L'elfe s'était enfin décidée. Elle avait finalement quitté Ulthuan et son domaine pour naviguer jusqu'aux côtes du Vieux Monde. Elle s'était arrêté dans le grand port de Marienburg, où certains de ses comparses rencontraient les hommes, afin d'échanger marchandises et nouvelles. Lashranelle rêvait d'aventure, et elle avait trouvé une destination : l'Arabie. Ce pays semblait, pour les marins qu'elle avait écouté, un pays aux milles-et-une merveilles, où les Impériaux marchandaient la soie, l'encens, les teintures et de nombreux artefacts mystiques. L'enfant d'Ulthuan, pour parvenir à destination, avait dû camoufler ses longues oreilles (une honte, selon elle !) sous une capuche, et se faire passer pour une simple noble humaine auprès du capitaine du vaisseau. L'elfe s'était également acquittée d'une certaine somme afin de taire les questions gênantes (une noble ? Sans escorte ? Sans dame de compagnie ? Sans matériel ?!) et avait donc pût partir dans les jours suivants.
Les longues semaines que Lashranelle passa sur le navire fût probablement l'un des pires événements de la vie de l'elfe. Entourée de marins sentant l'alcool et la sueur, au corps crasseux, à la dentition jaunie ou manquante, l'Asur n'avait que peu de discussion, et les rares contacts qu'elle avait avec les matelots l'exaspérait au plus haut point.
D'abord polie, elle ne répondait maintenant plus aux "B'jour ma jolie dame !". De même, le régime alimentaire et d'hygiène était, pour l'elfe, tout à fait déplaisant, bien que celle-ci tentait de s'y opposer en se lavant au moins deux fois par semaine avec l'eau potable que les marins ne buvaient pas, préférant l'horrible breuvage qu'était l'ale.
Le seul événement marquant du voyage fût un soir de la deuxième semaine de traversée. Le bateau s'était arrêté dans un village Estalien pour refaire ses stocks de vivre d'eau et de diverses choses nécessaires au voyage, bien entendu, les membres d'équipage avaient eu leur permission, et l'un d'eux, complètement ivre, était revenu au navire, et avait été particulièrement "intimidant'' envers Lashranelle. Celle-ci avait sorti son arme et sans l'intervention du capitaine, celui-ci aurait eu un matelot en moins. Depuis l'incident, tout le monde avait pris ses distances avec l'elfe, et ce n'était pas pour lui déplaire !
Finalement, elle était arrivée, et elle n'avait pas attendu pour quitter le bateau. Respirer autre chose que les embruns de la mer, marcher ailleurs que sur un pont poisseux et instable était merveilleux, et Lashranelle trouvait la chaleur encore moins insupportable que les semaines passées sur le bateau.
Un peu perdu, elle erra au hasard des rues, tentant de suivre l'un des membres d'équipage avant de le perdre de vue. Une main se posa sur son avant-bras et l'elfe s'arrêta, dévisageant celui qui l'avait interrompu. C'était un individu vieillissant, basané, au nez épaté. Il dit quelque chose que Lashranelle ne comprit pas. Celle-ci retira bien vite son bras de la poigne du vieil homme, et lui demanda en Reikspiel : "Que me voulez-vous dont, maraud ?". Elle avait parlé d'une voie déterminée et forte, bien qu'elle doutait de l'efficacité de sa prise de parole sur l'étranger. Un peu nerveuse, elle réajusta sa capuche sur ses oreilles pointues, et décala sa cape pour bien montrer à l'Arabien la présence d'une épée sur son côté. Il était prévenu. Lashranelle glissa également un coup d'oeil rapide derrière elle. Le souk semblait animé. Ainsi, si l'individu tentait quoi que ce soit sur l'elfe, elle pourrait aisément se perdre dans le bazar... Néanmoins, sa curiosité cédant le pas, elle attendit que l'individu reprenne la parole, en se concentrant sur ses gestes pour tenter de comprendre ce qu'il essayait de dire.