[Morwen Nidariel & Piero Orson] Quand les Hommes redeviendront des Bêtes

La province du Nordland est peu peuplée et ses régiments passent l'essentiel de leur temps à patrouiller le long des côtes pour les protéger des pillards du nord. Le Comte Electeur Theodric Gausser siège à Salzenmund.

Modérateur : Equipe MJ

Avatar du membre
Morwen Nidariel
Warfo Award 2018 de la meilleure fiche
Warfo Award 2018 de la meilleure fiche
Messages : 44

Re: [Morwen Nidariel & Piero Orson] Quand les Hommes redeviendront des Bêtes

Message par Morwen Nidariel »

Elle s'en était allée sous la neige.

Après un regard noir. Après un pli qui avait tordu sa bouche d'un rictus plus éloquent encore que sa diatribe. Les guerriers qui prenaient la peine de se fendre de longs discours le faisaient rarement en vain. Ils accordaient plus de poids aux actes qu'aux paroles, aux silences qu'aux approbations. On ne lui avait rien donné de tout ça et son coeur, pendant une seconde ouvert aux humains, s'était refermé précipitamment comme la corolle trop fraîche d'une rose froissée.

Morwen n'avait pas décoléré des heures qui avaient suivi. Comme une grande ombre pâle elle avait marché, d'une allure trop vive pour être sereine, le long de l'enceinte de la ferme fortifiée.

« Et comment gagne-t-on une guerre qu'on ne veut pas mener ! »

Son mutisme étouffé de rage avait fini par céder la place à des remarques mordantes, jetées au vent à destination des oreilles de ceux qui se terraient de l'autre côté de leur maudit mur. L'Asrai n'avait jamais été une téméraire - c'était un trait de caractère qu'elle n'était pas assez stupide pour posséder - mais elle méprisait la lâcheté. Refuser le combat à qui voulait vous voir mort était bien la dernière des couardises.
Elle n'avait rien d'une écervelée. Elle savait combien le combat était une perspective effrayante pour qui n'avait pas appris à en accepter le goût acide. Mais qu'espéraient donc ces humains ? Que le temps viendrait à bout de leurs malheurs ? Elle éclata, solitaire, d'un rire joyeux comme la mort.

« Ils ne savent rien du mal ! Ils le laissent prospérer juste qu'au seuil de leur porte et s'étonnent lorsqu'il vient l'enfoncer ! »

Le mal... C'était bien là l'un des grands mystères de la vie. D'où provenait-il ? Comment naissait-il ? Comme grandissait-il...
Il grandissait par l'inaction de ceux qui auraient pu s'opposer à lui. Toute lutte avait son prix ; mais n'en valait-elle pas la peine ? N'auraient-ils pas dû, tous autant qu'ils étaient, remercier leurs dieux misérables d'avoir l'opportunité de s'opposer au mal ? Tous n'avaient pas cette chance.

« Ils ignorent même la valeur de ce qu'ils viennent de refuser... Combien sont morts sans avoir eu la moindre possibilité de se défendre ? Combien se damneraient pour l'avoir eue ?»

Eux, ce choix, ils venaient de le jeter aux orties. Ils préféraient attendre l'heure d'une fin horrible qu'aller la contester. Oui, défier les serviteurs de la Ruine demandait un peu de vaillance. Ils n'auraient eu qu'à suivre. Une lance, un sabre, quelques volontaires. Mais même une tâche si facile que de marcher derrière elle avait été au-dessus de leur volonté. Ils n'étaient bon qu'à crever dans leur coin.

« Alors mourrez si c'est ce que vous préférez, vous l'aurez bien mérité » siffla-t-elle entre ses dents blanches et serrées.

Un vent puissant se leva comme pour ponctuer cette dernière déclaration, faisant frémir même les branches dépouillées de leurs feuilles des arbres alentours, et Morwen resserra sur ses épaules les pans de sa pelisse forestière. La sensation de fraîcheur autour d'elle lui fit l'effet d'une giclée d'onde pure emportant à grande eau les bouffées brûlantes de sa colère. Elle inspira à pleins poumons l'air glacé de l'hiver Nordlander, avec l'impression qu'il formait comme une flaque froide quelque part entre ses côtes.
Il s'écoula quelques instants avant qu'un petit sourire ne vienne finalement détendre ses traits si anguleux et expressifs.

Elle incarnait l'âme volage et sincère des Asrai. Son humeur variait comme les rayons du soleil dans une empyrée cotonneuse, sans artifice aucun.

« Les imbéciles... »

Cette foix sa voix avait abandonné ses accents hostiles. Il n'y était resté qu'une forme de résignation tandis qu'elle marchait, la semelle de ses sandales tassant à peine la neige - on l'aurait crue légère comme une plume - en direction de l'orée toute proche de la forêt. Elle posa sa main au dos marqué d'une rune sur le tronc tacheté d'un bouleau. Les flocons tombaient entre ses doigts, fondant bien vite à la chaleur de sa peau. Ses yeux se fermèrent et elle inspecta le fond de son être, avec l'acuité intérieure du peuple elfique. Son âme était mutilée par une magie qui avait manqué la consumer : elle n'aurait jamais dû être de retour au combat. C'était trop tôt. La noirceur était toujours là, prégnante, comme une mare à la vapeur débilitante souillant sa vigueur, sapant ses forces et sa noblesse. Le Chaos avait failli poser sa main sur elle et l'emporter lorsque, des années plus tôt, elle avait affronté le sorcier.

Ses paupières ne se rouvrirent que sur deux moitiés d'agates perdues dans le vague. Naguère Altariel - puisse-t-elle pourrir dans quelque fosse oubliée - lui avait enseigné les chants de la forêt, ceux qui permettaient d'attirer l'attention des esprits imprévisibles mais réactifs qu'étaient les dryades. Ce n'était qu'un simple tour pour la magicienne, mais pour Morwen ç'avait été le début d'une longue et profonde relation avec les créatures mystérieuses d'Athel Loren. Comme il était tentant, aujourd'hui, en manque d'alliés, de faire appel à elles !

« Et si je les appelais... »

Elle avait les premiers mots à la bouche. Sa langue se tordait déjà, prête à prendre les intonations enjôleuses qu'aimaient les farfadets, sa gorge remontait pour moduler les sons qui plaisaient à l'oreille des esprits.
Elle ne prononça qu'un soupir. L'Asrai était diminuée, lente et imprécise. On ne savait jamais à quoi s'attendre avec les dryades - en appeler une sans être en mesure de pouvoir l'affronter était une solution de dernier recours. Et encore.

La neige crissa derrière elle. Une botte un peu lourde, mais assurée. Un regard en arrière et le visage brun de l'Estalien se détachait sur le gris blême omniprésent. Elle le dévisagea un instant et un observateur curieux aurait pu se demander si elle n'allait pas le rabrouer derechef : au lieu de quoi elle lui envoya un sourire amusé, pointant du doigt l'estafilade qu'il avait récoltée la veille tout en levant en l'air son propre poignet cicatrisé.

« J'espère que vous vous remettez aussi bien. On en aura besoin. »

Ce n'était pas peu dire. Leurs ressources en combattants étaient quelque peu limitées.

« C'est toujours la même chose, vous savez. C'est triste à dire, mais les serviteurs du mal ont souvent plus de courage, s'il faut l'appeler ainsi, que bien des humains. Qu'est-ce qu'il faut pour motiver les vôtres ? Qu'est-ce qui vous pousse au combat, vous ? Après tout, le garde qui était responsable de votre détention est mort. »

C'était vrai. Piero Orsone da Trantio - ou quel que soit son nom complet - était finalement un malfaiteur purgeant sa peine que plus personne ne surveillait. Et pourtant. Rasé du matin, le chapeau solidement enfoncé sur son front, l’œil vif, il n'avait pas l'air de ceux qui se tenaient sur le départ.

« Et puis qu'importe... c'est comme ça. Ce qui compte c'est de voir ce qu'il est encore possible de faire. »

Elle se retourna vers l'arbre duquel elle enleva toutefois sa main mouillée de neige.

« Vous l'avez peut-être compris mais je... peux comprendre ce que dit la forêt. Et elle est souvent loquace au sujet de ce qu'elle n'aime pas, or il n'y a pas grand-chose qu'elle abhorre autant que les hommes-bêtes. Les vampires et les nains, peut-être... » L'Asrai se fendit d'un rire spontané, et bien malin qui aurait pu jauger du sérieux ou non avec lequel elle évoquait ces créatures maléfiques de légende. « Quoi qu'il en soit, nos ennemis sont davantage surveillés qu'ils ne le croient. Nous pouvons peut-être utiliser ceci à notre avantage, et attaquer les éléments isolés de la harde. Je les trouve, Boerich et vous les abattez de loin si possible. Et sinon... »

Elle haussa les épaules en faisant rouler la hampe de sa lance contre sa paume.

« C'est une stratégie de longue haleine mais c'est encore celle qui me parait la moins mauvaise. Qu'en pensez-vous ? »
Image @par Pierre Huot
Morwen Nidariel, Voie du Danseur de Guerre
Profil: For 8 | End 7 | Hab 14 (16*) | Cha 9 | Int 9 | Ini 10 (11**) | Att 10 | Par 10 | Tir 10 | NA 1 | PV 40/55 (35/50*)

* : Bottes du voyageur + Peinture de vivacité
** : Tatouage de Loec

Score d'esquive de base :
16 (Hab) + 2 (Tatouage de Loec) + 1 (Aspect du serpent) + 2 (Acrobatie de combat, Danse de Morrslieb) = 21

Compétences de combat :
Arme de prédilection (lance)
Bravade
Danse des ombres

Arme :
Lance à deux mains : Rapide (-2 Parade/Esquive), Longue (-2 Attaque), 25 + 1D8 dégâts, 10 Parade




Image
« Le jour où tout sera fini, où j'aurai payé toutes mes dettes et où j'aurai gagné leur confiance, je pourrai enfin rentrer... »

Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_morwen_nidariel

Avatar du membre
Piero Orsone
Mister Vieux Monde 2022
Mister Vieux Monde 2022
Messages : 182
Profil : For 11 | End 10 | Hab 10 | Cha 9 | Int 9 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | PV 80
Lien fiche wiki : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_piero_orsone_da_trantio

Re: [Morwen Nidariel & Piero Orson] Quand les Hommes redeviendront des Bêtes

Message par Piero Orsone »

Alors...C'était donc ça Ulric.
Bon, bon...Au cours de ses pérégrinations à travers le Vieux Monde, votre serviteur avait connu bien des peuplades...Guère civilisées. Montagnards des Apuccinis et des Irranas qui priaient les Dieux anciens dans leurs forteresses nichés à l'ombre des Pics, bûcherons et autres hommes des bois de l'Empire et même les guerriers de la Norsca et leurs rites païens. Mais ce titan à peau de loup là...Fallait clairement pas lui chercher des puces. Dios mio.

Il croqua son œuf dur, le jaune collait au palais. Donc la caillasse sacrée attirait les Hommes-bêtes comme le con d'une putain attire les marins. Guère étonnant, après tout vu comment ils avaient souillé l'endroit avec morbidité ils n'allaient pas le lâcher comme ça.
Au fur à et mesure des explications de l'Ulricain, et après chacune des questions auquel il répondait, le Suderon nota plusieurs choses :
Les pécores ne les aideraient pas. Au delà du gîte et d'un maigre couvert. Ça faisait qu'ils étaient en tout et pour tout...Cinq pour se battre, cinq et demi si on comptait le cocher...Cinq et un quart. Bref, cinq.
Les civils et Ludwig voulaient partir vers la route de la Civilisation. Compréhensible. Seulement...Cinq. Et pas dit que l'Ulricain viendrait avec eux se geler l'oignon jusqu'à Salzenmund.
L'Estalien évoqua l'idée de faire des pièges. Boerich était un trappeur, c'était un peu sa spécialité. Après, ils restaient en infériorité numérique frappante. Et pas de nouvelles des Coureurs.

Pour faire simple et raffiné, on était dans le lisier jusqu'aux oreilles. Et en parlant d'oreilles...Morouène était la plus affectée par ce qui ressortait de la discussion..."Stratégique". L'explorateur plaignait l'oignon qu'elle déchiquetait de ses dents surprenamment pointues. Elle aurait pu faire de même avec l'Ulricain.
Lorsque la réunion s'acheva et qu'elle bondit de son siège en fulminant plus qu'un Volcan des Montagnes du Bord du Monde, il soupira, replaça son chapeau, attrapa un second œuf dur, salua la bande d'infortunés avec qui il allait devoir affronter les rejetons de la forêt, et parti récupérer l'elfe.

Sur la couche de neige opalescente renouvelée par les chutes de Midi, les pas des villageois s'étaient imprimés, comme une réminiscence de chaque action menée. Ici des gamins épais comme des roseaux donnaient du fourrage aux chèvres. Là les femmes s'affairaient à retaper quelque bidule en bois. Ces gens n'avaient rien, ils défendraient leur minable hameau avec la hargne d'une meute de loups, mais risquer leurs vies dehors à nouveau...Non.
Ses sourcils se dressèrent lorsqu'il entendit l'elfe invectiver dehors. Il sortit de l'enceinte de piquets, pas vraiment par envie de se retrouver à nouveau au dehors, avec les bêtes et les bois.

Elle était là, face à un arbre multi-centenaire. Pourquoi fallait-il que des êtres si beaux ait un caractère aussi peu affable ?
La rousse tourna la tête vers lui, jusqu'ici tout va bien, ses traits...S'adoucirent ? Et la voilà qui plaisantait.

« J'espère que vous vous remettez aussi bien. On en aura besoin. »

-Ié connais pire, ié aussi connou mieux. Surtout au vou dé la situazione actuelle...

« C'est toujours la même chose, vous savez. C'est triste à dire, mais les serviteurs du mal ont souvent plus de courage, s'il faut l'appeler ainsi, que bien des humains. Qu'est-ce qu'il faut pour motiver les vôtres ? Qu'est-ce qui vous pousse au combat, vous ? Après tout, le garde qui était responsable de votre détention est mort. »

Sans le savoir, elle l'avait piqué au vif. Après tout, Karl était mort, Boerich avait tant sur les bras qu'il ne pouvait le surveiller. Et pourtant, il restait là. Lui, Piero Orsone Salvadore, fils d'un aventurier et d'une putain, brigand, déserteur, sans-le-sous, coureur de jupons. Les plus cruelles prisons étaient celles dont on ne voyait pas les murs. Là sa prison c'était la forêt. Ses geôliers, les monstres qui rodaient dedans. Il pourrait fuir mais au bout du compte les bêtes le dévoreraient, si ce n'était pas un patrouilleur qui le pendrait à un arbre pour un motif trouvé sur l'instant. Non. Il était coincé ici. Coincé à se battre contre le fléau des frondaisons, l'ennemi de la civilisation. L'animal fait homme, contre l'homme fait bête.
Il prit son ton le plus assuré, et lui répondit. C'était ses mots, mais ce n'était pas son cœur qui les dictaient.

-Les Hombres, ils sé battent pour cé qué à quoi ils tiennent. Qué cé soit défendre leur famille, leur patria, leur honneur...
Il laissa échapper un rire nerveux. Son honneur ? Il l'avait laissé entre les seins de quelque beauté du Sud lointain. Il ne lui restait que des manières de petimetre, des squelettes dans le placard, des regrets dans le cœur et de l'alcool dans le foie.
-Moi. Ié mé bats pour contrer lé mal, pas lé Mal absolu qui guette lé monde des Hommes et des Elfes. Mais le Mal que j'ai pu faire dans toute ma courte vie. Faire en sorte de rétablir la Balance. Avant de mourir il faut bien trouver un but. Alors ça sera de purger ce bois. Que faire après ? Tâchons d'en réchapper avant tout.

Tandis que Morwen exposa ses idées, il ne pouvait que regarder ses traits. Fins comme le cristal de Miragliano, pourtant elle était dure comme l'acier de Nuln. Ses tatouages ondulaient sur sa peau exposée quand elle parlait. Surnaturelle...Non, après tout c'était bien les Hommes comme lui qui s'étaient coupés de la Nature, sauvage et injuste qu'elle était, pour le confort de la civilisation. Elle échappait juste à la compréhension des êtres comme lui. Les êtres qui érigeaient des murs de pierre.

-C'est sûrement cé qu'il y a dé mieux à faire. Boerich pourrait installer quelques pièges aussi. Nous né sourvivrons pas à un assaut frontale contre la Harde. Mais nous pouvons éclaircir leurs rangs. C'est ce qu'il nous reste de mieux à faire.
Piero Orsone da Trantio, explorateur
Profil: For 11 | End 10 | Hab 10 | Cha 9 | Int 9 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | PV 80

Lien: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_piero_orsone_da_trantio
Image
"Ma qué ?!"

Tu vuo' fa' ll'americano
mericano, mericano...
ma si' nato in Italy !

Avatar du membre
[MJ] Le Djinn
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - RP
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - RP
Messages : 1199
Profil : FOR / END / HAB / CHAR / INT / INI / ATT / PAR / TIR / NA / PV (bonus inclus)
Localisation : Dans ma lampe...

Re: [Morwen Nidariel & Piero Orson] Quand les Hommes redeviendront des Bêtes

Message par [MJ] Le Djinn »

Tir au hasard de l'arbre: ce sera donc un châtaignier!

Je considère que tu n'as pas besoin d'un test INT particulier pour communiquer avec l'arbre maintenant que tu as la compétence. Toutefois un test de CHA sera nécessaire pour le faire parler de l'important: 2, une jolie réussite.
Il y eut d'abord le choix, autour de la pierre, d'un arbre convenable. Les essences forestières n'avaient pas la même valeur ni la même personnalité au cœur de la forêt et savoir qui écouter était parfois plus important que la teneur de la conversation elle-même. Essayer de discuter avec un saule pleureur, par exemple, était la porte ouverte à une multitude de jérémiades qui justifiaient son nom; un pin en revanche, grave et fier, pouvait bien vous couper la parole pour parler de ses pommes qu'il trouvait si belles.

En l'occurrence c'est sur un châtaignier que la main de la danseuse s'arrêta. Un peu à la façon des conifères ces arbres fruitiers affichaient une joie immense à discuter de leurs fruits, mais celui-ci étaient bien plus sombre qu'à l'accoutumée. Certes le froid hivernal n'était pas: la forêt dormait paisiblement, puis cet arbre avait un âge vénérable auquel l'indolence prenait le pas sur la fougue de la jeunesse. Mais il y avait quelque d'autre que ses sens d'elfe ne parvenaient pas à décrire. Restait à écouter le chant de la forêt et lui répondre.
La tâche aurait parut aisée à Laurelorn ou Athel Loren, mais dans la Forêt des Ombres c'était une toute autre affaire. Le doux chant des bois se changeait en cacophonie et mille souffrances venait de tous les coins de la forêt: là des bûcherons impériaux tranchaient dans le vif, ici des bêtes faisaient une orgie autour d'un feu de joie, brûlant les feuillages et le arrachant les branches. Ailleurs encore un être maléfique dans sa tour mettait son pouvoir à l'épreuve en lançant des sortilèges sur des arbrisseaux innocents. Dans ce contexte, faire dire au vieux châtaignier ce qu'il savait n'était pas aisé. Morwen y parvint néanmoins, arrachant les notes au dormeur plus qu'elle ne s'y accordait. Bon gré, mal gré, l'arbre s'extirpa de sa langueur pour répondre comme il le pouvait aux questions qui taraudait l'elfe: qui avait fait ça? Où étaient les bêtes?

Et d'ailleurs pour qu'il réponde il fallut chasser Fulgrad, estomaqué: pas moyen de faire parler un arbre quand une hache est dans les parages, ça réveille chez eux certains traumatismes.

Le Nœud... Tout était si bon...
Le Solitaire est venu. Si vieux que je ne le connais pas.
Le Nœud devenu douleur, douleur, douleur…
Mes fruits… Mes enfants… Ils tombent et ne reviennent plus…
Tout cela était il y a une vie d'écureuil.

La douleur, les arbres gémissent, ils dorment et pleurent, ils meurent.
Les Bêtes sont venues. Elles ont dansé, elles ont croqué nos derniers fruits et ont nourri la terre de sang.
La douleur est calmée, elle est partie.

Le sommeil vient. La Noirceur vient.
Trop de douleur, partout. Humains, Bêtes, Nains. Trop de douleur, mes frères ont mal.
Mes frères maudits, ils menacent, ils hurlent, ils protègent la Noirceur.
Le Solitaire, il brutalise la forêt.
Les pins, les pins t'aideront. Mes frères maudits...

La douleur revient, revient, revient, revient...
La conversation cessa sur ces murmures plaintifs, laissant une Morwen frissonnante et à la tempe battante et les yeux humides. Ce genre de conversation cryptique n'était pas du meilleur goût, mais les arbres n'étaient pas connus pour leur clarté. En revanche autour d'elle les conifères, plus éveillés que leur confrère châtaignier, semblaient davantage disposés à aider. Volonté ou capacité? Difficile à dire. En tout cas leur confrère végétal les avait mis au parfum et ils tenteraient d'alerter en cas de problème. Pour autant tous les murmures qui lui parvenaient dans la symphonie des bois n'étaient pas si positifs. Un certain lot de menaces à peine voilées perçaient à travers le chant.

Pendant ce temps là Boerich et Piero étaient partis poser des pièges, accompagnés de Fulgrad, ce dernier étant passablement vexé d'avoir dû partir. Il était dans les habitudes du chasseur de placer des collets ou des fils tendus entre les souches pour casser les pattes et provoquer des chutes, mais il manquait de matériel. Sous l'impulsion du prêtre d'Ulric les villageois avaient donné ce qu'ils possédaient en terme de corde et de ficelle, mais la zone à protéger était bien trop grande. Un fait surpris également le trappeur qui se tourna vers le prêtre:


Image-"Il n'y a pas d'animaux en ce lieu? Pas un seul lapin, une taupe ou une marmotte depuis notre arrivée. Je sais que nous sommes en hiver, mais quand même! Par chez moi il y a bien plus, même en cette saison."

Le fervent du Dieu des Loups haussa les épaules, fataliste.

Image-"Cela fait bientôt vingt ans qu'il n'y a plus de gibier après l'été. Ou bien les animaux se cachent ou bien ils ont été dévorés entretemps. Nos chasseurs sont partis depuis des années, devant l'absence de travail."
Test de perception de Piero: 1, réussite critique.
En fin de journée, alors que le soleil disparaissait sans panache derrière un ciel nuageux et que de la neige commençait à chuter par gros flocon, le travail était terminé. Sur le point de rejoindre Ordafen, Piero cogna contre une grosse branche, lâchant au passage un juron de soutien envers son doigt de pied. Pourtant, alors qu'il jetait un regard noir sur la plante incriminée, quelque chose le choqua. La forme de ces racines semblables à des griffes, à des mains entremêlées au-dessus de quelque chose, comme pour le caché. Il ne fallut pas plus de trois coups de sabre pour dégager ces monstres végétaux et découvrir ce qu'ils cachaient: des traces de sabots, toutes fraîches! La boue en-dessous était encore humide et intouchée par la glace tombante, laissant peu de doute sur leur récence. Ses yeux rencontrèrent l'écorce de l'arbre qui paraissait déformée. Les circonvolutions du bois noir formaient comme deux yeux hideux et une bouche grimaçante, qui jetèrent l'effroi sur l'estalo-tiléen, le poussant à se détourner soudainement pour rencontrer, dans le lointain des bois, une silhouette sombre qui repassa derrière un tronc.

Pris de court, le renégat vérifia la charge de son pistolet et le brandit avant de courir rejoindre ses deux compagnons qui s'éloignaient déjà. Dans son mouvement il ne lui fallut pas plus de dix enjambées pour rejoindre le duo qui s'éloignait et Morwen qui revenait vers eux. Evidemment Piero les prévint de ce qu'il avait vu, faisant plisser les yeux de Boerich sous sa capuche. Fulgrad empoigna plus fermement son manche.


Image-"Déjà... Je suppose qu'il doit y avoir des sentinelles dans le coin ou qu'un éclaireur leur aura dit que nous étions là. Ou peut-être as-tu vu la sentinelle… Mais je ne suis pas chaud pour attaquer maintenant, c'est trop dangereux, il fait nuit, nous serions à leur merci."
Cela était vrai pour les humains, mais quand penserait Morwen, elle qui voyait sous la lune comme en plein jour ou presque? Et puis si le trappeur affichait une prudence certaine, ce n'était pas le cas du prêtre qui ne demandait qu'à en découdre. Que Piero penserait-il également? Couper la tête des premiers monstres permettraient peut-être de réduire l'efficacité de leur communication pour la purification de la Pierre Gardienne. Quel risque valait la peine d'être pris?
Enfermé dans une lampe pendant des siècles, cloisonné dans une pièce de métal par une malédiction... Puis un jour un naïf est venu, me libérant dans sa sottise... Tant pis pour lui... Et pour tous les autres.

Avatar du membre
Piero Orsone
Mister Vieux Monde 2022
Mister Vieux Monde 2022
Messages : 182
Profil : For 11 | End 10 | Hab 10 | Cha 9 | Int 9 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | PV 80
Lien fiche wiki : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_piero_orsone_da_trantio

Re: [Morwen Nidariel & Piero Orson] Quand les Hommes redeviendront des Bêtes

Message par Piero Orsone »

Il souffla sur ses mains, dégageant un nuage de vapeur qui alla se perdre dans l'air du Nordland. Morwen était partit...tailler le bout de gras avec les arbres. Comme quoi, peut être que quand il parlait à ceux qui n'étaient plus là, il n'était peut être pas totalement vrillé. Peut être qu'il avait du sang d'elfe ? Après tout, Trantio avait bien été bâtie sur une des citadelles de la gent aux oreilles pointues. Peut être qu'arrière arrière arrière grand grand papi Orsone s'était faite une elfe. Quoi que...

La discussion entre les deux hommes du Nord le tira de ses songeries futiles.
-Oune forêt sans bêtes, des temples vides, des villagés terrifiés...Cette région souffre. Et on est la scie à ampouter.

Il replaça son écharpe sur son nez rougi par le froid avant de se plonger dans l'art ancestrale de la pose de pièges. Il y a toute une vie, ceux qui avaient été ses compagnons d'arme, ses amis, ses frères et sœurs, certains savaient chasser. Pour ça qu'il y en a qui les avait rejoint après tout. Devenir un hors-la-loi pour deux lièvres et un perdreau, une tragédie. Eux ils volaient, mais qu'est ce que c'était face aux absurdités des lois dictées par des nobles gras et décadents ?
Sauf que les gras, les décadents, les immondes tas de suif avec des titres plein le goitre, ils avaient des hommes taillés comme des armoires et les épées qui allaient avec. Le plus fort suivait le plus riche. Et ils dirigeaient la Tilée, l'Estalie, le Monde. Mais le plus fort dans ces forêts, ce n'était pas un roi, un prince-marchand, une duchesse ou une palanquée de ronflants sangs bleus. Le plus fort, c'était la bête qui guettait dans les ombres, celle qui dévorait les malheureux qui s'aventuraient sur son territoire. Une bête, une infinité d'hommes-bêtes. La Bête après tout, c'était comme un seul être. Un être que les hommes affrontaient dès qu'ils mettaient le pied en dehors des murs.

Est-ce que l'elfe était la Bête ? Elle s’enorgueillissait de ne pas faire partie de cette civilisation dont elle parlait avec le respect que le péquin moyen accordait à un pot de chambre plein. Qu'avait-elle vécu, toutes ces années, toutes ces vies d'hommes en une seule existence. Morwen du clan Nidariel...La dame des bois, la grande rousse avec une lance qui aurait tout aussi bien pu lui planter dans le bide en poussant des jurons dans une langue propre à son peuple. Et pourtant la voilà à aider ces humains qu'elle méprisait. Cette foutue civilisation. Peut être qu'il ne pouvait y avoir qu'une seule maîtresse des forêts. Et l'elfe devrait se battre à mort avec les rejetons de la Ruine pour la devenir. La Reine des bois, la sauvageonne aux milles vies d'hommes.

Quand il fut l'heure de rentrer déguster des oignons à l'oignon, la petite bande s'en retourna vers Ordafen. S'en retournant à ses songeries, le Sudiste manqua de s'embroncher la gueule sur une branche. Le bruit de son orteil martyr lui décocha un juron à faire rougir sa catin de mère. Mais par les cloches de Tylos, c'était quoi ces racines. Empoignant son sabre, Piero tailla avec la délicatesse d'un ogre égaré dans l'Ostermark les branches corrompues. Puta madre, des sabots, et pas des sabots de cabri, des sabots de saloperies à dents jaunes et aux cornes pointues.
Et cet arbre...Tu m'étonnes que les elfes virent cintré si les arbres ont cette gueule quand ils parlent !

C'était quoi qui venait de bouger. L'aventurier dégaina, vérifia la charge, et traça à l'albionaise direction Boerich et compagnie. C'est le souffle court qu'il expliqua tout. Le visage, les sabots, le flou. Bordel dé bordel dé mierda.

Ses yeux noirs se posèrent tour à tour sur les trois. L'un voulait rentrer, logique, sûr, village, oignons, les autres voulaient attaquer, tenaille, embuscade. Que faire, que faire...Le soleil s'en allait mourir à l'opposée du village, dans peu de temps, ils seraient dans le noir, mais si ils éliminaient quelques uns...Mais la nuit, l'abri. Le salut...
L'Estalien de Tilée secoua la tête et sortit ses deux armes.

-Attaquons, et priez vos Dieux, leur sang ou lé nostre va couler cette nouit.
Piero Orsone da Trantio, explorateur
Profil: For 11 | End 10 | Hab 10 | Cha 9 | Int 9 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | PV 80

Lien: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_piero_orsone_da_trantio
Image
"Ma qué ?!"

Tu vuo' fa' ll'americano
mericano, mericano...
ma si' nato in Italy !

Avatar du membre
Morwen Nidariel
Warfo Award 2018 de la meilleure fiche
Warfo Award 2018 de la meilleure fiche
Messages : 44

Re: [Morwen Nidariel & Piero Orson] Quand les Hommes redeviendront des Bêtes

Message par Morwen Nidariel »

Elle s'était emmurée dans le mutisme réfléchi dont les elfes avaient le secret, passant en revue les paroles énigmatiques de l'arbre. Aux yeux des Asrai, Morwen partageait depuis longtemps un lien privilégié avec la forêt : plus obscur et sauvage qu'il n'était bon, de l'avis des anciens de son clan, car il n'était jamais dans l'intérêt de quiconque de s'immerger pleinement dans les mystères qui habitent le coeur des bois. Mais qui l'en aurait blâmée ? Elle avait erré le long de leurs sentiers perdus, contre sa volonté. Ce lien qui s'était tissé entre elle et la nature n'était pas de son fait : elle l'avait subi.

Ca ne l'empêchait pas, comme toujours, de lutter contre la marée montante de sa frustration.

Encore une fois, on lui avait donné des réponses qu'elle n'avait pas souhaitée ! La guerrière n'avait rien d'un devin ou d'une amatrice de jeux de mots. C'était une combattante à l'esprit pratique, qui n'attachait jamais autant d'importance au motif de ses combats qu'aux règles selon lesquelles elle pouvait les mener. Le comment avant le pourquoi. Elle laissait l'origines des choses aux historiens et aux temps de paix ! Aujourd'hui elle était en guerre, et aujourd'hui elle voulait savoir où trouver ses ennemis. Où les frapper sans qu'ils s'y attendent. Où leur rendre un peu de la douleur qu'ils répandaient sur le monde avec tant d'acharnement et d'insolence.

Elle inspira, à pleins poumons, l'air glacé d'un Nordland qui ne faisait rien pour l'aider. Toute à sa colère silencieuse l'elfe maudissait ces bouleaux confus, ces humains si lâches et peu vaillants, et puis aussi les seigneurs de son peuple pour lui avoir imposée une tâche aussi ingrate ! Comme ils devaient rire là-bas, dans les halls souverains de Laurelorn, en se moquant de la danseuse de guerre qu'on avait envoyée se battre si proche, et si loin en même temps... Fallait-il que sa place soit si chère à gagner pour subir de telles épreuves ?

Tout était si simple, naguère... Sa respiration, froide, lui faisait l'impression de couler dans sa gorge comme une lampée d'onde claire. Elle s'imagina, comme elle avait fini par en prendre l'habitude, que l'irritation qui lui sourdait de la poitrine glissait comme de l'eau dans son corps et s'échappait par la plante de ses pieds lacés de cuir. Trouver grâce aux yeux des siens serait une quête de longue haleine, or que ses dieux lui en soient témoins elle n'avait jamais été bien pourvue en patience...

Elle se rendit alors compte que ce soir, après les dernières déceptions qu'il lui avait fallu essuyer de la part de ses alliés, s'il fallait les appeler ainsi, elle avait le mal du pays.
Elle voulait revoir les grandes salles peuplées d'Asrai rieurs, musiciens et danseurs, où l'on festoyait aux heures les plus noires de la nuit et les plus douces du jour. Elle voulait s'abîmer encore dans les longues valses solitaires, une belle épée décorée à la main, et virevolter au son des harpes d'or et des luths d'if, des lyres langoureuses des sylvains, du chant profond et joyeux des tisseurs de charme. Elle voulait se laisser posséder par l'allègre passion des elfes qui avaient renoncé aux trésors d'Ulthuan, pour trouver dans leur propre cœur toutes les richesses dont ils avaient besoin ! Elle voulait, désespérément, ardemment, redevenir la créature si belle et si inspirée que les temps éloignés du combat la laissaient être !

Morwen rouvrit les yeux sans se rappeler les avoir jamais fermés. La vision d'elle-même, portant non la lance mais le glaive d'apparat, ayant troqué ses fripes pour les belles tuniques soyeuses et les bijoux de bois et d'argent, s'estompa lentement au profit du décor morne et glacé de l'hiver Nordlander.

« Un jour peut-être... »

Elle enterra ses désirs sur cette moitié d'espoir à peine formulé, et se détourna des arbres cachant tant de ces choses qu'elle aimait pour revenir en direction de la ferme fortifiée. Jamais marcher en direction d'une enceinte close ne lui avait été si pénible ; distinguer à plusieurs toises de l'entrée les visages désormais connus de ses compagnons d'infortune ne lui apporta qu'un maigre réconfort. Elle jugea d'ailleurs à travers le rideau tombant d'épais flocons que leur mine était un brin sinistre pour des hommes ayant passé l'après-midi à fabriquer des pièges.

C'est l'Estalien qui la mit au parfum. Et quel parfum ! Il amena sur les lèvres foncées de Morwen un rictus qui se voulait d'une exquise violence.

Etait-elle si sanguinaire ? Cette question n'avait guère de réponse précise ; mais ce qui était certain, c'était qu'elle avait pris l'habitude de la guerre. Elle en revêtait le manteau avec naturel dès lors que la nécessité l'exigeait, et elle avait eu à montrer l'exemple plus souvent qu'à son tour. Se montrer sauvage avant la bataille, partager un peu de sa vaillance au travers d'expressions brutales, était devenu une seconde nature. C'était l'histoire de l'oeuf et de la poule : était-elle si guerrière au fond d'elle-même, depuis toujours, ou l'était-elle devenue à force de vouloir le faire croire aux autres ?

« Il faut les attaquer maintenant, l'occasion est trop belle d'amputer de quelques doigts la main qui nous menace. C'est nous qui aurions dû être à les espionner ! Mais on ne pleure pas sur le lait renversé, pas vrai ? »

Elle avait jeté un regard lourd de reproche et de sarcasme au fidèle du dieu-loup. Elle lui imputait – et qu'importe si c'était injuste – la lâcheté de ses pairs.

« Fulgrad, vous venez avec moi. »

Comme lors de l'attaque sur la route où ils avaient secouru les cochers, comme lorsqu'ils s'étaient retournés pour faire face à la harde au-devant de l'autel de Taal, elle prenait l'initiative. Distribuait ses directives. Ça aussi, c'était devenu dans sa nature. C'était moins le tempérament que l'expérience qui s'exprimait : en tout et pour tout l'Asrai avait bien peu de certitudes, mais de toutes celles qu'elle possédait nombre d'entre elles concernaient les escarmouches à l'orée ou au cœur des bois.

« Attendons que Piero et Boerich ouvrent le feu sur eux. » Tendue, elle se retenait de se retourner dans la direction indiquée par l'aventurier, en dépit de la désagréable sensation qui pesait entre ses épaules. Imaginer le regard d'un homme-bête fixé sur elle, sans pouvoir lui retourner toute la haine qu'elle leur vouait, était comparable à se tenir immobile sous un filet d'eau glacée. « Profitons de la détonation et du réflexe qu'ils auront de s'abriter pour contourner de ce côté. »

Elle indiqua un épais fourré d'un doigt discrètement tendu sous sa poitrine.

« Puis nous les attaquons à quatre. Ce sera rapide » ajouta-t-elle avec une assurance forcée.

Rien n'était moins sûr. Mais après tout...

« On ne vit qu'une fois... et avec un peu de chance » glissa l'Asrai avec un rire déguisé dans la voix, « on ne meurt pas davantage ! »
Image @par Pierre Huot
Morwen Nidariel, Voie du Danseur de Guerre
Profil: For 8 | End 7 | Hab 14 (16*) | Cha 9 | Int 9 | Ini 10 (11**) | Att 10 | Par 10 | Tir 10 | NA 1 | PV 40/55 (35/50*)

* : Bottes du voyageur + Peinture de vivacité
** : Tatouage de Loec

Score d'esquive de base :
16 (Hab) + 2 (Tatouage de Loec) + 1 (Aspect du serpent) + 2 (Acrobatie de combat, Danse de Morrslieb) = 21

Compétences de combat :
Arme de prédilection (lance)
Bravade
Danse des ombres

Arme :
Lance à deux mains : Rapide (-2 Parade/Esquive), Longue (-2 Attaque), 25 + 1D8 dégâts, 10 Parade




Image
« Le jour où tout sera fini, où j'aurai payé toutes mes dettes et où j'aurai gagné leur confiance, je pourrai enfin rentrer... »

Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_morwen_nidariel

Avatar du membre
[MJ] Le Djinn
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - RP
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - RP
Messages : 1199
Profil : FOR / END / HAB / CHAR / INT / INI / ATT / PAR / TIR / NA / PV (bonus inclus)
Localisation : Dans ma lampe...

Re: [Morwen Nidariel & Piero Orson] Quand les Hommes redeviendront des Bêtes

Message par [MJ] Le Djinn »

Image
Fulgrad Hautwend, prêtre-guerrier d'Ulric
Profil : FOR 9 / END 10 / HAB 8 / CHAR 9 / INT 9 / INI 9 / ATT 12 / PAR 10 / TIR 8 / NA 1 / PV 75 (bonus inclus)
Équipement :
  • Hache à double tranchant: 26 + 1d10, 10 parade. Lente, percutante.
    • Veste de cuir : 5 protections sur Torse, dos et bras
      • Pantalon de cuir : 5 protections sur Jambes.
      • Compétence Doctrine du Culte (Ulric) : Votre personnage, en tant qu'initié, prêtre ou cultiste, connait les croyances de base, les détails des cérémonies religieuses, les costumes appropriés, les jours saints, les comportements honorables et interdits, les symboles de son culte/religion, les cérémonies. Il sait également expliquer la signification des jours saints célébrés par le culte/religion, décrire les dispositions traditionnelles de lieux saints de son culte/religion, être capable d'apprendre ces détails aux pratiquants et demandeurs intéressés, etc.,
      • Compétence Parade : Votre personnage a appris comment se servir d'une arme à son plein potentiel pour réussir à parer une attaque rendant les parades bien plus efficaces. La valeur de parade des armes (bouclier compris) est ainsi doublée. Par exemple, une épée ayant une parade à 12 aura dès lors une parade à 24.
      • Compétence Arme de prédilection (hache à deux mains) : Votre personnage, grâce à la pratique continue d'une même arme (à déterminer à l'acquisition de la compétence), en a acquis une maîtrise technique telle qu'il peut ajouter un bonus de +1 en ATT lorsqu'il l'utilise en combat. (La durée durant laquelle le personnage doit manipuler cette arme avant de pouvoir acquérir cette compétence est laissée à l'appréciation du MJ, mais devrait se compter en années.). Cette compétence reflète le fait que votre personnage possède une arme “préférée” qu'il utilise avant toute autre, si possible. Par contre, lorsqu'il utilise une autre arme que son arme de prédilection, il reçoit un malus de -1 en ATT et en PAR pendant les 1D3 premiers combats qu'il livrera avec cette arme, le temps qu'il s'y adapte. (Cette compétence doit être acquise à nouveau si le personnage décide de changer d'arme de prédilection. La précédente compétence est en ce cas perdue.)
      • Compétence Eloquence: Votre personnage a cette faculté de savoir manipuler des assemblées ou des foules entières de personnes uniquement par la persuasion verbale. Contrairement à la compétence «baratin» (voir plus haut) le nombre de personnes affectées en est bien supérieur. Il peut ajouter un bonus de +1 sur ses tests pour arriver à ses fins (Le MJ doit tenir compte de la pertinence du RP, de l'humeur de la foule, de leur crédulité etc. Le degré de réussite du test peut servir à fixer le nombre de personnes subjuguées ou conquises par le discours et déterminer le degré de réaction de l'auditoire. Une réussite importante du test peut déclencher une adhésion totale et un enthousiasme général. Cependant la persuasion a ses limites et il sera très difficile, voire impossible, de manipuler des personnes dont les idées sont antagonistes à celles proposées par votre personnage et cela, quel que soit la qualité et la véracité de son discours.)
Tentative de tir de Piero (Malus de 2 car il y a le couvert des arbres): 20, échec critique.
Alors tant qu'on est là je vais donner ici la table des critiques au pistolet (sur 1d6): 1-3 = Long-feu: le coup ne part juste pas, l'arme sera inutilisable pour 2 tours. 4 = Cassé: l'arme ne tirera plus jusqu'à réparation. 5 = Fichu: l'arme est définitivement cassée, il ne reste plus qu'à la jeter. 6 = Explosion: l'arme explose, son propriétaire subissant les dégâts d'un tir sur le bras droit.

Résultat du critique de Piero: 2, long feu.

Tir de Boerich à l'arbalète (même malus que Piero): 10, réussite. Il inflige 31 points de dégâts à Pisteur ungor 1. Localisation: Torse.

Fulgrad et Morwen se lancent à sa poursuite.

Test d'INI de l'Ungor: 1. Il s'agit d'une opposition de jet, il ne compte donc pas comme un critique. Malus de 3 en raison de sa blessure par arbalète. Réussite de 5.

Test d'INI de Fulgrad puis Morwen: 14 et 12. Echec de 5 pour Fulgrad. Echec de 1 pour Morwen.
Le coup de feu de Piero ne provoqua pas plus qu'un "pshiiiit" sonore et un nuage de fumée noir avant que le canon ne crache une balle qui ne fit pas deux mètres avant de s'écraser au sol. Le bruit fût pourtant suffisant pour déclencher la fuite de l'espion repéré qui commença une course à travers les bois. L'oeil vif de Boerich ne manqua pourtant pas de le repérer un trait d'arbalète vint se ficher en plein dans son dos, entravant sa course. Furieux, Morwen et Fulgrad s'étaient précipités à sa poursuite, espérant le coincer et l'éliminer, malheureusement pour eux la connaissance des environs du monstre chaotique se révéla décisive et alors que nos héros s'empêtraient dans des herbes folles et des racines qui semblaient d'elles-mêmes se tordre pour gêner leur passage. Bien vite le pisteur disparut de vu et hurla de lourds brames à destination, sans doute, d'alliés situés non-loin. De plus les autres pisteurs de la clairière, car Boerich ne s'était pas trompé en les estimant plus nombreux, arrivaient déjà pour les prendre en tenaille. Heureusement Les deux duo décidèrent conjointement, même séparés par une certaine distance, de se regrouper dans la clairière en amont. Il y serait peut-être plus facile d'y chercher le couvert de la pierre et de repérer des adversaires.

Quand les combattants au corps à corps émergèrent des bois, la situation s'était clarifiée: Piero et Boerich, adossés à la pierre, rechargeaient leurs armes comme ils pouvaient. Trois ungors équipés de courtes épées et de haches sortant des frondaisons pour venir les tailler en pièces. Deux autres tirailleurs arrivaient derrière eux, de l'autre côté du rocher, avec des javelins cette fois, mettant Morwen et Fulgrad en joue. Et derrière ce dernier duo arrivaient le blessé et deux hommes-bêtes non-identifiés, appelés par le brâme de leur compagnon, ils mettraient un peu de temps à arriver cependant.


C'est l'heure de la baston! Alors le combat va se diviser de la façon suivante: Piero et Boerich ont eu 2 tours pour recharger et peuvent ainsi tirer sur les ungors en approche à droite.
Les ungors du dessous ont des arcs et vont viser Morwen et Fulgrad, ils ne voient pas Piero et Boerich.

Combat:

On va commencer par s'occuper de Piero et Boerich, ils vont faire 3 actions; 1 tir, une action de mise en posture de combat/dégainement et un round de combat.

Piero tire: 12, échec.

Boerich tire: 17, échec. Pas de chance.

Deux ungors vont arriver sur Boerich, un sur Piero.

Piero vs Ungor:

Piero attaque en premier: 1, réussite critique, dégâts doublés. Parade de l'ungor: 7, réussite. Localisation: torse. Piero inflige 60 points de dégâts à l'ungor. L'ungor est mort!

Boerich vs Ungors:

Boerich attaque en premier: 5, réussite! Parade l'Ungor: 3, réussite! Localisation: torse. Boerich inflige: 17 points de dégâts à l'Ungor 1. Il reste 43 points de vie à l'Ungor 1.

Ungor 1 attaque: 8, réussite! Parade de Boerich: 3, réussite! Localisation: jambe gauche. L'Ungor 1 inflige 19 points de dégâts à Boerich. Il reste 46 points de vie à Boerich.

Ungor 2 attaque: 13, échec.

Boerich & Piero vs Ungors

Piero attaque Ungor 2: 18, échec.

Boerich attaque Ungor 1: 5, réussite. Parade d'Ungor 2: 3, réussite. Boerich inflige: 18 points de dégâts à l'Ungor 1. Il reste 25 points de vie à l'Ungor 1.

Ungor 1 attaque Piero: 11, échec.

Ungor 2 attaque Boerich: 12, échec.

-------

Passons à Morwen et Fulgrad. Les archers vont tirer 1 fois, puis il y aura 1 tour de corps à corps, même principe que pour Piero et Boerich.

Tir de Pisteur 1: 2, réussite. Fulgrad subit: 12 points de dégâts. Il reste 63 Pvs à Fulgrad.

Tor de Pisteur 2: 4, réussite. Morwen subit: 15 points de dégâts. Il reste 35 Pvs à Morwen.

Un tour de combat:

Morwen attaque: 9, réussite. Parade du Pisteur 2: 6, échec. Il subit 37 points de dégâts. Il reste 23 PVs à Pisteur 2.

Fulgrad attaque: 9, réussite. Parade du Pisteur 1: 18, échec. Il subit 38 points de dégâts. Il reste 22 PVs à Pisteur 1.

Test de peur de Pisteur 1 puis Pisteur 2: 19 et 9, double échec, ils commencent à fuir! Vous les poursuivez.

Morwen attaque: 20, échec critique. Tu passeras ton prochain tour, autant dire que le tiens se tire.

Fulgrad attaque: 12, réussite. Parade du Pisteur 1: 20, échec critique. Pas besoin de calculer les dégâts, il est décédé d'une hache dans le dos.
Enfermé dans une lampe pendant des siècles, cloisonné dans une pièce de métal par une malédiction... Puis un jour un naïf est venu, me libérant dans sa sottise... Tant pis pour lui... Et pour tous les autres.

Avatar du membre
Piero Orsone
Mister Vieux Monde 2022
Mister Vieux Monde 2022
Messages : 182
Profil : For 11 | End 10 | Hab 10 | Cha 9 | Int 9 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | PV 80
Lien fiche wiki : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_piero_orsone_da_trantio

Re: [Morwen Nidariel & Piero Orson] Quand les Hommes redeviendront des Bêtes

Message par Piero Orsone »

L'air glacé du Nordland remontait dans ses narines, mordant sa trachée jusqu'à gonfler ses poumons. Il inspira, expira. Et l'aventurier tira sur la sentinelle contrefaite et corrompue.
Pshit....Comment ça pshit ?!
Piero se mordit la lèvre inférieure jusqu'à l'ecchymose en voyant la balle tomber mollement dans la neige en dégageant un pathétique sillage de vapeur.
Mais le mal était fait et le monstre détala.
Pour répondre à l'éternel débat nain entre arbalètes et arquebuses, le carreau du pisteur, lui, fusa jusqu'à se planter dans la fourrure crasseuse et emmêlée du rôdeur qui poussa de pathétiques brames de douleur.
Alors qu'il était encore scié par le pathétique spectacle de son arme, l'Estalien vit Morwen et l'Ulricain courir pour intercepter leur ennemi. Mais cette forêt jouait contre eux. Cette nature répugnante, meurtrie par la corruption. Par toutes les putes de Sartosa, il allait la cramer cette putain de forêt. Cramer ses arbres à la con, ses racines de merde, le feu et le fer des haches oui.

Tiré de ses rêveries incendiaires par Boerich, les deux cavalèrent jusqu'à la clairière et sa pierre. Reprenant leurs souffles, les deux combattants rechargèrent leurs armes. Piero curait le canon de son pistolet, c'était pas le jour pour le lâcher. Peut être que cette catin d'Hélène riait à ses dépends de la tombe où elle pourrissait.

Déjà d'autres de ces créatures hirsutes et hargneuses, non pas l'elfe et Fulgrad, des Hommes-bêtes, galopaient sur eux. Il opina du chef en direction du Nordlander, trois...Deux...Un...
Roh mais par Myrmidia, ses tétons et tout ce qui va avec !
Ni l'un ni l'autre ne virent leurs projectiles toucher le moindre ungor. Et il était trop tard pour retenter quoi ce que soit, ils étaient sur eux.
Piero Orsone Salvadore Manicha Enrico de Riviera di Cruz da Trantio rugit de rage en attrapant son sabre. L'acier brilla un instant de la lumière du soleil mourant avant qu'il ne l'enfonce dans le goitre du premier monstre à s'être jeté sur lui.
Dans son esprit il n'y avait plus rien d'autre que la colère, la hargne, l'instinct animal déjà évoqué et qui peinait encore et encore à être refoulé. L'Ungor poussait des borborygmes gras alors que son sang noir et corrompu s'écoulait de la commissure de ses babines pleines d'aphtes.
D'un mouvement du pied l'Estalien poussa le corps encore agité de tressaillements qui glissa au sol.
Il n'y avait plus que lui et le cadavre puant, pas de pisteur, d'elfe, de guerrier à la hache ni d'hommes bêtes. Il n'y avait que lui et ce tas de viande encore chaud.
Un cri humain, de douleur cette fois, le tira de sa transe. Boerich !
Le coureur des bois était aux prises avec deux ungors et son sang imbibait déjà ses atours de forestier.

Captant l'attention d'un des monstres, une saloperie dont les mutations l'empêchaient de fermer la bouche totalement, laissant des coulées de bave glaireuse dévaler sur sa toison, un second duel pouvait commencer. L'acier de Los Cabos s'entrechoqua avec le métal.
Le combat pour la Pierre des bois ne faisait que commencer. Et que ce soit hommes, elfe ou bêtes. Tous étaient prêts à verser le sang de ses adversaires.
Piero Orsone da Trantio, explorateur
Profil: For 11 | End 10 | Hab 10 | Cha 9 | Int 9 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | PV 80

Lien: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_piero_orsone_da_trantio
Image
"Ma qué ?!"

Tu vuo' fa' ll'americano
mericano, mericano...
ma si' nato in Italy !

Avatar du membre
Morwen Nidariel
Warfo Award 2018 de la meilleure fiche
Warfo Award 2018 de la meilleure fiche
Messages : 44

Re: [Morwen Nidariel & Piero Orson] Quand les Hommes redeviendront des Bêtes

Message par Morwen Nidariel »

Les armes humaines étaient ce qu'elles étaient. D'imprévisibles choses capricieuses - c'était une réflexion amusante de la part d'une Asraï, au tempérament explosif de surcroît - sur lesquelles personne ne pouvait compter. Une bonne lame, un entraînement rigoureux, le talent naturel des elfes : voilà tout ce dont elle avait besoin !

Ce dont Morwen n'avait cependant pas besoin, auraient signalé les anciens de son clan, c'était de son empressement furieux. Elle devançait l'Ulricain dans sa hâte à faire couler le sang, ses yeux aux iris obscurs fixés sur la silhouette vacillante de l'Ungor qui s'éclipsait dans les fourrés épais de l'orée des bois ; avide de sang, elle s'empêtra dans les mêmes bosquets où l'homme-bête avait si aisément disparu, et ne se priva pas de pousser un long sifflement de frustration tout en luttant contre les racines épaisses et les rameaux griffus qui laissèrent sur la peau de ses bras de minuscules traces rougeâtres. Et plus elle se sentait perdre du temps et du terrain sur le fuyard, plus elle s'irritait - que Fulgrad finisse même par la devancer, lui l'humain balourd et pataud, ne fit qu'insuffler une bouffée supplémentaire de chaleur courroucée dans son coeur sauvage.

Elle était la fille d'un temps qui n'avait jamais connu que la colère d'Ariel. Elle s'enflammait de tout et d'un rien, avec force et insistance. Cette tendance mettrait longtemps à changer chez elle, si jamais un tel changement lui était jamais permis.

« Reviens te battre ! Reviens te battre ! » finit-elle par hurler à la forêt silencieuse, en désespoir de cause.

Elle inspira profondément pour tenter - vainement - de calmer son humeur bouillante, échangeant un regard frustré avec l'impérial. Qui se figea lorsque soudain, comme en réponse à son défi, des brames sourds et menaçants s'élevèrent bien trop près.
Morwen et Fulgrad étaient incontestablement des guerriers courageux. Mais pas téméraires : se devinant cernés, bien conscients du renversement de situation entre chasseurs et chassés, ils battirent en retraite d'un commun accord en direction d'une trouée où leurs deux compères semblaient déjà défendre leur vie face à d'autres assaillants.

Ce fut le Nordlander, bâti comme une porte de grange, qui lui cria l'avertissement. Alors même qu'elle n'avait d'yeux que pour l'homme-bête étendu aux pieds d'un Piero se démenant comme un beau diable, l'elfe sentit la morsure brûlante d'un fer lui mordre les côtes. La lourde pointe d'un javelot ricocha sur l'os et la violence de l'impact manqua la faire chuter, seul un réflexe providentiel lui épargnant la rencontre avec le sol que tous les combattants savaient consécutive aux blessures par traits. Elle surprit du coin de l'oeil le mince déversement sanglant qui dévala sur sa hanche, puis dessina une chaude coulée le long de sa cuisse.

La douleur qui poignardait son flanc était à couper le souffle. Un oeil fermé elle se retourna, muette, dans la direction indiquée par l'homme. Deux créatures, bossues et au faciès grimaçant d'une malice à faire pâlir un adepte de Ranald, se moquaient ostensiblement d'eux dans des borborygmes bestiaux bien plus aigus que les grognements habituels des Gors. Leur fourrure était plus mince, presque éparse à certains endroits de leurs corps secs et tordus, et ils avaient bien davantage en commun avec la race humain qu'ils parodiaient si odieusement qu'avec les boucs ou les taureaux.

Elle sentait posé sur elle le regard inquiet d'un Fulgrad qui devait se demander si elle était en mesure de riposter. Elle répondit à ses doutes comme elle avait toujours eu pour coutume de le faire : par l'exemple, en grondant sa douleur et sa colère étroitement mêlées, et en s'élançant vers l'ennemi./

Morwen faisait de son mieux pour ignorer la souffrance lancinante lui incendiant le côté. Passé le premier instant d'étourdissement son esprit de rescapée avait associé la sensation de heurt à une bonne nouvelle, à savoir que la blessure n'avait rien de mortelle puisque c'était l'os qui avait accueilli le fer... Du moins, elle ne serait pas mortelle si elle profitait de cette chance pour se défendre.

Et elle se défendit. La distance qui la séparait des tireurs fut promptement avalée par sa course furieuse, qui mlaissa quelques lourdes gouttes de sang tacher le tapis piétiné de la neige. L'elfe tira une joie mauvaise à voir l'expression ricanante de l'homme-bête passer de l'hésitation à la frayeur lorsqu'elle franchit les derniers mètres d'un bond athlétique, la pointe d'argent effilée de sa lance renvoyant un éclat glacé dans ses yeux jaunâtres. Elle en éprouva davantage encore, lorsque le métal perça profondément la peau rêche et incrustée de saleté. Les deux combattants, à ce moment étrange où le sort vient d'être jeté, s'entre-regardèrent tandis qu'un bouillon sanguin se déversait à leurs pieds. La lance s'était retirée de la plaie avec une facilité qui en disait long sur son aiguisage séculaire.

L'Asraï choisit ce moment pour montrer les dents. La barbarie de son rictus n'avait rien à envier à celle du monstre...

Alors, dans un sursaut de vigueur, il rua contre elle - revigoré par la terreur et l'instinct de survie. La créature tomba à terre, se cabra, et s'enfuit d'un élan à mi-chemin entre la course et le trot hasardeux. Elle suivit un moment des yeux la ligne sinueuse du pourpre sur la poudreuse avant de réaliser que son acolyte dévoué aux puissances de la ruine décampait de même, lacéré d'un revers de hache. Le fidèle du dieu-loup était déjà sur ses talons pour l'abattre en pleine fuite, et elle en aurait fait autant de sa proie si sa blessure ne l'avait faite se figer en tressaillant au bout de plusieurs pas.

Il ne perdait rien pour attendre, songeait-elle tout en ramassant le javelot qui, maculé de son sang rosé qu'éclaircissaient encore les flocons drus de l'hiver, était resté au sol à quelque distance de là.
La sylvaine à la pelisse automnale et l'impérial guère plus civilisé selon les critères de bien des peuples, allèrent d'une même allure en direction de leurs amis qui défendaient encore leur vie à la pointe du sabre et du coutelas. Ses joues étaient rougies par l'effort et l'envie ardente de donner la mort, et sa crinière tintait presque joyeusement de ces anneaux de bois poli qui filaient ses nattes au cuivre profond. Sa peau blême était chevauchée de lignes d'encre et de sang, et tout en elle respirait la nature d'un être fait pour se battre.

Et pourtant.

Son regard fixé sur l'Estalien elle se rappelait, dans cette précision de pensée terrifiante propre aux gens de sa race, que peu de temps auparavant elle rêvait encore aux temps de paix où on l'autorisait à danser dans la lumière scintillante des colonnades de verre et de lierre, au son des chutes d'eau souterraine et des lyres sylvestres qui habitaient les halls opulents des royaumes enchantés. Elle se souvenait, alors même que l'odeur de sang lui emplissait les narines, que le froid lui étreignait les poumons et que l'idée de son propre trépas l'entourait de toute part, qu'il y avait un temps plus beau, plus serein, peut-être plus naturel même, qui méritait qu'on se batte pour lui.
Son cœur soudain léger, si volage et capricieux, était en train de se dire qu'elle aimerait que le Sudiste qui s'était déjà battu plusieurs fois à ses côtés en si peu de temps, vive encore demain pour découvrir ce que la paix avait à offrir. Pour la voir comme elle-même la voyait.

C'était une pensée fugace et étonnamment bienveillante pour Morwen. Lorsque viendrait - s'il venait ! - ce lendemain qu'elle souhaitait, peut-être que ce désir serait déjà mort et remplacé par son habituelle colère méprisante. Peut-être qu'elle n'accorderait à son compagnon d'armes à peine qu'un regard inamical.
Ou peut-être qu'à force de le voir combattre les mêmes ennemis qu'elle, l'elfe commençait à se dire que sa compagnie n'était pas si déplaisante...
Image @par Pierre Huot
Morwen Nidariel, Voie du Danseur de Guerre
Profil: For 8 | End 7 | Hab 14 (16*) | Cha 9 | Int 9 | Ini 10 (11**) | Att 10 | Par 10 | Tir 10 | NA 1 | PV 40/55 (35/50*)

* : Bottes du voyageur + Peinture de vivacité
** : Tatouage de Loec

Score d'esquive de base :
16 (Hab) + 2 (Tatouage de Loec) + 1 (Aspect du serpent) + 2 (Acrobatie de combat, Danse de Morrslieb) = 21

Compétences de combat :
Arme de prédilection (lance)
Bravade
Danse des ombres

Arme :
Lance à deux mains : Rapide (-2 Parade/Esquive), Longue (-2 Attaque), 25 + 1D8 dégâts, 10 Parade




Image
« Le jour où tout sera fini, où j'aurai payé toutes mes dettes et où j'aurai gagné leur confiance, je pourrai enfin rentrer... »

Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_morwen_nidariel

Avatar du membre
[MJ] Le Djinn
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - RP
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - RP
Messages : 1199
Profil : FOR / END / HAB / CHAR / INT / INI / ATT / PAR / TIR / NA / PV (bonus inclus)
Localisation : Dans ma lampe...

Re: [Morwen Nidariel & Piero Orson] Quand les Hommes redeviendront des Bêtes

Message par [MJ] Le Djinn »

Le temps que Morwen et Fulgrad arrivent aider Boerich et Piero il faudra un tour de combat.

Boerich est toujours accaparé par Ungor 1. Ungor 2 va se tourner pour attaquer Piero.

Boerich attaque Ungor 1: 7, réussite. Localisation: bras droit. La parade de l'Ungor 1 a réussi (3). Vous lui infligez 15 points de dégâts. Il reste 10 Pvs à Ungor 1.

Ungor 1 tente de s'enfuir: 5, réussite. Ungor 1 commence à saigner, jet d'END: 1, réussite critique. Il ne saigne pas.

Ungor 1 attaque Boerich: 15, échec.

Piero attaque Ungor 2: Votre attaque a réussi (5). Localisation: jambe droite. La parade de votre adversaire a réussi (6).Vous lui infligez une perte de 18 PV. Il reste 42 PVs à l'Ungor 2.

Ungor 2 attaque Piero: Votre attaque a réussi (2). Localisation: bras gauche. La parade votre adversaire a échoué (15). Vous lui infligez une perte de 23 Pvs. Il en reste 42 à Piero.

Tour 4 (je crois):

Un Gor armé d'une hache à deux mains et deux ungors armés de haches et de boucliers arrivent. Il leur faudra un tour pour arriver au corps-à-corps.

Morwen va aider Piero, Fulgrad va aider Boerich.

Boerich attaque Ungor 1: Votre attaque a réussi (2). Localisation: Tête. La parade de votre adversaire a échoué (14). Vous lui infligez une perte de 30 Pvs. Ungor 1 est mort.

Piero attaque Ungor 2: 13, échec.

Morwen attaque Ungor 2: 7, réussite. Localisation: torse. La parade de votre adversaire a échoué (16). Vous lui infligez une perte de 38 Pvs. Il en reste 4 à Ungor 2. Test d'END contre saignement: 4, réussite!

Test d'END d'Ungor 2: 3, il se bat encore!

Fulgrad attaque: 13, réussite. Localisation: Jambe droite. La parade l'Ungor 2 a réussi (6). Inutile d'aller plus loin, avec 4 Pvs il est foutu.


Tour 5:

Boerich va contourner le combat.

Morwen attaque Ungor 1: 16, échec.

Ungor 1 attaque Morwen: 8, échec (malus de -2 dû à l'attribut Long).

Fulgrad attaque Ungor 2: 20, échec critique. Il n'attaquera pas au prochain tour.

Ungor 2 attaque Fulgrad: 7, réussite. Localisation: Jambe gauche. La parade de votre adversaire a réussie (3). Vous lui infligez une perte de 9 PV, il en reste 66 à Fulgrad.

Piero attaque Gor: 12, échec.

Gor attaque Piero: 15, échec.

Tour 5:

Morwen attaque Ungor 1: 7, réussite. Localisation: torse. La parade de votre adversaire a échoué (20), échec critique, il perd son bouclier. Vous lui infligez une perte de 38 Pvs, il en reste 22 à Ungor 1.

Ungor 1 attaque Morwen: 15, échec.

Ungor 2 attaque Fulgrad: 14, échec.

Piero attaque Gor: 20, échec critique. Pas d'attaque au prochain tour.

Gor attaque Piero: 20, échec critique. Pas d'attaque au prochain tour.

Boerich tire sur Ungor 1: 18, échec.

Tour 6:


Morwen attaque Ungor 1: 5, réussite. Localisation: tête. La parade de votre adversaire a échoué (15). Vous lui infligez une perte de 37 Pvs Ungor 1 est mort.

Fulgrad attaque Ungor 2: 3, réussite. Localisation: bras gauche. La parade de votre adversaire échoué (17 puis 13). Vous infligez une perte de 47 Pvs à Ungor 2. Il lui en reste 18.

Test de peur d'Ungor 2: 5, il réussit.

Ungor 2 attaque Fulgrad: 5, réussite. Localisation: Jambe gauche. La parade de votre adversaire a réussie (2). Vous lui infligez une perte de 10 PV, il en reste 56 à Fulgrad.

Boerich tire sur Gor: 18 (encore), échec.

Tour 7:

Boerich va contourner le combat.

Morwen attaque Gor: 19, échec.

Fulgrad attaque Ungor 2: 20, échec critique. Il n'attaquera pas au prochain tour.

Ungor 2 attaque Fulgrad: 9, échec.

Piero attaque Gor: 20, échec critique. Il n'attaquera pas au prochain tour.

Gor attaque Piero: 20, échec critique, il n'attaquera pas au prochain tour.

Boerich tire sur Gor: 17, échec.


Tour 8:

Morwen attaque Gor: 16, échec.

Ungor 2 attaque Fulgrad: 3, réussite. Localisation: tête. La parade de votre adversaire a échoué (13). Vous lui infligez une perte de 24 Pvs. Il en reste 32 à Fulgrad.

Boerich tire sur Ungor 2: 11, échec.

Tour 9:

Morwen attaque Gor: 7, réussite. Localisation: Bras gauche. La parade de votre adversaire a réussi (7), vous lui infligez une perte de 19 Pvs. Il en reste 51 à Gor.

Fulgrad attaque Ungor 2: 5, réussite. Localisation: Jambe droite. La parade de votre adversaire a échoué (5). Vous lui infligez une perte de 42 PV, Ungor 2 est mort.

Piero attaque Gor: 11, échec.

Gor attaque Piero: 13, échec.

Boerich tire sur Gor: 3, réussite. Il inflige à Gor une perte de 30 Pvs. Il en reste 21 à Gor.

Gor tente de fuir: Opposition de (FOR+HAB)/2 entre lui Piero et Morwen. 12 vs 2 et 8. Il est rattrapé.
Enfermé dans une lampe pendant des siècles, cloisonné dans une pièce de métal par une malédiction... Puis un jour un naïf est venu, me libérant dans sa sottise... Tant pis pour lui... Et pour tous les autres.

Avatar du membre
Piero Orsone
Mister Vieux Monde 2022
Mister Vieux Monde 2022
Messages : 182
Profil : For 11 | End 10 | Hab 10 | Cha 9 | Int 9 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | PV 80
Lien fiche wiki : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_piero_orsone_da_trantio

Re: [Morwen Nidariel & Piero Orson] Quand les Hommes redeviendront des Bêtes

Message par Piero Orsone »

Avez vous déjà fait un duel dans les règles d'Estalie ? La plupart des gens vous demanderait si l'Estalie ça se mange, ou bien si elle est à l'Est de Lie, charmante bourgade du Lyonnesse réputée pour ses fromages. Pour ceux qui sauraient que l'Estalie est à l'Ouest, et qu'elle est plus réputée pour ses guerres que pour son fromag, ceux-là expliqueront que le Duel est érigé comme art dans la Péninsule comme la joute l'est en Bretonnie ou la fécondation de sa cousine l'est au Stirland.
Mais si l'on peut parler, théoriser, étudier le duel comme si c'était la bête monstrueuse vrombissante et crachotante d'un ingénieur nulner, rien ne permet de saisir le duel comme de le pratiquer.

Pendant un laps de temps qui vous parait une vie entière tant sa fin peut subvenir à tout instant, il n'y a que vous et celui en face, que ce soit un garde trantien, un voyageur égaré, Hélène ou même une bête baveuse, hirsute et cornue au regard jaunâtre.
Que vous, et lui en face. Soit vous en sortez la gueule dans la fange et le sang qui se verse à gros bouillon d'un trou, soit c'est lui qui finit comme ça.
Les muscles se contractent, on prépare le coup, la lame file. On touche. L'ennemi braie de douleur alors que le sang imbibe sa fourrure crasseuse.L'acier a ripé contre la lame maculée de crasse du monstre avant de se planter dans le bras.
Mais c'est la même qui vient à son tour mordre la chair tendre. Ça fait un mal de chien.
Le Tiléen hurle, son bras est en feu. L'hémoglobine dégouline dans ses manches, collant le tissus qui se colle aux poils. Mais c'est lui ou l'Ungor.
Et là. L'elfe arriva.
Tornade de férocité, sa lance se plante dans l'abdomen du monstre dont les babines suintent rapidement de sang. Elle danse, elle a dansé avec l'aisance d'une mésange dans une brise d'été pour tuer.
D'un coup de hache le Guerrier-loup l'achève.

Piero pantela. En voilà d'autres. Boerich, Fulgrad, Morwen avaient tué les ungors. Mais celui qui arrivait avec deux laquais. Était énorme. Son mufle souleva des panaches dans le froid de l'hiver. Empoignant sa hache dans ses mains grossières mais fortes. L'Estalien s’époumona en fonçant sur le monstre.
Mais le sabre frappa dans l'air glacé. D'un geste le monstre balança sa monstrueuse hache.
Ce qui se passait autour d'eux était flou, il n'y avait que cette masse de muscles de cornes et de viande velue qui voulait le réduire en charpie. Mais d'un mouvement réflexe l'aventurier recula quelques centimètres, quelques centimètres pour éviter le coup.
Puis ce qui se passa c'était la foire. Dans leur face à face, la bête poilue, brutale, grossière et le gor ne se touchaient pas. Les muscles de l'aventurier étaient douloureux, son bras irradiait, son souffle court. Alors que l'elfe, l'ulricain, le trappeur, affrontaient les guerriers des fourrés avec une ardeur et un courage de héros, lui, il sentait les glaires glacés le long de sa trachée. Le gor tirait sur sa hache pour la sortir de la gangue de neige et de boue solidifié du sol gelé.
Mais quant était-il devenu si faible ?
Le tout pour le tout, il s'élança à nouveau, ignorant la douleur lancinante, le froid, la peur, les cris des guerriers, mais il s'étala de toute sa longueur dans la neige.
-Santa Myrmidia...

Mais la seule à venir à sa rescousse n'avait ni les cheveux noirs ni le bouclier, seulement la lance. La furie aux cheveux de feu s'était précipité sur le monstre.
Les fringues pleins de neige, il s'appuya sur son genoux, replaça son couvre-chef et se redressa dans un grognement.
Le Gor tenta de fuir mais l'elfe était plus véloce, et lui, il savait faire un croche-patte.

L'affreuse créature immobilisée, il regarda les cadavres encore tièdes de ses frères de harde, les armes, volées, qu'il mentionna à voix haute. Attrapant sa flasque, il engloutit une lampée du breuvage fort qui décapait des dents à la gorge avant d'en envoyer sur le bras. Mierda...Puta del nord.

Entre l'Hiver, la Harde et l'Empire, il ne savait pas encore lequel viendrait définitivement le refroidir.
Piero Orsone da Trantio, explorateur
Profil: For 11 | End 10 | Hab 10 | Cha 9 | Int 9 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 10 | NA 1 | PV 80

Lien: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_piero_orsone_da_trantio
Image
"Ma qué ?!"

Tu vuo' fa' ll'americano
mericano, mericano...
ma si' nato in Italy !

Répondre

Retourner vers « Nordland »