Table des matières

Informations générales sur le personnage :

Nom et Prénom: Agathe d'Eglemont
Age: 20 ans
Sexe: Féminin
Race: Humaine
Carrière: Noble (voie de l'aristocrate)
Lieu/ville de départ: Eglemont
Fréquence de jeu: Variable
MJ: [MJ] Le Grand Nécromancien


Nom de la ligne FOR END HAB CHAR INT INI ATT PAR TIR NA PV
Profil de départ (+4 PC initiaux) 8 8 10 8 8 10 8 8 8 1 60/60
Profil actuel 8 8 10 8 8 10 8 8 8 1 60/60
Améliorations restantes à acquérir pour level up (déjà acquis/à acquérir) 0/0 0/0 0/1 0/1 0/1 0/0 0/1 0/1 0/0 0/0 0/5


XP disponible: 0
PC dépensés: 4




Description physique :

Agathe d’Eglemont est une jeune femme de vingt ans qui aurait pu être semblable à tant d’autres si la nature n’en avait décidé autrement. Mesurant un peu moins d’un mètre soixante dix de la tête aux pieds, elle est de corpulence moyenne, voire plutôt mince. Ses longs cheveux bruns encadrent un joli visage aux traits fins, où sont enchâssés deux yeux d’émeraude. Vraiment, elle était assez séduisante, ou du moins l’aurait été pour beaucoup de jeunes nobles, s’il n’y avait pas eu son infirmité.

En effet, depuis son enfance, un bandeau de tissu cache la plupart du temps ses yeux sans vie, afin de ne pas gêner ses interlocuteurs. Elle ne l’enlève en général que quand elle est seule ou entourée de gens de confiance habitués.

Agathe a beau être aveugle, elle n’en est pas moins restée coquette. Elle s’habille toujours dans un style très sobre qu’elle affectionne, mais en accord avec son rang. Ne voyant plus depuis longtemps, elle revêt des vêtements dont les couleurs lui plaisaient dans son enfance, telles que le bleu, le blanc ou le vert.

Son ascendance impériale et son éducation encore à cheval entre Bretonnie et Empire l’ont poussée à ne pas tenir compte de toutes les coutumes de son pays. C’est ainsi qu’elle peut indifféremment porter des tenues majoritairement vertes, bien que cette couleur ne soit pas réservée aux nobles selon les critères bretonniens, même si dans ce cas, suivants les conseils de ses sujets de confiance, elle accepte de porter au moins un bandeau oculaire ou des rubans de couleur noble afin de rappeler son rang aux paysans et de montrer son intégration à la société. De même, elle a toujours eu beaucoup de mal avec l’obsession des femmes bretonniennes à cacher à tout prix leurs chevelures. Personnellement, Agathe adore ses cheveux dont elle prend grand soin et qu’elle ne dissimule que rarement, au grand dam de ses conseillers. Au contraire, elle aime les coiffer et les assortir de divers rubans, bandeaux, diadèmes, couronnes de fleurs, barrettes et autres accessoires. Peu lui importe de choquer les bretonniennes et les bretonniens qu’elle rencontre le plus souvent, et qui parfois la prennent pour une Demoiselle du Graal ou une étrangère, s’ils ne la connaissent pas. De toute façon, dans cette région frontalière de l’Empire, la vision de cheveux féminins n’est pas aussi rare que dans la Bretonnie profonde, où rares sont celles qui ne les cachent pas.

En général, Agathe porte une robe longue, par-dessus laquelle elle enfile une cape plus ou moins longue selon ses envies et la température, de couleur assortie à la robe, mais plus sombre ou plus claire que cette dernière pour contraster légèrement. Parfois, elle fait un panachage de couleurs entre la robe et la cape, en utilisant toujours exclusivement ses couleurs favorites, le bleu, le vert et le blanc. En été, et plus généralement pour monter à cheval ou se sentir plus à l’aise, elle revêt des robes courtes. Dans presque tous les cas, la robe est serrée à la taille par une ceinture ouvragée.

Bien qu’elle soit très coquette, Agathe d’Eglemont n’est pas très riche, loin de là. Ses bijoux et colifichets sont presque tous en acier local, issus directement de la forge du château. Même les deux diadèmes qu’elle possède sont en réalité de simples cercles presque complets, mais non fermés à l’arrière, hauts d’un peu moins d’un pouce. L’un d’eux est en acier et lui sert théoriquement pour « le combat », l’autre en argent et lui sert de symbole de sa fonction. Si elles sont jolies, l’ensemble de ces babioles est surtout décoratif ne vaut pas grand-chose, mis à part le bandeau en argent.

En outre, les deux seuls vrais bijoux de valeur qu’elle possède lui viennent de sa famille. Il s’agit d’une broche en or massif, et d’un médaillon en argent orné d’une magnifique agate aux reflets verts, jaunes et bleus. La broche des von Grenzwald lui vient de son père, et qui la tenait lui-même de son père et ainsi de suite jusqu’à des temps immémoriaux. Initialement, elle était portée par son grand frère. A la mort de celui-ci, elle fut transmise à son petit frère, et ce ne fut qu’au décès de ce dernier qu’elle revint à la dernière descendante de Marius von Grenzwald en vie, Agathe. Depuis ce jour, elle l’arbore fièrement sur le devant de ses vêtements, s’en servant pour fermer sa cape, sa robe, son manteau ou même sa magnifique pèlerine. Le médaillon en argent serti d’une agate, en référence à son prénom, lui a été offert par sa mère peu avant son décès. Etant creux, il peut s’ouvrir, et l’on y trouve sculptés à l’intérieur des petits et fins bas-reliefs, fruits d’un excellent travail d’artiste, représentant fidèlement en miniature les visages de ses parents et de ses frères. Bien que ces deux objets aient chacun une valeur marchande conséquente, aux yeux d’Agathe, leur valeur sentimentale est infiniment plus grande.

Quant à ses vêtements, ils sont tous de facture et de matière commune, souvent de la laine ou du lin. La seule et unique exception est une pèlerine en fourrure d’écureuils, qu’elle porte l’hiver et par temps froid, quand elle n’enfile pas un simple manteau de peur de l’abîmer, car ce vêtement à lui seul vaut plus que tout le reste de sa garde-robe réuni.

Enfin, malgré le handicap de son infirmité, Agathe n’en reste pas moins seigneur d’Eglemont, et à ce titre se doit de protéger son fief et d’y faire régner la justice. En conséquence, la jeune femme porte maintenant une épée à une main à la ceinture, plus comme symbole de son autorité que comme véritable arme, car dans un vrai combat, et même avec les quelques entraînements qu’elle a subi, elle n’aurait que peu de chances de l’emporter contre un ennemi invisible et un tant soit peu habile à manier les armes. Cette épée sainte très ancienne, nommée selon les gravures sur la base de sa lame « NOMOSTHEMIS », soit en classique archaïque, « la Loi de la Justice », lui vient de son grand-père à qui elle avait été offerte comme dot par la famille de sa femme, en remerciement pour sa contribution à la paix. Elle a été bénie par Véréna, et l’on dit d’elle qu’entre les mains d’un juste, elle apporte la vérité. Son fourreau actuel, qui n’est pas l’original perdu depuis des siècles, est en bois de houx.

Description psychologique :

Lorsque leur fille est née, Gilles et Alix d’Eglemont l’ont nommée « Agathe ». Ils avaient choisi ce prénom en raison de son étymologie, venant du classique « agathos », signifiant « bon ». Alix d’Eglemont était en effet une femme érudite qui maîtrisait parfaitement le langage classique ancien, langue morte. Ce choix fut prémonitoire, puisqu’en grandissant, la jeune Agathe se révéla profondément gentille. S’il lui arrivait de temps en temps d’être méchante comme tout un chacun, souvent sous l’emprise d’une forte émotion négative, cela ne durait jamais longtemps et elle s’en excusait rapidement la plupart du temps.

Désormais adulte, Agathe est bonne, mais juste. Si elle pense que chacun devrait faire le bien aussi souvent que possible, elle a également conscience qu’il n’est pas sain de ne pas avoir une petite part d’égoïsme, et qu’il faut savoir de temps en temps oublier les autres pour s’occuper de soi.

Aristocrate dans l’âme, elle n’est pas pour autant dans la droite ligne de la plupart des seigneurs bretonniens. Fortement influencée par le Duc Folcard de Montfort, son suzerain, et par l’Empire de par ses origines et son précepteur, elle a beaucoup de considération pour les paysans et autres roturiers. Dans le cadre de son fief, elle se soucie réellement du bien-être de ses sujets. Malgré cela, elle ne peut s’empêcher de penser qu’elle appartient à une élite –la noblesse- qui se doit de les protéger et de les diriger dans le bon chemin et s’en occuper un peu comme un mère de petits enfants.

Même si Agathe est profondément gentille et encline à pardonner, pour elle, la compassion ne doit pas éclipser la raison et notamment l’application de la justice. Ainsi, selon elle, si on peut pardonner une faute, il faut le faire, mais il faut également avoir le courage de punir lorsque c’est nécessaire. Quel que soit le cas, la mesure prise se doit d’après elle d’apporter la réponse appropriée, ni plus, ni moins, et donc d’être juste.

Socialement parlant, Agathe d’Eglemont n’est pas très populaire. Ni auprès des nobles qu’elle rencontre rarement et qui jusqu’à présent se sont arrêtés à son handicap, la considérant tous soit avec dédain, soit avec pitié, mais jamais en tant qu’humaine normale, ni auprès des paysans avec qui elle avait relativement peu d’interactions jusqu’à présent à cause de son rang social supérieur. Elle ne connaît bien que les domestiques et leurs enfants, et plus généralement les roturiers qui vivent au château, dont le forgeron et les gardes, par exemple. Plutôt solitaire par la force des choses et non par choix, la jeune seigneur ne compte que très peu de vrais amis : son vieux précepteur impérial, Otto Mahler, et ses amis d’enfance qui ont grandi en même temps qu’elle : Johanne Lamare, la fille du forgeron, maintenant servante personnelle, Sébastienne Elenote fille de l’unique médecin du fief, qui remplit la même fonction que son père, et Damien Soudre, son garde personnel, fils d’un des anciens gardes du château. Ses amis sont les seuls roturiers –à part les étrangers et autres cas particuliers- à qui elle autorise de montrer un lien de familiarité avec elle. Sinon, elle tient à conserver l’ordre et son lien d’autorité sur le reste de ses sujets. Non pas qu’elle n’aime pas son peuple, bien au contraire, mais elle considère qu’il est nécessaire de maintenir une distinction claire entre la noblesse et les roturiers pour que les choses se passent au mieux.

Etrangement, si Agathe n’a que peu d’amis humains, elle a toujours ressenti un certain lien, une certaine empathie avec les bêtes. Comme si ces dernières savaient qu’elle était aveugle et se montraient plus gentilles, moins craintives avec elle. C’est ainsi qu’Agathe a toujours aimé les animaux en général. Actuellement, elle possède un chien (un berger impérial), une jument et quatre chats assez indépendants. Elle les a tous élevés depuis tout petits et y est très attachée.

Sentimentalement, Agathe est complètement novice. Son infirmité combinée à son rang on dissuadé tous les prétendants jusqu’à maintenant, de sorte qu’elle n’a jamais eu de relation avec qui que ce soit. Tout ce qu’elle sait de l’amour est ce qu’en disent les chansons bretonniennes sur l’amour courtois, noble et pieux. Comme à peu près toutes les jeunes filles du duché, elle a un petit faible pour le Duc Folcard, son suzerain, qu’elle a rencontré à de nombreuses reprises, mais il ne s’agit là plus d’un fantasme que de sentiments réels.

Depuis sa perte de vue, très jeune, Agathe a dû apprendre à vivre dans le noir complet. Après une brève période de dépression et d’abattement, la petite fille qu’elle était alors a compris qu’elle ne pourrait rien y faire et qu’il lui faudrait apprendre à vivre avec son handicap, et non se laisser dépérir en s’apitoyant sur ce qu’elle avait perdu. Au lieu de rester enfermée à pleurer, elle a choisi d’accepter son sort et de rire, bref, de vivre autant que possible comme les autres enfants. Curieusement, si beaucoup d’adultes auraient eu beaucoup de mal à accepter cette tragédie, pour un enfant, c’était chose naturelle que de vouloir continuer à vivre une vie « normale », pleine d’autant de joie que possible. Et puis, contrairement à d’autres aveugles de naissance, elle avait eu la chance de connaître les couleurs, qu’au fond d’elle-même elle n’oublierait jamais. Sa vue lui avait été enlevée, oui, mais il n’était pas question qu’elle sacrifie son bonheur.

Cette force de caractère, cet optimisme, ce choix fondamental de l’espoir a toujours guidé sa vie depuis lors. Quelle que soit la peine, la douleur qu’elle endurait, la Dame d’Eglemont s’est toujours relevée. Elle a continué à sourire, à vivre, comme pour faire un pied-de-nez à la fortune qui s’acharnait sur elle. Même lors des pires moments de sa vie, la mort de frère aîné qu’elle idolâtrait, et de sa mère qu’elle chérissait plus que sa propre vie, elle a su persévérer et continuer à vivre, sans jamais les oublier, comme si elle vivait pour eux. Car après tout, sa famille qui l’aimait plus –et réciproquement- aurait voulu qu’elle vive heureuse.

Depuis qu’Agathe est devenue aveugle, elle a dû compenser son infirmité en utilisant ses autres sens qui se sont aiguisés bien au-delà de la moyenne. En grandissant, elle s’est également très curieuse et assez intelligente. Elle a toujours été fascinée par la sculpture, même si elle n’a jamais osé demandé aux artisans du fief de lui apprendre, de peur de fâcher ses parents en se montrant distraite de ses études plus « sérieuses ». Mais un tel « sacrifice » n’était pas trop difficile à supporter, car Agathe adorait et adore toujours étudier. Apprendre de nouvelles choses, découvrir le monde et ses lois, tout cela la passionnait. L’histoire, l’héraldique, mais surtout les sciences l’intéressaient au plus haut point. Même si pour l’instant Otto Mahler s’était contenté de lui apprendre uniquement les bases, il avait noté qu’elle montrait de très bonnes dispositions et lui avait promis de lui enseigner ces matières plus avant lorsqu’elle en aurait le temps.

Enfin, il faut savoir qu’Agathe d’Eglemont n’était pas du tout préparée aux évènements récents, et encore moins à leurs terribles conséquences. La mort de son père et de son petit frère l’a profondément bouleversée, et elle est encore sous le choc. De surcroît, comme elle ne pensait pas avoir un jour à diriger le fief d’Eglemont, elle n’avait jamais étudié ni la législation, ni la diplomatie, ni la gestion. Elle a été totalement prise au dépourvue par l’arrivée brutale de ses nouvelles responsabilités, corollaire de la perte des deux hommes qu’elle aimait le plus au monde. Cet évènement lui rappelle la tristesse et le vide qu’elle avait ressenti et surmonté à la mort de sa mère et de son frère aîné. Tous les membres de sa famille proche morts, il ne lui reste d’eux que des souvenirs des meilleurs moments passés ensemble, gravés à jamais dans son coeur. Si Agathe sait qu’elle aura la force de vivre malgré cette tragédie, elle n’a eu que très peu de temps pour faire son deuil, trop vite rattrapée par ses nouvelles responsabilités.

Alignement : Bon

Historique du personnage :

1 : L’histoire familiale.

L’histoire de la famille d’Eglemont remonte à près de quatre-vingt ans, en l’an 2449, à l’époque où le jeune Marius devenait à vingt ans margrave de Grenzwald, suite à la mort de son père Albrecht lors du siège victorieux du château d’Eglemont. La marche de Grenzwald était un fief à l’extrême Ouest de l’Empire, situé exactement au Sud de Marienburg, juste à l’Est de la trouée de Gisoreux. Aujourd’hui, le fief de Grenzwald ne fait probablement plus partie de l’Empire, mais du Pays-Perdu, et ses margraves seraient soumis à l’autorité du directorat de Marienburg. A cette époque, cependant, cette marche était encore disputée entre le Reikland, et Marienburg, qui avait fait sécession seulement 20 ans plus tôt. Partagés, les von Grenzwald hésitaient entre rejoindre le Pays-Perdu ou rester fidèles à l’Empire. Mais l’essentiel de leurs problèmes ne venaient pas du conflit entre la Cité-Etat marchande et le Reikland, car l’empereur veillait à éviter toute guerre ouverte, mais d’une querelle séculaire opposant la famille von Grenzwald à leurs voisins bretonniens, le marquis de Montjoly, vassal du duc de Montfort dont le fief était situé au Sud de l’extrémité Ouest de trouée de Gisoreux et le marquis de Valbrusme, vassal du duc de Gisoreux, dont le fief était lui situé au Nord de l’extrémité Ouest de Trouée de Gisoreux.

Depuis des siècles, les annales faisaient état de ce conflit entre Empire et Bretonnie pour le contrôle de l’extrémité de la Trouée, opposant les von Grenzwald aux marquis de Montjoly et Valbrusme. Lors de la sécession de Marienburg et des tensions très fortes qui suivirent, le margrave Albrecht von Grenzwald décida de ne pas s’en mêler, mais d’en profiter pour lancer ses forces à l’assaut de ses ennemis jurés. Après deux décennies de combats stériles livrés sur les flancs des Montagnes Grises, Albrecht sembla enfin prendre l’avantage lorsqu’il réussit à assiéger et à enlever par la force le château d’Eglemont, propriété d’un vassal du marquis de Montjoly. Cette victoire acquise de haute lutte offrit aux von Grenzwald un premier point d’appui solide au sein même des Montagnes Grises, sans compter que la défaite de son vassal avait considérablement affaibli le marquis de Montjoly. Si le margrave Albrecht n’avait pas été blessé mortellement au cours de l’assaut final sur le donjon, il aurait pu pousser lui-même jusqu’au château fort de Montjoly et probablement soumettre le marquis. Au lieu de cela, l’impérial mourut de ses blessures dans la nuit, sans avoir repris conscience. Son successeur n’était autre que son fils aîné, le jeune et prometteur Marius qui l’avait accompagné tout au long de sa dernière campagne victorieuse, et avait été à ses côtés au moment de la prise tragique du château.

Le lendemain, le tout jeune margrave Marius von Grenzwald dût faire son premier choix en tant que chef politique et militaire. Les prisonniers qui avaient été faits les jours précédents le ralentiraient s’il les emmenait avec lui jusqu’à Montjoly. Son père et ses conseillers avaient prévu de les exécuter de longue date, sur la place du village, afin de faire un exemple et de se débarrasser définitivement de ces vieux ennemis, tout en impressionnant et en soumettant les villageois par la peur. Au lieu de quoi le jeune noble refusa de condamner les prisonniers, et interdit même toute mesure de représailles à leur encontre ou à celle des villageois. Au grand dam de ses conseillers et d’une partie de son armée, il renonça à pousser jusqu’à Montjoly. Au contraire, il alla voir quatre des chevaliers errants capturés, et leur demanda d’aller transmettre un même message à destination des ducs de Montfort et de Gisoreux et de leurs vassaux les marquis de Montjoly et de Valbrusme. Ce message contenait une offre de paix, sans conditions. Si elle était acceptée, et qu’on lui fournissait les garanties suffisantes pour lui permettre de s’assurer qu’il ne s’agissait pas simplement d’un artifice pour gagner du temps en préparant une riposte, les von Grenzwald étaient prêt à arrêter définitivement toute agression, et à libérer immédiatement les prisonniers, qui en attendant seraient bien traités. Il était même prêt à négocier le sort du fief d’Eglemont, qui se retrouvait sans maître depuis la mort de son seigneur sans héritier dans le combat de la veille.

Evidemment, les bretonniens qui étaient en net désavantage stratégique, n’en crurent pas les oreilles. Le nouveau margrave Marius leur offrait la paix alors qu’il aurait pu continuer plus avant et sans efforts faire tomber l’une ou l’autre des marches de Montjoly ou de Valbrusme, peut-être même les deux, et ce avant l’arrivée de renforts. Aussi, tous acceptèrent, à l’exception du duc de Gisoreux, très traditionaliste, qui ne prit même pas la peine de répondre. Quant aux garanties de paix exigées, les messagers conclurent qu’elles seraient discutées lors d’une rencontre prochaine réunissant tout les protagonistes du conflit, qui aurait lieu au milieu de la Trouée de Gisoreux.

L’affaire aurait pu se terminer là, si, apprenant les desseins de leur margrave, le reste de la famille von Grenzwald n’avait décidé de déchoir celui qu’ils qualifiaient maintenant de « traître ». Un nouveau margrave fut désigné en la personne du frère cadet de Marius, Peter. Mais ce dernier, âgé de seulement quatorze ans, était encore jeune, trop jeune pour commander. De plus, il était resté à la demeure ancestrale des von Grenzwald, située dans le Pays-Perdu, dans un bois aux pieds des Montagnes Grises. De là, il dirigeait le riche domaine familial, mais n’avait aucun contrôle sur les conquêtes récentes d’Albrecht. Le fief d’Eglemont, dans les montagnes, ne pouvait se diriger effectivement que depuis le château éponyme. Aussi resta-t-il sous le contrôle de Marius. Mais la nouvelle de la destitution du margrave ne fut pas sans effet sur son armée. Environ les trois-quarts des troupes impériales désertèrent dans la nuit qui suivit, dont la totalité des officiers et conseillers militaires. Ne restaient au lever du jour que les soldats fidèles à Marius, soit une poignée d’hommes.

Néanmoins, il en fallait plus pour décourager le jeune homme idéaliste, et contre vents et marées il se rendit à la réunion avec les bretonniens, accompagné de ses quelques hommes et des prisonniers. Le duc de Montfort était là en personne, ainsi que les deux marquis, et les palabres s’engagèrent. Tous reconnurent en apprenant les sacrifices consentis par Marius pour la paix qu’il était un homme d’honneur d’une grande valeur. Le duc de Montfort, particulièrement, voulait mettre un terme au conflit séculaire qui rongeait l’extrême Nord-Est de son duché une bonne fois pour toutes. Les deux marquis étaient moins enclins à faire la paix avec leur ennemi héréditaire, mais sous l’influence du duc, ils acceptèrent un compromis.

En échange de la libération des prisonniers et d’un serment prêté au duc de Montfort, Marius von Grenzwald devenait le nouveau seigneur d’Eglemont. Il fut inscrit dans le Grand Nobiliaire, chose rare, mais que l’influence d’un noble duc personnellement engagé et la noblesse incontestée du sang de Marius –même s’il était en partie étranger-, facilitèrent. Ainsi, Marius était devenu bretonnien, vassal direct du duc de Montfort, ce qui régla le conflit avec le marquis de Montjoly, lui aussi vassal du même duc. Quant aux relations avec les De Valbrusme, elles furent elles aussi apaisées, mais cette fois par la voie du mariage. Il fut conclu que pour marquer la paix entre les deux nobles, le marquis donnerait une de ses filles en mariage à Marius. Ce mariage avait également pour but d’entériner le fait que Marius était vraiment un noble bretonnien et que ses descendants le seraient indiscutablement, et ainsi de contourner les réticences des plus frileux qui auraient argués contre son inscription dans le Grand Nobiliaire. La voie de l’union maritale permis en toute légalité de confirmer la noblesse bretonnienne de Marius.

Quelques mois plus tard, la cérémonie fut célébrée au château d’Eglemont, et Marius von Grenzwald d’Eglemont épousa Constance de Valbrusme. Les années qui suivirent furent pour la première fois calmes depuis des centaines d’années. Les trois seigneuries bretonniennes enfin en paix crûrent, et purent se concentrer sur des tâches plus utiles que s’entretuer, à savoir réparer les dommages d’une guerre stupide qui les avait saigné à blanc. Le village d’Eglemont, qui avait presque intégralement détruit lors du siège, se repeupla peu à peu, sous la juste loi de Marius et Constance. Le brave homme et sa femme étaient devenus de véritables héros pour les paysans qu’ils protégeaient du mieux qu’ils pouvaient contre les attaques d’orques et de bandits. Leur générosité et leur clémence étaient légendaires, et l’on racontait que l’ancien impérial n’hésitait pas à mettre sa vie en danger pour sauver ses sujets. A chaque fois, il répondait le premier aux appels du duc de Montfort, dont il devint l’un des meilleurs chevaliers et un ami très proche. Toutefois, le jeune homme était totalement dépourvu d’ambition, et ne profita jamais de sa position pour revendiquer davantage de terres. Marius s’était parfaitement intégré dans son nouvel environnement, il était devenu un vrai bretonnien.

Son mariage, s’il avait été arrangé politiquement, se révéla vite une réussite. Troisième et dernière fille des Valbrusme, Constance, à défaut d’être importante ou jolie, était douce, bonne et juste. Elle n’avait que seize ans au moment de son mariage, quatre de moins que Marius, et se retrouvait mariée à jeune guerrier d’exception, intelligent, au grand cœur et beau comme un Apollon. S’il avait été bretonnien de naissance, Marius aurait été l’un des meilleurs partis de Montfort. Leurs deux âmes étaient sœurs, et rapidement l’un et l’autre s’aimèrent plus que tout au monde. Aux yeux de Marius, Constance était la seule femme, et aux yeux de Constance, Marius était le seul homme. Pourtant, des années, puis des décennies s’écoulèrent et il n’y avait toujours aucun héritier. Il fallut attendre pas moins de vingt-neuf ans de mariage avant que naisse leur unique enfant, un garçon arrivé alors qu’ils n’y croyaient plus. Ils le nommèrent Gilles, du nom du fondateur de la Bretonnie, en signe d’attachement à leur patrie.

L’enfant grandit et vécu comme n’importe quel seigneur bretonnien, même s’il restait intimement lié à l’Empire, dont il admirait la culture. Gilles devint rapidement un grand guerrier et un bon chevalier, vaillant, loyal et courtois, bien qu’il n’arrivât pas à la cheville de son géniteur. Contrairement à son père qui passait tout son temps libre à Eglemont pour s’occuper d’améliorer la vie ses sujets, Gilles était plus fougueux, plus aventureux. Même s’il obéissait à son père, à son roi et à son duc, durant son temps libre, il parcourait la Bretonnie en participant à divers tournois où il tentait de se faire un nom, et d’être reconnu comme plus que le simple « fils de Marius d’Eglemont ».

Un jour, il se rendit à un de ces tournois, qui se déroulait dans une petite seigneurie du nom de Mornmar, à l’Est du Moussillon, au Sud-Est du cercle de Guérac, non loin du coude de l’affluent de la Grisemerie. La compétition n’était guère prestigieuse, mais pour un simple et jeune chevalier errant comme Gilles, cela représentait largement un défi de son niveau. Au cours de la compétition, il remarqua dans le public une jeune noble autochtone qu’il trouva magnifique. A dire vrai, la jeune femme était seulement belle, mais contrastait avec la laideur du pays marécageux et de la plupart de ses habitants, à tel point qu’elle paraissait resplendissante tel un rayon de soleil dans cette fange. Quand il lui demanda de lui accorder ses faveurs, la jeune femme fut agréablement surprise de l’intérêt que lui portait un étranger. En Moussillon, rares étaient les chevaliers d’autres provinces qui participaient aux tournois locaux, car ils étaient dépourvus de tout prestige, voire même souvent douteux. Cet intérêt fut décuplé quand elle apprit qu’il était héritier d’un seigneur renommé de Montfort, alors qu’elle-même n’était pas héritière. Fort de son soutien, Gilles se sentit invincible et remporta facilement le tournoi, ridiculisant les nobles du cru. Il resta ensuite quelques temps au château du père de la jeune fille, un certain Thibaud de Mornmar, qui était un vieux seigneur irascible au caractère particulièrement mauvais. Néanmoins, le vieil homme n’était pas un mauvais bougre, et Gilles était un prétendant plus que sérieux pour sa fille Alix. Il venait de remporter son tournoi en son honneur, était héritier d’un seigneur de Montfort, et de plus, même si c’était accessoire, les deux jeunes gens s’aimaient.

Environ un mois après le tournoi, il fut décidé de fiancer les deux amoureux au château de Mornmar. Puis les deux jeunes gens se rendirent à Eglemont afin d’obtenir la permission de Marius. Ce dernier et sa femme furent comblés de voir que leur fils unique avait trouvé une fiancée, et encore plus quand ils s’aperçurent des sentiments qui les liaient. Aussi donnèrent-ils sans hésiter leur bénédiction au mariage. La cérémonie eut lieu à Eglemont, en présence de toute la famille –peu nombreuse- d’Alix qui s’était déplacée pour l’occasion : son père Thibaud de Mornmar et son frère aîné Galéran. Durant leurs premières années de mariage, Gilles et Alix se déplaçaient souvent entre Eglemont et Mornmar, même si l’un comme l’autre préféraient la seigneurie de Montfort. En hiver, Alix, qui était particulièrement frileuse, trouvait qu’il faisait toujours meilleur au milieu de ses marécages natals plutôt qu’au sommet du « Mont Egle » -nommé ainsi à cause de ses flancs et ses alentours fortement boisés d’épicéas, arbre qui dans le dialecte ancien des premiers habitants de la zone disparus depuis des millénaires, s’appelait « Egle »-, la haute colline au sommet de laquelle était construite le château d’Eglemont. Le couple passait donc ses hivers en Moussillon, et le reste de l’année en Montfort.

Cette situation ne dura guère, cependant. Quatre ans après leur mariage, en rentrant à Montfort après un hiver passé à Mornmar, où un enfant avait été conçu, Gilles et Alix ne purent annoncer la bonne nouvelle à Marius ni à Constance. Les deux vieux nobles s’étaient éteints ensemble trois jours plus tôt de leur belle mort, dans leur sommeil, à respectivement 74 et 70 ans. D’aucun prétendent que leur amour était tellement fort qu’aucun d’eux n’aurait pu vivre sans l’autre, et que leurs âmes avaient préféré quitter ensemble le monde plutôt que de souffrir d’être séparées. Les paysans d’Eglemont aiment à dire que la Dame du Lac en personne a accordé là une dernière faveur à un noble héros de la Bretonnie et à sa femme.

2 : L’histoire d’Agathe.

Toujours est-il que quelques mois plus tard, à 26 ans, Gilles était devenu à la fois seigneur d’Eglemont et père d’un petit garçon, qu’Alix et lui prénommèrent Raimond. Dès lors, leurs voyages en Moussillon se firent beaucoup plus rare : un tous les quatre ou cinq ans en moyenne, et ils duraient beaucoup moins longtemps, une ou deux semaines seulement. C’est précisément cinq ans après la naissance de Raimond, en l’an 2509 du calendrier impérial, que naquît leur deuxième enfant, une fille du nom d’Agathe. Coïncidence remarquable, elle aussi avait été conçue comme son aîné, lors du seul voyage effectué à Mornmar depuis la naissance de Raimond, même si ensuite elle était comme son frère née à Eglemont.

Les premières années d’Agathe furent très heureuses. Comblé par ses parents et son grand frère qui s’occupaient d’elle comme une petite princesse, le bébé était épanoui et aimé. Alors qu’Agathe venait de fêter ses deux ans, Alix accoucha d’un autre petit garçon, Etienne. Pendant un temps, tout sembla parfaitement se dérouler pour la famille d’Eglemont. Raimond grandissait et se révélait un adolescent fort et intrépide. Agathe, elle adorait ses frères. Elle idolâtrait son aîné qu’elle suivait partout, parfois au grand dam de celui-ci qui réclamait plus d’indépendance et de vie privée et pour qui une petite fille pot de colle était plus une gêne qu’autre chose devant ses amis. Mais même si de temps en temps Raimond se fâchait, il finissait toujours par pardonner et venir réconforter à se petite sœur lorsqu’elle se mettait à pleurer. Quand elle était dans ses bras, elle se sentait protégée et aimée, et Agathe n’avait plus peur de rien. Envers son petit frère, Etienne, Agathe voulut d’abord jouer les « maman », les grandes sœurs protectrices, un peu à la manière de Raimond par rapport à elle. Mais très vite, en grandissant, Etienne refusa de se laisser ainsi materner par sa grande sœur. Il voulait prouver que comme son grand frère qu’il admirait et jalousait en même temps, c’était un « homme », un vrai. Aussi se transforma-t-il rapidement en un compagnon de jeu, un ami pour sa sœur. Les deux ans de différence d’âge comblaient le handicap d’être une fille, disait-il. Même si dans leurs duels, Agathe tirait une grande fierté de son habileté à « l’épée » et aux autres « armes », en réalité figurées par des bouts de bois, et arrivait toujours à surclasser Etienne, ce que ce dernier ne supportait que peu. Persévérant, il prétendait l’avoir laissé gagné par galanterie, mais recommençait et perdait inlassablement jusqu’à ce que de temps en temps, prise de pitié, Agathe fasse discrètement exprès de perdre.

Le fief d’Eglemont était à cette époque débordant de vie. En paix depuis des années, protégé par de vaillants chevaliers des dangers des Montagnes Grises, le village renaissait. Et les infatigables et incorrigibles enfants des seigneurs couraient et jouaient un peu partout dans le fief, parfois causant de graves bêtises. Le plus âgé connaissait par cœur ce qui serait plus tard son domaine, et aimait jouer avec des petits garçons roturiers de son âge, qu’il se devait évidemment de surpasser dans tous les domaines, tâche qu’il replissait à merveille. Les deux plus jeunes, eux, le suivait autant que possible, et ne tardèrent pas à connaître le fief comme leur poche, eux aussi. Tous les cinq ans, ils retournaient à Mornmar pour deux semaines. Contrairement à Eglemont avec ses arbres et ses pentes abruptes, le Moussillon et ses marais était beaucoup moins drôle pour les enfants, mais il trouvaient toujours moyen de s’amuser en semant le bazar dans le château de leur vieux grand-père Thibaud, toujours d’aussi mauvaise humeur. Leur oncle Galéran semblait être construit sur le même modèle que son père. Austère et renfrogné, il semblait déjà vieux à 40 ans et était toujours célibataire.

Ce fut lorsqu’Agathe approcha les sept ans que les choses changèrent. Peu à peu, sa vue se mit à baisser. Au début, nul ne le remarqua ni ne s’en inquiéta, ce n’était pas très gênant. Puis, à mesure que les mois passaient et qu’elle entamait sa huitième année de vie, les choses se firent plus graves. Lors des travaux de lecture, elle avait énormément de mal à déchiffrer les lettres. Elle se cognait parfois contre des gens qu’elle ne voyait pas débarquer s’ils allaient trop vite. Elle perdait systématiquement tous ses combats contre Etienne, chose inédite, à tel point que ce dernier lui demandait d’arrêter de faire exprès de perdre et de se battre de son mieux, ce que la pauvre fillette faisait déjà. Mais elle avait beau essayer, rien n’y faisait, elle ne distinguait plus qu’une vague silhouette floue et n’apercevait plus les bâtons et les bras de son frère. Inquiets, sa famille se tourna vers les guérisseurs bretonniens, mais ces derniers étaient peu compétents et leurs remèdes totalement inefficaces.

Gilles eut alors recours aux services de médecins impériaux qu’il alla mander à Marienburg, et paya une fortune. Ces experts étaient déjà mieux formés et plus savants, mais leur diagnostic fut terrible. Agathe perdait progressivement la vue de manière irréversible, et ne verrait plus rien du tout à ses huit ans au plus tard. La nouvelle fut un véritable choc pour tous les habitants d’Eglemont, et plus encore pour la famille proche. Tous s’apitoyèrent sur la petite, et dans un premier temps on lui cacha ce qui allait se passer. Mais l’enfant n’était pas dupe. Il sentait un changement dans son entourage. Tout le monde la suivait, se préoccupait d’elle. Raimond et Etienne ne la lâchait plus d’une semaine, et étaient à ses petits soins, obéissant au moindre de ses souhaits dans la seconde. Ses parents, eux aussi, pleuraient souvent lorsqu’ils croyaient qu’elle ne pouvait pas les entendre, et se montraient plus tendres que jamais avec elle. Même ses compagnons de jeu roturiers et leurs parents changèrent d’attitude, se montrant tous extrêmement prévenants pour elle. On aurait dit que chacun voulait le moindre geste qu’elle aurait dû faire à sa place. Ca en devenait même ridicule, et ce fut vite très pesant pour Agathe qui comprenait que quelque chose n’allait pas. On la traitait comme une incapable, et tout le monde refusait de jouer avec elle à des jeux « qui bougeaient ». Quand elle se fâcha et réclama la vérité, ses parents lui avouèrent le diagnostic.

Les quelques mois qui suivirent, de sept ans et demi à l’aube de ses huit ans, furent difficiles. Tantôt elle se plaisait à être le centre de toute l’attention du fief, tantôt cela l’agaçait, l’insupportait d’être traitée comme une infirme. Et quand un jour en se réveillant, elle n’aperçut même plus la lumière du soleil, Agathe entra dans une grande dépression. Plusieurs jours d’affilée, elle refusa de sortir de sa chambre et de son lit, se coupant de tout contact avec qui que ce soit, et se faisant juste livrer ses repas dans sa chambre. Elle passait tout son temps à pleurer sur ce qu’elle avait perdu et la tristesse de sa nouvelle condition qu’elle ruminait inlassablement. Cette situation dura environ une semaine, pendant laquelle Agathe renvoya méchamment tous ses amis et tous les membres de sa famille qui voulaient la voir, lui parler, l’aider. Un jour, cependant, au lieu de la servante qui lui apportait son repas, elle reconnut la démarche de son grand frère qui entrait. Raimond ne se laissa pas renvoyer. Au lieu de s’apitoyer sur elle et d’obéir à son injonction de sortir immédiatement de là à grands renforts de menaces et d’insultes gratuites, Raimond s’assit à ses côtés sur le lit et lui donna une gifle qui lui cloua le bec aussitôt.

C’était la première fois depuis la découverte de son infirmité que quelqu’un s’opposait à elle. C’était également la première fois que son aîné la frappait. Hoquetant de surprise, Agathe sentit le sang lui monter aux joues alors qu’elle rougissait. Elle se tût et écouta, honteuse, ce que son frère avait à lui dire. Le discours de ce dernier alla droit au but, il était dur, mais au fond d’elle-même, Agathe savait qu’il avait raison et que c’était exactement ce qu’elle avait besoin d’entendre depuis des mois déjà.

« Ecoute Agathe, ça suffit, tu ne peux plus continuer comme ça. J’ai toujours aimé ma petite sœur, mais là, tu n’es plus toi-même. Tu ne vis plus, tu ne veux plus vivre. Je suis aussi fautif, je le reconnais, nous n’aurions peut-être pas dû te couver ainsi depuis que les médecins nous ont prévenus. Il aurait mieux valu t’aider à préparer cette épreuve plutôt que de tout faire à ta place. Tu es peut-être aveugle, mais tu restes ma sœur adorée que j’aime plus que tout au monde, autant que le reste de la famille. Je sais que ce n’est pas facile pour toi, mais je ne veux pas te voir te suicider, et c’est exactement ce que tu es en train de faire en t’enfermant dans cette pièce, en refusant de vivre. La vie nous réserve à chacun des épreuves, oui, mais c’est pour mieux les surmonter. Telle est la vertu de nous autres nobles, la persévérance, le stoïcisme. Seuls les faibles choisissent la solution facile, l’abandon. Mais toi, Agathe, je te connais, tu n’es pas faible, tu es forte, peut-être même la personne la plus forte que je connaisse. Nous, nous t’aiderons à surmonter cet obstacle, promis, mais plus comme avant. Ce sera à toi de revivre, comme au bon vieux temps. C’est ta vie, c’est à toi de te prendre en main, à toi de la vivre pleinement, et je ne veux te laisser la gâcher pour une chose aussi futile que de voir ou ne pas voir. Alors s’il te plaît, soeurette : vis, et fais le pour toi. »

Les mots de Raimond avaient touché au cœur Agathe, qui se mit à pleurer en demandant pardon et en serrant son frère dans ses bras et lui disant qu’elle l’aimait, lui et toute sa famille. A partir de cet instant Agathe choisit de suivre le conseil de son grand frère, d’en faire sa philosophie de vie, et dans tous les domaines. Après tout, qu’était-ce que la vie qu’une suite d’épreuves qu’il fallait savoir surmonter pour pouvoir vivre d’autres bonheurs ?

Courageusement, elle apprit à vivre avec son handicap. Et tout redevint comme avant la découverte de sa maladie, ou presque. On lui assigna trois servants de son âge, parmi les roturiers qu’elle connaissait et avec qui elle s’entendait le mieux, pour qu’ils s’occupent d’elle, si et seulement si elle en avait besoin. Il s’agissait de Johanne Lamare, Sébastienne Elenote, et Damien Soudre. Rapidement, du fait de leur proximité constante avec leur cheffe, ils devirent des intimes, puis de véritables amis, tout roturiers qu’ils étaient. Agathe apprit vite à compenser sa perte de vue. Quand quelqu’un entrait dans une pièce, elle pouvait aisément l’identifier par l’odorat, par sa démarche et les petits bruits de sa tenue. Chacun marchait et bougeait différemment, en effet, de même que chacun avait une odeur différente. Le bruit léger des vêtements donnait également un bon aperçu du type de personne à qui on avait affaire. Que ce soit une armure, ou pourpoint de tissu raffiné ou une chemise en toile de jute, chacune sentait et bruissait avec un son très particulier et facilement reconnaissable avec de l’expérience. Le toucher permettait également de se repérer et d’identifier la plupart des choses.

Le plus difficile était quand elle se rendait dans un endroit relativement nouveau avec des gens inconnus. Par exemple, quand elle se rendit à Mornmar, il lui fut très difficile de se repérer dans un premier temps, et il lui fallut une semaine entière pour prendre ses marques avec le château et s’y sentir à l’aise.

En quelques années, Agathe avait reprit une vie normale, elle connaissait toujours son fief comme sa poche, et chaque habitant, chaque arbre, chaque pierre d’Eglemont n’avait plus aucun secret pour elle. Elle combattait même toujours à l’épée contre son petit frère Etienne, même si ce dernier la surclassait la plupart du temps. Les rôles s’étaient inversés, et si elle parvenait à se défendre « respectablement » pour une aveugle, elle était presque certaine que les rares fois où elle gagnait, c’était qu’Etienne le faisait exprès. C’était un exercice assez difficile, car il fallait écouter le sifflement des armes, le froissement des vêtements et le crissement des armures, et sentir les déplacements d’air, voire même les odeurs. Etrangement, plus les gens étaient lourdement armés et protégés, plus il lui était facile de les combattre. Un homme en armure lourde sue en général beaucoup, et fait beaucoup de bruit, et il est presque aussi facile de le « deviner » que de le voir, surtout s’il a une gosse arme qui brasse beaucoup d’air et est plutôt lente. En revanche, un homme légèrement vêtu et équipé seulement d’une dague était un calvaire à combattre. Même sans voir, comparativement à un simple paysan bretonnien, Agathe était assez forte dans le maniement des « armes », de l’aveu même de son grand frère qui l’entraînait de temps en temps. Ce fut à cette période qu’Alix offrit à sa fille pour son neuvième anniversaire un médaillon en argent massif serti d’une magnifique agate aux reflets magnifiques, mais qu’elle ne pouvait hélas pas admirer. Surtout, le médaillon pouvait s’ouvrir. Et en l’ouvrant, Agathe découvrit en passant son doigt qu’un artisan de renom avait sculpté à l’intérieur, avec un talent proche la perfection, les visages miniatures de sa famille en bas relief. Elle-même était au centre, entourée par ses parents et ses deux frères. Depuis, le pendentif ne quitta plus son cou que pour dormir, elle le rangeait alors dans sa cassette à bijoux, elle-même bien à l’abri dans son coffre renforcé.

La nouvelle de la mort de Raimond fut un choc terrible pour tous. Elle intervint alors qu’il avait tout juste quatorze ans. Agathe en avait neuf. L’adolescent était parti chasser dans les montagnes entourant la haute colline de Mont Egle, et y avait fait une chute mortelle, après avoir été pris dans un éboulement. Agathe et sa famille pleurèrent longuement la mort de Raimond, mais, fidèles à ce qu’aurait été sa volonté, ils trouvèrent en eux la force de continuer à vivre, en ne n’oubliant jamais. Cet évènement induisit un changement profond dans le comportement d’Etienne. D’éternel second, il passait enfin au premier plan, c’était lui l’héritier, et il allait pouvoir, à défaut de faire mieux que son aîné, tenter de le remplacer. Même s’il aimait profondément Raimond, Etienne l’avait toujours jalousé, car Raimond s’était révélé plus prometteur que lui dans tous les domaines. C’était l’aîné, le « chouchou » des parents à ses yeux, celui qui serait appelé à gouverner alors que lui n’aurait rien. Mais c’était également un grand frère loyal et bon, qui s’était toujours soucié de lui à sa manière, et qui n’avait pas choisi de naître le premier. Maintenant, la broche en or des von Grenzwald, un héritage familial qui passait d’héritier en héritier génération après génération, lui revenait de droit, et tout comme son frère, il tâcherait de s’en montrer digne.

L’année suivante, alors qu’Agathe atteignait les dix ans, une nouvelle tragédie frappa le petit fief. Alix n’avait jamais aimé le froid, et l’hiver de cette année fut particulièrement violent. Même à l’intérieur du château, la température ne dépassait les zéro degrés que dans les pièces chauffées à grand renfort de bois d’épicéa. Les froides pierres des murs n’étaient guère efficaces comme isolant thermique, et les carreaux des fenêtres gelaient diffusaient un froid glacial dans les couloirs et les chambres. Même en plein soleil, il ne faisait pas bon. Quant à la neige, elle n’arrêtait pas de tomber, et bientôt il devint impossible de sortir du donjon, car la couche de neige atteignit et dépassa les trois mètres cinquante d’épaisseur, allant jusqu’à quatre mètres par endroit, tandis qu’un blizzard glacial assaillait sans répit la forteresse d’Eglemont. Au dehors, la température avoisinait souvent les moins dix à moins vingt degrés.

La pauvre Alix, qui venait du Moussillon, n’était guère bâtie pour résister à de telles conditions extrêmes. Déjà, lors d’une hiver normal, où la température descendait fréquemment jusqu’aux moins dix degrés à l’extérieur, et était maintenue à environ cinq degrés au moins à l’intérieur, elle grelottait et tombait invariablement malade. Mais cette fois-ci, même allongée dans son lit auprès du feu, et avec une dizaine de couvertures, le froid eut raison d’elle, et une vilaine grippe particulièrement virulente l’emporta. Là encore, ce fut un véritable choc pour ses enfants et son mari. La mort d’une mère et d’une femme aimante était un nouveau coup dur pour la famille d’Eglemont.

Mais les années passèrent et la vie continua son cours, seuls les souvenirs gravés dans les cœurs, et les tombes du cimetière familial, situé au pied du Mont Egle du côté opposé au village, restant. Alix n’étant plus, Gilles décida de faire appel aux services d’un précepteur impérial pour instruire sa fille, car il n’avait jamais trop fait confiance aux bretonniens en ce qui concernait les sciences et les savoirs, surtout depuis l’épisode des médecins bretonniens impuissants à diagnostiquer la perte de vue d’Agathe. Quant à son fils, il l’entraînerait lui-même afin qu’il devienne un chevalier et un héritier digne de ce nom.

Ainsi, un impérial du nom d’Otto Mahler devint le précepteur attitré d’Agathe. Ensemble, ils explorèrent divers domaines touchant un peu à tout au gré de la curiosité débordante de la jeune fille. Ce fut lui qui trouva le moyen pour elle d’écrire et lire plus facilement, en s’inspirant des anciennes méthodes antiques, à savoir utiliser des tablettes de cire et un stylet pour y graver ce qu’elle voulait. L’autre avantage était que ces tablettes étaient réutilisables à volonté puisqu’on pouvait en lissant la cire effacer puis réécrire. Au fil du temps, ils devirent de véritables amis, même si Agathe éprouvait toujours un certain respect, dû à la qualité de professeur d’Otto. Même si elle se confiait maintenant à lui, de la même manière qu’à ses trois servants personnels et amis, il restait une figure d’autorité vénérable et d’homme de science à ses yeux. C’était un peu une sorte de sage mentor aux conseils toujours avisés, bon et généreux, mais juste avec elle, car il n’hésitait pas à la punir si elle ne faisait pas ou bâclait son travail, toute noble qu’elle soit. Grâce à lui, elle découvrit un bref aperçu de monde des sciences, et de l’histoire. Toutes ces choses à découvrir la passionnait, et elle envisageait bien de consacrer sa vie à l’étude de ces domaines : elle en aurait le temps, pensait-elle, puisque c’est son frère Etienne qui hériterait, en vertu de la règle de primogéniture masculine.

Mais les études n’étaient pas ses seuls centres d’intérêts. Agathe avait depuis toute petite toujours admirée le travail des artisans, et plus précisément des sculpteurs et des couturiers. Depuis qu’elle avait perdu la vue, cet intérêt s’était encore accru, de par la sensibilité exacerbée de son toucher, et elle appréciait vraiment le travail bien fait. A tel point qu’elle avait toujours voulu, sans jamais oser le faire, demander à apprendre ces techniques, ces savoir-faire.

C’est également pendant cette période qu’elle a commencé à adopter des animaux qui lui plaisaient. Ce fut d’abord une simple chatte, qu’elle nomma Mina. Puis quelques années plus tard sa portée de quatre chats : Minet, Minette, Minou et Minot. Si les chats étaient joueurs et câlins avec elle, ils ne demandaient pas beaucoup d’attention et Agathe les laissait la plupart du temps vivre à leur guise. De temps à autre seulement, l’un deux ou plusieurs venait se lover contre elle ou sur son lit pour demander des caresses, mais guère plus. Ils étaient cependant très utile pour lutter contres les nuisibles du château, et passaient d’ailleurs l’essentiel de leur temps dans les caves à chasser les souris et les rats. Son père lui offrit un très beau chien de race, un berger impérial qu’elle éleva depuis tout petit et nomma Vax. L’animal était très fidèle, et lui servait souvent de guide lorsqu’elle désirait se promener plus sereinement dans un lieu mal connu. Enfin, elle possède sa jeune jument, du nom de Nox, signifiant « la nuit », en classique. Ce n’est pas un très bel animal comme on peut en trouver dans les plaines de Bretonnie, mais pour la région montagneuse de Montfort, où même le duc se battait à pied, c’était largement suffisant.

Du fait de son infirmité et du fait qu’elle ait un frère, aucun des rares fils de seigneurs qu’elle a rencontré jusqu’à présent ne lui a jamais montré le moindre intérêt. Pire, certains la traitent avec dédain ou pitié, ce qui a pour don de l’énerver.

3 : Les évènements récents.

Aujourd’hui, Agathe d’Eglemont a vingt ans, et vient juste d’apprendre la mort de son père et de son petit frère dans un affrontement contre des orques aux côtés du duc Folcard de Montfort. Elle est donc devenue la Dame d’Eglemont, et à se titre se retrouve propulsée à la tête du fief, avec des responsabilités qu’elle n’aurait jamais imaginé exercer. Etant une héritière seule, elle est devenue une proie facile pour les ambitions de tous les rapaces en quête de gains territoriaux faciles. Elle s’attend également à voir arriver un grand nombre de prétendants qui la presseront de les épouser pour prendre le contrôle du fief. Certains pourraient même vouloir exercer un chantage, l’inciter à épouser un membre de leur famille sous peine de subir une attaque. Par chance, les lois de la Bretonnie n’autorisent pas ce genre d’attaque sans raison valable.

Mais même alors, les deux marquis voisins de Montjoly et Valbrusme ont chacun la possibilité d’invoquer les trois raisons permettant une guerre entre fiefs : traîtrise, honneur et spoliation de terres. En effet, depuis l’époque de Marius, les relations entre Eglemont et les deux marquis n’ont cessé de ce détériorer, les deux voisins ayant oublié les raisons de l’accord, et s’estimant avec le temps lésés.

Le marquis de Montjoly, par exemple aurait toute légitimité pour agir sur le fondement du vol de terres par le grand-père d’Agathe. Mais également, pour les deux marquis, en tirant les choses par les cheveux, sur l’honneur et la traîtrise en ravivant le conflit séculaire entre les von Grenzwald et eux, en qualifiant les d’Eglemont d’usurpateurs et d’impériaux. Même si de tels motifs remontant à quatre-vingt ans de cela pourraient paraître futiles et infondés, des guerres entre fiefs ont déjà éclaté en Bretonnie pour moins que cela. Tant que Marius vivait, il leur était difficile de reprendre la guerre, au risque de se voir désavoués par le duc de Montfort et vaincus militairement par le génie du seigneur d’Eglemont. De plus, sa compagne Constance empêchait toute velléité offensive, car se lever contre Marius aurait équivalu à se dresser contre une noble bretonnienne incontestable et incontestée.

De même, malgré les tensions avec la seconde branche de la famille von Grenzwald, celle qui avait suivi Peter, sa fratrie avec Marius l’avait dissuadé d’attaquer Eglemont. Même si toutes les relations entre eux avaient été coupées, ils n’en restaient pas moins frères.

Jusqu’à maintenant, depuis la mort de Marius, les choses avaient empiré, mais étaient restées stables grâce à la puissance de Gilles et de ses fils, qui pouvaient défendre leur territoire et comptaient de nombreux soutiens et alliés au niveau interne, dont celui du duc de Montfort était le principal. Pourtant, depuis la mort du grand-père, les tensions s’étaient peu à peu ravivées à mesure que les souvenirs de la guerre s’estompaient, et que la convoitise renaissait, tant au niveau interne qu’international. La simple appellation par les deux marquis de von Grenzwald pour parler des seigneurs d’Eglemont sous-entendait qu’ils les prenaient toujours pour des impériaux illégitimes. Le marquis de Valbrusme et celui de Montjoly pouvant même arguer du refus par le duc de Gisoreux et ses successeurs de reconnaître le traité signé sous l’égide du duc de Montfort dans la Trouée pour le déclarer illégitime. Il était évident que le duc de Gisoreux, très traditionniste, n’avait pas vu d’un bon œil l’implantation des von Grenzwald et soutiendrait les fiefs qui oseraient leur déclarer la guerre. A l’extérieur de Bretonnie, les von Grenzwald descendants de Peter et du reste de la famille qui l’avait suivi se renforçaient et devenaient de plus en plus menaçants, les liens familiaux distendus n’existant plus dans les faits depuis quatre-vingt ans, au contraire, les lointains cousins au 2ème et 3ème degrés et plus encore haïssaient les von Grenzwald d’Eglemont qu’ils considéraient comme des traîtres en sursis. Ils n’attendaient que leur affaiblissement pour agir contre eux et reprendre le fief qui selon eux leur revenait de droit suite à la trahison par Marius de l’héritage d’Albrecht.

Heureusement, tout n’est pas si noir. Otto Mahler et ses amis sont là pour soutenir la Dame d’Eglemont dans sa lourde responsabilité de seigneur. Le duc Folcard de Montfort, le suzerain direct d’Agathe, l’a assuré de son soutien indéfectible en même temps qu’il lui adressait ses condoléances et ses remerciement pour le brave sacrifice consenti par la famille d’Eglemont à son service. Plus étrange encore, mais très bienvenu, a été le soutien du marquis Frédéric de Desfleuves, de loin le marquis le plus important, le plus brave et le plus influent de la Trouée de Gisoreux, mais dont le fief se situe de l’autre côté, dans le duché de Gisoreux dont il est vassal, et plus à l’Ouest, soit à peu près au milieu de la Trouée. Agathe a été très surprise du soutien de ce marquis, -qui n’avait pas hésité à la soutenir contre l’avis bien connu de son suzerain duc de Gisoreux-, car bien qu’elle en ait entendu parler en bien et connaisse son influence dans la région, elle ne l’avait rencontré qu’une fois lors d’un tournoi auquel elle « assistait » -ce qui était stupide car elle ne pouvait pas profiter du spectacle et que personne ne lui demandait jamais son soutien-, plus jeune, très brièvement, et ne lui avait alors dit que quelques mots de courtoisie d’usage.

A ces problèmes potentiels qui risquaient de la concerner directement à Eglemont, s’ajoutaient ceux qui pourraient peut-être venir du Moussillon, si son grand-père Thibaud et son oncle Galéran avaient des problèmes, car elle se devrait alors de les aider. Pire encore, si par malheur ils venaient à mourir sans héritier, elle hériterait alors de droit du titre et de la fonction de seigneur de Mornmar, et devrait alors gérer deux seigneuries très éloignées. Par chance, si Thibaud était veuf depuis très longtemps et Galéran toujours célibataire à plus de cinquante cinq ans maintenant, pour l’instant ils s’étaient toujours débrouillés très bien pour gérer tout seuls leur fief, et avec un peu de chance cela continuerait ainsi.

4 : Description du fief.

Eglemont est un fief montagneux, encaissé dans une vallée, et qui s’organise autour d’une haute colline escarpée d’environ mille trois cent mètres d’altitude, au sommet de pierre appelée Mont Egle, en référence aux épicéas qui la recouvrent en grande partie, ainsi que la vallée en contrebas, appelée Vallée des Egles. Le fief est situé non loin de la Trouée de Gisoreux, à demi-journée de marche de celle-ci seulement, et à une journée de marche de la frontière avec le Pays-Perdu.

Outre le château d’Eglemont bâti au sommet du Mont Egle dans lequel vivent les seigneurs et quelques roturiers à leur service : des domestiques, des gardes, un forgeron et des fermiers, il n’y a qu’un seul village dans le fief, bâti sur les flancs de la colline, en contrebas du château. Ce village n’est pas très grand, il ne compte même pas une centaine d’habitants, principalement des bûcherons et des mineurs travaillant à la mine de fer sous la colline, mais également quelques paysans, et un ou deux commerçants et artisans.

Le château, quant à lui, n’est pas très grand. Bâti en pierres au sommet du Mont Egle, il domine toute la vallée alentour qui constitue le fief à proprement parler. Il se compose d’un donjon où logent les seigneurs et leurs serviteurs, entouré d’une enceinte murale qui protège une cour comprenant une petite forge, un petit corps de garde, un puits, une basse-cour avec quelques volailles et des porcs, et de petites écuries conçues pour six chevaux au maximum, mais dans laquelle un seul box était actuellement occupé, par Nox. Les roturiers qui travaillaient au château y logeaient. Le forgeron et sa famille dans sa forge, dont l’étage était privatisé, les gardes dans le corps de garde, et le fermiers et l’écuyer du château dans un logement construit entre la basse-cour et l’écurie. Tous les bâtiments à l’exception du puits sont construits adossés au mur d’enceinte. La porte d’entrée principale est constituée de deux battants de bois permettant à une charrette de passer, et se fermait grâce à une barre, mais des poternes existent aussi.

Deux routes principales menant à Eglemont sont en théorie praticables pour des chariots, avec plus ou moins de difficulté, à toutes les époques de l’année. Elles passent par les deux principaux cols de la vallée, dont l’un débouche sur le Pays-Perdu, l’autre sur la Trouée de Gisoreux. D’autres petits chemins existent dans les montagnes, mais ils sont le plus souvent impraticables en hiver et très abrupts, et par conséquent réservés à des individus seuls ou en petit groupe, et non des chariots.




Compétences :

Alphabétisation : Votre personnage est capable de lire et d'écrire les langages utilisant l'alphabet du vieux monde (Bretonnien, Tiléen, Estalien, etc.,).

Calcul Mental : Votre personnage possède le don de l'arithmétique. Grâce à sa faculté, il peut ajouter un bonus de +1 pour résoudre tout type de problème de calcul

Acuité auditive : Votre personnage a développé une ouïe bien au-dessus de la normale. Il peut ajouter un bonus de +1 à tous ses test d'écoute.

Mémoire : Votre personnage, grâce à l'utilisation de techniques mnémotechniques à su développer une mémoire bien supérieure à la moyenne et peut se souvenir d'infimes détails d'une situation, événement dont il a personnellement été témoin. Il ajoute un bonus de +1 aux tests visant à déterminer s'il parvient à se remémorer ces détails. (Le degré de précision est laissé à la discrétion du MJ selon si la réussite du test est importante ou pas.)

Sixième sens : Votre personnage a développé cette faculté de savoir s'il est suivi ou observé. Il peut ajouter un bonus de +1 sur son test lorsqu'il cherche intentionnellement à déterminer cet état de fait. Le MJ peut également, lorsque la situation l'impose, effectuer un test en secret. Si le résultat est un succès, il peut alors informer le joueur que son personnage à l'étrange sensation d'être filé, ou observé.

Monte : Votre personnage a appris à monter un animal. Il maitrise les techniques de déplacement et de monte, et n'a pas à craindre de chute lors d'un monté normal. Dans le cas d'une poursuite périlleuse ou d'un combat monté etc., il peut garder le contrôle de son équilibre et de sa monture sous un test de monte réussi (Des modificateurs peuvent être appliqués selon les circonstances). Cette Compétence s'applique principalement aux chevaux et autres équidés mais peut également être appliquée à d'autres animaux susceptibles d'être montées : loups, rhinox, etc.,

Nez fin : Votre personnage est capable de discerner les différents arômes et les différentes odeurs qui flottent autour de lui. Il pourra définir leur nature (s'il la connait) ainsi que leur composition sous un test d'INT.




Inventaires et biens du personnage:

Bourse: 17 Couronnes d'or


Inventaire
“NOMOSTHEMIS”, épée sainte à une main 16+1D8 dégâts, 12 parade, +4 dégâts si combat contre une créature du mal - chaotique, mort-vivant, etc.. Fourreau en bois de houx
Nox, cheval de selle FOR 8 END 8 SAU 9 RAP 9 INT 7 DOC 9 ATT 6 Jument noire
Bandeau en acier 2 points de protection à la tête Autres
Broche en or des von Grenzwald
Médaillon en argent ornée d’une magnifique agate, offert par sa mère, dans laquelle se trouve des petites et fines sculptures représentant le visage de ses parents et de ses frères.
Pèlerine raffinée en fourrure d’écureuil
Accessoires de calligraphie spéciaux : tablettes de cire et stylets.
Bandeau en argent
Parfum à l'odeur d'abricot


Grimoire


Parcours

Quêtes accomplies

Nom + lien + récompenses obtenues

Classes acquises

Carrière et classe en cours d'apprentissage

Carrière : Noble (voie de l'aristocrate)
Classe actuelle : Noble

Dévotion religieuse

Dieu Points de dévotions disponibles Points de dévotions dépensés
Shallya 10 0
Véréna 10 0

Autres

Aveugle.


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