[Friedrich Hadler] L'Infante du Mal (suite)

Le vaste pays désertique qu'est l'Arabie se trouve de l'autre côté de la mer en face de la Tilée et de l'Estahe. Il y a plusieurs cités habitées, certaines sur la côte et d'autres à l'intérieur des terres, ainsi que bien des ruines désertes remontant aux légendaires Guerres de la Mort. Les pirates d’Arabie sont des pilleurs invétérés, dont on peut parfois apercevoir les navires aux voiles sombres dans les ports d’Estalie ou de Tilée.

Modérateur : Equipe MJ

Katja Endrafen
PJ
Messages : 33

Re: [Friedrich Hadler] L'Infante du Mal (suite)

Message par Katja Endrafen »

Comment décrire ce que je ressentis en venant me placer en retrait du sergent ? Il mugissait ses commandements avec une hauteur faisant mentir sa petite taille tandis que ses hommes contenaient tant bien que mal la vague hurlante de ceux qui apparaissaient désormais comme des fanatiques. Ils vociféraient leur haine à la face des soldats aux boucliers levés, crachaient leurs menaces comme pourrait le faire une bande de chats sauvages. Je tremblais comme une feuille-morte tandis que maints pensées informes traversaient mon esprit, même si je leur reconnaissais toutes des allures de « Pourquoi suis-je ici ? ». Il y eu un cri un peu plus perçant que les autres et le mur d'acier se fendit d'une coulée de sang, tandis que plusieurs assaillants jaillirent de ce sillon pour se précipiter sur Polar.

Je m'étais déjà battue par le passé et j'avais effectivement pris des vies. Mais rien ne m'avait préparée à ça, à cette folie ambiante où l'homme se rabaisse au rang d'animal féroce. Je n'avais certes jamais eu une grande estime de ma race, toute bouffie d'envies et de pulsions, mais l'expression meurtrière de ces gaillards était choquante. Pourtant, je m'étais faite la promesse de ne pas finir ici sans le leur faire regretter, pas vrai ?
Je me suis ébrouée mentalement et d'habiles réflexes me revinrent. Ma main projeta le couteau que je tenais comme si ce geste était le plus naturel du monde, la pointe allant s'enfoncer dans la jambe recouverte de mailles de l'un de ceux qu'on nommaient ulricains. Comme un éclair mes doigts volèrent à l'encontre d'un second projectile qui suivit presque le même chemin, allant se ficher dans l'autre cuisse du guerrier. Je reconnus à son affaissement les effets du poison et non de la douleur, et une joie farouche enfla dans ma poitrine. J'avais pourtant mieux à faire que me féliciter, car mon intervention venait d'attirer l'attention d'un adversaire. Son comparse alla se heurter à Polar alors que lui-même se jetait sur moi.

Seule ma vivacité me permit de ne pas me retrouver projetée dans le sable. Mon épée partit à la rencontre de son visage, surtout parce que je n'avais qu'une très vague idée du maniement d'une telle lame et que j'étais demeurée fixée sur les traits distordus de fureur de mon opposant. Il fallait davantage qu'un estoc maladroit pour le déstabiliser, et l'homme leva son glaive en bloquant le mien qui ne fit que l'estampiller légèrement à la tempe.
Je serais bien en peine de décrire le reste de notre duel. J'avais l'impression que le monde tambourinait à la manière d'un tambour paniqué. La peur avait cédé la place à un emportement excité s'exprimant dans ma façon de frapper. En amateur, en proie comme en prédateur, je me défendais bec et ongles face à celui qui prétendait me prendre la vie. Le sable volait, l'acier était trop lourd pour mon bras et pourtant, jamais sa lame ne trouva le chemin de ma chair alors qu'à chaque fois que je reculais, la mienne ouvrait une autre plaie sur son corps. Lorsqu'il finit par s'effondrer dans la poussière, un air surpris fiché sur ses traits barbouillés, je manquais de peu pousser un hurlement soulagé. Sur le côté Polar achevait son propre adversaire : la mine grondante d'un ours lui allait bien.

Mais mon exultation fut de courte durée. A quelques pas de là les engagés tombaient les uns après les autres, emportant certes quelques-uns de ces fous-furieux avec eux... mais la scène prenait des allures de boucherie. Je remarquais d'un coup d’œil que d'autres fanatiques semblaient se jeter du haut des palissades et une clameur nombreuse s'en élevait. J'agrippais le sergent par l'épaule afin de le lui indiquer : peut-être étaient-ce les nôtres qui revenaient, sans doute même. Ce petit espoir ôta toute la fatigue que la panique faisait peser sur mes épaules et c'est bien campée sur mes jambes que je fis face à la mêlée.
De mêlée, il ne restait qu'un carnage consommé. Le sable avait si bien englouti le sang que je frissonnais, outrée face à l'indifférence apparente du désert devant les morts. Ils étaient plusieurs à râler faiblement, et je dus réprimer des larmes de compassion comme de rage. Rien ne m'avait préparée à un tel spectacle ; j'aperçus un homme dont les pieds battaient faiblement contre un corps allongé à côté, et un de ses voisins ne cessait de rouler d'un flanc sur l'autre. Que faisait-on dans ces cas-là ? pensai-je en pinçant les lèvres. Ils étaient moribonds. Fallait-il les achever ?
Je me tournais vers Polar, mais le sergent s'était éloigné. Un petit groupe de survivants, à peine une demie-douzaine, s'était amassé autour de lui. Leur désespoir était flagrant, mais la dureté du nordique se lisait dans ses yeux.

Je caressais pendant quelques secondes la tentation de me joindre à eux. Partager leur présence aurait été une vraie bénédiction après ces instants de démence confuse, mais je pris une profonde inspiration et me l'interdis. Au lieu de ça, j'allais me mettre à genoux auprès de l'ulricain que le poison avait paralysé et avec un haut-le-cœur, enfonçais mon épée à l'endroit présumé du palpitant. Ma sinistre besogne ne s'arrêtait pas là, et bien qu'ils furent plusieurs à poser le regard sur moi, je fis tout mon possible pour les ignorer. J'essuyais gauchement la lame sur la cape d'un ennemi et entrepris de faire le tour des cadavres, en quête de petites lames sur lesquelles j'aurai pu faire main-basse. Pour ce qui était de l'or ou des autres possessions, une voix me soufflait que ce serait davantage sujet à discussion et je préférais ne pas m'aventurer sur un tel terrain, ignorant tout des dispositions de mes camarades à ce sujet. Enfin, je revins près du fanatique que j'avais fauché dans son élan, récupérant mes couteaux souillés.

Je m'aperçus alors de la présence de... toute une compagnie, franchissant la porte ou les palissades et pénétrant dans l'enceinte du camp ravagé. Je crois que ma bouche s'arrondit de stupeur, mais je la refermais bien vite en affectant un air dégagé. Polar m'avait informé que le duc était parti dans le désert, ce ne pouvait donc être que lui qui revenait, avec sa centaine d'engagés. Pourtant, je surpris aussi bien la présence de soldats, dont des blessés, que d'hommes et femmes basanés ne pouvant être que des villageois locaux. Nous n'étions pas les seuls à avoir été éprouvés.

Mal à l'aise devant autant de regards, je resserrais les pans de mon turban que l'action avait largement déformé. Puis, faisant fi des nouveaux arrivés, je m'assis à côté d'un de mes pairs sans vie. Il était temps de rendre à Morr ce qui lui appartenait, comme on disait chez moi en Ostermark.
Je n'étais certainement pas l'une de ces filles de foi qu'on voit courir dans les jupes des curetons, et je refusais d'énoncer une prière en bonne et due forme, trop traditionnelle, ce qui à mes yeux lui ôtait toute sincérité. Au lieu de ça, je pris dans mes mains celle, déjà raide mais encore tiède, du soldat que j'avais insolemment interrogé plus tôt dans la journée. Ses yeux me fixaient, accusateurs, aussi fermais-je les miens : tant pour leur échapper que pour camoufler les pleurs qui me picotaient.


« Morr... ce n'est pas souvent que je te montre le respect qui sied à un dieu, c'est vrai... » murmurai-je. Sur mes lèvres craquelées par le soleil se fit sentir le goût salé des larmes. « Mais c'est ton devoir de les accueillir. Si tu es vraiment le roi des défunts, alors fais ce qu'un souverain est tenu de faire : prends soin de tes sujets. Prends soin de mes camarades. »

Le reste se fit en silence, dans mes pensées, car je craignais que ma voix ne se brise.

« Je ne sais pas qui ils étaient et je ne peux pas assurer devant le monde qu'ils étaient des hommes bons. Mais cette mort qu'ils ont reçue, aucun ne l'avait recherchée. Elle est venue, impromptue, imméritée, et ils lui ont fait face avec devoir. Leur vie a été ce qu'elle a été, mais leur fin a été honorable. S'il n'y a que le décès qui importe à tes yeux, alors ils ont droit à ta bienveillance. »


« Prends soin d'eux... »
répétais-je à mi-voix.

Mon office achevé, j'allais me planter un peu à l'écart des vivants comme des morts. J'avais besoin d'une solitude dont je n'étais pas certaine qu'on allait me l'accorder, mais faisais mine d'y avoir droit en évitant de croiser les yeux de quiconque. J'avais glissé la main dans une de mes poches et serrais désormais contre ma paume la pistole d'enfer que Sven m'avait offerte. Ce talisman peu protocolaire revêtait une grande importance sans que je ne puisse expliquer pourquoi, surtout en cet instant.
Modifié en dernier par [MJ] Le Djinn le 20 mars 2013, 20:05, modifié 1 fois.
Raison : +24/xps total: 26
Image
« Mon irrévérence est ma liberté. »

Musical Theme
Katz, auxiliaire impériale (éclaireur)
Profil: For 8 | End 8 | Hab 9 | Cha 8 | Int 8 | Ini 9 | Att 10 | Par 10 | Tir 10 | NA 1 | PV 30/60 *

* 1 Fulguropoing de Troll à la jambe droite
* 1 toucher amical d'épée à l'épaule gauche

« Engagez-vous qu'i'disaient ! Engagez-vous !
Et la solde, elle s'engage QUAND ? »
Compétences :
¤ Adresse au tir
¤ Ambidextrie
¤ Camouflage rural
¤ Jonglerie
¤ Réflexes éclairs
¤ Tir à déclenchement rapide


Équipement :
¤ Épée à une main (16+1d8 dégâts / 12 parade)
¤ Veste de cuir (Torse, dos et bras / 5 )
¤ Targe d'acier (4+1d6 dégâts / 14 parade / Déstabilisant)
¤ 4 dagues de jet (12+1d6 dégâts / Malus de -2 TIR tous les 6 mètres)
¤ 2 Bolas (Malus de -2 TIR tous les 8 mètres / Immobilisant)

Avatar du membre
Friedrich Hadler
PJ
Messages : 172

Re: [Friedrich Hadler] L'Infante du Mal (suite)

Message par Friedrich Hadler »

Finalement, tout se passa plutôt bien pour Friedrich Hadler, ses camarades blessés et les civils. Comme il l’avait supposé, le sergent Steiner avait choisi de suivre une voie très raisonnable et de suivre le conseil de son subordonné. Ils s’étaient rapprochés, tout en restant à distance suffisante pour garantir leur sécurité, avaient recherché un angle de tir correct, puis, sous le commandement du sergent, avaient offert des tirs de soutien à leurs compagnons.
Cependant, l’efficacité de cette entreprise fut assez limitée, puisque les militaires impériaux blessés n’étaient pas d’excellents archers, et qu’en plus, ils étaient gênés par le climat, leurs blessures et les fortifications du camp. Pour Friedrich, au final, sur trois flèches tirées, une seule atteint sa cible. L’homme touché alla directement au tapis.
Au même instant, les soldats impériaux valides pénétrèrent le camp. La victoire des hommes du duc semblait maintenant certaine, mais les ulricains employèrent alors une tactique qui occasionna des dégâts monstres. Ces fous n’hésitaient pas à se suicider pour causer le plus de pertes possibles : ils sautaient directement sur les assaillants depuis les murailles, puis ils frappaient un peu partout avant de mourir. Ce fut un véritable massacre, une victoire rapide, certes, mais à la Pyrrhus.

Quand les combats cessèrent et que les soldats et les civils sous le commandement de Steiner remirent leurs arcs dans leur dos, et rentrèrent à leur tour dans le campement dévasté, ils y découvrirent une boucherie. Au total, il y avait eu une trentaine de morts dans les rangs des soldats réguliers, contre à peu près autant de fidèles du dieu loup. Friedrich Hadler fut d’ailleurs assez surpris de découvrir l’identité de ceux qui avaient attaqué le camp. Des ulricains qui affrontaient des soldats de l’Empire, en Arabie ? Cela était presque incroyable, et pourtant, ils les avaient bien suivis jusque dans ce four pour essayer de les tuer. Il devait à coup sûr s’agir de fanatiques membres de la célèbre mais interdite secte de « l’hérésie sigmarite », des intégristes radicaux qui pensaient que les fidèles de Sigmar étaient des traîtres et méritaient la mort.
L’ostlandais ne put s’empêcher de repenser à une autre situation à peu près similaire qu’il avait vécue il y avait déjà plusieurs mois, en Ostland. Lors de son deuxième jour d’engagement, il avait dû affronter des flagellants sigmarites, et en tuer un. Ces dernier avaient tué une autre jeune recrue, nommée Kerist. Il était assez étrange pour le soldat de constater le caractère profondément contradictoire de ces deux attaques, qui s’étaient produites pour des raisons d’appréciation contraires de la part des agresseurs fanatiques religieux. D’une part, les flagellants leur avaient reproché le fait qu’ils ne soient pas de vrais croyants en Sigmar, d’autre part, les ulricains leur reprochaient d’être des fidèles sigmarites.
Le seul constat que Freidrich tira de cette comparaison entre les deux combats était qu’il en avait résulté des morts stupides. Tous ces gens s’étaient entre-déchirés, alors qu’ils auraient pu combattre côte à côte l’adversaire commun, le seul vrai ennemi, le chaos. C’est à cela que pensait le soldat Hadler en marchant au milieu des blessés et des morts, la mine triste et grave. Il n’était pas traumatisé ou choqué, mais très las. Il avait largement eu son compte de combats, d’épreuves et de morts pour la journée, et même pour toute une vie, mais il était résigné à supporter encore ces épreuves aussi longtemps qu’il vivrait. Même s’il ne prenait aucun plaisir à tuer à souffrir, et à regarder la mort ou la souffrance des autres, il savait qu’il fallait bien que quelqu’un fasse ce qu’il fallait faire, et que c’était là son métier, sa fonction, sa tâche.

Heureusement, tout cela était bel et bien terminé. Il n’y avait plus d’ennemis à combattre, et enfin les ostlandais pourraient goûter à un repos bien mérité à l’abri dans leur camp, avant de repartir pour leur terre natale ou pour ailleurs, par bateau. Mais avant de partir, ils devraient rendre un dernier hommage aux camarades tombés au champ d’honneur et leur offrir une sépulture décente. Les civils arabéens pourraient aider à cette tâche. Au moins, la question qu’il s’était intérieurement posée de savoir si oui ou non le duc avait prévu assez de place sur les navires pour les villageois trouvait maintenant sa réponse. D’ailleurs, cette dernière pensée attira l’attention du soldat sur le sort du duc, qu’il ne voyait pas. Qu’avait-il bien pu lui arriver ? La question était importante, et il fallait y répondre rapidement, car c’était à lui de prendre ses responsabilités et de commander le campement. De plus, il lui était peut-être arrivé malheur, et peut-être avait-il besoin d’aide...

Avec son bras en écharpe, et compte tenu de ses très faibles connaissances médicales, Friedrich ne pouvait pas vraiment aider les blessés, ni même déplacer ou enterrer les morts. Il laissa donc ceux qui étaient plus aptes à le faire s’en occuper, et se concentra sur la tâche qu’il s’était fixée : retrouver le duc et s’assurer qu’il allait bien. Mais dans ce bazar caractéristique qui suivait toujours les assauts violents, surtout dans un campement, il n’était pas facile de trouver une personne en particulier, fusse le commandant de l’expédition. Aussi se dirigea-t-il vers un jeune homme qui semblait un peu perdu, à l’écart, et qu’il avait suivi. Il venait de récupérer des dagues de lancer -des armes bien singulières- et d’achever un ulricain, ce qui avait tiré une légère grimace à Friedrich qui l’avait aperçu au loin qui n’aimait pas trop ces pratiques, mais les supportait et en comprenait l’utilité. Puis, et ce fut touchant, le soldat s’assit à côté d’un de ses camarades morts et pria. Encore assez loin, et ne désirant pas surprendre des paroles qui ne s’adressaient pas à lui, Friedrich avait attendu que le jeune homme à la carrure assez fine se relève et s’éloigne un peu pour l’aborder. Le sang qu’il avait sur lui prouvait qu’il avait dû participer aux combats, mais il ne semblait pas blessé. Bien que ce jeune homme porta un uniforme assez peu règlementaire, le soldat Hadler ne lui en tint pas rigueur. Son turban, qui couvrait sa tête et sa figure, le protégeant du sable et du soleil, laissait apercevoir deux magnifiques yeux d’un bleu profond, qui étaient encore humides. Cela perturba un peu notre héros, de voir que le jeune soldat avait pleuré. Il ne s’y était pas du tout attendu, mais ses larmes soulignaient l’humanité de ce soldat, ce qui lui rappela qu’ils n’étaient pas que des uniformes, mais bien des hommes.

Mal assuré dans cette situation, et conscient qu’il pouvait peut-être gêner, Friedrich s’éclaircit la gorge, posa sa main droite sur l’épaule de son frère d’armes, et lui parla d’une voix pleine de compassion :


-Hum… Heu… Ca va, mon gars ? Tu n’as rien ? Je m’appelle Friedrich Hadler, soldat au cinquième régiment de la troisième division. Il ne me semble pas t’avoir vu dans la colonne du duc, tu… Tu étais dans le camp quand ces salauds ont attaqué ?

Friedrich n'avait pas voulu pas paraître trop brutal ou protocolaire dans ces instants difficiles pour tout le monde. Il préférait d'avord prendre le temps de respecter son compagnon d'armes avant de lui demander s'il savait où était le duc ou, dans le cas contraire, s'il voulait bien l'aider à le chercher.
Modifié en dernier par [MJ] Le Djinn le 20 mars 2013, 20:04, modifié 1 fois.
Raison : +33xps, xp total: 85 xps
Lien fiche wiki : http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... ich_hadler

Profil : FOR 10 / END 11 / HAB 10 (9*) / CHAR 10 / INT 10 / INI 10 / ATT 14 (13*) / PAR 14 (13*) / TIR 11 / NA 3 / PV 85/85
*: profil avec armure (bonus des compétences non inclus)

Compétences :
• Sang-froid : Votre personnage a ce qu'on appelle des «nerfs d'acier». Il sait rester maître de lui-même dans les situations les plus dangereuses. Bonus de +1 sur n'importe laquelle de ses caractéristiques lors de la réalisation d'une action dans un climat de stress et de tension mentale.

• Coups puissants : augmente les dégâts occasionnés à ses adversaires de + 1D3 pts de dégâts.

• Autorité : bonus de +1 lorsque, confronté à des militaires, il essaye de faire prévaloir son autorité, ses ordres etc.,

• Arme de prédilection : épées à une main : Bonus de +1 en ATT lorsqu'il en utilise en combat. Par contre, lorsqu'il utilise une autre arme que son arme de prédilection, il reçoit un malus de -1 en ATT et en PAR pendant les 1D3 premiers combats qu'il livrera avec cette arme, le temps qu'il s'y adapte.

• Alphabétisation : Votre personnage est capable de lire et d'écrire les langages utilisant l'alphabet du vieux monde s'il comprend ce langage.

• Langage secret : jargon de bataille : Votre personnage sait parler le jargon des batailles.

• Anticipation : Votre personnage, au combat, arrive à prévoir les réactions d'un ennemi. Pour analyser le style de combat de son adversaire direct, il lui faudra 2 rounds entiers. A partir du 3ème round, cette compétence lui permet d'avoir un bonus de +1 en ATT et en PAR contre ce seul adversaire. (Pour bénéficier de ce bonus contre un autre adversaire, il lui faudra l'avoir combattu pendant au moins 2 rounds)

• Adresse au tir (arcs) : +1 en TIR avec un arc.

• Volonté de Fer : Votre personnage se révèle être particulièrement très résistants à la peur, aux attaques mentales et à tout ce qui pourrait tenter de briser sa volonté. Il obtient +1 aux tests pour résister à un contrôle mental, à la peur etc…

• Parade : Double les points de parade de l'arme ou du bouclier utilisé.

• Coriace : Diminue de 1D3 les dégâts subis (jusqu'à un minimum de 1).

•Réflexes éclairs : +1 aux test INI en réaction à la surprise.


Equipement de combat : • Devoir (épée à une main) (18 +1D10, 12 Parade) Les morts-vivants, les démons etc… Que la lame touche subissent 1d6 dégâts de plus
• Bouclier d'acier (6+1d6 dégâts, 16 parade)
• Epée à une main (16 +1D8, 12 Parade)
• Cotte de mailles (9 protection, tout sauf tête -1 HAB, ATT et PAR)
• Arc court (26+1D8, -2 TIR/16 m)

Avatar du membre
[MJ] Le Djinn
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - RP
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - RP
Messages : 1199
Profil : FOR / END / HAB / CHAR / INT / INI / ATT / PAR / TIR / NA / PV (bonus inclus)
Localisation : Dans ma lampe...

Re: [Friedrich Hadler] L'Infante du Mal (suite)

Message par [MJ] Le Djinn »

Katja leva les yeux vers Friedrich leurs regards se croisèrent l'espace d'un moment, ils se jaugèrent, avant que la jeune femme ne pu ouvrir la bouche pour parler une voix forte résonna dans le camp.
Image-"Rassemblement! Tout le monde en rang, par division et régiment!"
Sans tarder les hommes (et la femme) se rassemblèrent devant leurs sergents respectifs, à la surprise de l'éclaireuse Polar était toujours en vie, bien qu'il avait l'air très fatigué, entendant un solat crier le nom de Steiner, Katja s'empressa de se ranger vers celui qui semblait s'appeler ainsi, à côté de Friedrich d'ailleurs. Une fois que tout le monde fût là, le Duc Loft, dont l'armure dorée était couverte de sang, fit une allocution. Par chance les corps autour de la zone de rassemblement étaient déjà éloignés.
Image-"Nous avons été frappés durement, l'attaque était lâche, perpétrée par des sauvages fanatiques incapables de voir le vrai sens de la foi. Mais nous ne devons pas nous laisser abattre. Nous avons trouvés ce que nous sommes venus chercher, trois navires arriveront dans une semaine pour emporter toute la colonie, jusque là nous devons honorer les morts et tenir notre camp, ensuite nous repartirons en Ostland."
Cela étant dis, les sous-officiers ordonnèrent à leurs hommes d'aller enterrer les cadavres près de l'oasis, afin que leurs corps puissent nourrir la nature et faire fleurir un peu plus le désert. Tous y allèrent à l'exception de Friedrich et Poigno qui furent interpellés par le sergent Steiner, qui les emmena dans sa tente, à l'écart.
Il affichait un large sourire, une fois sous la toile où seuls une minuscule table ornée d'un coffret et un sac de couchage reposaient. Respectueusement, il ouvrit la boîte et en tira trois insigne, deux crânes de bronze et un crâne doré avec des lauriers de métal verts. Il attacha ce dernier à sa poitrine.


-"Je suis officiellement capitaine désormais, au yeux du Duc comme de l'Empereur. En tant que tel je me dois de déléguer certaines tâches. Tendez-moi vos mains.

Bien sûr, les hommes s'exécutèrent en se demandant pourquoi.

-"Soldat Ertezi, j'ai écouté les guerriers de notre beau régiment, pendant le retour au camp vous avez été héroïque, si la moitié de ce qu'ils ont dit est vrai c'est grâce à vous que l'embuscade a pu être déjouée sans encombre.
Soldat Hadler, votre force de volonté et votre sens du commandement m'ont impressionnés, il faut rendre justice à votre talent. J'ai parlé au Duc, il approuve ma décision, pour vous deux."


Sans plus de cérémonie, le capitaine posa les deux emblèmes dans les paumes de chacun des deux interlocuteurs.

-"Attachez le à la poitrine de votre uniforme et portez-le fièrement. Désormais vous êtes tout les deux caporaux."
Tu passes rang 2 Krieg!
Enfermé dans une lampe pendant des siècles, cloisonné dans une pièce de métal par une malédiction... Puis un jour un naïf est venu, me libérant dans sa sottise... Tant pis pour lui... Et pour tous les autres.

Katja Endrafen
PJ
Messages : 33

Re: [Friedrich Hadler] L'Infante du Mal (suite)

Message par Katja Endrafen »

J'observais les soldats à leur sinistre besogne, certains s'étant mis à rassembler les corps un peu à l'écart. Il y avait une touche surréaliste à ce spectacle, où vous voyiez un homme en saisir un autre par les mollets et le traîner dans le sable, ce même sable qui buvait si voracement le sang qu'il n'en laissait que quelques taches en pâture à l'évaporation. Je me surpris à voir le désert comme un menteur, lui qui cachait si efficacement les traces de massacre.
Et puis je me secouais mentalement tandis qu'un engagé s'avançait vers moi. Il arborait de fraîches blessures au bras gauche, mais la douleur ne se voyait pas dans sa démarche. Me dépassant d'une tête, il en faisait du coup une de moins que la plupart de ses pairs, mais quelque chose dans son maintien tranquille et droit le grandissait. Une courte barbe lui mangeait le bas du visage, et le gris de ses yeux pourtant sombres tranchait sur le fond hâlé de sa peau. Je lui donnais la trentaine, et me fis la réflexion qu'il était un peu vieux pour son rang de simple soldat, indiqué par l'absence de galon sur son uniforme. Peut-être avait-il tardivement rejoint les drapeaux.

Arrivé à ma hauteur, l'homme posa sa main sur mon épaule et je me raidis, comme craignant que ce contact ne lui fasse découvrir qui j'étais.


-Hum… Heu… Ca va, mon gars ? Tu n’as rien ? Je m’appelle Friedrich Hadler, soldat au cinquième régiment de la troisième division. Il ne me semble pas t’avoir vu dans la colonne du duc, tu… Tu étais dans le camp quand ces salauds ont attaqué ?

Craintes infondées. Son attention m'amusa, d'une façon ironique : je m'en voulus de m'être laissée troubler par la manière dont avaient tournés les récents évènements, et ravivais l'éclat pétillant de mon regard saphir.
Je n'eus toutefois pas le temps de lui répondre, car une voix beugla le rassemblement et malgré mon caractère indiscipliné, j'étais assez docile pour réagir aussitôt lorsqu'un tel ordre résonnait au travers du camp. Avec un clin d’œil d'excuse pour Friedrich, je m'échappais dans la cohue qui anima subitement les environs. L'effervescence ne dura qu'un instant, et la poussière soulevée par le remous humain retomba tout aussi vite sur des régiments bien formés. J'avais avisé le sergent Steiner surtout parce qu'un engagé avait braillé son nom, et c'était aussi bien : je me voyais mal aborder les sous-officiers les uns après les autres pour leur demander leur patronyme. Je n'avais jamais vu mon nouveau chef, et j'espérais qu'il n'était pas assez proche de ses hommes pour s'apercevoir d'une nouvelle tête dans son groupe. Je nourrissais probablement là une illusion, mais rêver n'a jamais coûté grand-chose, tant qu'on se réveillait vite.

Je pris donc ma place au milieu du... cinquième régiment, troisième division. Évidemment, les propos de Friedrich me revinrent aussitôt à l'esprit. Nous avions la même affectation, et je secouais la tête, exaspérée de ne pas m'en être rendue compte lorsqu'il l'avait dit. Ce faisant, je découvris stupéfaite que mon voisin de droite n'était autre que le soldat Hadler... Je restais un instant coite, me demandant si c'était une farce ou pas.
Apparemment pas.

Je lui dédiais un coude au milieu des côtes, évitant de peu son bras blessé.


« On m'appelle Katz. Katz, chat... C'est parce que j'ai neuf vies. »

Un sourire éclatant me monta au visage, que cachait mon turban de fortune mais traduit par le plissement de mes yeux et la remontée de mes pommettes.

« Et j'ai comme l'impression que ça ne va pas être de trop par ici ! »

Je falsifiais ma voix comme lors de la traversée en bateau, reprenant cette voix de fausset, la plus grave dont j'étais capable. Le duc nous apparut alors, en cuirasse dorée miroitant sous le soleil. Le sang qui la maculait lui donnait un air sinistre, et c'est d'une voix forte qu'il s'exprima devant tous. Je reconnus celle ayant ordonné le rassemblement.

-"Nous avons été frappés durement, l'attaque était lâche, perpétrée par des sauvages fanatiques incapables de voir le vrai sens de la foi. Mais nous ne devons pas nous laisser abattre. Nous avons trouvés ce que nous sommes venus chercher, trois navires arriveront dans une semaine pour emporter toute la colonie, jusque là nous devons honorer les morts et tenir notre camp, ensuite nous repartirons en Ostland."


Mes méninges fonctionnaient à toute vitesse tandis qu'il parlait. Je doutais qu'il ne fut pas au courant de ma présence, finalement, car Polar en avait été prévenu, et je notais la présence de l'intéressé un peu plus loin. S'il n'avait pas informé Loft, la chose ne saurait tarder, et je ne savais pas trop quel était mon avenir maintenant que le retour était annoncé. La transpiration qui me recouvrait me parut d'un seul coup bien froide.
La voix de Steiner coupa court à mes inquiétudes. Il fallait enterrer les morts, chose aisée avec le sable, mais suffisamment profondément pour que les charognards ne soient pas tentés de venir faire un tour. Près de l'oasis, allons bon ; qui irait se baigner maintenant, sachant qu'à quelques pas de là pourrissaient les chairs de ses camarades tombés au combat ?

La formation se dispersait, allant chercher les outils prévus à cette usage ou d'autres de fortune. Pour ma part, je tentais de m'éclipser, mais mes yeux s'arrêtèrent sur le soldat qui avait répondu à mes questions plus tôt dans la journée, étendu mort et presque exsangue à présent. Sa peau était devenue blême, ses membres raides, m'aperçus-je en le déplaçant péniblement jusqu'aux abords de l'oasis, aidée par un autre engagé tout aussi taciturne. Le sang figé se devinait dans les veines du cou et des mains. La vie est-elle si peu de choses ?
D'un air absent, je fis signe de la tête à mon vis-à-vis que je m'occupais de l'enterrer. L'intéressé haussa les épaules et, de mes mains nues, je tentais de creuser un trou suffisamment grand. Il ne me fallut pas longtemps pour me rendre compte de la futilité de mes essais, aussi chipais-je sa pelle à un Polar inattentif l'ayant laissée traîner le temps d'avaler une longue rasade d'eau.

Sifflotant avec une gaieté forcée, je me remis à l'ouvrage et pu enfin rendre les hommages à mon camarade inconnu. Ceci étant fait, je me mis à vagabonder de-ci de-là en prenant l'air affairée lorsqu'un regard soupçonneux se posait sur moi, décidée à ne plus m'approcher ne serait-ce que d'une cuillère, des fois qu'on m'oblige à creuser encore. Et de fait, je m'aperçus que j'étais en effet affairée : je cherchais le sergent Steiner, me rendis-je compte. Finalement, ne le trouvant pas, je me faufilais du côté des corps ulricains que l'on avait regroupés plus loin. Avisant les possessions des archers de tantôt, je me servis sans me faire prier, faisant main basse sur l'arme en meilleur état possible et quantité de flèches inutilisées. La raison en était toute simple : je venais de découvrir ce qu'était un affrontement, la lame à la main au milieu d'ennemis enragés, et revivre cette expérience était maintenant inscrit sur ma liste des choses à ne pas recommencer, en priorité absolue. Arborer ostensiblement un arc me paraissait une bonne excuse pour me tenir à distance de ce genre d'échauffourée.
Évidemment, une main avide comme la mienne ne manquait pas de retourner quelques poches au passage. Ces types avaient voulu ma peau, entre autres, et je ne voyais pas ce qu'ils pouvaient faire d'un peu d'or, grimaçai-je intérieurement.

Ma besogne achevée, ma cahutte de sentinelle me parut un tout aussi bon endroit qu'un autre pour attendre la suite des évènements, ou le prochain rassemblement pour la cantine. Tout en en prenant le chemin, je balayais les environs du regard en quête d'un visage connu, notamment celui de Friedrich ; ne le retrouvant pas, et troquant mon envie de compagnie pour la solitude de mon abri, j'allais m'y installer en soupirant d'aise. Ce devait être la tranquillité que les soldats appréciaient tant, celle où après avoir risqué sa vie on s'aperçoit qu'on respire toujours...
Image
« Mon irrévérence est ma liberté. »

Musical Theme
Katz, auxiliaire impériale (éclaireur)
Profil: For 8 | End 8 | Hab 9 | Cha 8 | Int 8 | Ini 9 | Att 10 | Par 10 | Tir 10 | NA 1 | PV 30/60 *

* 1 Fulguropoing de Troll à la jambe droite
* 1 toucher amical d'épée à l'épaule gauche

« Engagez-vous qu'i'disaient ! Engagez-vous !
Et la solde, elle s'engage QUAND ? »
Compétences :
¤ Adresse au tir
¤ Ambidextrie
¤ Camouflage rural
¤ Jonglerie
¤ Réflexes éclairs
¤ Tir à déclenchement rapide


Équipement :
¤ Épée à une main (16+1d8 dégâts / 12 parade)
¤ Veste de cuir (Torse, dos et bras / 5 )
¤ Targe d'acier (4+1d6 dégâts / 14 parade / Déstabilisant)
¤ 4 dagues de jet (12+1d6 dégâts / Malus de -2 TIR tous les 6 mètres)
¤ 2 Bolas (Malus de -2 TIR tous les 8 mètres / Immobilisant)

Avatar du membre
Friedrich Hadler
PJ
Messages : 172

Re: [Friedrich Hadler] L'Infante du Mal (suite)

Message par Friedrich Hadler »

Avant même que le soldat n’ait pu répondre à Friedrich, une voix forte et maintenant assez familière ordonna le rassemblement. Le duc Loft n’avait donc pas été tué, ni même blessé trop sévèrement dans les combats. En revanche, le sang frais sur son armure indiquait assez clairement qu’il n’avait pas hésité à y prendre une part active. Encore une fois, le duc avait fait montre de son mérite aux yeux de Friedrich Hadler. Certes, il avait été un peu trop impulsif et s’était jeté avec ses troupes dans la bataille sans réellement prendre le temps de réfléchir et d’élaborer une tactique d’ensemble qui aurait peut-être permis de sauver des vies, mais, compte tenu des évènements qui s’étaient produits un peu plus tôt dans la journée, et de la situation très complexe avec notamment en jeu la vie des soldats qui étaient restés pour défendre le camp, son empressement à se porter à leur secours au plus vite était très compréhensible. Hélas, bien souvent, dans ces situations, si la vitesse était indispensable, la précipitation était dommageable. Le duc, déjà tendu mentalement, était cette fois tombé dans ce travers. Son choix en avait sûrement condamné beaucoup, mais il en avait quand même sauvé quelques autres, comme le jeune soldat à qui Friedrich venait de parler, par exemple. En tout cas, à son avis, on ne pouvait pas trop lui en vouloir, c’était un bon commandant, mais aussi un humain comme tout le monde, donc imparfait et capable d’erreur.

Se mettant au garde à vous dans les rangs de son unité, le soldat Hadler reçut un petit coup de coude juste en dessous de son bras en écharpe. Il tourna la tête pour voir celui qui l’interpelait, et constata non sans surprise que le soldat à qui il venait juste de parler était dans la même unité que lui. Il lui dit s’appeler « Katz » et avoir neuf vies, à l’instar de ce que la légende populaire disait des chats, neuf vies qui ne seraient pas de trop. Ce trait d’humour particulièrement bien placé arracha à Friedrich un sourire amusé. Après une si rude journée pour lui, tant sur le plan physique que psychologique, décompresser lui faisait du bien. A tel point qu’il garda son sourire tout le long du débriefing du chef de l’expédition. Ce jeune inconnu lui avait remonté le moral de manière incroyable, grâce à sa légèreté dans un moment si grave, aussi bienvenue qu’une bouffée d’oxygène dans un environnement irrespirable.

L’allocution fut rapide, mais efficace. Elle décrivait dans les grandes lignes ce qui allait se passer par la suite, et disait aux militaires éprouvés ce qu’ils avaient besoin d’entendre. Très peu connaissaient la vérité et savaient que non, l’objectif n’avait pas été atteint, car la boîte retrouvée s’était révélée être vide. Mais d’un autre côté, toute l’opération n’avait pas été un échec total, dans le sens où le duc savait maintenant que ce qu’il cherchait n’était pas ici, et aussi parce que des villageois arabéens allaient pouvoir être sauvés d’une vie de misère pour eux et leurs descendants. Sans compter l’élimination de quelques dangereux brigands et de fous dangereux, qui ne pourraient plus nuire à des innocents, même si bien sûr, ils n’avaient pas exterminé tous les bandits du désert ni tous les fanatiques fous furieux.

Une fois le discours terminé, les sergents des différentes unités ordonnèrent à leurs hommes valides, y compris Katz, d’enterrer leurs camarades décédés près de l’oasis. Une décision respectueuse qui convenait au sacrifice accompli par ces hommes. L’endroit où ils reposeraient à jamais serait plus verdoyant et plus fertile, tandis que leurs âmes seraient accueillies par Morr. Cependant, le sergent Steiner retint Friedrich et Poigno, et les conduisit dans sa tente. L’ostlandais lança un regard interrogateur à son ami aux origines tiléennes, qui le lui rendit. Le soldat Hadler pensa d’ailleurs qu’il lui faudrait remercier Poigno pour tout ce qui s’était passé le matin : sans lui, la partie aurait été autrement plus compliquée.
Sous l’édifice de toile, dont le mobilier était réduit au strict minimum, le sergent s’activa près d’un petit coffre, d’où il sortit trois insignes. Il leur annonça que maintenant, il n’était plus le « sergent Steiner », mais le « capitaine Steiner » ! La nouvelle était renversante, et réjouit Friedrich qui ne put retenir un sourire. Steiner était un homme bon et un excellent soldat, il l’avait maintes fois prouvé au cours des quelques mois que Friedrich avait passés sous ses ordres, et s’il y avait bien un sergent au monde qui méritait cette promotion et cet honneur, c’était bien lui. Il quittait le corps des sous-officiers, et entrait dans un autre monde, celui des officiers. Même au sein l’Empire, plus ouvert à la promotion sociale que la Bretonnie, peu de métiers offraient une telle opportunité d’avancement social, et aucune promotion n’était plus belle et plus méritée que celle gagnée par les armes.

Mais ce n’était pas tout. Une fois le fin insigne doré aux lauriers verts accroché sur son vêtement pour signifier à tous son nouveau grade, à la grande surprise des deux soldats, le capitaine leur demanda de tendre leur main. Puis, il dressa un portait assez flatteur d’eux, avant de leur accorder à chacun le grade de caporal et de leur remettre les insignes correspondantes.
Notre héros ne sut pas quoi dire. Il était tellement heureux et tellement fier que le capitaine Steiner et le duc le considère comme digne de commander à quelques hommes. C’était une marque de confiance qui leur était donnée, à lui et à Poigno, et il s’en souviendrait et essaierait de s’en montrer le plus digne possible, d’autant plus que cela impliquait pour lui des responsabilités plus importantes.
Finalement, les larmes aux yeux, touché par l’éloge de son officier et par l’honneur que lui faisait ce grand militaire, il attacha le crâne de bronze sur sa poitrine, et se mit au garde à vous pour saluer, en prononçant avec une grande émotion dans la voie :


-Merci mon capitaine, et félicitations à vous aussi, c’est un honneur de servir sous vos ordres.

Puis il serra la main de Steiner, et sortit avec Poigno. Une fois hors de la tente, il se tourna vers son camarade, un grand sourire au visage, et le congratula lui aussi, comme il le méritait bien :

-Hé, caporal Ertezi… Bravo pour ta promotion, Poigno ! Faut croire que le désert n’a plus de secrets pour toi, hein ?…Et au fait, merci d’avoir ramené les autres en vie, et d’avoir en même temps rempli la mission en rapportant la boîte. Et si on ne t’avait pas eu à nos côtés aujourd’hui, je pense qu’on aurait passé un sale quart d’heure, avec le capitaine Steiner, quand les faux-ouvriers nous ont attaqués en traître.
En tout cas, le duc a drôlement bien fait de choisir notre régiment, dis-donc !


Puis, tandis que le soir tombait doucement et que le Soleil se couchait, ils se rendirent en conversant auprès de leurs frères d’armes. Les deux nouveaux caporaux discutèrent encore un bon moment, après avoir rejoint leurs camarades d’unité à leur tente commune. L’heure du dîner était arrivée, et ils mangèrent convivialement. Curieusement, le soldat Katz n’était pas présent, et n’avait même pas de lit dans aucune des tentes collectives du régiment. Friedrich le remarqua, et se promit d’enquêter dès le ledemain à se sujet pour savoir où pouvait bien dormir ce soldat qu’il connaissait à peine, mais dont la légèreté et la fraîcheur étaient salutaires et bienvenues. Ne le voyant nulle part, il en conclut qu’à l’instar de nombre de ses camarades, Katz avait dû se coucher plus tôt pour récupérer, et qu’il n’avait tout simplement pas encore d’emplacement dans une tente régimentaire.

N’y pensant plus, il se concentra sur l’environnement, ses amis et le repas. L’instant était à la fin mélancolique et heureux, chaud et froid, beau et amer. Le Soleil se couchant sur l’oasis dans un ciel seulement strié de quelques nuages de haute altitude était un paysage magnifique, d’une beauté à couper le souffle, que l’on apercevait depuis la tente où les soldats de leur unité mangeaient. Le climat était étrange, car la chaleur étouffante de la journée avait laissé place à un air frais, et même froid, mais le sable, lui, était encore chaud pour le moment. Les visages des humains, quant à eux, étaient en même temps tristes et heureux. Ils étaient joyeux d’être toujours en vie, d’avoir vécu des aventures dont ils pouvaient être fier, d’avoir accompli leur devoir et sauvé des civils, d’être tous là, solidaires et riant ensemble, se réjouissant de la promotion de deux des leurs et de leur ex-sergent. Mais ils n’oubliaient pas leurs frères d’armes tombés en ce jour. Parmi les survivants, certains, dont Friedrich Hadler lui-même, étaient blessés, plus ou moins gravement, et souffraient. Ceci dit, tous savaient qu’il n’était pas sain de s’apitoyer sur le malheur, et qu’il valait mieux profiter de la beauté et de la sérénité de l’instant présent. Ils ne devaient pas oublier leurs morts, mais les honorer, eux et leurs sacrifices, en continuant à vivre des moments de joie, en appréciant à sa juste valeur le bonheur de simplement être en vie.
Ainsi allait le monde, tout le monde subissait un jour ou un autre une perte, mais les survivants devaient continuer à vivre. L’armée n’échappait pas à la règle, bien au contraire : il fallait encore plus vite y apprendre à accepter les décès de ses compagnons d’armes pour vivre, sans quoi on serait perpétuellement triste et en deuil. C’est dans cet esprit, que, à la fin du repas, mais avant d’aller se coucher, le caporal Hadler demanda le silence, leva son verre et prononça quelques mots, balayant ses camarades du regard :


-A nos frères tombés aujourd’hui. Puissions-nous honorer leur mémoire et leur sacrifice en continuant à servir encore longtemps l’Ostland, l’Empire et Sigmar. Et que Morr accueille leurs âmes en son royaume, car c’était tous de braves gars et de joyeux camarades.
A nos frères tombés aujourd’hui.


Le militaire leva son verre en direction de l’oasis pour saluer les morts, et le vida d’une traite, imité par les autres. Après quoi il prit congé de ses camarades, et s’assura que les tours de garde étaient bien répartis. Puis, fourbu, il alla s’affaler sur son lit, ôta son armure et son épée, les posa à côté de lui et s’endormit. Il avait bien besoin de récupérer de cette très riche et très dure journée.
Lien fiche wiki : http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... ich_hadler

Profil : FOR 10 / END 11 / HAB 10 (9*) / CHAR 10 / INT 10 / INI 10 / ATT 14 (13*) / PAR 14 (13*) / TIR 11 / NA 3 / PV 85/85
*: profil avec armure (bonus des compétences non inclus)

Compétences :
• Sang-froid : Votre personnage a ce qu'on appelle des «nerfs d'acier». Il sait rester maître de lui-même dans les situations les plus dangereuses. Bonus de +1 sur n'importe laquelle de ses caractéristiques lors de la réalisation d'une action dans un climat de stress et de tension mentale.

• Coups puissants : augmente les dégâts occasionnés à ses adversaires de + 1D3 pts de dégâts.

• Autorité : bonus de +1 lorsque, confronté à des militaires, il essaye de faire prévaloir son autorité, ses ordres etc.,

• Arme de prédilection : épées à une main : Bonus de +1 en ATT lorsqu'il en utilise en combat. Par contre, lorsqu'il utilise une autre arme que son arme de prédilection, il reçoit un malus de -1 en ATT et en PAR pendant les 1D3 premiers combats qu'il livrera avec cette arme, le temps qu'il s'y adapte.

• Alphabétisation : Votre personnage est capable de lire et d'écrire les langages utilisant l'alphabet du vieux monde s'il comprend ce langage.

• Langage secret : jargon de bataille : Votre personnage sait parler le jargon des batailles.

• Anticipation : Votre personnage, au combat, arrive à prévoir les réactions d'un ennemi. Pour analyser le style de combat de son adversaire direct, il lui faudra 2 rounds entiers. A partir du 3ème round, cette compétence lui permet d'avoir un bonus de +1 en ATT et en PAR contre ce seul adversaire. (Pour bénéficier de ce bonus contre un autre adversaire, il lui faudra l'avoir combattu pendant au moins 2 rounds)

• Adresse au tir (arcs) : +1 en TIR avec un arc.

• Volonté de Fer : Votre personnage se révèle être particulièrement très résistants à la peur, aux attaques mentales et à tout ce qui pourrait tenter de briser sa volonté. Il obtient +1 aux tests pour résister à un contrôle mental, à la peur etc…

• Parade : Double les points de parade de l'arme ou du bouclier utilisé.

• Coriace : Diminue de 1D3 les dégâts subis (jusqu'à un minimum de 1).

•Réflexes éclairs : +1 aux test INI en réaction à la surprise.


Equipement de combat : • Devoir (épée à une main) (18 +1D10, 12 Parade) Les morts-vivants, les démons etc… Que la lame touche subissent 1d6 dégâts de plus
• Bouclier d'acier (6+1d6 dégâts, 16 parade)
• Epée à une main (16 +1D8, 12 Parade)
• Cotte de mailles (9 protection, tout sauf tête -1 HAB, ATT et PAR)
• Arc court (26+1D8, -2 TIR/16 m)

Avatar du membre
[MJ] Le Djinn
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - RP
Warfo Award 2021 du meilleur MJ - RP
Messages : 1199
Profil : FOR / END / HAB / CHAR / INT / INI / ATT / PAR / TIR / NA / PV (bonus inclus)
Localisation : Dans ma lampe...

Re: [Friedrich Hadler] L'Infante du Mal (suite)

Message par [MJ] Le Djinn »

Poigno n'en revenait toujours pas, ça se voyait à son regard ahuri et son sourire béat. Après quelques mètres il éclata de rire, décrétant qu'il n'avait jamais pensé faire carrière dans l'armée. C'est à la fin de la franche rigolade qu'il raconta à Friedrich ce que le capitaine entendait par "héroïsme".

-"On était en route pour le campement, je tenais la boîte dans une main et le coffret dans l'autre, alors qu'on avait fait la moitié du chemin j'ai remarqué un truc bizarre, le sable semblait plus clair par moment. En silence j'ai fait signe aux autres de sortir leurs épées et j'suis allé planter ma lame dans les petites mottes trop jaunes. Vl'à que j'en ai tué cinq comme ça avant que les bandits se rendent compte que quelque chose allait pas et sorte de leur planque. On les attendait les pauvres!"

Il avait un grand sourire aux lèvres, personne n'avait été blessé dans la manoeuvre, il avait des raisons d'être fier de lui!
La soirée se passa comme prévu dans la maussadité la plus totale, après avoir félicité leurs deux compagnons pour leur montée en grade, les soldats se répandirent en prière et en anecdote pour les hommes morts en ce jours, surtout ceux de leur régiment. La plupart avait assisté à une bataille pour la première fois, ça avait dû leur faire un sacré choc!

La suite de la semaine s'avéra des plus mornes, aucun bandit n'étant assez stupide pour s'attaquer à un camp fortifié impérial, les soldats n'avaient plus qu'à faire de petites patrouilles, à veiller au rationnement et au confort des villageois en attendant le bateau salvateur. A l'aube du septième jour trois galions vinrent au rendez-vous, mouillant sur le port improvisé. Les soldats déménagèrent leurs affaires, vivres, tentes, armes etc... Avant de mettre le feu aux palissades de bois, les réduisant en cendre. Steiner expliqua à ses hommes que c'était pour éviter que des brigands n'en fassent un repaire fortifié et simple à défendre, ce qui n'aurait pas arrangé les affaires des autres habitants de la région, bien qu'ils vivaient à une bonne distance du lieu.

Le long voyage allait recommencer pour tout le monde. Les navires étaient remplis de soldats las de l'endroit et du soleil, impatients de retrouver les vertes plaines de l'Empire. Le Duc était quant à lui dans un autre bateau que celui du régiment de Steiner, avec les villageois, peut-être pour s'en occuper.
Bientôt la terre promise apparaîtrait à l'horizon...

je vous laisse un post chacun et je mets un terme à ce scénario
Enfermé dans une lampe pendant des siècles, cloisonné dans une pièce de métal par une malédiction... Puis un jour un naïf est venu, me libérant dans sa sottise... Tant pis pour lui... Et pour tous les autres.

Katja Endrafen
PJ
Messages : 33

Re: [Friedrich Hadler] L'Infante du Mal (suite)

Message par Katja Endrafen »

« Non, je refuse. »

L’œil que j'avais posé sur le navire n'était pas seulement noir : il était ténébreux et plein d'éclairs, avec la promesse d'un orage divinement foudroyant pour l'inconscient qui s'aviserait de m'intimer de monter à bord. Dans le pli de ma bouche jusqu'à mon pied passé par-dessus l'autre, en passant par mes bras croisés, tout indiquait que j'étais assez butée pour rester là même si les vaisseaux commençaient à prendre le large, ce qui était une assez bonne manière de décourager n'importe lequel de mes camarades (des fois que l'un d'eux se soit senti obligé de m'encourager à poser ne serait-ce qu'un orteil sur le pont d'une des embarcations).

« Tu as peur de l'eau, Katz ? »
observa l'un de mes compères. Un homme rustaud dont j'avais fini par apprécier l'humour noir au fil des jours qui s'étaient ensuivis. Il trichait bien aux cartes, ce qui forçait mon admiration.
« Ce n'est pourtant pas la mer à boire » rajouta finement son comparse.
« Vos gueules. »

Je grognais dans la barbe que je n'avais pas, et cette manie avait tendance à me donner l'impression d'un souffreteux crachotant dans son écharpe ; car effectivement, elle ne me quittait pas, mangeant le bas de mon visage comme si j'étais atteinte d'une quelconque maladie ou blessure ayant laissé de honteuses stigmates sur ma chair. A force, les soldats s'étaient habitués à me voir ainsi attifée. Mes cheveux courts, mes manières de garçon manqué ainsi que mes formes dissimulées étaient peut-être suffisants pour qu'aucune de ces bidasses ne se pose subitement la question de mon genre, car tous voyaient un homme en moi et ne s'attendaient pas à y voir autre chose, ce qui comptait pour beaucoup dans mon déguisement (plus qu'aucun autre subterfuge, à coup sûr). Mais, mine de rien, je prenais mes précautions, l'une d'elle et non la moindre étant d'être toujours armée, sans que ça ne se voit forcément. Je grignotais du bout des lèvres et finissais mes repas à l'abri, ne me lavait jamais en même temps que les autres et accomplissait beaucoup de menues tâches une fois la nuit tombée. Je n'aurais jamais cru que se retenir d'uriner pouvait être aussi... irritant. Je crois que le caporal Ertezi se souviendra toujours de la fois où il m'a demandé quel était mon problème pour avoir autant la bougeotte ; à deux doigts de courir jusqu'à la prochaine dune, mais sachant que c'était impossible sans soulever une montagne de questions gênantes, je m'étais tout simplement défoulée sur le pauvre gradé d'une voix suraigüe, maudissant ce qui lui servait de cervelle, d'aïeux jusqu'au vingt-cinquième degré et de descendance sur dix-sept générations avec maints détails croustillants sur la façon dont le sort se jouerait d'eux. Une chance que c’eût été lui, car un autre m'aurait soit remise à ma place, soit collée de servitude pour les vingt années à venir, ce qui n'était pas franchement dans mes projets.

La semaine s'écoulant, j'avais sympathisé avec le régiment, plus au travers de jeux ou d'épreuves d'adresse que par conversation. A plusieurs reprises j'avais croisé de nouveau Friedrich, louchant sur l'insigne qu'il arborait en écho à Poigno Ertezi, fraîchement promu lui aussi. C'est ainsi que j'ai réalisé mon problème viscéral avec l'autorité : en apercevant ses galons, mon expression s'était tout bonnement décomposée et j'avais fait mine de ne pas le voir. Les racines de cette aversion pour tout homme disposant d'une bribe de pouvoir, si infime fut-elle, remontaient loin dans mon passé et je le savais instinctivement. Elle n'était pas forcément rationnelle, mais elle reposait sur la douleur, l'humiliation, et un sentiment que je ne comprenais pas enfant mais que, adulte, j'avais fini par reconnaître comme étant de la haine. Je ne ferais jamais partie des puissants, ou plutôt, j'appartiendrai toujours à la masse de ceux qu'ils pouvaient exploiter. Et ils ne s'en privaient pas, jouant de leur autorité et y adjoignant les punitions dont ils étaient maîtres. Les coups de fouet que j'avais reçus n'avaient laissé que des cicatrices, dans ma mémoire comme sur mon dos ; mais ceux dont ma mère avait été affligée, ceux-là, je ne les oublierai jamais.
D'eux était née cette haine et cette peur de l'autorité. Autant dire que j'étais servie en arrivant sous les drapeaux, mais quel autre choix avais-je eu ?

Voir que Friedrich avait été promu, oui, ça avait été comme recevoir un coup en plein visage.

Mais on n'évite pas éternellement une personne, et même j'ai l'impression que plus on cherche à ne pas la voir, et plus on l'aperçoit partout. Deux jours s'étaient écoulés jusqu'à ce que je décide de prendre le taureau par les cornes : il était en train converser avec son compère d'Ertezi (j'avais remarqué que les deux-là s'entendaient comme larrons en foire, et même si leurs nouvelles responsabilités avaient tendance à les rendre un peu moins disponibles pour papoter, elles ne les en rapprochaient sans doute que plus) lorsque je les avais interrompus avec un total manque de politesse.


« Mes bons caporaux »
les avais-je salués d'une inclinaison moqueuse de la tête, « je ne me rappelle pas vous avoir félicités pour votre récente avancée. Alors voilà : félicitations. »

Une fois cela dit, tout m'avait semblé plus facile, comme exorcisant un peu de mon acidité. Les deux-là m'étaient apparus comme l'exception confirmant la règle, une décision très commode que j'adoptais sans me départir de l'idée que je me mentais à moi-même, quelque part, sans trop savoir où.
Un peu plus tard, j'avais été assignée de patrouille à l'extérieur du camp avec lui et quelques autres. J'avais fait étalage d'une obséquiosité sans bornes, qui en devenait franchement moqueuse plutôt que servile (« Je vous en prie mon caporal, passez devant » pour rajouter quelques secondes plus tard « Attention Fried' - tu me permets de t'appeler Fried', mon caporal ? - cette dune a l'air suspecte ! Laissez-moi y aller en éclaireur ! »). Le genre de pitreries auxquelles je ne me livrais que lorsqu'il n'y avait aucun sergent, capitaine ou pire encore dans les environs, bien évidemment. Aux yeux des soldats, je faisais tout pour que mes piques ne passent que pour une camaraderie un peu particulière, mais un officier y aurait peut-être davantage vu un trouble-fête s'échinant à saper l'autorité d'un caporal en milieu hostile.

La veille du départ, je m'étais débrouillée pour l'approcher juste après le repas du soir, ce qui était généralement le moment où les soldats étaient les plus détendus. Nous n'étions en poste ni l'un ni l'autre, et malgré les recommandations constantes de la hiérarchie, une petite ambiance de relâchement se faisait sentir chez certains (moi la première). Entre chien et loup, je l'avais encouragé à parler de lui, de ses motivations et de ses vues sur l'armée. J'avais fini par deviner que Friedrich était ce qu'on appelait un homme droit dans ses bottes, fidèle au devoir, qui redoutait probablement plus de se décevoir et de renier ses valeurs que de se faire couper un bras. Au début, je prenais ça pour de l'innocence, comme s'il en avait vécu moins que moi et qu'il ne savait pas ce que c'était que de souffrir : et puis, avec plus d'honnêteté, je finis par admettre que c'était ma façon à moi de justifier sa probité, là où ma morale était tellement plus élastique. Je mentais, je trichais, je volais. Ça me paraissait normal : tout le monde le faisait et c'était une façon tout à fait acceptable de survivre. Mais le soldat Hadler voulait plus que ça. Il voulait vivre honorablement, et telle était la raison de son engagement.
Cette compréhension m'avait mise d'humeur morose, et je déviais toutes les questions qu'il souhaitait me renvoyer à l'aide de remarques mi-figue mi-raisin.

Aujourd'hui, nous remontions sur ces satanés bateaux, et je préférais assister à un nouveau débarquement d'ulricains plutôt que de mettre encore les pieds sur un rafiot.


« Non, mais ce n'est pas pour moi, ces trucs. Ça roule, ça tangue dans tous les sens, ça empeste le goudron et l'eau prend le goût de l'huile ! »

« Je ne te savais pas si difficile. »


Je m'apprêtais à lui renvoyer une observation bien sentie concernant les mille lieues séparant ses goûts des miens, ainsi que leurs raisons et leur rapport certain avec la consanguinité de ses aïeux au sang orquin, quand j'aperçus par-dessus son épaule Friedrich qui prenait l'une des rampes d'embarquement.


« Oh et puis, l'air du large me fera du bien. »


Et plantant là mes deux comparses, je m'en allais rejoindre le caporal à pas vifs, mon sac sur le dos. Arrivée à sa hauteur, je me signalais d'un léger coup de coude dans les côtes (une habitude que je prenais à son égard, m'amusant follement à l'asticoter).


« Mais c'est mon vétéran de guerre préféré ! Alors comme ça, on repart pour notre Empire... le froid, l'humidité, les marchands verreux et les femmes sainte-nitouche ! Ah, par les orbites vides de Morr, ce que ça me manquait ! »
m'extasiai-je à outrance. « Je t'ai raconté la fois où je me suis occupé de tout un harem ? Non ? Il faudra que j'y remédie un de ces jours, tu apprendrais une chose ou deux sur les arabéennes. »

Je posais le pied sur le pont en achevant ma fanfaronnade, défiant d'un œil soupçonneux les matelots à bord et rajoutant avec une note goguenarde :


« Mais pas tout de suite, ça pourrait attiser des désirs mal réprimés. »


Et c'est ainsi, sifflotant gaiement, que j'allais m'installer sur le gaillard d'avant en attendant le départ. Malgré mon insouciance, une ombre venait ternir le tableau : quel serait mon sort une fois de retour dans l'Empire ? Allait-on me laisser en paix ? Me libèrerait-on ? J'en doutais, autant que Friedrich devait se douter de ma capacité à divertir un harem. Mais fidèle à moi-même, je remisais cette inquiétude dans un coin de mon esprit et m'occupais comme je le pouvais, c'est-à-dire en dénichant l'un de ces coins sombres dont les navires ne manquent pas pour m'y réfugier et m'adonner à une sieste bien peu méritée.
Image
« Mon irrévérence est ma liberté. »

Musical Theme
Katz, auxiliaire impériale (éclaireur)
Profil: For 8 | End 8 | Hab 9 | Cha 8 | Int 8 | Ini 9 | Att 10 | Par 10 | Tir 10 | NA 1 | PV 30/60 *

* 1 Fulguropoing de Troll à la jambe droite
* 1 toucher amical d'épée à l'épaule gauche

« Engagez-vous qu'i'disaient ! Engagez-vous !
Et la solde, elle s'engage QUAND ? »
Compétences :
¤ Adresse au tir
¤ Ambidextrie
¤ Camouflage rural
¤ Jonglerie
¤ Réflexes éclairs
¤ Tir à déclenchement rapide


Équipement :
¤ Épée à une main (16+1d8 dégâts / 12 parade)
¤ Veste de cuir (Torse, dos et bras / 5 )
¤ Targe d'acier (4+1d6 dégâts / 14 parade / Déstabilisant)
¤ 4 dagues de jet (12+1d6 dégâts / Malus de -2 TIR tous les 6 mètres)
¤ 2 Bolas (Malus de -2 TIR tous les 8 mètres / Immobilisant)

Avatar du membre
Friedrich Hadler
PJ
Messages : 172

Re: [Friedrich Hadler] L'Infante du Mal (suite)

Message par Friedrich Hadler »

Les quelques jours qui restaient à passer en Arabie furent utiles à Friedrich pour mieux digérer tout ce qui s’était passé au cours de la dure journée qu’il avait vécu. La première nuit s’écoula très rapidement, elle fut noire et sans rêves, car la fatigue physique et morale avait été trop importante. Dès le lendemain, au réveil, le soldat repensa aux révélations du duc Loft sur son père, et un air dur et sévère prit forme sur son visage. Plus le temps passait, plus les actes de son géniteur lui semblaient horribles, lâches et traîtres, et lui inspiraient du dégoût et -même s’il avait beaucoup de mal à se l’avouer à lui-même- de la haine. Etendu dans son lit, les yeux fixant un carré de toile au dessus de lui qu’il ne voyait même pas, il se promit une nouvelle fois de réparer ce qui pouvait l’être, et de restaurer l’honneur de sa famille. Toutefois, il n’était pas encore sûr de ce qu’il ferrait s’il se retrouvait un jour face à son paternel. Pour l’instant, la perspective de le tuer ne l’enchantait guère, d’abord parce qu’il n’aimait pas prendre des vies si cela n’était pas nécessaire, ensuite parce qu’il restait encore pas mal de zones d’ombres à éclaircir sur cette affaire. Notamment les questions du contenu de la boîte et du « pourquoi » de l’acte, qui semblaient intimement liées. Ensuite, sur un plan plus personnel, Alexander Hadler aurait à répondre devant son fils et son épouse de son abandon sans explications ni nouvelles.

En se levant, néanmoins, Friedrich se rappela qu’il était maintenant caporal, et remarqua de plus que son bras semblait en bonne voie de guérison. Tout n’était donc pas si mal. Conscient de sa tâche, il fit un effort pour mettre de côté ses pensées sombres, qui sinon, lui auraient rongé l’esprit et l’auraient détruit, à force d’être ressassées trop longtemps sans qu’il ne puisse rien faire pour remédier à la situation. Cela ne voulait bien sûr pas dire qu’il oubliait tout cela, car c’était son fardeau, qui était trop lourd pour être occulté, mais seulement qu’il faisait en sorte de ne plus y penser que tous les matins, au réveil.

Le premier jour suivant les combats, donc, il s’habilla, s’arma et alla à l’oasis avant de prendre son service. Ce lieu avait pris avec les évènements récents une tout autre signification pour lui. Ce n’était plus un simple lieu de plaisir où l’on pouvait se baigner et se désaltérer en profitant d’un paysage magnifique, c’était devenu presque un endroit sacré, dont la beauté, sublimée par les multiples tombes fraîches, était devenue plus profonde, plus spirituelle. C’était d’ailleurs pour cela qu’il s’était rendu précisément là : le caporal désirait se recueillir un moment dans la prière. Il se devait, plus que jamais, d’honorer les dieux, et tout particulièrement de montrer qu’il n’oubliait pas sa promesse envers Myrmidia. A défaut de pouvoir la prier dans un grand temple, pour l’instant, Friedrich se contenterait de la prier dans ce lieu. Rassemblant une petite motte de terre mouillée sur la berge, il y planta son épée et s’agenouilla, puis, dans la quiétude, il pria à voix basse :


-Ô Myrmidia, je n’oublie pas ce que je te dois, ni ma promesse envers toi. Je t’en prie, si tel est ton désir, continue à me garder dans le droit chemin, afin que, grâce à ta lumière, je sois guidé dans mes choix pour faire ce qui est bon à tes yeux. Je ne te remercierai jamais assez pour la protection que tu as accordée à ton serviteur et à ses hommes. Puisses-tu éclairer de ta sagesse le duc Loft, le capitaine Steiner, et plus généralement tous les sous-officiers de notre division, afin qu’ils guident nos hommes au mieux, que nos pertes soient minimes, mais que les objectifs soient remplis. Daigne accepter ma modeste prière improvisée, en attendant que je puisse honorer ma promesse de t’en offrir une plus conventionnelle.

Puis, plus rapidement, mais non moins respectueusement, il accorda un peu de temps aux autres dieux, remerciant Shallya pour sa blessure en bonne voie de guérison, et lui demandant de veiller sur les autres blessés, ainsi que sur sa mère en Ostland. Il demanda ensuite à Véréna de l’aider à faire en sorte que justice soit faite –en pensant très fort à son père-. Puis, il pria Sigmar pour protéger l’Empire et ses serviteurs, et enfin, le dieu qu’il n’aimait pas trop : Morr, pour qu’il accueille et protège les âmes des soldats morts.

Chaque matin, le caporal Hadler réitérait le même rituel (à l’exception de la prière à Morr, qu’il ne fit qu’une seule fois, le lendemain des combats, et en changeant la prière à Myrmidia pour qu’elle soit plus courte à partir du deuxième jour), puis se rendait à son service, après avoir vérifié son uniforme. Il était généralement d’attaque à ce moment-là, la tête vidée de toute considération sur la traitrise ou les dieux, ses devoirs envers eux ayant été accomplis : il pouvait dès lors consacrer toute son attention et toute son énergie à remplir les missions qui lui étaient confiées.

En l’occurrence, il s’agissait essentiellement d’entraînements et de missions de garde et de surveillance. Rien de notable ne se produisit pendant ces quelques jours. Par contre, notre héros remarqua qu’étrangement, la perception qu’avaient de lui certains soldats avait changé depuis sa promotion. C’était assez étrange, car il était resté fondamentalement le même. En service, certes, il se devait d’assurer la discipline et de veiller à la bonne exécution de ses instructions, mais pour autant, si la nature de sa mission avait légèrement changé (et encore, pas tellement), ce n’était pas le cas de l’homme. Friedrich Hadler restait Friedrich Hadler, même s’il était maintenant caporal et non plus simple soldat.

Cependant, chez certains, ce simple mot, ce simple insigne, ce simple changement de fonctions semblaient avoir modifié les rapports qu’ils entretenaient avec lui hors du service, et c’était également valable pour Poigno. Heureusement, c’était là le cas d’une très petite minorité. En effet, la plupart des soldats de son régiment avaient tissé avec lui et Poigno des liens très forts, dont la nature reposait sur de nombreux mois de vie commune dans des espaces confinés, et des combats menés ensemble, où chacun avait dû compter sur l’autre pour survivre. Ils avaient vécu ensemble, souffert ensemble, combattu ensemble, d’égal à égal. Ce genre de lien de confiance ne se rompait pas simplement par un changement social, surtout aussi mineur, il était très fort, presque indestructible. Avec ses camarades de promotion, presque rien ne changea, et le rapport restait le même, convivial, presque fraternel. Et si, dans le service, il existait effectivement un lien de subordination hiérarchique, c’était davantage sur la confiance que se fondait leur obéissance que sur la peur d’une sanction en cas d’inexécution ou sur l’autorité du grade.

Ce lien, par contre, ne pouvait exister que chez ceux qui l’avaient déjà connu avant sa promotion, autrement dit, ses camarades du cinquième. Par contre, chez ceux qui ne l’avaient pas ou très peu connu avant, là, la perception pouvait être modifiée. Assez rapidement, Friedrich remarqua que cela semblait être le cas pour le nouveau auxiliaire qui leur était affecté, le nommé Katz Endrafen. Ce dernier n’avait quasiment pas connu le « soldat Hadler », mais presque exclusivement le « caporal Hadler ». Dans un premier temps, Friedrich fut heureux d’apprendre que ce soldat était affecté à leur régiment, et de voir qu’il avait été adopté par les hommes. Bizarrement, pourtant, il gardait pourtant une tente à part, et portait toujours son espèce de foulard sur le visage.

Assez rapidement, il remarqua que Katz semblait être une de ces personnes qui sont « allergiques à l’autorité ». En effet, tout au long des quelques jours passés ensemble, le soldat multiplia les piques envers ses supérieurs directs. Quand il en parla à Poigno, ce dernier confirma cette analyse. Autant la proximité avec les soldats ne dérangeait nullement Friedrich hors du service, autant, en service, il attendait quand même une discipline de fer de la part de ses hommes. Cependant, il n’était pas particulièrement porté sur les punitions pour insubordination, et n’avait aucune envie de sanctionner Katz. Tant que ce dernier n’allait pas trop loin dans l’irrespect, il le supportait. En effet, selon lui, punir ce genre d’individus ne servirait à rien, sinon à les conforter dans leur rejet de la hiérarchie. Il préférait encaisser sans rien dire, et fidèle à lui-même, se montrer irréprochable. Il voulait montrer l’exemple, et non pas faire un exemple en punissant. En règle générale, ceux qui utilisaient la force à outrance pour assoir leur autorité sur leurs hommes avaient plus de mal à forger un lien fort avec eux, un lien qui ne reposerait pas uniquement sur la crainte d’être puni en cas de désobéissance. Il y avait cependant une limite au-delà de laquelle on ne pouvait plus tolérer l’indiscipline et l’on devait sévir, sans quoi on perdait toute autorité. Tel un bon père de famille, il fallait savoir où était cette limite, et en cas de dépassement, punir proportionnellement, avec justice, et non pas plus fort pour « faire un exemple ».

Pour Friedrich Hadler, la limite devait être placée là où ses soldats la considéreraient comme juste, et comprendraient le cas échéant la punition. Cela signifiait, en gros, soit la désobéissance à un ordre, soit un grave manque de respect, soit une incitation à l’insubordination. Néanmoins, parfois, il lui fallait faire des efforts sur lui pour résister à la tentation de hurler un bon coup sur Katz après d’incessantes pitreries en mission.
Mais sa patience et celle de son ami Poigno semblèrent peu à peu porter leurs fruits. La veille de leur départ d’Arabie, par exemple, le soldat Endrafen vint rejoindre Friedrich qui sirotait tranquillement un verre d’eau (en bois) après un bon repas, faute de mieux. Le caporal fut très surpris que les questions de son compagnon d’armes portent sur lui et sur sa vision de l’armée. C’était bien la dernière chose à laquelle il se serait attendue de la part de Katz. En tout les cas, il prit ça très positivement, et commença à raconter pourquoi il avait décidé de s’engager. Le fait qu’il en ait toujours rêvé, le fait que son père -dont il éluda soigneusement la trahison, se bornant à raconter qu’il avait été milicien, puis soldat régulier pendant la tempête du chaos- l’ait été, sa vie de milicien au service de son village, sa volonté de faire plus pour protéger les habitants de l’Empire et l’Ostland, son désir de participer à la restauration de la puissance de son pays et de l’Empire -que la tempête du chaos avait sérieusement affaibli-, son envie de vivre pour les autres en mettant sa vie en jeu pour les protéger, sa volonté de participer à rétablir la justice dans la province, sa foi dans les valeurs qu’il défendait… Oui, elles étaient nombreuses, les raisons pour lesquelles il s’était engagé, pour lesquelles il avait accepté de vivre la dure vie de militaire, et pour lesquelles il était toujours fier de se battre pour son pays.
Il avait bien conscience qu’il devait passer pour un idéaliste ou un enfant qui rêverait d’être un héros du bien luttant contre les forces du mal (ce qui était assez juste d’ailleurs, dans le fond) aux yeux de Katz. Mais l’important était qu’il avait dit la vérité, et qu’il croyait dur comme fer à ce pourquoi il combattait, même s’il avait parfaitement conscience que tout n’était pas parfait dans l’armée ostlandaise, et plus généralement dans l’Ostland et dans l’Empire, loin de là. Certes, il se battait pour une chimère, mais il se battait pour que la réalité se rapproche le plus possible de cette utopie. Et quand il voyait les résultats de son action (les villageois arabéens sauvés, la population de Salkalten qui n’avait plus à redouter le danger des fous de Sigmar, …) il se dit qu’il avait fait le bon choix, que ça en valait la peine, et qu’il était toujours prêt à mourir pour ça.

Le lendemain, il fallut se résoudre à quitter la terre ferme pour remonter dans les bateaux, pour le voyage de retour. Perspective peu réjouissante pour notre caporal, qui souffrait d’un affreux mal de mer. Visiblement, Hadler n’était pas le seul à ne pas aimer les voyages maritimes. Un peu plus loin, le soldat Katz refusait catégoriquement de monter à bord, malgré les exhortations de deux camarades. Amusé, Friedrich ne fit rien pour le faire embarquer, car il ne comprenait que trop bien la répulsion du soldat Katz. Malheureusement, il n’y avait pas d’autre choix : rentrer à pied était totalement impossible : la distance était beaucoup trop grande, et la route beaucoup trop dangereuse. Aussi, courageusement, le caporal se décida-t-il à grimper pour plusieurs mois sur ce « rafiot » brinquebalant qui puait le sel. Il y fut bien vite rejoint par Katz, à son grand étonnement. Avec sa bonne humeur habituelle, ce dernier plaisanta sur leur retour en Empire, puis sur ses performances avec « un harem ». Etonné, le soldat leva un sourcil et répondit :


-Personnellement, ce n’est pas la destination qui m’embête, bien au contraire…

Il rajouta tout bas, dans sa barbe :

-Ce serait plutôt le moyen de locomotion, en revanche.

Et comme il pensait aux désagréments de la vie en bateau, un doute lui vint à l’esprit. Il glissa tout bas à Katz :

-Si ça ne te dérange pas, Katz, pourrais-tu me suivre à l’écart, j’aurais quelques questions personnelles à te poser, mais tu n’es pas obligé d’y répondre, et je te jure que cela restera entre nous.

Il insista du regard, puis, une fois à l’écart sur le pont, il commença :

-Heu… On a tous remarqué que tu portais en permanence cette sorte d’écharpe, et que tu couchais dans une tente individuelle. J’ignore si tu auras une chambre individuelle ou non sur ce navire, mais en tous les cas, ce qui est certain, c’est que sur ces maudites coques de noix, les maladies se propagent vite… Tu vois là où je veux en venir ?

Friedrich Hadler ne s’était surtout pas voulu blessant, mais il avait peur, comment souvent, d’avoir été trop direct, peut-être impoli, peut-être avait-il touché la sphère sacrée de la vie privée de Katz. Or, il détestait avoir à fouiner dans les affaires personnelles des autres sans leur consentement préalable. Si Katz prenait mal sa question, s’il était en souffrance du fait de sa possible maladie, et qu’il se sentait blessé, Friedrich se sentirait très mal d’avoir demandé. Mais d’un autre côté, en tant que caporal, il se devait de penser aussi à la santé de ses hommes, Katz y compris. Très mal à l’aise, il croisa les mains dans dos et attendit la réponse du soldat aux yeux bleus.
Lien fiche wiki : http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... ich_hadler

Profil : FOR 10 / END 11 / HAB 10 (9*) / CHAR 10 / INT 10 / INI 10 / ATT 14 (13*) / PAR 14 (13*) / TIR 11 / NA 3 / PV 85/85
*: profil avec armure (bonus des compétences non inclus)

Compétences :
• Sang-froid : Votre personnage a ce qu'on appelle des «nerfs d'acier». Il sait rester maître de lui-même dans les situations les plus dangereuses. Bonus de +1 sur n'importe laquelle de ses caractéristiques lors de la réalisation d'une action dans un climat de stress et de tension mentale.

• Coups puissants : augmente les dégâts occasionnés à ses adversaires de + 1D3 pts de dégâts.

• Autorité : bonus de +1 lorsque, confronté à des militaires, il essaye de faire prévaloir son autorité, ses ordres etc.,

• Arme de prédilection : épées à une main : Bonus de +1 en ATT lorsqu'il en utilise en combat. Par contre, lorsqu'il utilise une autre arme que son arme de prédilection, il reçoit un malus de -1 en ATT et en PAR pendant les 1D3 premiers combats qu'il livrera avec cette arme, le temps qu'il s'y adapte.

• Alphabétisation : Votre personnage est capable de lire et d'écrire les langages utilisant l'alphabet du vieux monde s'il comprend ce langage.

• Langage secret : jargon de bataille : Votre personnage sait parler le jargon des batailles.

• Anticipation : Votre personnage, au combat, arrive à prévoir les réactions d'un ennemi. Pour analyser le style de combat de son adversaire direct, il lui faudra 2 rounds entiers. A partir du 3ème round, cette compétence lui permet d'avoir un bonus de +1 en ATT et en PAR contre ce seul adversaire. (Pour bénéficier de ce bonus contre un autre adversaire, il lui faudra l'avoir combattu pendant au moins 2 rounds)

• Adresse au tir (arcs) : +1 en TIR avec un arc.

• Volonté de Fer : Votre personnage se révèle être particulièrement très résistants à la peur, aux attaques mentales et à tout ce qui pourrait tenter de briser sa volonté. Il obtient +1 aux tests pour résister à un contrôle mental, à la peur etc…

• Parade : Double les points de parade de l'arme ou du bouclier utilisé.

• Coriace : Diminue de 1D3 les dégâts subis (jusqu'à un minimum de 1).

•Réflexes éclairs : +1 aux test INI en réaction à la surprise.


Equipement de combat : • Devoir (épée à une main) (18 +1D10, 12 Parade) Les morts-vivants, les démons etc… Que la lame touche subissent 1d6 dégâts de plus
• Bouclier d'acier (6+1d6 dégâts, 16 parade)
• Epée à une main (16 +1D8, 12 Parade)
• Cotte de mailles (9 protection, tout sauf tête -1 HAB, ATT et PAR)
• Arc court (26+1D8, -2 TIR/16 m)

Katja Endrafen
PJ
Messages : 33

Re: [Friedrich Hadler] L'Infante du Mal (suite)

Message par Katja Endrafen »

Et bien voilà : même pas le temps de trouver la perle rare (n'importe quoi : le fond d'une caisse, un filet suspendu dans un coin, un tas de cordage... de quoi s'allonger et dormir !) qu'un autre genre de perle me mettait le grappin dessus, en me demandant de la suivre à l'écart. Je m'apprêtais à lui dédier une remarque enjouée, quelque chose au sujet de l'intimité que mérite bien un homme sujet au mal de mer comme moi et dont le spectacle dudit homme en train de rendre tripes et boyaux n'avait vraiment rien d'intéressant, et donc qu'il pouvait bien se passer de ma compagnie pour quelques instants ; mais le regard de Friedrich me dissuada de prononcer ces mots, car il était sérieux, plus qu'à l'accoutumée. Alors je le suivis, sans faire d'histoire, et lorsqu'il jugea l'endroit convenable ce fut pour me faire part de ses doutes. Des doutes légitimes et que, me rendis-je compte, j'aurais pu désamorcer si je m'y étais mieux prise. Mais voilà, les craintes étaient nées, l'imprévu survenait, et ce n'était pas la première fois. J'avais appris à jongler avec d'autres choses que les lames, c'est pourquoi je fis mine de ne pas remarquer la gêne de mon interlocuteur en répondant d'une voix claire :

« Premièrement, je n'aurai pas une chambre individuelle : j'aurai une cabine ! »

En réalité, je n'en savais rien, mais même les yeux métalliques du caporal ne pouvaient me convaincre de rester sérieuse trop longtemps.

« C'est important, le choix des mots. »
Un toussotement penaud plus tard, je reprenais la parole, évacuant ma plaisanterie d'un haussement d'épaules et me fendant d'un sourire particulièrement exagéré qui se lisait même par-dessus mon foulard. « Et puis, tu trouves que j'ai l'air d'un moribond en train de cracher ses poumons ? Si c'était le cas, tu peux être sûr que je m'arrangerais pour tous vous en faire profiter : je suis d'un naturel généreux. »

Tourner autour du pot était une spécialité que je ne me vantais pas de posséder, mais que je détenais bel et bien. Sauf que cette fois-ci, ce n'était pas pour faire mariner Friedrich que je tergiversais : c'était pour me donner le temps de résister ou de céder à la tentation. La tentation, se traduisant par le geste très simple qu'était celui d'ôter l'étoffe de mon visage, de révéler la féminité de mes traits qui de toute manière se devinait déjà dans mes yeux, mais que le régiment ne voyait pas du simple fait qu'il ne la recherchait pas, ou plutôt qu'il ne s'attendait pas à l'y trouver. Pourquoi ? Pourquoi cette envie latente ? C'était la réponse que je recherchais, en perdant du temps avec mes badineries.


« Mais Shallya peut rester tranquille : je ne suis ni mourant ni même enrhumé » conclus-je un peu sèchement. « Maintenant, à moi de te poser une question, caporal Hadler. »

J'entendis très distinctement la clochette d'alarme que tira mon esprit en m'entendant prononcer ces paroles. Je me méfiais de beaucoup de personnes, et de moi la première : juste après venait ma langue agile, quelquefois un peu trop volage à mon goût, et dont je n'étais jamais certaine de ce qu'elle allait dire.

« Tu crois que la chose la plus importante chez un soldat soit son cœur ? Je veux dire, quoi qu'il soit... »

Allons bon. Qu'est-ce que je ne venais pas d'inventer ici ? Cette question ressemblait furieusement à un appel à l'aide pour mes oreilles, et ma fierté en ce moment chatouilleuse s'en serait volontiers passée.

« Non. Rien du tout, oublie ce que j'ai raconté. » me défilais-je comme il finirait par en avoir l'habitude : en tournant les talons et avec un salut indolent de la main, le plantant là sur le pont d'un navire qui nous emmènerait pour de longs mois de promiscuité.
Image
« Mon irrévérence est ma liberté. »

Musical Theme
Katz, auxiliaire impériale (éclaireur)
Profil: For 8 | End 8 | Hab 9 | Cha 8 | Int 8 | Ini 9 | Att 10 | Par 10 | Tir 10 | NA 1 | PV 30/60 *

* 1 Fulguropoing de Troll à la jambe droite
* 1 toucher amical d'épée à l'épaule gauche

« Engagez-vous qu'i'disaient ! Engagez-vous !
Et la solde, elle s'engage QUAND ? »
Compétences :
¤ Adresse au tir
¤ Ambidextrie
¤ Camouflage rural
¤ Jonglerie
¤ Réflexes éclairs
¤ Tir à déclenchement rapide


Équipement :
¤ Épée à une main (16+1d8 dégâts / 12 parade)
¤ Veste de cuir (Torse, dos et bras / 5 )
¤ Targe d'acier (4+1d6 dégâts / 14 parade / Déstabilisant)
¤ 4 dagues de jet (12+1d6 dégâts / Malus de -2 TIR tous les 6 mètres)
¤ 2 Bolas (Malus de -2 TIR tous les 8 mètres / Immobilisant)

Avatar du membre
Friedrich Hadler
PJ
Messages : 172

Re: [Friedrich Hadler] L'Infante du Mal (suite)

Message par Friedrich Hadler »

Si Friedrich avait eu le temps de s’habituer aux plaisanteries et aux piques du soldat Katz au cours des quelques jours pendant lesquelles les troupes impériales avaient attendu l’arrivée des navires chargés de les ramener, la réponse de ce dernier lui sembla pour le moins assez surprenante. D’autant plus que Katz semblait très sérieux quant au fait qu’il aurait à sa disposition une cabine individuelle, même s’il en avait profité pour plaisanter en reprenant son supérieur -à juste titre d’ailleurs-, sur le terme à employer. Le caporal était déjà de mauvaise humeur à l’idée de passer encore plusieurs semaines voire plus sur ce rafiot où il ne se sentait pas du tout à l’aise, et il aurait sûrement grommelé quelque chose sur l’importance du respect dû aux supérieurs hiérarchiques, s’il n’avait pas été totalement surpris par cette nouvelle.

En effet, bien qu’il ne fut pas spécialiste des bateaux, pour ce qu’il en savait, seules de rares personnes avaient droit à se confort : les nobles, le capitaine du navire, les voyageurs de marque et les officiers. Les autres, y compris les sous-officiers, n’avaient en théorie pas ce privilège. Il ne put donc dissimuler sa surprise devant la réponse de Katz. De plus, l’hypothèse d’une maladie, la seule qui aurait pu expliquer ce mystère dans l’esprit de Friedrich, ne tenait plus. Le soldat nia en effet être atteint d’une quelconque pathologie, et il fallait bien reconnaître que Hadler n’eut aucun mal à le croire sur parole, car Katz n’avait jamais eu l’attitude d’un malade souffrant le martyr. Le caporal se trouvait donc face à une étrange situation qui l’intriguait au plus haut point.
De toute façon, pensait-il, à part tenter de s’entraîner un peu pour s’entretenir et ne pas perdre la main et conserver un minimum de discipline, il n’aurait pas réellement d’autre chose à faire sur le bateau que de s’atteler à la résolution de ce qui était devenu pour lui le « mystère Katz ». Ce défi amusant était stimulant et l’aiderait sûrement beaucoup à trouver le temps moins long. Hélas, si réellement le soldat disposait d’une cabine personnelle, et compte tenu du mal de mer aigu de l’ostlander, qui l’empêchait de se concentrer trop longtemps sans avoir envie de rendre tripes et boyaux, il était peu probable qu’il résolve si facilement le problème. Mais le caporal était curieux de nature, et assez tenace, voire même parfois obstiné : il trouverait bien un jour ou l’autre…

La suite fut encore plus inattendue, et pris totalement de court le sous-officier. Katz voulait lui poser une question, et quelle question ! Le soldat essaya de formuler avec des mots ses pensées. On lisait assez clairement dans ses yeux que peut-être il s’apprêtait à dire soit quelque chose de très grave, soit de dire quelque chose dont il n’aurait peut-être pas parlé dans d’autres circonstances. La question tomba finalement, très directe :


« Tu crois que la chose la plus importante chez un soldat soit son cœur ? Je veux dire, quoi qu'il soit... »

Mais, avant même que le caporal n’ait eu le temps d’assimiler entièrement, Katz se rétracta d’un :


« Non. Rien du tout, oublie ce que j'ai raconté. »

Puis il repartit vers le pont principal sans que le caporal ne l’arrête. En réalité, Friedrich Hadler avait été pris au dépourvu. Embarrassé, il ne savait trop quoi penser, et encore moins quoi répondre. Il n’était même pas sûr d’avoir bien compris la question, encore moins ce qu’elle sous-entendait -ou pas-. Qu’avait donc voulu dire par là le soldat Katz ? Même si la question n’était posée qu’au premier degré, ce dont Friedrich n’était pas certain, il n’en aurait pas eu la réponse. Mais l’interrogation de Katz en soulevait beaucoup d’autres. Etait-il dans le doute ? Avait-il besoin d’aide ?
Friedrich l’ignorait totalement, tout comme il ignorait encore qui était vraiment le soldat Katz. Le mystère du soldat masqué qui dormait dans une cabine ou une tente individuelle, et opposé par principe à toute forme d’autorité, restait pour le moment intact.
En tout cas, une chose était certaine : ce n’était pas une question anodine qu’il avait posée seulement pour le titiller, sans quoi il n’aurait pas agi de la sorte. Pensif, Friedrich passa la main sur sa courte barbe, et, sans y faire réellement attention, oralisa ses pensées :


-Mais qui es-tu, Katz ?
***
Après une courte prière à Shallya et à Manann pour que le voyage se passe le mieux possible (même s’il n’était guère optimiste sur le fait que ses prières aient été entendues), le militaire rejoignit lui aussi les autres et se comporta le plus normalement possible. Ce qui signifiait qu’il essayait de garder la face, et de paraître plus fort et plus assuré qu’il ne l’était pour maintenir un semblant de « contrôle ». Malgré tout ces efforts, il devint néanmoins assez vite évident qu’il n’était pas très bien, surtout quand la mer était agitée : il tremblait sur ses jambes, manquait de force et de précision dans sa voix et ses gestes, dormait mal et avait sans arrêt la tête qui tournait et ne pouvait pas réfléchir efficacement plus de deux minutes d’affilée. A cela s’ajoutait un teint verdâtre marqué qui ne le quittait que lorsqu’il mettait pied à terre (ce pourquoi il se portait toujours volontaire).

Le bateau n’était réellement pas son moyen de transport favori, et d’après ce qu’il avait pu voir, il n’était pas le seul dans cet état : Katz lui non plus n’appréciait guère les voyages maritimes, semblait-il…


Lien fiche wiki : http://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.ph ... ich_hadler

Profil : FOR 10 / END 11 / HAB 10 (9*) / CHAR 10 / INT 10 / INI 10 / ATT 14 (13*) / PAR 14 (13*) / TIR 11 / NA 3 / PV 85/85
*: profil avec armure (bonus des compétences non inclus)

Compétences :
• Sang-froid : Votre personnage a ce qu'on appelle des «nerfs d'acier». Il sait rester maître de lui-même dans les situations les plus dangereuses. Bonus de +1 sur n'importe laquelle de ses caractéristiques lors de la réalisation d'une action dans un climat de stress et de tension mentale.

• Coups puissants : augmente les dégâts occasionnés à ses adversaires de + 1D3 pts de dégâts.

• Autorité : bonus de +1 lorsque, confronté à des militaires, il essaye de faire prévaloir son autorité, ses ordres etc.,

• Arme de prédilection : épées à une main : Bonus de +1 en ATT lorsqu'il en utilise en combat. Par contre, lorsqu'il utilise une autre arme que son arme de prédilection, il reçoit un malus de -1 en ATT et en PAR pendant les 1D3 premiers combats qu'il livrera avec cette arme, le temps qu'il s'y adapte.

• Alphabétisation : Votre personnage est capable de lire et d'écrire les langages utilisant l'alphabet du vieux monde s'il comprend ce langage.

• Langage secret : jargon de bataille : Votre personnage sait parler le jargon des batailles.

• Anticipation : Votre personnage, au combat, arrive à prévoir les réactions d'un ennemi. Pour analyser le style de combat de son adversaire direct, il lui faudra 2 rounds entiers. A partir du 3ème round, cette compétence lui permet d'avoir un bonus de +1 en ATT et en PAR contre ce seul adversaire. (Pour bénéficier de ce bonus contre un autre adversaire, il lui faudra l'avoir combattu pendant au moins 2 rounds)

• Adresse au tir (arcs) : +1 en TIR avec un arc.

• Volonté de Fer : Votre personnage se révèle être particulièrement très résistants à la peur, aux attaques mentales et à tout ce qui pourrait tenter de briser sa volonté. Il obtient +1 aux tests pour résister à un contrôle mental, à la peur etc…

• Parade : Double les points de parade de l'arme ou du bouclier utilisé.

• Coriace : Diminue de 1D3 les dégâts subis (jusqu'à un minimum de 1).

•Réflexes éclairs : +1 aux test INI en réaction à la surprise.


Equipement de combat : • Devoir (épée à une main) (18 +1D10, 12 Parade) Les morts-vivants, les démons etc… Que la lame touche subissent 1d6 dégâts de plus
• Bouclier d'acier (6+1d6 dégâts, 16 parade)
• Epée à une main (16 +1D8, 12 Parade)
• Cotte de mailles (9 protection, tout sauf tête -1 HAB, ATT et PAR)
• Arc court (26+1D8, -2 TIR/16 m)

Répondre

Retourner vers « Arabie »