[William Hecker] L'Or et l'Orgueil des Conquistadors

[[MJ] Le Roi maudit]

"De la chance ?! Qu'elle est l'intérêt pour elle de m'avoir ramené ?! Elle aurait pu me laisser crever dans la jungle avec sa flèche dans le torse !"

Son interlocuteur soupira tout en essuyant ses mains sur ses fripes délavés et bonnes à jeter.

-Crois moi mon pauvre. Si elle avait voulu que tu sois mort elle aurait visé dix centimètres plus à droite. Elles chassent avant de savoir marcher.

"Et d'ailleurs pourquoi avoir coupé la langue de ces hommes ? Cette sauvage ne parle même pas comme nous ! Elle me regarde comme ci j'étais sa chose fraichement acquise ! Eux on choisit d'abandonner et de la servir sans broncher ! Je peux te dire que je préfère encore la voir me trancher la tête et lui servir d'ornement à la ceinture plutôt que d'être son petit toutou !"

-Les Amazones ne connaissent que deux phrases en langue des hommes : "Ne me mangez pas !" et "Pitié !" Et elles s'en caguent comme de la dernière pluie. Et désolé de te le dire sans ménagement. T'es sa chose, son toutou. T'es à elle. Elle t'as chassé et t'as ramené. Encaisse ça vite. Ce pauvre Miguel l'a pas accepté et depuis il ramasse des tubercules sans sa langue. Elles adorent ça les langues oui...

Il inspira doucement avant de se redresser et d'entrouvrir la porte, regardant à l'extérieur avant de la clore et d'expliquer :

-À ta première faute elles te coupent la langue. La seconde c'est de te rendre boiteux. La troisième c'est ta tête sur une pique. Ça c'est quand elles sont pas trop trop énervées. Sinon c'est la tête sur une pique directe...

Aux présentations du Tiléen il répondit simplement : -Tulio Hernandez. Et non Will. Lorsqu'elles sont rentrées de la chasse y a deux jours. Y avait quoi, cinq-six autres gaillards ? Y avait un vioc qui a essayé de mordre le cul d'une des chasseresses, une vraie bête féroce celui-là.
Tulio ricanna avant de poursuivre : Mais t'es le seul qu'elles ont laissé là. Peut être car elle ne pensait que tu ne tiendrais pas la route. C'est qu'un petit village ici. La plupart d'entre elles sont dans des temples. Moi j'suis là depuis...Sais plus trop. Sept mois ? Six mois. Si il me reste tout mes attributs c'est uniquement parce que j'étais chirurgien de bord avant. T'imagine ? J'étais marié. J'étais reconnu dans tout Bilbali. Et maintenant je recouds les plaies de sauvages des forêts et leurs petits prisonniers ? C'est pas la vie de rêve ça ?

"Elles veulent quoi ces Amazones et d'ailleurs… J'ai vu que des femmes dehors et pourtant elles sont assez nombreuses… S'il te plait me sort pas une connerie qu'elles sont comme la flore de la jungle, elles sortent de terre une fois à maturité !"

-Elles vivent. Elles chassent, elles prient les dieux. Sauf que une bande de conquistadors, de norses ou de pirates ça vient chez elle, ça veut de l'or, ça veut des richesses. Donc elles répliquent. Sauf que y a un truc qu'ils te disent pas quand tu t'engages sur un navire de colons. C'est que les Amazones elles font des prisonniers. À but reproductif.
Il s'apprêta à sortir dehors lorsque la dernière question arriva à ses oreilles.
-C'est la fille de la Matriarche du coin. Bonne chance William Hecker. Ici les seuls Dieux qui restent sont ceux de la Jungle. Et ils n'écoutent pas les prières des Hommes.

[William Hecker]

A chacune de ses questions, il obtint une réponse, toutes plus terrifiantes les unes que les autres. Ainsi la survie du jeune mousse n'était que le résultat d'un choix du destin, sélectionné parmi son groupe au moment de l'embuscade, la blessure qu'on lui avait infligé avait été prévu pour être non léthal. A la manière d'un lion chassant une gazelle, les Amazones sélectionnaient leur proie selon des critères qui leur étaient propres. Qu'il l'accepte maintenant ou plus tard, la réalité était ainsi : Il avait été conduit ici pour servir d'animal, sorte de trophée que l'on gardait après une bonne partie de chasse. Ainsi vivait ces tributs de sauvages.
Celui qui acceptait de rentrer dans le rang pouvait vivre un peu près normalement, sans parler de vie confortable non plus, il était possible de survivre dans cette jungle infernal. Et pour les récalcitrants… On leur coupait la langue, le pied ou pire encore… La patience des Amazones étaient quelque chose qu'il fallait éviter de trop tester selon les dires du captif qui se présenta sous le nom de Tulio Hernandez.
Quel horreur cela fut d'apprendre que ces femmes se nourrissaient même de chair humaine… A cette simple annonce, le jeune homme ne put que blêmir d'effroi, repensant aux nombreuses histoires qu'il avait écouté dans les tavernes de Remas, où quelques vieux loups de mer disaient que certaines terres abritaient des cannibales capable de dévorer un équipage tout entier ! Simple légende avait il toujours pensé ! Mais il semblait que dans toute légende il y avait toujours une part de vérité...

Ces femmes étaient des guerrières, des chasseuses vivant à la dure et ce dès le plus jeune âge, apprenant à manier une arme avant même de savoir marcher. Elles survivaient sans doute dans cette jungle depuis des générations, en connaissant chaque recoins, chaque parcelles… Normal que l'équipage de la Sirène Ivre ou même les conquistadors n'aient eu la moindre chance… Il était possible que les chasseuses soient sur leur trace depuis un long moment déjà, expliquant ce malaise constant que Will avait de se sentir observé à longueur de temps depuis le début de la traversée de l'enfer vert.
Concernant son arrivée ici, son interlocuteur lui confirma à son grand soulagement qu'en effet d'autres pirates avaient été amené ici en même temps que lui, de la description qu'il en fit d'un tout particulièrement, le jeune Hecker ne put que sourire en reconnaissant bien là ce bon vieux quartier-maitre de Roger… Au moins certains avaient pu s'en tirer mais… Ils n'étaient pas détenu dans ce village, ayant été amené dans des temples pour quelques raisons obscurs. Ainsi l'endroit où le mousse se trouvait n'était qu'une goutte d'eau dans la masse de guerrières que composaient le peuple des Amazones.
Lorsque Tulio annonça depuis combien de temps il était retenu ici, Will désespéra, pensant compter cela en jours ou au pire en semaines… Mais en mois ?! Des mois et des mois à vivre parmi ces femmes, à réaliser leur bon plaisir, le marin ne devant le confort de sa place cas ces facultés de chirurgiens, bien utile par ici.

Et pour Will… Qu'allait il devenir ici ? Que pouvait il faire alors qu'il était seul, blessé et totalement isolé des autres ? Fallait t'il fuir ? Rester ? Se battre ? Se laisser mourir ? Garder espoir ? Ou tout abandonner… Le jeune homme était perdu, cherchant une solution à tous les problèmes qui venaient de le percuter de plein fouet… Mais rien… Aucun idée… Bordel…
Quel rôle allait t'on lui offrir ici ? Qu'est ce qui avait poussé cette chasseuse aux cheveux blanc à le choisir lui plus qu'un autre ? Son âge peut être ? Il y avait une certaine logique à prendre ce critère comme jouant en sa faveur puisque dans le groupe de pirate dirigé par Roger, il en était le plus jeune. Au moins pourrait il être un bon esclave dans la fougue de l'âge et capable de s'occuper de tâche plus physiques les unes que les autres et cela dans la durée comparé à des hommes d'âges mures et déjà rongé par les maux du temps.

C'est alors qu'il découvrit la façon dont les Amazones parvenaient à accroitre leur population… Usant de leurs esclaves pour leur ébat, il était plus que certain qu'elles ne gardaient que les jeunes filles pour perpétuer leur lignée. Quand au garçon… Will n'osa imaginer le sort qu'on pouvait leur réserver.
Voila donc la nouvelle vie de Will le pirate… Esclave sexuel devant remuer la queue quand on le lui ordonnait… N'ayant lui même aucune expérience des femmes, car s'étant toujours préservé pour l'amour secret qu'il portait à Sophia Della Rovere quand il était encore à Remas, il n'avait pas même franchit le pas du péché de chair depuis qu'il était devenu pirate, ne pouvant supporter l'idée de payer quelques filles de joies pour son bon plaisir… Alors se faire voler ce moment intime par une sauvage… Jamais ! Plutôt crever !

Au moment où le chirurgien en avait terminé avec lui, il se retira non sans répondre à sa dernière question : La jolie fille aux cheveux blanc, n'était autre que la fille de celle qu'on nommait ici la matriarche… Sans aucun doute la chef de ce village ou quelque chose du genre, la hiérarchie de cet endroit lui échappant encore pour l'heure.
Désormais à nouveau seul, il plaça son visage entre ses mains, fixant le sol devant lui.

"Bordel... Qu'est ce que je dois faire…"

Aucune aide, aucune solution de fuite, les autres captifs étant trop désespéré pour tenter de s'échapper, il ne pouvait compter sur eux… Retrouver les autres alors ? Mais où était donc les fameux temples dont on lui avait parlé ?
Will devait prendre son mal en patience… Combien de temps serait il bloqué ici ? Des mois peut être… Pour autant il était hors de question de se laisser briser par les Amazones. Même si il ignorait tous des us et coutume de cette tribut, sans l'ombre d'un doute la force et la faculté à survivre faisait de vous quelqu'un d'utile à leur monde si primitif.
La fille aux cheveux blanc avait un rôle important… C'était donc auprès d'elle que Will allait devoir faire ces preuves. Plus que d'obtenir des informations sur ces camarades, le jeune homme allait devoir rentabiliser le temps passer à ces cotés : Apprendre leur mode de vie, leurs secrets de survie dans cette jungle, leur langage… Tout ce qui d'une manière ou d'une autre saurait lui être utile au moment où la chance pourrait lui sourire pour tenter de s'échapper.
L'intérêt qu'il pourrait leur porter saurait peut être la clé pour se différencier des autres esclaves qu'elles ramenaient d'ordinaire… Son plan était maigre certes, mais quel autre choix avait il ?

Sans compter que son petit séjour forcé ici… Serait peut être la solution pour en apprendre plus sur le trésor des Conquistadors tant convoité par l'équipage de la Sirène Ivre. Si il y avait bien quelqu'un devant connaître sa localisation exacte, c'était sans l'ombre d'un doute les Amazones.

"Bien... Attendons le retour de la fille… J'ai pas grand chose à perdre en vrai ? Omis servir de repas… ahahahah."

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L'attente, encore, toujours. Le soleil mourrait déjà derrière la cime des arbres millénaires, donnant au ciel la teinte des peintures de rocou qu'affectionnaient les Amazones.
C'est tout ce qu'il pouvait voir depuis l'embrasure de la porte, du vert, du rouge, l'ocre de la terre battue. La liberté tant chérie désormais envolée comme une feuille au vent d'automne. Il ne lui restait que la tenace envie de vivre propre à l'Homme. Mais serait-il encore un homme dans quelques heures ? Dans quelques jours ? Dans quelques mois ?

Quelqu'un s'approchait. Ce n'était pas la Fille. C'était une autre amazone.



Plus athlétique, plus sévère, elle releva sa coiffe, dévoilant des yeux noirs et cruels, une cascade de cheveux bruns. Une cicatrice maculait sa lèvre inférieure. Elle avait affronté la jungle, les hommes, les bêtes. Peut-être même que les Amazones s'affrontaient entre tribus ? Qu'en savait-il ?
D'une démarche serpentine elle s'approcha du lit et du convalescent, ondulant ses hanches avant de venir appuyer la queue de sa lance sur lui. Elle parla. Ses mots étaient cassants comme le verre. On aurait dit qu'elle le méprisait comme le vicieux méprise sa victime.
Une autre voix tonna derrière elle, brisant son rictus en une moue d'enfant repérée en pleine bêtise.
C'était la Fille. Elle gueula à l'encontre de sa comparse. Une véritable colère qui déformait les traits. La brune marmonna, grommela puis partit en tournant les talons dans un mouvement plus snob que les princesses tiléennes. La propriétaire de Will respira pour se calmer avant de se poser en tailleur contre le lit. Elle tendit un morceau de viande grillée au jeune homme. Du lézard heureusement. Après deux mois en mer à manger du biscuit mouillé et plusieurs jours à mordre dans de la semelle de bœuf dans une jungle, un véritable morceau de viande était un délice. Elle lui donna doucement comme si il était un oiseau blessé.
Elle ne murmura qu'un simple mot : Nasha.

Le repas englouti elle prit la main gauche du jeune marin pour la poser sur son buste. "Nasha."
La sienne se posa sur le torse de Will, heureusement ailleurs que sur sa blessure. Elle inclina la tête. Attendant une réponse.

[William Hecker]

Il attendit longtemps… Très longtemps… Jusqu'au moment où le soleil commença à entamer un nouveau cycle, le ciel bleu laissant désormais place à une couleur orangé, derniers instants avant l'arrivée de l'obscurité de la nuit, et avec elle… les sinistres choses qui rodaient dans la jungle de Lustrie.
Jusqu'au moment ou enfin, il entendit quelqu'un approcher. Se redressant alors de son lit, s'attendant à voir la fille aux cheveux blanc arriver, quel mauvaise surprise cela fut lorsqu'une autre Amazone pénétra la hutte.
Elle était grande et athlétique, soulevant sa coiffe pour dévoiler un visage bien plus sévère et plus froid que celle qui l'avait amené ici. S'exprimant dans son langage, le ton de sa voix et les mots semblaient plus tranchés… Sans compter ce regard… Un regard emplit de haine et de dédain à son encontre, comme si elle le voyait comme le moins que rien qu'il était. Will avait il peur ? Bien entendu… Mais pour survivre ici, mieux valait surmonter sa peur, car dans la jungle… Seul la loi du plus fort s'appliquait.

"Qu'est ce que tu veux toi ?!" Dit il en la défiant du regard, tandis qu'elle s'approcha d'une démarche féline pour finalement apposer la queue de sa lance contre son torse, sans même prendre garde si elle risquait ou non de toucher sa blessure, et le plaqua sur le lit avec une telle force, que Will avait l'impression de se trouver face à un colosse comme Roger.
La douleur de sa poitrine se réveillant, le jeune mousse tenta tant bien que mal de saisir de sa main forte la lance pour la dégager sur le coté… Mais la fièvre couplé à son corps en plein rétablissement, ne lui donnait au mieux la force d'un petit poussin à peine tombé du nid. La faiblesse du jeune homme en cet instant était des plus déroutante, aussi était il à la merci total de l'Amazone à la cicatrice dont les objectifs étaient encore obscurs.

Heureusement pour lui, la fortune vint enfin lui sourire, lorsqu'une voix raisonna derrière l'Amazone, la fille aux cheveux blanc se tenant désormais dans la lutte, tandis qu'elle congédia comme une furie sa sœur guerrière, celle ci s'exécutant sans broncher, non sans une mine boudeuse mais en restant plus fière qu'une princesse impérial. Ici, le jeune marin venait d'assister à la suprématie absolu que la fille de la matriarche avait sur ces sœurs guerrières. On pouvait dire que le jeune homme avait eu de la chance d'être récupéré par celle là…
Ne restait que… Pourquoi l'avidité de l'Amazone à la cicatrice semblait si grand à son égard ? Là où d'autres esclaves auraient sans aucun doute pu s'acquitter aisément de la tâche qu'elle aurait cherché à lui commander ?
Était ce le fait qu'il soit un nouveau venu qui le rendait si précieux ? Ou bien son jeune âge jouait il encore à son désavantage ? Impossible de le savoir… Mais pour sûre, si la fille de la Matriarche était sa propriétaire, nul doute que d'autres sœurs guerrières chercheraient à se le procurer, même pour un simple instant. Will frissonna à cette simple idée.

Désormais seul avec la fille aux cheveux blanc, celle ci vint le rejoindre, se posant en tailleur contre le lit, non sans lui tendre un morceau de viande grillé, qu'il contempla dans un premier temps avec méfiance comme s'attendant à reconnaître un morceau de l'anatomie humaine, pour finalement comprendre que c'était un morceau des immenses lézards que ces sœurs avaient su ramener plus tôt en milieu de journée.
Ignorant totalement si cela avait bon goût ou pas, Will se jeta sur le morceau de viande comme un marin n'ayant que trop peu mangé ces dernières semaines, ce qu'il était en train de gober étant meilleur que tout ce qu'il avait pu manger ces deux derniers mois en mer.
L'observant avec étonnement et une certaine fascination, il était gênant de sentir le regard constant de la jeune fille, mais mieux valait il passer outre ce détail, après tout, elle lui avait sauvé la mise avec l'Amazone à la cicatrice en plus de le nourrir.

"Mer... Merci." Murmura t'il entre deux bouchées, alors que la jeune fille le regardait avec un air d'incompréhension presque touchant, comme si le mot qu'il venait de dire avait été adressé à un enfant ne sachant encore parler.

Le laissant terminer, elle murmura alors un mot à plusieurs surprises : "Nasha"… Que voulait elle dire ? Will la regarda avec incompréhension alors qu'elle semblait chercher à lui indiquer quelque chose.
Voyant que l'on avancerai nullement ainsi, elle s'empara alors de sa main pour la placer sur sa poitrine, à l'étonnement de Will sur ce moment des plus gênant alors qu'elle continuait de dire sans arrêt "Nasha".

"Euh... Whoa ok ok… "Nasha"... ça veut dire quoi ça bordel…" C'est alors qu'il comprit au moment ou elle même plaça sa main sur le torse de Will. De sa main libre, le jeune marin la pointa du doigt. "Nasha… C'est ton nom c'est ça ? Tu es Nasha c'est bien ça ?" Celle ci semblant acquiescer, il se désigna lui même en repentant à plusieurs reprises : "Will, Will, Will… Moi c'est Will. Toi c'est Nasha et moi Will."

Semblant comprendre et confiant de ce premier contacte, Le jeune Will quitta dans la difficulté son lit de manière à rejoindre le sol auprès de Nasha. Désignant alors la hutte, il tenta d'obtenir des informations.

"Cet endroit… Il est a Nasha ? C'est la maison de Nasha ?" L'incompréhension était total au point que cela en devenait désespérant. Voulant essayer autre chose, il s'empara d'un bout de bois au sol, et commença à dessiner des choses dans la terre :

"Will... Will vient de la mer… Tu sais la mer." Il dessina des courbes pour représenter les vagues. "Will est arrivé avec un grand bateau… Ba-teau." Avec sa main, il fit des vagues au rythme des courbes tracées au sol, meilleur moyen de représenter le courant, alors qu'il souffla vers sa main pour signaler le vent poussant le navire qu'il cherchait à jouer avec le peu de moyen qu'il avait. Parvenait elle à le comprendre ? En tout cas, il eut l'espace d'un instant l'impression de la faire sourire, comme si ce qu'elle voyait peut être comme un jeu, semblait l'amuser.
"Donc... Will est arrivé en bateau par la mer… Et là…" Il dessina deux maisons grossières, séparées par la mer. Désignant une comme celle de Nasha et l'autre celle de Will. "Là c'est la maison de Nasha… Mai-son… Et là, la maison de Will : Rémas… Tu comprends ou pas ? Will, Rémas…"
Il désigna alors la porte de la hutte avant de finalement demander :
"Ou est ce que l'on est Nasha ? C'est quoi le nom de la maison de Nasha ?"

Atroce sentiment que de ne pas savoir si votre seule interlocutrice à des kilomètres à la ronde, était en mesure de vous comprendre ou pas… Autant parler à un mur dans ces conditions, alors que la lassitude le gagna et qu'il poussa un long soupir en se tenant le visage entre les deux mains tout en fixant le sol devant lui.

"Qu'est ce que tu es en train de faire Will… Tu devrais chercher un moyen de t'en sortir, tu devrais t'inquiéter pour les autres… Au lieu de faire un cours à une Amazone qui a force de parler va te couper la langue pour la bouffer."Marmonna t'il pour lui même, avant qu'un objet n'attire son attention, celui ci pendant autour du cou de l'Amazone à la chevelure couleur neige. Un pendentif orné de plume avec en son centre un serpent enroulé de jade… Si ce symbole ne lui disait absolument rien, peut être avait il une importance pour ce peuple ? Il n'était pas rare que les tributs ne représentent leur Dieux sous différentes formes après tout.
Voyant l'intérêt que le collier avait éveillé chez le jeune mousse, elle le cacha et le détourna de lui pour capter à nouveau son attention.

"Il est jolie ton collier… Tout comme Nasha. Nasha jolie, jo-lie…"

Il montra tour à tour le visage de la jeune fille ainsi que le pendentif tout en répétant cette adjectif.

"Essaye de le dire : Nasha Jolie… Nasha Jolie… Nasha Jolie…"

Il s'arrêta là, adressant alors un sourire emplit de tristesse et en même temps d'amusement à la jeune fille, avant de lui dire, sachant pertinemment qu'elle ne comprenait rien :

"Et bin… ça promet de superbes soirées… Les prochaines semaines voir les mois vont être très longs..."

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Jet d'intelligence de l'Amazone : 2

-Ouil ? Ouil. Nasha. Ouil.

Elle observa ensuite le curieux manège de son animal de compagnie alors qu'il traçait dans la glaise d'étranges dessins.

"Flak" Dit-elle en pointant les vagues. Sur les deux maisons elle fit une moue intriguée. "Ekent ? Ekent Ouil belo flak ?" Elle désigna sa maison attribuée : "Ekent Nasha."

Elle attrapa le morceau de bois, et rajouta grossièrement d'autres carrés autour de la maison. "Ekent Tayza. Ekent Nurii, Ekent Arhuia." Elle posa de grands yeux sur le jeune homme, avant de rajouter sur un ton pédagogique : "Tral Barrio. Ouil Barrio, Tulio Barrio, Miguel Barrio..."

Les barrio devaient peut être désigner les cases des esclaves. Les Ekent celles des Amazones.
"Qu'est ce que tu es en train de faire Will… Tu devrais chercher un moyen de t'en sortir, tu devrais t'inquiéter pour les autres… Au lieu de faire un cours à une Amazone qui a force de parler va te couper la langue pour la bouffer."
La complainte de Will lui fit froncer les sourcils. Même sans en comprendre le sens il était évident qu'elle décryptait sa gestuelle et son intonation.
Boudeuse, la jeune femme se détourna de lui et de ses regards curieux. Mais il insista alors...

"Jo...Li ?"

Elle brandit le collier de jade en articulant doucement. "So-Tek. Sotek Joli ito ? Nasha Joli. "
Se redressant elle passa la main dans les cheveux du Rémassien. Avec un regard complice elle dit distinctement "Ouil Joli ito." avant de sortir de la case de sa démarche féline habituelle. Cette fois elle ne referma pas la porte, laissant le pirate seul avec ses interrogations.

[William Hecker]

Bien que sa tentative pouvait sembler désespérer, cette discussion avec Nasha fut tout de même instructif. Des mots qu'elle employa, il pu en interpréter la majeur partie : "Ekent" désignait les maisons des Amazones, là où "barrio" représentait la hutte dans laquelle il se trouvait.
"Flak" semblait être la mer, là où la phrase : "Ekent Ouil belo flak" devait sûrement se traduire par : "la maison de Will par delà la mer".
Plus important, elle cita les noms de certaines de ces soeurs : Tayza, Nurii, Arhuia... Si pour l'heure il était impossible de coller un visage sur ces noms, mieux valait les garder dans un coin de sa tête au cas où il parvenait à capter une conversation entre Amazones par inadvertance.
Par contre, jamais elle ne donna le nom de son village, Nasha n'ayant sans nul doute pas compris la totalité de la question de base du marin.

Chose curieuse dans son comportement, elle semblait amusée et en même temps désireuse de capter toute l'attention du jeune Hecker, en particulier quand celui ci se lamenta quand à cette folle idée qu'était cette conversation avec la jeune femme.
Nouvelle information, elle désigna son pendentif à forme de serpent sous le nom "Sotek"... Était ce là le nom de l'animal représenté ? Ou bien celui du Dieu auquel il était dédié... Impossible de le confirmer.
Quoiqu'il en soit, il était troublant pour le pirate de voir cette touchante innocence qui émanait de cette femme aux cheveux blancs dans cette tentative d'apprentissage à ses côtés alors qu'il savait pertinemment que derrière ce jolie minoi se cachait une furie capable des pires atrocités.
Semblant bien interpréter le mot "jolie", elle sembla, a sa façon certes, enchanté de l'entendre de la bouche du jeune homme, lui rendant son compliment non sans passer ces mains à travers les cheveux du marin, de la même manière qu'on aurait pu le faire avec un animal... Cela était assez réducteur et humiliant il devait l'avouer, mais mieux valait pour l'heure ne pas chercher à la froisser dans ce geste qu'elle considèrait sans doute comme une preuve d'affection.

Pensant pouvoir en apprendre plus, la jeune femme le quitta sans raison particulière, le narguant de sa démarche féline alors que le jeune marin se laissa, l'espace d'un instant, envoûter par la grâce sauvage de cette femme indomptable.

"Mais a quoi est ce que tu penses Will ?! Si sa se trouve derrière ce sourire et cette surprenante gentillesse, elle te tuera dès qu'elle aura eu ce qu'elle voulait de toi."

A nouveau seul alors que la jeune femme avait laissé la porte de la hutte ouverte. Le jeune Will toujours en tailleur par terre, fut songeur un long moment. Que devait il faire désormais ? Il n'en savait rien, omis continuer d'apprendre la culture des Amazones auprès de Nasha pour espérer pouvoir s'en sortir dans cette maudite jungle.
Se dirigeant vers un coin de la hutte, il écrit à l'aide d'un bout de bois les différents mots appris ainsi que leur supposé traduction, sans oublier de dessiner grossièrement le symbole du pendentif de l'Amazone à la chevelure blanche.
Pourquoi ? Il n'en savait vraiment rien... Mais qui sait peut être ce symbole aurait un jour son utilité.

Malgré la disparition du soleil à la place de l'astre lunaire, la chaleur était toujours terriblement étouffante. La peau luisante à cause de la transpiration, le jeune homme préféra rester torse nue, espérant se rétablir au plus vite alors que sa blessure lui donnait la sensation de brûler de l'intérieur.
Ne le remarquant que maintenant, sa longue traversée des océans couplés à la rudesse du climat de la jungle avait renforcé son corps. Sa jeunesse et le peu de chose avalé ces derniers temps ayant parfaitement dessiner ses muscles.
Fermant les yeux, il se laissa alors peu à peu bercer par le sifflement du vent et les bruits de la faune local arpentent la jungle de Lustrie.
Demain serait un autre jour.

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Un jour nouveau se leva dans le village. Le ciel avait cette teinte unique précédant l'aube, quelques instants avant que le soleil ne pointe véritablement ses rayons au dessus de la jungle. Les moustiques s'étaient rués sur la viande fraiche qui avait dormi sur son matelas. C'est donc avec des démangeaisons que le jeune mousse put se réveiller.
Dehors quelques étranges volailles picoraient le sol du potager. À droite de ce dernier il y avait le véritable village, celui des Sœurs de la chasse. Et en face de lui, au delà du lopin de terre noire, une rivière s'écoulait avec lenteur et paresse. Les quatre autres esclaves s'y rinçaient, nus. Les corps couverts des stigmates de la dénutrition et du servage, ils s'affairaient à essuyer la crasse de journée entière de labeur, tout aussi bien qu'à se rafraichir face à la moiteur et à la chaleur tropicale. Ils firent signe à Will. Après tout il était désormais dans la même galère qu'eux.

Face à la jungle, au sud, deux sentinelles guettaient qu'aucune créature indésirable ne s'approche du village. Elles portaient leurs tenues en cuir écailleux et les masques terrifiants similaires à ceux des agresseuses de l'expédition. Il avait tout le temps du monde devant lui. N'ayant reçu aucun ordre ou tache de la part de ses géôlières. Tout le temps du monde à être l'esclave des Amazones. La journée allait être longue.

[William Hecker]

Il se réveilla aux aurores, ayant passé une nuit des plus abominable alors que la douleur de sa blessure continuait de le taillader de l'intérieur, sans compter les horribles moustiques qui, durant chaque tentative pour se laisser tomber dans les bras de Morphée, venaient se repaitre de son sang ou pire encore virevolter près de son oreille le son provenant de leurs battements d'ailes ayant été à deux doigts de le rendre fou.
La chaleur ambiante le rendait poisseux, alors qu'il devait en plus maintenant faire face aux démangeaisons des insectes suceurs de sang. Si il en avait eu la force, il aurait hurlé sa haine et son mécontentement contre cette foutu jungle mais… A quoi bon ?
Dehors le calme perpétuel de cet endroit n'était en ce début de matinée, que perturbé par le rituel matinal auquel se livraient les Amazones et les esclaves. En effet, profitant du cours d'eau bordant l'ouest du village et s'écoulant du Nord vers le sud, les femmes guerrières se lavaient en amont de celui ci alors que les esclaves s'y lavaient plus bas, on y voyait ici une nouvelle marque social de la hiérarchie instauré dans la tribut, les esclaves ayant le rôle d'animaux, il n'était pas concevable qu'ils puissent infecter de leur crasse le corps de ces fières guerrières qu'étaient les sœurs de la jungle.
S'approchant du cours d'eau sans pour autant se mélanger aux esclaves, il profita d'un cours instant pour se rincer et se débarbouiller, n'hésitant pas à se déshabiller, seul moyen de rincer comme il le pouvait son pantalon couvert de bout et sa chemise couverte du sang de sa blessure. Pour ses bandages, si ceux ci méritaient sans aucun doute d'être changé, il préféra ne pas interpeller le captif chirurgien Tulio, n'étant pas d'humeur à réécouter ces discours de la veille concernant l'asservissement total et assumé auquel il fallait se livrer ici pour survivre. Si ces hommes avaient abandonné tout espoir, il n'en serait pas de même pour Will… Tôt ou tard il trouverai une solution pour quitter ce village, Ranald saurait lui sourire c'était certain.
Dans cet instant qu'on aurait pu assimiler à de la relaxation, le jeune mousse ne pouvait s'empêcher de jeter de temps à autre des regards en direction des Amazones, bien que la volupté de leur corps était l'une des raisons qui pouvait pousser un homme à les regarder, ici les raisons de Will étaient tous autres. Observant les guerrières dont l'âge devait se situer autour de la trentaine, là où Nasha semblait un peu plus jeune, il était curieux de n'en voir aucune d'un âge plus avancée… Que pouvaient elles bien faire de leurs anciens ? Un nouveau mystère. D'une taille et d'une musculature supérieur aux femmes de l'Empire, sans aucun doute dû à la dangerosité du lieu ou elles évoluaient, le jeune homme remarqua qu'elles arboraient toutes bon nombres de cicatrices en plus de tatouages qui peut être, étaient assimilés à l'histoire de leur vie ou au réussites et au échecs passées. Trop loin pour en être sûre, il cru même apercevoir sur l'une des femmes le même symbole qu'arborait Nasha autour du cou, le fameux "Sotek"...

Quittant le cours d'eau, Will décida de profiter de ce moment de répit, celui ci échappant encore pour l'heure aux tâches ingrates de la vie d'esclave, sans aucun doute, sa profonde blessure lui offrant le répit nécessaire à son bon rétablissement. Un repos de courte durée il était certain mais bienvenue tout de même.
Déambulant en silence dans le village des Amazones, il situa les différents points particuliers qui pouvaient le composer : A l'est se trouvait les huttes des esclaves, là où au centre du village, se trouvait ce qui s'apparenterait à des cultures avec non loin, une sorte d'entrepôt où viande et autres végétaux étaient stockés dans des jarres destinées sans doute à ralentir leur décomposition. Quelques paillottes de pèche avaient été installé ici et là le long du cours d'eau, ou en le suivant en direction du sud, on tombait sur l'accès principal du village surveillé par deux sentinelles. Si il n'y avait nul palissade ou mur autour du lieu de vie de la communauté, la dense jungle semblant donner une protection naturel aux Amazones, le village était tout de même délimité par des piques disposés ici et là, et où était fièrement exposé les différents ennemis des Amazones… Crânes à la forme étranges, crânes de reptiles, ainsi que d'hommes, l'un d'entre eux ayant même été décoré d'un casque de conquistador… La bonne blague !... Plus qu'une protection, ces choses morbides n'étaient destinés qu'à une seule chose : effrayer tout intru susceptible de les trouver.
Quand au reste de la partie Nord, celle ci était exclusivement dédié aux Amazones, leurs maisons étant bien plus grande et d'un confort supérieur aux huttes des esclaves. Si elles aussi étaient décorées de prises de guerre morbides, l'une d'entre elle se différenciait des autres car semblant être composé de deux étages… Était ce là la demeure de la matriarche ? La mère de Nasha… Peut être.
Si cette partie du village ne semblait pas interdite aux esclaves, mieux ne valait pas prendre le risque de tenter de pénétrer l'une des ces demeures, au risque de voir sa tête être tranchée, et sans doute rejoindre ainsi le mobilier de décoration.

Ayant des difficultés à se mouvoir alors qu'il avait renfilé sa chemise toujours trempée, l'humidité omniprésente ne laissant aucune possibilité de sécher quoique se soit ici de toute façon. Il déambula sans but précis, observant à distance les différentes activités de la tribut, non sans trop resté immobile à partir du moment où l'une des Amazones croisait son regard.
Au détour d'un des baraquements, quel surprise cela ne fut pas de tomber sur un enfant ici ! Vêtu comme les Amazones adultes, elle arborait une chevelure brune, alors que son corps n'était marqué d'aucune cicatrice ou d'aucun tatouage tribal. Son âge devant se situer dans les alentours de sept ou dix ans, le regard qu'elle lui porta quand elle remarqua sa présence était aussi cruel et terrifiant que ces sœurs plus âgés. A la voir ainsi, on aurait pu la confondre avec un petit lionceau près à lui sauter à la gorge pour le mettre en pièce. Dans ce même regard, ni peur ni crainte, seulement de la haine… Une profonde haine… Tulio l'avait prévenu, dès le plus jeune âge, elles apprenaient à chasser et à tuer… Il fallait croire qu'il disait vrai.

Alors que Will continua de la dévisager, une idée aussi simpliste que farfelu lui vint alors à l'esprit, fouillant le sol, il s'empara d'un cailloux tandis qu'il ramassa aussi trois demis coquilles vide de noix de coco, seul ingrédient qu'on pouvait trouver ici sans aucun problème dans cette putain de jungle, et se posa à même le sol à environ une dizaine de mètres de l'enfant.
Montrant de loin et du doigt le cailloux, il le recouvrit d'une des coquilles, et plaça les deux autres de part et d'autre de celle ci. Ci la petite fille ne pouvait complétement masquer ton étonnement quand à ce comportement des plus étrange de l'esclave, elle tenta de se montrer intraitable, grognant même à l'encontre du marin.
Ne se démontant pas, il fit alors bouger les coquilles de la gauche vers la droit, avant de faire mine de ne plus savoir où était le cailloux. Les mouvement effectués étant des plus enfantins, le cailloux ne pouvait qu'être à gauche, et cela même l'enfant devait le savoir, aussi resta t'elle aussi stoïque que d'ordinaire.
Désignant chacune des coquilles, comme espérant que la petite fille ferait un choix, il souleva donc de lui même la coquille gauche, sommes toute logique où devait se trouver le cailloux caché en dessous… mais… Rien… Il n'y avait rien.
L'espace d'un court instant, l'enfant fut alors démasqué, ne pouvant cacher sa surprise, alors qu'elle même était persuadé que le morceau de pierre ne pouvait qu'être sous cette coquille… Alors comment…
Mélangeant à nouveau, Will d'une gestuel des plus basique, l'invita alors à choisir, et l'enfant pour la première fois, se rapprocha certes d'un pas méfiant, mais se rapprocha tout de même.
Désignant la coquille de droite, elle échoua à nouveau. Encore un mélange ? Nouvel échec… Un autre peut être ? Cette fois elle se posta à quatre pattes, fixant la coquille du milieu ou avait été posé le cailloux juste avant le mélange de Will, elle fixa ces yeux dessus, se forçant même à ne plus les cligner et si près du récipient, qu'on aurait pu croire qu'elle allait l'embrasser. Une situation si cocasse ne pouvait que faire sourire le pirate, aussi accéléra il la vitesse de son mélange, non sans qu'elle ne puisse avoir trop de difficulté le suivre.
Le cailloux était à droite cette fois… C'était certain, aussi la fierté et la confiance s'empara de la gamine sauvage, elle se redressa toute fière, prête à donner sa réponse un sourire de satisfaction sur les lèvres, sûre de battre le misérable esclave devant lui qu'elle ne voyait que comme un simple animal… Et le verdict tomba… Il 'y avait rien à droite…

Choqué et surprise, elle n'arrêtait dès lors plus de baisser la tête de haut en bas, regardant la coquille puis Will, à nouveau la coquille, puis Will encore. Explosant de rage à la manière d'un enfant ne parvenant pas à comprendre le truc, elle souleva alors toutes les coquilles ! Et la surprise fut encore plus grande… Le cailloux… N'était sous aucune d'entre elle !
Le regardant avec une total incompréhension, Will leva alors son doigt en l'air et approcha très doucement sa main derrière l'oreille de la petite fille. L'Amazone était à deux doigt de faire un pas en arrière, lorsque Will fit réapparaitre le cailloux… De derrière l'oreille de la petite fille ! Choqué, l'enfant poussa alors un petit rire, voyant dès lors le marin comme un véritable magicien.
En réalité il n'en était rien, ce jeu n'étant qu'une copie de celui du bonneteau, que Will ne maitrisait que trop bien à force d'avoir vécu dans les rues de Rémas ainsi que dans ces différentes tavernes. En bien des occasions, les jeux d'argents devenaient alors une source de revenu, en particulier quand vos opposants étaient des marins à moitié soul. Depuis le jeune mousse maitrisait bien la majeur partie des jeux qui se pratiquait en Tilée ou en Estalie.

Amusé et bien moins méfiante à son égard, elle murmura quelques mots dans sa langue sans doute destiné à lui ordonner de refaire ce petit tour qu'elle voyait sous son œil complétement innocent comme un véritable miracle.

"Et bien… Si tous les clients que j'ai eu était comme toi… Je serais riche depuis longtemps." Ironisa t'il alors qu'elle le regardait avec une totale incompréhension.
Voulant tenter quelque chose, il se risqua à demander le nom de l'enfant. Posant sa main sur sa propre poitrine, il dit :
"Will... Will c'est mon nom. Tio ?" Il l'a désigna du doigt et redemanda alors :"Will ! Tio Tayza ? Tio Nurii ? Tio Arhuia ?"

Ignorant si il aurait une réponse, il relança le jeu pour le plus grand bonheur de la petite sauvage à la chevelure brune.
Mais… Ce petit moment n'aurait pas fait de vite attirer l'attention d'autres Amazones ? Quel pouvait être le risque d'approcher en temps qu'esclave le seul enfant de ce village ? Will n'allait sans doute pas tarder à le découvrir.

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Mise en application de ma compétence "jeu" et pour le jeu en question, c'est une copie sauvage du Bonneteau (voir sur le net)

[[MJ] Le Roi maudit]

La Gamine écarquilla les yeux en regardant l'Esclave. Elle bredouilla un peu penaude : "Dili."
Après tout, elle n'avait probablement jamais parlé à des Hommes, le chirurgien mis à part.
Quelqu'un s'approcha derrière le jeune Hecker en poussant des cris de protestation évidents, la mère de la jeune Dili ou une tante ? Dans tous les cas, il manqua de se faire marcher dessus par une amazone paniquée qui attrapa l'enfant au vol. Elle jeta un regard noir et des dizaines de noms d'oiseaux tropicaux à la gueule du Rémassien. La petite répondit par des couinements. Était-elle en train de prendre la défense du jeune homme ?

N'ayant plus rien à gagner par ici sauf la baffe éventuelle si l'ainée emportait le débat avec la cadette, le marin ne pouvait que s'éloigner. Un ramdam attira son attention. La plupart des femmes du village s'étaient rassemblées près de l'entrepôt, à l'Est. Elles revêtaient leurs tenues de combat. Il pouvait y reconnaitre Nasha qui, de dos, affichait sa chevelure de neige, l'amazone qui était venu dans la case la veille au soir, et bien d'autres. Allaient-elles chasser les lézards qui hantaient la jungle ? Les Conquistadors ? Peut-être même chassaient-elles le reste de l'équipage, qu'en savait-il et que pouvait-il faire ?
Mais la vingtaine de chasseresses s'arrêta net. Elles plantèrent leurs lances dans le sable et s'agenouillèrent. De son point d'observation, le Tiléen vit s'avancer une amazone plus grande, plus noble, un port altier, de lourdes breloques dans la main. La Matriarche de la tribu.
S'arrêtant tour à tour devant Nasha et sa rival, elle apposa une marque rouge sur leur menton avec le pouce. La cheffe déploya ensuite ses bras tout en discourant : " Qhari belo flak ! Qhari belo flak ! Sotek Suwo ! Amazoni apuchay maqanakuy Qhari ! Sotek Suwo !"

D'une seule voix les autres répondirent : "Sotek Suwo ! Maganakuy ! Sotek Suwo !"

C'était un étrange reflet des encouragements d'Achab en direction de son équipage il y a de cela des siècles. Encore une fois le sang allait couler pour un dieu, l'or ou le serpent. Les Amazones poussèrent des cris inhumains tout en s'enfonçant dans la jungle.

Dans le village déserté il ne restait que les esclaves et quelques femmes. Sentinelles et futures mères, elles gardaient le village et ses prisonniers. Pour autant rien ne vient troubler Will. Peut être était-ce là la plus cruelle ironie de sa captivité : Il attendait, pas de péril, pas d'antagoniste terrible comme dans les récits de marins. Seul son instinct de conservation face à la jungle le retenait ici. Seul, ses regrets et ses craintes. Car dans le village des Amazones, loin de sa Tilée natale, loin de Sophia, loin de son équipage, d'Ivanka, de Flint, et même loin de Nasha, il ne restait qu'un jeune homme seul. Sous le regard impitoyable des Dieux de la Jungle et des Femmes les vénérant.

[William Hecker]

Nouvelle tentative, nouvelle réussite, la petite fille bien que sur la réserve, donna enfin un nom : Dili… C'était un jolie nom, aussi le jeune marin lui fit un léger sourire avant de dire en se désignant elle et lui successivement :
"Will tio Dili"
Chose promis chose dû, le jeune homme recommença son tour des plus basique, parvenant à faire quelques parties sans qu'elle ne puisse toujours comprendre comment l'esclave parvenait à réaliser son coup. Durant cet instant, le jeune Will se laissa à croire que derrière ces visages de guerrières, se cachait peut être une part d'humanité et de civilisation… Le sourire de Dili suffit en cet instant à le convaincre. Certes le peuple Amazone était sans l'ombre d'un doute assoiffé de sang mais… Cette haine profondément ancré contre les hommes venant de la mer devait bien tirer sa source de quelque part. Ces dernières années, les tentatives d'expansions sur le territoire de la Lustrie par les conquistadors s'étaient nettement accentuées, sans compter le nombre de navires ayant accostés sur les côtes du nouveau monde dans le but de s'y enrichir… A n'en pas douter, que ferait des hommes de l'occident si il parvenait à s'emparer d'une des sœurs guerrières ? La même chose qu'elles faisaient à Will, l'enchainer, l'exposer, le dompter, le vendre et même pire encore… Ainsi allait la cruauté des hommes.
Maintenant que Will était ici, il se rendait compte que le sort réservé à l'équipage de la Sirène Ivre n'était que le résultat de leur propre orgueil et de leur insatiable appétit pour l'or. Avec Roger, ils étaient tombés sur leur macabres ornements destinés à effrayer les étrangers… Mise en garde qu'ils n'avaient su écouter… Et aujourd'hui, la situation de Will était celle qu'il vivait actuellement.

Plongé dans ses propres pensées, il sentit quelqu'un fondre sur lui, le dépassant sans ménagement à la limite de le piétiner, une Amazone s'empara de l'enfant, l'enfermant dans ces bras, alors qu'elle plongea son regard fou de rage en direction de Will, baragouinant nombre de mots incompréhensible dans sa langue.

"Je...J'ai pas cherché à lui faire peur… Ni même le moindre mal."

Mais qu'importe ce qu'il pouvait dire, la barrière de la langue revenait ici à parler à un mur, alors que l'Amazone continuait à l'assaillir de mot sans doute assez virulent, non sans en même temps s'en prendre à celle qui peut être était sa fille, l'enfant cherchant à se justifier pour sa propre défense ou peut être pour celle de Will, en vain.
Voyant qu'il n'obtiendrait plus rien, et ne voulant pas trop tenter la chance, il aurait pu après tout se faire couper la langue par l'Amazone rien que pour avoir osé adresser quelques mots à la petite. Will se retira donc alors qu'il continua à inspecter le village, mais son petit tour fut soudainement interrompu, lorsqu'une soudaine agitation s'empara de celui ci. Autour de l'entrepôt, les guerrières s'étaient rassemblées sur le pied de guerre, comme enhardi avant une bataille, elles arboraient dès lors leurs lances ainsi que leurs tenues de combat composées de masques étranges et colorés, et terriblement terrifiant.
Ne voyant aucune logique militaire dans leur attroupement, il ignora dans un premier temps la raison qui nécessitait pareil démonstration guerrière, et c'est alors que soudain, les guerrières de la jungle entrèrent dans une sorte de trans, plantant leurs armes dans le sol et ployant le genou face à l'arrivée d'une nouvelle Amazone aux attributs vestimentaires bien plus riche et que Will n'avait jamais vu chez aucune autre des femmes auparavant.
De la même manière que le capitaine Achab avait galvanisé son équipage avant le début de la traversée de la jungle, celle qui devait sans l'ombre d'un doute être la matriarche commença alors à s'exprimer, sous les yeux d'un Will pleinement concentré alors qu'il murmurait pour lui même chacun de ces mots dans le but de les comprendre ou les interpréter.

"Qhari belo Flak"... "Qhari" semblait ici désigner les hommes venant de la mer. Pouvait on le traduit par Homme ? Ou étranger ? Ou démon peut être... Rien n'était sûre, mais il était certain que "Qhari" désignait les gens comme Will.
Une nouvelle fois le mot "Sotek" était ici employé à mainte reprise accompagné du mot "Suwo"... Le désir de Sotek ? A la gloire de Sotek ? L'action en tout cas mené par les Amazones étaient selon la matriarche une demande exprès de ce fameux Sotek. Même au bout du monde... On appelait donc à la bienveillance des Dieux avant une bataille.
"Amazoni" était donc le mot employé pour parler du peuple "Amazone"... Restait encore "Apuchay maganakuy"... Dont le terme exacte lui échappait encore. Quoiqu'il en soit, la raison de cet attroupement était la suivante : Des hommes des mers avaient été aperçu, et le peuple des Amazones était sur le pied de guerre pour les capturer ou les tuer... A la gloire de leur divinité Sotek...
Qui allaient elles attraper ? Un autre groupe de la Sirène Ivre ? Des conquistadors ? Impossible de le savoir ou de le deviner, tout comme il était impossible pour Will d'empêcher ce qui saurait peut être, être un carnage à l'encontre de ses frères de la côte.

Nouveau évènement avant le départ des furies, deux d'entre elles furent comme misent à l'honneur, ployant le genou, le jeune mousse reconnu la chevelure blanche de Nasha, ainsi qu'à ces cotés l'Amazone à la lance étant venu lui rendre visite dans sa hutte au moment de son arrivée.
Se plaçant tour à tour devant les deux jeunes femmes, la matriarche leur apposa à toutes les deux une marque rouge sur le menton... Quel était la symbologie de pareil cérémonial ? Il n'en savait rien... Peut être une sorte de rite de passage pour un évènement particulier ? Et qu'est ce qui faisait que l'Amazone aux cheveux blanc était en compétition avec celle à la cicatrice ?... Tant de questions sans réponses.
C'est alors que dans un ultime cri de guerre, les guerrières fondirent avec vélocité à travers la jungle, disparaissant comme si elle venait de pénétrer dans la gueule du monstre que représentait l'enfer vert.
Dans le village, ne restait désormais plus que huit Amazones, dont trois enceintes... Était ce ici le bon moment pour tenter de fuir ? Sans aucun doute pas, l'idée de n'avoir aucune réel destination effrayant plus que tout le jeune Hecker... Sa fuite devait être murement réfléchit pour sûre.

Profitant du moment, le marin se dirigea alors à la rencontre du chirurgien Tulio, qui avec ces sept mois à séjourner ici, devait en connaître plus que n'importe qui sur les coutumes tribales des Amazones.

"Tulio ! Hé Tulio !" Celui ci était toujours près du cours d'eau pour le moment, ne semblant même pas s'être intéressé aux récents évènements ayant perturbé la tranquillité du village, sans doute n'était ce là pas la première fois qu'il assistait à pareil spectacle.
"J'ai besoin de réponses ! Pourquoi Nasha..." Il se ravisa à continuer pour finalement reprendre : "Pourquoi la fille aux cheveux blanc est en compétition avec celle à la cicatrice ? C'est quoi leur lien ? Et surtout c'est quoi cette marque sur leur menton que la matriarche leur a apposé ?!"
Il posait ici de nombreuses questions certes, mais la curiosité le poussait à en savoir le plus possible désormais. Plus important encore, il demanda :

"Quand elles vont revenir... Que vas t'il se passer ? Qu'est ce qui aura changé ? Ce que je viens de voir... On aurait dit une sorte de rite de passage... Un moyen de faire ces preuves ou un truc du genre..."

Il resta devant lui, voulant absolument tout savoir.

"Elle cite sans cesse ce Sotek... Cette divinité qu'elle représente sous la forme d'un serpent... C'est quoi le truc ? Elles l'honorent en défendant la jungle ? En sept mois passé ici, tu as sûrement dû apprendre certainess chose. Si tu tiens tant que ça à moisir ici alors ne te gène pas ! Mais moi, j'ai l'intention de m'en sortir quand le bon moment se présentera."
Dans sa gestuelle, il passa alors sa main autour de son bassin comme pour y sentir le contacte rassurant de quelque chose, ne le trouvant pas dans un premier temps, il bascula alors son regard en direction de son bas ventre, le regard paniqué, comme celui d'un homme se rendant compte qu'il avait égaré quelque chose.

"Oh non... non, non, non, non !!!! Elle est plus là ! Plus là ! J'y avais pas songé depuis hier mais... La dague... La dague de Sophia... Elles l'ont prisent !"
Il faisait ici référence à la dague offert pour ces dix huit ans par la belle Sophia et sur laquelle était gravé en or les initiales DR : Della Rovere.
Tentant de se calmer et de réfléchir, il empoigna Tulio par le col, au risque de rouvrir sa blessure, et l'interrogea avec un regard indiquant qu'il était déterminé à le faire parler par la violence si il le fallait :

"Quand elles nous capturent, elles font quoi de ce que l'on a sur nous ? Répond moi bordel !"

Même avec un plan, Will ne pouvait quitter cet endroit sans la dague de Sophia, pour sûre, il était semble il prêt à donner sa vie pour cet objet à la valeur purement sentimental.