Il devait être fatigué.
Tandis qu’il répétait les mêmes invocations en Langue Noire, le Pyromancien avait eu le temps de se trouver juste devant l’auberge anéantie par les torrents d’aethyr. Il posa une main sur la porte d’entrée, semblait se concentrer intensément pour chercher une trace.
Il se retourna subitement alors que Reinhard terminait sa litanie. Le Pyromancien sauta un pas de côté, et hurla, si fort qu’on l’entendit à travers toute l’allée :
« Là-haut ! »
Il leva son bâton – une crosse complexe, bien taillée, qui se mit à irradier de flammes. Il tenta de percuter les mouches qui volèrent vers lui avec une gerbe de flammes.
Il fut trop lent. Deux mouches rentrèrent dans ses narines. Il ouvrit grand la bouche de surprise, et une demi-douzaine en profitèrent pour s’enfoncer dans sa trachée. D’autres le contournaient pour grimper vers ses tympans, et une ou deux, curieuses, tentèrent de trouver son falzard…
La femme au grand chapeau se retourna aussitôt, dans un réflexe fort exercé. Elle dégaina son pistolet, et tira immédiatement dans la direction de l’ombre que formait Reinhard. Se jetant à terre sur son morceau de balcon, le mage de Nurgle ouït juste le sifflement de la balle, son petit choc sur un pennon au-dessus de sa tête, et quelques petits morceaux de brique qui tombèrent sur sa nuque.
Relevant son museau, il vit qu’elle n’avait pas perdu un instant pour tirer un petit pochon de poudre d’une poche, qu’elle déchira à l’aide de ses incisives, tandis que le troisième gus sortait son flingue.
La bouche pleine, la répurgatrice cracha le morceau de papier du sachet à terre, retira la baguette avec laquelle tasser la poudre dans le canon, et rugit simplement à l’intention du Pyromancien :
« Maître Horn ?! »
Le Pyromancien posa ses genoux à terre. Expulsa les mouches de sa gorge en les dégageant dans un râle accompagné de bile et de salive. La voix étranglée, il hurla :
« Mage noir ! »
Reinhard ne pouvait pas l’apercevoir, entre la distance et l’obscurité – et pourtant, il était persuadé que la répurgatrice sourit, car sa voix fut prise d’un très léger ton amusé.
« Maître Fischer, veuillez ouvrir la voie ! »
Et le troisième gus se rua vers la porte d’entrée de l’immeuble abandonné dans lequel se planquait Reinhard. Et dégainant une espèce de gros outil métallique qui pendouillait près de sa cuisse, il commença à en forcer la porte.