa voix rompit le silence qui s'était installé, c'était avec un mélange d'hésitation et de sérieux laissant à penser qu'elle choisissait ses mots avec une extrême précaution :

« Je suis une Asrai. Un peu de tout ceci à la fois. Lorsqu'il est temps de chasser je chasse, lorsqu'il est temps de se battre je me bats. Je vis de ce que les forêts m'offrent – à moi d'avoir la force et l'adresse de m'en emparer. Et de le défendre au besoin. Je vis... vivais... dans ma parentèle. Vous l'appelleriez un clan. La plupart des humains adorent se définir selon leur rôle... » Elle regarda les formes allongées dans la pénombre avec un sourire amusé. «Trappeur... garde... cocher. Moi, je suis ce que j'ai envie et besoin d'être à l'instant. Une chasseuse, une guerrière. Ou une danseuse. Une voyageuse. Une voix de plus pour chanter dans la forêt, lorsque les créatures mauvaises de ce monde m'en donnent le temps. Ou du moins... je chantais, parfois. »

Elle gardait manifestement des choses pour elle-même, tout en les sous-entendant ; et il était évident qu'elle ne détaillerait pas le sujet plus avant.

L'aventurier pesa ses paroles, opinant légèrement du chef.

-Vous savez, nos légendes disent qué lorsqué Tylos sombra, Myrmidia, nostre déesse, escorta les survivants vers de nouvelles terres. Nos deux peuples ont subi des revers, ont frôlé la Fin, ma ils s'en sont relevés, plus forts, plous sages, plous pieux.
Vos forêts d'émeraude, mes plaines d'or, vos chants, notre musique, votre danse, nos arts, vos guerriers légendaires, nos soldats courageux...
Et pourtant nous voilà loin de chez nous Morwen. Quelque part aux confins de nos mondes, dans le froid, dans l'hiver. Mais après tout, si nous nous retrouvons ici, c'est peut être que la Trame, la destinée, l'a voulu ainsi.

Son interlocutrice éclata d'un rire qui aurait pu être cristallin si elle ne l'avait étouffé : par égard pour les dormeurs ou simplement pour préserver l'atmosphère feutrée de la nuit.

« La Trame ! Oui, certainement. Elle fait ce qu'elle veut et ce dont elle a envie... de qui pensez-vous que nous nous sommes inspirés ? » Cette remarque semblait énormément amuser la sylvaine. « Mais le destin des êtres vivants n'est pas toujours bien clément avec eux. Vous êtes ici parce que vous avez été attrapé pour ce que vos pairs ont considéré être des méfaits. Moi, parce que... j'ai une dette à payer. J'y vois de l'injustice, peut-être que vous également. Je ne suis pas prompte à prêter de bonnes attentions à la Trame... »

En dépit de ses dires, la façon dont l'Asrai parlait de cette chose mystérieuse n'avait rien d'hostile. Bien au contraire : un peu de chaleur demeurait au fond de sa voix comme elle évoquait la Trame de son peuple.

« Mais pourquoi je m'en plaindrais ? Les choses vont ainsi. Les saisons passent, l'été s'en va, l'hiver vient. Il faut bien lui faire face et lui survivre. A certains égards, les forces que les vôtres dénomment comme la Ruine sont un hiver de plus. Je ne comprendrais jamais ceux qui s'y soumettent, et sûrement que ça vaut mieux : comme les frimas de l'hiver, il faut les affronter. Jusqu'à ce que vienne le beau temps... et recommencer. »

Rien dans le discours de l'elfe ne sonnait fataliste : au contraire. C'était presque comme si la perspective d'un tel cycle, de résistance et de repos, lui allait comme un gant et lui apportait une forme de joyeuse satisfaction qu'il était rare de lire dans ses expressions habituelles.

-Iousqu'à cé qué vienne lé beau temps...

Piero Orsone Salvadore Manicha Enrico de Riviera di Cruz da Trantio aurait pu jurer qu'il l'avait vu sourire. Pas un sourire narquois ou carnassier, non, un sourire. Karl, Morr ait son âme, n'y aurait jamais cru. Mettant ça sur le dos de la pénombre, il empoigna son instrument passa une main, puis l'autre devant la chaleur réconfortante de sa lanterne, puis, il pinça les cordes. Doucement, la nuit était accompagnée de notes, douces, mélodieuses. C'était une de ces musiques qui enchantaient les cours des seigneurs d'Estalie.

Une chanson de guerre et de feu, de princes trahis prenant les armes pour reprendre leur dû, d'errance et de rédemption dans les vastes étendues sauvages du Sud. D'écuyers et de chevaliers chargeant des moulins. Mais c'était aussi une chanson d'amour, d'amour à la déesse, d'amour pour une reine aux cheveux noirs, d'amour à la Liberté. Cette chanson était l'Estalie personnifiée, cette musique était son âme, les paroles étaient son corps.
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Une fois la mélodie achevée, le Tiléen termina le quart en compagnie de la danseuse de guerre, attendant l'intrusion qui n'arriva pas dans le froid de l'hiver. Lorsque le chasseur et Ludwig prirent le relais, il alla s'allonger près du feu, glissant son chapeau sur son visage, se permettant quelques heures de sommeil dont il avait tant besoin.
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Piero Orsone da Trantio, explorateur
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"Ma qué ?!"

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Re: [Morwen Nidariel & Piero Orson] Quand les Hommes redeviendront des Bêtes

Message par [MJ] Le Djinn »

Test de perception pour Morwen: 8, réussite
Avant la ronde, Boerich et Morwen sortirent pour observer la végétation et les traces de pas. La chose n'était pas aisée: la neige s'étant en majorité arrêtée sur les branches n'aidait pas et une terre sèche couchant sous les arbres ne permettait pas de distinguer sans difficulté les traces de pas. Pour autant, l'elfe sylvaine en vint rapidement à la conclusion qu'il n'y avait pas eu de présence surnaturelle ou chaotique dans les environs. Seuls des animaux de petite taille et des humains avaient marché ici, et encore pour ces derniers l'événement ne devait pas dater d'hier. Rassurée, elle put rejoindre le temple pour commencer les tours de garde. La nuit serait calme, il n'y avait nulle raison de s'inquiéter.

Et effectivement quand le soleil perça les plafonds crevés de la demeure d'Ulric, tout allait bien. Le froid hivernal piquait les corps collés les uns aux autres pour garder un peu de chaleur, mais c'était là le plus grand danger, bien que certains auraient affirmé à raison qu'il n'était pas des moindres. Boerich, qui terminait le quart avec Ludwig, en était quitte pour un long bâillement et une motivation rapide de ses troupes: il ne fallait surtout pas se reposer sur ses lauriers et se penser hors d'atteinte. Tant qu'Ordafen n'était pas en vue ils étaient susceptibles de subir une attaque, voilà la vérité. Ainsi, après avoir mangé quelques rations de pain trop sec et les dernières salaisons de Ludwig, le groupe reprit son périple à travers les tunnels. Avant de partir, le chasseur du Nordland abattit un lapin trop curieux d'une flèche et, plutôt que de le garder comme provision, le plaça sur l'autel en ruine du temple et prononça à voix basse une prière de remerciement. Cette nuit là Ulric les avait protégés, une offrande était nécessaire afin de ne pas provoquer sa colère. L'acte religieux achevé, il rejoignit la petite troupe improvisée dans les ténèbres des boyaux.
La marche jusqu'à la dernière sortie ne se fit pas sans quelques heurts. Des créatures insectoïdes de belle taille avaient élu domicile à un embranchement. Quelques mouvements de torche suffirent à les faire déguerpir dans des trous creusés par leur engeance, mais tout de même! Ludwig affirma d'ailleurs qu'il ne serait pas mauvais pour les nordlanders de nettoyer leurs souterrains, de temps à autre. L'incident terminé le chasseur retrouva la route jusqu'à la dernière plaque au plafond, semblable aux précédentes en tout point. Il s'agissait à présent de vérifier l'absence de toute menace et de remonter. Ils auraient eu l'air fin en quittant un danger pour arriver sur un autre équivalent.

Heureusement il n'y avait personne, ce qui finalement surpris d'avantage Boerich que l'inverse. Car le débouché n'était pas n'importe où: certes il était entre quatre arbres épais qui fournissaient un appréciable couvert à qui se mettait entre eux mais il était surtout en face de la Pierre des Saisons. Aux yeux des humains il apparaissait comme un large menhir culminant à cinq ou six mètres gravé de runes aux motifs étranges et sinueux. Plus inquiétant en revanche, il était couvert d'immondices et de trophées des Sabots-Fourchus. Des crânes humains blanchis ou encore couverts de chairs décomposés étaient accrochés à différentes hauteurs, des carcasses d'animaux puantes juchaient les pieds du monolithe et un autel sacrificiel fabriqué très grossier fabriqué en pierre et en bois étaient couvert d'un sang coagulé. Il y avait relativement peu de neige autour, les hauts arbres protégeant l'édifice, mais le froid n'en était pas moins glacial, bien qu'on pouvait soupçonner qu'il ne provenait pas de la météo...


Image"Par Taal, Rhya, Ulric et Sigmar, quelle horreur… Cet endroit… La pierre… Les rumeurs ne mentaient pas. Avant la guerre cette clairière était un des joyaux de la forêt, rempli d'animaux et de plantes robustes. Ces salopards! Ils l'ont dévasté, ils ont tout détruit. Mais… Où sont-ils? Cet endroit est désert."

Effectivement, les alentours étaient complètement vides. Il ne restait plus qu'à en profiter et rejoindre le village au plus vite, avant que les occupants ne revienne ou qu'une patrouille ne les remarque. En passant devant le monument corrompu, les humains murmurèrent entre eux. Ces créations étaient relativement rare dans le Vieux Monde, il s'agissait selon les dire de constructions humaines des anciens temps qui marquaient le lieu d'ancienne bataille ou l'enterrement de grands chefs. Ils étaient souvent respectés et utilisés comme marqueurs dans la forêt, considérés comme des endroits sûrs et des talismans contre la corruption. Celui-ci semblait avoir failli à sa tâche.

Test d'INT de Morwen: 7, réussite.

Bien qu'elle n'était pas une sorcière ou une érudite, Morwen avait une certaine connaissance des mythes et des histoires du peuple elfique. Après tout, n'était-elle pas une bardesse chargée de répandre par le chant et la poésie les événements de l'histoire du monde? En tout cas elle en savait assez pour distinguer sous le sang éclaboussé sur la pierre et les horreurs accrochées aux aspérités du calcaire, des runes d'une complexité bien trop importante pour être l'oeuvre d'humains. En des temps très anciens, les elfes et les nains alors alliés avaient dressés ces monolithes à travers les terres qu'ils possédaient alors dans l'objectif de canaliser les Vents de Magie vers le Vortex à Ulthuan. On nommait ces fabrications les Pierres Gardiennes et elles étaient placées sur des nœuds où la magie était puissante voire indomptable. La corruption d'une pierre était un acte impardonnable et très grave car elle fournissait aux forces des ténèbres une puissance magique importante de façon quasi-illimitée. Quand les hommes-bêtes s'emparait d'une telle arme c'est que des temps très durs étaient à venir. Les humains avaient, inconsciemment, laissés une terrible épine s'enfoncer dans leur pied. Redonner à ce véhicule de puissance sa pureté serait ardu, mais possible: les légendes le disaient.

Mais Odafen était en vue, après vingt minutes de marche! Plus forteresse que village, la communauté qui devait accueillir une petite centaine d'humains, était constituée d'un large mur de bois, haut et épais, surmonté de multiples tourelles où se relayaient les garçons de la bourgade. A l'intérieur de multiples parcelles de potagers et des arbres fruitiers ainsi que des animaux de ferme devait garantir une nourriture à peu près correcte tout le long de l'année. Mais en plein hiver, alors que les réserves devaient être au plus bas, pourraient-ils supporter un arrivage d'une dizaine de personnes?


Image"Ouvrez, fils du Nordland! Nous avons été attaqué sur et demandons désormais assistance! Nous avons des femmes et des enfants avec nous! Allez! Seules les âmes salies brunissent leurs braies, mais les nôtres sont blanches!"

Une sentinelle leur adressa un signe puis cria quelque chose dans le village derrière. Un bruit d'attroupement s'ensuivit et la porte centrale s'ouvrit sur une petite foule armée de bâtons, de masses et de lames courtes. Quelque peu xénophobes et rendus prudent par leur position dans la forêt, les habitants ne semblaient pas très confiants envers les étrangers. Un homme s'avança pourtant, une lance dans la main, un bouclier dans l'ordre et une armure défraichie de soldat sur lui. Il paraissait avoir une quarantaine d'années, affichait une barbe bien taillée et une posture droite. Il ordonna simplement:

-"Rentrez! Mais ne traînez pas!"

A l'intérieur le village paraissait moins grand. En fait il était constitué de cinq bâtiments: un poulailler, un autre qui devait être la réserve et le fumoir, une maisonnette de petite taille mais plus travaillée qu'on devinait être un oratoire religieux, une baraque large qui abritait le maire et sa famille sans doute et une grande maison longue où on emmena tout le monde. En fait ce large bâtiment était subdivisé en pièces où les familles dormaient côte à côte dans la promiscuité la plus absolue. Seule une grande salle dotée d'une cuisine et de tables à tréteaux permettait à ceux qui le désirait de manger. Et de fait, c'était l'occupation d'un certain nombre d'attablés qui mangeaient des oignons crus, des viandes fumées et des œufs durs. Un puits creusé près du poêle autorisait l'approvisionnement en eau. L'homme qui passait pour être le chef aboya quelque chose et ses concitoyens se levèrent derechef. Sur tout le long du chemin l'elfe reçut un sacré nombre de regards méfiants voire certains indignés. Des paroles sombres et superstitieuses furent murmurées à son encontre et la maigre foule de paysans secs et pauvres s'écartait à son passage, comme à celui d'une pestiférée.

-"Il ne sera pas dit qu'Ordafen laisse mourir de faim des gens dans le besoin. Nous avons des oignons à profusion et quelques œufs du matin. Mangez."

Un bac de ces légumes fût posé au milieu de la table, laissant chacun se servir. Il était aux alentours de midi et les habitants s'en regagnèrent bien vite leurs chambrées afin de se livrer à de l'artisanat. Dans quelques minutes le chef, qui avait disparu, reviendrait s'occuper d'eux. Il pouvait être temps de discuter et de se concerter sur les événements et leur suite.
Enfermé dans une lampe pendant des siècles, cloisonné dans une pièce de métal par une malédiction... Puis un jour un naïf est venu, me libérant dans sa sottise... Tant pis pour lui... Et pour tous les autres.

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Re: [Morwen Nidariel & Piero Orson] Quand les Hommes redeviendront des Bêtes

Message par Piero Orsone »

Au petit matin, alors que le soleil venait chatouiller les hommes et femmes endormies de ses pâles rayons hivernaux, Piero écarquilla ses yeux noirs, l'odeur de cuir et de sueur de son chapeau emplirent ses narines. Soulevant son couvre chef tout en se redressant sur son séant, il regarda les corps collés les uns aux autres...Madre de puta, c'était pas un rêve tout ce merdier. Il bailla. Passant la main sur ses joues. L'éraflure de l'arme du Gor lui avait laissé une croûte bien épaisse sur la pommette...C'est con, il avait réussi à jamais trop se faire abimer sa gueule de bourreau des cœurs jusqu'ici. Bah...

L'aventurier se leva, s'étirant jusqu'à craquer ses épaules, son bassin et ses jambes. Tout en sifflotant l'air de la Galicéenneil attrapa son nécessaire de rasage et se dirigea vers un angle du grand temple. Non sans avoir jeté un coup d’œil à l'elfe roulée dans ses draps, isolée du tas d'humains. Il retira sa veste, l'accrochant au bras d'une statue au visage de pierre usée par les siècles. Il ajouta foulard, veston, déboutonna sa chemise et se mouilla les mains avec un ruisselet d'eau glacé s'échappant d'une lézarde. S'observant dans son minuscule miroir de poche, il passa le fil du rasoir sur ses joues, son menton, sa gorge, impitoyable avec les poils noirs qui couvrait le bas de son visage. Une fois rendue présentable, l'Estalien renfila ses vêtements, frais comme un gardon et vint s'assoir près du groupe. Du pain noir et du bœuf salé, le petit déjeuner des héros !

L'objectif était Ordafen, un trou, de toute façon tout était un trou au Nordland. Quand Boerich ramena un lapin pour...Remercier les Dieux, il se tut, évitant tout blasphème qui serait malheureux avec ces gens...pittoresques. Un cocher, des réfugiés, un chasseur, une diplomate, son garde du corps. Et l'Empire se targuait d'être les garants de la civilisation ? Vu le catalogue en face de lui il se demanda surtout si c'était pas l'elfe des bois qui était la bestiole la plus raffinée du troupeau.

Et ils s'en retournèrent dans ces tunnels. Sombres, humides, malodorants, ça rappelait presque le Bordel à maman. Les femmes en moins. Quoi que Johanna...
Ses pensées s'évanouirent en apercevant ces saloperies à six paires de pattes qui déguerpirent devant la torche de Boerich. Par tous les trous des Rémaines, c'est pas censé crever en hiver ces horreurs ? Ah bon sang. Saletés...

La vue du soleil à travers la trappe ouverte failli lui décrocher une exclamation de joie. À nouveau dehors ! De l'air oui ! Oh...Il laissa fuser un juron. Les bestioles crevées autour du cailloux sacré dégageaient des miasmes infectes. Et ça ça voulait dire que les carcasses n'étaient pas trop anciennes...Du sang, de la viande putréfiée, des...Mieux vaut pas le savoir.
Il se retrouva nez à nez avec un crâne blanchi, au rictus éternel et aux orbites noires. Et dire qu'ils auraient pu finir ainsi la veille...Bouffés, chiés et servant de pendeloques à des putains de chèvres dégénérées.

Au moins c'était vide. Allez ! On bouge, on déguerpit. Pas envie de retomber sur le minotaure.
-Né perdons pas dé temps. Nous né sommes pas encore à Ordafen...

Alors, en parlant d'Ordafen.

La vue des palanques ceignant tout le village lui rappela un endroit avant tout : Les Frontalières. La moindre cahute pleine de pécores consanguins était entourée d'une palissade là bas. Les Hommes gagnaient du terrain sur les hordes vertes, et ils s'y abritaient. Une région horrible, plus proche du champs de bataille entre civilisation et sauvagerie que d'un lieu de vie. À croire que c'était pareil pour le Nordland. Sauf que les bêbêtes à poil remplaçaient celles à kikoup'.
En tout cas les natifs avaient l'air aguerri. Débrouillards. Un peu comme les premiers peuples, que les tylosi avaient joyeusement envoyer paître dans les montagnes et les collines. Le comité d'accueil était farouche, armé, piètrement armé mais armé quand même.
Il dressa son plus beau sourire, prit sa posture la plus digne et suivit Boerich et le "chef" local. Le village tenait plus du corps de ferme élargie que de la vraie ville. M'enfin ils avaient pas l'air de bouffer des bébés ou autres immondices du Grand Nord.

Ses sourcils se froncèrent en remarquant les regards noirs de la populace contre leur petit groupe. La ploucaille venait sûrement de découvrir que les Elfes et les Suderons existaient. En espérant qu'ils n'allaient pas se prendre une malédiction à cause de l'une de ces mères efflanquées à l'humeur sombre. Quand ils s'assirent dans la grande salle. Il pela un œuf tout en regardant leur petit groupe se ruer vers la maigre mais bienvenue pitance.

-Qué jé iésoume : La forêt grouille d'hommes-bêtes, un cai...Une Pierre sacrée est totalement souillé à oune lieue d'ici. On a perdou Karl, la forêt grouille d'hommes-bêtes. Cé...Charmant village est lé seul à des lieues à la ronde.

Il regarda tour à tour Boerich et Morwen.

-Vous êtes celui qui connait lé mieux cette région Boerich, et vous Morwen vous...Êtes compétente. Que faire ? Qu'est ce qui nous entoure ? Qu'est ce qué nos compagnons d'infortunes ici présents vont faire alors qué la route est infestée dé monstres.
Piero Orsone da Trantio, explorateur
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"Ma qué ?!"

Tu vuo' fa' ll'americano
mericano, mericano...
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Morwen Nidariel
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Re: [Morwen Nidariel & Piero Orson] Quand les Hommes redeviendront des Bêtes

Message par Morwen Nidariel »

La saveur acide de l'oignon cru, croqué par ses dents blanches et un brin aiguës d'elfe sauvage, brouillait les traits de Morwen d'une contrariété qu'elle ne faisait rien pour cacher. Avec un énième soupir elle repensa aux festins resplendissants qu'elle avait connus naguère dans les halls souterrains d'Athel Loren, où les venaisons arrachées aux fruits de la chasse se dévoraient baignant dans le jus des baies forestières poussant au pied des Sœurs Pâles. Elle repensait, brisant des ongles de ses pouces la coquille d'un œuf dur, au vin capiteux servi dans de fins gobelets de bois poli et qu'on tirait toute l'année grâce aux vignes des clairières de l'été éternel. Ses yeux sombres se promenaient sur la maigre tablée, rude et misérable, puis sur les visages hostiles, craintifs et sales des habitants du cru : elle les comparait à ceux de ses compagnons, des autres impériaux, du sudiste. La voix de ce dernier résonnait à ses oreilles mais l'Asrai n'entendait pas vraiment ce qu'il racontait... Son esprit lyrique soustrayait ses mots et les remplaçait par les paroles de sa chanson nocturne. Sous ses dehors de bouffon sabreur Piero cachait ce qu'elle devinait être un véritable feu de l'âme, insoupçonné pour elle chez des membres de la race humaine.

Après tout, n'étaient-ils pas à peine plus que des animaux ? Ne lui avait-on pas enseigné, avec un humour cruel, avec un plaisir féroce, jeune elfe guerrière à la lame affûtée, à les tuer pour plaire à Ariel ? Son Athel Loren à elle, fort différente de celle d'aujourd'hui, avait aimé pousser sur les cadavres des races imbéciles. Humains, nains, orques ou créatures difformes du Chaos, que lui avait importé... Elle s'était nourrie de tout, et les Asrai s'étaient fait une joie de l'abreuver de sang. Et aujourd'hui... Aujourd'hui, elle leur parlait à portée de lance. Elle rompait le pain en leur présence, avec leur propre nourriture offerte en dépit des malheurs qui les accablaient.

Morwen n'avait jamais été une grande amatrice des certitudes. Elle se laissait guider par une façon de vivre très simple, basée sur le ressenti et la satisfaction la plus naturelle des besoins qui traversaient son âme : mais l'absence de certitude n'était en rien le doute. Et aujourd'hui, le genre humain la faisait douter.
Si divers. Si varié. Sûrement médiocre, mais pas seulement.

Ses iris acérés plongèrent dans ceux de l'Estalien qui attendait une réponse qu'elle n'était pas pressée de formuler. Ses propres interrogations intérieures, si éloignées des considérations pratiques de leur situation, l'accaparaient bien trop pour l'heure. Les elfes sylvains n'avaient rien des esprits philosophes et contemplateurs d'Ulthuan mais ils aimaient à se soumettre à leurs propres réflexions tortueuses...

-Vous êtes celui qui connait lé mieux cette région Boerich, et vous Morwen vous...Êtes compétente. Que faire ? Qu'est ce qui nous entoure ? Qu'est ce qué nos compagnons d'infortunes ici présents vont faire alors qué la route est infestée dé monstres.

Des monstres...

Les objectifs de leurs compagnons, comme il les désignait, elle s'en moquait bien. Il y avait plus urgent.
Elle avale la dernière bouchée d'oignon, qui dessina une descente âcre le long de sa gorge gracile.

« Ils s'adapteront, n'est-ce pas ? » Enfin tirée de ses pensées l'Asrai reprenait le visage expressif auquel elle avait pu les habituer. Narquois d'une vérité qui n'avait que faire des sentiments des uns et des autres. La vie était trop belle pour qu'on la gâche avec des mensonges. Son cœur, trop pur pour se contredire lorsqu'il avait envie d'être mauvais. Ou bon. « Nous sommes tous concernés par ce qui rôde dans la forêt. Vous tous » elle engloba leurs hôtes présents d'un geste vif de la main, « vous », ajouta-t-elle en désignant du menton, rapidement, Ludwig et sa protégée, ainsi que les impériaux récupérés sur le chemin, « et nous. »

Ce nous, c'était Boerich, Piero et elle. N'étaient-ils pas chargés d'une mission ?

« Et vous allez pouvoir écouter attentivement l'Asrai, parce qu'elle a vu la cause de tous vos problèmes. »

Le ton était mordant. Son arrogance, provocatrice, s'accompagnait d'une colère qu'il aurait fallu être bien malin pour deviner à qui précisément elle s'adressait. N'importe quel observateur un brin perspicace aurait lu dans sa gestuelle les signes d'une personne en manque de violence. De même que le pugiliste se mettait à souffler du nez en carrant les épaules, Morwen se mettait à sourire avec froideur et à étrécir ses yeux au reflet d'anthracite.

« À l'Ouest, à moins de la moitié du temps que vous appelez une heure, il y a un grand monolithe enfoncé dans la terre. Vous savez sûrement de quoi il s'agit... Ou vous croyez savoir. C'est l'une des Pierres gardiennes de mon peuple, qu'on érigea bien avant que le père du plus vieux de vos anciens soit né sur cette terre. Elles... » Elle hésita une seconde. À quoi bon leur parler de la magie du monde ? Elle se fichait éperdument de se heurter à leurs peurs profondes ou à leurs superstitions : l'elfe redoutait simplement qu'ils ne comprennent tout simplement pas ce dont elle parlait, et reprit sa diatribe accusatrice. « Elle contient ce qui permet au Mal de grandir et de se renforcer. Et vous les avez laissé la souiller ! »

Elle s'écarta de la table, si vivement qu'on aurait pu songer qu'elle allait s'en prendre à l'un d'eux. Au lieu de quoi la guerrière se mit à faire les cent pas, d'une allure vive, suintant l'agressivité. Un fauve en cage, piqué d'un dard, n'aurait pas agi différemment.

« Lequel d'entre vous l'a constaté la première fois ? À quand remonte ce sacrilège ? » lança-t-elle en scrutant les visages des hommes alentours. « Les hommes-bêtes n'ont-ils pas commencé à croître, à être plus audacieux, plus brutaux, à partir de ce moment-là ? Réfléchissez ! Depuis quand les choses sont-elles devenues aussi terribles ? »

Son but n'était pas que de se heurter à ceux qui l'entouraient. Elle le faisait, bien sûr, parce que Morwen était une combattante meurtrie dont l'âme était à vif : mais elle savait encore qu'elle avait des buts, et donnait tout pour l'accomplissement de ceux-ci. Les habitants de cette ferme fortifiée devaient connaître la vérité, car ils étaient un moyen de plus dans la réalisation de ses propres objectifs. En l'aidant elle, ils s'aideraient eux-mêmes.
Elle devait simplement... les en convaincre.

Sans mentir. En restant fidèle à qui elle était.

« Depuis que la Pierre gardienne est tombée... et elle doit être restaurée. »

Un silence. Long, marqué. On sentait qu'elle avait encore des choses à dire, presque à crier. Les tatouages luisants de bleu, encrés sur sa peau pâle, glissaient presque comme elle bougeait. Une grâce martiale, habillée de récompenses de bataille.

« C'est le siège de leur férocité, le fanal qui attire sur les Sabots-Fourchus les faveurs de leurs dieux malades. Il faut y aller, le purifier, et s'ils viennent nous défier les vaincre là-bas même ! Mais peut-être que ça vous effraye, et vous auriez bien raison » ricana-t-elle. « Qui délaisserait la sécurité d'un mur d'enceinte pour aller se heurter à la face même de la bête ? Il vaut mieux lui abandonner ce qu'elle a déjà conquis... Et demain, quand vous serez tous morts dans vos lits d'une mort simple de vieillesse et de labeur, et que dehors la bête aura conquis toute la forêt, vers quoi se tournera-t-elle ? » Un nouveau rire. Bref, sans joie. « Vers le beau mur d'enceinte qui la nargue. Vous aurez eu votre repos bien mérité, ce sont vos enfants qu'ils viendront prendre. Parce que croyez bien qu'un Mal qu'on a laissé croître, ne s'arrête jamais. »

Elle frotta les marques laissées par la carexsangue sur son bras. Non pas qu'il y eu de rapport avec ses paroles : le geste fit simplement remonter la douleur, durcissant encore ses traits courroucés.

« Faites-moi confiance, car nous avons les mêmes ennemis et je les connais plus que je le voudrais. Aidez-nous à reprendre cette clairière, aidez-moi à rendre sa pureté à la Pierre gardienne. La partie de la forêt qui vous entoure sera débarrassée des monstres qui l'habitent, vous jouirez de ce qu'elle a à offrir. Et vos petits » elle glissa un regard de côté aux plus jeunes des voyageurs de son groupe, « n'auront pas à connaître ce que ceux que nous avons protégés ont connu hier. »

Elle tendit sa main vers le garçon, celui auquel la veille elle avait tendu son bâtonnet de myrrhe. C'était de sa part un geste étonnamment doux, qu'on aurait pu comparer à celui qu'on aurait en voulant appâter un chat familier sur le seuil de la maison. Mais pour arrogant qu'il aurait pu être - tout comme sa longue tirade -, il n'en était pas moins offrant sécurité et aide.
C'était là toute l'ambivalence de sa démarche auprès des hommes. À eux de voir s'ils estimaient que le prix était honnête...
Image @par Pierre Huot
Morwen Nidariel, Voie du Danseur de Guerre
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* : Bottes du voyageur + Peinture de vivacité
** : Tatouage de Loec

Score d'esquive de base :
16 (Hab) + 2 (Tatouage de Loec) + 1 (Aspect du serpent) + 2 (Acrobatie de combat, Danse de Morrslieb) = 21

Compétences de combat :
Arme de prédilection (lance)
Bravade
Danse des ombres

Arme :
Lance à deux mains : Rapide (-2 Parade/Esquive), Longue (-2 Attaque), 25 + 1D8 dégâts, 10 Parade




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« Le jour où tout sera fini, où j'aurai payé toutes mes dettes et où j'aurai gagné leur confiance, je pourrai enfin rentrer... »

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Re: [Morwen Nidariel & Piero Orson] Quand les Hommes redeviendront des Bêtes

Message par [MJ] Le Djinn »

Test de CHA de Morwen: 18, échec.
La longue tirade de Morwen laissa un blanc glacé s'installer dans la masure. Les membres du convoi à qui elle s'était adressée et les villageois qui avaient dû l'entendre depuis les chambres ne mouftèrent pas. Les regards se tournaient vers les assiettes de fortune et les légumes du diner. Même Boerich n'avait pas l'air bien convaincu. Quelles chances avaient-ils de s'en sortir s'ils attaquaient la pierre de front? Ce n'était pas pour elle-même, mais il était sûr que les Sabots-Fourchus rappliqueraient pour la défendre. Et puis même comment la purifier? En la lavant? En retirant les colifichets déposés dessus? Ces gens étaient fatigués et terrifiés, ils n'avaient aucune envie de se retrouver au milieu d'une nouvelle bataille.

C'est à la fin de sa déclaration que la porte s'ouvrit en grand sur un semi-géant. Large d'épaules, austère dans son apparence mais coiffé d'une peau de loup, une large hache trônant dans son dos. L'homme essuya à peine ses bottines sur le petit escalier avant de rentrer de plain-pied, époussetant sa barbe de quelques flocons. Classique de la saison, il avait recommencé à neiger dehors et les habitants encore attardés à l'extérieur rentraient par un orifice opposé à la salle à la manger. La figure humaine s'installa à table, à côté de Morwen, couvrant l'auditoire d'un regard lourd et d'une voix caverneuse.


Image"Bonsoir, voyageurs. Je suis Fulgrad Hautwend, le prêtre d'Ulric de ce village. Les villageois m'ont dit votre arrivée et j'ai entendu votre discours… Elfe. C'est amusant, d'ailleurs. J'ai combattu aux côtés d'un escadron de soldats elfes durant la guerre, ils ne vous ressemblaient pas tant.

Vous n'avez que partiellement raison les bêtes ont commencé à se multiplier il y a environ trois ans. La Pierre des Saisons était tombée un an plus tôt. J'ai essayé de la reprendre plusieurs fois d'ailleurs: sans succès. Des monstres accourent la défendre lorsque les idoles sont abattues, quelque soit l'heure du jour ou de la nuit. Je n'ai échappé que de justesse au trépas, à plusieurs reprises. Les autres hommes qui m'accompagnaient… Ont fini en morues salées. Je vous accorde que plus nous attendons et plus ils se renforcent. Bientôt ce sera notre tour de subir des assauts. Mais les gens d'ici ont beau être des Nordlanders, ce ne sont pas des soldats. Haargroth et ses serviteurs ont massacré nos troupes et tué une bonne part de nos jeunes, laissant cette contrée dans la misère. Non, il n'y a pas d'aide à trouver auprès du peuple: il a déjà trop donné.

Moi en revanche, je suis là. Et Ulric guidera nos actes quand il s'agira de purger l'engeance démoniaque!"

Boerich approuva du chef, applaudissant presque. Pour ce fidèle des anciens dieux il devait y avoir une sorte de vénération envers les prêtres d'Ulric. Après tout ne disait-on pas qu'il veillait sur les contrées du Nord de l'Empire où l'hiver était long et les loups nombreux? Excepté en Ostland bien sûr ou la dévotion pour Sigmar tournait à l'ubuesque par moment. Ludwig, par contre, n'était pas convaincu et osa demander s'il n'y avait pas moyen de retrouver la route du Nord pour rejoindre un endroit plus civilisé.

Image"Il y a un sentier à l'Est qui vous conduira aux axes principaux, ou ce qu'il en reste. Mais si vous y aller maintenant les monstres des bois vous tueront. Si vous y allez tous ensemble, armés et préparés, vous aurez peut-être une chance cependant. La route est assez claire, vous ne risquez pas de vous perdre même sans guide."

Un petit silence tomba sur les présents comme une chape de plomb. Tout le monde réfléchissait à la voie à suivre. Morwen semblait déterminée à partir au combat et Ludwig à s'en aller, laissant deux camps possibles. Le discours de l'Asrai semblait cependant avoir motivé les voyageurs à suivre le garde du corps. Seul Boerich se leva pour appuyer Morwen.
Image"Par Taal, je suis un pisteur et mon devoir est de protéger les bois, danger de mort ou non. Si vous pensez que la solution, Morwen, est de réhabiliter cette pierre "gardienne", alors j'accepte de vous suivre. Mais il va nous falloir un plan, sans quoi nous courrons au suicide.."
En ça Fulgrad était bien d'accord, précisant d'ailleurs qu'il avait observé qu'une vingtaine d'hommes-bêtes se montraient à chaque fois pour protéger l'idole maléfique. A un contre cinq et sans préparation la partie serait complexe...
Enfermé dans une lampe pendant des siècles, cloisonné dans une pièce de métal par une malédiction... Puis un jour un naïf est venu, me libérant dans sa sottise... Tant pis pour lui... Et pour tous les autres.

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