[Ahmès] La Porte des Esclaves

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Par delà le Grand Océan, bien à l’ouest du Vieux monde, se trouve le continent de Naggaroth, terre des sinistres Elfes Noirs. C’est une région aride et sauvage que les rayons du soleil réchauffent rarement, tant la couche nuageuse y est épaisse, et de terribles tempêtes s’y déchaînent régulièrement.

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[MJ] La Fée Enchanteresse
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[Ahmès] La Porte des Esclaves

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« Aujourd’hui, comme en tout lieu, et en toute époque, chaque homme ne peut tomber que dans deux places dans la société : L’esclave, et l’homme libre. Quiconque possède les deux tiers de sa journée pour lui-même, est libre. Quiconque les dédies à autrui, est un esclave. »

– Fiedrich Nietzsche, philosophe de Middenheim.




La première chose qui apparut à travers la brume, à l’horizon, avant même la rade, avant même les murailles, avant même les tours scintillantes de la cité ; ce furent les Harpies.
Elles crevaient les cieux par centaines – par milliers. Elles apparaissaient à travers la grisaille, à travers ces nuages omniprésents, qui balayaient l’atmosphère avec une espèce de froid glacial de fin d’automne, et un vent violent qui déchaînait la mer dans une tempête. Elles étaient là, à voler, à tournoyer, à s’affronter entre petites dizaines, se disputant des morceaux de chair sanguinolentes qu’elles déchiquetaient avec leurs serres.
Partout, elles étaient littéralement partout. Elles remplissaient le ciel, et les Corsaires s’afférant à la garde et la manœuvre du navire ne pouvaient échapper ni à leur vision, ni même à leurs cris. C’était ça, le plus frappant, leur cri. Il était bestial, impossible à raccrocher à quoi que ce soit de véritablement humain ; Et pourtant, il y avait dans leurs hurlements stridents, une sorte de mélodie, une espèce de symphonie morbide, mais plaisante.
Les Harpies étaient en fait à l’image même de toute l’espèce Druchii. Aussi immondes que splendides. Aussi révoltantes qu’attirantes.
Et elles étaient partout. Partout.

La plupart des Corsaires sur le pont leur lançaient un regard teinté de crainte, malgré la prunelle cruelle de leur race. Ils faisaient mine de les ignorer, préférant entretenir les balistes, et vérifier le bon état des voiles de la gigantesque Arche Noire, cette forteresse flottante qui passait à travers l’océan agité en tirant toute l’écume sous sa proue ; ils faisaient mine de s’occuper. Mais il y avait un demeuré pour attirer les Harpies à lui. Il y avait un fou furieux pour les appeler. Et il hurlait, hurlait de sa voix nasillarde, désagréable, qu’on entendait à travers tout le pont principal sur lequel Ahmès se trouvait :

« Venez ! Venez mes petites ! Papa vient vous apporter votre pitance ! Venez-venez-venez ! »

Ahmès était en train de grimper sur le château de proue, cette magnifique terrasse qui formait une petite dunette offrant une vue plongeante sur le niveau de la mer et chaque allée du navire. Au milieu de ce château de proue, tout un luxe digne d’un magnifique palais noble : Des canapés de velours, des rideaux de pourpre, des petites tables en bois d’ébène vernis sur lequel trônait de la vaisselle en or et argent. Quatre esclaves humains, le visage recouvert de masques de porcelaine inexpressif, les corps féminins et masculins paraissant nus sous une toile légèrement transparente, tenaient pour l’une une cruche remplie d’alcool venant d’un grand vignoble de Bretonnie, pour un autre une assiette remplie de dattes et de fruits exotiques ; uniquement des symboles de prestige et de raffinement.
Le tableau serait complet, si seulement il n’y avait pas ce fou furieux pour appeler à lui les Harpies. Il était au bout du château de proue, et alors qu’il était entouré de cognac, d’épices, de soies et de jolis corps d’humains, lui, il était mal vêtu : Il portait des bottes usagées, avait un pantalon bouffant troué, et une épaisse cuirasse pleine d’estafilades à travers laquelle on découvrait la toile de sa chemise. Il était en train de plonger ses mains gantées de pannes graissées dans un tonneau débordant d’hémoglobine. Il en tirait des membres. Des morceaux de bras, ou de cuisses, arrachés à des esclaves qui n’étaient certainement pas assez beaux pour qu’on se contente de leur demander de porter une cruche ou une assiette. Et voilà qu’il saisissait ces membres fraîchement découpés, encore coulant de sang, et qu’il les lançait à la volée, avec force, vers le ciel. Et les Harpies se jetaient en piqué, les attrapaient, et les dévoraient en se chamaillant pour avoir les plus beaux morceaux.
L’homme aux bottes couvertes de sel de mer ria de plus belle :

« Vous chamaillez pas ! Vous chamaillez donc pas, roooh ! Y en a pour vous toutes ! »

Ce taré couvert de sang, c’était l’un des hommes les plus puissants de tout Naggaroth.
C’était l’employeur actuel d’Ahmès.

Lokhir Fellheart.

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Lokhir Fellheart, l’étoile montante de Karond Kar

« Fellheart », en druck eltharin, signifiait « Cœur-de-Pierre ». Ahmès avait croisé beaucoup de nobles au cours de sa profession. Lokhir n’avait que peu de traits communs avec eux. D’abord, il portait constamment sur son visage son espèce de masque de Kraken doré, ne le retirant même pas lorsqu’il était en présence des assassins qu’il avait chèrement rémunérés. Mais surtout, le type était totalement fêlé. Loin de rester sagement dans la haute tour, là où les Sorcières de l’Arche Noire appelaient à elles les vents de magie depuis le Puits des Ténèbres du navire, et où les officiers pouvaient contrôler ce que leurs subordonnés faisaient à travers tout le bâtiment, Lokhir lui passait tout son temps au milieu de la troupe. Il avait l’air de penser que son commandement ne pouvait jamais être mieux assuré qu’en personne.
Sur le chemin du retour du grand raid qu’il avait entrepris, la Tour de l’Effroi Béni, l’Arche de sa famille, était tombée sur une fière escadre de galions Bretonniens truffés de bombardes, aux équipages visiblement déterminés à venger le raid que leurs compatriotes avaient subi – si l’Arche Noire était un vaisseau formidable, sans nul autre pareil à travers tous les continents de cette Terre, un officier intelligent aurait compris le danger que posait un tas d’artillerie sur un navire à 74 pièces, et se serait naturellement éloigné du bâbord ou du tribord de son bâtiment. Pas Lokhir. Ahmès avait vu Lokhir dégainer son sabre, se jeter sur la proue du navire, et hurler comme un fou furieux en pointant la lame d'acier dans la direction vers laquelle les Maîtres des Bêtes devaient faire charger leurs bêtes afin d’éperonner ces Singes si embêtants.

Un type bizarre ce Lokhir. D’après ce qu’Ahmès avait comprit, c’était un petit ambitieux, un noble quelconque qui avait de grands rêves. Il y en avait tellement, des comme lui, ils étaient en fait ses meilleurs clients. Mais il payait bien, et s’il était clairement un original, on ne pouvait pas nier qu’il avait un certain charme. Comme un maboul pouvait être charmant.

« Ah ! Maître Ahmès ! Vous voulez nourrir les Harpies ?
Tout l’enjeu c’est de viser bien haut, et de pas garder le morceau trop longtemps dans la main – sinon, elles peuvent vous emporter avec, haha ! »


Il agita un morceau de cuissot dans la direction d’Ahmès. Mais finalement, il le jeta dans le tonneau avec les autres.

« Non ? Sans façons ?
– Le sang est salissant, mon apprenti sait qu’il ne faut pas laisser de gouttes derrière soi. »

C’était pour lui qu’Ahmès était grimpé sur le château de proue – il avait simplement suivi son mentor. Il était là. Le mentor.
Quelle relation étrange ils avaient, tous les deux. Elle était très clairement paternelle – à défaut d’avoir eu une famille aimante, c’était lui qui avait transmis son savoir à Ahmès, qui l’avait protégé, nourri, habillé. Est-ce que ce n’est pas là le rôle d’un père ? Mais c’était aussi son supérieur hiérarchique. Et il attendait beaucoup de son apprenti. Les deux avaient un rapport qui mélangeait une sorte d’amour familial toxique, et une rivalité prédatrice.
Il avait tué une femme qu’il avait aimé. Et c’était là ce qu’on attendait de lui en tant que tuteur.

Ahmès ne devait l’appeler que par un seul mot : « Maître ». Mais il savait que cet homme portait un véritable nom, confié par les Furies de Khaine : Masthel Amophiron.

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Masthel, le serviteur de Khaine.

Lokhir ricana à la réflexion de Masthel. Il retira ses gants graissés, et les jeta entre les mains d’un jeune mâle humain au chiton transparent.

« Va me nettoyer ça. »

Le mâle détala sans demander son reste, tandis que Lokhir fit un signe de tête à Masthel.

« Vous êtes marrants, vous, les assassins : Vous passez votre temps à tuer des gens, je vous prenais vraiment pas pour le genre à craindre le sang !

– C’est moins une crainte qu’un aspect pratique. J’espère que vous comprenez.
– Mais oui, mais oui ; Mais installez-vous donc, je vous prie ! J’aimerais vous parler ! »

Masthel fit un signe de tête à Ahmès. Les deux serviteurs de Khaine s’assirent chacun sur un de ces magnifiques fauteuils, bien confortables – ils semblaient faire tâche au milieu de la brume d’aethyr que projetaient les sorcières appelant à elle les vents, et la horde de Corsaires de cuir et de métal qui veillaient bien à ce que le tas d’esclave dans les cales se taisent et n’aient pas d’idées d’évasions.
On agitait sous le nez d’Ahmès le bon vin et les fruits sucrés. Lokhir les invita à se repaître.

« Prenez, vous n’avez qu’à exiger. Vous profitez de mon luxe comme si vous étiez de ma mesnie, tout ce qui m’entoure vous est offert, même les meubles vivants ;
Je voulais tout d’abord vous remercier, tous les deux – l’entraînement que vous avez prodigué à mes hommes a été très utile. Ils sont crevés, mais je préfère qu’ils soient crevés que morts. Et puis, on est généralement bien servis par des gens bien compétents.

– Vos remerciements nous touchent », dit Masthel avec une voix si froide et si monotone qu’il apparaissait clairement qu’il n’en pensait pas un seul mot. « Mais si vous le permettez, honorable Lokhir, nous préférons les Souverains d’Or que les congratulations…
– Allons ! Je paye, je paye, évidemment que je vais payer ! Ce serait vraiment un homme des plus abrutis pour vouloir flouer un assassin, j’aurais vraiment un désir suicidaire ! Mais comprenez bien – une fois que je débarque ma cargaison, il y a vos Furies qui vont venir prélever leur dîme, et ensuite, il faut que je m’amuse à signer des contrats de vente, faire de la paperasse… Vous aurez la somme complète, comme convenu, peut-être un retard de deux ou trois jours tout au plus, je vous avais bien prévenu.
Mais dites-moi quand même, mes chers maîtres, est-ce que vous connaissez bien Karond Kar ? »


Masthel eut un petit sourire. Il semblait étrangement plus… Détendu, qu’à l’ordinaire. Alors qu’Ahmès l’avait toujours connu comme sec, professionnel, voilà qu’il se relâchait, et qu’il posait une main nonchalante sur le dossier de son fauteuil.
Peut-être n’avait-il plus autant besoin d’être aussi dur envers son apprenti qu’avant. Ahmès n’était plus un tout petit scion. Bientôt, comme Garekt avant lui, son rival plus apprécié, il serait fait assassin. Il n’était plus un élève. Pas encore tout à fait indépendant, mais leur relation avait évolué.

« Mon apprenti n’y a jamais mis les pieds. Moi, j’ai eu l’occasion de me déplacer dans ce trou à rats…
– Allons, pas d’insultes ! Karond Kar c’est ma maison !
– Alors vous devez partager le même avis que moi. »

Lokhir éclata de rire. Un autre noble aurait pu prendre l’insulte personnellement, mais lui agitait son doigt.

« Vous êtes taquin ! Qui a dit que les serviteurs de Khaine avaient pas d’humour ?
Je vous pose la question, eh bien, parce que… J’aimerais profiter de votre présence. J’ignore si vous comptez, disons… Prospecter des offres. Mais voilà, c’est simplement que… Je suis sur le marché. Vous voyez ? »


Masthel opina du chef. Et alors, il fit quelque chose d’étonnant – quelque chose qu’il ne faisait jamais d’ordinaire, lui qui était normalement toujours en charge d’assurer leur gagne-pain mutuel en dénichant les contrats personnellement :

« Précisez donc à mon apprenti ce que vous entendez par là. Il est droit, efficace, et mûr.
Pour une fois, j’aimerais que ce soit lui qui mène la danse, et moi qui le suive. Il faut bien commencer un jour, non ? »


Lokhir haussa les épaules, puis tourna ses yeux vers Ahmès.

« Eh bien… Eh bien d’accord…
Maître Ahmès, lorsque nous serons débarqués, est-ce que cela vous intéresserait de rendre une visite à mon petit frère ? C’est lui qui m’aide à gérer les affaires à quai, et pendant que je me charge de récupérer vos gages pour vos derniers mois de service, je pense qu’il aurait quelques pépins que vous pourriez régler…
C’est une proposition, rien de plus, mais votre mentor n’a pas tort – Karond Kar est vraiment un nid de rats. C’est une sacrée cité ! Il y en a des emplois pour une fine lame comme la vôtre ! »
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Ahmès
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LA PORTE DES ESCLAVES


La voûte céleste était pareille à une lourde chappe de plomb, étendant ses voiles grisâtres si bas que l’Apprenti eut le sentiment, attardant un dernier regard vers l’azur rempli d’amazones ailées, qu’il lui suffisait de tendre la main pour caresser du bout des doigts le plafond si oppressant et ironiquement vaporeux de cette planète. Forteresse tellurique galopant sur les flots ventripotents, l’Arche Noire sous ses pieds voguait silencieusement vers la Tour du Désespoir, de son vrai nom Karond Kar, et mettait en cela le cap sur un destin rempli de promesses et de conquêtes. Un destin dépecé de cette étiquette d’Apprenti qui encroûtait depuis trop longtemps déjà son épiderme et ses ambitions personnelles, mises à sac par les préceptes et l’autorité de son Maître.

Conscient, à la vue du ciel pullulant de harpies, que l’Arche Noire arrivait à la fin de son périple, l’Apprenti n’eut aucun mal à deviner qu’il était l’heure pour lui et son Maître de se diriger furtivement vers le Capitaine du navire corsaire. Aussi, quittant les ponts occupés par les troupes et les esclaves sur lequel fourmillaient des centaines d’elfes noirs et autant de valets qui s’affairaient à les satisfaire au mieux pour ne pas finir par « faire le dîner de la cuve » (une expression qui était née sur la nef rocailleuse, et qui terrorisait les otages des Druchiis qui avaient, force d’expérience, appris que les trous dans lesquels ils étaient jetés par leurs maîtres insatisfaits menaient soit à la mer aux profondeurs mortelles, soit aux cavernes dans les cales inférieures remplies de Bêtes cruelles), le ténébreux étudiant des arts mortels escalada progressivement les marches qui le rapprochaient des tours auprès desquelles s’élevaient des mâts habillés de voiles elles-mêmes ornées de runes mystiques, ouvrages cabalistiques tracés par les sorcières alimentant le Puit des Ténèbres dans lequel coulait le Dhar ; et aux pieds desquels s’élevaient les cours supérieures, dont celle du Capitaine en l’occurrence.

Sur la voie qui le fit monter vers le château de proue, bastion de commandement d’un elfe noir des plus théâtraux, Ahmès flânât un peu. Autour de lui se mélangeaient pêle-mêle des centaines d’êtres qui montaient et descendaient, en fonction de leurs rangs, les strates les menant soit vers les ponts inférieurs, soit vers les ponts supérieurs. L’Arche Noire, forteresse bâtie sur des strates rocailleuses et maintenue à la surface des mers par des Vents de Magie, s’était ainsi offert une sorte de hiérarchie : si les deux tiers de sa silhouette, immergée sous les eaux, était remplie de cales d’esclaves et de provisions et de cavernes peuplées de Bêtes dressées par des druchii dévoués, ses niveaux supérieurs laissaient presque éclore une petite ville bâtie pour éviter certains brassages et ainsi alimenter la convoitise des uns et des autres, qui pouvaient tendre que ce soit pour les esclaves ou les corsaires à vouloir s’élever à des niveaux supérieurs. Celui qui avait fait vœu de devenir assassin n’eût, pour sa part, pas à se soucier de tout cela : sa place sur cette Arche Noire n’était que temporaire.

Chemin faisant, il croisât le visage de plusieurs humains réduits à devenir des sous-fifres. Eux qui s’étaient jadis cru si prestigieux subissaient désormais le supplice de reconnaître leur place et les Druchii ne s’étaient pas privés, pour leur faire comprendre leur effronterie d’avoir voulu les toiser de leurs navires, de leur infliger moults tortures et abus divers, afin qu’ils révèlent la vraie nature de leurs âmes. Avec un certain plaisir, Ahmès avait alors assisté à des scènes d’humiliations et de tortures dont il reconnût certaines comme étant de sa propre confection, ce qu’il savourât avec un plaisir sadique. Il reconnût à la façon dont s’y prenaient les corsaires les méthodes et les rituels qu’il leur avait inculqués pour plonger progressivement ses victimes dans des abîmes de désespoir, se délectât de voir que les tortionnaires, épousant religieusement ses enseignements, avaient pris leur temps pour que la douleur soit la plus réelle et atroce possible. Mais il avait aussi vu d’autres choses plus déplaisantes à son goût, souvent orchestrés par d’autres Druchii qui avaient eu des leçons différentes et visiblement de meilleure qualité car à ce manège-là, son Maître lui était bien supérieur.
Lui ne se contentait pas que d’infliger des sévices et de pousser à bout les esclaves récoltés. Il avait appris aux chefs des Corsaires à dominer la psychologie du genre humain ; leur avait à d’autres égards enseignés d’autres arts équivoques pour d’autres races ; et les Corsaires les plus reconnus, lui picorant dans la main, s’étaient attardés à s’essayer à ce jeu de manipulations et d’afflictions morales. Ces elfes noirs, ayant acquis certaines bribes de ce savoir si prodigue, avaient alors employés des méthodes encore plus sophistiquées pour, au-delà de toute torture, enfermer l’esprit de leurs esclaves dans une tourmente perpétuelle ; divisant leur rang, les isolant les uns des autres, et les aliénant pour de bon, comme pour n’en faire que des pantins évidés de leurs instincts de meute, plus dociles et moins prompts à se réunir pour se révolter. Le Maitre savait faire cela : infliger la terreur et diviser pour mieux régner. Mais il s’était toujours refusé à transmettre ses connaissances dans ce domaine à son second apprenti, ne le jugeant à priori pas assez futé.

Voir que la méthode pût être employée par d’autres qui n’étaient pas aussi dévoués que lui à son Maître mettait Ahmès hors de lui, quand bien même il tentait de déceler ses tactiques en observant les Druchii à l’œuvre. Pire : savoir que son Maître s’amusait à cela pour susciter son courroux et constater, par ailleurs, que cette stratégie fonctionnait sur lui, ne le mettait qu’au plus mal. Là était toute la différence entre eux deux : Masthel connaissait tellement les instincts de son élève qu’il se plaisait d’autant plus à le tourmenter que ce dernier savait à quel jeu son Maître s’amusait. Quant à l’Apprenti, il était tant en deçà du talent de son Maître qu’il s’évertuait à vouloir se sublimer pour l’égaler, et voulant attirer son attention, il ne faisait somme toute que se rendre encore plus dépendant de lui. L’ambiguïté qui naissait de cette relation perverse était toute la somme de leur histoire commune, et toute l’éducation que le Maître avait su offrir à son Apprenti. C’était ainsi que l’elfe noir apprenait, presque à son insu mais en étant pourtant parfaitement éclairé de cette corruption persistante, à faire ses armes.

Alors que sa foulée le fit frôler un autre druchii faisant mine de dépoussiérer une baliste, sur une des voies escarpées qui se dressait vers les plateaux supérieurs, il songeât que sa place était loin de cette nef funeste. Plus proche des assemblées politiques, plus proche des conspirations majeures ; ce que d’une certaine façon son rival de toujours devait déjà être en train d’entamer, tout ambitieux qu’il était. Et tandis qu’il réfléchissait à comment il s’y prendrait pour s’émanciper de son maître, le spectacle des harpies dévorant des membres fit naître en lui quelques malsaines idées ; et bientôt, dans un silence de velours, il trouvât l’un des ponts les plus hauts, offrant une vue panoramique sur le front de vague.

Lorsque son faciès émergea des ombres, le futur assassin assista à une scène des plus rocambolesques orchestrée par Lokhir Fellheart, celui-là même qui avait engagé son Maître à bord de son Arche Noire. Le Capitaine, mal fagoté, paraissait tel un enfant jouant avec les oiseaux, à ceci près qu’au lieu de donner à bécoter du grain, il offrait de la viande sanguinolente à des Harpies sanguinaires qui s’étripaient presque pour se disputer les résidus de cadavres que l’on n’avait pas jeté aux Bêtes peuplant les cavernes des cales inférieures. Le druchii au masque de Kraken, olibrius doré, s’érigeait devant son presque-palais somptueux, dont la qualité du mobilier et des tissus pourpres et noirs étaient évocateurs de ses richesses. Côtoyant quatre esclaves masqués qui s’efforçaient de satisfaire ses petites faims et de verser dans ses récipients d’or et d’argent l’ambroisie langoureuse des vignobles de Bretonie, Lokhir contrastait avec son propre luxe par l’aspect nonchalant de sa propre apparence : s’il avait joli masque, il portait une tenue marquée par les batailles et des tissus abimés.
Ahmès le savait brave, pour ne pas dire inconscient ; plus d’une fois, son Maître avait craint de voir le Capitaine succomber à sa propre démence en se jetant sur des armadas de navires Bretoniens, se mettant en tête des troupes et dévorant la rixe comme s’il se sustentait d’un succulent festin. Ahmès savait pourtant que le Maître ne craignait pas pour la vie du Capitaine, mais pour ce qu’il y avait de sonnant et trébuchant dans les coffres de ses cales.

Aussi ne s’étonna-t-il pas de voir pour l'avoir décelé auparavant, après que Lokhir lui eût adressé la parole en l’invitant à participer à ses singuliers loisirs, que le Maître s’était également invité sur la terrasse du château de proue. Respectant sa place, l’Apprenti se figea et n’offrit nulle réponse, malgré lui, à ce Capitaine emblématique. Il se contentât, avec sagesse, de voir comment son mentor s’y prenait pour mettre Lokhir dans sa poche ; et s’amusât à penser que le Maître n’avait, judicieusement, pas voulu permettre au Corsaire de pouvoir davantage se concerter avec son Apprenti : une erreur qui aurait pu lui coûter cher.

Ahmès éprouvait une fascination maladive pour cet être si paternaliste. Sur sa route, il l’avait vu le précéder de loin. Le nébuleux assassin qui lui avait tout appris avait jeté des yeux furtifs derrière lui et découvert la présence de son élève, malgré les efforts de ce dernier pour rester furtif parmi les autres druchii. Il l’avait pourtant suivi, et songé plusieurs fois à régler leurs différents tout de go, sans attendre d’être adoubé ; mais il s’était ravisé en pensant à son propre avenir. Il ne s’était toutefois pas attendu à ce que, s’amusant à son propre jeu de furtivité, il se soit dissimulé sur le pont sur lequel se tenait Lokhi pour surprendre son propre Apprenti. Là était tout son talent.

Tel était le Maître.

Les deux serviteurs furent, à l’aune de leur présence, invités à s’asseoir auprès du Capitaine qui de toute évidence ne se leurrât guère sur l’objectif réel de leur venue. La question de la souillure du sang ne fut à ce titre qu’une entame, une accroche pour aborder le vif du sujet et sitôt qu’Ahmès eut l’autorisation de son Maître, il s’installât avec les deux petits souverains.

« Si fait. »

Cracha-t-il en obéissant, alors que déjà les esclaves s’affairaient à lui offrir de quoi occuper sa mâche, ce qu’il accepta avec courtoisie sans mot, rien que pour se donner de la distraction et ne pas paraître trop terne à leur client. C’est là que s’entamèrent les pourparlers entre le Maître et le Capitaine, ce à quoi l’Apprenti assistât avec délice. La façon dont Masthel s’y prenait pour déranger ses clients lui avait toujours semblé un peu audacieuse, voire culotté parfois, comme ce fut le cas en l’occurrence ; mais bien souvent, cela s’était révélé plus fructueux que prévu, et avait décrispé bien des langues bien accrochées à leur palais.

Cependant, la suite de leur échange le déboussola quelque peu. Ahmès avait toujours pris l’habitude de suivre son Maître, de l’écouter aveuglément, de l’observer sans rien dire. Et pour la première fois de son existence, il se permît de lui donner la parole, et même mieux que la parole : il lui offrît de conclure son propre marché.

Le symbole derrière cette proposition était des plus évocateurs et l’Apprenti mît un certain temps à mesurer l’importance de celle-ci avant de pouvoir répondre, comme s’il tentait de détecter un mensonge. Son Maître voulait-il l’adouber, ou se débarrasser de lui ? Avait-il enfin conquis ses faveurs, ou n’était-ce là qu’une supercherie ? A défaut de le savoir, l’Apprenti ne put que se contenter de se dire que l’occasion était une aubaine pour lui. Il les tutoyât du regard, tour à tour, avant de prendre la parole, dégageant avec sa langue le pépin du fruit goulument avalé précédemment.

« Capitaine Lokhir, Maître, cette proposition m’honore. »

Sa voix avait un timbre particulier. Là où d’autres possédaient des cordes vocales puissantes leur permettant de brayer des ordres à longue portée et de mener la cadence par la force de leur présence, Ahmès se caractérisait davantage par le soupçon d’une octave presque susurrée. Quelque chose de pernicieux se glissait dans ses paroles, un timbre particulier qui était autant discret qu’il paraissait venimeux : là était la manifestation tacite de sa cruauté. A la façon qu’il eût de leur répondre, les deux elfes noirs purent mesurer que l’Apprenti était assuré de son triomphe. Trop assuré, sans doute.

« Et je ne saurais me détourner d’un contrait si alléchant si toutefois j’avais la certitude d’être payé de bon droit. Votre Arche est splendide, votre armée bien pleine, vos cales sont remplies ; mais comme vous venez de l’apprendre, je ne connais rien de Karond Kar. Ni ses ruelles, ni ses bas-fonds, ni ses influences ; pas plus que ses richesses. Il est une chose néanmoins que j’ai pu observer au cours de notre collaboration. »

Les paroles d’Ahmès n’avaient rien d’hasardeux. Elles étaient parfaitement calculées et il ne négligeait pas de faire attendre son interlocuteur pour créer l’incertitude nécessaire à ce que ses mots prennent plus de poids ; comme s’il enfonçait lentement sa dague pour permettre à sa victime de voir sa mort arriver.

« Vous êtes souvent en danger, Capitaine. Rien ne garantit que vous serez encore en vie tandis que j’œuvrerais à honorer notre contrat ; comme il ne m’est pas assuré que je ne trouve pas meilleure proposition au sein des murs de Karond Kar. Qui sait si d'autres, peut-être ennemis de votre frère, ne seraient pas prêts à payer le double de son prix pour sa tête. Par ailleurs, difficile à priori pour vous de me proposer une avance, compte tenu du retard que vous aurez déjà pour nous rétribuer. C’est pourquoi, je me demande… »

Il laissât planer un instant délicat avant d’achever sa phrase.

« … par quel moyen vous pourriez obtenir ma loyauté et vous assurer mes services pour votre frère. Vous parliez de gages. »

Il regardât l’Arche Noire tout autour de lui, comme s’il la convoitait : une façon de l’inviter à envisager sa forteresse comme une hypothèque. En tant qu’Apprenti, il avait bien appris cette chose : plus il estimait sa valeur haute, mieux ses poches seraient remplies. Et si l’Arche Noire n’était gagée, il espérait que quelque chose de presque aussi important puisse l’être… comme des sommes d’esclaves et des Bêtes.
Modifié en dernier par Ahmès le 12 oct. 2020, 22:19, modifié 2 fois.
Ahmès Rahadriel Rohomir | Voie de l'assassin elfe noir
Profil : For 8 | End 10 | Hab 10 | Cha 10 | Int 8 | Ini 10 | Att 10 | Par 10 | Tir 10 | Foi | Mag | NA 1 | PV 16/55
Fiche personnage : Lien

États Temporaires
* Exsangue : Après avoir perdu beaucoup trop de sang, tu es anémié. Tous les efforts physiques se font avec un malus de -1.

Compétences
  • Combat
    • Ambidextrie (A)
    • Acrobatie de combat (A)
    • Esquive (A)
    • Parade (A)
    • Tir à déclenchement rapide (B)
  • Perception
    • Acuité visuelle (B)
    • Lecture sur les lèvres (E)
    • Vision nocturne (E)
    • Sixième sens (B)
  • Adresse
    • Déplacement silencieux (B)
    • Mort silencieuse (B)
    • Escalade (B)
    • Camouflage (B)
    • Vol à la tire (B)
  • Physique
    • Résistance accrue (B, Spécialisation : Poison)
  • Connaissances
    • Préparation de poisons (E)
    • Piégeage (A)


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Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Lokhir pouffa un peu de rire derrière son masque de Kraken : C’était là la seule réponse qu’il offrit, du tac-au-tac, aux murmures d’Ahmès.

« Votre inquiétude pour ma propre intégrité me touche, maître sicaire !
Mais prenez garde, tout de même, à ne pas entamer ma patience… Sous-entendre que je ne peux pas vous payer, ni moi, ni une autre personne de ma famille, c’est porter atteinte à mon honneur. »


Ahmès pouvait bien parler avec une petite voix ; Lokhir lui avait un bon ton de pirate. Son timbre était très désagréable à l’oreille, il n’avait pas été gâté à ce niveau-là. Son ton était nasillard, légèrement aigu, et empirait avec ses propres manières bien hautaines.
Mais il avait quand même bien du courage, pour oser faire le pédant face à deux assassins du Temple de Khaine. Masthel, qui avait demandé à Ahmès de gérer l’affaire lui-même, ne put s’empêcher de réagir et de se mêler à la conversation.

« Mon apprenti ne vous a pas manqué de respect, maître Fellheart. Il ne fait qu’établir des évidences. Pourquoi nous proposer un contrat avec une promesse de rétribution si vous n’êtes même pas capable de nous payer dès ce jour ?
– Nous les Fellheart sommes un clan ! J’ai des frères et des sœurs, des neveux et des petits cousins, et si vous écoutiez ce qui se dit à Karond Kar, vous sauriez que nous les Fellheart on se soutient tous mutuellement, quoi qu’il arrive ! Ce qui peut m'affliger n’importe que très peu : Nous sommes tous solidaires matériellement.
– Nous ne contestons pas votre réputation. Mais nous préférons les liquidités. Nul besoin de hausser le ton face à nous, vous ne parlez pas à des corsaires, maître Fellheart. »

Lokhir serra son poing. Si fort que la fine ouïe d’Ahmès put entendre le velours de l’accoudoir fauteuil sur lequel il était vautré craqueler sous l’action de ses doigts. Une espèce de tension venait juste de naître dans le château de proue…
...Et puis, Lokhir se mit à se fendre d’un éclat de rire. Il claqua des doigts pour qu’on resserve à nouveau un verre de vin aux deux assassins, et il reprit, tout guilleret, comme si son caprice était passé :

« Très bien ! Vous avez raison maître Ahmès, laissez-moi réfléchir, permettez ? Je pourrai vous donner… Eh bien…
Vous ne me semblez pas être le genre de personnes à qui je peux promettre des esclaves…

– Nous ne saurions pas où les stocker. Nous serions forcés de les vendre. Sauf s’il s’agit d’un Asur.
– J’ai déjà échangé toute une cale d’humains pour un chevalier Asur, c’est certain qu’ils sont une belle valeur à placer…
Si vous ne voulez pas un cheptel d’esclaves je peux vous offrir... »


Il gratta l’accoudoir de son fauteuil.

« Un appartement.
Oui, ça pourrait être un bon arrangement – la famille Fellheart a de nombreuses propriétés, nous avons des immeubles, des échoppes, du foncier. C’est bien l’immobilier, ça sécurise des valeurs, et ça s’hypothèque facilement…
Il faudrait que j’en parle à ma sœur une fois que nous serons à quai. Nous disposons d’appartements dans le Placître, plus-ou-moins bien situés, ça dépend de ce que vous aimez. Mais ça peut faire un très joli gage, au cas où je suis lent dans mes rentes. Qu’en dites-vous ? »


Masthel tourna sa tête pour offrir un petit sourire à Ahmès.

« C’est à toi de décider si le prix te convient…
Mais ça dépend également de la nature du travail que vous attendez. Il peut y avoir des suppléments. Tout dépend de la difficulté. Précisez donc, maître Fellheart. »


Fellheart posa ses mains sur son masque doré. Il le retira de sa face, et le laissa sur ses genoux. Il avait un visage plutôt quelconque. Des cheveux noirs broussailleux, courts, secs. Quelques cicatrices qui enlaidissaient un peu plus le tout.
Il perdait de la prestance qu’il avait naturellement avec son heaume. Mais ses yeux, eux, gardaient une espèce de lueur sanglante, un rouge qui n’avait rien de très naturel.

« Je laisserai mon frère s’occuper des détails les plus importants, mais oui, je peux vous préciser la nature de l’emploi pour lequel je requiers vos services.
Mon frère… Le frère en question, est le tout dernier cadet de ma fratrie. Skaris, il s’appelle. Un tout jeune gosse, très influençable, et qui n’a malheureusement pas hérité des qualités du reste de ma mesnie.
Il y a quelques mois, avant que je ne parte pour la Bretonnie pour une promenade durant laquelle vous avez eu le plaisir de m’accompagner, un petit truand des bas fonds de cette poubelle qu’est ma Karond Kar chérie, est venu m’apprendre que Skaris détournait des esclaves de mes cargaisons pour les vendre en douce afin de se faire un profit personnel. De quoi financer ses propres frasques et ses vices, à croire que l’argent de poche que je lui verse ne lui suffisait pas... »


Masthel haussa un sourcil, mais il ne dit rien.
D’ordinaire, dans une famille Druchii, un petit frère qui volait les biens de son grand frère serait probablement tué. Ou jeté aux Harpies, à Karond Kar.

« Visiblement, Skaris s’est fait des ennemis. Parce qu’un clan de sous-fifres, de minuscules armateurs avec les yeux plus gros que leur ventre, des sous-nobles d’une famille nommée Lucari, ont cru qu’ils pouvaient s’attirer mes faveurs en m’apprenant cette trahison qu’a osé commettre mon frère à mon encontre.
C’est mal connaître les Fellheart. Je me fiche que Skaris soit un abruti libidineux qui me spolie : C’est mon frère. S’en prendre à mon frère, c’est s’en prendre à moi, et je n’aime pas le fait que quiconque de ma dynastie soit ainsi traîné dans la boue. Je n’ai aucune envie que des cloportes s’amusent à monter les gens de ma famille les uns contre les autres.
Donc, j’ai besoin d’envoyer un message. J’ai besoin qu’un Lucari soit tué. Et pas par mes propres sbires, pas durant une bagarre de rue ; ça m’attirerait des ennuis avec le Drachau, ça serait pas bon pour le commerce… Je ne veux pas exterminer les Lucari ou tomber dans une vendetta face à eux. Juste les calmer légèrement en égorgeant l'un d'entre eux. C'est à mon frère de donner un nom, voir lequel il préfère. C’est dans vos cordes, non ? »


Masthel fit un petit signe à Ahmès de pencher sa tête, afin qu’il puisse lui chuchoter quelque chose.

« Les Lucari ne me disent rien. Ils doivent en effet être une famille mineure, pas des gros archontes de la ville.
Mais il faut tout de même se méfier, avec ce genre de contrats… Les nobles c’est nos plus gros clients, c’est aussi de gros emmerdeurs.
Je fais confiance à ton instinct. »


Alors qu’Ahmès allait répondre, l’île de Karond Kar apparaissait enfin à travers la brume. Ses monts escarpés et ses rocheuses se mélangeaient aux spires des donjons, aux immenses pontons de pierre noire autour desquels gravitaient des navires de toutes les tailles. C’était une vraie métropole. Peut-être l’une des cités Druchii les plus peuplées de tout le Royaume.
Le tout ressemblait à une sorte de fourmilière. D’immenses bâtiments étaient en hauteur, où s’écrasaient des pâtés de dimensions variables. Ahmès avait déjà entendu parler de Karond Kar – jamais trop en bien. Il fallait être originaire de cette ville pour l’aimer. Aux yeux des dynastes de Naggarond, Karond Kar n’était qu’un immense cloaque, un où les roturiers ne connaissaient pas bien leur place, et ses habitants avilissaient leur sang Elfique en s’abandonnant à une grossière décadence permanente.
C’était à lui de découvrir à quel point ces oui-dires étaient fondés.

Jet de charisme d’Ahmès.
Bonus : +1 (Bagout criminel)
Jet : 11, réussite de justesse.

Jet d’observation (INI+INT/2)
Bonus : +1 (Acuité visuelle)
Jet : 20, échec critique. Absolument aucun détail supplémentaire rajouté dans la narration.

Jet d’intelligence : 15, échec. Pas d’aides supplémentaires.
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Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

Message par Ahmès »

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LA PORTE DES ESCLAVES


Ayant terminé ses avances, Ahmès avait tendu les mains pour que l’un des esclaves masqués chargés de ravitailler leurs papilles y dépose l’un des fruits tenus par grappes entières entre leurs mains. En bon spadassin, il prit un petit temps pour le renifler et observa ses contours, guettant la moindre anormalité ; mais il ne sut pour de bon qu’il n’y avait aucun poison dans ces rondes baies juteuses seulement lorsqu’il eut croqué l’une d’elles. Il tendit alors régulièrement la main en savourant tant la colère contenue de son vis-à-vis que le nectar de ces amuses-bouches ; cependant, ses dents percèrent l’épiderme l’un de ses fruits avec d’autant plus d’intensité qu’il vit son mentor, par précaution, le défendre auprès du Corsaire.

Le liquide se répandit dans sa bouche comme s’il buvait le sang du fruit défendu, mais il se refusa à adresser le moindre regard à son maitre. Son objectif ne fut pas à cet instant de lui causer tort devant le célèbre Capitaine Lokhi Fellheart, qui de son statut de client ne méritait pas d’assister à une conversation plus poussée en présence de deux ouvreurs de gorge loyaux à Khaine. Et pourtant, le paradoxe du Maître courrouça fondamentalement son Apprenti. Ses yeux par réactions s’abaissèrent pour guetter les jambes ; il s’amusa à penser comment il pourrait couper leurs tendons, à la façon dont il pouvait faire basculer cette table pour occuper le premier pendant qu’il pourfendait le second, à la technique qu’il pourrait employer pour priver l’un de ces druchii de ses deux testicules d’un seul mouvement de dague. Autant de scénario qui furent à cet instant d’une colère intérieure : si son Maître lui donnait l’occasion de prouver sa valeur, pourquoi s’insinuait-il dans son négoce ?

Ravalant sa fierté, l’Apprenti attendit qu’à deux ils terminassent de se dévoiler, eux ainsi que leurs intentions. Pour autant qu’il en apprit gros sur le contexte de sa mission, il ne voulut pas se résoudre à ne devenir que le spectateur de ces pourparlers. Tandis qu’au loin les tours de Karond Kar éventraient le ciel peuplé de harpies, les trois hommes poursuivirent leurs échanges ; Ahmès, s’offrant la réplique après les deniers mots murmurés de son Maître, s’autorisa quelques secondes de réflexion avant de reprendre la parole.

« Un simple appartement, des plus modestes de préférence et si possible assez éloigné des yeux trop curieux et des oreilles trop indiscrètes, sera pour ma part gage convenable ; du reste, il s’agira aussi d’un bon point de repli afin que nous puissions avoir de quoi faire nos préparatifs. Un bon abri est un des lots indispensables pour nous permettre d’augmenter les facteurs de réussite, si du moins vous nous autorisez à occuper ce gage le temps que durera cette mission ; une façon de trouver un compromis idéal. Nous le quitterons, à terme, une fois que nous serons payés. Mais il demeure d’autres aspects que nous devons aborder, si vous le voulez bien, avant que nous accostions. »

Ahmès se remit un peu plus droit, soudain beaucoup plus sérieux et éclipsant presque son Maître. Il voulut à cet instant lui montrer qu’il n’avait pas besoin de lui et de ses facéties pour tirer son épingle du jeu. Il tutoya Lokhi du regard, lut dans ses prunelles de sang combien cet être pouvait être dévastateur dans les océans ; il sut qu’il s’adressait à une sorte de légende, et pourtant, il se refusa à se laisser intimider par cette situation.

« Un de vos corsaires ou esclaves, en lequel vous avez confiance, doit pouvoir tenir un rôle d’interlocuteur avec votre famille et vous-même, tout en étant assez discret pour que nous puissions l’approcher sans être décelés ; personne ne doit soupçonner notre alliance, aussi je souhaiterais vous suggérer d’envisager un messager digne de ce nom. Ce dernier ne devra posséder que les informations nécessaires ; autrement dit, l’abri que nous occuperons ne devra pas être connu de cette personne, mais nous devons à l’inverse pouvoir savoir où le trouver lorsque nous nous nécessiterons de vous transmettre nos informations. C’est une première chose, qui s’accompagne, vous vous en doutez, d’autres prérogatives. »

Il lia ses mains, et ses rétines quittèrent celle du Capitaine pour se poser sur les rives qui se dévoilaient au loin. Karond Kar lui parut immense, un milieu parfait pour disparaître ; toutefois, dans le ciel trainaient trop de prédateurs à son goût.

« Vous ne devez pas informer votre frère de notre relation. Nous vous avons vu à l’œuvre, je vous sais valeureux et fort ; mais j’ignore tout du dernier de votre famille et d’après vous dire, il n’est pas aussi fiable que vous l’êtes. Je ne veux pas, pour l'heure, que notre identité lui soit révélée. Nous l’approcherons à travers votre messager, et c’est ce dernier qui nous transmettra le nom de sa cible. Pour autant, s’il s’avère que ce messager se laisse corrompre par l’appât du gain, je me dois de vous mettre en garde : nous nous débarrasserons de lui, et d'une façon si impitoyable que nul n'osera plus jamais nous faire faux-bond. »

Il n’eut pas besoin de replonger son regard dans le sien pour faire comprendre au Capitaine Lokhi que cette déclaration n’était pas une menace, mais une promesse. L’égorgeur avait appris de son Maître qu’il valait mieux ne pas jouer de l’intimidation avec un client ; mais il fallait toutefois pouvoir se montrer assez ferme afin de faire respecter les closes d’un contrat de sang.

« A moins que vous ne désiriez vous-mêmes faire le relais entre le message et votre frère. Ne négligez pas votre importance dans la réalisation de cette mission. Ce serait d’autant plus intéressant que cela vous permettrait peut-être de lui apprendre à s'inspirer de son aîné. A ce sujet… »

Il marqua une pause et, de sa main gauche, commença à caresser son poignet droit.

« … je peux, contre un léger supplément, vous proposer mes services afin d’ôter à votre frère l'envie de recommencer à vous duper ; en le privant par exemple de certaines de ses relations les plus chères. Avec tout le respect que je vous dois, Capitaine Lokhi, et vous savez du reste que j’admire votre façon de commander cette Arche et vous respecte pour votre courage, il me semble que votre jeune frère doit apprendre à vous craindre davantage et à faire preuve d’un peu plus de retenue s’il ne veut pas perdre des plumes. »

Focalisé sur ses mains, il les ouvrit comme si tout à coup il accueillait à l'intérieur d'elles un pouvoir immense : celui de vie et de mort sur les êtres qu'il voulait voir persister ou disparaître.
Modifié en dernier par Ahmès le 12 oct. 2020, 22:19, modifié 2 fois.
Ahmès Rahadriel Rohomir | Voie de l'assassin elfe noir
Profil : For 8 | End 10 | Hab 10 | Cha 10 | Int 8 | Ini 10 | Att 10 | Par 10 | Tir 10 | Foi | Mag | NA 1 | PV 16/55
Fiche personnage : Lien

États Temporaires
* Exsangue : Après avoir perdu beaucoup trop de sang, tu es anémié. Tous les efforts physiques se font avec un malus de -1.

Compétences
  • Combat
    • Ambidextrie (A)
    • Acrobatie de combat (A)
    • Esquive (A)
    • Parade (A)
    • Tir à déclenchement rapide (B)
  • Perception
    • Acuité visuelle (B)
    • Lecture sur les lèvres (E)
    • Vision nocturne (E)
    • Sixième sens (B)
  • Adresse
    • Déplacement silencieux (B)
    • Mort silencieuse (B)
    • Escalade (B)
    • Camouflage (B)
    • Vol à la tire (B)
  • Physique
    • Résistance accrue (B, Spécialisation : Poison)
  • Connaissances
    • Préparation de poisons (E)
    • Piégeage (A)


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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Fellheart avait commencé à écouter les suggestions en hochant légèrement de la tête. Il se détendait sur son fauteuil, se vautrait légèrement, en se laissant servir un beau verre de cognac qu’il pouvait boire à présent qu’il ne camouflait plus son visage derrière son gros heaume de métal doré.
Mais lorsque les propos d’Ahmès tournaient autour de son frère, son expression changea du tout au tout. Il haussa un sourcil, et leva un doigt pour le poser contre sa tempe. Une sorte de rictus sardonique se dessinait à la commissure de ses lèvres.
Il tendit son verre à l’esclave pour s’en débarrasser.

« Sicaire, vous ne semblez pas avoir l’habitude de parler à des nobles. Je vais donc être immensément généreux, et vous offrir une mise en garde qui pourrait bien vous être très utile lorsque vous aurez l’occasion de parler avec d’autres nobles de la ville. »

Il se pencha en avant, et fit un signe dédaigneux du doigt pour enjoindre Ahmès à s’approcher.

« Ne vous avisez jamais, jamais, de dire à un Dynaste de quelle façon il doit s’occuper de sa propre famille. Je vous offre le vin et la chair tendre pour vous divertir, mais ne pensez pas un seul moment qu’on ait gardé la chiourme ensemble. Je me torche le cul avec l’opinion que vous pouvez bien vous faire de ma manière de commander. Apprenez la place qui est la vôtre. Vous êtes payé pour tuer. Le commanditaire ne fait que donner un nom. »

Sa voix était devenue immensément grave, et son regard rougeâtre beaucoup plus intense qu’à l’ordinaire.
Il apparaissait très clairement qu’il n’appréciait pas la manière de faire d’Ahmès.

« Nous n’avons pas été payés, maître Fellheart. Pas encore. »

Masthel resta bien flegmatique, avachi sur le divan. Peut-être essayait-il de voler à la rescousse de son apprenti.
Mais Lokhir parut nullement impressionné. Il se releva de son fauteuil en attrapant son casque doré.

« Et vous ne gagnerez pas votre croûte en parlant ainsi. Croyez-moi, je suis bien plus tolérant que les autres hommes de qualité de Karond Kar, mais même ma propre patience à des limites.
Maintenant j’ai mieux à faire que de tailler le bout de gras avec vous. J’ai des Corsaires à diriger. Restez ici à profiter de mon hospitalité, je vais transmettre vos prérogatives à ma sœur, et c’est elle qui servira d’intermédiaire. Je suis un simple armateur, mon affaire c’est diriger une Arche et des guerriers. Elle s’occupe de toutes les contingences matérielles que vous pourriez avoir, et servira d’intermédiaire bien discret, malgré sa naissance. Vous verrez.
Maître Ahmès, veuillez être plus courtois et excellent avec elle que vous n’avez osé l’être envers moi. C’est une dame sans doute plus élégante que moi, mais elle tient à garder ses affaires en ordre.
Maître Masthel. »


Masthel le salua d’un simple hochement de tête. Il attendit bien qu’il ait tourné le dos, descendu les marches, et commencé à partir vers le pont principal pour enfin se permettre de ricaner et de se fendre d’un commentaire.

« T’es très fort pour te faire des amis, Ahmès.
Quel phénomène, ce Lokhir. Aussi changeant que l’océan. Enfin, j’espère que sa famille n’a pas hérité de ses traits, autrement ils seront des employeurs pénibles. »


Masthel se leva de son fauteuil pour s’approcher du bout du château de proue. La vue sur Karond Kar grossissait avec chaque minute, tandis que des reavers légers guidaient l’imposant bâtiment qui pénétrait dans la rade. Un sourire satisfait déridait un Masthel d’ordinaire bien plus froid.

« Lorsque j’avais ton âge, j’écumais cette ville. Un Elfe peut tout gagner ici, s’élever très vite – et chuter tout aussitôt.
Nous n’aurons pas beaucoup d’amis, ici, excepté le Temple de Khaine. Mais même le Temple de Khaine n’arrive pas à s’imposer aussi fortement que dans d’autres cités. Il y a des serviteurs d’autres cultes ici.
Y comprit de Celui-Assoiffé. »


Le Grand Serpent. Le Tentateur. Slaanesh, si on osait dire son nom. Une influence pernicieuse sur la société Druchii, une menace constante – Sa Majesté Malékith en avait prohibé la vénération, et les serviteurs de Khaine avaient comme ordre zélé d’en décapiter les fidèles.
Mais il y avait bien des Elfes pour menacer leur race en osant se répandre dans Ses frasques. Peut-être ici plus qu’ailleurs.

« Fait attention avec les nobles. Des fois paraître trop serviable, ça se retourne contre toi. C’est plus agréable de négocier des contrats avec la Pègre, mais ils payent moins.
Des tas de gens qui sont prêts à verser de l’or pour des lames, ici. Nous ne devrions pas être au chômage bien longtemps.
Je me demande qu’est-ce qui a changé, depuis la dernière fois que je suis venu. Je m’étais juré de ne jamais y remettre les pieds. Mais toi, tu t’y plairas. C’est un endroit qui te correspond bien. »


Il souriait en disant ça. Un petit sourire taquin. C’était à se demander si cette phrase était un compliment, ou une insulte – le genre d’ambiguïté qu’il adorait.

« Je vais me dégourdir un peu les jambes. Amuse-toi avec l’hospitalité de maître Fellheart. »

Il sauta au-dessus de la rambarde du château de proue, et se mit à marcher le long de la lignée de balistes de bâbord. Il laissait ainsi Ahmès seul, au milieu des divans, de l’alcool, de la bouffe exotique, des parfums et des tapisseries – et de quatre esclaves les mains dans le dos, à moitié courbés, les visages camouflés derrière ces espèces de masques blancs, laiteux, qui ne laissaient apparaître qu’une expression figée et neutre.



L’Arche Noire manœuvrait. Lente, pesante, comme une espèce de gros animal sans noblesse. Il fallait voir à quoi ressemblait un embarcadère d’Arche Noire. C’était plus qu’un navire, c’était un donjon sur un roc, une construction qui défiait absolument toute logique maritime et qui vomissait des bêtes et d’autres vaisseaux. Avoir une Arche Noire, c’était déjà être un autre genre de Druchii – c’était avoir un pouvoir suprême au-dessus des autres.
Il fallut au moins deux bonnes heures à perdre le temps que des manœuvres et des sbires en tout genre sautillent d’un pont à l’autre, et que le tout se stabilise dans de grands fracas – la tour principale de l’Arche était bien l’organe d’où tout se déployait, et les Sorcières du Couvent, sûrement bien plus payées qu’Ahmès ne pouvait rêver, étaient certainement celles qui importaient le plus dans le déplacement.

Mais finalement, l’Arche Noire était amarrée. Et alors, des Corsaires rassemblaient leur barda sur le pont principal. Tout un tas de marins vêtus de kheitans noirs, les yeux entourés de cernes, mais bien plus souriants qu’à l’ordinaire. Ils étaient rentrés chez eux, ceux-là. Ils devaient avoir la joie de l’expédition bien menée. Tous n’avaient pas eu cette chance.
Les Singes Bretonniens s’étaient bien défendus. Si certains pouvaient se vanter de nouvelles cicatrices, d’autres n’auraient plus jamais l’occasion de se vanter de quoi que ce soit.

Masthel réapparu peu après. Il revint dans le château de proue, retrouvant son apprenti auquel il avait laissé un quartier libre bien mérité. Il se contenta de l’appeler en sifflant.

« Nos consœurs, les Furies de Khaine, ont un usage à Karond Kar : Elles ont le droit de prélever un dixième d’esclave sur toutes les cargaisons entrant en ville, et elles se réservent évidemment les morceaux qui leur plaisent le plus.
Le temps qu’elles arrivent, la Tour de l’Effroi Béni est bloquée et son équipage ordonné de rester amarré. Mais nous ne sommes pas membres de l’équipage.
On va faire un tour. »


En descendant du ponton, et en traversant les nombreuses passerelles et chemins de ronde du navire, Ahmès put un peu mieux comprendre pourquoi les Corsaires avaient abandonné leurs postes en ramassant tout leur équipement. Le temps que les Furies arrivent pour chercher la part qui reviendrait au Saint Khaine, Lokhir Fellheart avait décidé de se donner en spectacle. Avec son masque doré sur la tronche, il était dans la grosse fosse au milieu de la « cour » du château-navire, et, serrant des mains à des Corsaires, ainsi qu’à d’élégants messeigneurs tout vêtus de soie teinte du Cathay qui venaient certainement d’arriver pour observer le retour de leur prodigue poulain, il se mettait à se répandre dans de grands discours grandiloquents, sous les sifflets encourageants et les applaudissements de ses matelots.

« Cognac ! Douze ans d’âge ! C’est que ça change de la cervoise, pas vrai ?! C’est pas les Drakilos qui vous ramènent du cognac dans cette ville ! Je vais en offrir trois tonneaux à la cour de Naggarond, c’est une boisson digne de Malékith elle-même !
Où est-ce qu’il emmène son équipage, Tevras Drakilos ? Et cette triste Evarnene Uroxis ? Est-ce qu’ils affrontent les plus grands navires du Vieux Monde, le fleuron de la marine Bretonnienne, pour offrir à leur Roi et à leurs corsaires les plus beaux destriers, le meilleur vin, les esclaves les plus tendres ?!
Ah je ne vais pas leur reprocher – C’est certain que piller la Norsca c’est plus simple ! C’est sûr que l’Ostland minutieusement ravagé oppose moins de résistance ! Qu’en dites-vous Corsaires ?! On va pas reprocher à Tevras Drakilos d’avoir peur d’une bordée de canons, il pourrait y perdre un peu de sa touffe !
Moi je suis laid comme un pou, pour ça que je ne me poudre pas avant l’abordage ! Mais pour les Elfes, on cherche du goût qui ne peut convenir qu’aux Elfes ! »


Il était bien heureux de sa virée. Et il semblait être bien prêt à dilapider les fruits de sa récolte. Ahmès l’avait trop vu : Les armateurs n’affrontaient pas la mer et les galions du Vieux Monde que pour leur propre richesse. Ils s’achetaient des faveurs en faisant des cadeaux partout. Les Furies auraient de beaux sacrifices, ses Corsaires, de biens forts bras qui rendent de bons services, auront leur part. Les grands dynastes qui bourdonnent autour du Drachau iraient répéter son nom, et, avec un peu de chance, on connaîtra le patronyme de Fellheart jusqu’au Conseil Noir de Naggarond.
Restait à savoir si c’était la même générosité dont Ahmès allait pouvoir profiter.

L’ambiance changea alors que Masthel sauta sur le quai. Les deux assassins remontaient les embarcadères de la rade, foulèrent enfin de la terre ferme après des semaines passées en mer, et se retrouvaient au milieu d’un quartier qui, visiblement, correspondait bien aux stéréotypes de Karond Kar.
C’était un vieux marais puant. Une terre froide et stérile. De gros bâtiments assez grossiers, empilés les uns sur les autres, surveillaient d’immenses cages de toutes les tailles. Des Elfes roturiers, sobrement habillés, vagabondaient par petits groupes avec des armes, tandis que d’autres avec des capes démodées, sûrement des nouveaux riches, sortaient des calepins et de la paperasse, se préparant à étudier la cargaison de Fellheart.

« Tout ce beau monde qui attend avec anxiété que les Furies arrivent. Des fois, nos sœurs font exprès de les faire patienter pendant des heures, histoire de bien leur rappeler l’obligation de la dîme.
Leur Temple te sera toujours ouvert. Où que tu ailles dans tout Naggaroth, tu seras toujours un enfant de Khaine. »


Il indiqua à Ahmès un porche. Devant une sorte de cabanon de pierre, entouré de bannières faisant flotter les armes de la famille Fellheart, quelques corsaires montaient la garde, arbalètes automatiques à la main. Autour d’une table, sous le-dit porche, il y avait une grande table où on avait déployé une sorte de carte. Un Elfe était en train de désigner quelques points sur cette carte, tandis qu’une femme restait les mains croisées dans le dos, à regarder.
Ahmès et Masthel s’en approchèrent. Par pur réflexe, les corsaires montant la garde parurent soudain bien alertes et menaçant, levant leurs arbalètes à l’épaule pour mimer une quasi-posture de tir. En les voyant faire, la femme Elfe fit un simple signe de la main pour arrêter leur mouvement. Elle contourna la carte et leur fit un signe de tête.

« Mon frère ne vous a-t-il pas dit d’attendre sur son Arche ?
– Votre frère va être occupé à impressionner des aristocrates un moment, et vous allez l’être avec les Furies. Je l’ai vu descendre pour vous parler de là-haut, je préfère enchaîner vite, dans nos intérêts à tous. Si vous le permettez...
– Je le permets. »

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Elle ne ressemblait pas énormément à son frère. Elle avait un teint plus agréable, amélioré par le maquillage. À la place de cheveux noirs bien gras, elle avait une chevelure blanche qui tombait en mèches jusqu’à son dos. Elle était très bien habillée, avec goût, portant une longue robe noire couverte de bijoux, des boucles qui ornaient ses oreilles, et elle tendait une main couverte de bagues pour que les serviteurs de Khaine puissent l’embrasser.

« Trathil Alethi. Vous êtes… Comment, déjà ?
– Masthel. Et Ahmès. »

Trathil Alethi – pas Fellheart. C’était très probablement une femme mariée. Après qu’Ahmès ait embrassé sa main, elle fit un signe de tête à celui qui restait planté derrière, avec sa carte.

« Je n’en ai pas pour longtemps.
– Évidemment, maîtresse. »

Il replia la carte rapidement, claqua ses bottes sur le sol, et s’éloigna aussitôt sans offrir un seul regard aux assassins de Khaine. Sitôt parti, les corsaires aux arbalètes se reculèrent également, afin de ne plus être à portée de voix. Cela ne les empêchait pas de lancer quelques regards suspects de temps à autre dans leur dos, craignant peut-être pour la vie de leur employeuse.

Trathil s’avança devant les deux tueurs. S’asseyant à moitié sur la table, elle croisa les bras, et se mit à les étudier de son regard tous les deux, tour à tour.

« Lokhir m’a parlé de votre affaire, en effet. Et de vos requêtes un peu… Spécifiques.
Enfin, pour être tout à fait franche, il me les a exprimés dans des termes disons… Empressés. Et colorés.

– Que vous a-t-il dit ? »

Elle observa Ahmès un peu plus intensément.

« Il m’a dit… Pardonnez, ce sont ses paroles à lui et non les miennes : « Le vieux con pense qu’au fric et le rejeton a une langue qu’on devrait arracher. »
Mon grand frère est souvent un peu… un peu bougon lorsqu’il a passé un moment en mer.

– Bougon. Oui. C’est bien ce qui lui correspond. »

L’humour pince-sans-rire de Masthel sembla avoir son effet, parce que Trathil offrit un petit sourire assez doux à Ahmès.

« Vous êtes des assassins. Votre métier est de tuer. Mais il faut que vous compreniez que cette situation est légèrement compliquée pour nous, et ne tombe pas au moment le plus opportun. J’ignore à quel point je puis me confier à vous. Ce sont des secrets, et on ne dilapide pas des secrets à n’importe qui.
– On prend un nom. On tue. C’est tout ce qu’on est censés faire.
– Vous ne mêlerez pas Skaris à cette affaire. Même si Lokhir vous a dit que c’était à lui de donner un nom afin que vous accomplissiez votre office.
Vous allez tuer Lhunara Lucari. C’est une des filles du patriarche. Vous allez la trouver, l’assassiner de la manière que vous souhaitez, et en échange, je vous payerai trois cents souverains d’or. »


C’était une somme généreuse. Généralement, un petit noble se payait plutôt dans les cent, cent-cinquante. Mais il y avait toujours des suppléments que Masthel grattait – certains dynastes avaient des requêtes originales, et pour faire souffrir, il fallait mettre la main à la bourse. D’autres voulaient simplement faire disparaître, et alors, il y avait un forfait pour le nettoyage. Tout un tas de conditions qu’on pouvait librement négocier.
Mais la manière qu’avait la sœur de Lokhir de soudainement changer le contrat d’origine pouvait éveiller les suspicions.

« J’ai une esclave qui peut vous guider dans le Placître. Vous offrir un appartement dont j’ignorerai moi-même le lieu – bien sûr, vous pourrez douter de la loyauté qu’aura un esclave à votre encontre, mais enfin, c’était votre suggestion, pas la mienne.
Si vous souhaitez d’autres ressources, je peux vous en donner. Si vous souhaitez une avance sur la somme, je peux vous accorder jusqu’à trente souverains – histoire de vous acheter éventuellement de l’équipement, ou des faveurs.
Les termes vous conviennent-ils, maître Ahmès ? C’est bien comme ça que l’on fait ? »

Jet de charisme d’Ahmès.
Malus : -2 (Patience de Lokhir entamée)
Jet : 18, échec de trop.

Tentative de Masthel de sauver la mise à son apprenti.
Jet : 17, échec également.
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Ahmès
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Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

Message par Ahmès »

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LA PORTE DES ESCLAVES


Quelle ne fut son désappointement lorsque, balayant d’un revers de main toutes ses avances, le Capitaine Lokhir Fellheart apprît au Poignard de Khaine à tenir sa position, le laissant aviser de qui était le véritable noble entre eux. Ahmès, bousculé par une réplique des plus incisives, dût ravaler sa salive tout en s’efforçant, assez difficilement, de ne pas laisser son faciès éponger ses émotions et manifester ses failles. Sa négociation fut un échec, et menaça presque de mettre un terme définitif à leur entente. Si avide que fut l’Apprenti en voulant ouvrir ses ailes pour paraître plus grand qu’il ne l’était encore, il ne se rendit pas compte qu’en écartant ses plumages il dévoilait ses parties les plus vitales, ouvrant sa garde et offrant l’opportunité à son vis-à-vis de lui asséner un coup fatal qui ne se soucierait pas de l’envergure de ces élytres déployées.

Lokhir n’eut qu’à tendre ses lèvres pour planter son procès en plein cœur de l’Apprenti. Ahmès avait fait l’erreur de croire qu’il pouvait convaincre ce Corsaire de haute réputation, et il se maudît intérieurement à la réflexion de n’avoir pas mesuré la force des convictions de ce parangon des conquêtes : le Capitaine ne fut pas dupe, et ne demanda rien de plus que ce qui lui paraissait nécessaire. L’habileté de son interlocuteur ne fut pas suffisante pour découdre ses intentions, et l’intervention du Maître ne fit que corroborer le sentiment de défaite qui s’instilla dans l’esprit du futur assassin, qui vit somme toute son client partir et le laisser comme charogne au soleil.

Le Mentor eut à cet instant un mot tout avisé pour son disciple, jugeant à priori bon de le mettre en garde sur les dangers qui pouvaient guetter les rues de Karond Kar. Il évoqua tant la faiblesse du Temple de Khaine en ces lieux que l’existence probable du culte de Celui des Plaisirs, considéré par l’Apprenti comme un fléau parmi les druchiis. Ahmès jeta des yeux contemplatifs en observant l’Arche immense s’équilibrer aux quais de la cité. Savoir que Khaine était de son côté lui était d’ordinaire assez arrangeant et le soulageait de nombreuses tensions ; savoir qu’il ne serait peut-être d’aucun secours ici le mit face à la réalité.
Il n’avait pas le droit d’échouer ici. Toute défaite pouvait rapidement devenir mortelle.

« Merci pour votre précieux enseignement, Maître. »

Glissa-t-il lorsque Masthel le quitta, le laissant seul dans un univers de doutes. Ahmès resta un long moment avec les serviteurs du Grand Corsaire au Masque Doré, à remettre le puzzle en place. Plongé dans ses réflexions, il ne vit pas le temps passer et fut seulement tiré de sa torpeur que lorsque le navire commença à toiser Karond Kar de sa coque de granit ; moment que son Maître décida de juger propice à leur départ.

Sitôt que le navire colossal s’amarra, entouré de ses Reavers traçant sur les remous, Ahmès et son Maître descendirent des ponts comme s’ils quittaient un continent pour en aborder un autre. L’Arche Noire était si grande qu’elle paraissait être une cité massive, s’accrochant par d’étranges sortilège à cette autre cité encore plus massive qu’était Karond Kar. L’arrivée des Corsaires de Lokhir Fellheart ne se fit pas sans bruit, le grondement des roches de l’Arche Noire se mêlant aux échos des chaînes métalliques qui vinrent soutenir les ponts déployés ; d’immenses structures aux architectures invraisemblables pour permettre le passage de centaines de protagonistes, mais aussi celui de bêtes cyclopéennes. Il fut impressionnant de songer qu’un seul homme pouvait posséder tout cela : Ahmès, en voyant les êtres déferler des porches de l’Arche Noire, comparât à cet instant le terrible Lokhir à un grand Seigneur régnant sur un titan immortel. Il se rendit compte, soudain, de sa bêtise, et du prestige et des privilèges qu’il put avoir, auprès du Maître, pour avoir de si près côtoyé un tel phénomène. Toute la noblesse de Karond Kar s’était rassemblée pour l’aduler, lui qui se plût dès lors à jeter l’infamie sur d’autres concurrents préférant aux périls des grandes escapades les eaux plus fragiles de la Norsca.

Suivant la foule sans se préoccuper des cris et des esclaves se mettant en branle pour délester l’Arche de ses convois de marchandises, les deux assassins contournèrent les axes principaux qui menaient aux quais et notamment sur le plateau en contrebas où Lokhir Fellheart, ouvrant ses bras à la foule, commençait d’ores et déjà à se donner en spectacle en attendant la dîme des Furies de Khaine. Mais au lieu de poursuivre dans la continuité logique des passerelles pour rejoindre leur employeur, les assassins se laissèrent soudain choir par-dessus les clôtures renforcées servant de corde de sécurité pour éviter les chutes mortelles des marins défiant la houle ; et retombèrent, tel deux félidés, sur les quais de la rade. Toute l’attention s’était cristallisée sur l’arrivée théâtrale de Lokhir ; aussi, cet être aussi visible que l’astre solaire permît d’étendre les ombres à l’abri des projecteurs braqués sur lui, offrant un terrain propice à Masthel ainsi que son disciple pour disparaître.

Les deux druchiis, abordant la cité avant tous les autres et s’étant évanoui dans la nature sans qu’on les remarque, longèrent les écluses en jetant de temps en temps des yeux alertes à l’immense Arche flottant près des piliers d’amarreurs comme un géant endormi à la surface des eaux troubles. Leur capuchon sur la tête, ils profitèrent de la dissimulation propice que leur offraient les étoffes de tissus imprégnés de magie de la combinaison d’assassin de Khaine pour se fondre dans le décor et sa pénombre. Ils n’ôtèrent leur capuchon de cuir que lorsque se dévoila devant eux un des piteux quartiers de cette cité maudite. Le Mentor eut alors un mot pour son Apprenti, ce à quoi ce dernier se contentât de répondre par un simple acquiescement.

Après avoir marché un peu, un porche orné des bannières de la lignée des Fellheart se présentât à eux comme l’étape logique de la suite de leur aventure. Ils passèrent, avec l’aval de la sœur de Lokhir qui se dévoila, la garde tenue par les Corsaires.

Ahmès ne resta pas insensible au charme de Trathil. La druchii devait avoir peut-être une ou plusieurs centaines d’années, chose dont il ne se préoccupa guère au demeurant, lorgnant davantage sa beauté que les pronostics d’un âge inconnu. Le fait qu’elle fut de haute dynastie ne fit que l’embellir aux yeux de l’Apprenti qui du reste ne se détourna pas de sa tâche : il ne s’agissait pas pour eux de conquérir le cœur d’une belle, mais de négocier un contrat. Par usage, Ahmès s’inclina et embrassa la main de la précieuse ; tenant sa senestre, il tenta de définir son humeur. Était-elle plutôt ferme, fuyante, molle ? Un premier indicateur qui l’aiderait à juger de bon aloi la nature de ses répliques.

Ferme.

Dès lors qu’ils commencèrent à échanger, Ahmès vit son Maître ouvrir à l’échange. Le disciple ne se contenta pas d’attendre : il analysa chacune des réactions de Trahil, scruta ses expressions afin d’en lire les secrets. Le sourire qui naquît sur le faciès de la druchii lui plût, car il augurait une brèche entre elle et son frère. Pour autant, il avait bien appris la leçon avec le Seigneur Corsaire : mieux valait ne pas se montrer trop présomptueux. Il attendit qu’elle s’exprime plus librement pour anticiper sa réponse.

Elle avait détourné la mission en sa faveur. Balayant l’importance de son cadet, laissant à la porte les consignes de Lokhir, elle proposa aux assassins de renégocier les clauses de leur contrat. Ahmès réfléchît sitôt qu’il entendît le nom d’une cible toute désignée : Lhunara Lucari. Et tandis qu’elle poursuivit sur l’énoncé de la proposition, il la tutoyât du regard en remettant les éléments en ordre à l’intérieur de son esprit.

Trathil était intelligente, assez pour détourner le contrat dans son sens : en cela, elle représentait un danger pour les assassins.

« Dame Trathil Alethi. »

Rétorqua-t-il calmement, lui faisant découvrir sa voix sifflante pour la première fois, et habillant son faciès d’un fin sourire pour adoucir les mœurs.

« Vous nous mettez, mon honorable Maître et moi, dans une position embarrassante, et je devine que la somme importante que vous nous proposez s’accorde à acheter notre silence sur le remaniement des consignes que nous avons eu de votre frère. Il s’agissait pour nous d’obtenir et d’éliminer un nom que votre plus jeune frère aurait choisi. Nous ne connaissons pas véritablement les secrets de vos liens familiaux, et n’avons par ailleurs pas nécessité d’en savoir plus : notre mission consiste à tuer, comme souligné. J’espère seulement que le motif qui vous anime pour éliminer cette Lucari est en adéquation avec ce que le Seigneur Lokhir Fellheart attend de nous… »

Il croisa ses bras dans son dos, observa au dehors afin de s’assurer qu’aucune oreille indiscrète ne tentait d’espionner leur échange.

« Mais vaille que vaille, les termes de notre accord ne me semblent pas être spoliés par cette bifurcation. J’accepte votre proposition. C’est un honneur pour moi, Dame Trathil Alethi, de pouvoir être votre loyal assassin. »

En faisant cette déclaration, il s’inclina tout de go. La conversation achevée, il tourna les talons après avoir dûment respecté les coutumes habituelles de salutations cordiales, en bon serviteur qu’il devint. Dame Trathil Alethi fut sa toute première inquisitrice, il se jura de ne jamais oublier ce nom, et précédant son maître il se déroba à ses paroles pour aussitôt se rendre disponible : en priorité, il devait rencontrer cette esclave, trouver un toit, et élaborer un plan méticuleux après avoir obtenu les informations sur la famille Lucari, sur l’héritière Lhunara, mais aussi sur tout ce qui était en orbite autour de cette mission : les relations entre les Fellheart et les Lucari, les rumeurs des basses-rues sur le lien possible entre Skaris et ces derniers, mais aussi celles qu’il pouvait y avoir entre Lhunara et Trathil. Bon gré, il en profiterait pour réfléchir à ce qu’il devrait faire, en cas de pépin, pour se débarrasser de ses potentiels ennemis ; à cet égard, il eut une réflexion toute pernicieuse sur la façon dont il pourrait exécuter l’esclave qui servirait de relais entre lui et Trathil ; mais également une autre, qui se focalisât notamment sur le nom Alethi que portait la sœur de Lokhir Fellheart. D’une certaine façon, il songeât que la faire veuve pourrait peut-être, sous certaines conditions, lui être bénéfique…
Modifié en dernier par [MJ] La Fée Enchanteresse le 15 sept. 2020, 15:47, modifié 1 fois.
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Ahmès Rahadriel Rohomir | Voie de l'assassin elfe noir
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États Temporaires
* Exsangue : Après avoir perdu beaucoup trop de sang, tu es anémié. Tous les efforts physiques se font avec un malus de -1.

Compétences
  • Combat
    • Ambidextrie (A)
    • Acrobatie de combat (A)
    • Esquive (A)
    • Parade (A)
    • Tir à déclenchement rapide (B)
  • Perception
    • Acuité visuelle (B)
    • Lecture sur les lèvres (E)
    • Vision nocturne (E)
    • Sixième sens (B)
  • Adresse
    • Déplacement silencieux (B)
    • Mort silencieuse (B)
    • Escalade (B)
    • Camouflage (B)
    • Vol à la tire (B)
  • Physique
    • Résistance accrue (B, Spécialisation : Poison)
  • Connaissances
    • Préparation de poisons (E)
    • Piégeage (A)


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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Dame Trathil observa rapidement Ahmès, de la tête aux pieds. Que cherchait-elle à découvrir en l’observant ainsi ? Difficile à savoir, tant l’expression de son visage demeurait impassible.
Ahmès et Masthel n’avaient pas de signes extérieurs qui indiquaient leur allégeance. Ce serait idiot de la part d’assassins reposant sur le subterfuge d’être clairement repérables comme tel : Les Druchiis aiment s’imaginer les serviteurs de Khaine comme de sombres épouvantails, recouverts de longues capes de la même couleur que la nuit, mais leurs « tenues d’offices », celles dont ils se recouvrent pour arpenter les toits et se glisser à travers les fenêtres des habitations de leurs victimes, sont toujours portées sous des chapes et des mantels absolument communs. Était-ce ceci qui la surprenait ? Pensait-elle trouver une preuve de sa compétence simplement en regardant longuement son costume, sous lequel elle pouvait deviner des lames imbibées de poison ou des arbalètes tirant des traits mortels ?

Elle leva le menton et lui répondit avec un ton fort emprunté, pérorant comme seule une noble pouvait le faire.

« Je ne me mettrais jamais en travers du chemin de mon frère et seigneur Lokhir. Pas même pour mon époux.
– Pas même pour Sa Majesté Malékith ? »

Masthel affichait un sourire fort hautain. Trathil le foudroya d’un simple regard en coin, sa prunelle noire, ressortant avec le maquillage qui entourait ses yeux, se posa froidement sur lui, et le mentor semblait se délecter d’ainsi faire subtilement réagir son client.
Cela faisait maintenant plusieurs millénaires que Malékith dirigeait les Druchii. Il n’avait jamais eu un seul successeur. Dans une société aussi traître que celle des Elfes Noirs, c’était déjà un fabuleux exploit en soi – le Royaume de Naggaroth avait connu son lot de coups d’États, d’intrigues, de tentatives avortées d’assassinats ou de putsch militaires, mais tous avaient échoué, et les contre-attaques de Malékith ont toujours su plonger ses sujets dans une terreur crasse. Il semblait avoir des agents partout, et rien que chuchoter son prénom forçait les plus ambitieux des enfants de Naggarythe à marquer une pause et à regarder par-dessus son épaule de crainte d’être surveillé.
En tant qu’enfants de Khaine, Masthel et Ahmès avaient une loyauté à la Religion, et la Religion de Khaine s’était liée au destin de Malékith, qui l’utilisait librement comme une arme politique.

« Le Temple aura son dû.
– Il l’obtient toujours.
Avez-vous d’autres informations à nous donner sur la personne que vous avez nommée ?

– Non. Je ne vous en donnerai pas. Autrement, j’aurais pu charger des sicaires bien moindres de cette tâche, et non des enfants de Khaine.
Je vous demande juste de l’assassiner, de la manière que vous voudrez, sans vous faire repérer, ni laisser de messages – son père comprendra bien assez. Vous êtes sûrement bien assez compétents pour vous renseigner vous-mêmes, trouver sa trace, la traquer, et remplir votre office.
L’esclave qui servira d’intermédiaire entre nous se trouve à l’intérieur. Elle s’occupera de vous rémunérer.
Nous ne nous reverrons probablement pas. »


Masthel et Ahmès firent tous les deux un seul pas en arrière, et une révérence très ample ; le même genre qu’un roturier se devait de faire devant un noble. Mais il n’y avait aucune reconnaissance de soumission dans le geste, et Masthel l’avait bien fait comprendre dans sa question quant à la place de Malékith dans l’esprit de l’aristocrate.
Ils étaient des sicaires, mais certainement pas des larbins. Les contrats des assassins de Khaine sont sacrés, à une hauteur religieuse ; mais les noms, comme les fortunes, ne cessent de changer.

S’écartant subtilement, Ahmès et Masthel entrèrent donc dans le bâtiment portant les armoiries de la famille Fellheart. Poussant une petite porte en bois, ils découvrirent ce qui était un grand entrepôt, actuellement plutôt vide. Quelques caisses tout au fond d’un grand garage étaient surveillées par deux Elfes armés en train de s’échanger une pipe l’un après l’autre. C’était sûrement l’endroit où Lokhir stockait les biens non-vivants issus de son pillage : il avait ramené de Bretonnie du cognac dont il était très fier, nombre de liqueur, de draps et d’armes qu’il allait pouvoir troquer et vendre tout autour de la cité. Le grand nombre de gens armés qui se baladaient autour du bâtiment laissait deviner les risques de vols qui sévissaient autour de la rade.

Il fallait trouver l’esclave désigné par dame Trathil. Masthel et Ahmès se placèrent dans un coin, près d’une rambarde, en faisant comme s’ils avaient leur place ici. C’était quelque chose pour quoi Ahmès avait été entraîné, un fait fascinant : Lorsque l’on marche quelque part en ayant le bon costume, et en ignorant tout le monde, en faisant mine d’être parfaitement à sa place, personne ne pose jamais de questions. Lorsqu’il était tout jeune, Masthel avait appris à Ahmès à se parfumer, à se vêtir de belles soieries, et à débarquer dans des réceptions de nobles orgiaques dans lesquelles il n’était pas invité. Après avoir passé de longs moments à peaufiner sa technique, il était à présent capable d’entrer dans des endroits interdits au public sans trop de mal. Le bon costume et le bon comportement, c’est tout ce qu’il fallait.

« Le cognac, il faudra y goûter – peut-être peut-on le vendre pour un souverain le litron. C’est de la boisson d’humains, c’est moins en vogue que les liqueurs provenant d’Ulthuan, c’est certain. Mais j’ai toujours trouvé que les singes savaient y faire en alcool. Quel est ton avis là-dessus ? »

Masthel se faisait passer pour un quelconque marchand, au cas où quelques oreilles indiscrètes les surveillaient. Et voilà qu’ils pouvaient discuter de bêtises auxquelles ils ne connaissaient en réalité trop rien : importer ou exporter du cognac n’était pas leur profession.
Il y avait nombre d’esclaves dans le bâtiment. Des humains, tous des hommes, plutôt costauds, portant un collier autour du cou pour marquer leur appartenance. Ils commençaient à se regrouper et à parler entre eux dans leurs langues primitives. Ils étaient sûrement en train d’attendre que les Furies viennent chercher leur dîme pour ensuite se mettre tout en hâte de décharger des caisses et de faire rouler des tonneaux.
Trathil avait bien précisé que l’esclave serait une femelle. Ce ne devait donc pas être l’un de ces primates aussi bourrus que solides.

Tandis que les deux Khainites faisaient semblant de s’y connaître en négoce, Ahmès put découvrir une jeune Elfe qui n’était pas à sa place. Elle ne portait pas d’armes, contrairement à tous les vigiles qui faisaient le piquet devant les portes. Elle était plutôt sobrement habillée, d’une simple robe qui marquait sa taille et dénudait ses bras, autour desquels on trouvait quelques bracelets. Elle vit les deux faux-négociants en train d’attendre dans leur coin, et alla tout droit vers eux. Masthel leva le museau et scella ses lèvres, attendant qu’elle se présente.

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« Maîtres ? Seriez-vous… Les invités de dame Trathil ? »

Masthel fronça les sourcils en l’étudiant. Et puis, soudain, il approcha ses lèvres de l’oreille d’Ahmès, en ayant probablement compris en même temps que lui.

« Aaaah…
C’est une Asur. Ça, c’est intéressant. »


Aucun Druchii ne peut être réduit en esclavage. L’idée serait parfaitement répugnante pour un Elfe Noir. Le tabou suprême. On peut détruire un de ses ennemis, on peut l’égorger, l’empoisonner, l’énucléer, le castrer, le violer, lui subtiliser tous ses biens, l’humilier devant ses pairs et l’ostraciser – tout ça, ça fait partie du jeu. Mais le rendre servile ? Jamais.
Les Asurs, en revanche, les cousins traîtres, sont les plus beaux des esclaves et des souffres-douleurs. Les Druchiis les achetaient à prix d'or, et un seul de ces Elfes devait bien valoir cent ou deux-cent humains, tant les sujets de Malékith raffolaient de leur agonie. Elle n’avait pourtant aucun signe distinctif qui l’annonçait comme tel. Mais ça expliquait probablement comment une esclave pouvait ainsi entrer dans un entrepôt sans se faire trop remarquer.

En tout cas, la femelle-Elfe n’avait pas du tout le même air que Trathil. Elle semblait plutôt parfaitement gênée par la présence des deux faux-marchands, préférant regarder dans le vide que de risquer d’affronter leurs regards.

« Je me nomme Cyssa. Dame Trathil m’a demandé de vous guider à travers le Placître.
– C’est les basses-rues de cette ville, reprit Masthel en observant Ahmès. Un immense trou à rat, rempli de tripots, de bordels, où la plus belle attraction est le Colisée ; Les nobles du coin adorent voir des trucs s’entre-tuer dans les arènes.
Un endroit passionnant.

– Si vous me permettez, maîtres. »

Masthel lui fit un signe de la main, comme pour la congédier. Cyssa s’écarta aussitôt, et marcha d’un pas bien pressé pour s’éloigner, en lançant des regards inquiets derrière elle, pour s’assurer que les deux la suivaient bien.
Ils quittèrent l’entrepôt, et retournèrent sur la rade. Remontant une allée où se trouvaient des cages pour l’heure vide, elle put enfin s’arrêter et parler plus librement aux deux tueurs.

« Bien, Dame Trathil m’a demandé de pourvoir à toutes demandes que vous pourriez avoir… Je vous servirai de guide et d’assistance.
Je… Je connais un endroit où vous pourriez aisément vous réfugier, dans le Placître. Ensuite, j’ignore où vous souhaitez commencer vos investigations.

– On nous a parlé d’une somme convenue d’avance, également. »

Cyssa attrapa une petite escarcelle retenue à sa ceinture, et la tendit à Ahmès. Trente souverains d’or à l’intérieur – une généreuse somme, de quoi s’acheter des armes, des outils, ou bien graisser la patte de sergents de ronde ou d’indicateurs afin d’obtenir des informations.

« Vous devez être une servante de confiance, pour que votre maîtresse vous laisse vous promener avec une telle somme sur vous.
– Je… Je pense avoir toute la confiance de Dame Trathil, oui.
– Mais tu es à nous à présent. Nous te garderons très près jusqu’à ce que nous ayons accompli notre office. »

Elle baissa les yeux. Masthel, lui, posa ses poings sur les hanches, et inspira à plein poumon l’air vicié de la rade.

« Le sel marin et la merde de Harpies – oui, c’est bien l’odeur de Karond Kar !
Alors, dis-moi tout, Ahmès ; Comment imagines-tu la suite des événements, à partir de là ? »


Jet de charisme d’Ahmès : 8, réussite

Gain de trente souverains.

Masthel te fait confiance et tu es à présent prêt à mener de A à Z les investigations ; Mais évidemment, Karond Kar étant une ville à peine décrite dans le lore, tu ne sais peut-être pas où trop commencer. N’hésite donc surtout pas à venir me parler par MP qu’on puisse établir la suite ensemble, et ce que tu souhaites faire !
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Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

Message par Ahmès »

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LA PORTE DES ESCLAVES


Ahmès, les bras en croix et bien droit sur ses jambes, étudiait le tout-venant en ayant des mots volontairement audibles pour celui qui se fit, à cette heure, passer pour son associé, et avec lequel il singea de parler affaires.

« Oui, les singes savent y faire en alcool, il est vrai. C’est bien là l’un de leur seul talent ! Je n’arrive toujours pas à comprendre comment, dans une vie aussi brève, on peut vouloir vivre avec tant d’ivresse… enfin, il faudrait se mettre à leur place. Eux ont peur de la mort, quand nous avons peur de l’ennui de nos longues années. Un souverain le litron me parait bonne affaire, si du moins nous vendons ici ! »

La fausse discussion se poursuivit tandis qu’autour d’eux s’activaient, à éparses endroits, les esclaves. Attentif à leurs moindres faits et gestes, l’aspirant les regarda se regrouper par espèces et s’entretenir de façon relativement discrète, ce qui le conforta dans une chose : lui et son maître n’étaient pas les seuls à aimer singer l’indifférence. Il se douta que ce que pouvaient se dire ces esclaves, si bas furent leurs murmures, n’avait pas vocation à tomber dans l’oreille d’un druchii et cette tension lui procura un certain soulagement ; plus il y avait d’ombres et de non-dits, plus il était facile de maquiller la réalité. La somme importante d’esclaves dans les environs pouvait devenir une aubaine ; si vrai qu’ils étaient autant de paires d’yeux capables, eux aussi, de scruter ses moindres faits et gestes.

Il tenta d’en identifier quelques-uns, parmi les mieux portants et les plus notables. Aucun ne fut le sujet de son rendez-vous, mais tous pourraient devenir, un jour, de potentiels supports. Il se souvint qu’il avait exercé ses premières tortures sur des spécimens de la sorte ; le souvenir du couteau disséquant leurs chairs le fit frémir. Puis, retrouvant sa connexion avec la réalité, il avisa la présence de l’asur, souriant aux mots de son maître lorsqu’il confirma ses doutes. Cette espèce était rare, précieuse et particulièrement onéreuse ; il ne fut guère étonné que Dame Trathil en eût choisi une pour être leur interlocutrice. Il la tutoya du regard, puis la déshabilla des yeux, songeant à ce qu’elle savait d’eux. Était-ce de la réelle confiance entre une maîtresse et son esclave, ou la volonté fourbe d’une Alethi espérant se faire plus impressionnante et ne résistant pas pour ce faire au désir de montrer sa puissance à travers l’étalage de ses possessions ?

D’un pas effleurant les pavés ils la suivirent à travers la rade, se tenant éloignés les uns des autres comme s’ils n’avaient rien à voir entre eux. L’asur qui se tenait en tête jeta à plusieurs reprises des coups d’yeux en arrière ; s’assurant qu’aucun d’entre eux ne la perdait de vue, elle poursuivit jusqu’à arriver à un endroit plus discret, où elle se montra beaucoup moins vague. L’avance fut livrée et Ahmès la délesta de ses trente souverains d’or sans montrer la moindre once de culpabilité. Il défît ensuite la bourse, récupéra cinq d’entre eux, et les brandît devant lui en ne s’occupant qu’à peine des commérages de son maître.

« Tout travail mérité salaire. Voici pour toi. Cinq souverains d’or pour continuer de nous guider jusqu’à notre abri. »

Il insista, poing fermé, pour qu’elle accepte.

« Une fois que nous aurons atteint cette demeure, tu seras remerciée pour tes services aujourd’hui. Tu nous ramèneras de quoi nous repaître demain, de bonne heure, sans te faire voir par la foule. Tu indiqueras à ta Maîtresse que notre rencontre s’est déroulée comme prévue ; et la remercieras, en notre nom, d’avoir pris toutes les précautions nécessaires. Ne lui touche pas mot de ce que nous te donnons ; que cela reste entre nous. »

Puis il jeta un œil à son maître, songeant à la suite de leurs péripéties.

« La mission qui nous est confiée est importante. Je ne l’évoquerais pas davantage en présence de notre belle asur, que je veux préserver du mal, mais j’ai déjà idée, avec ce que vous m’avez enseigné, de la façon dont je vais aborder la suite. »

Il suivit l’asur à travers le Placître. Sa première tâche consisterait, à l’évidence, à en apprendre plus sur la cité, puis sur les Lucari en général ; seulement après, il tenterait d’en savoir plus sur Lhunara. Une patrouille de reconnaissance, avant de se mettre en quête de savoir…

Alors pour le coup, je souhaiterais faire une petite patrouille de reconnaissance dans le Placître afin d'en connaître davantage sur l'endroit, avant que d'envisager de glaner quelques informations sur les Lucari. Merci !
Modifié en dernier par [MJ] La Fée Enchanteresse le 24 sept. 2020, 19:31, modifié 1 fois.
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    • Acuité visuelle (B)
    • Lecture sur les lèvres (E)
    • Vision nocturne (E)
    • Sixième sens (B)
  • Adresse
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    • Mort silencieuse (B)
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    • Camouflage (B)
    • Vol à la tire (B)
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[MJ] La Fée Enchanteresse
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Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

Message par [MJ] La Fée Enchanteresse »

Masthel ne put s’empêcher de sourire en voyant Ahmès rémunérer Cyssa en espèces. Mais s’il avait une réflexion à faire, il décida plutôt de la garder pour lui.
L’Asur, en tout cas, parut très hésitante à prendre l’or que lui tendait l’assassin. Elle regardait la main ouverte sans réagir.
Seule l’insistance corporelle d’Ahmès l’incita à récupérer l’argent qu’elle cacha dans une petite escarcelle à sa ceinture. Et toujours en baissant les yeux. Elle écouta bien tout ce que Ahmès eut à lui dire, et n’approuva que par un petit hochement de tête.

« Je connais le nom de la personne que vous devez occire, maître. Dame Trathil m’a demandé de vous assister autant que je le puisse.
Je sais me repérer dans le Placître. Je peux vous y guider et vous indiquer les personnes importantes. C’est pour cela que j’ai été nommée pour cette affaire. Elle m’accorde une grande confiance.

– Certes.
Bon ! Mettons-nous en route alors ! Nous serons tes chaperons, fille d’Ulthuan. »


Il avait dit ça avec une pointe d’ironie bien sordide, qui convaincu bien assez Cyssa d’immédiatement se retourner sans croiser son regard.
Comme les Druchii haïssaient les Asurs. Les Singes du Vieux Monde ont une grande chance : Ils peuvent aimer les pays dans lesquels ils sont nés, c’est ce qu’on appelle le patriotisme. Mais aucun Druchii n’aime Naggaroth, à moins d’être fêlé – ce qui, en fait, est un qualificatif qui correspond bien à beaucoup d’entre eux. Les sujets de Malékith ont été victimes d’un exil, bannis et reclus au milieu d’une terre stérile, froide, remplie d’une faune prédatrice qui tue sans relâche. Tous les Asurs portent en eux la cause du malheur des Druchii, et depuis des millénaires maintenant, tous rêvent du jour où ils pourront enfin rentrer à Naggarythe et refonder leurs cités perdues.

Mais pour l’heure, il fallait se contenter de Karond Kar.


Ahmès se décida à commencer un repérage rapide de la ville. Lui et son maître marchaient comme ils avaient l’habitude de marcher : L’air faussement nonchalant, sans aucune posture particulière, alors qu’en réalité, ils se relayaient tous les deux pour constamment garder un œil sur une ruelle ou une fenêtre d’où un danger pourrait survenir. C’était un exercice très particulier, qui demandait une grande confiance envers ses camarades. À l’époque où Garekt était encore là, les deux apprentis rivaux étaient obligés de travailler ensemble, se partageant leurs paires d’yeux pour survivre ensemble durant quelques missions particulièrement éprouvantes. C’était peut-être la chose la plus difficile à accepter pour un Druchii, s’en remettre à quelqu’un d’autre.

Accompagnés d’une Cyssa qui marchait tout droit, les mains liées devant elle, Ahmès put découvrir toute l’immensité de la rade de Karond Kar. Il y avait des embarcadères et des pontons à perte de vue. Des navires de toutes les tailles qui naviguaient dans un sens ou un autre à travers l’immensité de l’horizon de la mer. Mais si au sein de l’Arche Noire, Fellheart avait réservé à ses assassins de beaux quartiers couverts de soieries et de tapisseries, le décor auquel ils avaient été habitués tranchait maintenant du tout au tout.

Karond Kar était un dépotoir. Les rues n’étaient pas pavées. Une espèce de fange et de boue collant aux bottes servait de sol. Quelques agioteurs empressés étaient accompagnés de quelques Elfes armés, mais les regroupements les plus importants, c’était ceux des Corsaires.
Par petits groupes de dizaines, ou de vingtaines, des militaires en Kheitan braillaient comme pas permis, formant des cercles devant lesquels des matelots accroupis jetaient des dés. Et alors, selon les résultats, certains se mettaient à hurler de joie, ou d’autres rageaient avant de fermer leurs poings. On croisait des tonneaux partout, et alors même qu’on était en matinée, il semblerait qu’il y avait déjà une bonne masse de soldats avinés.
Rien à voir avec les Elfes qui ont l’habitude de se tenir un minimum pour montrer qu’ils sont civilisés.

« Le roturier moyen de cette ville est proprement dégueulasse, n’est-ce pas, Cyssa ? »

L’Asur retourna un peu sa tête pour regarder le tueur qui venait de lui parler. Elle mit un instant à répondre – peut-être qu’elle tournait sept fois sa langue dans sa bouche, peut-être afin de ne pas dire quelque chose qu’elle pourrait regretter.

« Les Corsaires ont des mœurs plus rudes que les autres, maître.
– Écoute Ahmès, comment la fille d’Ulthuan n’assume pas ce qu’elle pense si fort que c’est arrivé à nos oreilles !
Les Karond Karriens sont des animaux, il n'y a pas de honte à le dire. Trop nombreux, trop indolents, trop éloignés de Malékith et trop proche des singes du Nord. Ils aiment vivre dans leur propre merde, on dirait une ville comme seuls les humains sont capables de bâtir…
...C’est un terrain de jeu ici, Ahmès. À l’époque où j’ai grandi, je pouvais me faire payer pour égorger un proxénète dans la matinée, puis être rémunéré pour empoisonner mon commanditaire précédent dans la soirée. »


Cyssa le regarda, et elle se permit alors de faire quelque chose qu’un esclave ne devrait jamais faire :
Elle répondit.

« J’ignore à quand remonte la dernière fois où vous avez mis les pieds ici, maître, mais les choses ont beaucoup changé dans le Placître. Il y a toujours autant de bordels et de tripots, je n’ai jamais imaginé Karond Kar autrement, mais les Princes du Dessous ont tout intérêt à éviter que les guerres de rues dégénèrent.
– Les Princes du Dessous ? Demanda Masthel sans perdre son temps à relever l'impertinence.
– La Marâtre, l’Aragne, et les Dents Acérées. Trois grandes pontes qui ont passé des accords et des marchés, pour éviter de tout perdre en se tuant trop.
– Je sais qui est l’Aragne, tiens. Déjà quand j’étais tout jeune, le Temple de Khaine avait mit sa tête à prix. C’est une espèce de protagoniste qui dirige une bande d’esclaves et de courtisans qui lui vouent un culte. Il a de grands pouvoirs, mais semble ne les utilisers que pour le profit, sans autres pensées.
Je l’aurais cru mort, depuis le temps…

– On parle encore de lui dans les rues. Je suis sûr que ses hommes vous observent en ce moment. »

Ayant dit ça, Masthel porta son regard vers quelques gros bras, en écrasante majorité des humains, qui se criaient dessus dans leur langue de singe afin de se passer des consignes : Torses-nus ou en chemises, ils manipulaient d’immenses cordages afin de réparer un Reaver, tout ça sous l’œil très attentif de gardes-chiourmes Elfes portant un fouet à la ceinture.
En fait, plus Ahmès remontait la rade pour commencer à découvrir des bâtiments d’habitation, plus il se rendait compte de quelque chose :
Il y avait des esclaves partout.

C’était une idée bête en apparence. Tout le Royaume de Malékith repose sur l’esclavage. Sans les serfs, la société Druchii s’effondrerait. Mais d’ordinaire, les cités de Naggarond faisaient très attention aux esclaves. Les esclavagistes les guidaient par des chaînes, les liaient entre eux, les promenaient sous bonne garde, avec une méfiance constante.
Ici, il y avait tellement d’esclaves, que les Elfes dégénérés qui jouaient au dès en se déchirant au vin semblaient en infériorité numérique. Ils passaient devant une boulangerie : Trois esclaves manipulaient les fourneaux. Là, un restaurant : Des esclaves dirigeaient un porc vers l'enclos qui serait son abattoir. Ici, une femme Elfe à l’apparence noble – des esclaves trimballaient derrière ses affaires. Ils semblaient vivre à ciel ouvert, sous l’œil des Harpies, comme des petites fourmis agitées.
C’était à se demander comment les esclaves ne s’étaient jamais révoltés pour tuer leurs maîtres et s’emparer de la ville.

« Tu vois, ici, les esclaves font tellement tout, que les gueux ont plus de boulot. Là-haut, Ahmès, tu reconnais l’immense flèche du Temple de Khaine, et cette tour gigantesque ? » fit Masthel en désignant les sommets de la ville. « C’est l’Esplanade, c’est là où vivent les gens de qualité. Si tu es né là-haut, à toi la belle vie de rentier, entre les orgies et les bacchanales.
Mais si t’es né ici, tout en bas ? T’as pas beaucoup de boulots que tu peux faire. Les chanceux ont un membre de leur famille qui tient une boutique, ou qui exerce un art noble – être ferblantier ou gipponier, on a encore besoin de gens de qualité, de bonne race. Les malchanceux, ils peuvent devenir Corsaires, c’est pour ça que tu vois autant de semblables… Braillards et rutilants, comme nous nous sommes ennuyés à former ces dernières semaines. Mais il y a aussi une grosse majorité d’Elfes qui ne peuvent tout simplement rien faire. Ils s’endettent pour payer leurs loyers, et vivent des largesses des Grands, des aristocrates marchands qui distribuent du pain et font des festins publics pour les nourrir.
Tu te doutes bien qu’au bout d’un moment, quand t’as des hordes de types avec des sabres et des arbalètes qui se retrouvent au chômage en attendant que les navires repartent en expédition, la ville prend un sale aspect.
Ce qui est hilarant, c'est que les courtisans qui papillonnent autour des puissants de là-haut, vivent constamment dans l'effroi d'être un jour déchus et de retomber dans le Placître. Conseil d'ami : C'est parmi les sigisbées et les flagorneurs que tu découvriras tes meilleurs agents. »


Le tour touristique continuait alors que, petit à petit, la Rade laissait la place au Placître.

Masthel n’avait pas menti. L’endroit était un immense capharnaüm. Des rues insalubres et trop étroites séparaient de grands ensembles de bâtiments, toutes propriétés des aristocrates, tandis que de temps à autre on découvrait un parc, un square fleuri bâti autour d’une magnifique statue ou fontaine en albâtre, qui était invariablement occupé par des zonards. Des Elfes bien mal habillés pour leur race s’agglutinaient comme les Harpies du ciel, entre eux, pour parler bien fort et visiblement ne rien faire. En soi, l’oisiveté était une qualité pour les peuples Elfes – quelle utilité de faire un travail quand on a des sous-fifres pour le faire ? Mais il y avait être oisif en passant ses journées avachi sur un divan de velours, et être oisif en restant le cul vissé à un banc de granit les pieds dans la gadoue.

« L’appartement que je pense vous donner est au-dessus d’un théâtre.
– Oh ! Merveilleux ! Ils ont une bonne programmation ?
– Cela dépend des soirs. Ils jouent des pièces Humaines généralement.
– Ah. Aucun intérêt pour moi alors. Mais mon camarade adore les Humains ! »

Masthel offrit à Ahmès un immense sourire sadique.
Il était évident qu'il parlait de la chose qu'il avait tué sous ses yeux.

« J’ai peut-être un endroit moins confortable, mais proche du Colisée, si vous désirez assister à quelques combats. Il y en a tous les jours.
– Un goût en particulier, Ahmès ? »

Alors qu’Ahmès était perdu à tout essayer d’observer, au milieu de la foule, des vendeurs à la sauvette, des petits étals au détail où des humains aux visages ayant des couleurs et des traits bien différents de l’un à l’autre, l’assassin de Khaine entendit un sifflement derrière lui.
Le trio s’arrêta en se retournant. Un corsaire au Kheitan ouvert, le nez cassé et un œil en moins, un sabre mal retenu par une ceinture très lâche se balançant sur sa cuisse, s’approcha d’eux avec un grand sourire.

« Hé là ! Honorables maîtres ! Vous avez l’air d’être tous frais ici ! Vous êtes venus avec l’Arche de Fellheart ?
C’est pas bien, vous devriez attendre à bord que les Furies viennent chercher leur dîme avant de descendre ! »


À voir sa dégaine de débauché et son grand sourire, il était très clair qu’il n’était pas un guetteur, et qu’il n’avait en fait aucune envie de faire des remontrances citoyennes aux assassins.
Ahmès comprit vite que ses réflexes devaient s’être endormis en mer. Parce que dans son dos, il aperçut deux femmes Elfes avec à peu près le même costume rapiécé et la jolie lame en vue, qui étaient en train de s’approcher de lui.

Masthel fit un grand sourire et prit une toute petit voix, comme pour se faire passer pour un imbécile naïf.

« Oh ? Pardonnez la méprise... On nous a assurés qu’on pouvait descendre pourtant, nous ne sommes pas dans la clientèle de messire Fellheart, et-
– Nan, nan, faut payer la dîme messieurs ! Faut que vous me montriez ce que vous avez dans votre bourse. »

Et il tendait bien sa main tandis qu’il s’avançait vers Ahmès, maintenant éloigné de seulement six pas.
Masthel resta tout fixe. D’ordinaire, lorsque ce genre de petit imprévu arrivait, c’était lui qui gérait : Parfois, il arrangeait tout en négociant. Parfois, il tirait immédiatement une lame. Mais aujourd’hui, le mentor semblait décidé à laisser Ahmès gérer.

Deux enfants de Khaine contre trois plébéiens en guenilles – ils avaient déjà affronté pire que ça, après tout...

Cinq Souverains d’Or en moins.

Jet d’observation d’Ahmès : 20, échec critique. → premières emmerdes.
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Ahmès
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Re: [Ahmès] La Porte des Esclaves

Message par Ahmès »

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LA PORTE DES ESCLAVES


La suite de son périple à Karond Kar fut tel un pèlerinage vers l’odiosité la plus profonde, et l’Apprenti vit avec une certaine pointe de dégoût à quel point la population de cette cité souillée par le Mal pouvait être fangeuse. Il découvrit non sans faire l’effort de refouler son dégoût pour la crasse ambiante ô combien la corruption avait fustigé cette enceinte, et dût en suivant religieusement son Maître et l’Asur se prémunir de mauvaises pensées. Tout y inspirait la débauche, la corruption, la gangrène, tant qu’il se crut l’espace d’un court instant sur les terres interdites du Serpent.

Néanmoins, pour ne pas devenir un sujet trop sensible à cette sinistre ambiance, il chassa de son esprit toutes ses plus noires inspirations et se focalisa sur les paroles de ses compagnons et sur le décor qui se dressait autour de lui, les bâtiments s’élevant depuis la mélasse pour approcher les cieux et se grandissant tel des monuments figés dans le temps, emprunts d’un mysticisme étrange. Il sut que ce sentiment était celui qu’il accordait à tout un monde inconnu, une émotion que n’importe quel vagabond loin de ses terres pouvait vivre en parcourant sans carte ni boussole des plaines déjà conquises par d’autres.

Il guetta, du coin de l’œil, les réactions dues à leur présence ainsi qu’à celle de l’Asur qui, il ne l’espérait pas, serait peut-être trop visible. S’il n’avait guère le choix que de la suivre en conservant une certaine distance, il craignait qu’autour de lui d’autres assassins ou d’autres avares se tapissent dans les ombres pour collectionner toutes les informations possibles sur sa présence ; et il était indéniable que si Dame Trathil avait grande réputation dans ces faubourgs infâmes, le fait que l’une de ses esclaves les plus précieuses se balade en ville aussi proche de lui pouvait poser problème. C’était comme marquer son empreinte. Le Drucchi avait appris qu’il fallait garder une certaine discrétion sur ses alliances, et il n’enviait d’aucune sorte l’hypothèse qu’on décèle sa commanditaire à travers l’esclave qui lui appartenait.

Pour bien faire, il avait décidé de mettre en application ce que le Mentor lui avait enseigné. Sur l’embarcadère, il s’était éloigné du bord et avait conservé une distance de plus deux dizaines de mètres avec l’Asur ; suivi lui-même par un elfe noir qui passait d’ombres en ombres en surveillant ses arrières. L’air de rien, il s’était arrêté parfois pour jeter ses yeux vers l’horizon des océans endiablés, sur lesquels quelques rafiots voguaient en chancelant. L’air de rien, il en avait profité pour effleurer certains endroits précis de son corps, afin de s’assurer de n’avoir rien perdu.

En avançant, il avait contourné les groupes de corsaires braillant et chantant, et comme s’il était du coin il avait fait mine de s’arrêter pour adresser quelques mots à des étrangers ; avait même salué de loin un autre qui n’existait pas. Son Mentor, à plusieurs reprises, joua le rôle du parfait inconnu, le croisa et lui adressa quelques mots comme s’ils se racontaient les nouvelles. Dans les faits, ces mots glissés par le Maître étaient d’une tout autre dimension, car ils emplissaient la cervelle de son Apprenti d’un savoir judicieux. Rien n’avait été laissé au hasard. Il s’était relayé avec son maître pour guetter de l’œil quelque olibrius trop curieux de sa présence ; à deux reprises même, il en avait approché quelques-uns qui de trop intense façon avaient lorgné l’Asur, menaçant de rendre leur pérégrination plus compliquée. Fort heureusement, alors qu’il s’était placé dans leur dos avec la main fermée sur ses couteaux, il avait constaté que ces œillades n’étaient que curiosités passagères : les badauds étaient trop occupés à s’emplir de l’électricité ambiante.

Aux mots de son Maître, il n’avait su se dérober et comme pour confirmer le sens de ses paroles, il se permit une petite tirade en sa faveur.

« L’Aragne… je retiendrais ce nom. Ces Grands Pontes comme vous dîtes ne sont pas sans faiblesses. Combien d’êtres avons-nous occis alors qu’on nous avait suggéré qu’ils étaient inaccessibles ? Des centaines. Khaine est une menace bien plus redoutable que votre pègre. Mais tâchez d’avancer, Cyssa. Je rejoins l’avis de mon collaborateur sur cet endroit : il est repoussant à souhait. Au moins autant que votre espèce. »

Sitôt qu’il prononça ces mots, il jeta autour de lui des yeux perplexes pour prendre la pleine mesure dans l’immense communauté d’esclaves qui fourmillaient à Karond Kar. Il prêta une attention particulière au mot de son instructeur concernant l’Esplanade et ses courtisans, en songeant qu’il se contenterait dans un premier temps du Placître ; de toute façon, il devait d’abord tout apprendre du royaume d’en bas pour approcher celui d’en haut.

Il se détacha de nouveau de sa Suite pour retourner aux ombres, longeant les premiers domaines du Placître qui se hissaient autour d’eux. Il avança en prêtant des yeux attentifs aux errants en ces lieux, des Drucchis oisifs dont l’apparence miteuse ne laissait planer presque aucun doute sur la décadence ; pour autant, il jugea que peut-être il pourrait trouver quelques vaniteux parmi ceux-là pour espionner à son compte les ennemis de ses projets.

Il progressa encore jusqu’à ce que l’Asur s’arrête pour leur apprendre qu’elle disposait d’un premier appartement proche du théâtre, dans lequel se programmaient souvent des spectacles humains. La boutade que lui fit alors son Maître fut comme un poignard incisé dans sa chair avec le sourire, et pour ne pas succomber à la colère Ahmès dût se mordre la joue. Se taire, pour ne pas compromettre son objectif revanchard qui consisterait, un jour peut-être, à assassiner son Maître.

« Je choisis celui au plus proche du Colisée. »

C’est alors qu’ils furent apostrophés par un Corsaire qui, en toute vraisemblance, n’avait pas l’intention de les laisser évoluer davantage sans qu’ils ne lui donnent compensation. Ahmès se retourna, identifia les armes détenues par ces marauds, et se fit une idée globale du problème, avant que de déshabiller ces trois coupe-jarrets des yeux. Il tenta d’y lire toutes leurs faiblesses, s’attarda sur la foule autour et songea à ses propres deniers. Quelle était la meilleure décision à prendre ?

Karond Kar était ignoble, autant que ceux qui l’habitaient. Il en avait maintenant la preuve formelle. Mais du reste, il avait encore les moyens de se faire sa place, surtout parmi les plus vils. D’un pas sûr, il avança vers le trio les importunant.

« Votre œil est celui d’un expert, semble-t-il. Mais ce n’est pas ici qu’il faut nous prélever. Je vous offre deux fois le prix de ce que vous espérez si vous m’aidez. Le problème est que je n’ai à vendre que des créatures, et que je ne puis vous offrir que quelques maigres souverains sans leur avoir trouvé un acheteur. A moins que je ne vous offre la dîme de ces créatures ? Mais je ne vois pas ce que vous feriez avec le membre découpé d’une manticore… Je songe qu’il existe, peut-être près du Colisée, des acheteurs potentiels. M’aideriez-vous contre une somme plus intéressante ? »

Mentît-il sans honte.
Modifié en dernier par [MJ] La Fée Enchanteresse le 04 nov. 2020, 22:19, modifié 1 fois.
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Ahmès Rahadriel Rohomir | Voie de l'assassin elfe noir
Profil : For 8 | End 10 | Hab 10 | Cha 10 | Int 8 | Ini 10 | Att 10 | Par 10 | Tir 10 | Foi | Mag | NA 1 | PV 16/55
Fiche personnage : Lien

États Temporaires
* Exsangue : Après avoir perdu beaucoup trop de sang, tu es anémié. Tous les efforts physiques se font avec un malus de -1.

Compétences
  • Combat
    • Ambidextrie (A)
    • Acrobatie de combat (A)
    • Esquive (A)
    • Parade (A)
    • Tir à déclenchement rapide (B)
  • Perception
    • Acuité visuelle (B)
    • Lecture sur les lèvres (E)
    • Vision nocturne (E)
    • Sixième sens (B)
  • Adresse
    • Déplacement silencieux (B)
    • Mort silencieuse (B)
    • Escalade (B)
    • Camouflage (B)
    • Vol à la tire (B)
  • Physique
    • Résistance accrue (B, Spécialisation : Poison)
  • Connaissances
    • Préparation de poisons (E)
    • Piégeage (A)


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