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Les marins étaient à leur poste, le matelot de vigie scrutait les flots, à l’affut de tout danger potentiel, ou de toute opportunité au loin, d’autres réglaient les cabestans afin que les voiles soient toujours gonflées par le vent. La barre semblait être tenue d’une main de maître.
Il s’agissait donc d’une journée splendide qui semblait s’annoncer particulièrement agréable.
Mais pas pour Rosario Lacruz, qui avait été cordialement mais fermement invité à rester dans un petit cagibi, à l’écart de l’équipage depuis qu’il était monté à bord. Il avait vu les autres passagers être soulagés de leurs biens avant de faire le grand plongeon. L’un d’eux avait refusé mais toutes sortes d’équipements pointus le transformèrent en une masse de viande tiède qui teintait de rouge le sol du navire.
Cela eut au moins le mérite de convaincre les autres de s’exécuter sans se faire remarquer. Et alors que l’assassin pensait qu’il allait lui aussi boire le bouillon, le capitaine lui fit une offre impossible à refuser. Littéralement.
Entre rejoindre un équipage de malfrats et apprendre à nager avec des saloperies marines dont les requins pouvaient être considérés comme de simples chiots turbulents, la question ne se pose pas, non ?
Mais le capitaine préféra laisser un temps de réflexion à son futur recruté et l’assigna donc à un cagibi, lui indiquant également qu’il viendrait le faire chercher pour connaître la réponse à son offre. Et en guise d’une preuve de bonne foi, Rosario avait toujours ses armes sur lui. Ou peut-être était-ce un oubli ?
Puis enfin, des pas se firent entendre et la porte s’ouvrir, laissant deux marins avec leurs épées à leurs côtés et lui expliquèrent rapidement que le capitaine l’attendait à la barre et l’escortèrent jusque-là.
Le capitaine était un homme d’environ 1m80 et assez large. Portant des vêtements d’une couleur verte et constitués d’un tissu qui semblait être résistant à l’eau, de bottes de bonne qualités et d’un haut de chausses bleu-vert, il détonnait parmi ses hommes. Avec ses deux sabres à ses côtés, il transpirait l’autorité. Une autorité suffisante pour rendre docile des gaillards capables d’atrocités. Ou pour les lâcher dès qu’il en prononcerait l’ordre. Il portait également, un chapeau avec une fourrure sur le devant, qui s’élevait vers les cieux.
D’un âge mur, il avait le visage marqué de rides et son expression naturelle semblait plus être portée sur la circonspection que sur la joie et le sourire aux lèvres. Ses grands yeux étaient bleus comme la glace et perçaient l’horizon. Mais le plus impressionnant était sa barbe. Drue, assez longue et large, elle semblait, au premier coup d’œil, totalement sauvage, partant dans toutes les directions, mais en y regardant plus précisément, on remarquait que l’effet était voulu, lui faisant ainsi comme une multitude de moustaches de taille imposante surmontant sa barbe, telle une couronne blonde.
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Il se retourna vers ceux qui osaient le déranger en pleine manœuvre et leur dit d’une voix bourrue.
« C’est pas trop tôt. Retournez tous deux à votre poste. »
Les deux marins repartirent sans même une seule hésitation de laisser un « invité » armé près de leur capitaine. Ce dernier reprit la parole, tout en fixant l’horizon.
« Alors mon gars, t’as réfléchi ? Tu préfères apprendre à nager tout de suite, ou rejoindre mon équipage ? »