[Event RP multijoueur] La Route d'Eldorado

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Thaelin Grimdale
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Re: [Event RP multijoueur] La Route d'Eldorado

Message par Thaelin Grimdale »

Sargath le héraut des mille lames , commandant de la garde de Lahmia


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Sargath embrassa du regard la jungle épaisse de Lustrie, assis sur son trône de marbre sculpté en forme de serpent enroulé autour d'une statue du dieu Ptra, ce serpent représentant Asaph, divinité tutélaire de Lahmia. L'immensité de cette statue n'était pas seulement pour un hommage aux dieux mais également pour préserver Sargath de la lumière brûlante du soleil ; il était tout de même enveloppé dans une tunique et un pagne de cuir sous son armure et d'un masque doré pour empêcher le moindre rayon de soleil d'arriver sur sa peau. Des statues de marbre représentant les autres dieux du panthéon Néhékharien étaient disposées sur le pont du navire de facture impériale reconditionné pour son nouveau propriétaire. Les pilleurs de tombes qui l'occupaient étant devenus depuis longtemps les esclaves de Sargath. Ce dernier se leva en apercevant l'embouchure du fleuve Amaxon, son armure en fer forgée à Ka-Sabar rutilante à la lumière du soleil et son épée vampirique brillant d'une lueur rougeâtre à ses cotés ; il regarda le régiment de gardes squelettes armurés de la même manière que lui mais armés de hallebardes, en formation sur le ponton tandis que ses zombies faisaient les basses besognes.
Il aperçut soudain une forme humaine sur la berge et donna l'ordre à ses zombies de faire arrêter le navire, reconnaissant cette forme comme étant la gardienne de ces lieux. S'ensuivit alors le dialogue suivant :

- Quel est ton nom ?

- Je suis Sargath, héraut des milles lames chef de la garde de Lahmia. Et vous ? Qui êtes vous ?

- Je suis la gardienne du fleuve Amaxon, territoire des amazones. Quelle est ta quête ?

- Je veux trouver une cité dorée et me servir de cette richesse pour redonner à ma civilisation sa splendeur d'antan.

- Jures-tu, sur la foi que tu portes envers tes dieux, de ne causer ni dommage ni outrage au peuple des amazones ?

- Je le jure, mon but n'est nullement de conquérir ou d'attaquer mais seulement d'explorer et de découvrir.

- Alors, va en paix.
Modifié en dernier par Thaelin Grimdale le 23 janv. 2021, 09:42, modifié 3 fois.

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Essen
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Re: [Event RP multijoueur] La Route d'Eldorado

Message par Essen »

Helmut Markus Heldenhame :
De Garde à Maréchal
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     Emmanuelle Von Liebwitz regardait les gouttelettes de pluie s’écraser sur le toit grisâtre des habitations de ses sujets depuis longtemps déjà. Trop longtemps en tout cas. Son regard revint sur son bureau, encore encombré des affaires de Nuln, de ses plus intimes correspondances aux affaires d’état. Dans ce capharnaüm se détachait un papier jaunâtre, qu’un de ses agents avait trouvé dans un quartier particulièrement insalubre il y’a de cela quelques jours. L’encre y avait imprimé une carte qui, selon ses experts, devrait désigner une partie de ce continent inintéressant baptisé Lustrie. Un second parchemin faisait état de ruines et d’un fabuleux trésor.
     Bien évidemment, ce butin intéressait la comtesse. Mais qui, de suffisamment sacrifiable et dévoué à sa cause, bien entendu, aura l’insigne honneur d’accomplir cette basse besogne ? Sûrement pas parmi les nobles, car les richesses découvertes se retourneraient à coup sûr contre elle. Un soldat alors ? Et pourquoi pas le chef du guet de la ville ? Non, trop important. Un de ses plus talentueux lieutenants, dans ce cas ? Oui, l’idée était plus que tentante.

     Konrad Fortz, capitaine du 347ème régiment de la milice de Nuln, attendait patiemment dans l’antichambre où un serviteur avait bien voulu le guider. Mme Von Liebwitz voulait le voir sur-le-champ. Et maintenant c’était lui qui l’attendait. Il ne comprendrait décidément jamais les femmes coquettes des plus hautes sphères de la ville. La porte s’ouvrit enfin tout à fait, et l’officier s’inclina promptement en apercevant sa souveraine.

     « Madame, vous êtes éblouissante aujourd’hui. Que me vaut une audience avec une personne d’aussi haute extraction ?
     - Monsieur le capitaine, avez-vous eu vent des documents venus de Sartosa, et qui contiendraient la carte d’un trésor ?
     - Oui madame, naturellement. » Il était étonné de la franchise inabituelle de la comtesse. « Pourquoi donc m’en parlez-vous ?
     - J’ai besoin d’un homme pour cette mission. En avez-vous un à la hauteur ?
     - Il y’a bien Helmut, mais...
     - Il conviendra.
     - Bien madame. »

     Le soldat salua promptement avant de quitter la pièce, laissant la comtesse seule avec ses intrigues.



     Helmut était en train de chercher son pistolet sous la pluie maussade.
     Son arme avait en effet disparu il ne savait où, et il en avait désespérément besoin. Il entendit le claquement de sabots sur le pavé. En relevant la tête, il aperçut son chef. Au vu de sa mine, il devait avoir un sacré fardeau sur les épaules.

     « Salut chef, quoi de neuf ?
     - Salut Helmut. Je reviens de chez la comtesse. Elle veut t’embarquer dans une sacrée chasse au trésor. Rends-toi présentable et suis-moi. »

     Encore sous le choc, le nulner se remit bien vite et tâcha de se débarrasser de l’humidité ruisselante de ses habits. Il monta ensuite derrière Konrad.
     Une fois arrivé dans la salle aux murs tendus de velours pourpre, il réalisa enfin l’honneur que Madame voulait bien lui accorder. Celle-ci apparut. Les deux gardes rivalisèrent de révérences. Puis elle leur fit signe d’arrêter.

     « Monsieur le capitaine, as-tu parlé à Helmut de sa mission ?
     - Aussi clairement que je l’ai pu, madame.
     - Je te crois. » Elle fit un signe à Helmut. « Et toi, suis-moi. »

     Ils progressèrent dans les couloirs luxueux, jusqu’à arriver dans une vaste salle encombrée de coffres et de mannequins de bois, exposants des armures antiques et brandissant des armes usées par la bravoure de leurs défunts propriétaires.

     « Habillé tel que tu te présentes à moi, tu n’es pas digne de représenter la glorieuse ville de Nuln. Je mets donc à ta disposition ces armures, ainsi que des nobles atours ayant appartenus à d’autres courtisans. »

     Grognant un remerciement, Helmut arpenta la salle, fouilla dans quelques coffres, toisa de belles armures, puis jeta son dévolu sur une épée en acier brillant de la lueur azurée de Sigmar, puis sur une armure brillante ayant appartenu à un certain Frédéric le grand. Il se chargea encore de quelques amulettes de protection quelconques, puis fut guidé par la comtesse dans une autre salle. Celle-ci contenait des malles d’habits. Helmut prit un sac pour contenir les artefacts précieux, puis y engloutit un ensemble de vêtements couleurs aubergine et bordeaux.
Après être rentré chez lui, fait ses bagages et équipé, Helmut se souvint que, plus tard dans la journée, la comtesse avait parlé d’un bateau et d’un régiment l’attendant sur les quais de la ville. Il s’y dirigea donc, bombant le torse dans sa magnifique armure. Une fois arrivé, il remarqua deux hommes. L’un, cuirassé d’acier brillant, attendait près d’un régiment ordonné et tout aussi brillant de piquiers, l’autre en habits de bourgeois aboyant des ordres à des serviteurs affairés autour du bateau. Il trouva une mine plus sympathique au militaire et entreprit d’aller le voir.

     « Bonjour monsieur. Je suis envoyé par la comtesse. Est-ce que ces troupes seront placées sous mon commandement ?
     - Fous affez fu juchte, mein cher ami. » L’accent de cet homme sonnait étrangement ridicule, et Helmut se retint de ne pas rire. « Ch’est donc fous que la comteche a choichi ? Che ne remettra pach en cauche ches déchichions, bien éfidement. Ches hommes ne fous ferons pas défaut, che fous le garantit. Che peux fous en chéder une bonne trentaine d’hommes, mais plus cherait compliqué.
     - Je pense que trente hommes, d’une telle qualité me serviront bien, merci. »

     Le chef de régiment fit signe à ses hommes, et trente d’entre eux montèrent sur le pont du navire. Helmut vit, avec un soulagement non dissimulé, qu’au vu des uniformes, il avait affaire à des troupes régulières de la ville. Il approcha ensuite à contrecœur du bourgeois qui semblait s’occuper du bateau.

     «  Bonjour, je suppose que vous apprêtez ce bateau pour mon expédition, n’est-ce pas ?
     - Oui oui oui, môsieur n’a pas tort. Le bateau sera prêt, oui ! Et il ne vous décevra pas non non non ! La coque est solide, en chêne de la Drakwald ! Et les canons sont faits ici, vous vous en doutiez, hein ? D’étranges hommes en armure de plate noires ont insisté pour embarquer. Du culte de Morr, je vous dis ! Le seul bon dieu, c’est Sigmar ! Mais franchement, ces gens-là, je vous l’assure, il vaut mieux les tolérer que de les avoir sur le dos ! Et encore, là ce n’est que Morr. Mais Ulric, je vous le garantis, il ferait bien de repartir dans la toundra gelée d’où il est sorti ! Enfin bon, le bateau est prêt. Vous monterez, et vous ne serez pas déçu, oh que non ! »

     L’homme s’éclipsa, laissant Helmut abasourdi par un tel flot de parole. Des chevaliers de Morr, avait-il dit ? Bien, ça fera des soldats de plus. Helmut monta sur le pont et fit un signe au timonier.

«  Cap vers le nouveau monde, et que ça saute ! »

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Essen
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Re: [Event RP multijoueur] La Route d'Eldorado

Message par Essen »

Chapitre 2 : Première journée sur l’Amaxon

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     Certains seigneurs mortels fanfaronnent de posséder des forêts sur lesquelles ils règnent en maîtres et chassent avec leurs gens selon leur bon vouloir. Certaines forêts se retrouvent vénérées : un arbre majestueux devient une idole, une charmante clairière devient un lieu de pèlerinage et de prière solennelle. Certaines forêts sont déboisées sans plus de cérémonies : les arbres sont coupés, les souches sont arrachées de la terre, les buissons sont dégagés : bientôt les paysans reviennent pour labourer le champ nouveau.
     Que faire, cependant, lorsque vous vous retrouvez entouré de forêts ? Que faites-vous lorsque, subitement, vous vous rendez compte qu’entre la forêt et le vaste océan, il n’y a plus qu’une misérable bande de sable ?
     En l’occurrence, ce sable aurait vite pu devenir le sable d’une arène. Qui sait, peut-être le deviendra-t-il encore ? Qui sait, ces œufs que cette tortue aura soigneusement dissimulés sur la plage se retrouveront brusquement maculés de sang ? Allons donc, du sang ? Dans un coin aussi éloigné de toute civilisation ? Allons donc, des combats d’arène ?
     Remettons toutes ces bêtises à un autre moment et intéressons-nous plutôt à ces nombreux navires qui, manifestement, n’ont aucune attention de s’attarder près du sable des plages de ce monde mystérieux submergé de végétation. Leurs coques, pour la plupart, ne sont pas faites des essences que l’on pourrait trouver dans ces contrées. Quelques dizaines de paires d’yeux vigilants les voient défiler et tantôt s’étonnent, tantôt se méfient. Quant aux passagers des navires…




     Ixi’ualpa, Guerrière Aigle des Amazones (Gromdal), contre Sargath, le Héraut des Mille Lames (Thaelin)


     Cette étrange embarcation ornée de métaux précieux lui rappelait quelque peu les héritages des anciens.
     À la tête d’une troupe d’élues parmi celles dont elle avait croisé la route, Ixi’ualpa avait décidé de remonter le cours de l’Amaxon sur des pirogues de leur tribu, sous le couvert de l’obscurité, quand l’attention des k’in-k’ikob devait être terrassée par le sommeil et les épreuves du jour. Lorsqu’au petit matin, l’on signala depuis l’arrière qu’une embarcation remontait le fleuve, la guerrière aigle ordonna immédiatement un repli stratégique sur la rive la plus proche. Ixi’ualpa réfléchissait avec la rapidité dont les divinités l’avaient dotées et ses pensées ne lui plaisaient pas : si cette embarcation bravait les eaux de l’Amaxon envers et contre les traitrises du fleuve, c’est que les k’in-k’ikob qu’elle contenait étaient soit fous, soit extrêmement dangereux. Dans tous les cas, elle ne pouvait permettre à une embarcation de croiser sa route impunément. La curée allait devoir commencer plus tôt qu’elle ne l’avait supposé.

     Les pirogues s’approchèrent silencieusement de l’embarcation. Ixi’ualpa rejeta aussitôt ses pensées initiales : le style de construction du navire lui parut convaincant mais il n’avait rien à voir avec l’élégance et la précision des héritages des anciens. Elle donna l’ordre à ses guerrières d’aborder le navire dans la plus grande discrétion : si leurs ennemis ne les avaient pas repérées jusqu’ici, alors une attaque-surprise était toujours leur meilleure stratégie.
     Ce fut à ce moment-là qu’elle capta l’odeur suave de la putréfaction.
     Presque aussitôt, un claquement de langue de son avant-garde avertit le reste de la troupe que quelque chose n’allait pas.
     Lorsque Ixi’ualpa monta à bord, elle réalisa.
     Des cadavres, des squelettes, partout. Le navire devait être maudit : dans un spectacle à faire vomir, les rameurs aux chairs déchirées actionnaient leurs outils dans une cadence trop parfaite. Il fallait prendre une décision et vite ; la guerrière songea fugacement qu’elle aurait bien eu besoin de la présence de la prêtresse kalim à ce moment précis.


     « Bien, est-ce que vous êtes toutes là ? »
     Sargath, aussi immobile que la statue qui surplombait son trône, avait observé avec un amusement grandissant l’abordage qui se voulait discret au possible de ces étranges mortelles sur son navire. Il sentait d’ailleurs une telle vigueur provenir des corps de ces femmes qu’il sentait sa patience mise à rude épreuve. À la fin, il n’y tint plus et les interpella directement, se délectant de la terreur fugace qui visita leurs traits.
     « Il n’y a qu’un seul endroit au monde où je me souviens d’avoir vu des créatures aussi fortes et aussi belles que vous. Restez, je vous en prie. »

     Ixi’ualpa comprit qu’elle faisait face à l’être le plus puissant de toutes les choses qui bougeaient sur le navire. Elle comprit également qu’elle ne savait rien de cet être ; elle décida de prendre sur elle d’agrandir les connaissances de son peuple : « Je vais le combattre. Mes sœurs, surveillez mes arrières, ordonna-t-elle à ses guerrières. »

     Le commandant des Mille Lames fut d’abord enchanté de ne pas voir toutes les mortelles hurler de frayeur avant de bondir par-dessus-bord. Immédiatement après, il fut intrigué par l’une des guerrières se détacher du groupe et avancer directement vers lui, les autres se dispersant par binômes sur le pont du navire. Elles croyaient donc encore que les squelettes qui se tenaient droit comme des piquets ne pouvaient pas bouger, eux. Très bien…
     Au vu de la posture de la guerrière, de sa lance pittoresque pointée dans sa direction et de son bouclier levé haut, Sargath ne se fit point d’illusions sur les intentions de la femme à son égard. Un combat singulier, donc ? Intéressant rituel de bienvenue, sans parler de l’occasion de goûter au sang de la femme sans faire paniquer les autres. Le vampire releva le défi de l’amazone sans l’ombre d’une hésitation. Ses pupilles vampiriques se rétrécirent lorsque, brusquement, la pointe de la lance de la guerrière s’illumina de mille feux.
     Ixi’hualpa bondit, réussissant à surmonter toute la frayeur que suscitait en elle ce navire de la mort et son sinistre capitaine (Ixi’hualpa : tests réussis !) ; son coup d’estoc fut droit et très puissant, mais visiblement trop prévisible pour l’ennemi qui esquiva le coup au dernier moment, n’essuyant qu’une légère blessure (Ixi’hualpa : 3T, 1B, 1 PV !).
     Sargath sentit la pointe incandescente lui effleurer les côtes et rugit à cause de cette douleur inattendue ; furieux désormais contre cette mortelle trop douée à son goût, il l’engagea avec une multitude de coups de taille avec son sabre ; une vive lumière s’interposa brièvement, ralentissant un des coups, la guerrière parant ou esquivant quasiment tous les autres, avant de faire un bond en arrière. Le vampire examina sa lame : elle portait quelques traces de sang encore chaud. Extatique, il rapprocha le liquide fumant ses lèvres et le lécha avec délectation. Ixi’hualpa vit soudain avec horreur, à la lueur des astres nocturnes, que la blessure de l’être guérissait à vue d’œil… (Sargath : 3T, 1T annulée, 2B, 1 invu, 1PV ! Soif rouge réussie, Sargath regagne 1PV !)
     L’amazone comprit alors qu’elle devait absolument consulter les divinités pour affronter cet ennemi (Ixi’hualpa : tests réussis !) ; ce dernier, cependant, la toisa avec un sourire mauvais, avant de bondir droit sur elle et d’enchainer un tel déluge d’attaques que la guerrière ne put que se battre pour sa survie (Ixi’hualpa : 2T, 0B) ; la force de son adversaire était telle que ses mains pourtant entrainées s’étaient mises à trembler à force de parer les coups ; elle protégea ses points vitaux mais subit des lacérations sur ses bras et sur ses cuisses. (Sargath : 3T, 3B, 3 PV !!!) Elle fut encore sur ses pieds lorsque ses élues s’interposèrent immédiatement, obligeant l’être à reculer, deux d’entre elles évacuant leur chef sur les pirogues attachées au navire avec une efficacité déconcertante : Sargath pensa à peine faire appel à ses gardes squelettes que les dernières femmes quittaient le bord de la nef, les pointes de leurs armes fixées sur l’être, avec des regards où la détermination surpassait la peur.
     Par les dieux, se dit le vampire en scrutant son sabre ensanglanté avec satisfaction, qu’elles reviennent seulement, ces mortelles si courageuses ! La prochaine fois, il les garderait à son bord à coup sûr.




     Le capitaine Sarquindi (Ethgri Wyrda) contre le prince Aetholdyr Prestelance (Johannes la Flèche)

     Quelques heures plus tard, les skinks caméléons qui observaient deux autres nefs chacun de leur côté de l’Amaxon eurent brusquement exactement les mêmes secrétions d’alarme lorsqu’il devint clair que la distance entre l’embarcation sombre et l’embarcation claire décroissait de plus en plus rapidement. La sensation était singulière : même parfaitement camouflés parmi les larges feuilles, les lianes et les troncs des arbres, ces éclaireurs au sang froid se mettaient à exsuder cette même sueur qu’ils ressentaient lorsque deux prédateurs particulièrement féroces étaient sur le point de s’affronter sous leurs regards.

     Le capitaine Sarquindi était mort de rire. Il venait de raconter une magnifique blague sur les asurs à son commandant en second et les deux druchiis roulaient sur le pont en se tenant les côtes. Une première salve de flèches, suivie d’une deuxième, puis d’une troisième, avait été plus ou moins contrecarrée par les capes en écailles des corsaires, cependant la blague du capitaine avait dû être tellement hilarante que lui-même et son lieutenant avaient oublié toute précaution ; ce ne fut que lorsque l’une des flèches s’enfonça profondément dans le flanc exposé du lieutenant que son capitaine reprit ses esprits et leva son bouclier au cas où. Tout en essuyant ses yeux embués de rire, il admonesta son lieutenant pour s’être aussi bêtement laissé avoir puis se retourna vers son équipage qui commençait à riposter à grands renforts de carreaux d’arbalètes.
     De son côté, le prince Aetholdyr menait son régiment comme l’aurait fait tout bon général de sa race : avec un flegme et un tranchant irréprochables. Soucieux du moral de ses troupes, il glissait une harangue entre deux ordres lancés à ses soldats, se tenait droit comme un pilier sur son poste de commandement et laissait ses lieutenants le protéger des projectiles adverses avec leurs boucliers. Le prince n’en était pas à sa première escarmouche, loin de là : nombreux avaient été les sinistres esquifs de pillards et d’esclavagistes qu’il avait envoyé par le fond au cours de sa carrière. Cette fois-ci, comme toujours, il n’avait pas droit à l’erreur, l’honneur de son peuple ainsi que sa propre renommée en dépendaient.
     Le Rêve d’Atharti devint bientôt tellement proche du vaisseau-aigle que les elfes pouvaient désormais détailler les faciès de leurs cousins respectifs. Les druchii agrémentèrent leurs tirs de cris de guerre et d’insultes bien senties ; les asurs se préparèrent à venger leurs ancêtres décédés lors de la Déchirure. Puis, ce fut le choc.

     Les deux navires grincèrent sous l’impact mais tinrent bon ; nul n’avait été plus fin que l’autre pour effectuer un éperonnage, aussi les deux coques se heurtèrent quasiment au même endroit, les corsaires bondissant à l’assaut avec une fulgurance renforcée par une tradition de haine envers congénères restés sur Ulthuan. Quant à ses derniers, ils serrèrent leurs boucliers et reçurent la charge des corsaires avec un succès que nulle formation humaine n’aurait pu égaler.
     Le sang coula presque immédiatement. Les cris de rage et les cris de douleur se mélangèrent au tintement de l’acier ; le prince Aetholdyr n’en fit rien, droit comme un pilier sur son poste de commandement, vigilant quant à la moindre traitrise des druchii.
     Un bruit venant de ses arrières le força à se retourner.
     De derrière la dunette du vaisseau-aigle, une forme immense émergea, ses écailles miroitant au soleil, son cri ressemblant à quelque chose d’inhumain, de primal, un borborygme abject ; sur l’une des « têtes » de la créature, un druchii toisait l’état-major des asurs avec un sourire mauvais. « À TAAAAAAAABLE !!! vociféra-t-il joyeusement avant de se jeter sur celui qu’il prit pour le plus important du vaisseau.

     La kharibdyss et son « maître » s’écrasèrent sur la dunette dans un fracas épouvantable.

     La rencontre des deux commandants fut foudroyante.

     En un battement de cil, ils s’étaient croisés en l’air ; Sarquindi comprit trop tard que son adversaire était un expert inégalé dans le maniement de la lance…

     Sa propre lame mordant cruellement dans le flanc du prince (Sarquindi : 4T, 1T annulée, 3T, 2B, 2 PV !!), le capitaine elfe noir sentit une froideur se répandre dans ses membres alors que la lance étincelante de son ennemi le clouait tel un insecte au cou monstrueux de la créature marine (Aetholdyr : 4T, 1T annulée, 3B, 3 PV !!!).

     Aetholdyr extirpa sa lance de l’abdomen du druchii avant que sa propre blessure ne l’en empêchât. Presque immédiatement, dans un tonnerre de mugissements infames et de bois brisé, la kharibdiss releva sa tête avec son maître sanguinolent, elle-même cruellement blessée par la lance ancestrale, et s’immergea brutalement dans les eaux du fleuve.
     Presque immédiatement, voyant l’échec fulgurant de leur stratégie, les corsaires sonnèrent une retraite dans la plus pure tradition des charognards des mers ; l’on fouetta les esclaves pour activer les rames, profitant du désordre causé par les dommages sur l’arrière du vaisseau-aigle ; la blessure du commandant ne fit que faciliter les choses car, pour l’équipage asur, sa survie était une priorité. Quant à leur commandant, les druchii ne faisaient pas comme leurs faibles cousins : un commandant probablement mort était un commandant à remplacer. Quoique, ce ne serait pas la première fois que celui-ci passât pour un mort et revint un peu plus tard pour voir qui parmi ses hommes pensait avoir saisi sa chance.


     Les observateurs silencieux de la jungle comprirent que le plan de leurs maîtres commençait à se réaliser…
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Modifié en dernier par Essen le 14 févr. 2021, 11:42, modifié 1 fois.

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Message par Essen »

     Felbar le Fourbe (Doobloom) contre Corus de la Lorelei (vg11k)

     Felbar se rappelait distraitement d’un très vieux clavecin qu’un pirate avait ramené dans une taverne de Bourbeville et qui en avait fait depuis son gagne-pain. Elle s’en rappelait comme d’un de ces souvenirs particulièrement heureux qui raffermissent l’esprit face à n’importe quelle adversité : le pirate jouait de son instrument lors de toutes les bagarres que la taverne pouvait connaître et avait une habileté incroyable à esquiver les chaises et les cruches qui pouvaient voler dans sa direction : à croire qu’il avait des yeux derrière la tête ! Ce clavecin avait fixé ce pirate sur le rivage, il avait marqué une nouvelle étape dans sa vie d’aventures, désormais vouée à l’ambiance folklorique de la taverne… Bah, bah, sa génitrice l’avait averti des effets de nostalgie que pouvait parfois procurer l’immortalité : pour l’heure, la musique qui baignait son ouïe était le bruissement des vagues et le grincement des planches de son navire.
     La vampiresse fut partagée entre appréhension et joie sincère lorsqu’elle aperçut devant elle, au loin, sur le fleuve, une forme rappelant un autre navire, un autre navire pirate, il fallait le dire. Elle remarqua que le navire abaissa ses voiles, comme souhaitant ralentir son allure et laisser Felbar le rattraper. La capitaine trouva cela louche mais n’en laissa rien paraître : elle donna seulement l’ordre à ses morts-vivants d’apprêter les canons et se tenir prêts à tirer. Quelque temps plus tard, un « Graaa ! » guttural en provenance d’en bas lui signala que les canonniers se tenaient prêts.

     À bord de la Lorelei, le capitaine Molos appréciait pour le moment cette traversée d’eau douce : nul besoin de braver les périls de jungle, les proies faciles semblaient se jeter elles-mêmes dans ses bras, toutes à la recherche de trésors dont lui et ses hommes en feraient un bien meilleur usage que les abrutis d’en-face pouvaient certainement inventer. Oh, le sang qu’ils avaient déjà fait couler était minime : la plupart des équipages finissait par se rendre, cédait leurs provisions et redescendait l’Amaxon la queue entre les jambes ; Molos n’en demandait guère plus, il était pressé d’arriver à son but.
     Jamais loin de lui se tenait Corus, son meilleur élément à bord : il avait un peu la grosse tête à cause de sa puissance carrure mais, dans l’ensemble, le capitaine s’entendait avec lui autant qu’il le fallait à bord d’un navire en territoire hostile. Un combattant hors-pair, celui-là. Pourvu que leur chance à tous continuât de durer…

     Lorsque le navire de Felbar rattrapa la Lorelei, la vampiresse se raidit en voyant l’équipage d’en-face. Loin de la frayeur à laquelle elle s’était habituée depuis son immortalité, elle lisait dans les regards de ces matelots-là une détermination teintée de mépris envers elle et envers ses morts-vivants, comme s’ils avaient une habitude, ou quelque chose de semblable, à en affronter.
Molos se mordit la lèvre et se pinça l’arcade sourcillière : le vieux capitaine voyait qu’aucune provision ne pouvait être tirée de ceux-là.

     « Holà, braves gens de triste vertu ! De quel port venez-vous ? »
     Felbar s’était efforcée d’assembler à la va-vite un salut cordial pour ces loups de mer aux visages de marbre. La rencontre sentait le poisson mais, au-delà d’un possible abordage, la vampiresse voulait au moins connaître l’identité de ces individus, glaner une bribe de nouvelle de son ancienne vie mortelle…
     « Corus ! Le vieux capitaine se tourna vers son atout, la mine renfrognée dans sa longue barbe. Ils sont tous à toi ! Ou te faudra-t-il quelques bras en plus ? Nous n’avons pas tout le temps.
     - Tu me décernes des corvées, maintenant, Molos ?
     - Pardonne ce vieillard ! Soit, allons-y tous ensemble ! À l’assaut ! »

     Les canonniers mort-vivants firent feu de leurs pièces alors que la mêlée générale s’était déclarée en un instant sur le pont du galion-fantôme.
     Felbar envoya promptement ses adversaires par-dessus-bord puis, au milieu de la cohue générale, elle fut prise à part par le colosse prénommé « Corus ».

     Equipé d’une épée et d’une rondache, le grand pirate échangea avec la vampiresse des passes d’armes à une vitesse ahurissante, à tel point que le capitaine Molos, resté en retrait, dut plisser les yeux…
     Brutalement, le duel se figea : l’épée de Corus avait cisaillé l’uniforme vétuste de Felbar et entamé ses chairs, cependant cette dernière tenait désormais sa propre rapière pointée sur la gorge du pirate. (Corus : tests réussis ! 3T, 3B, 1 invu, 2 PV !! Felbar : 3T, 3B, 3 PV !!!)
     Ce fut alors qu’une, puis deux, puis trois, puis plusieurs autres lames furent pointées en direction de la vampiresse. Ses morts-vivants ne valaient guère son poids en termes de puissance de combat. Felbar faillit s’en mordre la langue mais pressa immédiatement son avantage, enfonçant la pointe de sa rapière d’un millimètre dans la gorge de Corus.
     « Pourparlers ? glissa-t-elle sur un ton grinçant.
     - Ecartez-vous, tonna l’ordre ferme de Molos. »
     Les canons s’étaient tus sur l’ordre de la capitaine du vaisseau-fantôme. Cette dernière sentait qu’elle devait jouer serré : tout indiquait que ces marins, qui qu’ils fussent, accordaient beaucoup de valeur à la vie de son otage.
     « Et si nous faisions comme si cette eau douce était assez grande pour tout le monde ? articula Felbar. Vous rentrez sur votre bâtiment, je reste sur le mien… Si je ne reste pas sur le mien, alors lui, par contre, devra y rester ! trancha-t-elle.
     - Mes hommes, à bord de la Lorelei, tout de suite, fit platement Molos tout en se tenant debout sur le bastingage de son navire. Corus, il faudra qu’on s’explique après coup. »
     Les marins se retirèrent les uns après les autres ; Felbar renonça à la folie de les poursuivre d’une bonne insulte : elle ne devait son salut qu’à un heureux hasard et remerciait sa bonne étoile. Lorsque tous ses assaillants eurent évacué le pont, elle négocia qu’ils s’éloignent de son navire. Par chance, le fleuve formait au loin un embranchement, aussi elle négocia également que ses adversaires empruntent le fleuve alors qu’elle emprunterait ce qui devait être un affluent.
     Après mille et une précautions, la vampiresse fit reculer son puissant otage jusqu’au bord de son vaisseau ; pendant tout le long, le marin demeura muet comme une tombe, aussi impassible face à la mort qu’un rocher. Felbar admira intérieurement son sang-froid.
     Puis, elle le laissa plonger avec la vie sauve dans les eaux du fleuve, son propre équipage se relevant lamentablement de la dérouillée qu’ils venaient de se prendre…

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     Fiodor le Non-Mort (Arcanide Valtek) vs Qracl’naui (Hjalmar Oksilden)


     Depuis plusieurs jours, une féroce bataille se jouait sur le vénérable Amaxon, une bataille jamais entendue auparavant en ces lieux reculés, d’une teneur qu’aucune créature locale n’aurait jamais pu imaginer.
     Tout avait commencé lorsqu’à bord du Corbeau centenaire, Fiodor dit « Le Non-Mort », capitaine du vaisseau, avait décelé dans les bruits de la jungle quelque chose qui ne ressemblait aucunement aux bruits d’oiseaux, singes ou autres animaux qu’il aurait pu attribuer à une gueule vivante. Les bruits provenaient de loin : personne d’autre à bord du Corbeau centenaire n’avait une oreille aussi développée que son capitaine, personne d’autre que lui ne décelait ces bruits anodins. Fiodor décelait les vibrations de percussions, percussions dont la nature et les battements variaient d’une période de la journée à une autre, sans doute la marque audible des peuplades indigènes de cette terre inconnue.
     Tout aurait pu aller pour le mieux, seulement, lorsque le vampire reprit avec son équipage les répétitions de solfège qu’il appréciait tant, il réalisa que le voisinage des percussions lui vrillait les tympans et l’empêchait de profiter pleinement des prestations de ses hommes. Pire encore, il perdait le rythme, bousculé mentalement par les pulsations barbares des musiciens sauvages cachés quelque part au fond de la jungle, essayait de reprendre, perdait le rythme à nouveau, ses hommes ne l’avaient encore jamais vu être aussi distrait lors des répétitions. Fiodor, quant à lui, passa de l’étonnement à l’incrédulité et termina son raisonnement sur le fait qu’on lui marchait impunément sur les pieds. Le comble de l’ironie était atteint lorsqu’il dut s’avouer à lui-même que ces battements l’horripilaient non pas à cause de leur volume ou de leur désordre, non : ces battements étaient au contraire harmonieux, voire hypnotisants pour qui savait écouter. Impossible, en revanche, de faire sereinement cohabiter au sein d’un même esprit ces pulsations exotiques et les rythmes traditionnels de l’Empire ou de la Bretonnie.
     Depuis, furieux contre cet accueil envahissant, Fiodor ne sortait presque plus de sa cabine : de jour comme de nuit, alors que les mystérieux rivages de l’Amaxon défilaient tout autour, des entrailles du Corbeau Centenaire surgissaient, comme un défi, comme un bras de fer, les accords et les polyphonies de l’orgue du capitaine.
     Ce fut comme si le Vieux Monde était joué en plein milieu du Nouveau Continent. Sonates de compositeurs connus de Marienburg et d’Altdorf, compositions originales mais non moins altières du vampire, les mélodies s’élevaient à travers les planches noircies du navire, glissaient sur les eaux troubles du fleuve, jusqu’à atteindre la végétation frémissante de la jungle, pénétrant dans les sous-bois plongés dans l’ombre.
     L’équipage du navire ne savait trop quoi penser de cet isolement impromptu mais n’en faisait pas grand cas : lorsqu’il y eut un accrochage avec un galion concurrent de Sartosa, leur capitaine fut à son poste, aussi redoutable et impitoyable que toujours. Le reste du temps, monsieur Flouz ainsi que le contremaître bretonnien du navire s’assuraient des manœuvres quotidiennes.

     La forêt se taisait, souvent. L’Amaxon, lui, véhiculait sa masse aqueuse avec, semblait-il, la même indifférence que toujours. Cependant, le jour où les choses faillirent basculer pour de bon ne tarda guère à arriver.

     Le Corbeau centenaire manqua de basculer, littéralement ; sous le soleil rayonnant et le ciel limpide de midi, les poutres et les planches du navire poussèrent une complainte semblable à l’affolement de l’oiseau noir dont il portait le nom. L’équipage se retrouva subitement assailli d’une masse grouillante de créature trapues recouvertes d’écailles, au faciès monstrueux et aux armes acérées ; dominant créatures comme humains, Qracl’Naui s’engagea dans la mêlée tel un ouragan.

     Le grand reptilien aperçut immédiatement l’être en rouge surgir sur le pont et ses instincts l’avertirent que c’était celui qu’il devait combattre. Alors qu’une résistance commençait à se former parmi les humains pris au dépourvu, le kroxigor franchit sans broncher la courte distance qui le séparait de l’être en rouge.

     Fiodor ne perdit pas une seule seconde à comprendre ce qui se passait et dégaina son sabre ; un coup d’estoc et c’en serait fini… La pointe refusa d’aller plus loin que la cage thoracique de l’immense créature (Fiodor : 4T, 1T annulée, 3T, 1B, 1 PV !). Qui riposta. (Qracl’Naui : 3T, 3B, 1 invu, 2 PV !!)
     Le capitaine faillit se faire catapulter par-dessus-bord, cueilli dans le flanc par un coup de massue monstrueux ; ce fut le bois du bastingage qui craqua mais empêcha le vampire de piquer la tête la première dans le fleuve ; presque aussitôt, un de ses marins hurlant à l’agonie se retrouva sur lui, saignant d’une plaie abominable. Fiodor ne perdit pas de temps à réfléchir et planta ses crocs dans le mourant. (Vampirique réussi : +1 PV !!!)
     Il esquiva au dernier moment la ruade de la créature, misant tout sur la défense (Fiodor : 2T), réalisant subitement que la chose venait de l’attraper par le mollet (Qracl’Naui : 1T, 1B, 1 PV !).
     Fiodor bascula droit vers ce membre épais et planta profondément son sabre dedans (Fiodor : 1T, 1B, 1 PV !), arrachant un hurlement de douleur à son ennemi, qui tenta de manier sa masse avec son autre bras : moins aguerri que le Non-Mort aurait dégusté (Qracl’Naui : 2T, 1B, 1 invu !).
     Le vampire ne parvint cependant pas à extirper sa lame de la chair épaisse du monstre (Fiodor : 1T) et réalisa une seconde trop tard que c’était cette fois-ci avec sa gueule hérissée de crocs que la créature l’attaquait : son cou et son crâne furent subitement happés par le monstre ; le vampire se sentit violemment arraché du sol, sentit ses os craquer et son corps tout entier se faire secouer dans tous les sens telle une poupée de chiffon ! (Qracl’Naui : 1T, 1B, 1 PV !)  
     Il fut projeté aussi soudainement et se fracassa contre les planches de l’escalier qui menait au gaillard d’avant (Fiodor : 3T). Sa vision lui indiquait… que ses hommes continuaient de se battre (Qracl’Naui : 2T, 2B, 2 invus !!).
     Qracl’Naui se tourna immédiatement vers un autre combattant coriace : un être engoncé dans une peau brillante. Beaucoup de skinks morts autour de lui. Ce dernier l’engagea aussitôt, proférant des choses dans sa langue dont le kroxigor se fichait éperdument. Puis, il distingua dans le bruit incessant de la mêlée un signal qui ne lui était que trop familier : les invectives furieuses de Tixyxyon. Profitant de la lenteur de la chose qu’il affrontait, Qracl’Naui évalua ses alentours et ressentit de la fureur et de l’incrédulité en apercevant l’être en rouge se battre comme si de rien n’était et renverser totalement la situation en la faveur des siens : les skinks fuyaient désormais. D’ailleurs, l’être en rouge reçut quelque chose de scintillant ; le kroxigor distingua un « Merci monsieur Flouz ! » indéchiffrable et vit l’objet scintillant lancé vers lui pour atterrir à ses pieds.
     La mèche se consuma aussitôt (Fiodor : 4T, 1B, 1 PV !!!).

     Lorsque Qracl’Naui retrouva conscience, il était quelque part à nouveau sous les frondaisons épaisses. Les skinks avaient veillé sur son sommeil.

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     Von Essen (Essen) vs Helmut Markus Heldenhame (Vytrium)

     « Dites, vous ne trouvez qu’il fait un peu frisquet pour ce qu’on avait jusqu’à présent ?
     - Chi fait, mein cher ami, mais ch’est plutôt une bonne nouvelle, ja ?
     - Vous savez, dans notre métier on apprend parfois à se méfier des bonnes nouvelles… »
     Celui qui s’exprima avec autant de sagesse était nul autre que Helmut Markus Heldenhame, envoyé officiel de la comtesse Emmanuelle von Liebwitz dans les contrées sauvages et inhospitalières de la Lustrie. Officier-lieutenant du 347ème régiment de la milice de Nuln, l’homme avait reçu l’insigne honneur de sa classe dirigeante d’être nommé responsable-en-chef d’une périlleuse mission pour la gloire du Wissenland et de la dynastie von Liebwitz. Si ses camarades de régiment pouvaient le voir, à présent, sur le pont d’un navire, flanqué d’un sous-lieutenant de la milice et d’un doyen des chevaliers du Corbeau…
     « Commandant Heldenhame, regardez.
     - Qu’est-ce que…
     - De la sorcellerie, mein Herr. Le Gardien des Trépassés nous ait en sa sainte garde. »
     Le ciel se couvrait. A bord du navire affectueusement baptisé « Emmanuelle », un des marins éternua. Le vent qui s’était levé n’avait rien des courants chauds et humides qui gonflaient habituellement les voiles. Les eaux vertes de l’Amaxon empruntèrent subitement une teinte métallique aux nuages qui les surplombaient désormais.
     « De la sorcellerie, Herr Ritter ? Soldats !! Tous à vos postes !
     - De la chorchellerie, fous croyez ?
     - Mes os vous le garantissent, offizier. »
     Helmut vit alors son sous-lieutenant les saluer et s’en aller d’un bon pas afin de passer les hommes en revue. Il le savait courageux, simplement il était comme beaucoup de siens : particulièrement allergique à ce qui ne pouvait être proprement abattu d’un tir d’arquebuse. Inspecter la bonne conduite des troupes et s’affairer à instaurer la discipline en devenait alors le meilleur moyen de se préserver de frayeurs inutiles tout en se préparant à l’inévitable. En revanche, lorsqu’il commença, contre toute attente, à neiger à gros flocons, Heldenhame lui-même préféra demander :
     « Herr Ritter, s’il y a quoi que ce soit que vous puissiez me dire à propos de ce curieux phénomène, dites-le maintenant, je préfère.
     - Mes hommes sont parés à toute éventualité, commandant Heldenhame. Les vôtres aussi, je crois. Le reste est du ressort des dieux, et je prie que Mórr soit clément envers nous aujourd’hui. »
     Helmut scruta le vieux chevalier puis s’en détourna, comprenant qu’il n’en tirerait rien de plus : il venait d’ailleurs d’avoir été plus bavard au cours de ces quelques minutes qu’au cours de tout le reste de leur traversée, c’est dire ! Le commandant regretta une fois de plus d’avoir laissé son pistolet à Nuln : celui qui lui avait été confié à bord avait, disons, moins été éprouvé que le sien. Entretemps, le phénomène de « sorcellerie » prenait de l’ampleur : presque tous, à l’exception notable de quelques chevaliers de Morr, grelottaient désormais à bord de l’Emmanuelle, qui n’avançait presque plus : on aurait dit que les eaux du fleuve avaient été muées en plomb. La neige qui tombait se mua peu à peu en une masse tourmentée par le vent, réduisant la visibilité en tous sens et s’introduisant dans les moindres replis des vêtements. Puis, alors que les yeux des marins ne savaient plus où regarder et que les cris du sous-officier bravaient à présent la bourrasque, Helmut aperçut à tribord quelque chose qui se mouvait sur le fleuve, un navire, bien moins gros que le leur…

     Subitement, le vent se tut. À tribord, un navire à la proue élancée, une voile unique ; à son bord, des individus solidement bâtis, barbus et armés jusqu’aux dents : haches et boucliers ronds, reconnaissables entre tous.

     « LEEEEEEEEEEEEEEERRROOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOYYYYY !!! »

     Une bonne douzaine de crochets d’abordages se rivèrent au bastingage de l’Emmanuelle ; à son bord, cependant, une ligne d’hallebardiers se forma, l’autre derrière et la troisième - derrière encore. Quelques coups de feu retentirent ; il était malheureusement un peu tard pour charger les canons. Les guerriers nordiques franchirent la distance entre les deux navires avec une agilité qui faisait foi de leur soif d’en découdre. Helmut estima qu’ils ne pouvaient être aussi nombreux que son régiment mais il avait suffisamment entendu parler des prouesses martiales de ces guerriers pour croire à une victoire facile. Le doyen le somma de rester en retrait, ce à quoi Helmut consentit de mauvaise grâce : il avait bien plus l’habitude d’être dans le feu de l’action que dans la supervision.

     Pendant quelques secondes, il se crut effectivement dans ce rôle si déplaisant de l’officier haut-gradé que les troupiers n’hésitaient pas à qualifier de couard. Lorsque quelque chose atterrit sur le gaillard d’avant à quelques pas de lui, il comprit le combat venait le chercher tout seul. Heldenhame dégaina son pistolet et tira.
     Le mécanisme cliqua : l’arme n’était pas chargée. Son maître lui accordait décidément moins d’attention qu’au précieux objet laissé à des milliers de nœuds marins, là-bas, à Nuln. La chose qui venait d’atterrir se redressa : Helmut distingua un individu recouvert tout entier d’un épais manteau de fourrure, coiffé d’un chapeau de fourrure également. A la différence de tous les autres assaillants, celui-là était imberbe et nettement moins massif.
     « Guten tag, noble wissenlander ! »
     Le reikspiel de cet inconnu résonna telle une insulte à l’oreille d’Helmut. Nullement disposé à échanger des politesses avec l’ennemi, il dégaina son épée. L’individu rejeta son manteau en arrière : des habits de brocart rouge et noir, dans un style impérial quelque peu désuet ; à sa ceinture, une épée et une dague.
     Helmut chargea l’individu avec toutes les intentions de lui fendre le crâne ; ce dernier répliqua presque la manœuvre, armant un coup d’estoc ; les deux combattants se croisèrent dans un bruit de crissement métallique : le cœur de l’impérial fut protégé par son armure, la tête de l’individu… intangible ? Helmut avait pourtant eu la conviction visuelle d’être passé au travers ! (Von Essen : 3T, 1B, 1 svg ; Helmut : tests réussis ! 3T, 1B, 1 invu !)
L’individu chargea à son tour ; au dernier moment, Helmut crut que ses yeux lui jouaient des tours : il y en avait deux à présent ?! (Helmut : tests ratés !) Il se défendit comme un beau diable, sentant une fois de plus l’héritage de Frédéric le Grand lui sauver la peau ; au terme de l’échange, il aperçut du noir sur le tranchant de son épée. (Von Essen : 4T, 1B, 1 svg ; Helmut : 3T, 1B, 1 PV !)
     Von Essen jura intérieurement : la peste soit des soldats de métier ! Alors que ses maraudeurs faisaient leur affaire en contrebas contre des recrues protégées par du cuir bouilli, lui se retrouvait face à la fine fleur de l’Empire ! Par Nagash, la peste soit des armures !! (Von Essen : 4T, 3B, 3 svg ! Helmut : tests réussis ! 2T, 1B, 1 PV !)
     Helmut vit son adversaire se figer telle une statue, puis se retourner dans un mouvement tellement fluide que l’impérial n’y comprit rien : une des amulettes qu’il eut empruntée à la comtesse vibra contre sa poitrine ; la dague qui fut à un cheveu de se ficher dans sa gorge rebondit sur celle-ci dans un bruit sec. (Von Essen : 4T, 3B, 2 svg, 1 blessure ignorée !) Von Essen sentit son moral vaciller ; il opposa la meilleure défense qu’il pût à la charge de l’impérial galvanisé (« Pour Sigmaaar !!! »), reculant à chaque botte adverse, atteignant rapidement le bastingage, esquivant pour récupérer son manteau de fourrure, se faisant cueillir d’un solide coup de taille qui l’envoya à terre. (Helmut : tests réussis ! 3T, 1B, 1 PV !!!)
     Le coup de grâce de Helmut fut évité par un Von Essen qui, en quelques secondes, fit poussière les planches du gaillard d’avant sur lesquelles il se trouvait, tombant lourdement à l’étage en dessous. Le vampire s’empressa alors de trouver la sortie et fut presque pétrifié par l’odeur cuivrée du sang qui régnait sur le pont : les derniers maraudeurs de son drakkar se battaient comme s’ils venaient de débuter… Le chroniqueur prononça les mots incantatoires : le vent se remit à souffler comme sur les mers gelées de la Norsca. C’était le signal de la retraite. Une autre incantation releva les corps encore tièdes de maraudeurs et de soldats tombés précédemment : les hallebardiers durent faire face à cette nouvelle menace et ne purent que constater le départ précipité des chaotiques survivants. Helmut, qui avait bondi dans le trou à la poursuite de son ennemi, fut à son tour forcé de trancher dans des corps gorgés de magie noire, et crut entendre dans le blizzard qui s’amplifiait des malédictions prononcées à son égard…




     Phy’lis (Prestenent) vs Alicia de Meissen (Alicia)

     L’imagination est une corne d’abondance dont les contenus sont souvent déterminés par la hardiesse de l’individu qui en est doté. Ainsi un poltron imaginera souvent des dangers fictifs, alors qu’au héros s’ouvriront des solutions imaginables à tout danger bien réel. Phy’lis, cependant, n’était ni un héros, ni un poltron. Reconnu capitaine à bord du reaver, Phy’lis était avant tout un survivant.
     Il reconnut immédiatement la jungle pour ce qu’elle était réellement : un paradis perdu. Tout ici respirait à la fois la vie et la mort, l’odeur des fleurs et celle de la putrescence, tout était chaos et harmonie à la fois. Les rares moments où les insectes cessaient de l’inquiéter, Phy’lis souriant à la vision qui s’offrait à lui : un monde vierge de toute corruption, ou plutôt un monde vierge de toute hypocrisie, de toute pitoyable imploration de pitié. S’ils n’avaient pas eu ce bénéfice d’emprunter cette vaste voie fluviale, Phy’lis en était certain, son équipage et lui-même seraient probablement déjà tous morts…

     Quelque part non loin, là où tout était chaos et harmonie à la fois, là où les insectes eux-mêmes ne se privaient pas de vous dévorer à condition d’être en nombre suffisant, une colonne d’humains progressait vigoureusement le long du fleuve, ignorant tout des pensées secrète du capitaine du navire qu’ils voyaient au loin mais solidement déterminés à s’emparer dudit navire à la moindre occasion. À leur tête se trouvait une inquisitrice à la discipline de fer et au caractère bien trempé, Alicia de Meissen. Nulle créature aux alentours n’avait suffisamment de conscience pour réaliser toutes les prouesses que l’expédition impériale réalisait au quotidien dans cette jungle, ses membres guidés par… beaucoup de choses. Rêves de gloire, de richesses, devoir, honneur, dévouement à la cause, foi aveugle en une hypothétique protection divine, résignation, espoir, frayeur… Une chose était certaine : celle qui guidait ces soldats en tranchant la végétation à grands coups de dague (utile aussi pour trancher les serpents qu’elle croisait) inspirait suffisamment de crainte et de respect en même temps pour prévenir toute velléités de mutinerie. Des morts, des désertions… Enfin, pour ces dernières, dans cet enfer, c’était tout comme la mort… Alicia, quant à elle, était déterminée à mener cette expédition aussi loin qu’elle le pourrait : il fallait rapporter quelque chose, n’importe quoi, qui donnât un sens à toutes ces privations et qui glorifie l’Empire pour des décennies à venir.
     Au crépuscule, le navire noir entama une approche prudente de la côte. Par hasard, c’était celle où l’expédition de feu le Feldmarshall Hoffenbach les attendait, soldats comme supérieurs tapis dans la végétation du mieux qu’ils le pouvaient. Leur odeur, en revanche, ils ne s’en inquiétaient pas : l’odeur de la jungle les poursuivrait toute leur vie…

     Phy’lis atterrit lestement sur le terrain sablonneux qui précédait le mur végétal lustrien ; il inspira à pleins poumons ces humeurs d’humidité et d’humus. Theyclos le corsaire, également navigateur de l’équipage druchii, le vit se figer pendant un quart de seconde de trop, à ce qui lui sembla, mais il se garda bien d’en faire la remarque.
     « Theyclos ? Fais signe aux hommes de se tenir aux aguets, discrètement.
     - Aux aguets ? Discrètement ? Plus que d’habitude ? – le corsaire ne pouvait s’empêcher de faire étalage de son esprit face à celui qui ne s’en privait pas à longueur de journée.
     - Fais-le. Maintenant. »
     Le corsaire obtempéra avec un frisson. Phy’lis, quant à lui, huma l’air une deuxième fois afin de confirmer ses soupçons. Toutes ces effluves… Il ne devait qu’à son passé parmi les ombres cette capacité de déceler ainsi les nuances d’une odeur qui trahirait quelque chose de… civilisé… dans les parages.

     À peine quelques cent coudées plus loin, tapie contre le tronc d’un arbre, Alicia plissa le regard : la nuit tombait, il fallait soit agir vite, soit attendre que les agneaux allument leurs feux et s’installent à leur aise. Ses hommes attendaient son signal. L’inquisitrice opta pour l’attente : ils avaient dû se démener à poursuivre ce navire au pas de course, tout le monde devait avoir les jambes en feu.
     Puis, un anaconda jugea opportun de prendre par derrière le botaniste du collège ducal de Talabheim, seul civil de l’expédition, qui poussa un cri de terreur.
     Merde.
     « POUR L’EMPIRE !!! »
     Le serpent fut exécuté d’un tir de pistolet bien ajusté, presque invisible à tous les soldats qui n’avaient compris qu’une chose : ils attaquaient maintenant. « Avant que l’ennemi ne comprenne à quel point nous sommes tous épuisés, glissa furtivement dans l’esprit de l’inquisitrice. »

     Les elfes noirs de Phy’lis, cependant, étaient loin d’être au sommet de leur forme physique et mentale : le climat, les insectes et la malnutrition d’une expédition modestement préparée étaient là pour s’en assurer…
     « Khaïne nous sourit, druchii ! S’ils n’ont plus rien à manger, alors nous mangerons leurs cœurs !!! »
     La harangue de leur commandant les raffermit et les guerriers de l’équipage formèrent une ligne de fortune ; en face, ils apercevaient la masse informe d’impériaux s’extirper de la jungle telle une meute de chiens sauvages. Il ne fallut que quelques secondes pour que la mêlée s’engageât.

     L’humaine la plus importante du lot était inratable, c’était celle qui criait le plus d’invectives à l’adresse de ses troupes et déviait toutes les attaques de ses guerriers avec le plus d’aisance, non, de précision, pensa Phy’lis. S’il pouvait l’éliminer rapidement…
     Il se faufila parmi les rangs désorganisés des druchii, droit vers sa cible, dague effilée au clair.
     L’inquisitrice bien trop aguerrie n’aperçut que trop facilement cet… adolescent ?!
     Cette hésitation faillit lui coûter la vie, elle vit la dague dans sa main, comprit qu’elle n’aurait guère le temps d’esquiver ; sa dague à elle, cependant, était tout aussi proche…
     L’acier s’enfonça, indifférent quant à la main qui le maniait et aux chairs qu’il malmenait. Ce fut cependant Phy’lis qui sentit la lumière quitter sa vision, alors qu’Alicia resta debout, cruellement blessée au flanc. (Phylis : 4T, 2B, 2 PV !! Alicia : 3T, 3B, 3 PV !!!)

     Phy’lis se réveilla alors qu’il faisait nuit noire, il se sentait délirant et fut prêt à croire qu’Ereth Kial lui avait ouvert les portes de son royaume. Le visage mauvais de Theyclos en plein milieu lui fit réaliser que l’enfer devait certainement être plus doux que cela.
     Ils avaient perdu le reaver.
     La troisième chose que l’elfe noir constata, par ailleurs, c’était la présence d’une personne qu’il ne s’attendait absolument pas à rencontrer de nouveau.
     Ignea, la Gardienne de l’Amaxon, se tenait agenouillée à quelques pas de lui, flanquée de deux guerrières amazones arborant des pelages de jaguars. Elle ne souriait pas.


Yelmerion d’Yvresse passe automatiquement la première journée !

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Intermèdes I






LA VISION DE LA BOULE DE CRISTAL (LIEN)

     La vision s’éteignit. La boule de cristal redevint peu à peu opaque et se reposa à terre. Il faisait nuit : aussitôt la boule s’était tue, les bruits de la jungle environnante dominaient de nouveau. Cela n’empêcha pas le groupe qui s’était réuni autour de la boule de cristal d’échanger quelques cris admiratifs et autres commentaires gaillards. Le chroniqueur, lui s’était aussitôt éloigné vers la rive du fleuve : il était pressé de pratiquer à nouveau son pouvoir… originel.
     Le chroniqueur autoproclamé des von Carstein n’était guère une masse de muscles, on l’aurait dit même chétif. Cela sautait particulièrement aux yeux maintenant qu’il se trouvait dans cette compagnie d’explorateurs norses aux carrures qui lui rappelaient quelque peu les ogres. Ses cheveux droits et fins encadraient un visage imberbe, parfait opposé des crinières hirsutes de ses compagnons. Ses mains étaient celles d’un moine copiste, loin des pattes de tigre des guerriers qui l’accompagnaient. Ses vêtements, enfin, correspondaient au costume d’un aristocrate sylvanien que pour l’heure, cependant, il dissimulait sous un épais manteau en fourrure d’ours.
     Accroupi à quelques pouces seulement des eaux de l’Amaxon, Von Essen rapprocha les paumes de ses mains de la surface et se concentra. En quelques secondes, nimbée d’un halo vaporeux, une fine couche de glace se forma à la surface des flots. De l’épaisseur d’un ongle, aussi large qu’une assiette, elle se mit aussitôt à fondre dès que le vampire éloigna ses mains. Il venait d’entendre l’approche de ses camarades de voyage.
     « Alors, qu’est-ce que vous en dites ? – entama-t-il la conversation.
     - C’était vot’ mère, face au buveur de sang, ou… ? »
     Le regard éberlué dont le gratifia le chroniqueur suffit à assurer le nordique qu’il se fourvoyait complètement. C’était pourtant une conclusion qui s’invitait facilement : le pouvoir sur la glace n’était pas si courant que cela et pouvait très bien s’avérer héréditaire. Des choses bien plus folles se voyaient, après tout.
     - Non, non et non, Haakonson, la tsarina Katarin et votre humble serviteur n’ont en commun que… euh… une ascendance similaire, j’aurais du mal à vous le dire autrement.
     - Vot’ sœur alors ?
     - Mais non !
     - Vot’ cousine ?
     - Par Nagash et les neuf boyars, non ! Haakonson, je ne suis pas de sang royal, bon sang !
     - Ah bon ?
     - Mais enfin, oui, enfin c’est évident, ça saute aux yeux, non ?
     - Ben… Disons que les gars et moi, on aurait plutôt tendance à dire le contraire.
     - Eh bien, déjà, au Kislev, le pouvoir de la glace n’est confié qu’aux femmes, traditionnellement, hein, est-ce que ça, au moins, ça vous paraît clair ?
     - Attendez, ça fait de vous une femme alors ! »
     Un coup de poing redoutable en plein ventre manqua de plier le nordique en deux, cependant ce dernier se permit un accès d’hilarité alors même qu’il avait le souffle coupé. Le vampire qui lui faisait face leva les yeux au ciel, comprenait que pour cette dernière remarque, le nordique n’était pas sérieux. Dans son esprit, cependant, défilaient de lointains souvenirs qu’il pensait à jamais effacés de sa mémoire : des soirées interminables, alors que l’hiver battait son plein dans cette province impériale reculée qu’était l’Ostermark… Des soirées d’entrainement.
     « Pas mal… se redressa finalement Haakonson. Pour un kislevite.
     - Peuh, mon origine n’y est pour rien, Haakonson. Ma consommation immodérée de Khorne Flakes, elle, y est pour quelque chose.
     - Mais, finalement, vous préférez qu’on vous appelle comment, « Von Essen » ou « Nessenov » ?
     - Vous venez d’avoir une vision d’une bataille entre kislevites et créatures chaotiques et les premières questions qui vous viennent en tête, à vous et à vos gars, c’est mon hypothétique lien de parenté avec la sorcière de glace la plus puissante du Vieux Monde et la bonne prononciation de mon nom ?
     - Attends, vampire, attends : n’est-ce pas pour cela que tu nous as montré cette vision, aux gars et à moi-même, pour que nous ayons une meilleure idée de qui tu es ?
     - Malin, Haakonson, très perspicace. Cependant, il n’y a pas que ça : je tenais aussi à vous impressionner… »
     Le chroniqueur eut de nouveau pour réponse un éclat de rire tonitruant de la part de Haakonson. Les autres nordiques, qui suivaient de près leur conversation sans comprendre un seul mot de ce qui se disait (Haakonson connaissait le reikspiel), observèrent leur compatriote avec une curiosité mêlée d’envie. Ce dernier, cependant, leur lança aussitôt quelques mots en norse et, alors, l’hilarité fut générale. Von Essen quant à lui, ne s’en offusqua point : il comprenait à quel point son intention avait été incommensurablement osée et ridicule.
     « Par Korn et par Tor ! Nessenov !
     - Ça va, ça va, n’en rajoute pas Haakonson, tu veux ?
     - Ah ! Ah ! Mais comment ?! Tant de violence, tant de frayeur, tant de monstruosité ! Mon âme nordique s’en va de mon corps et va rejoindre mes ancêtres ! Ce monde est bien trop brutal pour nos pauvres petits cœurs norses !
     - Ça va, Haakonson, il m’arrive de faire erreur, là, ça suffit, hé ho ! »
     Le fou-rire collectif s’apaisa peu à peu, quelques guerriers décidant de revenir vers le drakkar hissé sur la plage afin d’y piquer un somme avant le lever du jour. Restèrent le chroniqueur, Haakonson et deux autres guerriers un peu curieux.
     « Si c’est la valeur de ton peuple que tu voulais non montrer, nous la connaissons, vampire écervelé, nous la connaissons peut-être même mieux que toi, pour le moment.
     - Va, va, Haakonson, nous avons tous nos moments d’égarement.
     - Tu vas y revenir ?
     - Au Pays de l’Hiver ? Oui.
     - C’est bien. N’oublie pas de nous écrire quand tu y seras.
     - Très drôle, Haakonson, tu es vraiment en forme, ce soir !
     - Les discussions culturelles, ça me met toujours d’attaque, Nessenov.
     - Par Sig… truc, ce voyage ne fait que commencer, nous allons avoir le temps de discuter.
     - C’est vrai.
     - Va dormir, Haakonson. J’ai moi-même besoin de solitude pour mon repos.
     - Quelle froideur. Digne d'un vrai kislevite…


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Modifié en dernier par Essen le 05 févr. 2021, 20:00, modifié 1 fois.

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     Le regard du skink ne tressaillait pas d’un millimètre. En son for intérieur, Fiodor était admiratif de ces créatures si chétives et qui pourtant affichaient un courage à toute épreuve. Un léger sourire déforma son visage d’habitude aussi sévère qu’un dévot de Véréna, dévoilant ses canines légèrement proéminentes. Du courage, il en fallait pour ne pas se confondre en hurlements dans leur situation. Ces pauvres écailleux étaient en effet pieds et poings liés, attachés la tête en bas au mat principal du « Corbeau Centenaire » comme autant de taches bleutées sur fond noir.

     Le bateau de Fiodor continuait de fendre les flots du fleuve Amaxon, dont l’eau profonde permettait encore de naviguer avec un navire de mer. Et pour une fois, le pont était totalement silencieux. Les seuls bruits étaient le claquement de la voile, et les pas des marins qui allaient et venaient. Mais ils le faisaient sans ouvrir la bouche, trop conscients du danger.

     Marcel de Parravon s’en moquait bien, lui.

     « Alors capitaine, que voulez-vous qu’on fasse de ces bestioles ? On pourrait les garder comme autant de fruits trop mûrs, qu’en pensez-vous ? Ça amuserait l’équipage. »

     La voix d’outre-tombe du revenant laissait légèrement transparaître son amusement devant la situation. Les bras croisés, un sourire perpétuel figé sur son crâne, il considérait l’un des prisonniers avec intensité.

     Fiodor ne lui répondit pas, s’adressant à la place à l’un des autres skinks parmi la douzaine qui n’avait pu s’enfuir après l’attaque de la nuit précédente.

     « Voyez, pitoyables lézards, je me doute que vous ne comprenez pas un traître mot de ce que je raconte. Mais je m’en moque. Vous avez commis le plus grand des sacrilèges. »

     Tout en parlant, il se saisit de la tête du skink, qui émit un ‘gloc’ surpris.

     « Que vous attaquiez mon bâtiment, passe encore. Que votre énorme crocodile bipède me ballote dans tous les sens, ça je vous l’aurais pardonné. »

     Fiodor plongea alors son regard de braise dans celui, toujours fixe, du skink encore tenu dans sa poigne de fer.

     « Mais vous n’auriez jamais, jamais dû interférer avec mes concertos. J’ai passé des décennies à les écrire, vous entendez ? Des décennies ! »

     L’espace d’une seconde, ce hurlement révéla une partie de sa nature vampirique, sa bouche s’étant transformée en gueule béante garnie de crocs avant de reprendre sa forme d’avant. Le cœur du skink battait à tout rompre, malgré sa nature de créature à sang froid, faisant un bruit qui, aux oreilles du vampire, valait pour l’heure tout l’or du monde. Il haïssait ces créatures, mais il ne pouvait se résoudre à les tuer simplement. Ce serait trop clément. Alors, reculant de quelques pas, le visage éclairé par les rayons du soleil tropical, il s’exclama :

     « Maître d’équipage, faites préparer une arène avec des caisses sur le pont. Et faites rassembler les armes de ces sacs-à-mains ambulants. Et au trot ! »

     Le revenant ne se le fit pas dire deux fois.

     « Vous avez entendu, bande de limasses à deux pistoles ? Je veux une arène sur ce pont dans les deux minutes, et que ça saute ! Les trainards seront pendus avec les lézards. Ça rime, mais n’allez pas croire que je plaisante ! »

     Alors que l’équipage se mettait en branle sous les vociférations de Marcel de Parravon, monsieur Flouz s’approcha de Fiodor, qui dévisageait encore le skink désormais légèrement plus pâle.

     « Qu’avez-vous en tête, capitaine ?

     - Je pense qu’il est temps que les indigènes locaux soient mis au courant de la façon dont on se comporte en société. Et je doute que leur envoyer les cadavres décapités de leurs congénères soit un message suffisant. Alors je me suis dit que je pouvais…m’amuser un peu à leurs dépens. Ils me le doivent bien. »

     Après cette réponse énigmatique, Fiodor ajouta les mots suivants :

     « Flouz, va chercher l’extrait de bonnets de fou. »

     Le second acquiesça et partit, laissant le vampire qui s’était muré dans le silence tandis que ses hommes mettaient en place des caisses remplies d’objets divers et variés pour former une petite enceinte carrée haute de deux mètres sur le pont. Alors, sous les ordres de Fiodor, deux des skinks furent détachés et forcés à boire quelques gorgées d’une bouteille au contenu verdâtre et puant. Puis, ils furent balancés à l’intérieur de l’enceinte, et un filet fut rapidement tendu au-dessus, les empêchant de s’échapper.

     Les skinks se relevèrent piteusement, massant leurs poignets et leurs crânes en poussant quelques gémissements pathétiques. Ils étaient épuisés, et terrifiés, avec un sale goût sur la langue. Alors qu’ils se redressaient péniblement, une chute d’objet à côté d’eux les surprit.

     Fiodor venait de lancer leurs armes dans l’enceinte. Une dizaine de massues, de lances et de javelots se trouvait là, devant eux.

     « Bien » commença le vampire, debout sur l’une des caisses, un sourire sardonique désormais vissé sur son visage. « Vous allez vous battre à mort désormais. Le dernier aura le droit de survivre, et vos corps seront largués par-dessus bord. Ainsi, » s’écria-t-il en s’adressant à la forêt de la rive la plus proche, « ainsi vos congénères sauront qu’on n’attaque pas un pirate impunément ! »

     Les deux skinks se regardèrent sans comprendre. Et sans la moindre intention visible de se battre. Un silence passa.

     « Oui, je me doutais que vous ne voudriez pas obtempérer » reprit Fiodor d’une voix faussement douce. « Mais, voyez-vous, ça ne fait rien. Après avoir bu de l’extrait de champignon bonnet de fou, d’ici quelques secondes vous n’aurez plus qu’une seule envie : massacrer, tuer, écharper, éviscérer tous ceux qui passent à votre portée. Un peu comme moi à présent, mais je me contrôle. Alors voyons combien de temps vous tenez. »

     L’expérience fut de courte durée. En un instant, les deux skinks furent pris de violents tremblements, leurs yeux auparavant si fixes roulant désormais avec violence dans leurs orbites. Poussant un concert de cris, ils se jetèrent l’un sur l’autre en un pugilat acclamé par les marins regroupés autour qui poussaient des encouragements tonitruants. Fiodor regardait en silence, tout sourire ayant déserté sa face.

     En une heure, tout fut fini. Les corps des skinks flottaient sur l’eau, dérivant avec le courant, leurs cadavres percés de multiples blessures, et leurs yeux injectés de sang. C’est totalement épuisé et drogué que le dernier fut ‘relâché’ – ou plutôt expédié sur la rive par vol plané. Alors, raffermissant sa prise sur sa massue et levant son regard désormais fou, il s’engouffra dans la jungle avec l’intention de tuer. Et de tuer encore.



* * *



     Sargath jubilait après son écrasante victoire face aux amazones. Il était même un peu déçu qu’elles n’eussent pas opposé plus de résistance car leur sang était exquis ; il envisageait de rester encore un peu en Lustrie afin d’enfermer ces nectars tropicaux dans des bouteilles avant de rebâtir Lahmia avec le trésor.
     Les réjouissances passées, il fit trois grands rituels en hommage à Asaph, déesse de la beauté et de la magie. Le premier rituel fut une simple prière pour la remercier de cette victoire mais dès que ce rituel fût achevé, il se rendit dans sa cabine, dont les tables et armoires étaient encombrées de tous les documents utiles qu’il avait pu trouver, et prit des outils de sculpture ainsi que l’ancien capitaine du navire, qu’il a gardé en vie car il avait besoin de s’approvisionner en sang frais pour ses rituels et entretenir sa puissance. Celui-ci gémit et tenta de se retenir par la porte mais la force du vampire était trop grande : il fut inexorablement trainé sans merci jusqu’à la cale où l’attendaient des statues d’imposants guerriers aux cimeterres d’émeraude, à la peau de marbre noir et dont la tête était celle d’un cobra et le pagne - un enchevêtrement de serpents, tous deux délicatement taillés dans de l’or.
     Il traça des hiéroglyphes en ancien néhekaréen, trouvés dans des ouvrages de la main des grands hiérophantes de Lahmia qui s’en servaient pour animer pareilles constructions afin d’aider leurs prêtres-rois dans les guerres, sur leur peau noir mat avec un ciseau. Puis, il entailla la paume de son captif et remplit ces runes de pouvoir avec. Il lécha ensuite méticuleusement son épée puis la rengaina. Grâce à ce rituel, les âmes de ses plus fidèles guerriers iront s’incarner dans ces statues pour devenir des ushabtis quand leur corps deviendra inutilisable.
     Il lui restait encore une dernière incantation à faire, la plus difficile en termes de magie et donc celle où il allait avoir le plus besoin de la bénédiction d’Asaph. Il usa encore une fois le sang de sa victime pour tracer un pentacle sur le sol en forme d’ouroboros et, d’un coup de pied, força l’ancien capitaine à s’agenouiller dans le cercle. Il psalmodia ensuite l’incantation rituelle et, tandis que sa déesse lui révélait les vents de magie usés par les occupants de la jungle, lui permettant ainsi de détecter tous les mages pouvant contrecarrer sa volonté, l’offrande humaine se dissolvait en une brume bleutée qui fut dispersée tel un serpent azur rampant dans l’air lourd chargé des odeurs riches de la jungle.
     Les rituels étaient achevés, Sargath était prêt à affronter de nouveaux ennemis et à gouter leur sang.

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     Tout en hachant menu les derniers non-morts avec les chevaliers exaltés de Morr, Helmut regardait le navire des disciples de khorne s’évanouir dans le blizzard. Le garde nulner était assez satisfait de sa victoire, bien qu’il aurait aimé pouvoir vaincre définitivement le capitaine du navire adverse. Il leur restait maintenant à braver le blizzard. Celui-ci restreignant considérablement la visibilité, Helmut préféra donner l’ordre de mouiller sur les berges du fleuve. Des couvertures de fourrure furent distribuées et, pour pallier le manque de place du navire, un petit campement prit rapidement forme à l’ombre du brigantin impérial. On distinguait à peine les lettres dorées tracées sur ses flancs, tant la neige adhérait aux parois de la coque. On aurait dit que l’Emmanuelle revêtait une robe de mariée, pour mieux s’accorder à la froideur de l’hiver surnaturel.
     Grelottant de froid, Helmut se mit à maudire le vampire responsable de ce climat si inhospitalier. Il entreprit ensuite une expédition dans la jungle avec un petit groupe de piquiers et plusieurs chevaliers du corbeau, dans l’espoir de trouver de la nourriture afin de soulager les vivres conservés à bord. Ils n’eurent pas à attendre bien longtemps, car de la vase surgit précipitamment un grand crocodile. L’imposant reptile se jeta sur un garde, mais les compagnons de celui-ci embrochèrent la bête. Plusieurs autres créatures sortirent des fourrés et de l’eau trouble, mais aucune ne perça le mur de pointes hérissé de quelques bannières du peloton nulner. Un homme ayant néanmoins été blessé, ils durent rentrer au camp avec la carcasse de leurs ennemis.
     Une fois le blessé remit au médecin de l’expédition, les festivités commencèrent par une odeur alléchante de viande grillée. En effet, tandis que de plus petites créatures étaient réduites en lamelles et conservées dans du sel, le crocodile, empalé sur une branche et léché par les flammes, était le centre d’une importante foule de soldats gelés et peu à peu déshabitués à de la viande aussi fraîchement préparée. Chacun tenait entre ses mains gantées de fer une assiette en métal de médiocre qualité ou en bois, et chacun élargit son sourire en apercevant un chevalier passer dans les rangs pour remplir leurs chopes de bière chaude, pour fêter la victoire et dégeler le cœur des troupes.
     Alors que le rire tonitruant du sous-lieutenant Heinrich Dürken retentissait entre les parois de toile des tentes, Helmut se rendit compte que le chef des chevaliers n’était pas présent à la fête. Quittant à contrecœur la chaleur de la tente de commandement, il se rendit directement sur le navire, où il descendit dans la cale. Une fois arrivé, il vit une poignée de marins se disputer sur l’issue d’une partie de carte, tandis que le timonier somnolait dans un coin sombre des couchettes.

     Lorsque le chef de l’expédition passa devant les cabines des officiers, il entendit un fredonnement feutré émaner de l’une d’elle. S’arrêtant au milieu du couloir, Helmut tenta de se repérer. Il faisait face à une porte fermée, à laquelle était attachée une idole de Morr en argent. Vu la facture de l’objet, il s’agissait de la cabine du doyen, dont Helmut ne s’était pas encore enquis du nom. La voix provenait assurément de cette pièce. Entrebâillant la porte avec toute la discrétion et la délicatesse dont un vétéran du guet de Nuln pouvait faire preuve, il trouva le vieil homme penché sur une feuille de papier jaunie griffonnée de diverses notes et posée sur son bureau d’ébène.
     Le chevalier suivait l’écriture du doigt, tout en murmurant des sons ressemblant à ceux d’une austère symphonie. Lorsque les gonds grincèrent, il s’interrompit.

     « Que me vaut votre visite, Herr Heldenhame ?
     - Eh bien, il se trouve que nous organisons une petite festivité pour fêter notre victoire sur les norses et le nécromancien. Ne vous voyant pas, je suis allé m’enquérir de votre santé.
     - Ne vous inquiétez pas plus car je suis encore bien vivant.
     - Qu’est-ce donc que ce parchemin, si je ne suis pas trop indiscret ?
     - Il s’agit de ma composition, une messe des morts pour honorer Morr. Je travaille dessus depuis que je m’essaie à la musique, c’est-à-dire quand je vivais encore à Luccini, la capitale de notre culte. Vous ne connaissiez pas mon nom, le voici : Antonio Salieverri.
     - Je n’ai aucun doute sur la piété ou la qualité de votre œuvre, et je vais sur-le-champ vous laissez l’achever tranquillement. Passez une bonne journée, Herr Salieverri. »

     En quittant la cale, Helmut se rendit compte que le soleil commençait déjà à quitter le ciel, et également que le blizzard vampirique se dissipait progressivement. Il fit signe à quelques soldats assoupis de monter la garde pendant la nuit, puis prit la direction de sa tente, où il allait pouvoir profiter d’un repos bien mérité, après cette journée de combat et de fête.

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(Suite et fin de l'intermède de Sargath)

Cela faisait déjà plusieurs jours de voyages que le général vampire s’ennuyait, faute de conversation. Il décida donc d’ouvrir les sarcophages qu’il avait rapportés de la nécropole de Lahmia en pensant que ça pourrait lui faire un peu de renfort. Dans un premier temps il ne trouva que des cadavres sans intérêt qui rejoignaient son équipage sans perdre de temps mais il s’arrêta sur un sarcophage plus récent que les autres. Il avait semblé réagir à son rituel de détection et était fermé par des sceaux bénis. En jurant contre Sigmar et ses prêtres, il but un peu dans sa fiole de sang pour régénérer sa main brulée et demanda à un zombie de l’ouvrir. Celui-ci prit feu et tomba en poussière au moment où le couvercle se fracassait sur le sol. Un vampire s’y trouvait, mais celui-ci n’était pas un Néhekaréen, c’était un de ces vampires exilés du nord, de Sylvanie. Il ouvrit les yeux et se précipita sur Sargath. S’ensuivit un affrontement aussi intense que bref, étant donné la vitesse surhumaine des deux combattants. Sargath eut le dessus car il avait été entrainé par Abhorash lui-même du temps où il n’était pas parti dans les jungles de Rasetra. Il ligota l’autre vampire avec des chaines d’acier et procéda à un interrogatoire :
« Qui est tu et comment t’es-tu retrouvé dans la glorieuse cité de Lahmia ? - lui demanda-il dans un reikspiel un peu rouillé avec un très fort accent Néhékaréen. »

L’intéressé lui répondit : « J’étais en train de faire des fouilles archéologiques dans le champ de ruines que vous appelez une cité »

Sargath lui donna un coup de poing qui le fit se plier en deux et perdre sa respiration malgré sa nature vampirique.
« Enfin, je veux dire, votre magnifique ville, reprit-il avec la respiration sifflante, quand soudain des pilleurs de tombes sont venus et un de ces maudits prêtres de Sigmar m’a enfermé dans ce sarcophage.
- Ce sont maintenant mes esclaves. J’ai une autre question à te poser, d’où viens tu ?
- Je viens de Sylvanie, mon nom est Heinrich Von Carstein et je serais ravi d’aider un de mes congénères aussi puissant. Vous êtes le premier Lahmian aussi puissant qu’un dragon de sang que je rencontre. Qui vous a entrainé ?
- J’ai été entrainé par Abhorash lui-même, il était général en chef des armées de Lahmia à mon époque. Me jurez-vous allégeance ? - énonça fièrement Sargath avec un rictus de fierté qui dévoilait ses canines immaculées.
- Evidemment, n’importe qui de sensé le ferait face à quelqu’un d’aussi puissant que vous. »
Sargath défit ses liens et lui redonna sa rapière finement ornementée.
« Cependant, quelqu’un à mon service ne se battra certainement pas avec un équipement aussi léger, je te veux aussi inébranlable que l’ost de bronze de Ka-Sabar. Commence par aller chercher une armure et une épée digne de ce nom dans mon armurerie. Ton rôle sera de soutenir les squelettes et de maintenir mon équipage animé tandis que je m’occuperai des meneurs. »
Quelques instants plus tard, Heinrich réapparut avec une lourde armure de fer finement gravée en écailles de dragon à laquelle il incorpora son élégante cape en velours rouge sang doublée de fourrure de varghulf. Les deux seigneurs vampires s’entrainèrent jusqu’à la tombée de la nuit puis Heinrich alla aménager un endroit dans les couchettes dont il eut l’intégralité de la place en raison du fait que les morts vivants n’avaient pas besoin de dormir. Si personne ne les attaquait, ils iraient chercher des créatures, si possible des humains pour ravitailler leurs réserves de sang déclinantes.


* * *


Relevant son tricorne dégoulinant d'eau, le capitaine jeta un regard curieux aux branches surplombant les deux rives. Le feuillage dissimulait en grande partie le ciel non étoilé, d'épais nuages invisibles dans la nuit épaisse s'étant invité depuis l'échauffourée. La pluie, s'écrasant à présent sur son visage et dégoulinant dans sa barbe, ne dérangeait nullement le capitaine Molos. Pas plus que les membres encore éveillés de son équipage, remisant des cordage ou réparant les dégâts causés au bastingage. La Loreleï n'en était pas à son premier abordage avec des morts-vivants. Sur des eaux aussi reculées en revanche, si. Et son équipage avait contrôlé cette rencontre avec sang-froid, sans se laisser impressionner par leurs ennemis revenants. À vrai dire, ironiquement, la seule déception venait de Corus lui-même, le combattant bouillonnant. D'ailleurs, parlant de lui, il ne le voyait nulle part.

C'est assis à cheval par-dessus la rambarde, à l'arrière du navire et les pieds dans le vide surplombant l'eau sombre, qu'il mit la main sur son champion. Sans un bruit, il approcha, devinant déjà ce qu'il était en train de faire. Loin d'être perdu dans ses pensées, le duelliste avait le poing à hauteur des lèvres, murmurant dans sa langue natale. Quelques secondes, Molos demeura silencieux, non pas pour espionner son subalterne, mais pour lui laisser la possibilité de remarquer sa présence de lui-même. Ce qu'il ne mit pas longtemps à faire, s'interrompant pour jeter un regard froid par-dessus son épaule.

« Tu continues à parler à ta pierre ? interrogea-t-il le combattant en venant s'accouder au bois de la rembarde. Que peux-tu bien lui dire ?
- Ça te regarde pas, rétorqua sèchement Corus en ouvrant la main, révélant la petite pierre poreuse qu'il tenait. »

Puis, après une hésitation, il la glissa dans une poche cousue à l'intérieur de sa tunique avant de tourner le regard vers l'eau sombre. Après un moment à écouter le chant de l'eau tombant du ciel pour s'écraser à la surface du cours d'eau, Molos reprit :

« Tu n'as pas triomphé ce jour. Ce n'est pas dans tes habitudes. Cette sangsue était un adversaire de valeur ? »

Son ton n'était pas moqueur. Ni synonyme de reproche. C'était une vraie question à laquelle Corus mit un instant à répondre, la pluie froide dégoulinant sur son visage et gouttant de ses rouflaquettes.

« Plutôt. Je pensais pas que ce fut possible.
- Est-ce à cause du changement ?
- Non, rétorqua-t-il sans se chercher d'excuses. Et même si ç'avait été le cas, ça n'aurait rien changé. J'ai péché de confiance avant d'échouer l'épée au poing. Je peux m'en prendre qu'à moi-même, aussi redoutable fut cet adversaire. »

Sans répondre oralement, Molos se contenta de hocher de la tête. Aussi désagréable puisse-t-il être, il savait se remettre en question lorsque cela s'avérait nécessaire. Tout n'était peut-être pas perdu et, peut-être à nouveau, il rentrerait à leur cité en ayant appris quelque chose. Sur ces pensées positives, il porta à ses lèvres un de ces morceaux de racine doux-amers acheté à Magritta - de la réglisse ? - et tiré de son ample manteau, qu'il entreprit de mâchonner en silence. Sans avoir décollé les coudes du bastingage ou décroisé les doigts. Ce qui n'interpella nullement son voisin se contentant de regarder la surface de l'eau trouble du fleuve.

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