[Déchirure][Vladek] Les chemins de la noirceur

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Depuis la Déchirure jusqu'à la création de l'Empire et de la Bretonnie, revivez ces âges passés de légendes.

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[MJ] Kriegsherr
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[Déchirure][Vladek] Les chemins de la noirceur

Message par [MJ] Kriegsherr »

C’était l’automne et il pleuvait abondamment sur les contreforts des monts Anulii, et encore plus dans la région où serait un siècle et demi plus tard construite la forteresse connue sous le nom de « Porte du Griffon », qui séparait le Sud de la province extérieure de Naggarythe du Nord la province intérieure d’Ellyrion.

Environ une semaine plus tôt, une petite armée d’elfes fidèles à Caledor Ier dirigée par le prince Alégas d’Ellyrion avait quitté les lieux pour s’en retourner à leur cité, Tor Elyr, où de graves troubles avaient éclatés, fomentés par les adeptes des cultes interdits et les partisans du Prince Malékith, et où toutes les forces étaient nécessaires pour maintenir l’ordre. Nul ne pouvait dire, en l’état actuel des choses, si la capitale provinciale et avec elle toute la province, n’allaient pas basculer prochainement dans le camp du fils d’AEnarion.

Ayant levé le camp en hâte, dès l’arrivée du message porté par un célèbre patrouilleur sur un rapide coursier, les soldats n’avaient pas eu le temps d’emporter avec eux Vladek, le magicien grièvement blessé, qui était toujours trop lourdement affecté pour marcher et suivre la cadence, et trop encombrant pour qu’on l’emmène. D’autant que l’armée allait à marche forcée.

La jeune magicienne inexpérimentée qui avait évalué la dangerosité de Vladek l’avait jugé très probablement coupable de pratiquer la magie noire, mais elle n’en était pas entièrement certaine. Il restait une possibilité, très minime, qu’il ne fût que la victime innocente de sortilèges maléfiques ou de l’effet d’un fiasco. Cette hypothèse, ainsi que le respect et l’estime que l’on portait à sa famille bien connue, puisqu’originaire d’Ellyrion elle aussi, avaient joué en sa faveur. Le prince Alégas avait beau être un grand guerrier, un commandant aguerri et un noble de renom, il avait un sens moral très strict, et, s’il n’aurait pas hésité une seule seconde à condamner à mort un « traître », comme il appelait les partisans de Malékith, il lui répugnait de prononcer une sentence aussi définitive sur quelqu’un dont la culpabilité n’était pas prouvée. S’il avait pu l’amener devant un conclave de sorciers expérimentés, comme il comptait le faire à l’origine, le sort de Vladek aurait été scellé, car il aurait été vite convaincu de magie noire.

Mais le noble n’avait plus ce temps. En d’autres circonstances, il aurait très certainement pris ses responsabilités et condamné à mort quand même, en assumant le risque faible d’erreur. Heureusement pour lui, la faiblesse extrême du tatoué avait plaidé pour une autre solution, qui aurait pu être encore plus cruelle, bien qu’exonérant Alégas de toute décision. Il avait en effet décidé de ne rien faire, de laisser sur place le blessé et ses affaires. Ce qu’il pouvait lui arriver, il s’en lavait les mains.

Dans cet endroit peu sûr, être laissé incapable de bouger équivalait à une mort certaine à plus ou moins long terme, surtout en ces temps troublés. Au mieux, il pouvait espérer qu’une bête, un monstre ou un bandit de passage ne l’achève rapidement. Au pire, il mourrait de faim ou de soif, incapable de subvenir lui-même à ses besoins dans la situation présente.

Pourtant, le destin en décida autrement.

Et ce jour là, le destin prit la forme d’un jeune elfe androgyne. Tout en lui était très pâle. Depuis ses longs cheveux plus blancs que blonds à ses yeux d’un bleu limpide, en passant par sa peau de nacre immaculée. Il était frêle avec des membres délicats, et des mains d’artiste et non de guerrier, et les traits raffinés de son beau visage avaient un caractère très féminin. Même ses vêtements et son choix de parures entretenaient la confusion. En effet, il portait un peu à la manière d’une toge une robe bleu-violette en satin, décorée de motifs complexes, et bordurée de deux lignes cousues au fil d’or, et ses cheveux désordonnés étaient disciplinés par une sorte de mince foulard de soie mauve pâle, noué en bandeau. Les bijoux qui l’ornaient semblaient avoir été savamment choisis pour le mettre en valeur. Ainsi, il portait sur et dans son bandeau de soie un collier de perles et d’or, tandis qu’une autre décoration de perles, d’or et de saphir lui ceignait le front et mettait en valeur ses yeux, bien qu’elle fut aux trois quarts dissimulée par sa chevelure rebelle. C’était peu visible, mais en dessous du second saphir du pendentif frontal se trouvait un fin tatouage à l’encre noire, représentant une rune complexe dans un cercle contenant une étoile à huit branches stylisée. Grâce à ses connaissances approfondies en langues occultes, notamment démoniques et de l’arcane noire, ainsi que sa parfaite maîtrise de l’eltharin classique, un elfe tel que Vladek aurait pu identifier là un travail extrêmement précis et fin, dans sa réalisation comme dans sa conception, mêlant des références à Hekarti, Khaine et Slaanesh, et ce en plusieurs langues combinées extrêmement rares. Un second tatouage, au dos de sa délicate main gauche, représentait un pentagramme, un symbole très répandu, mais également très puissant en magie.
Le reste de son habillement était semblable : de nombreux colliers d’or et de perles, incrustés d’améthystes et de lapis-lazuli ornaient son cou et sa frêle poitrine, recouverte par une tunique violette en soie finement brodée d’or. Trois larges bracelets, simples cercles d’or pur, entouraient son mince bras gauche. Habituellement, il ne se déplaçait jamais sans son instrument favori, une flute dont il jouait à merveille, et qui lui avait valu son surnom et lui servait de couverture.
Aux yeux d’un nain, cet individu aurait été la preuve vivante que les elfes étaient tous des êtres efféminés qu’il était difficile, voire impossible pour un non initié de déterminer leur sexe.

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Cet elfe s’appelait Gildéon « le Barde », et était très jeune, bien plus encore que ne l’était déjà Vladek. Tout au plus devait-il approcher les quarante ans, ce qui correspondait à peu près en termes de maturité à un humain de dix-sept ou dix-huit ans. Pourtant, ce voyageur solitaire semblait très bien savoir ce qu’il faisait, et il le valait mieux en ces temps troublés. Lorsqu’il avait découvert le corps de Vladek, qui avait de nouveau sombré dans l’inconscience, et ses affaires qui traînaient non loin, il avait tout de suite compris à qui il avait affaire et ce que cette rencontre pouvait signifier pour lui.

Jour et nuit, pendant les cinq jours qui avaient suivi le départ des troupes d’Alégas d’Ellyrion, il avait pris soin du blessé inconscient, soignant ses blessures avec la plus grande attention. Il l’avait nourri, abreuvé, maintenu consciencieusement en vie dans l’espoir qu’un jour, le mage entièrement tatoué se réveille. Et ses efforts furent finalement récompensés. Au sixième jour, Vladek rouvrit enfin les yeux, totalement rétabli physiquement.

Il fut réveillé par une douce mélodie à la flute, une œuvre improvisée, mais digne d’un artiste de grand talent. Puis, il put constater qu’il se trouvait sous une grande tente dont le rideau qui servait de porte était ouvert. Il laissait voir un feu de camp, au pied des Monts Anulii, et permettait d’observer l’étrange personnage qui lui faisait face, assis en tailleur de l’autre côté des flammes, sur lesquelles une marmite était posée et laissait échapper un appétissant fumet de lapin aux herbes.

Assurément, Vladek le sentait, cet homme était mage, ou du moins avait-il un potentiel magique. Gildéon lui avait laissé ses grimoires et tout son équipement à sa disposition, dans la tente, et, dès qu’il s’aperçut du réveil de son ex-patient, le musicien cessa de jouer, reposant délicatement sa flute dans une poche à sa ceinture, et l’acceuillit en ouvrant lentement ses frêles bras et en prononçant les mots suivants, d’une voix charmeuse qui aurait pu être celle d’un elfe vraiment très efféminée, ou d’une elfe vraiment très masculine.


-Enfin tu te réveilles. Je le savais : tu avais bien trop de potentiel en toi pour mourir. Sois le bienvenu. L’on me nomme Gildéon « le Barde », bien que mon nom ne t’apprenne rien sur moi, et que la musique ne soit nullement mon métier, mais tout au plus un passe-temps.

Il te sera plus intéressant, je crois, d’appendre que je suis ce que les ignorants que nous ne sommes pas craignent et jalousent à la fois pour notre pouvoir qu’ils n’auront jamais. Malheureusement, bien que l’on m’ait révélé mes dons et certaines de leurs utilisations les plus basiques, j’ai était interrompu dans cette découverte. Et je sais, je ressens en moi ce potentiel encore inexploité, mais tellement prodigieux, tellement attrayant.

Seul le fou ou le faible ignorerait une telle source d’énergie brute. Mais nous qui la voyons, qui la ressentons, nous ne l’ignorons pas. J’ai besoin d’un guide sur cette voie, quelqu’un qui saurait m’apprendre à contrôler, à maîtriser et à utiliser à ma guise cette puissance.

J’ai été mené vers toi, en suivant un fanal d’énergie noire. Un fanal comme je n’en avais ressenti avant. Une puissance brute pareille à nulle autre, bien plus importante que celle dont aurait jamais pu rêver mes anciens maîtres. Mais il y avait ces soldats, si nombreux, si ignorants, grouillant comme des fourmis, totalement inconscientes de la futilité de leur existence. Et cette lumière blanche près de toi, tellement pitoyable, tellement misérable, tellement faible qu’on aurait dit la pathétique lueur d’une unique bougie dans un océan de ténèbres. Toutefois, tu étais à leur merci, et j’ai eu peur qu’un de ces imbéciles ne se doute ne serait-ce que de l’existence d’une infime parcelle de ce que tu représentes et ne te tues, ou pire encore, que ces insectes ne le fasse par précaution sans même avoir conscience de ce que tu es et pourrait être.

Mais Hekarti, notre déesse tutélaire, avait l’œil, et elle t’a protégé. Les fourmis et la pitoyable créature qui ose réclamer le titre de sorcière sont parties en te laissant et enfin j’ai pu te voir en chair et en os. Tu étais vivant ! Tes tatouages et tes grimoires m’ont confirmé tout de suite qu’il n’y avait pas d’erreur possible, c’était bien toi la source de ce fanal de noirceur. J’ai donc pris soin de toi, et aujourd’hui, je me présente devant vous en espérant que vous m’accorderez de suivre vos pas et vos enseignements, ainsi que l’insigne honneur de vous appeler « maître ».


L'elfe avait peut-être préparé de longue date sa tirade, ou peut-être l'avait-il improvisée, mais toujours est-il qu'il l'avait récitée d'un trait de son étrange voix, sans laisser le temps à Vladek de l'interrompre. Maintenant, passif, il semblait attendre la réponse de son collègue.
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Vladek
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Message par Vladek »

Pour la première fois depuis bien des jours, Vladek ne ressentit pas de douleur cuisante à sa blessure au crâne en s’éveillant. Etendu sur le dos, nu sous la pièce de soierie ornementée qui lui servait de couverture, il fixa le plafond de la tente au-dessus de lui, silencieux, perdu dans ses pensées. Il percevait une présence à quelques mètres de lui, vers l’entrée de la tente, d’où émanait une légère mélodie de flûte. L’individu ne semblait pas s’être immédiatement aperçu du réveil de son patient, aussi Vladek demeura-t-il immobile, persistant dans son mutisme en essayant de mettre de l’ordre dans ses idées. Son esprit dériva un moment, et des bribes de souvenirs issus des derniers jours assaillirent sa mémoire.

Ces derniers jours avaient été éprouvants au possible. Après l’accident de sa nuit de veille à l’auberge, Vladek avait été grièvement blessé au crâne, l’os s’étant fracturé, laissant une vilaine blessure qui se serait infectée en quelques minutes et l’aurait achevé à coup sûr, n’eut été ce cataplasme enchanté, appliqué dans les temps, qui stabilisa la blessure le temps de trouver des soins dignes de ce nom. Malheureusement, le groupe de compagnons qui l’avait recueilli n’avait rien trouvé de mieux à faire que de se précipiter dans les bras d’une troupe de loyalistes, les soldats d’un seigneur d’Ellyrion. L’état de Vladek avait aussitôt attiré l’attention, et par la même occasion, ces curieux tatouages, faisant pour une apparence fort atypique, suscitant la méfiance. Suspecté de pratiquer des arts interdits, Vladek avait été évalué par la seule mage de l’expédition, une novice au décolleté aguicheur, qui n’avait su se résoudre à le condamner ouvertement, craignant probablement d’accuser un innocent en le désignant comme mage noir. Qui plus est, son nom de famille le désignait comme membre d’une éminente dynastie de nobles ellyriens, rendant l’accusation d’autant plus difficile. Le commandant de l’expédition, toutefois, ne s’embarrassait pas de tels sentiments, et décision fut prise de le laisser en vie, au milieu de nulle part, sans aide aucune. Comme on le disait, Asuryan reconnaissait les siens, et veillerait à la survie du suspect personnage, si d’aventure celui-ci méritait de vivre.

Vladek avait donc été laissé sans vivres au milieu de nulle part, sur les contreforts des Monts Anulii, promis à une mort certaine. Il avait passé plusieurs heures à lutter contre l’engourdissement de ses membres, n’ayant pas la force de se mouvoir par lui-même, et sentant la nuit tomber autour de lui. Dans son état, une nuit sur le versant des Monts Anulii lui aurait sans nul doute été fatale, car chacun sait que ces contrées ne sont pas seulement hantées par des prédateurs naturels, mais aussi par de cauchemardesques créatures, imbibées de magie. Il se souvenait avoir perdu connaissance, maudissant sa malchance chronique des derniers jours, rejetant la faute sur Asuryan le fourbe et ses basses manigances. Il fut néanmoins sauvé par un inconnu, qui resta à son chevet pendant des jours et des nuits, tenant les bêtes sauvages à distance, et pansant ses blessures. Vladek ne gardait que peu de souvenirs de cette semaine de convalescence, car la fièvre l’avait enfermé dans un quotidien de douleur et de vertiges. Le peu dont il se souvenait était très flou. Il savait par exemple avoir marmonné des noms dans son sommeil tourmenté, et s’était surpris plusieurs fois à geindre pitoyablement lors des soins qui lui étaient dispensés. Ce dernier fragment de mémoire tira Vladek de ses pensées, le feu de l’humiliation brûlant dans ses veines, la colère grondant au fond de lui.

Rejetant la couverture sur ses genoux, le disciple d’Hekarti se redressa en position assise, attirant immédiatement l’attention de son mystérieux bienfaiteur, qui cessa de jouer de son instrument pour son retourner vers lui. Vladek ne lui prêta d’abord aucune attention, ayant entrepris d’inspecter son corps glabre dans les moindres détails, s’apercevant que ses moindres meurtrissures avaient été pansées, et que sa blessure au crâne, au sommet du front, semblait complètement stabilisée, et en bonne voie de guérison, à en juger par l’absence de douleur. Momentanément satisfait de ce qu’il constatait, le jeune mage se tourna vers son interlocuteur, et fut aussitôt assailli d’une multitude de sentiments contradictoires. Celui-ci se trouvait être un très jeune elfe, probablement son cadet d’une vingtaine d’années, étant donné qu’il n’avait pas encore le physique d’un elfe pleinement adulte. Vladek lui-même n’était guère plus âgé, et n’importe lequel de leurs aînés centenaires n’aurait fait aucune distinction entre eux deux. L’elfe était vêtu de satin aux tons mauves et violets, et de multiples accessoires d’or et de perles agrémentait sa parure, à l’instar du foulard de soie ceignant son front. Son apparence soignée détonait complètement avec celle de Vladek, couvert de tatouages Ses cheveux étaient aussi blancs que la brume, par opposition à la chevelure sombre de Vladek. Leurs visages juvéniles exprimaient toutefois la même assurance, la même arrogance, et la même ambition dévorante se lisait dans leurs yeux. Quelque chose dans cet elfe intriguait le disciple d’Hekarti, ou bien était-ce de l’attirance ? Il se sentait comme un papillon de nuit, fasciné par ce reflet contrasté de lui-même.

*Tue-le. *
La voix de Dekh avait retenti comme un coup de tonnerre dans son esprit, teintant la fascination de Vladek d’une haine mordante, d’un besoin urgent de supprimer ce reflet honorable de lui-même qui lui faisait face. L’elfe commença à se présenter, disant s’appeler Gildéon. Vladek buvait ses paroles, en proie à un conflit intérieur ayant pour enjeu sa réaction face à cet inconnu.
*Ecorche-le vif sur l’autel de tes dieux. *
A bien y réfléchir, Vladek se devait de reconnaître qu’il éprouvait une envie irrépressible de blesser cet elfe qui lui faisait face, sans considération aucune pour les soins qu’il lui avait dispensé. Une voix dans sa tête le pressait de lui faire mal, urgemment.
*Ou couche avec lui, mais cela revient au même pour toi n'est-ce pas ?*

[Rire moqueur]
Vladek peinait à faire le tri de ses émotions. Dekh avait sans doute raison, cet elfe était dangereux pour lui. Il ne devait pas lui faire confiance. Mais à l’entendre, il ne désirait que davantage de pouvoir : une parfaite réplique de ce que serait resté Vladek s’il n’avait pu rencontrer Seshru et son culte d’Hekarti. Par ailleurs, le dénommé Gildéon arborait plusieurs symboles voués aux divinités du panthéon de l’Outre-Monde, Cytharai. Il était la facette présentable de ce que Vladek était aujourd’hui, et sa personne n’inspirait pas la suspicion, contrairement à lui qui devait se dissimuler sous un manteau à capuche pour masquer ses étranges tatouages qu’il avait sur tout le corps. Réprimant les pulsions meutrières de Dekh, il se concentra sur son interlocuteur, qui avait cessé de parler et attendait maintenant sa réaction. Perdu comme il l’était au milieu de ses émotions contradictoires, Vladek décida de s’en tenir à la question la plus directe qui soit, qui devait déterminer son attitude vis-à-vis de Gildéon dans un premier temps. Aussi prit-il la parole, le visage figé dans une expression la plus neutre possible :

"Qui est l’héritier légitime du Trône d’Ulthuan ?"

Dans le même temps, il lorgna discrètement sur sa dague sacrificielle et ses vêtements, soigneusement empilés dans un coin de la tente, presque à portée de main. Il se pouvait qu’il vienne à en avoir besoin, aussi devait-il se tenir prêt à toute éventualité. Il était trop proche de Gildéon pour pouvoir raisonnablement tenter de préparer un sortilège, et ne souhaitait pas s’exposer à une contre-attaque facile. Il attendit la réponse, tendu alors que l’adrénaline affluait dans son corps : il avait beau être nu et vulnérable dans sa position actuelle, il était bien déterminé à trancher la gorge de ce jeune roitelet si d’aventure il devait se montrer hostile à la cause du Prince Malékith.
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[MJ] Kriegsherr
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Re: [Vladek] Les chemins de la noirceur

Message par [MJ] Kriegsherr »

Assurément, Gildéon « le barde » ne s’était pas attendu à une telle réponse de la part du mage intégralement tatoué auquel il avait demandé de devenir son mentor. Car, en lieu et place d’une acceptation, d’un refus ou d’une épreuve, il avait eu droit à un questionnement complètement déconnecté, sur son appréciation de la politique. Certes, la question était primordiale en ces temps troublés, car la guerre civile couvait en Ulthuan, mais elle ne semblait ni importante, ni même intéressante aux yeux du mage richement vêtu. Sans doute ce dernier avait-il une approche plus individualiste, son intérêt personnel étant plus important à ses yeux que l’appartenance politique ou le choix d’un camp, d’une faction.

Cela-dit, dans le contexte actuel, être partisan de Malékith ou de Caledor impliquait trop de choses pour qu’il puisse éluder la question et repousser son choix. L’homme semblait intelligent et répondit donc, d’un air blasé et de sa voix habituelle :

-Je ne puis prétendre être passionné par les choses politiques… Mais en observant la situation actuelle, il n’y a pas à hésiter.

D’un côté, celui qu’on nomme désormais "Roi-Sorcier Malékith". Un elfe éclairé, qui n’est pas ignorant du véritable pouvoir, et dont on dit qu’il est peut-être l’un des plus doués et plus puissants mages de tous les temps. Ses partisans semblent de la même trempe. Nul sage ne saurait ignorer ou nier la puissance de Furion et de Morathi, dont on dit même qu’elles égalent ou dépassent les capacités du Roi-Sorcier lui-même.
Ils prônent une magie libérée, entière, dans laquelle on peut puiser librement, et promettent une puissance inégalée à leurs alliés.

De l’autre, un elfe quelconque, ignare et aveugle à la source infinie de puissance, qui n’a aucun don magique, et ses partisans de moindre talent, médiocres, qui se contentent de toucher du bout des doigts l’aethyr par peur de s’y brûler, parce qu’ils sont faibles. Trop faibles pour oser, pour prendre ce qui aurait pu être à eux, ce qui sera un jour à nous.

Entre la force et la faiblesse, seul le fou choisirait la seconde. Il est donc juste, naturel, dans l’ordre des choses que Malékith domine, qu’il réclame et obtienne son dû, par la force si besoin.


Toujours sans se lever, l’elfe musicien attendit la réaction de son compagnon à ses paroles. Il semblait attendre que ce dernier prenne une décision à son sujet.
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Re: [Vladek] Les chemins de la noirceur

Message par Vladek »

Vladek s’autorisa un imperceptible signe de satisfaction alors que Gildéon affirmait soutenir le camp du seigneur Malékith. Il ne relâcha pas sa vigilance pour autant, au cas où toute la tirade de son interlocuteur ne serait que tromperie destinée à lui faire baisser sa garde. Mais il fut bientôt surpris de constater une réelle ressemblance entre leurs systèmes de pensée respectifs, tous deux s’articulant autour de la nécessité d’accumuler du pouvoir en ce monde pour se hisser au-dessus d’autrui. Le positionnement de Gildéon convenait presque trop bien à sa propre philosophie de vie pour en être crédible. Ses doutes furent cependant rapidement balayés par une autre réaction au discours de son interlocuteur : il restait fasciné par la façon dont le dénommé Gildéon exposait ses idées, par sa prestance et son aplomb hors du commun alors qu’il discutait d’un sujet sensible par les temps qui couraient. Lui-même devait avoir été percé à jour quant à son propre positionnement politique, car Gildéon ne semblait pas éprouver le moindre doute quant à sa réaction. Comme s’il allait de soi que Vladek se satisfasse de ses arguments.

Cette confiance et ce calme exceptionnels intriguaient notre héros au plus haut point, le menant à s’interroger quant à l’origine sociale de son interlocuteur. Vladek s’était en effet posé cette question après avoir remarqué la richesse des atours de Gildéon, le soin accordé à son apparence, et la finesse de sa parure : tous ces éléments tendaient à indiquer une origine sociale égale, si ce n’était supérieure à la sienne, ce qui impliquait que Gildéon soit originaire d’une famille de moyenne noblesse, au bas mot. Une intuition tenace se frayait un chemin dans l’esprit du mage noir, maintenant persuadé que le jeune Gildéon, son cadet en bien des points, était encore davantage que ce qu’il paraissait. A l’origine de cette percutante intuition, ce sentiment de fascination, pour ne pas dire d’attirance, qu’éprouvait pour lui Vladek depuis que leurs regards s’étaient croisés. Il était parfaitement anormal pour le disciple d’Hekarti de se sentir impressionné par un homme, de niveau social visiblement comparable à celui de sa famille, et au talent pour les arcanes magiques qui restait encore à démontrer. Cette sensation d’être en présence de quelqu’un de plus important que soi, cette attirance irrésistible pour une personne par ailleurs inconnue, Vladek peinait à l’expliquer. Il avait rencontré bien des elfes importants depuis sa majorité, et avait été présenté à des patriciens parmi les plus influents d’Ulthuan, avant sa fugue vers les cultes du panthéon Cytharai. Il s’était bien des fois senti intimidé par le charisme écrasant de certains de ces elfes millénaires, qui avaient même connu l’époque précédant le règne d’Aenarion le Défenseur. Mais jamais n’avait-il ressenti cette curieuse double sensation, une fascination respectueuse qui intimait le respect, doublée d’une attirance irrésistible pour un elfe de son âge, de sexe masculin qui plus était. Vérifiant machinalement qu’il n’était pas sous le coup d’un quelconque sortilège de séduction, Vladek révisa son opinion sur Gildéon, et changea d’avis quant à la réponse à lui donner. Il n’était pas sûr d’aimer cette aura de respect forcé qui entourait son interlocuteur, et détestait purement et simplement qu’on lui intime de rester à sa place. Seul comptait le pouvoir, et tant qu’il ne serait pas fixé quant à la puissance réelle du jeune Gildéon, il se tiendrait sur ses gardes, et se considérerait par défaut supérieur à lui, et en droit de l’exploiter.

« Je vois que nous partageons les mêmes convictions dans notre philosophie du pouvoir », répondit-il d’un ton neutre.

« Je pense de la même façon. La caractéristique principale du puissant, en ce monde, est sa capacité à agir, et à réclamer ce que son pouvoir personnel l'autorise à convoiter. A ce titre, le prince Malékith a tous les droits de réclamer le trône, outre son illustre lignée. »

Instant de silence. Comme Gildéon ne réagissait pas, et restait assis, à le dévisager, comme attendant une réponse à sa question première, Vladek s’extirpa de la couverture sans pudeur aucune, exposant sa nudité au regard de son interlocuteur. Puis il tendit le bras, et entreprit de trier ses effets, que Gildéon avait visiblement lavés, et déposés en ordre dans un coin de la tente. Retrouvant sa dague rituelle, à la lame gravée du nom de sa déesse tutélaire, le mage noir en testa amoureusement le tranchant, s’entaillant la paume de la main d’un coup sec. Il prit quelques secondes pour apprécier la sensation de douleur lancinante à sa juste valeur, avant de se retourner vers Gildéon.

« Entendu. Je n’aime pas partager mes connaissances avec autrui, mais je ressens un potentiel exceptionnel en toi. J’accepte de devenir ton compagnon de route. Quant à t’enseigner ce que je sais, le temps nous dira si tu es digne de confiance ou non.

Je suis moi-même à la recherche d’un mentor plus expérimenté, mais je dois d’abord rejoindre l’armée des partisans du prince Malékith, afin de faire valoir son droit sur cette contrée. »


Désireux de tester la personnalité de son interlocuteur, Vladek eut une idée pour mettre à l'épreuve Gildéon. Si Gildéon acceptait de sans hésiter de rentrer dans son jeu, et de maculer l’une de ses mains du sang d’autrui, Vladek pourrait considérer qu’il avait l’habitude de rituels sanglants. Si en revanche il hésitait trop longtemps, ou refusait le geste, le mage noir saurait en tirer les conséquences, et une méfiance redoublée s’imposerait de fait.

Tendant sa main à la paume ensanglantée à son vis-à-vis, il conclut d’une voix sourde :

« Hekarti soit témoin de notre engagement l’un envers l’autre. »
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Re: [Vladek] Les chemins de la noirceur

Message par [MJ] Kriegsherr »

Test de CHA : 1. Réussite critique.
Gildéon n’avait pas bronché pendant toute la réponse de son interlocuteur. En revanche, lorsque celui-ci s’était levé impudiquement, le regard du mage richement vêtu s’était promené tout le long des courbes élégantes tatouées sur l’intégralité du corps dénudé de Vladek. Il semblait avoir une sorte de fascination qui faisait briller ses yeux. Mais cela ne dura guère, car bientôt, le sorcier se revêtit de sa longue robe noire à capuche, et le charme fut rompu.

La suite fut encore plus intéressante. Le plus jeune des deux elfes regarda son aîné se saisir de son arme rituelle et s’entailler la paume de la main, n’hésitant pas une seule seconde à faire couler le sang. Son visage reflétait là encore une fascination étrange, mêlée d’une sorte de crainte. Il avait conscience, à coup sûr, que verser le sang n’était pas sans signification en termes de magie noire. Il avait certainement eu l’occasion d’examiner en détails cette dague sacrificielle, dédiée à Herkati, la déesse de la magie noire, pendant le temps où Vladek était resté inconscient. Sans doute devinait-il plus ou moins consciemment qu’offrir un sacrifice à la maîtresse de la magie pouvait attirer son attention et aider à la canalisation d’énergie. Peut-être le riche magicien pensait-il que son confrère s’apprêtait à faire usage de ses pouvoirs, aussi était-il en alerte, sur ses gardes.

Mais cette méfiance apparente ne dura pas longtemps, car les paroles du tatoué le détendirent quelque peu, et il retrouva vite son air mystérieux et impassible. Il ne s’agissait apparemment pas d’une attaque, mais plutôt d’une sorte de pacte, à sceller par le sang. Comme l’avait justement deviné Vladek, Gildéon n’était pas du genre à se salir les mains, en général. Mais face à une telle proposition, il n’y avait pas à hésiter. Un grand sourire étira ses lèvres alors qu’il se levait et serrait la main de son compagnon.

-Ainsi soit-il, Herkati soit témoin de notre association. Vous n’aurez pas à le regretter, croyez-moi.

Et ainsi fut forgée devant la déesse de la magie les bases d’une alliance entre deux mages. Cet engagement allait-il durer dans le temps, où allait-il voler en éclats aux premières difficultés ? En tout cas, il semblait clair que la confiance entre Vladek et Gildéon n’était pas totale, au vu des questions et des réactions de l’un et de l’autre. Surtout en ces temps troublés, mieux valait rester prudent, mais dans le même temps, Gildéon n’avait-il pourtant pas sauvé la vie de Vladek ? S’il l’avait voulu, il aurait sans peine put le tuer pendant son sommeil.

Chacun était toutefois très conscient du climat de suspicion mutuelle. Le « barde », le premier, décida de briser la glace et d’établir une relation plus forte avec son compagnon celui dont il espérait qu’il deviendrait son maître, son mentor. Alors qu’il défaisait le campement, il prit la parole :

-Si j’ai bien compris, les terres de Nagarythe sont notre destination. Hélas, j’ai perdu mon coursier il y a quelques semaines déjà, il nous faudra donc marcher pendant trois ou quatre jours pour traverser les Anulii et les forêts sur leurs flancs, et enfin arriver dans la plaine où nous n’auront aucun mal à trouver des villes et les troupes du Roi-Sorcier.

***
Et effectivement, le voyage serait long si Vladek et Gildéon n’y mettaient pas chacun un peu du leur. Le plus jeune sentait que c’était à lui de faire le premier pas. Aussi, alors que le voyage avait commencé, il décida de se dévoiler un peu plus, en montrant sa main encore couverte de sang séché qu’il n’avait pas pris la peine de nettoyer :

-Dites-moi, mage. Je ne sais rien de vous, même pas comment je dois vous appeler, mais je sens votre puissance. Et nous avons scellés un pacte de sang ensemble devant la vraie déesse, Hekarti. Si vous voulez bien m’en dire en plus sur vous, je vous en dévoilerais plus sur moi en retour.

Et j’ai hâte de vous voir à l’œuvre dans la pratique des arts magiques. Je ne demande pas que vous m’enseigniez tant que vous ne me jugerez pas prêt et digne de votre confiance, mais je saurai m’en montrer digne et la gagner si vous m’en laissez la chance. En attendant, il me suffit déjà de vous accompagner et de vous observer.

Je sais que j’ai des dons, mais je n’ai jamais appris à les maîtriser. En d’autres temps, j’aurais moi-même été à la Tour Blanche, en Saphery, pour y étudier, mais ça n’a pas été et ça n’est ni ne sera plus possible.

HRP : Je te laisse discuter ou agir avec Gildéon pendant les 3 jours de la traversées des Anulii (en gros, je reprendrais la main alors que vous arrivez sur le versant Nagarythe des montagnes, dans la grande forêt juste au Nord-Ouest de la chaîne.
Le Q.G. de Kriegsherr se trouve ici:
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Vladek
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Message par Vladek »

Vladek réprima à grande peine un rictus de triomphe alors que Gildéon obtempérait et scellait le pacte, saisissant sa main ensanglantée, entrant dans son jeu, acceptant ses règles. Alors que leurs paumes se rencontraient, le disciple d’Hekarti sentit un agréable frisson le parcourir : celui du pouvoir. Ce bref instant de contact avec son interlocuteur lui permit de se faire une idée de la puissance magique qui rayonnait de l’elfe. Pour autant qu’il puisse en juger, Gildéon avait un potentiel magique certain, bien qu’il lui soit difficile d’en savoir davantage, soit parce que l’elfe lui cachait sciemment son réel pouvoir, soit car il n’était effectivement qu’un néophyte. La deuxième option semblait malgré tout la plus probable. L’avenir devait lui permettre d’en apprendre davantage sur son nouveau compagnon de route.

A présent vêtu et équipé, ayant vérifié qu’aucune de ses affaires n’avait disparu, Vladek entreprit d’aider Gildéon à lever le camp. Ce-faisant, il jetait de fréquents coups d’œil au jeune elfe, moins par méfiance que par curiosité : son étrange fascination pour lui ne l’avait pas encore quitté, et il en cherchait la raison. Comme ils se mettaient en route, il surprit le regard d’un Gildéon empreint d’une curiosité manifeste, mais ne daigna pas donner suite à ses tentatives pour amorcer la conversation, se drapant dans un mutisme résolu. C’est dans un silence embarrassé qu’ils se mirent en route.


***



Ils n’étaient pas partis depuis plus d’une demi-heure que Gildéon brisa la glace, prenant l’initiative d’engager une conversation. Interrogé sur son passé, Vladek réalisa qu’il ne s’était pas encore présenté, ayant laissé son esprit vagabonder au gré du paysage autour d’eux. Ils avaient entrepris de traverser la chaîne des Monts Anulii, ces montagnes réputées pour être un lieu dangereux, où la magie contenue dans le sol donnait parfois naissance à des abominations sans nom. Les versants des Anulii offraient une vue différente sur les contrées intérieures dès que l’on prenait un peu d’altitude, mais le paysage autour d’eux n’avait pourtant rien à envier aux vertes plaines d’Ellyrion. C’est d’un air dissipé que le mage encapuchonné prit la parole, une expression neutre sur le visage alors qu’il entreprenait d’exposer une partie de son passé.

« Je m’appelle Vladek. Tu peux bien t’adresser à moi comme tu le souhaites, cela ne changera pas ce que je suis. Maître, ou Vladek, peu me chaud. En revanche, le tutoiement est de mise : nous sommes appelés à cheminer ensemble pendant quelque temps, et je n’ai jamais vouvoyé un compagnon de route. Ne le fais pas. »

Subitement devenu plus loquace, Vladek réalisa qu’il venait de parler davantage en une poignée de secondes qu’il ne l’avait fait durant toute la semaine passée. Il n’était pas encore certain de la façon dont il allait utiliser Gildéon pour son propre bénéfice, mais il était certain qu’il lui fallait d’abord construire un lien de confiance entre eux. Son regard erra sur la paume de la main droite de Gildéon, maculée de son propre sang suite à leur pacte devant Hekarti. Ce spectacle ne le laissa pas indifférent, bien au contraire : il se sentit envahi d’une impression de puissance comme jamais auparavant. Etait-ce cela que d’avoir l’opportunité de former un disciple selon ses propres règles et idéaux ? Il était probable que Seshru ne le voyait effectivement que comme un jouet à l’époque, mais comment s’en étonner ? Cette sensation de pouvoir sur autrui était enivrante, et pouvait probablement amener bien des avantages par la suite. A condition qu’il manœuvre prudemment.

*Tiens donc. Teindre ce garçon de ta propre noirceur ? Grisante ambition.*
L’irruption de Dekh dans son esprit le perturba d’autant plus qu’il était resté calme depuis leur départ. Mais son intervention venait fort à propos. Oui, il avait trouvé les mots justes : il voulait façonner Gildéon à son image, teindre ce magicien néophyte de la noirceur de la Dhar, corrompre sa candide pureté intellectuelle. Celui-ci n’était encore qu’une ardoise vierge sur laquelle un mentor suffisamment influent pouvait forger un tempérament convenant à ses propres besoins. A lui toutefois de trouver le moyen de changer Gildéon en un véritable disciple d’Hekarti. S’il y parvenait, l’apprenti mage constituerait un atout de taille, car un mage itinérant n’était pas perçu avec la même déférence qu’un mage avec disciple. S’il venait à échouer, et que Gildéon ne se laissait pas façonner à son gré, Vladek pourrait toujours en tirer un certain bénéfice : soit en le sacrifiant à la gloire d’Hekarti pour obtenir les faveurs de sa déesse, soit en le livrant à une cellule du Culte du Plaisir, contre quelque service ou avantage. S’il manœuvrait finement, Vladek serait à terme gagnant sur tous les plans. Mais cela commençait par l’adoption d’une posture volontaire et moins taciturne. Réalisant qu’il était resté silencieux un moment, progressant au côté de Gildéon sur le sentier rocailleux, Vladek reprit la parole, entreprenant de dévoiler un pan de son passé.

« J’ai grandi au sein d’une famille noble d’une certaine influence en Ellyrion. On a très rapidement remarqué mes dispositions exceptionnelles pour la manipulation de l’Aethyr. De sorte que lorsque j’ai été en âge, on m’envoya en Saphery pour étudier sous la tutelle d’un Maître du Savoir.

Mon maître se nommait Yavandir du Val. Il était réputé parmi ses pairs pour sa maîtrise exceptionnelle du Vent de Ghyran, on le disait capable de converser avec les esprits de la nature les plus anciens, et de soigner n’importe quelle blessure ou souillure, fusse-t-elle mortelle ou incurable. Mais en fait de sagesse et de puissance je n’ai trouvé chez lui qu’un vieil elfe se complaisant dans la contemplation et les devises philosophiques. Il était faible, et n’avait aucune idée de ce qu’est le vrai pouvoir. Je brûlais d’envie de mettre fin à ses jours, et je le ferais sans hésitation si nos chemins venaient à se croiser à nouveau. »

[MJ] Kriegsherr a écrit :Lancer de dé pour l'Eclair maléfique : 11, réussite. Dé d'attribut de domaine : 16, rien ne se passe.
Bouillant de rage alors qu’il se remémorait cette époque, Vladek avait sciemment laissé la Dhar l’envahir, formulant quelques mots en arcane noire, tissant ce pouvoir torrentiel en une trame de sortilège bien familière. Sentant le flux de magie s’infléchir pour se plier à son commandement, le mage patienta quelques instants, laissant l’énergie s’accumuler, avant de la relâcher sous la forme d’un éclair noir destructeur, qui alla se perdre dans un rocher non loin, dans un crissement strident. Comme le sortilège se dissipait à l’impact, laissant derrière lui une marque gelée sur la roche, la rage de Vladek retomba et il retrouva son calme, reprenant son récit d’un ton neutre.

« Après quelques années à étudier sans que l’on daigne m’enseigner de réelle magie de combat, je suis retourné en Ellyrion. Comme ma famille me percevait comme un échec infâmant, je disparus et rejoignais un culte de la vraie déesse de la magie, Hekarti. C’est là que j’ai acquis la majeure partie de mes connaissances magiques actuelles. On me chargea d’éliminer ma famille proche pour prouver ma valeur, et j’obtempérais, tuant mon frère, sa femme et son fils. Mes géniteurs se trouvent dans la région de Lothern, en Eataine, depuis de nombreuses années maintenant, et sont hors de ma portée pour l’heure.

Je découvrais ensuite que ma maîtresse en magie et en amour me trompait avec d’autres disciples ; je l’éliminais donc, avant de prendre congé, et de me mettre en route pour trouver un autre mentor à la cour du Prince Malékith. Mais j’ai subi quelques déboires en chemin, avant que tu me trouves et ne prenne soin de moi. »


C’était suffisant. Il n’irait pas plus loin. La reconnaissance camouflée dans sa dernière phrase constituait le remerciement le plus explicite que Gildéon obtiendrait jamais de lui. Ne souhaitant pas laisser le silence s’éterniser, Vladek passa à l’offensive, certain que sa démonstration magistrale de magie avait fait son petit effet chez son disciple.

« Par les temps qui courent, il est en effet peu réaliste d’imaginer aller se former en Saphery. Mais je peux te montrer la voie vers la vraie puissance.

Assez parlé de moi. Narre-moi donc ton histoire. Et montre-moi ce que tu sais faire de ton pouvoir. »
Modifié en dernier par Vladek le 09 févr. 2016, 17:37, modifié 1 fois.
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[MJ] Kriegsherr
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Re: [Vladek] Les chemins de la noirceur

Message par [MJ] Kriegsherr »

Tandis qu’ils marchaient de concert dans les montagnes, les deux sorciers avaient choisi de converser. Gildéon « le barde » buvait les paroles de son mentor comme si elles avaient été du Nectar Divin. Il portait sur lui la plus lourde charge, celle de la tente, et cela demandait beaucoup d’effort, car, pour un elfe à pied, la montée était rude. Surtout un elfe de la carrure de Gildéon, et vêtu de manière totalement inadaptée pour un voyage à pied. Heureusement, les atours et les objets elfiques avaient tous ce côté fin et raffiné, qui leur conférait une légèreté incomparable par rapport aux équivalents nains, ou bien plus tard, à ce que deviendrait la manufacture humaine.

Malgré la difficulté de suivre un rythme de marche, s’il n’était pas vraiment soutenu, au moins qualifiable de « pas trop lent », l’elfe pâle restait focalisé. Il ne profita nullement du paysage magnifique, bien que sauvage, farouche et potentiellement dangereux des Monts Annulii devant eux, et derrière eux, de la vue splendide sur la province d’Ellyrion, à l’exception du moment où son maître lui apprit qu’il venait justement de cette province. A cet instant, le flûtiste fit une pause, le temps de se retourner pour contempler une dernière fois avant le passage d’un col qui allait cacher à leur vue les plaines intérieures de la province célèbre pour ses chevaux. Cette terre, qu’il s’était jusqu’ici contentée d’ignorer superbement, la considérant purement et simplement comme indigne d’un quelconque intérêt, venait de prendre une autre signification à ses yeux. Apparemment, le fait qu’elle n’engendre pas uniquement des cavaliers hors pair, mais également de puissants mages, était suffisant pour lui faire reconsidérer son jugement sur cet endroit.

Mais ces interrogations ne durèrent guère, et aussitôt qu’il se remit dans le sens de la marche, leur longue route reprit. Ainsi que le récit toujours aussi captivant que lui livrait son si mystérieux mentor. Les yeux de l’artiste brillaient à chaque mot, à chaque phrase, et l’on pouvait aisément deviner que sa riche imagination travaillait à plein régime. Il rêvait éveillé en marchant, porté par l’histoire incroyable de son compagnon de route. Peut-être l’atmosphère si particulière de la chaîne, l’altitude ou l’air chargé de magie des montagnes d’Ulthuan l’y aidaient-ils.

A partir de ce moment, en effet, le petit chemin caillouteux qu’ils suivaient serpentait sur les flancs des Monts et des cols. Des nuages très bas, s’étaient condensés partout, et la visibilité était faible. A peine voyait-on dix ou vingt mètre plus avant : ils étaient perdus dans les brumes, enveloppés par le mystère de ces volutes qui n’étaient pas entièrement naturelles. Evidemment, tout autour d’eux, tout était sombre et humide. La roche mouillée virait au gris-noir, les sapins et autres conifères que l’on voyait aux altitudes moyennes et basses qu’ils traversaient entre les hauts-cols de roche brute qu’ils devaient franchir, étaient quand à eux d’un vert très sombre et d’un marron tout aussi foncé. Mais ils ne les virent que très peu et même lorsqu’ils passaient à quelques mètres d’eux, à travers des chemins serpentant dans la forêt sur les versants inférieurs des montagnes, c’étaient plus des formes sombres, inquiétantes et indistinctes, qui apparaissaient et disparaissaient soudain fugacement au détour d’une volute de nuage dans lequel ils étaient pris.

Une telle ambiance était courante en cette saison dans la région. Les Monts Annulii, et de manière moindre toute la partie Nord de l’Ile Continent des elfes étaiet en automne très triste et mélancolique, mais également très mystérieuse et inquiétante. Pour quiconque avait un tant soit peu esprit facilement impressionnable, influençable par ses émotions, et encore plus pour un elfe doté d’une âme d’artiste, un tel lieu était très propice à l’imagination.

Aussi, si Gildéon marchait à quelques mètres à peine derrière son compagnon, son esprit, lui, vagabondait à des milliers de lieues et d’ici, dans une époque qui remontait à des années en arrière, aux côtés de personnages de brume et de fumée, de silhouettes noires et d’ombres vaguement aperçues sur les côtés du chemin, fugaces fantômes qui représentaient les scènes qu’il s’imaginait.

*Un vieil elfe stupide dans un quelconque manoir de Saphery, isolé au fond d’un Val, qui ne vivait que par la méditation et se complaisait dans l’inaction, la faiblesse, au lieu de rechercher à s’imposer comme il l’aurait pu et même dû. Une version plus jeune de Vladek, avide comme lui de connaissances et de pouvoir, impatient de développer son plein potentiel, déçue par le vieux maître. Puis les décors changeaient, brusquement, aussi soudainement et de manière impromptue que l’éclair noir avait jailli de la main du magicien et était aller frapper une pierre un peu plus loin sur leur route.*

Fasciné par cette démonstration de magie, d’un sort qui paraissait si puissant, Gildéon faillit en lâcher la tente qu’il portait. Ses yeux brillaient encore plus que d’habitude, et lorsqu’il arriva à hauteur de l’endroit où avait eu lieu l’impact, il se pencha pour observer de plus près les effets du sort. La pierre entière semblait gelée, la brume formant maintenant une sorte de givre qui la recouvrait entièrement en la rendant blanche comme neige. Le jeune elfe approcha craintivement, mais curieusement un doigt pour la toucher. Après une poignée de secondes d’hésitation, il osa le contact. Et put se rendre compte qu’effectivement, la pierre était froide. Mieux : sous le givre qui la recouvrait et cachait l’endroit exact de l’impact, elle était fendue en deux ! Certes, ce n’était pas un rocher, tout au plus devait-elle faire une cinquantaine de centimètres de diamètre, mais quand même, c’était une grosse pierre. Assurément, si un être vivant avait encaissé un tel choc, il aurait souffert.

Evidemment, cela ne voulait rien dire, car la pierre était peut-être fragile, composée d’une roche friable, ou déjà endommagée auparavant, mais tout de même, la démonstration avait eu son petit effet. Le souffle court, contemplant avec une admiration non feinte son mentor qui avait négligemment continué sa marche comme si jeter un tel sort était négligeable pour lui, Gildéon rattrapa son retard et lui prêta encore plus d’attention qu’avant, si toutefois c’était possible. Son attention était toute entière captée par Vladek : il ne s’était pas trompé, il le sentait, c’était lui le bon maître.

Ils continuèrent de progresser dans le nuage, poursuivant sur le petit sentier montagnard dangereux et peu fréquenté qui devrait normalement les amener en Nagarythe par une voie non gardée, et en minimisant les risques de rencontre avec d’autres elfes. Vladek avait déjà donné, en essayant de passer par la voie principale, et ça avait failli lui coûter la vie, et Gildéon, lui aussi, semblait vouloir éviter autant que faire se pouvait tout interaction avec des inconnus avant d’entrer en Nagarythe. Heureusement, il avait apporté un sac de provisions, qui suffiraient à tenir jusqu’à leur arrivée dans la plus riche des provinces d’Ulthuan, leur destination finale.

Une nouvelle fois, les ombres des pierres, des arbres et les volutes blanchâtres d’eau condensée en suspension excitèrent l’imaginaire du « barde », qui se prit de nouveau à rêver debout en écoutant la suite du récit de son compère.

*Un Vladek retour au manoir familial, empli d’amertume et de déception. Une famille, le frère, sa femme et leur fils, son neveu, ainsi que ses parents, qui le rejetaient, le regardaient de haut, avec condescendance, lui reprochant un soi-disant échec. L’injustice de la situation était intolérable, car ils lui reprochaient une faiblesse qui en réalité était entièrement imputable au vieux maître du savoir. L’élève déçu et injustement méprisé par sa propre famille se tournait alors vers une source de pouvoir plus grande, plus attrayante. Sous la férule d’une elfe belle à se damner, disciple de la véritable déesse de la Magie, Hekarti, Vladek pouvait enfin s’épanouir en tant que membre du culte. Enfin il apprenait à maîtriser, à utiliser ses dons à leur plein potentiel ! Cette puissance avait néanmoins un prix : pour le rendre plus fort, il devait se débarrasser de ses faiblesses, des obstacles potentiels, de ceux, qui, le plus proche de lui, l’avaient trahi et lui reprocheraient de vouloir prendre le pouvoir auquel il avait droit à aspirer par le don qu’il avait reçu à sa naissance. C’était ainsi que tombaient le frère et sa femme, ainsi que leur pitoyable fils, et qu’à chaque meurtre, Vladek se libérait un peu plus de ses anciennes entraves, gagnait en liberté et en force. Ses lâches parents, épouvantés par tant de puissance, s’étaient enfuis très loin, dans un village de pêcheurs à l’autre bout de l’Ile, en Eataine, surtout connu parce qu’il avait donné son nom au détroit reliant la mer Intérieure au Grand Océan.
Mais même alors, à l’heure qui aurait dû sonner son triomphe, son maître avait été de nouveau trahi, humilié par l’elfe même qui lui avait tout appris, et qui se révéla n’être guère plus qu’une prostituée vendant son corps sans défaut au plus offrant. S’ensuivait un duel magique d’anthologie entre l’ancien élève émancipé et sa maîtresse, qui se terminait en grande pompe par la victoire finale de Vladek. Toujours assoiffé de connaissances et de développer son pouvoir plus avant, ce dernier se lançait en direction d’Antec, la capitale d’AEnarion et de Nagarythe, la plus grande et la plus prestigieuse ville d’Ulthuan, actuellement siège de la cour du Roi-Sorcier Malékith. Là-bas, les plus grands mages de tous les temps étaient réunis, sous la bannière du Roi légitime des elfes. Vladek serait l’un d’eux, cela ne faisait aucun doute, tout comme lui, Gildéon, qui ne serait plus jamais appelé « le barde », mais dont le nom serait à jamais prononcé en murmurant avec crainte et respect.*

Et l’elfe rêveur ne croyait pas si bien penser, car les derniers mots de son compagnon, qui acceptait de le prendre comme apprenti, comblaient tous ses désirs. Oui, plus que jamais après avoir entendu son histoire, il désirait suivre la voie de Vladek, et non celle des autres mages de Saphery. Il eut du mal à cacher sa surexcitation et son enthousiasme débordant à cette nouvelle qu’il considérait comme excellent. C’est en exultant qu’il s’empressa de répondre à celui qu’il considérait maintenant officiellement comme son « maître », celui qu’il avait tant recherché, et qu’il avait enfin trouvé. Sa voix androgyne était encore plus aigüe que d’habitude tandis qu’il parlait sous l’émotion :

-Bien que je sois très jeune, mon histoire n’est pas proportionnelle à mon âge, maître. Fort heureusement, nous avons encore quelques longues journées devant nous, et je tâcherai donc de te la conter en détails. Mais avant cela, nous avons déjà bien marché, et il est largement l’heure de faire une pause et de se restaurer.

Effectivement, cela faisait déjà une bonne demi-journée que les elfes s’étaient mis en route. Depuis plusieurs heures déjà, les deux elfes avaient franchi le premier col même un second. Redescendus un peu en suivant l’étroit et sinueux chemin pierreux, ils se trouvaient maintenant à moyenne altitude, à environ 1500 mètres au dessus du niveau de la mer, dans une zone boisée de conifères, assez propice pour s’arrêter à l’abri relatif du vent et reprendre des forces. L’après-midi serait courte, puisque le soleil se couchait rapidement dans ces monts, surtout en cette fin d’automne. De plus, elle était déjà bien entamée, les deux voyageurs ayant préféré ne pas s’arrêter en haut du second col trop exposé aux éléments, où ils étaient arrivés peu après la mi-journée. Pendant la pause, chacun était trop fatigué et trop affamé pour pouvoir réellement discuter ou démontrer l’étendue de sa puissance magique. Il y avait un temps pour manger, et un temps pour parler et lancer des sorts.

D’ailleurs, l’on ne pipa mot pendant tout le repas, preuve s’il en était besoin que les marcheurs avaient une faim de loup. Une fois leurs appétits rassasiés, les deux elfes se remirent en route. Ils avançaient vite, et n’avaient pour l’instant pas fait de mauvaise rencontre. Sans doute les nuages au plafond très bas, sans doute inférieur à mille mètres, qui coupaient toute visibilité au-delà d’une quinzaine de mètres y étaient-ils pour quelque chose : bêtes et monstres ne devaient pas pouvoir les repérer. A ce rythme, deux jours supplémentaires leur suffiraient pour atteindre l’autre versant des Monts Annulii, celui qui dominait les grandes forêts à l’extrême Sud de Nagarythe de toute sa hauteur. Car en effet, si globalement la province de Malékith était constituée de plaines, sur les flancs des montagnes, les forêts étaient nombreuses, sombres et épaisses.

C’est donc pendant le reste de la première journée de trajet que Gildéon raconta son histoire à son tour pour son mentor, tout en continuant à avancer péniblement, s’enfonçant toujours plus profondément dans la mystique et unique chaîne de montagnes d’Ulthuan.

-Je suis né il y a 37 ans, dans la lointaine Yvresse. Mon père, Lobétion, était l’un des plus grands artistes de son temps, à la fois musicien, compositeur, chanteur, écrivain et poète. Il était connu dans tout Ulthuan, souvent invité à la cour du Roi Phénix et de la Reine Eternelle. Mais c’était surtout un imbécile, qui n’appréciait guère ce qu’il considérait comme des entraves inutiles à son art, des démonstrations vaines réservées aux oreilles de quelques privilégiés, là où pour lui, l’art devrait être universel. Il répugnait à se prêter à ces « mascarades » qui, disait-il, nuisaient à son inspiration, et restait donc le plus souvent dans son petit village, faisant profiter à tous de ses plus audacieuses improvisations, de ses textes les plus inspirés et de ses plus beaux vers. Souvent, il n’avait pas le choix et devait répondre favorablement aux demandes de personnages trop important pour qu’il puisse refuser, mais il ne le faisait jamais de bon cœur.

Connu dans toutes les provinces, y compris par delà les mers dans les colonies, mon père était courtisé par toutes les elfes du royaume. Il aurait pu épouser n’importe laquelle : la plus grande et la plus puissante des archimages, ou bien la plus belle de toute notre race, ou encore la plus riche, la meilleure guerrière, ou la plus influente, il n’avait que l’embarras du choix. Pourtant, il semblait n’avoir que faire de toutes ces prétendantes qui se seraient damnées sans hésiter pour un simple regard de sa part. A cette époque, seuls comptaient pour lui son art et la recherche de la beauté absolue. Il était persuadé qu’on ne pouvait atteindre la perfection que par le biais des arts. Ce fut alors sa période la plus prolifique, il était au sommet : il ne pouvait donc que retomber. Mais rien ne pouvait laisser penser que la chute serait aussi brutale et violente.

Au cours d’une des promenades solitaires qu’il avait l’habitude de faire dans les campagnes pour rechercher l’inspiration, il a fallu que cet imbécile qui avait le monde à ses pieds s’éprenne d’une simple roturière sans aucun charme, avec un fort accent paysan, aussi stupide qu’ignare. Une simple fermière, ni riche, ni intelligente, ni puissante, ni forte, ni même belle, dont elle ne mérite même pas qu’on prononce le nom. Avec elle, dans son petit village, il semblait s’épanouir et se complaire dans une petite vie misérable, alors qu’il aurait pu tout avoir. La richesse, le pouvoir, l’influence, la renommée, la gloire éternelle même, tant son talent était incroyable. Mais non, il rejetait tout cela d’un revers de main, sans même s’y intéresser.

Aussi n’a-t-il même pas su réaliser son potentiel. Tout, y compris son rêve d’atteindre un jour la beauté parfaite, semblait avoir changé en lui depuis cette rencontre. Seule comptait à ses yeux la paysanne, et il ne jouait, ne chantait, n’écrivait plus que pour elle, dans l’intimité de leur modeste maison. Il ne répondait plus aux sollicitations de ses nombreux admirateurs, et commença à tomber dans l’oubli. Après sept ou huit décennies, plus personne ne se souvenait de lui. De nombreux nobles qui l’avaient tant admiré et porté aux nues autrefois étaient même persuadés qu’il était mort.

La vérité était bien pire : il coulait des jours paisibles avec sa femme, menant une vie de vulgaire fermier dans un village isolé, si petit et si reculé que personne ou presque ne savait qu’il se trouvait là.

Mais tout le monde ne l’avait pas oublié, et une jeune noble d’Yvresse le recherchait depuis sa disparition, avec une ardeur à l’égale de l’admiration et de l’amour qu’elle lui vouait. Elle s’appelait Nalalith de Tor Yvresse et était princesse de sang royal, puisqu’elle était petite-nièce de Bel-Shanaar, sa mère étant la fille de la sœur du Roi Phénix, son père n’étant rien de moins que l’héritier du trône d’Yvresse. Cette jeune elfe avait donc tout quitté, laissant derrière elle la cour et son palais à Tor Yvresse et depuis des décennies, était partie à la recherche de son idole, persuadée qu’il n’était pas mort comme on le prétendait. De toute façon, elle n’était pas l’aînée de sa fratrie et n’avait donc pas à assumer de fonction d’héritière.

Ses recherches et les immenses fortunes qu’elle y dépensait se révélèrent payantes, car, environ quatre-vingt ans après la disparition de mon père, elle parvint à retrouver à sa trace, grâce aux rumeurs colportées par un marchand itinérant qui avait entendu une mélodie d’une beauté inoubliable jouée dans un petit village de fermier, et était resté des heures durant à écouter les notes enchanteresses. Aussitôt, Nalalith comprit qu’il ne pouvait s’agir que de Lobétion, car elle était tombée profondément amoureuse de lui simplement en l’écoutant jouer de son instrument, lors d’une fête donnée par son père à laquelle l’artiste avait été convié. Elle était alors allée le voir après sa prestation et avait parlé avec lui, découvrant sa quête de la beauté par l’art et la façon dont il voyait le monde. Cela l’avait encore renforcée dans son amour irrationnel. Mais quand elle lui avait fait part de ses sentiments, il l’avait repoussée. Elle avait eu beau le supplier, se mettre à genoux devant lui, lui offrir tout ce qu’elle possédait, l’artiste n’était intéressé que par une seule chose : son art. Et il l’avait laissée là.

A l’époque, elle avait eu du mal à accepter ce rejet, mais elle se consola vite en apprenant que nombreuses avait été les filles de bonne famille éconduites comme elle. Toujours rongée par une ardente passion, elle se disait qu’aucune elfe ne serait jamais digne de lui, et que, tel un grand artiste, il allait vivre et mourir seul, simplement et tragiquement obnubilé par sa quête impossible. Quant à elle, si elle ne pouvait pas vivre avec lui, au moins resterait-elle à l’écouter le plus souvent possible, se contentant en guise d’amour réciproque de ses notes, de ses vers, de ses mots qui étaient magiques à ses yeux, et qui étaient tout ce qu’elle ou n’importe quelle autre pourrait jamais obtenir de lui. Du moins le pensait-elle.

Elle n’ignorait pas la répugnance de celui qu’elle aimait pour les mondanités, et croyait qu’il s’était retiré dans un endroit isolé uniquement pour ne plus être dérangé. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle, Nalalith de Tor Yvresse, l’un des meilleurs partis du Royaume, découvrit en se rendant au village désigné par le marchand que « son » Lobétion vivait en couple avec une autre elfe ! Qui plus était une paysanne lambda qui n’avait rien pour elle. Le choc passé, elle s’était assurée que sa relation était sérieuse et qu’il n’y avait pas de sorcellerie là-dessous. Car il était inconcevable à ses yeux que « son » amour puisse s’intéresser à autre chose qu’à sa quête, et encore plus pour une personne aussi banale. Mais pourtant, après plusieurs jours d’investigation dans l’ombre, elle dût se résoudre à la vérité, et admettre c’était bien le cas. Pire encore, il semblait avoir été détourné de sa quête par cette fermière. Jamais la princesse n’avait autant souffert de sa vie, pas même lorsqu’elle avait été repoussée par Lobétion.

Lorsqu’en observant la fermière de loin, elle s’aperçut qu’en plus son ventre commençait à s’arrondir, Nalalith craqua complètement. Folle de jalousie et d’amertume envers cette roturière qui lui avait « volé » son Lobétion, elle entra dans une rage sans pareille. Plus qu’une colère noire, c’était une haine sourde qui montait en elle à l’égard de celle qui n’était pour elle qu’une misérable esclave, une larve sans la moindre importance, et qui pourtant lui avait été préférée à elle, une princesse riche, intelligente, belle et puissante. A cet instant, elle aurait sans hésiter tout sacrifié pour échanger sa place avec cette pauvre paysanne aux traits banals et à l’intelligence limitée. Mais c’était impossible, et si elle ne pouvait pas être heureuse à cause de cette « voleuse », elle allait le lui faire payer très cher. Très très cher.

Obnubilée par Lobétion et par son vieux rêve maintenant révolu, sa quête d’une beauté parfaite, Nalalith avait envisagé durant ses recherches pour le retrouver toutes les hypothèses. Elle n’ignorait pas que certains cultes interdits poursuivaient une quête de beauté à peu près semblable, même si elles y mêlaient d’ignobles rituels pour les dieux du Cytharai, le Panthéon de l'Outre-Monde, et certains allaient même jusqu’à vénérer le Serpent Suprême, aussi connu sous le nom de Prince des plaisirs ou de Slaanesh. Elle avait envisagé et vérifié à l’époque que son amour ait rejoint l’un de ces cultes, ce qui aurait pu expliquer sa disparition.

Aussi prit-elle contact avec l’un de ces cultes pour essayer à la fois de se venger de la paysanne et de faire au moins revenir Lobétion à son ancienne quête, à défaut de pouvoir le forcer à l’aimer, elle. Elle retourna dans un de ses palais personnels en Yvresse, d’où elle orchestra tout sans être dérangée. Le culte interdit était trop heureux d’avoir trouvée une telle « marraine », aussi influente que puissante et riche. Aussi l’aida-t-il dans sa tâche sans poser de problème. Quelques mois plus tard, en plein nuit, Lobétion et sa femme disparaissaient de leur village sans laisser la moindre trace.

En réalité, ils avaient été capturés, séparés et amenés au palais de Nalalith. Elle fit jeter la paysanne enceinte aux cachots en attendant de prendre une décision à son égard, mais alla rejoindre celui qu’elle aimait toujours autant. Elle lui fit croire qu’il avait été sauvé par ses hommes d’un enlèvement, mais que malheureusement sa femme était disparue. Mais Lobétion ne la crut pas. Elle tenta de le séduire par ses richesses, son dévouement sans borne, son amour de l’art, mais Lobétion n’avait même plus envie d’entendre parler d’art. Il voulait retrouver sa femme et ne parlait que d’elle et de son enfant à naître.

Cela dura quelques jours, peut-être une semaine avant que Nalalith, ignorée, ne perde patience. Elle avait fini par comprendre que Lobétion ne voudrait jamais d’elle, pire, elle devait le retenir de force chez elle, d’abord sous le prétexte fallacieux de prendre soin de lui après son enlèvement et qu’il commençait réellement à la détester. Sans doute sentait-il que quelque chose chez elle sonnait faux. Dépitée d’être toujours inférieure à sa prisonnière dans le cœur de l’être chéri.

La princesse décida de prendre par la force ce qu’elle ne pourrait jamais avoir autrement. Si elle avait pour l’instant gardée intacte la paysanne, c’était justement parce qu’elle avait anticipé une telle situation. Un soir, après une violente dispute avec Lobétion qui la sommait de le laisser partir immédiatement pour retrouver sa femme et l’accusait de le garder prisonnier dans son manoir, elle se décida à jouer carte sur table.

Elle mena Lobétion aux cachots, où il put voir, grelotant de froid dans une cellule habituellement sans lumière et austère, l’amour de sa vie vêtue d’une simple tunique longue de bure. Elle semblait mal nourrie. Puis la princesse menaça Lobétion de la tuer, elle et le bébé à naître, s’il refusait de l’épouser et de devenir son amant, car le précédent mariage ayant été célébré en tout intimité dans le petit village, personne n’était au courant que Lobétion était déjà marié. Secrètement, elle espérait qu’il oublie ensuite sa femme pour se complaire avec elle. Après tout, ne lui donnait-elle pas tout son amour et tout ce qu’elle possédait ?

Mais les choses ne se passèrent pas comme prévu. Le mariage eut lieu, devant tout Tor Yvresse, mais Lobétion avait l’air malheureux. Il faisait tout ce que voulait sa « nouvelle femme », mais ne l’aimait pas, au contraire, même lorsqu’il lui faisait l’amour, il le faisait en pensant que c’était la seule solution pour protéger sa vraie femme et son futur bébé. Il n’était pas heureux, et même très malheureux. Plusieurs fois il se serait suicidé, si Nalalith ne lui avait pas interdit de le faire sous peine de torturer et tuer sa famille.

Dans le manoir privé d’Yvresse, les mois passaient et dans sa cellule noire de pierre brute de trois petits mètres carrés, privée de lumière, la paysanne attendait, aussi triste que son mari, mais bien plus maltraitée. Certes, il ne lui était pas fait de mal, mais à part sa mince tunique, elle était entièrement nue dans sa froide prison de pierre, avec pour seul contact avec l’extérieur une fois par jour, une trappe qui s’ouvrait dans la porte pour laisser passer un seau pour faire ses besoin, un broc d’eau et une miche de pain noir. Qui plus est, il n’y avait aucune source de lumière, et vivait ainsi dans le noir total la plupart de son temps.

Tous les mois, un judas s’ouvrait et elle pouvait voir l’espace d’une dizaine de secondes le visage de son mari, triste malgré ses atours royaux, et celui d’une elfe très belle et très richement vêtue, mais à l’air malheureux qu’elle ne connaissait pas. A chaque fois qu’elle la regardait, cette dernière avait un regard de pure haine qui faisait peur à la fermière, mais pourtant, elle jetait des regards d’amour à son mari. On lui avait interdit de parler, sous peine d’être très sévèrement punie. Elle avait été fouetté jusqu’au sang la première fois qu’elle avait osé –elle en garda des cicatrices horribles toute sa vie-, et on lui avait promis de lui couper la langue si elle recommençait. Aussi devait-elle se contenter d’un bref regard par mois pour s’assurer que son mari était en vie, sans rien savoir de la vie qu’il vivait. Une chose semblait certaine et lui important néanmoins. Aux regards désolés, désepérés et amoureux qu’il lui lançait, elle savait que son mari souffrait au moins autant qu’elle, et que, malgré le fait qu’il joue la comédie, il détestait l’elfe à ses côtés. Parfois, et cela lui brisait le cœur, cette elfe inconnue embrassait fougueusement son mari devant elle durant ces quelques secondes où elle pouvait le voir, comme pour la torturer pendant les rares instants de « bonheur » qui pouvait lui rester. Lobétion devait lui rendre son baiser, et, même si elle devinait que c’était probablement une simple comédie, ces tortures mentales lui brisaient le cœur. Elle ne comprenait pas pourquoi elle était ici, ni qui était cette femme et ce qu’elle leur voulait, à elle et son mari.

Terrifiée, désespérée, elle aurait sans doute mis fin à ses jours si elle n’avait pas porté son enfant. Elle accoucha finalement, seule dans le noir de sa cellule.

Mais je parle déjà depuis longtemps. Il se fait tard, et le soleil baisse.


Effectivement, le soir tombait, la luminosité, déjà très faible dans les Monts Annulii, était maintenant presque nulle. Il fallait s'arrêter et monter le campement, manger et dormir, pour repartir dès demain dans les meilleures conditions. Le voyage avançait bien, et ils pourraient si tout continuait ainsi arriver à Nagarythe sous deux jours.

Pfiou, pause syndicale pour le MJ ! :^^: Tu peux décrire comment vous montez la tente et mangez, éventuellement un entraînement aux sorts, puis comment vous vous organisez pour la nuit (tour de gardes, ....).
Le Q.G. de Kriegsherr se trouve ici:
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Et vous pouvez donner un grade au Kriegsherr ici:
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Vladek
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Re: [Vladek] Les chemins de la noirceur

Message par Vladek »

Vladek n’avait plus pipé mot depuis le début du récit de Gildéon : il était bien trop occupé à récapituler les connaissances dont il disposait au sujet de son disciple. De fait, il ne l’écoutait que d’une oreille, son attention distraite alors qu’il analysait les récentes réactions de son cadet. L’émerveillement respectueux dont il avait fait preuve un peu plus tôt lors de la démonstration de magie de Vladek n’était pas pour déplaire à l’intéressé, qui n’avait pas eu l’impression que Gildéon jouait la comédie. Par ailleurs, l’histoire qu’il lui racontait était jusqu’ici plausible, aussi Vladek tendait-il à penser que le jeune elfe ne lui mentait pas sur son passé, qu’il était honnête avec lui. Une telle certitude était cruciale pour le déroulement de son projet : cela signifiait qu’il avait la plupart des cartes en main, et qu’il était celui qui dictait le jeu. Il n’oubliait cependant pas de suivre les grandes lignes de l’histoire que lui narrait Gildéon, restant attentif au cas où son compagnon solliciterait une réaction de sa part. Son disciple semblait conter son histoire avec cet entrain si caractéristique du tempérament enthousiaste et volontaire dont il avait fait preuve jusqu’à présent. Vladek eut un imperceptible sourire, sans trop savoir s’il s’agissait d’un rictus moqueur ou d’un sourire d’apitoiement : le volontarisme de son disciple ne ferait que faciliter l’exécution de son plan.

Depuis plusieurs heures maintenant, ils cheminaient sur un étroit sentier caillouteux, tantôt le long de vertigineuses corniches longeant des précipices abyssaux dont il ne distinguait pas le fond, tantôt au beau milieu de véritables corridors de rocaille, flanqués de parois abruptes. L’eau avait gelé en plusieurs endroits, encore que de véritables flaques fussent rares, comme si l’essentiel de l’humidité se trouvait stockée dans l’air. Ils avaient d’ailleurs commencé à rencontrer le phénomène bien connu de la brume magique des Monts Anulii, cette brume qui devait autant à l’humidité de l’air qu’à sa teneur en magie. En effet, ici, dans les Monts Anulii, la frontière entre l’Aethyr et le monde réel se faisait plus ténue, au point que certains phénomènes physiques, ainsi que la faune et même la flore venaient à présenter des marques d’altérations d’origines magiques. Cette forte influence magique pouvait faire muter certains prédateurs, les rendant bien plus dangereux, mais pouvait également être source de changements plus stables, quoique non moins impressionnants. Aux yeux d’un mage tel que Vladek, cette brume avait l’apparence d’une mélasse stagnante, tellement saturée de magie latente qu’il pouvait sentir son âme frémir d’excitation rien qu’en inspirant. Il pouvait sentir la magie fluctuer autour de lui, s’écoulant autour d’eux alors qu’ils avançaient. La sensation était loin d’être désagréable : elle attisait son appétit de pouvoir. L’attention du mage se reporta sur Gildéon, qui continuait son récit détaillé en progressant à ses côtés. Une idée lui vint alors : de telles conditions étaient idéales pour commencer à tester son disciple, et lui enseigner les rudiments de la magie. Il lui faudrait y songer chemin faisant.

A la nuit tombée, ils s’arrêtèrent pour dresser le camp, sous une corniche, relativement à l’abri de la morsure du vent. Encore une fois, Vladek manqua de laisser Gildéon s’occuper de la tâche ingrate de mise en place de la tente, songeant qu’il s’agissait après tout des attributions de son rôle de disciple. Toutefois, une intuition qu’il n’aurait su expliquer lui susurra qu’il était avantageux de développer une relation plus complice avec Gildéon, aussi après un instant de passivité se mit il lui aussi au travail, aidant à achever la besogne dans un délai beaucoup plus rapide. Ce-faisant, Vladek observa du coin de l’œil les réactions de Gildéon, à l’affut du moindre signe de gratitude qu’il pourrait capter en dépit de l’épaisseur de la brume qui les entourait maintenant comme une chape. Non pas que le disciple d’Hekarti se souciât de quelque manière que ce soit des sentiments de Gildéon à son égard ; il essayait seulement de rassembler le maximum d’informations en vue de la manipulation de celui qui devait devenir son pion. Il était important pour son plan, d’où la surveillance étroite qu’il exerçait sur lui. Rien de plus, rien de moins. Il devait garder de l’ordre dans ses priorités, et ne pas trop s’attacher à cet elfe qui aurait pu être son frère cadet. Non, seule la fin importait ; Gildéon n’était qu’un vulgaire moyen sur ce chemin.

Ayant terminé les préparatifs, tous deux prirent refuge sous la tente, encore que celle-ci ne les protège en fait pas du froid. Comme Gildéon ne semblait pas désireux de reprendre son récit de suite, ils prirent leur repas en silence, consommant les quelques vivres dont ils disposaient encore pour ce jour, gardant à l’esprit que la traversée des Anulii leur prendrait encore plusieurs jours de marche. Lorsque tous deux se furent chichement sustentés, ayant fait taire les protestations naissantes de leurs corps fourbus, Vladek prit la parole.

« Il ne t’a pas échappé je pense que l’Aethyr est très sensible en ces lieux. Peut-être, si tu le désires, pourrions-nous mettre cet atout à profit et commencer ta formation ? Place-toi face à moi, assieds-toi, et écoute attentivement. »

Remarquant la lueur d’avidité –ou était-ce de la soif de savoir ?– qui venait de s’allumer dans les yeux de son disciple, Vladek entreprit de se remémorer l’enseignement qu’il avait reçu en Saphery alors qu’il n’était encore qu’un néophyte. Le vieux Yavandir du Val ne l’avait pas ménagé, mais si ses méthodes prudentes s’étaient avérées efficaces pour éveiller Vladek à la manipulation de l’Aethyr, à présent son élève souhaitait dispenser son propre enseignement, éludant les sermons et pertes de temps. Seuls comptaient le potentiel, et le résultat. Il s’inspirerait plutôt de la formation qu’il avait reçue de Seshru lors de son admission au culte d’Hekarti. Gildéon disposait indéniablement du premier, et il ne tenait qu’à lui de réussir et de performer à la hauteur des attentes de Vladek.

« Tiens-toi droit, et regarde-moi. Tu sais déjà voir l’Aethyr autour de toi, avec une perception suffisamment affinée pour avoir pu me repérer à mon aura. Respire profondément, et sens l’Aethyr circuler dans ton corps, envahir ton esprit. »

En temps normal, la présence de Vladek aurait dû dégager une aura magique suffisamment proche pour déconcentrer Gildéon, mais au beau milieu de cette omniprésente brume de magie, le mage noir avait confiance dans la capacité de son élève à s’imprégner de la puissance latente sans être perturbé. Percevant de subtils signes d’excitation chez Gildéon, Vladek reprit, estimant que les précédentes instructions avaient été suivies.

« A présent, tu devrais pouvoir remonter à la source de cette puissance latente qui te parcourt. Jette un coup d’œil autour de toi, sous nos pieds, au-dessus de nos têtes. Tu dois pouvoir sentir le flux de l’Aethyr, une puissance illimitée à ta disposition, pour peu que tu sois capable de l’attirer à toi pour t’en servir. »

La fébrilité de Gildéon n’était pas encore visible, mais Vladek jugeait que cela n’aurait su tarder. Lui-même avait été très impressionné lorsqu’il avait réalisé l’étendue du pouvoir que recelait l’Aethyr. Son disciple devait bientôt suivre ses pas. Il attendait beaucoup de lui, et n’avait pas l’intention de s’encombrer d’un incapable.

« Enfin, exerce ta volonté à capter davantage d’énergie que celle qui circule déjà en toi. Détourne une partie du flux torrentiel de l’Aethyr pour tes propres besoins. Tu dois pouvoir dicter tes moindres désirs, et commander au flux magique : tu es né elfe, être supérieur, et mage, pour davantage de puissance. L’Aethyr est ton héritage, et il s’agit d’une source de puissance illimitée. Impose ta volonté, et détourne la rivière magique de son lit où elle circule paresseusement.

Une fois ceci fait, n’essaie pas de retenir l’énergie captée en toi : dirige-la simplement pour qu’elle s’écoule à travers toi, et laisse-la filer au loin. Mais maîtrise-la, canalise-la, contrôle-la. L’Aethyr est ton arme, et nous autres adeptes de la vraie magie ne nous limitons pas dans son usage.

Retente l’exercice. Ne t’arrête pas avant d’être à bout de forces, ou d’avoir réussi. Dompte l’Aethyr. La maîtrise de la vraie magie est l’apanage des puissants. Je n’ai que faire d’un faible comme disciple.

Ne tire pas au flanc. Si tu t’arrêtes avant d’obtenir un résultat convaincant, je te promets que je te le ferais regretter. »


La réussite d’un tel exercice était une tâche bien trop ardue à exiger d’un novice d’entrée de jeu. Vladek le savait pertinemment, mais cette approche lui permettait à la fois d’asseoir sa domination et son influence sur son disciple : en effet, celui-ci ne pouvait qu’obtempérer s’il voulait apprendre. Le savoir était l’atout de Vladek pour s’assurer de la soumission de Gildéon à son autorité.

L’intéressé endura l’exercice pendant près d’une heure et demie, surprenant Vladek par son opiniâtreté et sa détermination. Lorsque le mage novice ne fut plus capable de maintenir la position assise exigée, Vladek coupa court à l’entraînement, et déclara qu’il prenait le premier tour de garde. Comme Gildéon s’endormait déjà, exténué qu’il était, le mage noir fut pris d’un vague remord. Jetant un regard au jeune elfe endormi dans le froid ambiant, il déballa sa propre couverture et l’en recouvrit, avant d’aller se poster à l’extérieur de la tente.

[MJ] Kriegsherr a écrit :Lancer de dé pour le Coupe-Froid : 8, réussite. Dé d’attribut de domaine : 20. Dé de Fiasco mineur : 6, « Yeux de sorcière ».
D’un geste, il convoqua une bulle d’air tempéré autour de lui, formant le sortilège familier du Coupe-Froid. L’excès de magie ambiante provoqua un léger déséquilibre dans la matrice du sort, et ses yeux se teintèrent momentanément de rouge à son insu. Comme l’air regagnait une température plus tolérable dans un rayon d’un demi-mètre autour de lui, le mage hésita un instant, et souleva un pan de la tente, contemplant Gildéon qui dormait déjà d’un sommeil profond. La vision de son corps frêle blotti sous les couvertures ne le laissa pas indifférent, et Vladek repensa au froid qui régnait avant qu’il ne conjure son Coupe-Froid. Sans vraiment s’expliquer la raison de son action, il regagna subitement l’intérieur de la tente, et se plaça proche de l’elfe assoupi, de sorte qu’il soit en parti couvert par son aura d’air tempéré.
*Je n’aime pas ça. Ce garçon te rend faible. Il faudra se débarrasser de lui sous peu, ou son influence te tuera.*
Courroucé par l’intervention indiscrète de Dekh dans le fil de ses pensées, Vladek ne répondit pas. Il veillerait toute la nuit pour permettre à Gildéon de récupérer, à moins que celui-ci ne se réveille de lui-même avant l’aube. Désireux de faire taire les railleries de son alter ego, le mage ouvrit ses grimoires, et entreprit de travailler sur la maîtrise d’un sortilège défensif qu’il convoitait depuis quelques temps maintenant : une sorte d’aura de flammes conjurées, assujetties à la volonté du lanceur, permettant de se protéger contre les attaques rapprochées. Une protection offensive, en quelque sorte. Vladek maîtrisait déjà la matrice de base du sortilège, mais un dernier détail lui posait problème : il peinait à concilier la forme enflammée de l’aura avec un enchantement de glace.

Oubliant ses dilemmes et ses contradictions, faisant abstraction de la voix de l’excité dans son esprit, Vladek se concentra sur le sort. Il devait pratiquer, et avait toute la nuit pour le faire. Au moins, cela le tiendrait éveillé.
Modifié en dernier par Vladek le 09 févr. 2016, 17:37, modifié 2 fois.
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[MJ] Kriegsherr
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Re: [Vladek] Les chemins de la noirceur

Message par [MJ] Kriegsherr »

L’entraînement du soir enthousiasma Gildéon au plus haut point. Il exultait et bouillait intérieurement de faire ses preuves aux yeux de son nouveau maître. Mais les hypothèses de Vladek étaient exactes, et il s’avéra que, malgré un important potentiel, le jeune et noble elfe n’avait pas encore appris à maîtriser et canaliser la magie.

Ainsi, comme l’avait prévu son mentor, malgré ses tentatives innombrables et toute sa volonté, il ne parvint pas à un résultat probant lors de sa première demi-journée d’apprentissage des arts aethyriques. Dépité, la peur de décevoir son nouveau maître se lisait dans les yeux du jeune elfe, tentative après tentative. Les paroles de Vladek, qui disait ne pas vouloir d’un « faible comme disciple », lui donnaient néanmoins l’énergie et la ténacité pour continuer inlassablement, et tenter encore et encore de canaliser les énergies magies en lui.

Mais l’exercice imposé par le mage tatoué demandait une grande concentration, et si cela devenait avec l’habitude un réflexe, quelque chose de presque « banal », pour un novice jamais initié aux arts noirs, cette tâche exigeait une grande débauche d’énergie. Et au bout d’un moment, le frêle corps du jeune elfe, déjà fatigué par la longue marche dans les montagnes en parlant et en portant leurs affaires, flancha avant sa volonté. Il tombait de sommeil, et n’arrivait plus à maintenir assez de concentration pour que l’exercice continue à apporter une vraie plus-value. Pourtant, il ne voulait pas s’arrêter sur un échec, il voulait tout de même continuer et se montrer digne de son professeur. Ce dernier, voyant qu’il ne servait à rien de continuer, mit fin à la séance et prit le premier tour de garde pour permettre à son apprenti de se reposer comme il en avait tant besoin.

Le lendemain matin, enfin, ça devait être le matin, car les nuages brumeux qui enveloppaient les Annulii ne permettaient habituellement pas de voir le soleil et abaissaient grandement la luminosité, le groupe prit un frugal petit déjeuner, plia bagages et repartit. Cette journée était celle où ils allaient marcher au cœur des Annulii, à égale distance entre les provinces intérieures et extérieures de l’anneau d’Ulthuan. Il serait difficile, une nouvelle fois, de pratiquer des exercices magiques durant la marche, c’est pourquoi, Gildéon continua de narrer son histoire le long du chemin.

-Bien, reprenons si tu le veux bien mon histoire. Où en étais-je ? A oui, c’est ça, je me rappelle.

Tu te souviens, j’imagine, de comment la princesse Nalalith de Tor Yvresse est tombée amoureuse de Lobétion l’artiste, et du fait que celui-ci, après une période d’inspiration prolifique où il ne vivant que pour son art et se rendait souvent par obligations aux fêtes données par les nobles, s’est retiré dans un petit village isolé où il a épousé une pauvre fermière lambda.

Tu te souviens également de comment la princesse lésée a cherché Lobétion que tout le monde croyait mort, et l’a retrouvé. Puis, de quelle haine et quelle jalousie elle a développé dans son cœur contre celle qui lui avait « volé » son amour, s’était marié avec lui, et attendait même un enfant de lui.

Enfin, tu n’as pas oublié quelle vengeance terrible Nalalith a exercée contre sa rivale, avec l’aide d’un culte interdit. L’idée de départ était de conquérir le cœur de son amour ou à tout le moins de le détourner de sa femme par la ruse et l’oubli, ou en la remplaçant dans son cœur. Mais elle n’y est pas parvenue, au contraire, une fois de plus elle était rejetée, méprisée, haïe par celui qu’elle aimait plus que tout, et a dû utiliser des menaces sur sa femme secrètement emprisonnée dans un de ses manoirs secondaires pour le contrôler et l’obliger à réapparaître aux yeux de tous comme son mari aimant.

Là encore, Nalalith n’avait pas perdu l’espoir qu’avec le temps, Lobétion s’apercevrait qu’elle l’aimait réellement plus que tout et qu’il tomberait amoureux d’elle en oubliant sa paysanne et son bâtard dont elle pourrait alors enfin se débarrasser en les donnant en pâture au culte en remerciement. Mais non, inlassablement, les mois passaient, et chaque jour, Lobétion demandait des nouvelles de sa femme. Il n’était jamais heureux avec elle, jamais, pas un seul instant. Au fond d’elle-même, Nalalith savait qu’il souffrait le martyr, tout comme elle-même souffrait, d’ailleurs, de son amour non réciproque et de la haine que lui vouait celui qu’elle chérissait. Mais sa fierté l’empêchait de s’avouer vaincue, de renoncer, même si la monstruosité de ce qu’elle infligeait à eux trois, elle y-compris, rendait tout le monde malheureux, triste comme jamais. Au fond d’elle, elle gardait un mince espoir futile qu’un jour ça changerait, qu’un jour Lobétion l’aimerait. Et surtout, elle ne voulait pas être la seule à souffrir en sachant qu’ « elle », une fermière, vivait heureuse en compagnie de « son » homme et avec leur enfant.

Ce n’était pas juste à ses yeux, et elle, une noble, devait normalement être plus heureuse qu’une paysanne, c’était son droit ! Et si elle ne pouvait l’être, alors personne ne le serait ! C’est avec ce raisonnement que ma mère a commencé à entrevoir la noirceur de la vérité. Le monde est injuste, il est cruel, malheureux, sombre, désespéré, et seul le fort peut y survivre et s’y imposer. Par la force, elle avait pu briser l’injustice qui lui était faite. Mais elle était trop faible pour rétablir la justice : elle ne pouvait forcer Lobétion à l’aimer, en dépit de tous ses efforts. Elle ignorait et a toujours ignoré que c’était d’ailleurs là la source de sa faiblesse : son amour. Qu’avait-elle besoin d’aimer une loque, d’un ancien artiste désabusé qui se comportait comme un pantin et la détestait ouvertement ? Un elfe qui l’avait humiliée et fait souffrir tant d’années ! Pourquoi voulait-elle encore tout lui offrir, son cœur, sa noblesse, sa fortune, sa puissance ? Bien d’autres elfes, de bien meilleurs partis, auraient voulu l’épouser à la place. Elle ne se rendait pas compte de la simple vérité, pourtant si évidente aux yeux de n’importe qui : l’amour la rendait faible.

Elle avait tout tenté pour briser le couple. Le positif, en offrant mille et un cadeaux, mille et une attentions, en se comportant comme la meilleure épouse et la plus aimante, tant en privé, qu’au lit et en société. Elle avait cédé à tous les caprices de son « mari », sauf ceux qui concernaient « la voleuse et le bâtard », comme elle les appelait. Comme le négatif : la torture physique et psychologique de la « voleuse », notamment en limitant les visites de son époux pour vérifier qu’elle allait bien et que le marché été tenu à une par mois, pendant une dizaine de secondes au plus durant lesquelles elle faisait exprès de montrer ostensiblement à sa prisonnière que maintenant, c’était elle la femme de Lobétion. En privant la prisonnière de lumière, espérant avec le temps la rendre aveugle et pâle, en lui donnant une toute petite cellule froide, humide et inconfortable, et juste une simple tunique. En la nourrissant avec le minimum vital pour l’affaiblir et l’enlaidir. Le fouet, les insultes, les menaces, tout y était passé. La seule chose à laquelle elle prenait garde était de la garder en vie, car sans elle, elle perdrait Lobétion, et ça, elle ne l’aurait voulu pour rien au monde.

Mais malgré tous ces efforts, rien n’y faisait, les mois passaient et elle n’arrivait pas à gagner le cœur de son unique amour, tout juste se faisait-elle de plus en plus détester. Le pire, c’était de voir, lors des visites mensuelles, s’échanger les regards amoureux du vrai couple pendant quelques dizaines de secondes, malgré tous ses artifices, ses baisers forcés devant eux auxquels Lobétion était forcé de répondre sans quoi ce serait la paysanne qui souffrirait. Et ce regard d’incompréhension mêlé de pitié sur ce visage squelettique et pâle, si laid ! Si encore la fermière l’avait haïe en retour, comme elle la haïssait, elle l’aurait comprise, mais là, elle regardait une autre lui voler son mari, briser tout leurs rêves, les condamner au malheur pour les siècles d’existence qui leur restait, et elle, elle semblait ne pas comprendre et avoir pitié d’elle ? Son propre malheur se voyait-il tant que cela ? Sa prisonnière était-elle consciente que, privée d’amour, sa geôlière souffrait autant qu’elle ? En tout cas, il le semblait, et cela rendait Nalalith folle de rage. Mais elle ne pouvait rien faire pour la punir, pas sans prendre le risque de perdre son amour, qui n’aurait pas supporté de voire sa vraie femme torturée « pour rien ».

En effet, pour la princesse aussi, supporter cette vie était une torture de tous les instants. D’autant que si elle haïssait cordialement « la voleuse » et « le bâtard », Nalalith voyait que son comportement odieux causaient des souffrances à l’être qu’elle aimait, et allait à l’encore de ses dieux, de ses valeurs, de tout ce en quoi elle avait toujours cru. Depuis que le culte lui avait rendu service, elle devait en échange, pour garantir leur silence, les soutenir financièrement et par son influence, alors que ces gens lui répugnaient au plus haut point.

La nuit, lorsqu’ils voulaient dormir, alors que de son côté du lit conjugal, Lobétion pleurait discrètement en repensant à sa femme et son fils –car la princesse lui interdisait de parler ou de penser à elles à l’exception du jour par mois de la visite, ainsi que d’être malheureux en sa présence-, Nalalith, elle, faisait de même à l’autre extrémité du grand lit, en repensant à ce qu’elle avait fait et ce qu’elle faisait toujours, et en se disant qu’au fond tout cela était inutile puisque ça ne l’avait même pas rendue plus heureuse. Bien sûr, totalement déphasée au fond de sa cellule éternellement noire, à l’exception d’une dizaine de secondes par mois, la mère et son nouveau né pleuraient aussi d’être ainsi traités et séparés de leur mari et père.

Chacun se morfondait, et nul n’était heureux, tout cela à cause d’une seule chose : l’amour. Ce sentiment indissociable de la faiblesse. Mais cela, nul ne le voyait.

La naissance du « batârd » n’avait pas changé grand-chose. Il avait été le fruit d’un très violent dispute entre Lobétion, qui avait supplié sa fausse femme d’au moins laisser le nourrisson libre, puisqu’il n’avait rien fait, était complètement innocent et n’avait pas à subir la punition de sa mère, d’ailleurs elle aussi innocente. De son côté Nalalith détestait l’enfant presque autant que sa mère, car il était la preuve vivante de l’amour entre Lobétion et la paysanne, et portait en lui la lignée indigne de la « voleuse ». Elle avait d’abord voulu le tuer, car dans son esprit, elle aurait toujours la paysanne pour contrôler son mari, ou inversement, tuer la mère et se servir du petit. Mais devant tant d’horreur et de haine, Lobétion s’était dressé et avait menacé de se suicider si elle leur faisait trop de mal. Il ne plaisantait pas et elle le savait, et elle détestait cela, car c’était encore une preuve d’amour envers sa vraie femme et son fils.

Cette nuit là, ils n’avaient pas dormi dans le même lit, Nalalith étant trop fâchée pour exiger cela de son mari. Mais une idée avait germé dans son esprit, en voyant avec quelle énergie il avait osé la défier malgré toute son emprise sur lui lorsqu’elle avait menacé de tuer son fils ou sa femme. Elle ne dormit pas cette nuit-là, ruminant ces sombres pensées, hésitant à aller encore plus loin sur le chemin de la damnation de sa propre âme, pleurant sur le sort et l’injustice de ses dieux qui ne lui avait pas accordé la seule chose qu’elle voulait, contre laquelle elle aurait tout donné, et qui la forçait à commettre des actes abominables pour se venger et tenter de l’obtenir malgré tout.

Le lendemain, après une nuit blanche, elle sécha les larmes de son visage, et prit la résolution de faire ce qu’elle voulait faire. Elle avait peut-être trouvé le moyen de faire en sorte que Lobétion l’aime, croyait-elle. Aussi se rendit-elle au temple d’Isha chaque jour suivant, et chaque nuit, elle forçait son mari à partager sa couche et à « l’honorer » comme son épouse. Evidemment, la déesse miséricordieuse devait sûrement être peinée de voir la déchéance de celle qui la priait avec une telle ferveur de lui accorder un enfant, espérant par ce biais enfin trouver grâce aux yeux de Lobétion.

Souvent, je repense à l’humiliation qu’a dû subir Isha quand ce qui devait arriver arriva. Peu après, en effet, ma mère est tombée enceinte. Le jour où elle l’a découvert, elle a exulté et s’est dépêcher de l’annoncer à son époux. Le pauvre était pris entre deux sentiments contraires, encore une fois, preuve qu’il était un faible, car le fort qui n’a pas envie d’enfants n’a qu’à les ignorer, mais lui n’arrivait pas à en faire abstraction. D’une part, il ne pouvait en vouloir à son enfant à naître et le punir en le privant de son amour. Mais d’autre part, il était rongé par la culpabilité et l’horreur de ce qu’il avait fait, et se demandait plus que jamais s’il n’aurait pas mieux fait de résister, de défendre sa famille et son honneur quitte à mourir avec sa vraie femme, celle qu’il aimait toujours, et son enfant, ce bébé qu’il ne voyait presque jamais et qui souffrait dans d’horribles conditions de vie par sa faute. Mais il était trop tard, maintenant, il ne pouvait pas revenir en arrière, et devait se contenter de se morfondre comme le faible qu’il était.

Les mois passèrent, et la « voleuse » dans sa cellule avec son fils nouveau né qu’elle allaitait devait supporter chaque mois la vision de sa tortionnaire enceinte de son mari. Mais elle gardait cette expression de douleur mêlée de compassion dans ses regards pour la cruelle princesse, qui les haïssait toujours autant. Et l’amour était toujours bien présent entre les deux elfes séparés, même si Lobétion baissait souvent les yeux et rougissait de honte, incapable de supporter le regard de sa femme, après l’avoir « trahie » comme il l’avait fait en engrossant Nalalith.

Bientôt, cette dernière mit au monde un petit elfe, un mâle, lui aussi, comme le « bâtard ». Alors qu’elle hurlait au moment de la délivrance douloureuse, elle n’avait jamais été aussi heureuse, car, pour une fois, il y avait Lobétion à ses côtés il lui tenait la main, sans qu’elle lui ait ordonné de rien faire. Son mari se souciait réellement du bien être de son enfant, il l’aidait de lui-même à donner la vie, il l’entourait d’un amour chaud et communicatif. Pour la première fois de sa vie, Nalalith se sentit comblée de bonheur, l’espace d’un accouchement.

Finalement, son plan semblait avoir fonctionné. Le papa était très fier de son enfant, tout comme sa maman, et ensemble, ils le prénommèrent le nouveau petit prince de Tor Yvresse « Gildéon ».



A ces mots, le barde sourit en se désignant du doigt. Il n’y avait pas de confusion possible, c’était bien de lui qu’il parlait. Il reprit son souffle en continuant la marche. Depuis le début, il ne racontait pas son histoire d’une traite, sans quoi il aurait vite été essoufflé, mais bribe par bribe, lâchant quelques phrases dans les passages faciles, pour se taire et se concentrer sur le chemin dans les endroits plus dangereux et plus complexes ou trop fatigants. Ainsi, le récit dura effectivement assez longtemps, sans doute de nombreuses heures en tout. Et ce n’était pas encore fini…

-La naissance de cet enfant changea beaucoup de choses dans la vie de Nalalith et de Lobétion. Ce dernier s’occupait réellement de son deuxième enfant, le seul qu’il était autorisé à voir plus d’une fois par mois, et ne se montrait plus aussi distant avec sa mère qu’il l’était auparavant. Sans doute pour que Gildéon puisse vivre dans un cadre familial apaisé, et sans avoir l’impression que son père détestait sa mère et que cette dernière était une monstre. En fait, à l’instar de sa vraie épouse, Lobétion semblait comprendre les motivations de Nalalith et ressentir pour elle plus de pitié et de compassion qu’avant. Aveuglée par son amour et son enfant, ma mère a peut-être vraiment cru à partir de ce moment que mon père était amoureux d’elle, mais j'en doute.

La naissance de l’enfant, qu’elle considérait comme une bénédiction d’Isha, avait changé également sa propre perception de ses actes. Rongée par le remords, la princesse dormait mal, même à côté de son mari qui pour une fois acceptait de partager son lit. Ils ne faisaient plus l’amour, un enfant étant largement suffisant, mais dormaient tendrement l’un près de l’autre. Inconsciemment, pourtant, elle sentait que quelque chose n’allait pas. Peut-être sentait-elle que malgré le nouveau comportement de son « époux », ce dernier ne l’aimait-il pas et ne l’aimerait jamais. Peut-être était-ce sa conscience morale qui lui rappelait les limites de sa condition de faible ?

Toujours est-il que l’idée qu’un jour son fils découvre ce qu’elle avait fait lui était insupportable, et que quand son « mari » lui redemanda pour la première fois depuis la naissance de Gildéon, comme il l’avait fait des milliers de fois auparavant, de « cesser cette folie » et de libérer sa famille, elle ne parvint plus à en faire abstraction. Elle ne put que trembler comme une feuille et éclater en sanglots, car elle savait très bien que si elle libérait ses otages, plus rien ne retiendrait son mari auprès d’elle, sauf peut-être Gildéon. Et puis, elle avait passé un pacte avec un culte interdit et commis des actes abominables. Elle serait disgraciée, jetée en pâture sur la place publique, coulée au pilori, mise au ban de la société et finalement exécutée dans la honte et le déshonneur le plus total. Et si c’était le cas, comment grandirait son enfant, sans mère et souillé dès la naissance par l’ignominie de sa génitrice ? Nalalith était prise au piège dans son propre engrenage, qu’elle était totalement incapable d’arrêter sans y laisser sa vie.

Car si elle ne faisait rien, elle risquait de perdre l’amour de son enfant et le départ de son mari à la fois, voire d'être aussi dénoncée et exécutée, si Gildéon découvrait la vérité, ce qui était inéluctable si elle ne libérait pas ses prisonniers. Tôt ou tard, par son père ou par lui-même, il saurait, et ce serait terrible pour elle. D’une certaine manière, mère n’avait pas tort : j'ai su et l'ai faite souffrir.

Pourtant, elle prit ce jour-là la décision qu’elle considérait comme la plus courageuse de sa vie. Moi, je l’ai toujours considérée comme stupide, cette décision.

Après avoir fait jurer à Lobétion de s’occuper de moi quoi qu’il lui arrive, elle prit ses responsabilités décida d’accepter sa demande et de laisser partir sa rivale et son fils, en sachant très bien qu’il y avait de fortes chances que Lobétion parte avec eux, et qu’en ce cas, il emporterait également Gildéon et le traiterait avec amour, comme son fils qu’il était réellement. Pour sa part, Nalalith était prête à assumer ses actes et à se dénoncer publiquement ainsi que le culte de Slaanesh avec lequel elle avait fait affaire. Elle allait mourir déshonorée, dans la honte et dans la souffrance, c’était probable, mais au moins, son fils vivrait et grandirait au sein d’une famille heureuse, et l’homme qu’elle aimait aussi serait comblé. C’était le moins qu’elle puisse faire pour remercier Isha du don que la déesse lui avait fait en lui permettant d’enfanter.

Mais tout ne se passa pas comme prévu...


Cette journée-ci, la marche avait été plus longue, plus difficile. Pourtant, les brumes magiques avaient une fois encore été clémentes avec les deux voyageurs isolés. Peut-être les créatures des environs, fortement baignées dans un univers magique, sentaient-elle qu’elles avaient affaire à des personnages hors du commun, de dangereux manipulateurs de la Dhar, même si l’un d’entre eux n’était encore qu’un mage en devenir. Ou alors, ils avaient juste une chance incroyable. En tous les cas, pour leur deuxième journée de marche consécutive, ils n’avaient toujours pas fait de rencontre sur l’étroit sentier. En somme, aucune surprise ni bonne, ni mauvaise, d’ailleurs.

Le lendemain au soir, ils devraient approximativement arriver en vue des pentes Nord des Monts Annulii, qui descendaient, couvertes d’une épaisse forêt de conifères sombres, puis après quelques kilomètres de terrains boisés, les arbres s’effaçaient et s’ouvraient sur une plaine fertile et riche, qui était le cœur de Nagarythe. Mais il leur restait une nuit et une journée complète de trajet dans les montagnes, et tout pouvait encore arriver : mieux valait rester sur leurs gardes.
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Re: [Vladek] Les chemins de la noirceur

Message par Vladek »

La nuit passée à monter la garde avait permis à Vladek de faire des progrès tangibles dans le maniement du sort qu’il étudiait depuis quelques semaines. Son assiduité commençait à payer, il pouvait voir la récompense pour les efforts consentis se profiler au loin. Dans un avenir proche, il serait en mesure d’ajouter un nouvel atout à son florilège de sortilèges, et cette perspective lui inspirait un certain enthousiasme. Lorsque Gildéon s’était éveillé, frais et dispos, le mage et son apprenti s’étaient sustentés avant de ranger leurs affaires et de repartir. Chemin faisant, Vladek demeurait attentif et alerte, bien conscient que le brouillard chargé de magie pouvait dissimuler bon nombre de dangers. Il restait donc dans l’expectative, jetant de temps à autres un regard derrière eux. D’après ses estimations, ils verraient le bout de ce milieu étouffant au terme de la journée de marche du lendemain ; ils avaient donc encore du chemin à parcourir. Gildéon avait d’ailleurs repris son récit, captant l’attention intéressée de Vladek.

Ainsi donc, il cheminait en compagnie d’une personne de bien plus haute lignée que la sienne. En effet, Gildéon s’était désigné au cours de son récit comme un parent du défunt Roi-Phénix Bel-Shanaar. Si Vladek n’omettait aucun détail, son jeune compagnon était en effet un petit-neveu du précédent Roi-Phénix, et un membre de la famille héritière de Tor Yvresse. La simple perspective du lignage de Gildéon suscita un frémissement d’excitation à peine contrôlé chez le mage, heureusement en grande partie dissimulé par l’épaisse brume blanche alentours. Cette révélation expliquait beaucoup de mystères, notamment l’intimidation de Vladek lors de leur première rencontre, et sa fascination dérangeante à son égard. Le sang d’un Roi-Phénix coulait dans les veines de Gildéon, et son ascendance, quoique un peu éloignée de la lignée des héritiers directs de Bel-Shanaar, restait extrêmement prestigieuse, même aux yeux d’un fils de famille patricienne d’Ellyrion comme Vladek. La révélation était si inattendue et si perturbante que le disciple d’Hekarti passa l’heure suivante à évaluer la crédibilité de ces assertions. Mais Gildéon ne lui paraissait pas manipulateur au point d’inventer un historique si détaillé : le récit semblait lui venir spontanément aux lèvres, alors qu’ils progressaient sur les étroits sentiers des Anulii. Décidant de tenir les ingénues déclarations de Gildéon comme vraies, Vladek fut assailli de visions des futurs possibles qui s’ouvraient à lui à présent qu’il était en possession de ces informations.

Il pouvait, par exemple, décider de sacrifier Gildéon à la déesse Hekarti, ou à Khaine, afin de s’attirer leurs faveurs. Le rituel de sacrifice pour une personne de si éminente lignée exigerait bon nombre de préparatifs et d’incantations à psalmodier pour attirer les yeux de la déesse. Faire couler le sang d’un membre de la famille d’un Roi-Phénix promettait d’être une expérience au-delà de toute imagination, et mériterait récompense divine. Vladek se souvint de la jouissance éprouvée lors de l’assassinat de son neveu, après avoir éliminé son frère et sa femme : il s’agissait d’une expérience fascinante, une exultation à nulle autre pareille. Par ailleurs, le sacrifice rituel de son neveu avait porté ses fruits aux yeux d’Hekarti, il était donc raisonnable d’imaginer que le sacrifice d’un membre d’une lignée plus prestigieuse le comble de bienfaits. L’avantage de cette option était la potentielle immédiateté de sa mise en œuvre. Jetant machinalement un regard autour de lui comme pour vérifier qu’ils n’étaient pas épiés, Vladek remarqua la présence opportune d’un rocher renversé sur le côté, perdu dans le brouillard, à quelques mètres devant eux. Un sentiment d’urgence le saisit, et il fut pris d’une nervosité croissante alors que tous deux se rapprochaient de ce site qui aurait pu faire l’affaire pour un sacrifice improvisé. Son esprit était en ébullition : il devait se décider en quelques secondes. Voulait-il sauter sur l’occasion providentielle de mettre immédiatement son projet à exécution ? Il devait y avoir une raison pour laquelle le destin avait placé ce résidu d’éboulement sur leur route alors même qu’il songeait à sacrifier Gildéon… Il devait se décider rapidement.

*Fais-le. Tu es plus fort que lui. Maîtrise-le, lie-le à cette pierre, et égorge-le comme du bétail.*
La remarque de Dekh laissa place à un lourd silence dans leur esprit. Une seconde passa. Puis deux. Puis trois. Puis le rocher fut derrière eux. Vladek se détendit aussitôt, soulagé d’avoir résisté à la tentation. Notant que le soulagement n’était pas une émotion digne des puissants, il entreprit d’expliquer à Dekh, de s’expliquer à lui-même en somme, pour quelles raisons il valait mieux patienter. Tout d’abord, il restait plus avantageux de livrer Gildéon à une cellule d’adorateurs du Culte du Plaisir, car leurs membres raffolaient de victimes de haute naissance, et étaient prêts à tout pour s’en procurer pour leurs obscènes cérémonies. De même pour les sectes d’adorateurs du panthéon Cytharai, qui appréciaient de pouvoir offrir des sacrifices en répandant du sang noble pour leurs rituels. Vladek en savait quelque chose : il avait assisté et participé à suffisamment de cérémonies de ce type. Il était donc convaincu de pouvoir tirer davantage de bénéfices en gardant Gildéon en vie plus longtemps. Une fois en Nagarythe, il serait toujours temps de trouver demandeur.
*Des excuses. Toujours des excuses. Ta faiblesse me souille.*
Vladek cessa de prêter l’oreille aux jérémiades de son alter ego, et se focalisa de nouveau sur ses projets. Une autre possibilité était également de former Gildéon, d’en faire son élève et un disciple d’Hekarti. Lui-même pourrait retirer de nombreux avantages d’une telle situation, bénéficiant notamment des services d’un compagnon capable. Mais cela supposait qu’il le laisse en vie, et ne décide pas d’exploiter son potentiel de manière plus sanglante et directe, pour un bénéfice plus rapide. L’un dans l’autre, chaque option avait ses inconvénients, c’est pourquoi la question du sort de Gildéon nécessitait mûre réflexion de sa part. Désireux de reprendre son sang-froid, Vladek lança machinalement deux sortilèges de confort, l’un pour créer une aura de température tempérée autour de lui, l’autre pour préserver ses vêtements de la pluie fine tombant dans la brume nuageuse autour d’eux. Malheureusement, Vladek n’était pas encore parvenu à s’habituer complètement à l’abondance de magie ambiante, et le manque d’attention qu’il portait à ces sorts routiniers le prit en défaut. L’un des deux sortilèges fut donc un échec, sans conséquence aucune, Vladek laissant simplement l’énergie de l’Aethyr s’écouler hors de lui, appliquant les mêmes habitudes que Gildéon était en train d’intégrer. Seul le sort le protégeant de la pluie réussit donc, et le mage était trop plongé dans ses pensées pour s’en apercevoir. Il ne réalisa pas non plus que l’averse de laquelle il s’était préservé n’était qu’éphémère, et cessa quelque dix minutes plus tard.
[MJ] Kriegsherr a écrit :Lancer de dé pour le Bouclier de Pluie : Réussite (7).
Pour le Coupe-Froid : Echec (14).
Le soir venu, ils réitérèrent le programme de la veille, Vladek supervisant les exercices de Gildéon. Il était important que le néophyte comprenne comment capter l’énergie magique, et comment la laisser s’écouler. Une fois qu’il en serait capable, ils pourraient aborder des sortilèges simples, et le nouvel exercice consisterait à donner forme à cette magie, à l’intégrer dans une incantation pour la plier à ses désirs. Vladek savait brûler les étapes par rapport à l’enseignement traditionnel des mages en Saphery, mais son expérience sous la tutelle de Seshru lui avait au moins appris que cette méthode qu’il enseignait à Gildéon pouvait porter ses fruits bien plus rapidement, et demandait moins d’efforts. Pourquoi ne pas choisir la voie de la facilité, qui menait elle-même à un pouvoir plus séduisant ?

Le mage interrompit l’exercice un peu plus tôt que la veille, avant que Gildéon ne soit à bout de force. Contrairement à la nuit précédente, Vladek comptait dormir cette nuit, aussi se répartirent-ils cette fois les tours de garde par tranche de trois heures. Comme à son habitude, Vladek prit le premier tour : il avait encore du pain sur la planche avant de réussir son sortilège d’aura de feu gelé de manière convaincante…
Modifié en dernier par Vladek le 11 févr. 2016, 08:53, modifié 3 fois.
Vladek, Sorcier Renégat Druchii (Déchirure)
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