[Valitch] Moi et le Diable

Où s'écrivent les histoires, hors du temps et des règles compliquées du monde réel...
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Armand de Lyrie
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[Valitch] Moi et le Diable

Message par Armand de Lyrie »

Je n’ai que peu de souvenirs de mon enfance. De lorsque j’étais une petite fille. J’ai pourtant tenté des dizaines de choses pour me raccrocher à quelques bribes de ma conscience, pour tenter de me remémorer ma vie à une époque où j’étais innocente — peut-être ne l’ai-je jamais été ?

Je me souviens d’une chaumière de campagne, sans cheminée. De boue qui collait à mes pieds nus. De gruau et d’un pain de méteil. Je me souviens du froid, d’hivers si gelés que j’en avais des gelures aux doigts. Fut une époque où j’avais des cicatrices de petite vérole sur les joues, des taches de rousseur sous mes pommettes, et une cicatrice près du sourcil gauche, la faute à être tombée en jouant sur un arbre. Notre corps garde les plus petits stigmates de nos existences, et un être humain devrait être fier de ses infimes imperfections, ses boutons, verrues et grains de beauté. Moi, tout s’est gommé et modifié au cours des ans, selon la fiction que je souhaitais jouer, selon la personne que je voulais imiter.

J’aime cette vie. Et pourtant j’ai au fond de moi ce désir inavouable devant mon Maître. Celui de retrouver qui j’étais vraiment. J’ai tout tenté : j’ai souhaité être guidée par l’hypnose, mais ça aurait exigé de faire confiance à l’hypnotiseur, et je suis incapable d’offrir ma confiance à quiconque. J’ai tenté des drogues, elles étaient agréables, mais elles perturbaient mon jugement, et je souffre si je ne peux pas parfaitement contrôler ce qui m’entoure.
Le plus efficace, et de loin, ça a été mes expériences de proximité avec la mort. J’ai d’ailleurs mis au point un système pour avoir un environnement d’expérience dont je maîtrise le plus possible les externalités. Il faut commencer par trouver un lac, ou un étang, qui soit très profond, et choisir une nuit où personne ne s’en approchera. Il faut louer une barque, d’avance, en journée, et la prendre pour aller tout au centre. Je me déshabille, prépare une couverture très chaude pour le moment où je ressortirai frigorifiée, et je lie mes jambes à une corde en chanvre en faisant un nœud que je pourrai défaire rapidement, même dans la panique. Je leste le tout d’une meule de foin. Je fais tomber la meule, et chute avec elle tout au fond de l’eau, en retenant le plus longtemps possible ma respiration. Et je me noie.
Et il y a alors cet instant, lorsque que je ne suis plus capable de soutenir l’apnée, que mes poumons s’apprêtent à être remplis d’eau, où pendant quelques secondes fugaces, quelque chose se débloque au fond de mon esprit. Le moment le plus extrême où je suis entre deux mondes. Mais alors je ne vois pas seulement le passé ; je vois aussi le futur qui m’est promis.

Je n’ai que peu de souvenirs de mon enfance, mais je me souviens que de là où j’habitais, ces nuits d’hiver, on pouvait voir très clairement les étoiles. Je me souviens des constellations, du voile noir crénelé de lueurs d’astres formant des tableaux étriqués qui forçaient mon esprit à reconnaître le Danseur ou la Chèvre Sauvage.
Déjà à cette époque j’avais beaucoup d’imagination. Car en regardant ces étoiles, je parvenais déjà à faire voyager mon esprit au-delà de ce que les autres êtres humains peuvent voir. J’imaginais notre belle planète ronde au milieu de ce vide. Et je voyais d’immenses tentacules qui l’entouraient. Et les ténèbres d’un abysse si immense qu’aucune créature, peu importe sa majesté, ne pourrait jamais lui échapper.

Je le savais déjà, petite fille. Nous ne sommes pas seuls dans cet univers. Et ceux qui le contrôlent ne vivent que pour se repaître de nos souffrances.




Altdorf.
Le Règne de Sa Majesté Impériale,
Luitpold Ier von Holswig-Schliestein.


Il était en retard. C’était du plus mauvais effet, d’être à la bourre à ses propres rendez-vous ; Il était en fait si pressé qu’il chargeait l’escalier du parc Hans Joseph deux à deux, en se propulsant avec sa main droite qui tirait la rambarde de bronze. Il passa devant une nounou qui poussait un landau devant un couple de deux bourgeois ; Il lui fallut leur couper la route vivement, en lançant une petite excuse vocale au passage tandis que le papa soulevait son parapluie avec lequel il eut l’envie éphémère de bastonner le malotru.
Il contournait la fontaine. Retournait vers la grande rue remplie d’ouvriers en train de débaucher pour la fin de soirée. Dans un pur réflexe inutile, comme toute personne fait lorsqu’elle est vraiment en retard, il tira la montre à gousset en or de son manteau : Huit heures moins le quart. Il pesta un juron dans un dialecte qui ne sonnait pas du tout reikspiel, referma son coupe-vent pour se couvrir du froid d’hiver, et reprit sa route de plus belle en traversant au pas de course la chaussée, parvenant ainsi à être plus rapide que les éboueurs et leur charrette tractée par un mulet. Il se jeta sur le trottoir en face, et disparut dans une ruelle en contournant une petite boulangerie qui vendait ses dernières viennoiseries aux maçons affamés du chantier de la Sigmardom Plätz. Essoufflé, les joues rouges, la transpiration qui lui frigorifiait le dos, son cœur se mit à battre plus vite à la fois de l’effort et d’appréhension, tandis qu’il redécouvrait la sévère statue de Saint-Ottokar qui lui indiquait la proximité du lieu où il était centré être à sept heures vingt. Quel genre de personne donne des rendez-vous comme ça ? « Venez à sept heures vingt », pas sept heures, pas la demie, vingt. Et pour le coup, c’est lui qui manquait à ses obligations. Le visage froncé d’albâtre du Grand Théogoniste lui-même semblait impatient.

Il se retrouvait au-dessus d’un square qui surplombait la ville. Il n’avait pas choisi ce lieu au hasard — oui, Altdorf était magnifique vue de là. Il y avait d’ailleurs quelques beaux messieurs et mesdames, en costumes cintrés et capes tailladées autour du cou, qui observaient la lueur d’un Reik éclairé par les navires de patrouille, et la titanesque cathédrale qui brillait de mille feux avec ses cierges et ses lampadaires publics. Même quelques ouvriers s’étaient juchés sur le parapet, et dégustaient des petites brioches fourrées pour calmer leur appétit. Il regardait à droite, à gauche, en passant sa main dans ses cheveux qu’il s’était dérangé à faire coiffer tout l’après-midi — sa mise était bien ruinée à présent qu’il avait traversé tout un quartier en courant. Il en avait mal à la poitrine.
Il vit une petite robe rouge. Et une femme tout aussi petite, en bottines noirâtres, cheveux blonds noués dans le dos qui était en train de s’éloigner.
Est-ce que c’était elle ? Il eut du mal à y croire. Mais il ne l’avait jamais vue en robe de soirée.
Merde, c’était elle. Il avala tout l’air qu’il put dans sa bouche, et s’élança vers elle dans un trot assez vif.

« Pardonnez-moi ! Pardon ! »

Elle l’entendit, et se retourna. Son premier réflexe fut de lever les bras et de soupirer très longuement, le regard plus triste qu’en colère.
Il serrait des dents dans une espèce de rictus gêné, et levait les mains devant lui.

« Je… Je suis sincèrement désolé, j’ai… J’ai eu un contre-temps, c’était totalement imprévu, et-
– Je suis arrivée en avance !
– Je suis vraiment, vraiment, sincèrement désolé… Si j’avais pu… J’ai… C’était un imprévu… Mon supérieur… Si j’avais pu faire autrement… »

Il se rendait compte qu’il s’emmêlait dans ses débuts d’excuses. Et il avait du mal à parler, parce qu’il n’avait plus vraiment d’haleine.
Elle fronça très fort des sourcils et croisait les bras.

« Vous auriez pu faire venir quelqu’un pour me prévenir !
– Je suis désolé !
– J’attends ici depuis sept heures, je suis gelée !
Désolé… »

Elle l’affrontait du regard. Lui-même se mit à la regarder.
Il l’avait toujours vu avec ces frusques de son collège. Ces chitons et manteaux blancs pour cacher la figure, et clairement être identifiée parmi les Hiérophantes d’Altdorf. Mais là, elle apparaissait vêtue à la mode du Reikland. Ce qu’elle portait n’avait rien de très extravagant — il n’y avait ni soie, ni cachemire, ni toile fine. Mais sa petite robe en teinture rouge lui donnait déjà un aspect qu’il n’avait fait que rêvasser dans des instants où il repensait à elle. Là, maintenant qu’elle montrait son visage, il devinait aussi qu’elle avait mis du fard qui faisaient bien ressortir ses yeux avec lesquels elle le foudroyait.
Il eut envie de rougir, alors qu’elle était en train de l’engueuler.

« C’est quand même incroyable… Je veux dire, vous m’aviez pas donné l’impression d’être aussi bordélique !
– Pardon, pardon ; Je vais me faire pardonner, je vous le jure ! Oublions tout ça !
En plus j’ai l’air bête ; Je vous ai fais venir jusqu’ici pour qu’on regarde Altdorf, et…
– Et j’ai déjà bien assez profité de la vue. »

Sourire gêné. Il détourne le regard.
Elle tourne un peu son corps, et l’observe lui. Maintenant c’est elle qui est un peu curieuse. Il a les cheveux en pétard — mais ça se voit qu’il a essayé de les gominer. Il s’est rasé de près, ce qui change de son espèce de barbe de trois semaines bien sale et inégale, avec des trous dedans, qu’il n’arrêtait pas de porter. Il est un peu mat. Il est pas tout blanc, pas comme les Reiklander. Ce qui l’amuse plus que tout, c’est ses vêtements. Son costume lui va pas. Il flotte dans son espèce de coupe-vent.
Elle ricane, et se sent mauvaise.

« Votre costume, vous le louez ? »

Il sursaute. Se sent prit au dépourvu. Ferme les boutons de la veste.

« Heu… Oui. Comment vous avez deviné ?
– Le gipponier vous a bien escroqué. C’est dommage qu’il vous aille pas, vous seriez…
Pas mal, dedans. »

Son sourire se tord. Il essaye de reprendre son souffle normal, même s’il a la gorge aussi sèche que sa bouche.

« Hmpf. Je vous retourne le compliment. La robe vous va à merveille.
C’est une paysanne qui vous l’a prêtée ? »

Elle le regarde de haut.
Se tourne.
Et commence à partir.
Il rigole de plus belle. La rattrape en trois enjambées, et tend son bras pour l’offrir.

« Rah ! Vous lancez des vannes mais vous supportez pas la contre-attaque ?
– Peut-être serais-je plus patiente si je pouvais encore sentir mes mollets.
– Je vous ai dis que je saurai me faire pardonner ! Allez — dois-je vous supplier à genoux ? Je vais vraiment le faire, vous savez pas comment c’est dur d’obtenir une table à un restaurant Bretonnien. »

Elle roule des yeux. Le dépasse. S’arrête finalement et se tourne sur sa pointe des pieds.
Elle hésite.

« Pfft…
Bon. Mais c’est bien parce que vous avez vraiment l’air tout penaud. »

Il soupire d’aise. Elle s’approche de lui et attrape son bras. Et à présent, il peut enfin se permettre de marcher d’un pas de plaisance, bien lent, ce qui l’arrange bien puisqu’il sent à présent les courbatures dans ses cuisses.
Ils se taisent tous les deux. Ne pipent pas un seul mot de tout le trajet. Tout n’a pas à se dire à voix haute. Il suffit de le deviner chez l’autre.
Ce sont deux jeunes gens. Tous les deux célibataires. Ils se sont fait beaux. Elle devine qu’il s’est parfumé, il remarque qu’elle a fait des nattes dans ses cheveux. Ce rendez-vous ne peut donc pas être totalement innocent, mais chacun le tait et le garde pour lui. Ce serait au risque d’être déçu. Ils ont passé tellement de temps à mal se parler, à se prendre de haut, à se lancer de sales vannes. Mais c’est rapidement devenu un jeu plus qu’une véritable mésentente. Ils s’apprécient, et pensent chacun à l’autre.
Alors ils se taisent, et marchent juste bras-dessus bras-dessous, comme font les gens de leur âge qui se découvrent, quand ils ont ce luxe, quand ce n’est pas leurs familles qui ont déjà arrangé l’entre-vue.

Il la guide jusqu’à une belle maison bourgeoise. Une faite de colombages, et entourée d’un jardin à herbes. Ici la chaussée est pavée, pour rendre aisée la circulation de charrettes et carrioles. Il n’y a pas de truands qui attendent sous un porche, mais ils ont croisé beaucoup plus de sergents de paix en uniforme qu’il y en a dans des quartiers moins agréables pour se promener la nuit tombée. Il la dirige jusqu’à une porte décorée et peinte, et va se présenter devant la réception où se tient un petit bonhomme grassouillet, qui leur sourit.

« Monsieur, mademoiselle, bonsoir.
– Bonsoir, j’avais une réservation.
– Bien sûr ; à quel nom ?
– Balthasar Gelt. »

Le maître d’hôtel regarde son registre. Cherche du bout du doigt le nom sur la liste. Approuve d’un hochement de tête.

« En effet, pour deux ; Si vous le permettez, nous allons prendre vos manteaux, et vous allez pouvoir me suivre. »

Le maître d’hôtel claque des doigts à l’intention d’un petit laquais freluquet de seize piges. Il s’avance, et aide les deux jeunes gens à se dévêtir, tandis que le maître d’hôtel attend devant la grande salle. Il fait très chaud à l’intérieur, et c’est parfaitement éclairé : Des chandeliers partout, des bougies sur les tables, des bûches qui brûlent au fond d’un âtre, et beaucoup de tables recouvertes de nappes blanches, et de pots-de-fleurs contenant des roses ou des jonquilles — c’est un luxe immense, car on est en plein hiver. Elles doivent obligatoirement pousser sous serre, et avec d’immenses efforts. Probablement achetées au Collège de la Vie.
La fille a les yeux qui brillent. Gelt aussi est, il l’admet silencieusement, impressionné. Le maître d’hôtel aide la femme à s’installer d’abord, sur une petite table un peu à l’écart, devant une fenêtre aux vitres à double-vitrage, qui offre une jolie vue sur la Hintermauerstrasse, bien entretenue et salubre.
Le maître d’hôtel attend que ses deux invités soient attablés.

« Souhaitez-vous commencer par une dégustation pour choisir le vin de table ?
– Oh, si vous pouviez amener directement le menu ! J’ai déjà bien assez fait perdre du temps à la damoiselle.
– Comme vous le souhaitez. Je reviens vers vous tout de suite. »

Le maître d’hôtel ploie un peu du dos, et s’éloigne dans le reste de la salle. La fille lève les yeux au plafond, projette son regard dans toute la pièce, puis, après s’être assurée que personne ne l’entende, elle sifflote d’admiration.

« Bon sang, c’est tellement lumineux on dirait le chœur de la Pyramide…
– Haha ! J’ai bien choisi l’endroit alors ?
– Comme c’est un resto Bretonnien ça sera sûrement très cher pour des portions minuscules, mais bon…
Oui. Ça me plaît. »

Le garçon fait un clin d’œil qu’il veut taquin. La fille se détend, et lui lance un petit signe de la tête.

« D’où un simple magister peut se payer une nuit au Prince Lionceau ? Vous détournez l’argent de votre bourse d’études, c’est ça ?
– J’ai… Un petit secret. Mais pas certain qu’une Hiérophante apprécie de savoir.
– Oh. Tant de secrets. Ça peut me mettre en danger ? Demande-t-elle en souriant.
– Hmm… Je vais plutôt refuser de plaider pour ne pas m’auto-incriminer.
– Enfin, si le but c’était de m’impressionner, c’est plutôt réussi. Je ne vais donc ne pas trop fouiner dans vos relations.
Pas trop. »

Cette fois, c’est elle qui lui fait un clin d’œil pour se moquer de lui.
Le maître d’hôtel revient. Il pose devant chacun d’entre eux le menu, et tend à monsieur la carte des vins — il est, après tout, Bretonnien. D’une voix maniérée, il leur dit de prendre le temps de choisir, et assure derechef qu’ils peuvent demander à goûter un vin avant de commander toute la bouteille. On ne vient pas dans un resto Breto pour boire de la bière, après tout.
Sitôt qu’il a le dos tourné, la Hiérophante se penche au-dessus de la table, et arrache des mains de Gelt la carte des alcools. Il la regarde faire, amusé.

« Han, ah oui, ces prix…
– J’ai un petit secret, c’est tout.
– J’ai pas non plus envie de vous ruiner.
– Prenez juste ce qui vous fait plaisir. »

Elle le regarde. Hésite audiblement. Puis finalement lui tend à nouveau la carte.

« On aura qu’à dire que c’est pour vous faire pardonner de l’attente.
– Voilà, exactement !
– La liqueur de mûres me tentait bien…
– Alors on va commander ça, et je prendrai un Château-neuf-Bastogne, quand même.
– Vous attendez pas de savoir ce que je vais vouloir manger, avant le choix du vin ?
– Nan, ça c’est des bêtises inventées par des vignerons qui veulent nous refourguer du blanc ; Et puis, pour être honnête, j’ai aucune prétention d’être classieux dans les arts de la table. »

Ils ouvrent tous les deux les menus. Mais la petite réflexion de Gelt l’a intéressée.

« À cause de votre origine ?
– À cause de mon rang, mais oui, l’origine ça doit jouer, aussi.
Hm… On pourrait commencer par une soupe ?
– Vous êtes né au Lichtenberg, c’est ça ?
– Pardon ? »

Elle lève les yeux. À sa façon de demander pardon, elle a peur d’avoir dit une bêtise.

« Hé bien… C’est pas de là où vous… Où vous êtes né ?
– Ah ! Ah oui, c’est vrai, j’avais oublié que vous appeliez ce coin comme ça aussi…
– Oui, je devrais dire les Principautés Frontalières…
– Surtout pas, le terme est encore plus insultant, commença-t-il à pérorer. Frontalières de quoi ? Vous imaginez si les Bretonniens appelaient cette nation l’Empire d’à-côté ?
– Oh. Je voulais pas-
– Vous avez rien fait ! Je riais jaune, c’est tout.
Le coin où je suis né, c’est Matorca. C’est une ville bâtie sur l’ancienne Route de la Soie. Mais… Y a pas grand-chose à en dire, ça intéresse rarement les gens. »

Il chasse l’idée, et tapote sur le menu.

« Une soupe à l’oignon ça me botte vraiment bien. Qu’allez-vous prendre de votre côté ?
– Moi ça m’intéresse.
– De quoi, Matorca ?
– Oui.
– Pourquoi ?
– Bah… Pourquoi… Pour discuter. Pour savoir. Je suis curieuse. »

Il sourit. Entre l’amusement, et un peu la timidité.

« Bien la première fois que j’entends ça… Matorca, bon sang… J’y ai vécu longtemps en plus. Jusqu’à mon adolescence. Mais c’est vraiment l’endroit où je retournerai jamais.
Il fait froid. Y a plein de cailloux. Des cailloux et de la bruyère. C’est sacrément violent comme coin. Et assez désolé.
– Et pourtant vous êtes venu jusqu’ici. Jusqu’à Altdorf. Tout seul, comme ça. Presque tous les magisters, ils ont été enrôlés de force, ils ont pas eu le choix. Alors que quelqu’un traverse la moitié du monde connu pour…
Eh bien. Ça me rend vraiment curieuse. C’est tout. »

Il continue de sourire. Mais un peu triste maintenant. Nostalgique.
Alors, elle fait l’effort de regarder le menu.

« Une salade Brionnoise, je sais pas ce que c’est.
– Heu… Je crois que c’est de la laitue, avec des poivrons, des croûtons, et un peu de fromage.
– Bon, alors je vais prendre ça. »

Gelt se tourne. Il attend qu’un garçon passe pour lui faire un discret signe de la main. Le garçon lui fait un poli signe d’attendre. Alors, il se réinstalle tranquillement.

« Lorsque j’ai compris que je… Que je n’étais pas comme tout le monde, je me suis senti très mal. Apeuré. Le village d’où je venais… C’était une espèce de petite colonie, avec des palissades. Tout le monde connaissait tout le monde. Et pourtant, mes voisins, ma propre famille, ils se sont mis à avoir peur de moi. À me regarder de travers. De l'effroi, dans leurs pupilles.
Mais j’étais quelqu’un plein de rêves. Matorca c’était pauvre, mais c’était pas déconnecté de tout. Je savais déjà ce que c’était la Tilée, ce que c’était l’Empire. Des gens pouvaient m’aider à me contrôler, et pour moi, c’était le plus important.
– Vous aviez peur que… Que votre don vous contrôle au lieu de l’inverse ?
– Exactement ça. Je sais que beaucoup de mages ont pas cette vision. Leur Vent, ils le courtisent, ils l’accompagnent, ils acceptent de se plier à lui. Mais Chamon, il est plus… Plus exigeant. Et plus froid.
Je sais pas si vous voyez ce que-
– Si, je vois parfaitement. »

Elle le regarde intensément en disant ça.
Ils n’ont fait que gratter la surface, mais ils se sentent si semblables. Et si proches, en une seconde.
Le garçon vient les voir. Gelt demande la liqueur de mûre, la bouteille, la salade et la soupe d’oignons. Alors, il s’éloigne et va apporter leur commande en cuisine.
Petit instant de silence. Silence troublé uniquement par un petit violoncelle qui joue à l’autre bout de la salle, une petite mélodie un peu en sourdine.
Gelt commence à être un peu timide. Le sentiment l’étonne.

« Et vous… Vous venez…
– Du Nordland. »

Il la regarde. L’étudie.

« J’avais parié là-dessus, ouais.
– Ah ?
– Oui, c’est… Vos cheveux. Tout blonds. Ça vous donnait une apparence du nord. Nordland ou Middenland. »

Elle lui sourit.
Il lance alors sa vanne.

« Enfin au Nordland, ils sont plus grands que des halfelins d’habitude, non ? »

La petite blonde roule des yeux.

« Les blagues sur la taille, ça vexe seulement les hommes ça.
– Vous préférez que je trouve autre chose ?
– Pourquoi pas, c’est que ça tourne un peu en rond.
– Hmm… Vous savez pas trop vous habiller non plus.
– Dit le mec avec le costard trop grand.
– La cicatrice sur le sourcil, c’est en plein visage on voit que ça.
– Ah ça non, par contre, c’est hors-limites.
– D’accord ; Vos oreilles alors ?
– Elles ont quoi, mes oreilles ? »

Il rit tout seul. Elle sourit.
Il faut pas grand-chose, pour tomber amoureux. Il faut juste qu’elle sourie.

« Et… Et ça vous impressionne vraiment, que je sois venu jusqu’ici tout seul ?
– Oui. Et ça me rend un peu…
Un peu jalouse, je dois avouer.
– Jalouse ?
– C’est un peu dur à expliquer… Et c’est un peu personnel.
– Je ne vous force pas à parler. »

Elle regarde dans la salle. Croise les bras. Dodeline de la tête.
Et puis, elle crache le morceau.

« Ma mère m’a élevé seule. Le Nordland, surtout la côte, c’est pas une terre où il fait bon vivre. Ni où les gens vivent très vieux.
– Oui, oui il paraît.
– On dépendait pas mal de l’assistance d’un… Un oncle paternel. Il avait pas grand-chose non plus, mais ça nous permettait de pas mourir de faim.
Ma mère, pourtant, elle avait presque rien, mais elle faisait tout pour moi. Tout. Pour que je sois heureuse, pour que je puisse sourire. Je n’ai jamais vu un être humain aussi dévoué. Surtout pour moi. Encore aujourd’hui, j’ai pas l’impression que je méritais autant sa force, autant sa santé. Elle s’écorchait les mains et ruinait son dos à moissonner le seigle.
Un jour, sans faire exprès, j’ai… Comme vous. Comme vous, j’ai eu du mal à utiliser mes dons, et d’un coup, les gens que j’ai toujours connus, ils étaient horrifiés en me regardant. Mais pas ma maman. Elle, elle m’a protégé. Y avait qu’elle, et uniquement elle, pour dire que ce n’était pas ma faute. Pour croire en mon innocence.
Lorsque l’apprenti perpétuel de Hargendorf est venu me chercher… ça l’a brisée. J’avais l’impression d’être son monde. Et on lui a arraché ça. C’était tellement…
C’était tellement injuste. »

Gelt détourne le regard. Agite la tête de gauche à droite.

« Vous n’aimez pas votre vie au Collège Lumineux ?
– Je l’adore. Si, je l’adore.
Mais j’aurais aimé avoir le choix, vous voyez ? »

Gelt tique des lèvres.

« Vous savez… C’était pas trop un choix de ma part non plus. J’ai traversé le monde, oui, mais ce n’est pas parce que je suis arrivé à Altdorf de ma propre entreprise que c’était un choix.
À Martoca, ce qui m’attendait, c’était la mort. Un migrant qui s’élance sur les routes, qui affronte tous les dangers, il le fait pas pour lui-même. Il le fait pour sa survie.
Au Collège Doré, beaucoup de mes camarades se méfient de moi. Ils me trouvent prétentieux. Ambitieux. Mais c’est que je suis pas comme eux. Je suis arrivé au Collège en fin d’adolescence, pas enfant. Je parlais à peine la langue. J’ai dû travailler deux, trois fois plus que tous les autres pour me faire accepter. Pour pas finir apprenti perpétuel. Pour pas avoir l’impression que si j’ai abandonné ma famille — pour toujours, parce que je sais que je verrai plus jamais les vagues du Golfe Noire de mes yeux d’homme — c’était pour… Pour quelque chose. »

Elle le regarde. Un peu triste maintenant.
Silence.

Un serveur revient avec les plats. Le maître d’hôtel derrière avec les bouteilles. Il les débouche devant eux, remplit le verre en cristal de monsieur, attend qu’il goûte et dise que tout est parfait pour servir les deux.
Puis ils s’éloignent, et laissent les deux jeunes gens seuls.

Silence. Violon.
Et là, Gelt sourit de nouveau.

« Ok… Je vais vous dire mon petit secret pour payer le repas. Et… ça reste entre nous deux, d’accord, uniquement entre nous deux ? Promis ?
– Juré craché, si je mens je vais en Norsca.
– Exactement. »

Il rapproche sa chaise de celle de la fille. Regarde par-dessus son épaule. S’assure que le maître d’hôtel est happé par une autre table.
Et à voix basse, il commence son exposé.

« Lorsque j’étais… À Marienburg, j’avais des soucis pour remonter jusqu’à Altdorf. J’avais pas un sou. Je vivais de… J’étais journalier sur les quais, débardeur. Épuisant et mal payé. Quel boulot horrible.
Alors, j’ai fait quelque chose… Qu’il faut surtout pas faire. J’ai attrapé une de mes pièces d’argent, et j’ai fait un moulage, et je me suis arrangé pour le couler dans du cuivre. Du mauvais cuivre, du bronze verdi, qui coûte que dalle, j’en trouvais dans des déchetteries, des dépôts d’ordure. »

De sa poche, il tira une de ces pièces. Une sorte de petit rond circulaire, un alliage de mauvaise qualité, du toc complet.
Mais ça avait la forme d’une pièce. Et un sceau de guilder de Marienburg.

« Alors, j’ai invoqué Chamon. Je ne sais pas pourquoi, même avant les Collèges, c’est… C’est lui dont je me sentais le plus proche, même sans connaître son nom. Je saurais pas l’expliquer. C’est… Y avait une forge, dans mon village natal, j’y passais tellement de temps. Le marteau qui tape contre l’enclume, les étincelles brillantes, ça m’a marqué profondément.
Alors, j’appelle Chamon à moi, et… »

…Et, sous ses yeux, caché sous la nappe, il diffuse des vents de magie. Les faits tourbillonner très discrètement au bout de ses doigts.
La pièce prend une lueur jaunâtre. Un aspect poli.
Elle devient une pièce d’or. Il la fait sauter en l’air, et la rattrape au vol, tout souriant de son exploit.

« Illusion ?
– Dès demain matin la pièce redeviendra du toc. On pourra plus jamais remanger ici.
– Ils ont votre vrai nom.
– C’est un risque c’est sûr.
– Et n’est-ce pas une offense gravement punie par votre collège ?
– Flagellation en public, pain et eau pendant six mois, et l’amende à rembourser.
– Y a intérêt à ce qu’elle en vaille la peine, votre soupe à l’oignon !
– Oui, ou que vous la valiez, la peine. »

Elle sourit. Rougis un peu.

« Tu… Tu as d’autres histoires, de Marienburg ? »

Il en a. Des dizaines. Pas que des bons souvenirs ; mais pour elle, il aura le bon goût de choisir les plaisantes. Les drôles. Celles où il est ridicule, mais où on peut rire du comique de la situation. Elle lui rend la pareille. Se moque du Nordland. Et dit en même temps ce qui lui manque. Tout le monde est impressionné par Altdorf — c’est la ville la plus merveilleuse de l’Empire. Tout paraît tellement vain à côté.

Alors ils boivent. Ils mangent. Il demande une autre bouteille. Et ils se mettent à rire de plus belle, tous les deux, jusqu’à être pompettes. Il y a le plat. Et il y a évidemment le dessert.

Ils sortent ensemble dans la rue tous les deux. Il est presque onze heures du soir. Elle dit qu’elle a mal aux jambes. Il se fout d’elle en disant qu’elle ne doit pas être lourde à porter. Elle tente de le gifler pour de faux. Il fait comme s’il était vexé en tente de lutter avec elle. Avec l’alcool, ils ont régressé en âge ; les jeunes personnes sont redevenues des enfants, ils sont en ce temps nostalgique avant que l’Aethyr, le Sixième Sens, n’apparaisse publiquement avec les autres. Le bon temps, où ils étaient normaux.
Elle répète qu’elle est très fatiguée. Alors, il lui propose d’aller dormir chez lui. Au Collège Doré.

C’est certain que c’est plus simple que d’accéder à la Pyramide. L’endroit est plus rationnel, plus raisonnable, plus humain. Pas de mysticisme, pas de camouflages, le plus compliqué pour rentrer sera de tromper les gardes qui n’ont absolument aucune envie de rire, contrairement aux deux tourtereaux avinés. Et eux, impossible de les soudoyer avec une pièce en toc maquillée — ils connaissent trop l’arnaque.
Malgré toute la maladresse de deux corps fin beurrés, ils s’en tiennent aux ombres, de quoi parodier les Umbramanciens d’Ulgu. Ils font le mur — littéralement. Gelt sait heureusement quels magisters continuent de travailler tard le soir aux laboratoires, et quel est le maître qui est de corvée pour surveiller les apprentis. Il suffit de contourner aux bons endroits, et d’emprunter un escalier qui sert d’issue de secours — il explique qu’il y en a plein, des issues de secours, à cause des risques bien réels d’explosions que les alchimistes n’arrêtent pas de faire courir au bâtiment.

Ils entrent dans des couloirs de marbre. C’est un bâtiment tout neuf. Le Collège est en cours de déménagement, par rapport à l’ancienne grande place occupée au temps de Teclis. C’est sans doute ça qui joue pour eux : les surveillants de l’Ordre sont répartis entre deux lieux, et ils ne s’attendent pas à devoir vraiment défendre celui qui n’a pas encore les artefacts, les archives, et les trésors qui attisent les convoitises de fidèles de Ranald, le Dieu-qui-Vole.
Gelt amène sa comparse vers son laboratoire, en mettant son index contre ses lèvres. Il faut qu’ils fassent gaffe de ne pas trébucher sur quelque chose, ou faire trop claquer leurs talons sur le sol. D’ailleurs, le magister a une idée géniale : ils ont qu’à se déchausser. Et voilà que deux ivrognes se dandinent dans tous les sens, en manquant de s’écrouler contre les murs ou la tête la première sur le parquet, pour se retrouver pieds nus.
Malgré toute son inaptitude, il retrouve la clé de son étude. Et voilà qu’il la fait entrer dans l’endroit où il passe quasiment toutes ses journées.

Ça pue. Ça pue la chaux, les oxydes et les bases de toutes les couleurs qu’il garde dans des tubes à essai et des bocaux qui sont absolument partout. Sur un tableau, il a écrit des formules qui vont dans tous les sens à la craie. On trouve des ustensiles de tout type, des outils, des alambics éteints, un vase au fond d’un évier. C’est un immense capharnaüm. La fille, en rigolant, lui demande comment il fait pour bosser là-dedans. Il répond qu’il se débrouille.

Les deux s’installent. Il trouve un vieux tabouret déverni, il lui laisse un gros pouf confortable qu’il a acheté avec sa bourse d’études. Il s’est fait son petit coin à lui, avec un beau drapeau de Marienburg sur le mur, des petits soldats en plomb sur une commode, et une peluche de loup qu’il dit avoir acheté à Middenheim. Il y a son bâton, aussi. Son bâton de magister. Un gros bout de chêne, plaqué de tiges de fer collés — Chamon en raffole, il paraît.
Et ils reprennent leurs discussions. De tout. Et surtout de rien. La montre à gousset indique bien trois heures du mat’, maintenant. Il fait absolument nuit noire.

Ils parlent, ils parlent tellement, jusqu’au moment inévitable où ils n’ont plus rien à se dire.

Ils s’embrassent. Du bout des lèvres seulement. Ils sentent l’haleine puant le vin et la liqueur de l’autre. Se regardent au fond des yeux.
Ils se serrent dans leurs bras. Il lui embrasse le cou. Elle lui déboutonne sa chemise. Ils s’installent au fond du pouf. Et ils se caressent. Aucun empressement — déjà parce qu’ils sont tous les deux torchés, et risqueraient de se faire mal à s’entre-piétiner quelque chose. Mais aussi parce qu’ils trouvent, surgie de nulle part, une espèce d’appréhension toute timide. Ils ne veulent pas mettre l'autre mal à l'aise. Attendre son assentiment, à chaque toucher.
Ils se dénudent. Se collent. Ils s’aiment. Deviennent brûlants. Ils collent leurs fronts ensemble. Retiennent leurs soupirs.
Ils finissent dans les bras de l’un et de l’autre. Et s’endorment ensemble, en se couvrant de petits baisers tendres.







Je me réveille en pleine nuit.
Il dort comme un sac. Avec tout ce qu’il a bu, c’est bien normal. Qu’importe que j’ai demandé de la liqueur au serveur : Moi j’ai appris à ne pas boire jusqu’à ne plus pouvoir me contrôler. Feindre l’ivresse est bien plus simple que l’assumer soi-même.
Il ronfle. C’est bon signe.

Je me roule sur lui. Le fait basculer très lentement de côté, pour me libérer.
Je me relève. M’éloigne de lui. Il fait nuit noire. Je ferme mes yeux, et chuchote un sortilège en langue noire afin de percevoir mon environnement sans avoir à m’aider d’une bougie.

Il me faut ses notes. Une, précise. Où est-ce qu’il a rangé ses notes dans ce bordel ?
Mes questions innocentes, mes blagues vont me guider. « Comment fais-tu pour travailler dans ce capharnaüm ? » « Oh je m’arrange bien, je gratte sur le tableau, j’écris contre le tabouret… »
Je me penche devant son établi. Très lentement, je le soulève à la pointe d’un couteau.
Il y a un tas de carnets, là-dedans. Comment je vais faire pour retrouver ce qu’on m’a demandé d’aller chercher ?

J’ouvre le premier. Feuillette à toute vitesse. Des croquis. Des pattes de mouche partout. Son écriture est illisible, et parfois ne suit même pas les carreaux. Vraiment un putain d’étudiant.
Je peste. Me retourne. Non. Il dort encore. Ronfle comme un loir. Je peux me permettre d’être un peu bruyante.

Je saisis le second carnet. Tente de déchiffrer sa manière d’écrire.

Je savais déjà ce qu’était la Tilée.

Balthasar Gelt. Ça sonne pas Tiléen. Mais il a forcément dû passer par là, pour être entré dans l’Empire depuis Marienburg.
Je remets le carnet à sa place. Ouvre un autre. Ignore les formules en magikane. Ignore la langue que nous a enseignée Teclis. Ignore les gribouillis et les abréviations en reikspiel.
Et je trouve ce que je cherchais — du tiléen. Un tas de chiffres, et du tiléen. Sûrement ce qu’il prépare à côté, ce dont il n’a pas envie qu’un collègue magister s’intéresse de trop près en jetant un coup d’œil au-dessus de son épaule.

Je ferme son établi. Je plie le carnet, et le bourre au fond d’une poche de mon manteau. Je retourne auprès de lui, et love contre pour me rendormir.

Bientôt je deviendrai quelqu’un d’autre.
Bientôt j’oublierai qui je suis.

J’ai tellement hâte, de ne plus être moi-même.
Fiche : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_armand_de_lyrie
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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