[Martin] Et maintenant ?

[[MJ] The Puppet Master]

Avec bonté et prévenance, Letraedrael sourit aux questions naïves de Martin. Elle était, chaque fois, émue de la fragilité des hommes quant à leur rapport avec le temps. Leur vie était si courte que beaucoup d'entre eux passaient leur temps à chercher à contrôler sa course inaltérable sans en comprendre les tenants et les aboutissants.

- Le temps est relatif, jeune Martin. Pour mon peuple il ne s'écoule pas de la même manière que pour le tien. Notre passage en ce monde est bien plus long que le votre et notre rapport au temps est différent. Savais-tu qu'il existe des lieux en Athel Loren qui ne connaissent qu'une seule saison, la même depuis des millénaires ? Même ici, pourtant loin de Yn Edri Eternos, le Chêne des Âges, et de sa magie, le temps n'a pas la même prise que chez les hommes : il peut s'écouler des années sur vos terres et seulement quelques semaines en Laurelorn... Peut-être n'ai-je vieilli que d'une ou deux années depuis ta naissance et pourtant tu es déjà un adulte de ta race. Et je serai toujours de ce monde lorsque les enfants de tes enfants auront disparus... Mais je serai bien incapable de dire combien de votre temps s'est écoulé depuis Alryën. Je sais seulement que ton peuple a oublié son enseignement. Seuls quelques-uns des vôtres tentent encore de s'ouvrir aux voies de la nature et encore moins nombreux sont ceux qui ont le don qu'il tenait de sa mère. Ton rôle est capital pour le Bois aux Daims et tu es le dépositaire des liens entre nos deux peuples. Ce qui est venu à toi, et que tu appelles sylve est la matérialisation de l'esprit de la forêt. En Athel Loren, ce rôle de protection est dévolu à de farouches créatures les Dryades et les Hommes-arbres que même mes semblables redoutent et évitent tant ils sont imprévisibles et incontrôlables. Ce que tu as rencontré a dû pactiser avec Alryën pour qu'il fasse des hommes les protecteurs de la forêt autant que les elfes... Une telle chose n'aurait jamais dû se produire mais il faut bien avouer que nous sommes isolés et nos espoirs de survie s'amenuisent de jour en jour. Les menaces sont de plus en plus nombreuses et de plus en plus proches ; la forêt le sait. Pourtant, elle devra attendre car ce qui s'est éveillé ne doit pas être laissé en liberté. L'elfe fit quelques pas jusqu'à se tenir à moins d'une coudée devant Martin, le dépassant de plus d'une tête. Son regard s'était durci et avait perdu toute gentillesse. Il faut s'assurer que tes amis ne sont pas possédés, Martin. Aalcaas te guidera jusque chez toi et, si tu le souhaites, il t'assistera dans ta mission. Le cas échéant, il te faudra à nouveau affronter le Chaos et enfermer le démon au tertre.

Letraedrael fit volte-face et retourna s'asseoir.

- La décision t'appartient et personne ne peut te forcer ou te tenir rigueur de refuser cette tâche, Martin...

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Fin du chapitre ! J'attends de toi un dernier post de conclusion dans lequel il devra y avoir une réponse quant à tes intentions pour la suite, histoire que je vois où tu veux que je t'emmène.

[Martin]

Le monologue de Letraedrael était glaçant. La longévité des elfes devait être grisante. Surtout si le lieu où ils vivaient ralentissait davantage le temps... Leur immortalité semblait... c'était plus un piège qu'autre chose...
''Mais de quels dangers parle-t-elle ? Les norses ont été renvoyés à leurs froides plages désolées et ne pourront plus avancer en force par chez nous avant des décennies. Archaon a été tué et le reste de ses armées détruit dans le Middenland par Boris Todbringer. Les hommes bêtes sont activement chassés. L'Empire est en paix.... Le seul danger, ce sont ces foutus bâtards des ténèbres... Et le démon. Il me manque des informations. Sans parler des ''enfants'' dont parlait la sylve....''

Excusez moi mais... Quel est ce lieu ? Athel Loren ? C'est une autre forêt dans l'Empire ? Quand à ceux qui ont en mémoire les enseignements d'Alrÿen.... Vous voulez parler du clergé de Taal et Rhya, ou de ces mages étranges qui parlent aux plantes ? Et vous parlez d'un danger mais.... Mis à part ces chiens des ténèbres qui pillent nos côtes, lança-t-il sans trop réussir à dissimuler sa haine à l'encontre des corsaires druccis, et le démon qui s'est échappé du tertre, le Nordland me semble plutôt calme. Non ? Les seuls ''dangers'', et Martin insista bien sur les guillemets, qui guettent la forêt, ce sont les bûcherons Salzenmund nous envoie avec insistance. Non pas que les Austrog soient d'ailleurs prêt à les laisser couper les arbres comme bon leur semble termina-t-il avec un sourire.

Il faut dire que les nombreuses règles qui avaient imposées aux bûcherons à l'extérieur du duché au fil des génération avaient découragés la plupart d'entre eux. Et les rares qui restaient n'étaient pas laissés sans surveillance. En fait, seuls les artisans du bois locaux pouvaient exploiter la forêt sans ennuis de la part des baillis. Il faut dire aussi qu'ils savaient s'y faire. Leurs méthodes d'exploitation étaient vraiment incroyables, et ils savaient s'y faire pour ne prendre que ce dont ils avaient besoin.
Écoutant les réponses à ses questions, Martin fut une nouvelle fois confronté au choix. Il avait déjà prêté serment, mais il semblait qu'il avait besoin de le faire une fois encore.

Dame Letraedrael... J'ai déjà prêté serment à la sy... l'esprit de la forêt. J'ignore si elle se soucie vraiment de ce genre de choses, mais c'est en tout cas mon cas. Même si, de ce que je comprends, je ne suis qu'un pis aller, dit il avec un triste sourire, je suis tenu à ma promesse. Mourir est effrayant. Surtout quand... on a marché au bord du gouffre, dit il en frissonnant, mais... je pense être sincère en disant que je me tiendrais à ce serment, jusqu'à la mort. Enfin... tant qu'il n'est pas contradictoire avec ma loyauté à Hargendorff.

Regardant droit dans les yeux Letraedrael, Martin fut très clair, emplit d'une détermination neuve.

Je serais le gardien du bois aux daims. J'accomplirais mes devoirs. Dans la vie comme dans la mort, ou qu'on me libère de mon serment. Puis il termina plus légèrement. Même si, honnêtement, je dois faire pâle figure face à mes prédécesseurs, je ferais de mon mieux. Mais pour l'instant... Il faut que je retourne à Hargendorff, m'occuper de Siegfried, Jurgen et... le duc. Apparemment, il serait devenu fou....

Regardant ensuite Aalcaas, il termina ce qu'il avait à dire.

J'ose humblement vous demander votre aide, dans la mesure du possible.

C'est à dire qu'il avait au moins besoin d'un nouvel arc. Ne serait ce que quelque chose d'extrêmement rustique, pour au moins remplacer celui qu'il avait perdu au cours des derniers jours. Fabriquer un arc avec de bien piètres matériaux ne le gênait pas tant que ça, tant que le résultat tenait la route. Mais il fallait prendre le temps de les trouver, les travailler... cette tâche prenait des heures, même pour un forestier accompli comme lui. À moins qu'il ne puisse escompter sur un don des elfes ?

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