[Martin] Et maintenant ?

La province du Nordland est peu peuplée et ses régiments passent l'essentiel de leur temps à patrouiller le long des côtes pour les protéger des pillards du nord. Le Comte Electeur Theodric Gausser siège à Salzenmund.

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Re: [Martin] Et maintenant ?

Message par [MJ] The Puppet Master »

Test sous INI (9) >> 17 (échec)

Hélas, Martin ne fut pas assez rapide dans l'exécution de son entreprise et, à peine avait-il fait un pas, qu'il sentit le sol vibrer sous ses pieds. Déjà la terre du sous-bois se soulevait tout autour du démon dans la peau de Siegfried et les vibrations devinrent un tremblement au son grave qui ébranla la stabilité du jeune chasseur. Puis, ce furent les pierres qui s'élevèrent pour danser dans l'air dans un tourbillon menaçant qui encerclait le démon dont la voix rauque emplissait toujours les alentours couvrant tout autre son. Enfin, il y eut une seconde de silence et de calme durant laquelle plus rien ne bougea, comme figé dans le temps, avant qu'une explosion sourde accompagnée d'un puissant souffle ne vînt frapper la forêt, et tout ce qui s'y trouvait, se répandant telle une onde sur les eaux après qu'une goutte de pluie en eut frappé la surface, balayant les arbustes et couchant les arbres. Martin eut beau résister de tout son être, il fut soufflé comme un vulgaire fétu de paille.

Dégâts : 20+2D10 >> 20+8+3 = 31 réduit de 8 suite à dépense PdC à Taal.
Martin perd 23 PV. Il lui reste 13/60 PV


La violence de la chute fut telle que Martin eut l'impression de sentir tous les os de son dos se briser. Il en eut le souffle coupé et, quand sa tête heurta le sol, il faillit perdre conscience. Heureusement, Taal avait entendu sa sourde prière et avait fait en sorte qu'il puisse vivre... encore un peu.

Quand la tempête de magie noire cessa, le chasseur en était réduit à attendre que le démon vienne en finir avec lui tant il était blessé et affaibli. Pourtant rien ne vint... Lorsque Martin se risqua à chercher où était passé Siegfried, il remarqua qu'il se trouvait maintenant à l'orée d'une clairière d'une cinquantaine de mètres de diamètre centrée sur le démon toujours accroupi. Tous les arbres étaient au sol témoignant de la direction et de la puissance du souffle qu'ils avaient eu à subir. A l'autre bout de la trouée, il pouvait apercevoir l'elfe qui, comme lui, se relevait avec peine.

Rien, mis à part eux deux, ne bougeait plus...
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Martin
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Re: [Martin] Et maintenant ?

Message par Martin »

Un instant, Martin s'était jeté sur le démon. Puis quelque chose s'était passé. Comme si le temps s'était arrêté. Un court frisson s'empara du corps du chasseur alors que tout ce qui se trouvait autour de lui était d'un calme olympien. Puis l'instant d'après, l'univers s'était effondré sur lui même. La mort était sur lui. Son âme envoyée rejoindre les ténèbres et... Il ouvrit les yeux.

"Qu'est ce que... Qu'est ce qui s'est passé ? Je... Ou est la forêt ? Les arbres ? Je... Oh Rhya ! Je suis aveugle ! Je ne vois plus rien ! Je ne vois plus rien ! "

Commençant à paniquer, Martin essaya de se lever, mais lorsqu'il essaya de bouger un bras, son corps se cambra d'une douleur immense. En essayant de parler, il se rendit compte qu'il avait quelque chose dans la bouche de goût âcre et ferreux.... Du sang. Le sien. C'est aussi à ce moment que sa vue commença à s'éclaircir. Au moins un peu. Sa vision était teintée de rouge, à cause du sang qui s'écoulait depuis sa tempe sur son visage. Il essaya de tourner son cou sur un côté pour voir ce qui lui faisait si mal, malgré la douleur, mais en s'y prenant leeentement, il eut un aperçu des dégâts.

"J'ai... Une branche ? Une branche qui m'a empalée la main ? Et des copeaux de bois qui mordent la chair de mon bras sur toute la longueur ? J'imagine que l'autre bras ne doit pas se porter mieux. Et qu'en est il de mes jambes ?"

C'est lorsqu'il reporta son esprit sur l'état de ses membres inférieurs que Martin fut percé d'une douleur infâme. Ses nerfs s'étaient réactivés et ceux ci répondaient à sa demande subjective. Et c'était douloureux. Des pierres avaient frappées de plein fouet ses guibolles, et seule la protection en cuir de son pantalon avait permis à ses os d'être épargnés. Mais du reste, on imaginait sans mal les dégâts qui avaient dut être causés sur la chair. Moult points bleus et liaisons sanguines lourdement endommagées par le choc. S'il bougeait trop violemment il risquait surement d'y passer pour de bon. Mourir d'une hémorragie interne n'était plus un possibilité. C'était devenu une préoccupation urgente. Quand à ses côtes...

"J'ai terriblement mal au torse... Est ce que je regarde ou pas... Non. Mieux vaut pas. Si c'est pour découvrir que j'ai une côte qui m'a perçai un flanc, mieux vaut pas le savoir. En attendant. Bras ? .... Ils tiennent. Jambes ? Je...."

Gurgll ! Bwaah ! Arh !

Martin avait été surpris par la violence de la douleur qui venait de le parcourir, et avait, sans faire exprès, avalé le sang qui s'était accumulé dans sa bouche. De travers. Il était littéralement en train de se noyer dans son propre sang. Mais en se retournant sur lui même, il parvint à recracher celui ci avant que le liquide carmin ne vienne noyer ses poumons. A ce rythme là, le jeune chasseur allait vite s'habituer à la douleur. S'il survivait.

"Ne bouge que très doucement... Voilà. Regarde devant toi. Que vois tu ? Des arbres couchés. Certains brisés. Éventrés. Un... Une clairière. D'accord. Donc ce vent a fait se coucher les arbres des environs. Ensuite... Il y a quelque chose qui bouge là bas... Je crois que... Oui. S'il était resté immobile je ne l'aurais pas vu avec sa cape verte feuille mais... L'elfe là bas est en train de s'extraire de quelques taillis. En meilleur état que moi. Et s'il est là bas, alors entre nous devrait se trouver... Ouaip. Il est là. Mais immobile. Accroupi. Est ce qu'il est encore vivant ? Qu'est ce que je fais ? Plus tôt il sera neutralisé, mieux ce sera. Mais est ce que je peux encore tenir le coup comme je suis ? Non. Pas plus que je ne peux bouger rapidement. Rester immobile en attendant qu'il vienne me finir ? Je pourrais faire le mort, le laisser s'approcher puis... Frapper un dernier coup. Le tout pour le tout en quelque sorte. Mais avant ça..."

AAAAAAAAH !!!!!


Le cris perçant du chasseur brisa le silence surnaturel qui régnait dans la clairière alors qu'il venait de retirer d'un coup brusque la branche qui lui avait transpercée la main droite. Heureusement qu'il était gaucher !

Une fois fait, il regarda vers le centre de la clairière nouvellement créée pour voir ce que ferait le parasite. S'il se dirigeait vers lui, il adopterait une expression de stupeur ou de pure douleur sur son visage, qu'il maintiendrait quoiqu'il en coûte, pour se faire passer pour mort ou évanouit. Avec ses cheveux et le sang sur le visage, sans compter ses multiples blessures, il avait tout de même de fortes chances d'abuser la créature. Non ?

Dans le cas où le démon, par contre, se dirigerait vers l'elfe, il se mettrait alors dans son sillage, discrètement, pour le poignarder dans le dos, entre la tête et le reste du corps, là où se trouvent les os.

Enfin, si l'elfe décidait de se rapprocher du démon, alors il irait aussi vers le la bête, discrètement, pour la prendre à revers.
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Re: [Martin] Et maintenant ?

Message par [MJ] The Puppet Master »

Il sembla à Martin qu'une éternité s'était écoulée avant que l'elfe ne s'avançât vers le centre de la clairière au milieu de laquelle le corps de Siegfried restait figé tel une statue de pierre. Alors, comme il l'avait ourdi plus tôt, il s'approcha à son tour avec toute la discrétion dont il pouvait faire preuve étant données les circonstances et les blessures qui meurtrissaient sa chair, ses muscles et ses os tout autant que son esprit.

A mesure que la distance se réduisait, le chasseur sentait l'appréhension monter en lui. Peut-être s'agissait-il d'une ruse du démon destinée à les laisser venir à lui pour en finir ? Etait-ce raisonnable de s'avancer de la sorte à découvert ? Les doutes envahissaient son cerveau, alors il posa ses yeux sur l'elfe qui marchait avec assurance sans même avoir pris la peine de sortir de son fourreau la dague qu'il portait à la ceinture, et il reprit confiance. Il ne pouvait croire que le sylvain, avec sa vue perçante et son ouïe aiguisée, se serait laissé berné aussi facilement que lui quelques instants auparavant.

Ils n'étaient plus qu'à une coudée de Siegfried quand l'elfe interpella Martin :


- C'est fini. Tu peux avancer, humain... Je ne perçois plus l'aura démoniaque qui hantait ces bois.

De la semelle, il poussa l'épaule de Siegfried qui s'effondra sur le sol. Quand le sylvain le retourna, Martin fut soulager de constater que l'ombre maléfique qui se cachait derrière ses traits avant disparue. Le visage du maître de chasse avait retrouvé toute son humanité. Les profondes cernes qui noircissaient son regard n'étaient plus, les pustules et croûtes de pus qui s'étaient formées aux commissures de ses lèvres et sous son nez s'en étaient aussi allées et il n'avait plus ce teint jauni par la possession démoniaque.

- S'il est toujours vivant, occupe-t'en et partez. S'il est mort... l'elfe marqua une pause. Fais ce qu'il faut pour qu'on ne trouve plus son corps. Quoi qu'il en soit, ne reviens plus, hu...main...

L'elfe sylvain venait de remarquer le pendentif que Martin portait autour du cou et il en était resté bouche bée une seconde. Puis, il bondit avec la célérité de l'éclair et plaqua le chasseur au sol, le menaçant de sa lame sur sa gorge.

- Où as-tu trouvé ce bijou ?! Parle ! Parle ou je t'égorge !
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Re: [Martin] Et maintenant ?

Message par Martin »

"Il s'approche du corps en prenant son temps... Bon point pour lui. Il est prudent. Mais qu'est ce que ça me stresse... Prend ton mal en patience Martin... Ne fait pas de mouvements brusques ou tu le paieras. Déjà trop abimé comme ça. Mais par contre pourquoi est ce que le démon ne fait rien alors qu'il voit très clairement un elfe venir vers lui !?"

Puis le silence oppressant qui s'était emparé de cette clairière oppressante fut brisé par le longues oreilles. Selon lui, c'était la fin. Le démon était parti. Pour de bon ? Ça, c'était une autre question. Mais la tension qui habitait Martin et lui permettait de ramper au sol tout du long jusqu'à Siegfried, les efforts mis pour ne pas gémir de douleur.... Tout ceci sembla s'évaporer comme par magie et le corps du jeune chasseur fut parcouru de spasme douloureux. Malheur à lui, car ses nerfs lui rappelaient leur existence. Et la douleur, bien que progressive, devint insupportable. Une fine brume s'échappa de sa bouche lorsqu'il poussa un râle de souffrance, adossé à un tronc d'arbre mort.

Le regard brumeux, Martin jeta un coup d’œil à Siegfried qui semblait à peine en meilleur état. Par contre il risquait fort de dire adieu à sa veste puisque son maître l'avait portée tout du long. Percée des dards meurtriers du longues oreilles, abimée par l'explosion, recouverte de copeaux de bois en tout genre.... Recoudre tout ça lui prendrait au moins une journée ! S'il avait de la chance ! Mais son esprit n'était pas occupé par des détails aussi triviaux. Non. Il y avait autre chose qui l'inquiétait.

Parti ou ? Rusé... demanda, le souffle court, Martin à l'elfe.

"Les démons sont fourbes. Qu'est ce qui prouve qu'il est vraiment parti ? Ca se trouve, il fait juste le mort. J'espère qu'il va me répondre autre chose que son instinct ? J'ai mal..... Fait froid...."

Quelques gouttes de transpiration qui perlaient sur le torse du jeune homme avaient commencées à geler. Il ne faisait pas bon pour lui de rester dans cet état ou bien le froid le tuerait. Ce qui serait bête, vu tout le bois mort autour de lui et ce à quoi il avait survécu. Par contre, pour ce qui en était de l'avertissement de son sauveur... Mieux valait le mettre au courant tout de suite.

Pas voix... au... chapitre. Forêt... Rkkk...

Il ne put finir sa phrase pour deux raisons. La première étant que ses poumons étaient en train d'expulser le sang qui s'était introduit dans ceux ci, et l'autre, parce qu'il fut brusquement pris d'un vertige lorsque l'elfe se saisit de lui pour une raison qui lui était inconnue. Dans un dernier effort, alors que sa vue se grisait peu à peu, comme un dernier coucher de soleil sur ce monde, Martin bredouilla comme il le pu, le sang en travers la gorge, des explications.

Pas drôle... Froid... Je vairgllg mourir de toute façon. La Arkhgll ! Arff Argh....

Il y était presque. Encore un peu et plus rien n'obstruerait ses poumons. Mais l'autre attendait sa réponse. Et sa lame semblait bien entretenue.

SYLVE ! LA SYLVE ! LE MArché !!! Alryën..... Hargendorff.... Ses propos avaient beau être décousus, mais c'était le mieux que pouvait faire Martin qui avait les yeux désormais rouges et de plus en plus de mal à respirer, pour finalement s'effondrer sur le côté et cracher les derniers centilitres de sang de ses poumons au sol, avant que sa respiration ne prenne un rythme saccadé.
Modifié en dernier par [MJ] The Puppet Master le 01 juil. 2018, 14:12, modifié 1 fois.
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Re: [Martin] Et maintenant ?

Message par [MJ] The Puppet Master »

La jeune femme était nue baignant dans une marre d'eau claire au milieu de la forêt. Au-dessus d'elle, une prêtresse elfe était penchée. Elle ne portait qu'un pagne de tissu pourpre ceint autour de ses hanches par des ornements de métal doré, une brassière aux motifs élaborés couvrait sa poitrine et sa tête était coiffée d'une capuche tenue par un diadème doré. Ses avant-bras était ornés de bracelet faits du même métal qui s'enroulaient en des motifs travaillés caractéristiques de ce que Martin savait des elfes. Ses mains soutenaient doucement la nuque de la pauvresse et une lueur bleutée irradiait sur le front enfiévré de cette dernière. Derrière elles, se trouvait un gros rocher rond au sommet duquel un autre elfe était assis, observant la scène. Martin reconnut sans mal celui qu'il avait déjà vu en rêve : cheveux gris tirés en arrière, attachés en un chignon et tressés sur les tempes.

- Elle va se réveiller ?
- Oui. Sa lumière est seulement voilée. Quand elle se sera réveillée, tu devras t'expliquer devant le conseil, Nimrodel. Le maître de chasse et les anciens sont furieux que tu aies amené cette nissë ici.
- Pas toi ?
- Je suis ta mère et je sais que tu n'aurais pas fait ça sans une raison valable...


La prêtresse se redressa et versa le contenu d'une écuelle en bois sur le front brûlant de la jeune femme qui s'éveilla aussitôt. Hébétée et vaseuse, elle regardait les deux elfes sans comprendre.

- Rejoignez-nous à la clairière du Bois aux Daims...

- Viens, Nissë. Nous t'avons préparé des vêtements.
- Retourne-toi !
- Pourquoi ?
- Un homme ne doit pas voir une femme nue...
- Jamais ?
- RETOURNE-TOI !
- Je ne vois pas ce qui te dérange. Tu es très belle pour une nissë.
- Je le prends comme un compliment.
- Si tu es prête, nous devons nous rendre devant le conseil.
- Pourquoi ?
- Je dois lui raconter ce qu'il t'est arrivé au palais.
- C'est pour ça que tu m'as sauvée ? Tu m'aurais laissée mourir sinon ?
- La question ne se pose pas : si tu n'avais pas lancé ce sortilège, je serais mort. On doit y aller. Le maître de chasse et les anciens nous attendent.
- Je pourrai leur parler ?
- Aux anciens ? Que veux-tu leur dire ?
- Je suis venu demander votre aide...
- Notre aide ? Pourquoi les elfes aideraient-ils les hommes ?
- Parce que autrefois nous avons combattu ensemble.
- Autrefois, oui... Mais que connais-tu de ces temps lointains ? Moi-même, je n'étais qu'un enfant !
- Qu'est-ce qui a changé depuis ?
- Les druides ont disparu...
Lentement, Martin reprenait connaissance... et les souvenirs vaporeux des derniers événements se rappelèrent à lui. Une angoisse monta en lui : combien de temps était-il resté inconscient ? Où était-il ? Où était Siegfried ? Comment allait-il ? Et cet elfe ? Et le démon ?
Le chasseur ouvrit doucement les yeux : au-dessus de lui, le soleil était haut dans le ciel et ses rayons perçaient à travers la voûte sylvestre. Une douce chaleur l'enveloppait. Lorsqu'il bougea, il s'aperçut avec bonheur que ses douleurs avaient disparu et ses blessures n'étaient plus qu'un mauvais souvenir.
Il se trouvait dans la même mare d'eau claire dont il venait de rêver ! Il était nu comme la jeune femme de son rêve mais il n'y avait aucune prêtresse elfe penchée au-dessus de lui.


- Que sais-tu d'Alryën, humain ?

Martin tourna la tête et aperçut, assis sur le rocher derrière lui, l'elfe qui était venu à son secours.

- Ne me fais pas regretter de vous avoir secourus...

Sa voix était sentencieuse et froide. L'impératif de sa requête transparaissait dans chacun de ses mots. Martin n'avait guère le choix...

Martin a récupéré de ses blessures : 60/60 PV
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Re: [Martin] Et maintenant ?

Message par Martin »

"Drôle de rêve... Je suis mort ? C'est..... L'au delà ? Je n'ai jamais vraiment réfléchi à ce qu'il y avait après.... Et qui sont ces deux femmes ?"

Martin essaya de parler à ces nymphes mais... Sa voix n'était qu'une brise dans le vent, rapidement brisée par l'air du lieux, comme si elle n'avait pas sa place... Essayant de tapoter l'épaule de la longue oreilles légèrement vêtue, sa main traversa celle ci, éthérée qu'elle était. Tout comme le reste de son corps. Il était là, mais ne pouvait rien faire, même se manifester. Sans comprendre le pourquoi du comment, il se contenta alors de flotter autour de la scène, écoutant d'une oreille distraite ce qui se disait, regardant le décors, les alentours... Notamment cette superbe poterie ouvragée. Les rayures sur ses bords étaient excellentes et dessinaient un motif intéressant. Ou ce rideau tissé dans un textile inconnu et qui semblait incroyablement doux au toucher, quand bien même Martin ne pouvait ressentir quoi que ce soit sous sa forme actuelle.

"Cette femme nue dans l'eau.... Serait ce... Celle que j'ai vu chuter dans la vision ? Et dans ce cas l'elfe qui est à ses côtés.... Il ressemble foutrement à celui qui m'a tiré de ce foutu mauvais pas... Quel âge a-t-il seulement ? En tout cas, il ne semble pas être insensible aux charmes de la belle. Mais sinon, de quoi parlent ils ? Les elfes et les humains ont combattus ensemble ? Il y a bien eu ces péteux d'isliens qui ont prêté un coup de main il y a quelques années à cause d'Archaon mais sans plus.... Non ? Et puis... Qui étaient ces "druides" ? Des prêtres ? "

Toujours en dérivant dans la vision, Martin cherchait à sortir de cette pièce car un poids sur sa poitrine se faisait de plus en plus lourd, jusqu'à ce qu'il ait l'impression d'étouffer bien qu'il ne puisse pas respirer à proprement parler sous sa forme actuelle. Pendant quelques secondes où la tension devenait plus forte, Martin commença à se débattre sous sa forme spirituelle, comme un insecte prisonnier d'une toile puis le sol sembla s'effondrer sous ses pieds et il chuta depuis ce qui lui semblait être une falaise touchant le ciel avant de s'écraser dans un mer glacée et battue par les vents. Et un... plafond ? Plafond de bois, avec des arches qui se joignaient au centre d'un dôme au milieu duquel se trouvait un étrange cristal luminescent....

"L'eau ! L'eau est encore là ! Je vais mourir noyé ! Je vais.... Ah non. Je sent le fond, et je peux respirer. Lève toi doucement pour ménager tes blessures puis observe les environs. Puis s'occuper de Siegfried. Et on improvisera pour la suite."
- Que sais-tu d'Alryën, humain ? Ne me fais pas regretter de vous avoir secourus...
C'est à ce moment là que le jeune chasseur remarqua qu'il n'était pas seul dans la pièce. En effet, l'elfe qui l'avait sauvé le jaugeait du regard, mais pas comme la jeune fille précédente, fort heureusement. Non, il semblait plutôt en colère, contre lui même, ou contre Martin ? Cela restait à déterminer. Mais considérant son état complètement soigné, et le ''vous'' qui sous entendait que Siegfried avait également été sauvé, il aurait été malséant de mentir à leur sauveur. Il fallait lui dire la vérité. C'était la moindre des choses.

Prenant aussi conscience de sa nudité, Martin s'assit et leva sa jambe droite pour cacher à l'elfe au moins son entrejambe alors qu'il était tourné vers lui pour lui répondre. Mais que répondre justement ? Fixant son interlocuteur pendant de nombreuses secondes, en essayant d'assembler le puzzle dont il n'avait pas encore toutes les pièces, il répondit finalement avant que le longues oreilles ne perde patience, si tant est que le membre d'une race pouvant vivre des millénaires pouvait être impatient....

Je vais être franc. Il y a quelques jours, j'ignorais tout de ce, ou cette Alryën. Ce que je sais, c'est que la Sylve pensais que j'en étais le successeur. Elle en parlait comme d'un homme. Puis elle m'a donné ce médaillon, dit il en tenant celui autour de son cous, symbole de ma fonction et du pacte, et qui contiendrait l'essence vitale de ce "Alryën", selon elle. Elle m'a appelée héritier de la lignée d'Alryën, l'élémentaliste, vertueux parmi les hommes et égal des elfes de Laurelorn , quoi que cela puisse être. Depuis j'ai des visions. La femme à qui vous devez une dette de vie, et le contraire. Qui se tenait ici présent... Et vous. Nimrodel. Les druides, le chant de la terre, cette guerre dont vous parliez... Tout ceci m'est inconnu. Tout ce que je sais de Alryën, je le tient de la sylve, qui ne s'est pas épandue sur les détails. Tout me viendra lorsque je ne le chercherais plus disait elle...


En tout cas, rajouta Martin sur un ton de dérision,
je fais un bien piètre gardien. Au premier jour, je me fais presque tuer par un parasite ah ah ah ah ah ! On en rira encore dans 10 ans. Je passerais bien le relais à quelqu'un d'autre, rajouta-t-il en regardant l'elfe une nouvelle fois, Mais je doute que quiconque soit assez fou pour accepter. termina-t-il sur un sourire mi figue mi raisin.
Modifié en dernier par [MJ] The Puppet Master le 01 juil. 2018, 15:31, modifié 2 fois.
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Re: [Martin] Et maintenant ?

Message par [MJ] The Puppet Master »

Quand Martin commença à répondre à son interlocuteur, ses pensées, jusque-là confuses au point de confondre la forêt avec l'intérieur d'une pièce, s'éclaircirent doucement le ramenant à la réalité de sa situation. Il était bel et bien dans la forêt mais il n'était jamais venu dans pareil endroit, si ce n'était dans son dernier songe. Ici l'atmosphère était paisible et tout y respirait la sérénité.

- Nimrodel ?! l'elfe sauta de son rocher et s'approcha de Martin avec agressivité. Comment connais-tu mon père ? Que sont toutes ces sornettes ?! Ne joue pas avec ma patience, humain... Tu sais des choses que même les plus anciens de votre civilisation ne sont pas sensés connaître, alors explique-toi ! S'arrêtant à moins d'un pas du jeune chasseur, l'elfe baissa les yeux et sembla réfléchir quelques secondes. La forêt... la forêt t'aurait fait ce « don » ? Mais pourquoi ? Qui es-tu ? Il releva la tête et plongea son regard gris dans celui de Martin. Qui es-tu... lâcha-t-il dans un murmure.

- Habille-toi et suis-moi ! Si la forêt t'a choisi, tu dois connaître toute l'histoire du Bois aux Daims. Nous avons une longue marche à accomplir...

Ayant revêtu ses vieilles frusques abîmées par les récents événements, Martin emboîta le pas de son sauveteur lui expliquant également qu'il avait depuis peu des visions, sans doute provoquées par l'amulette qu'il portait en pendentif, et que l'une d'elles avait fait apparaître Nimrodel. La ressemblance entre le père et le fils étant si grande, le chasseur avait cru qu'il s'agissait de la même personne.

- Ainsi donc, tu n'es qu'un chasseur ? Un bâtard qui plus est... J'ignore le lien qu'il pourrait y avoir entre toi et Alryën mais je connais quelqu'un qui saura.
- Tu as l'air, pourtant, de bien le connaître, si je me fie à ta réaction lorsque tu as aperçu l'amulette.
Martin hésita un instant avant de se lancer. Tu pourrais m'en dire plus ? Non pas que je sois d'un naturel curieux mais ça me concerne quand même de près et...
- Alrÿen est mort depuis longtemps...
l'interrompit l'elfe d'une voix triste, et tout ce qu'il avait accompli est mort avec lui. Je n'étais qu'un enfant à cette époque. Mon père, Nimrodel, l'a bien connu. Ils étaient « amis » en quelque sorte. C'était un druide...
- Que sont les druides ?
- Les druides étaient les chefs spirituels des premières civilisations humaines à l'époque où elles n'étaient que des villages claniques au milieu de la forêt. Les humains d'alors vivaient en paix avec la nature, ils la respectaient et la craignaient, les druides les guidaient avec sagesse. Mais les druides ont été massacrés. Tous. Les hommes se mirent à élever des troupeaux d'animaux et à cultiver la terre pour nourrir leurs bêtes et leurs familles toujours plus nombreuses. Ils eurent besoin de grandes surfaces arables... Voilà ce qu'on raconte mais je n'en sais pas beaucoup plus...
... Ils entreprirent alors de couper les arbres rompant l'équilibre.

La conversation continua mais Martin n'était plus aux côtés de l'elfe. Il marchait dans les pas de la jeune femme et de Nimrodel !

- De nombreux traités lièrent les humains et mon peuple mais, chaque fois, au bout de quelques années ou de quelques décennies, ces accords étaient remis en question par les nouvelles générations. Finalement mon peuple fut obligé de prendre les armes pour préserver ce qui restait de la forêt primaire. Nous sommes ennemis depuis ces jours sombres.
- Si les druides n'étaient pas morts, ça aurait été différent ?
- Beaucoup de mes frères pensent que vous êtes une race mauvaise, que la violence est inscrite au plus profond de votre psyché, que les druides n'auraient fait que retarder l'inéluctable.
- Ceux-là sont idiots ! Tous les hommes ne sont pas mauvais.
- Sans doute. Mais d'autres pensent qu'il est déjà trop tard, que l'équilibre est à jamais rompu.
- ET toi ?
- Moi, je crois qu'aucune race n'est mauvaise par essence. La mort des druides vous a rendus sourds et aveugles envers la nature. Elle vous a corrompus et cette violence qui vous habite n'est que la conséquence d'une souffrance que vous ne comprenez pas. Vous cherchez un palliatif à ce manque, mais il n'en existe aucun. Ni l'or, ni aucune possession matérielle, aucun plaisir charnel ne peut combler ce vide qui vous hante. Si tu entendais l'énergie vive du monde s'écouler, le chant de la terre résonner en toi, tu comprendrais alors l'illusion dans laquelle ton peuple vit. Et si tu partageais cet éveil avec d'autres, alors eux non plus n'auraient plus à assouvir des besoins primaires et destructeurs.
La nature est puissante. Elle peut se régénérer mais, pour cela, il faut que les humains apprennent à nouveau à l'entendre et la préserver.
- Comment ?
- Grâce aux druides.
- Mais... Tu m'as dit qu'ils étaient tous morts.
- Leur savoir s'est perdu mais leurs descendants n'ont pas tous été tués. La plupart ignorent simplement le pouvoir qui sommeille en eux. Dans la citadelle, quand tu es entrée en résonance avec la psyché d'une de nos plus anciennes reines pour me sauver, tu as prouvé que tu possédais le don.
- Le don ?
- Celui de percevoir au-delà de tes sens. Si nous t'apprenions, je suis sûr que tu serais capable toi aussi d'entendre le chant de la terre.
- Tu veux dire que je pourrais devenir une druidesse ?
- Je le crois et c'est pour ça que je dois te présenter au conseil des anciens. Tu dois avoir leur accord pour recevoir l'enseignement, si tu le souhaites.
- Tout ce que je veux, c'est sauver mon peuple !
- Aucun elfe n'acceptera de combattre à tes côtés. Jamais.
- Et si je deviens une druidesse ? Si je parviens comme tu le penses à influer sur la destinée de mon peuple ?
L'éclat du soleil aveugla Martin lorsqu'il sortit de son rêve éveillé. A voir la réaction de son compagnon de marche, ce dernier ne devait s'être aperçu de rien...

- Qu'y a-t-il, humain ? Déjà fatigué ? Cela ne fait que quelques heures que nous marchons pourtant. Etes-vous donc plus faible encore que ce que l'on raconte ? Heureusement pour toi, nous sommes arrivés...

Ils étaient au centre d'une clairière au centre de laquelle trônait un arbre immense au tronc si large qu'il aurait fallu vingt hommes se tenant la main pour en faire le tour. Des marches étaient taillées dans l'écorce jusqu'aux premières branches à plusieurs dizaines de mètres de hauteur. A cet endroit, une ouverture était creusée dans l'arbre.

- Suis-moi. Là-haut, j'aurais des réponses... et toi aussi.

L'elfe entama l'ascension du tronc en grimpant les marches avec grâce là où Martin avançait d'un pas hésitant et mal assuré à mesure que le vide grandissait en-dessous d'eux.

Arrivés en haut des marches, l'elfe entra par l'ouverture suivi du chasseur. Une voix aussi douce qu'une brise d'été se fit alors entendre.


- Aalcaas, mon fils, quel plaisir de te revoir. Que puis-je pour toi et ton ami ?
- Mère... Nous sommes venus chercher des réponses. La forêt a choisi cet homme et lui a montré Alryën. Nous ignorons pourquoi.


Dans le tronc de l'arbre étaient aménagés des appartements lumineux et spacieux. Des tentures finement brodées étaient accrochées aux murs, le mobilier était manifestement de facture elfique et le tout s'harmonisait parfaitement, laissant transparaître tranquillité et plénitude. Une elfe aux longs cheveux gris ornés de bijoux finement ciselés s'avançait vers les nouveaux arrivants d'un pas souple et envoûtant. Arrivée devant celui qu'elle avait appelé Aalcaas, elle appuya délicatement sa main sur sa joue et déposa un baiser sur son front. Sa longue robe, aussi légère que le vent, frémissait doucement à chacun de ses mouvements. Elle sourit à l'attention de Martin qui en fut tout ému malgré lui.

- La forêt a sa propre volonté, Aalcaas, tu le sais très bien, et même les prêtresses n'ont pas toutes les réponses. Si la forêt l'a choisi, c'est à elle d'expliquer pourquoi. Je serais bien incapable de parler à sa place, j'en ai peur.
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Martin
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Re: [Martin] Et maintenant ?

Message par Martin »

Il était amusant ce guide. C'est du moins ce qu'en pensait Martin. Mais il semblait qu'il avait des lacunes concernant les mœurs des humains, ou du moins de ceux du Nordland. L'heure n'était pas aux cours de sociologie ou de généalogie mais ça ne coûtait rien d'écarter quelques malentendus aussi légers.

- Être un bâtard n'est pas vraiment répréhensible en soit. Certains le vivent très bien répondit Martin en souriant à la remarque de l'elfe, tout en continuant d'écouter ses réponses.

"Tient donc ? Mais c'est que Nimr.... cet elfe pense de la même manière que les reiklanders ? C'est amusant. Mais je doute qu'il apprécie la comparaison. Mais sinon... Si Alrÿen était un druide... Alors cela veut dire qu'il était humain. Et si les Austrov prêtent un serment envers le bois des daims depuis des générations malgré la disparition des druides.... Ils seraient des descendants de ce Alrÿen ? Ou du moins du premier d'entre eux, puisque ce nom semble également être un titre. Puis si les druides ont disparus, surement à cause de l'inquisition, ou des norses, ou des druccis, leurs rites avec eux, il n'est resté plus que des histoires, ou des traditions. D'où, par ailleurs, les réticences du Borric à autoriser les bucherons de Neus Esmark à couper le bois en forêt. Pareil pour les charbonniers."

Alors que Martin commençait à relier les indices pour voir se dégager un certain tableau, une nouvelle vision vint l’estomaquer. Encore plus d'interrogations se jetaient à l'assaut de ses lèvres, mais il se contint de les poser, les reliant elles aussi au tableau qui prenait forme.

"Des traités ont été signés ? Jamais entendu parler. Donc ces druides ne devaient pas être qu'uniquement quelques sortes de magiciens, mais aussi des.... Prêtres ? Des gardiens de la tradition ? Des.... Ils étaient en quelque sorte garants des traités passés ? Pas étonnant que dans ce cas il n'en ait jamais entendu parler s'ils étaient tous morts et n'avaient laissés aucune trace de leur savoir. Et le fait que les traités aient été rompus... Déjà que c'est difficile pour des seigneurs, lorsque ceux ci ne peuvent pas se sentir, de s'entendre sur un même sujet, je n'ose même pas imaginer de ce qu'il devait en être pour des personnes nées des générations après lesdits accords.... Est ce que les habitants de la forêt étaient ignorants au point de méconnaître la nature humaine ? On meurt vite, enfin comparé à eux je suppose. Puis on ne peut pas se permettre de....."

Le fil des pensées de Martin fut interrompu lorsqu'il se rendit compte que le soleil se couchait. Ils avaient marché si longtemps ? Dans un état à la limite du rêve, il avait pu parcourir pareille distance sans accident ? Incroyable.... Mais ce qui était encore plus incroyable était la cathédrale sylvestre qu'il contemplait des yeux, bouche bée.
Au centre de cette cathédrale se trouvait un arbre immense. Le ciel ne pouvait que difficilement faire venir sa lumière au sol mais cela ne faisait que renforcer une impression de magnificence que Martin ressentait face à ce lieu. Des ombres arabesques, en mouvement avec le coucher de soleil et le vent qui soufflait sur les feuilles, cette lumière presque verte qui illuminait le lieu.... Et cet escalier sculpté dont il ne parvenait à comprendre sa construction, qui semblait avoir poussé à même le tronc de l'arbre. Pas taillé ou rajouté tel un échafaudage, mais faisant partie intégrante de l'arbre... Sublimé qu'il était devant ce trésor naturel, Martin n'entendit pas ce que lui dit l'elfe, pas plus qu'il ne fit attention à la larme qu'il lâcha....

En silence, il suivit son guide dans les branches de l'arbre, légèrement inquiet, mais aussi interrogateur sur l'étrange sentiment qu'il avait depuis qu'il était en ce lieu. Son cœur lui semblait lourd et il ressentait une étrange tristesse qu'il ne comprenait pas, doublée d'un émerveillement qui aurait put être décrit comme enfantin. Du moins par un elfe sylvain. Ce que, jusqu'à preuve du contraire, il n'était pas.

Mais rien ne l'avait préparé à ce qu'il allait voir. Certes, la pièce dans laquelle il entrait était magnifiquement meublée. Certes, l'architecture exotique du lieu était incroyable, mais ce qui le subjuguait le plus n'était guère matériel. Non, c'était l'être qui était au centre de cette toile. L'elfe respirait la beauté. Mais pas celle à laquelle Martin avait été confronté par le passé. Non, rien à voir avec les formes plantureuses issues de l'imagination débridée du plus luxurieux estalien, ni des rêves les plus enfiévrés de quelques norses boostés aux champignons. Non. Cette beauté là... Il y avait quelque chose de... naturel en elle. Elle était, tout simplement. Et cela suffisait. Inconsciemment, Martin mis un genoux à terre lorsque la prêtresse fit référence à sa présence aux côtés de son fils. Puis elle lui sourit. Et malgré lui, Martin sentit son cœur tiraillé malgré lui, ne comprenant guère ce sentiment.

- Dame... Si ce lieu est d'une beauté sans mesure, la votre l'éclipse sans nul doute. Mais si vous êtes le soleil de ces lieux, qui suis je ? demanda le chasseur, le plus sérieusement du monde.
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Re: [Martin] Et maintenant ?

Message par [MJ] The Puppet Master »

L'elfe eut un léger sourire à l'attention de Martin, elle s'approcha, faisant bruisser avec légèreté sa longue robe, lui tendit la main afin qu'il la saisisse et qu'elle l'amène à se relever. Tout, dans ses gestes, son regard et ses paroles, ne transpirait que douceur et bienveillance ; bien loin de la défiance et l'animosité qu'on prête habituellement aux sylvains et que le jeune chasseur avait pu entrevoir chez Aalcaas.

- Redresse-toi, élu du Bois aux Daims. Tu dois avoir faim après cette longue marche. Connaissant mon fils, j'imagine qu'il n'a pas dû te laisser le loisir de te restaurer ou te reposer avant d'être arrivé jusqu'à moi. Allons, viens.

Tenant derrière elle la main d'un Martin subjugué, l'elfe le mena jusqu'à une majestueuse table en bois massif bien plus belle, bien que différente et d'apparence moins travaillée, que toutes celles qu'il avait eu l'occasion de voir chez le duc Borric. Il y avait là une corbeille pleine de fruits délicats et de baies chatoyantes. Quand son invité fut attablé, elle amena une cruche remplie d'une eau claire et aussi fraîche que celle d'une source.

Il régnait partout un parfum de magie et tout semblait irréel tant l'endroit et l'hôtesse paraissaient d'un autre monde.


- Nous essaierons de comprendre ce qui se passe plus tard. Prends ton temps. Tu es ici chez Letraedrael et tu y es en sécurité.

Après un dernier sourire, elle s'en retourna auprès de son fils et ils échangèrent à voix basse jusqu'à ce que Martin les rejoigne.

-----
- Aalcaas m'a tout raconté, la mine de l'elfe était grave mais ses traits avaient la même douceur que lorsqu'elle souriait. Ainsi tu as combattu et survécu à Dzuz'ggaruk, le dévoreur. C'est un authentique exploit, jeune Martin, digne des légendes d'autrefois. Mais cela pose la question du pourquoi et du comment de son retour. Il me faudrait sonder l'esprit de ton ami chasseur pour en savoir plus mais Aalcaas l'a renvoyé hors de la forêt. J'espère seulement que le démon ne l'a pas accompagné...
- L'aura démoniaque n'était plus perceptible, mère,
intervint Aalcaas, les bras croisés et le yeux fixés au sol, sans quoi, je n'aurais pas laissé cet humain vivre plus longtemps.
- J'entends bien, fils, mais tu n'es pas sans ignorer qu'un esprit malin peut abuser même un elfe averti.
- Alors j'irai tuer le chasseur...
- Ne sois pas vexé comme un enfant capricieux, Aalcaas. Je ne remets pas en cause ton jugement, je suis inquiète, voilà tout. C'est un puissant démon qui existe depuis des millénaires. Il n'en est pas à sa première possession ; il s'en est même fait une spécialité. Néanmoins, il n'est pas exclu que vous ayez pu le forcer à se replier s'il n'avait pas recouvré l'intégralité de ses forces maléfiques...


Aalcaas ne répondit pas et se renfrogna un peu plus.

- Venons-en maintenant à toi, Martin. Je suis d'accord avec mon fils quand il pense qu'il te faut connaître toute l'histoire d'Alryën. Cela ne nous dira peut-être pas pourquoi tu as été choisi mais cela te permettra d'entrevoir avec plus de clarté ce que la forêt attend de toi.

L'elfe alla s'asseoir sur un banc de bois de la même facture que l'immense table de la pièce voisine puis elle commença son récit tête basse.

- Lorsque j'ai rencontré Nimrodel, nous étions très jeunes et nous fûmes immédiatement amoureux. Il était évident pour nous que nos destins étaient liés et que nous passerions le reste de nos vies ensemble. L'évocation de ce lointain souvenir dessina un sourire mélancolique sur les lèvres de Letraedrael et une lueur humide tressaillit dans ses yeux. Un jour, Aalcaas venait de naître, L'elfe releva la tête et regarda son fils cherchant son regard. Celui-ci ne bougea pas d'un pouce. Sa respiration était lourde et on pouvait sentir la colère en lui. Nimrodel conduisit une femme sur nos terres. Il voulait qu'elle reçoive l'enseignement des anciens pour faire revivre le savoir des druides et renouer des liens avec les humains ; le conseil de Laurelorn refusa, bien sûr, arguant que les humains étaient devenus des animaux sauvages corrompus et grouillants. Alors Nimrodel entreprit d'emmener la femme auprès de l'assemblée du Grand Conseil d'Athel Loren... Nous ne la revîmes jamais. Nos chants n'en parlent plus. Mais, quelques années plus tard, Nimrodel revint accompagné d'un jeune homme ; c'était Alryën. Il avait le don. Le même que sa mère... Nimrodel avait pris sur lui de l'initier aux savoirs de notre peuple et, avec Alryën, le savoir des druides revint parmi les hommes. Nimrodel passait des heures à lui enseigner à entendre le chant de la terre pendant que j'élevais Aalcaas qui n'était encore qu'un enfant. Bien des années plus tard, des hordes d'orcos se mirent à piller les villages alentours et les hommes cherchèrent de l'aide. Personne parmi les elfes ne voulut les aider sauf Alryën... et Nimrodel. Finalement, leur foi et leur abnégation convainquirent les elfes d'apporter leur aide... mais trop tard. Au cours de la bataille, Nimrodel avait été tué en défendant Alryën. Des larmes roulaient sur les joues de l'elfe et ses lèvres tremblaient. Ses mains, fines et douces, étaient crispées enserrant le tissu de sa robe. Les orcos furent vaincus et la mémoire de Nimrodel fut honorée. Alryën s'en alla pour initier d'autres hommes à entendre le chant de la terre. Il lui arrivait de revenir dans la forêt. A l'endroit où Nimrodel avait été tué, poussa un chêne et Alryën passait des jours entiers à méditer en face comme il le faisait lorsque mon amour était encore vivant. Aujourd'hui, le chêne est plusieurs fois centenaire et nous ne voyons plus Alryën...

Letraedrael soupira, ses yeux embués de larmes fixaient Martin avec une infinie tristesse.

Alryën, l'élémentaliste, vertueux parmi les hommes et égal des elfes de Laurelorn était - il n'en a jamais parlé et je ne l'ai jamais interrogé à ce sujet, nous n'en avions pas besoin pour connaître la vérité - le fils de cette humaine et de... Nimrodel. Et si tu es aujourd'hui le Gardien du Bois aux Daims, tu en es le descendant.

Un lourd silence se fit. Tel une chape de plomb, on avait l'impression qu'il empêchait quiconque de parler. La vérité était que personne ne voulait prendre la parole après de telles révélations...
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Re: [Martin] Et maintenant ?

Message par Martin »

Framboises, mûres, pommes, poires, noix, noisettes, quelques prunes... Il y avait là un large éventail de fruits à la disposition du jeune chasseur. Sans compter les variétés différentes. Il était vraiment incroyable que ces fruits puissent être en si bon état vu la saison. Tâtant une pomme, Martin vit que celle ci était mûre au toucher. C'était encore plus incroyable. Retirant ses gants usés, il tira sa dague pour couper le fruit en quartiers, retirant les pépins dans l'assiette en bois qu'il avait sous les yeux. D'ailleurs cette assiette ne se départait pas du reste du lieu. Un motif de chêne était gravé à l'intérieur. L'image était saisissante, et ce n'était pourtant rien d'autre qu'un simple arbre qui y était représenté....

Se sustentant, il ne fit pas du tout attention à ce que se disaient la prêtresse et son fils. Ce n'est qu'une fois estomac rassasié qu'il eu des explications.

"Un exploit que d'avoir survécu à ce démon ? J'en doute. Je me suis contenté de ramper dans la boue pour survivre. Rien de plus. Attendez ! Qu'est ce qu'elle a dit là !"

S'excusant de l'interrompre, Martin rapporta l'elfe des faits qu'elle semblait ignorer.

- Dame Letrada... Letradraëlle... Dame, commença-t-il en buttant maladroitement à plusieurs reprises sur le nom de son hôte avant de finalement se reprendre en usant d'un titre plus.... "passe partout". Je pense que vous n'avez pas toutes les cartes en main. Déjà, nous n'étions pas deux mais trois dans la forêt. Un jeune homme du nom de Jurgen, inquiet de ma disparition, a réussi à me retrouver peu après que j'ai combattu, une première fois le démon. J'ai préféré le renvoyer que de prendre le risque de le faire tuer. S'il est rentré vivant à Hargendorff, alors il aura informé le seigneur que Siegfried est, peut être, possédé, et qu'il faudra lui faire voir un prêtre. Jurgen n'avait pas touché Siegfried mais si le démon peut changer d'hôte et qu'il est toujours présent....

Martin était vraiment inquiet. Chercher un sous dans de la mélasse était bien difficile, mais un arbre dans une forêt ? C'était encore plus compliqué.

- Quand au démon.... Il tuait le bétail dans les alentours de la baronnie et avait pris possession d'une jeune fille. Siegfried l'aurait tué puis c'est à ce moment là qu'il a été possédé. Et que j'ai, plus tard, découvert le tertre où il était coincé. La suite... Vous la connaissez. termina-t-il d'un ton plus sombre.

Se taisant pour écouter la suite de ce que l'elfe avait à dire, Martin fut relativement peu surpris. Il sourit même à l'évocation par Letraedrael de la réaction de ce "conseil" lorsqu'ils furent confrontés à la demande d'une humaine et leur perception de sa race. L'opinion de certains nordlanders n'étaient pas si différentes que ça à propos des aristocrates du Sud. Par contre la suite prêtait bien moins à sourire. Surtout après le silence qui s'abattit dans la hutte.

"Je ne suis pas si surpris que ça et ça confirme définitivement ce que je pensais du Duc. Je suis son bâtard. Plus gênant par contre, ça fait de moi l'aîné de ses fils. J'espère que je n'aurais jamais à être mis dans une situation où je serais confronté à ceux ci... Mais cette histoire... Il y a bien quelques contes qu'on raconte parfois lors de soirées bien longues, mais rien d'aussi abouti que ce je viens d'entendre.... Combien de temps... Quand ont donc eu lieux ces évènements ? Les orks ? On en a plus vus dans la région depuis... En fait on en a jamais vus. Mais elle n'a pas soufflée un mot sur la sylve..."

- Dame... commença-t-il doucement De tout ce dont vous venez de me dire... Je n'en ait entendu que des brides issues de contes et de chansons elles mêmes presque oubliées. Les évènements dont vous parlez.... Quand était ce ? Combien d'été se sont écoulés depuis ? Et de tout ce que vous me dites... Quel est le rôle de la sylve dans tout cela ?
Modifié en dernier par [MJ] The Puppet Master le 07 août 2018, 22:08, modifié 1 fois.
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