[Annexe] Le Domaine d'Affreloi

Où s'écrivent les histoires, hors du temps et des règles compliquées du monde réel...
Répondre
Avatar du membre
Prestenent d'Affreloi
PJ
Messages : 55
Profil : FOR 9 / END 8 / HAB 9 / CHAR 9 / INT 8 / INI 9 / ATT 9 / PAR 9 / TIR 8/ NA 1 / PV 65/65
Lien fiche wiki : https://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.p ... d_affreloi
Autres comptes : Théophile de Maledané

[Annexe] Le Domaine d'Affreloi

Message par Prestenent d'Affreloi »

(Je précise que j'ai fait vérifier chaque chapitre de cette annexe par mon MJ, le Faussaire.)







Le Domaine d'Affreloi



Image



Il fut un temps, Landouin de Moussillon était considéré par beaucoup comme le plus preux des chevaliers de Bretonnie. S'il reste de l'héroïsme de ce noble la moindre réminiscence en ce royaume, elle a en tout cas totalement déserté son duché.

La trahison, la maladie, et une corruption innommables ont altéré cette terre, la changeant en un terreau pour tout ce qu'abhorre le genre humain. Même les hommes bêtes rechignent à poser leurs sabots immondes dans les marécages flétris de Moussillon. Pour autant il est, comme toujours en ces cas là, des hommes suffisamment fous ou désespérés pour demeurer en ces lieux. De nombreux nobles règnent encore sur leurs terres depuis de sinistres castels dominant des hameaux scabreux. Des chevaliers aux âmes aussi noires que l'abîme se déchaînent sans honte, considérant l'absence officielle de duc comme la preuve de leur liberté.
Il n'en va pas ainsi des d'Affreloi.





La dynastie des d'Affreloi est de ces anciennes familles bretonniennes qui peuvent se vanter d'avoir eu un aïeul combattant parmi les armées de Gilles l'unificateur. Anoblis par celui-ci, les d'Affreloi furent nommés marquis, et chargés de la défense d'un territoire de la côte moussillonnaise. Les siècles passèrent. Les d'Affreloi, famille rigide et fermement engoncée dans ses dogmes, resta toujours loyale à ses serments, à son Roy et à son duc. Le Marquisat d'Affreloi n'étendit pas beaucoup son territoire, mais le fit prospérer en faisant régner l'ordre et la paix, par des moyens parfois discutables. En tout cas, ils ne renièrent jamais les serments de la chevalerie, même lorsque les fléaux s'abattirent sur eux, lorsque la capitale du duché fut ensevelie sous les cadavres de la variole rouge, lorsque la Bretonnie les abandonna, et lorsque tout le marquisat fut rayé de la carte par les assauts cruels d'ennemis qu'ils pensaient jusque là pouvoir tenir à jamais en respect. Rien ne les fit fléchir dans leur morale. D'aucuns eurent qualifié une telle abnégation d'honorable, d'autres de désespérée.
Quoi qu'il en fut, les d'Affreloi demeurèrent intacts. La pureté d'âme et l'honneur des mœurs étaient des crédos trop bien implantés dans leurs veines pour que jamais l'ombre de la perversion ou du renoncement ne leur fasse oublier les principes de leur noblesse. Mais de corps, il n'en fut pas de même. Les d'Affreloi avaient reçu un coup trop terrible.
Leur domaine comprenait autrefois trois magnifiques châteaux, l'un, la tour d'Affreloi originelle que leurs ancêtres avaient fait bâtir sur la côte, là où le Roy leur avait confié des terres, fut réduit à l'état de fragments si infimes que seul un œil averti peut encore déceler sur cette côte morne la présence de ce souvenir de gloire démolie, de prouesses oubliées, de gloire perdue. En même temps qu'une beauté grise de roche qui était la splendeur de la lignée d'Affreloi, les pierres de ce bâtiment avaient été broyées et réduites en poussière par la masse terrible des kharibdyss. Ce récif glorieux qui guettait les flots avait disparu, éparpillé par une forme d'érosion que même l'action de l'homme ne peut endiguer.

Le deuxième château du territoire des d'Affreloi était une haute tour bâtie par leurs vassaux. Située au nord du premier château, sur les terres que les d'Affreloi devaient au duc, ce château n'est plus qu'un vestige vide. Il n'en reste, parmi des pierres moussues, des tuiles décrépites et des charpentes rongées par la pourriture, qu'un seul mur que la perversité inouïe du destin avait choisie de laisser debout. Un mur entièrement noir sur sa face extérieure, que n'approchent ni animal ni végétal envahissant, comme terrifiés par la quantité inouïe de sang bleu que d'ignobles créatures avaient étalés ici comme de la peinture. Ce castel avait été de ceux à tenir le plus longtemps, mais accablé par la peste, ils avaient commis l'erreur de se rendre à un ennemi qu'ils s'étaient imaginé presque humain ou presque civilisé. Tandis que les roturiers étaient pris avec le butin, les nobles furent traînés derrière ce mur, tous les nobles. Les projections de sang avaient été si abjectement grandioses que des siècles après la couche d'hémoglobine séchée avait toujours sa marque en guise de témoignage sur ce mur damné. Là, les chevaliers de la dynastie d'Affreloi avaient contemplé, impuissants, la mise à mort de leurs vassaux qu'ils devaient protéger selon leurs serments mais qu'ils ne pouvaient que voir tués par leur faute. Puis l'ennemi, dans sa sordide cruauté qui n'était qu'une dérision des serments bretonniens avait estropié chacun d'entre eux pour les relâcher et les laisser courir ou ramper jusqu'au troisième et dernier château des d'Affreloi.

Construit au moment où les marquis avaient prêté serment au duc en plus du roi, ce château était leur lieu de demeure et de repos. C'était là que les d'Affreloi élevaient leurs enfants, traitaient leurs affaires, et entreposaient leurs trésors familiaux. Là, l'ennemi fut sans pitié comme partout ailleurs. Lorsqu'il pénétra dans le château au terme d'un long siège, il passa par l'épée tout ce qui n'était pas du sang d'Affreloi et mutila le reste pour marquer son passage. Devant les yeux du Marquis même, les deux mains et la langue tranchées, ses artefacts et biens qu'il pensait à jamais liés à sa famille furent dérobés en hâte par des corsaires sans pitié. Tout fut souillé, désacralisé, pillé ou détruit. Dans leur frénésie, ils emportèrent l'épée Viergedouleur sans emporter le gantelet qui protégeait de la douleur, car le corsaire qui l'empoigna était trop candide en cet instant pour prendre la souffrance qui lança ses membres autrement que comme une plaisante caresse. Au final ne resta rien.
Au final ne resta rien. Rien que les d'Affreloi eux même, en peine, esseulés, et une tour branlante au beau milieu d'un amas de poussières carbonisées. Ne resta qu'une vague bâtisse à peine assez grande pour contenir la famille maudite. Tous leurs vassaux étaient morts. Leurs voisins étaient corrompus. Et leurs gens étaient malades. Les d'Affreloi furent saisis dès lors d'une des flétrissures mentales que la roue infecte du chaos choisit pour eux, et peut-être furent-ils chanceux ou particulièrement haïs de cet œil glauque qui ricanait dans d'autres royaumes, car depuis cet instant et jusqu'à la fin de leur race, les d'Affreloi furent frappés de paranoïa.



Pour qu'un individu soit noble en Bretonnie, il est requis que du sang de ses deux parents la noblesse soit aussi ancienne qu'indiscutable. Les d'Affreloi étaient seuls et impotents, mais déjà à cette époque ils comprirent qu'il s'écoulerait un long moment avant qu'ils ne puissent à nouveau chevaucher par le royaume. La paranoïa s'incarna dans la peur de perdre son rang de dynastie aristocratique, et en conséquence un premier tabou fut brisé.
Un oncle épousa sa nièce. Un neveu épousa sa tente. Un frère épousa sa sœur. Une veuve épousa son fils.
Et de ces unions sordides naquirent des d'Affreloi, nobles de sang, purs de cœurs, honorables de mœurs, vils de corps.
Des déformations s'insinuèrent dans leur lignée. Ci un enfant naissait avec une joue déformée, là un autre n'avait pas de main gauche. Parfois l'un avait des jambes atrophiées ne lui permettant pas de marcher. Un autre n'avait qu'une phalange à chaque doigt. Et de fil en aiguille, au milieu de ces difformités bénignes apparurent celles moins innocentes d'un bras supplémentaire, d'un œil en trop, d'une courte queue prolongeant le coccyx ou d'une langue fourchue comme celle d'un serpent. Ceux là se cachaient, s'amputaient, et restaient cloîtrés toutes les longues années de leurs courtes existences. Ne se révélant que pour se marier, copuler, et donner la vie. Car c'était là le seul devoir des d'Affreloi qu'ils pouvaient accomplir en ces circonstances. Et ils priaient également, car tous peuvent prier et nul ne le fait jamais assez.
Ils priaient pour que naisse un individu sain.
Ils priaient pour que naisse un individu propre.
Ils priaient pour que naisse un individu fort.
Ils priaient pour qu'il puisse les venger.
Ils priaient pour qu'il puisse les racheter.
Ils priaient laDame de toutes leurs forces, de toutes leurs énergies. Se tuaient à prier pour elle et pour qu'elle n'oublie pas le nom de d'Affreloi qui l'avait si bien servi autrefois. Ils gaspillaient leurs vies inutiles pour qu'un jour elle prenne soin de celui, celui qui viendrait, à l'heure où la Bretonnie aurait besoin d'un héros. Celui qui ferait du nom de d'Affreloi un nom connu et respecté une fois de plus.

Une fois de plus.

Ils prièrent pendant des années. Pendant des siècles. Pendant toutes leurs vies. Ils érigèrent des autels, restaurèrent une chapelle et célébrèrent ses fêtes comme ils le pouvaient. Ils frémirent plusieurs fois en apprenant ce qui advenait du reste du duché. Ils récitaient tous, chaque jour, l'intégralité du code de chevalerie. Lorsque leurs terres et les gens qui leur restaient étaient en danger, ils extirpaient leurs silhouettes étriquées, réunissaient quelques gueux armés de gourdins, et repoussaient le danger ou négociaient pour qu'il parte ailleurs. Par la grâce de la Dame, peu de dangers sérieux vinrent sur eux au cours de cette longue période, mais cela n'empêchait pas que sitôt la menace écartée ils s'enfermaient de nouveau dans leur tour, tenant les paysans aussi éloignés que possible. Leur paranoïa leur faisait encore craindre, alors et jusqu'à aujourd'hui, la menace de la variole rouge.

Et derechef, ils priaient. Ils n'avaient à perdre que le peu d'honneur qui leur restait, alors ils donnèrent tout le reste.
Pour la Dame du Lac.
Leur dévotion et leur dogmatisme étaient presque aussi répugnants à voir que la dépravation et l'anomie du reste du duché. Pour autant ils n'en démordaient pas. Trop fous ou trop équilibrés, ou les deux, pour ne pas réaliser que s'ils cessaient de prier une seule seconde les ténèbres les entourant les submergeraient sans autre forme de procès. Alors ils prièrent pour sa venue.
Ils prièrent.
Ils prièrent.
Et la Dame leur cracha à la figure.

Qui sait quels sont les projets d'une déesse ? Peut-être voulait-elle d'un héros pour sauver la Bretonnie en ces temps sombres qui approchaient ? Peut-être voulait-elle narguer les d'Affreloi avec une cruauté toute elfique qui n'était pas sans rappeler celle avec laquelle les maléfiques fées venues de la mer avaient épargné chaque membre de la famille en les mutilant au passage pour montrer le mépris qu'elles leur portaient ?

L'enfant naquit, avec le mauvais organe. Voilà tout.
Modifié en dernier par Prestenent d'Affreloi le 08 janv. 2021, 13:34, modifié 2 fois.
FOR 9 / END 8 / HAB 9 / CHAR 9 / INT 8 / INI 9 / ATT 9 / PAR 9 / TIR 8/ NA 1 / PV 20/65
wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_prestenent_d_affreloi

Avatar du membre
Prestenent d'Affreloi
PJ
Messages : 55
Profil : FOR 9 / END 8 / HAB 9 / CHAR 9 / INT 8 / INI 9 / ATT 9 / PAR 9 / TIR 8/ NA 1 / PV 65/65
Lien fiche wiki : https://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.p ... d_affreloi
Autres comptes : Théophile de Maledané

Re: [Annexe] Le Domaine d'Affreloi

Message par Prestenent d'Affreloi »

Image





Les d'Affreloi contrôlent un modeste territoire constitué de trois de ces choses qu'on appelle des villages. Ailleurs en Bretonnie on eut à peine osé leur donner du qualificatif de hameau.
Nommer les lieux est une chose qui n'advient que si des voyageurs ont besoin de situer l'endroit sur une carte, ce qui n'est aucunement le cas ici. Les gueux de ce domaine voient et entendent si peu souvent parler de leur seigneur qu'ils seraient pour la plupart incapables de dire qu'ils appartiennent aux d'Affreloi.
Néanmoins, il existe des relations entre ces hameaux. De temps à autre, un individu ou deux, un peu moins pleutre que les autres emporte un chariot qu'il traine sur les vagues chemins boueux pour les amener au hameau qu'on surnomme encore "Affreloi", celui qui s'étend aux pieds de la tour des sinistres seigneurs. Là, un semblant pitoyable de marché apparaît de temps à autre où les individus troquent leurs ressources respectives. Il est important dans ces cas là de faire comprendre ce que l'on désire, et on désigne souvent les ressources en fonction de ceux qui les produisent. Pour cela, on utilise des surnoms qui proviennent d'une très ancienne division populaire dans le territoire d'Affreloi.
En effet, une moitié du marquisat, celle située à l'ouest et qui bordait les côtes, avait été confiée par le Roy au premier noble d'Affreloi. L'actuelle tour d'Affreloi, elle, avait plus tard été construite sur le cours d'un ruisseau désormais asséché qui séparait le territoire donné par le Roy de l'autre moitié du marquisat, terre inféodée au duc de Moussillon qui avait vassalisé les d'Affreloi il y a fort longtemps. Ce ruisseau constituait la frontière symbolique entre deux territoires qui factuellement n'avaient aucune différence, mais aux yeux du bas peuple, comme toujours en ces circonstances, le ruisseau était la frontière tangible séparant les idiots des civilisés. Ce jugement étant le même qu'importe le côté où l'on se trouve.

Le hameau situé du côté ouest est habité par les "r'yaux", qu'on surnommait fort peu affectueusement: les "boyaux". Héritée de siècles d'opposition, cette coutume de se prétendre plus proches du Roy que les autres a perduré génération après génération alors même qu'ils ne savent plus depuis longtemps ce que cela signifie. Le seul hameau des r'yaux est placé au beau milieu d'une forêt sombre et marécageuse, qui est à la fois l'endroit le plus dangereux du marquisat et celui où l'on vit le plus prospère car les élus autorisés par leur seigneur y chassent des escargots qu'ils vont ensuite troquer à Affreloi, et du reste un voyageur pourra souvent observer sur les branches des arbres de petits pâtés de colle faite de cire et de sève où restent parfois accrochées les pattes arrachées de petits oiseaux. C'est la méthode de chasse la plus usitée en ces lieux pour attraper les volatiles. En revanche, errent dans ces marécages de sinistres créatures. Des cadavres bien trop agités qui rôdent sans but entre les branches noueuses.
L'origine de ce hameau vient de ce que le seul peuple à ne pas avoir été emporté avec le raz de marée noir du côté ouest a été la partie de la population s'étant réfugiée dans les bois pour fuir les corsaires. Encore maintenant, des siècles après, il est considéré dans cet endroit comme atrocement risqué de s'écarter des arbres, et les paysans ont une terreur panique à la seule évocation de la mer qui est pourtant non loin de leur hameau. Lorsque le vent marin apporte des nuages orageux qui humidifient de leur eau salée le terreau de ces marécages, les villageois se barricadent dans leurs huttes et prient pour que les fées maléfiques et leurs créatures à tentacules et à têtes multiples ne reviennent pas avec la marée pour tous les emporter.
Les r'yaux apportent régulièrement à Affreloi du bois et des escargots, d'une part parce que la moitié de leurs prises reviennent au seigneur, et les d'Affreloi raffolent de ces gastéropodes, d'autre part pour échanger les escargots contre des choses plus consistantes auprès des habitants du hameau central ou, avec plus de réticence, auprès de ceux de l'est.

Ceux là s'appellent les "ducaux" qu'on a bien évidemment changé en "ducons", ce qui a fini par perdre son sens au vu de l'évolution dramatique du niveau intellectuel moyen en Moussillon au cours des derniers siècles, impliquant que plus personne ne se souvient vraiment de ce que ce jeu de mot miteux voulait dire.
Leur hameau est le plus petit, le plus vide, et surtout, le plus incroyablement perdu au beau milieu de ce qui est absolument nulle part. Leur village n'est relié à aucune route, aucun site particulier, rien. Il n'est même pas de source de nourriture claire en cet endroit, sinon des champignons et des rats qui courent dans les herbes hautes et dont les ducons raffolent. Ces rats sont d'une taille tellement énorme qu'ils ont l'air bien plus gras que les humains du duché, tant et si bien que certains fous racontent avoir vu des individus louches encapuchonnés nourrir les rats avec du bon grain exprès pour les lâcher dans la nature et les faire s'éparpiller. De tels récits sur les rats qui auraient des protecteurs n'empêchent pas les enfants de leur courir après pour les attraper, les dépiauter et les manger. Certains en ont attrapés tant au cours de leurs vies qu'ils se constituent de sordides manteaux en peau de rat tannée dont la fourrure miteuse et moisie leur tient chaud durant les froides nuits d'hiver.
Mais ce n'est pas par la prolifération de rats que les ducons s'en sortent. Ils sont très peu nombreux, mais survivent en récupérant ce que firent les autres. Quotidiennement, ils explorent les ruines dévastées des châteaux, des manoirs, des villes et des villages. Ils y récupèrent biens et matériaux, dont ils se servent pour fabriquer des outils qu'ils vont vendre à Affreloi, là où la civilisation s'est maintenue à tel point que ces objets ont une utilité. Les ducons sont arrogants car ils se pensent supérieurs aux autres, puisqu'ils ont, eux, les outils dont tout humain a besoin. La différence de taille est que eux n'en ont souvent pas l'usage, mais cela ne change rien. De fait, leur village est tellement éloigné de la tour d'Affreloi et si isolé de tout qu'ils n'ont pas hésité à se servir sur les pierres des ruines pour construire les quelques maisons de leur hameau avec ces briques usagées. Cette entorse aux lois bretonniennes est encore et toujours restée impunie, mais elle est excusable par le fait que du temps des maisons en bois, des rats trouaient le parquet pour entrer dans les maisons et s'attaquer aux enfants endormis. De loin, le hameau des ducons ressemble à plusieurs tumulus qui se côtoient côte à côte et d'où n'émane presque aucune vie.

Les r'yaux et surtout les ducons ont de la peine à trouver assez de nourriture. La faim, ils la ressentent en permanence, mais ils survivent grâce aux paysans du hameau central. Affreloi comme ils disent, est le plus grand des trois hameaux. En comptant les bébés et les vieillards on pourrait presque compter une centaine d'habitants. Ce qui fait la prospérité toute relative de ce hameaux n'est pas son temple dédié à la Dame du Lac qui est très vaguement entretenu, ni même la présence de la tour d'Affreloi elle même. Ce hameau vit de l'agriculture, et c'est le seul de cette région à pouvoir compter sur les trois facteurs essentiels à cela: une terre cultivable, des outils, et une main d'œuvre suffisante.
Près des côtes, l'humidité salée apportée par la mer rend les sols incultivables. À l'est, la population est trop peu nombreuse, la variole rouge ayant fait des ravages au delà de toute limite. À Affreloi en revanche, là où un ruisseau famélique abreuvait la terre jusqu'à récemment, les hommes, les femmes, et même, ce qui est terriblement honteux, souvent les nobles d'Affreloi eux même, s'échinent pour cultiver assez de betteraves pour nourrir vaguement tout le monde.
La terre a beau être noire et les légumes souvent pourris, l'effort demeure, lui, inébranlable. Lors des périodes de récoltes, il faut plus de mains, alors les d'Affreloi qui en sont capables sortent de leur tour et creusent la terre pour en tirer les légumes, trier les comestibles et les immangeables, et bien sûr prélever leur taxe.






Le hameau d'Affreloi est des plus miteux selon n'importe quel standard. Les seuls signes rappelant qu'il y a une civilisation active ici sont la taverne, le temple, et l'écurie.

La taverne, qui a ouvert très récemment, est tenue par un étranger qui sort d'on ne sait où une bière dont le goût est si atroce qu'un nain préférerait se pendre avec sa barbe qu'y tremper les lèvres. Il la fait payer en clous, chose curieuse, mais stratagème malin. La monnaie a depuis longtemps cessé d'exister ici, mais s'il se faisait payer en betteraves pour chaque bière qu'il sert, il croulerait sous des légumes qui auraient le temps de pourrir avant qu'il ne les ait mangés. Alors, le tavernier demande des clous, qu'il échange ensuite contre de la nourriture, et que les producteurs de nourriture échangeront ensuite… contre de la bière. Cette micro économie ne concerne que le cas de la taverne. Les ducons ont la réputation d'être les pires soiffards de la région, car ils sont après tout les seuls capables de fabriquer des clous en amont pour acheter de la bière avec. Pour éviter une inflation du cours de la bière, le tavernier a commencé à marquer ses clous et à refuser tous les clous qui n'avaient pas sa marque, à savoir de la peinture verte sur la tête du clou.

Le temple de la Dame est un ouvrage symbolique d'une importance immense. De l'ancienne chapelle, il ne reste plus rien. Pas un vitrail n'a survécu à la fureur profanatrice des corsaires. Des quatre murs, il n'en reste qu'un, et un transept où s'alignent des bancs rudimentaires. Une stèle a été érigée devant l'autel, et y sont gravées chaque ligne du code de chevalerie afin que nul ne les oublie. Lors des fêtes dévouées à la Dame du Lac, le peuple se réunit devant cet autel, et les d'Affreloi émergent tous de l'obscurité de leur tour. Les gardes, au nombre de quatre, s'assurent que personne n'approche à moins de cinq mètres d'un membre de la famille. Le marquis effectue une lecture du code de chevalerie. Tous prient. Les d'Affreloi retournent dans leur tour. Et tout est terminé.
Il n'y a aucune demoiselle du graal en ces lieux, mais le marquis désigne dans le peuple un "chapelain" dont le seul rôle est d'entretenir l'autel.

La tour des d'Affreloi elle même est une construction légèrement branlante, entourée de pierres éparses, de cendres et de ruines croulantes. La tour tient bon, et elle abrite en son sein l'intégralité de la famille d'Affreloi, actuellement une petite cinquantaine de personnes. Certains sont paralytiques ou fortement réduits, et passent leur temps plongés dans les nombreux livres contenus dans les sous sols de la tour. Le reste du temps, ils prient, ou se languissent. La tour n'a qu'une seule entrée, une porte gardée en permanence par deux des quatre gardes du hameaux. Ce qui s'approche le plus d'hommes d'armes. Ils ont des lances rouillées, des jaques mitées et des casques cabossés. Ces paysans qu'on a jugé plus costauds, plus braves, et plus loyaux que les autres sont les seuls à avoir le droit d'approcher les d'Affreloi à moins de cinq mètres, mais en conséquence il est interdit aux paysans d'approcher à moins de deux mètres d'eux. La peur de la maladie est profondément ancrée chez les d'Affreloi. Les gardes s'occupent de faire transiter la nourriture qui entre dans la tour et de transmettre les ordres des d'Affreloi.
Deux gardes protègent le lieu le plus important le tout le domaine: l'écurie. S'y trouvent trois montures, chacune ayant servi à l'entraînement de Prestenent. Un poney nommé Ballufle, un jeune étalon fougueux appelé Bermont, et enfin un vieux destrier expérimenté du nom de Bellerophon. Ces chevaux ont généralement été achetés à des aventuriers de passage par les d'Affreloi qui n'hésitaient pas à proposer des dizaines de bouteilles de mauvais vin, de l'or et de la soie qui sont les seules richesses qui leur restent. Ces chevaux sont considérés comme les biens les plus précieux du marquis, et les gardes ont le droit de tuer quiconque semble vouloir les voler ou leur faire du mal.
Modifié en dernier par Prestenent d'Affreloi le 04 janv. 2021, 14:03, modifié 1 fois.
FOR 9 / END 8 / HAB 9 / CHAR 9 / INT 8 / INI 9 / ATT 9 / PAR 9 / TIR 8/ NA 1 / PV 20/65
wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_prestenent_d_affreloi

Avatar du membre
Prestenent d'Affreloi
PJ
Messages : 55
Profil : FOR 9 / END 8 / HAB 9 / CHAR 9 / INT 8 / INI 9 / ATT 9 / PAR 9 / TIR 8/ NA 1 / PV 65/65
Lien fiche wiki : https://warforum-jdr.com/wiki-v2/doku.p ... d_affreloi
Autres comptes : Théophile de Maledané

Re: [Annexe] Le Domaine d'Affreloi

Message par Prestenent d'Affreloi »

Image



Depuis peu, il se raconte aux abords du hameau d'Affreloi que l'on peut parfois croiser, les jours ou le climat se montre plus clément que d'ordinaire, la silhouette courbée d'un jeune nobliau dans la faiblesse de l'âge, claudiquant avec un son mat chaque fois que sa jambe gauche est portée en avant. Son corps à la pâleur d'ivoire est criblé de tâches sur sa peau mollassonne qui colle à la chair avec une visible succion famélique tant la graisse manque à son corps. Ses bras sont de muscles secs et retors, parcourus de veines saillantes et pulsantes. Sa scoliose lui fait pencher sous la cape de son manteau un buste large et tremblotant où pend une tête blanchâtre. Sous une touffe informe de nobles cheveux d'une noirceur de jais, le visage d'un garçon, parsemé de ce qui ressemble à des tâches de rousseur, des sourcils mourants, des paupières rétractées, un regard au bleu translucide, comme absent, un nez trop gros pour ses proportions et trop rouge pour être sain d'où coule en permanence un filet de morve jouant à faire des va et viens de haut en bas, le menton délicatement posé des d'Affreloi qu'un affreux manque de candeur rend ici larmoyant. Cet être morose et tremblotant est toujours escorté d'un garde qui se tient à deux mètres de lui au moins.

Lorsqu'il est assez éloigné de la tour, Halion se poste près des collines qui forment la frontière du domaine, légèrement à l'ouest dans ce petit col qu'ont épargnées les roses du Moussillon. Là, il peut passer plusieurs longues minutes à regarder le lointain, comme s'il guettait l'arrivée de quelque chose de précis. Puis, il tire de sous sa cape une courte épée, et il s'exerce, parfois avec l'aide du garde qui rompt alors la règle de distance de sécurité lorsqu'ils sont loin des regards indiscrets. Après quelques heures à avoir déplorablement tenté d'user son épée, le jeune noble, trop épuisé, s'en retourne dans la tour et s'enferme dans les ténèbres.
Là, il descend dans les sous sols de la tour, se claquemure dans une salle aménagée spécialement pour lui, et allume le fourneau de sa forge.
Sans doute est-il un piètre forgeron au regard d'un digne professionnel, mais ici la vie est morne et terrifiante. La plupart des d'Affreloi se contentent de chercher dans les livres qu'ils lisent mille et une fois la moindre occupation pour leurs maigres existences. Aucun d'Affreloi n'est chevalier car ils ne pourraient pas accomplir l'errance nécessaire, faibles comme ils sont. Ceux qui auraient la force de tenir une épée et de s'en servir correctement doivent rester à la tour pour protéger leur peuple. Prestenent est la seule exception depuis des siècles.
Halion, pour sa part, a choisi de faire de la forge sa passion. Un choix dicté par deux facteurs. L'un d'eux est physique. Halion a de la peine à se déplacer car son pied gauche a été amputé lorsqu'il était enfant, pour une raison qu'il vaut mieux ne pas connaître, et remplacé par une jambe de bois rustique. Incapable de se mouvoir rapidement, il lui fallait une activité statique. De plus, il souffrait de rhumes chroniques, et tombait malade sitôt qu'il avait un peu froid. La chaleur d'une forge en revanche, le soulageait et le galvanisait, chassant ses miasmes en de rares instants.
La deuxième raison était utilitaire. Halion voulait être utile, surtout à Prestenent. Déjà enfant il avait compris que ce n'était qu'ainsi qu'il lui viendrait en aide. Il forgea donc des étriers et des éperons pour que Prestenent puisse s'entraîner à l'équitation, une courte lance pour que le chevalier s'entraîne à la charge, et une épée pour que Prestenent puisse s'afficher en digne chevalier et combattre. Cela avait été dur. Ç’avait été un travail difficile pour un enfant comme lui, simple amateur se basant sur le savoir tiré de livres, mais il l'avait fait ; et une fois, une seule fois, Prestenent avait montré ostensiblement de la gratitude. Cela avait suffi à lui donner toute la force et la détermination pour continuer sans cesse de forger.


Les d'Affreloi sont une lignée ancienne et prestigieuse, en théorie. En pratique, ils sont les seuls à avoir conservé le souvenir de leur histoire. À travers les âges, les d'Affreloi se sont surtout avérés des chevaliers droits et indéfectibles. Ils ne cherchaient pas spécialement la gloire, mais à accomplir leur devoir. À quelques rares exceptions, les chevaliers de leur lignée s'avérèrent plutôt des individus strictes, très bien éduqués, ne s'écartant pas d'un millimètre des règles. Aucun d'Affreloi ne devint jamais hors la loi, et si certain d'entre eux bafouèrent les principes rigides de leur famille en se montrant plus libérés, se comportèrent en troubadours, se saoulèrent, ou coururent la gueuse, ou même se travestirent, les d'Affreloi auront vite oubliés ces quelques trublions qui sont l'exception qui confirme la règle.
Leur discipline et leur sens du devoir eurent beau être impressionnants, ce n'est pas ce qui rend un chevalier le plus célèbre. Un combattant qui obéit à la lettre aux ordres de son général, quand bien même celui-ci serait incompétent, et préférerait mourir que prendre une initiative qu'il n'a pas le droit de prendre, n'est pas le genre d'individu dont les bardes chantent le plus les louanges. Pourtant quelques d'Affreloi se distinguèrent, certains eurent la dignité suprême de chevalier du graal, mais de fait la lignée en elle même ne rayonna pas tant des exploits de ses héros que de par l'intransigeance avec laquelle les marquis d'Affreloi régnaient sur leurs terres.
Les bandits, les voleurs, les escrocs, les hérétiques ; à l'apogée du marquisat, ces vermines étaient presque introuvables. Le marquisat d'Affreloi était réputé si assaini de toute menace, pègre, ou banditisme que du peuple venait de loin, fuyant les ravages, l'extorsion et le crime, pour s'installer ici lorsqu'ils n'avaient plus d'espoir ailleurs. Le marquisat acceptait les étrangers, mais leur imposait des lois draconiennes. Quiconque désobéissait à une loi, même la plus absurde, était enfermé pour ne plus jamais reparaître. Les criminels et tous les prisonniers étaient, une fois par ans, livrés aux elfes noirs en gage de tribut pour qu'ils maintiennent la paix.

Désormais, les d'Affreloi ont hérité de cette intransigeance excessive, mêlée du désespoir de leur situation décadente. Trahir les lois est inconcevable pour un membre de cette dynastie, et pourtant cela ne les a pas empêché de commettre les choses les plus abominables dans le respect de leurs lois dont la perception s'est elle même altérée au fil des générations.
Depuis l'affaire du faux graal et la destruction du marquisat, les mariages sont consanguins. Les d'Affreloi ne font absolument pas confiance à la noblesse moussillonnaise, et il est hors de question de briser la lignée en se mélangeant à des non nobles. Le sang des d'Affreloi est tant mélangé avec lui même et leur arbre généalogique tant recroisé en lui encore et encore qu'il n'est pas toujours aisé de savoir qui hérite du titre de marquis. Heureusement, aucun n'aurait l'audace, ou la force, et encore moins l'envie de contester un héritier, mais bien souvent le marquis désigne lui même qui dans sa famille lui succédera. Il n'est même pas sûr que ses cousins n'aient pas plus de sang commun avec lui que ses frères et sœurs après tout, car tous ces mots ne veulent plus dire grand chose désormais.

L'actuel marquis est Enguerrand d'Affreloi, troisième du nom. Un vieil homme barbu dont l'œil droit est blanc et aveugle comme celui d'un poisson mort, mais de son œil gauche il distingue encore très bien son monde. L'âge a fini par le rendre tremblotant et rachitique, mais sa longévité n'en est pas moins des plus surprenante. Il est père de trois enfants ayant survécus jusqu'à l'âge adulte. Les deux premiers sont des hommes, messire Gavel, et messire Henri, dont on ne sait pas vraiment lequel est le légitime héritier, Gavel étant l'aîné, mais Henri le mieux aimé et surtout le plus valide car Gavel, lui, est handicapé par une immense cicatrice sur le torse, là où quelque chose lui a été amputé (il vaut mieux ne pas demander quoi). Henri est un des rares d'Affreloi ne souffrant d'aucun handicap, sinon sa calvitie précoce et sa laideur effarante.
Le troisième enfant du marquis Enguerrand n'est autre que dame Mariane, la mère de Prestenent (et en même temps sa grand mère).
Dame Mariane est une femme que d'aucuns jugeraient "presque folle", notamment car elle insiste pour faire elle même la cuisine de ses enfants et les nourrir de sa propre main, même quand ses enfants sont adultes. Il faut dire que nombre des nourrissons qu'elle a mis au monde sont morts quelques heures après leur naissance, c'est sans doute pourquoi elle craint toujours que si elle délaissait les autres il ne leur arrive le même sort. Elle a été mariée deux fois, car son premier mari, messire Fernand d'Affreloi, est décédé d'une maladie respiratoire. C'était un homme grand et robuste, sauf quand une crise d'asthme le secouait. Messire Fernand était lui même le fils de Dame Hermeline et messire Fospan d'Affreloi, tous deux encore vivants et respectivement la sœur et le frère du marquis Enguerrand.
Fernand donna à sa femme beaucoup d'enfants, mais les seuls à survivre jusqu'à l'âge adulte furent dame Ermine et messire Carmin d'Affreloi, le père de Prestenent. Bien que cela soit plutôt rare, ce n'était pas la première fois chez les d'Affreloi qu'une mère épousait son fils.
De ce second union naquit d'abord un garçon, Firmin, qui hélas mourut à l'âge de cinq ans d'une cause inconnue, mais sans doute une malformation interne. À ce moment, Prestenent n'était qu'un nourrisson.
Halion a suivi un an après Prestenent, et à ce moment, on comprenait déjà que le bébé né fille qui le précédait était très particulier.


Prestenent était le seul enfant parfaitement normal depuis des lustres. On comprit vite que sa vigueur et sa force dépassaient de loin tout ce qui avait été vu depuis des générations, qu'il était beau, qu'il était fort, qu'il était pur de corps et d'esprit. Prestenent décida lui même qu'il serait un homme pour pouvoir suivre la voie de la chevalerie que tout le monde voulait qu'il embrasse. Dans l'esprit des moussillonais, cela ne paraissait pas de grande importance. Leur vie difficile les avait forcé à une vision très pragmatique des relations entre les différents sexes, et même si les d'Affreloi étaient intransigeants, ils ne pouvaient nier que l'existence de Prestenent ne pouvait que résulter de la volonté de la Dame du Lac de voir un chevalier de la lignée d'Affreloi reprendre les traditions laissées en suspend depuis trop longtemps. De plus, Prestenent affirmait être un garçon. Alors dans une sorte de frénésie, tous s'occupèrent de lui inculquer toutes les disciplines de la chevalerie, de la bonne tenue, du dogme et de tout ce dont il aurait besoin.
Halion, qui tenta pourtant quelquefois de convaincre Prestenent à ne pas partir, pour se faire bien voir, forgea son matériel. Tous les membres de la famille, tous sans exception des presque cinquante individus, eurent des choses à lui donner ou lui apprendre.

Dame Ermine, celle qui est à la fois la sœur et la tante de Prestenent, a maintes fois tenté de lui apprendre à lire et à écrire. Sans succès. D'une part Prestenent préférait de loin se vouer aux choses physiques, trouvant l'art de déchiffrer des lettres compliqué et ennuyeux au possible (sans doute avait-il aussi peur de finir comme la majorité des membres de sa famille qui se morfondent tout au long de leurs vies en lisant des livres) ; et par ailleurs il préférait de loin qu'on lui raconte les histoires plutôt que de devoir les lire lui même. Prestenent étant traité presque comme un dieu vivant et tous ses caprices étant toujours satisfaits, il fut pénible pour Ermine de lui faire reconnaître quelques lettres, et force lui fut de devoir abandonner toute prétention à apprendre l'alphabet au chevalier récalcitrant, malgré toute son assiduité. Prestenent préférait amplement quand elle lui lisait à haute voix les histoires de chevaliers glorieux et de ses ancêtres, ou quand parfois aussi, avec un air presque las, elle fermait les livres et racontait des histoires de sa propre invention, ou qu'elle mémorisait. Parfois elle exprimait de façon détournée sa propre mélancolie, appelant doucement, discrètement, à ce qu'un jour quelqu'un ou quelque chose l'emmène loin d'ici.
Ermine était une jeune femme gentille, mais un peu arrogante. Préférant la compagnie du naïf Prestenent à celle de tout autre de sa famille. Les seules difformités qu'elle présentait étaient six doigts à chaque main (et sans doute aux pieds aussi) et un esprit très vif, trop vif sans aucun doute.


Messire Carmin était un gentilhomme très respectable. Son corps et son maintien étaient très corrects, son seul bémol étant qu'il vomissait une bile noirâtre extrêmement odorante au moins une fois par jour, chose dont au final il s'accommodait très bien depuis sa plus petite enfance, si bien qu'il parvenait à vomir si discrètement qu'on ne s'en apercevait pas (vomissait-il dans sa manche ? dans son col ? en tout cas, sinon pour l'odeur qui se percevait longtemps après, on ne se rendait compte de rien). Homme particulièrement actif pour un d'Affreloi, il était le premier lorsqu'il fallait travailler dans les champs, et il fut celui qui enseigna l'équitation à Prestenent. Connu dans la famille comme étant un homme d'action, c'est lui sortait régulièrement de la tour et rassemblait des paysans en armes pour régler les soucis qui venaient parfois perturber la vie dans le marquisat, notamment concernant les morts vivants.
Quelques temps après la naissance de Prestenent, une rumeur parvint depuis le village des r'yaux selon laquelle un nécromancien en fuite s'était caché dans une grotte de la forêt où il menait des expérimentations impies. Carmin d'Affreloi vint donc jusque devant cette fameuse grotte à la tête d'une troupe de paysans. Il n'entra pas dans la grotte, comprenant que le nécromancien, s'il était réel, était apparemment confiné dans ce lieu, en transe dans ses études hérétiques. Pour ne pas avoir à l'affronter, messire Carmin s'assura qu'il n'y avait pas d'autres issues, et ordonna aux paysans de porter de grosses pierres et de murer la seule ouverture de la grotte jusqu'à tant qu'il soit impossible de l'ouvrir avec quelconque force que ce soit. Depuis lors, le magicien, s'il était réel, n'a plus donné signe de vie, mais des morts vivants n'ont jamais cessé de rôder dans les bois marécageux.

Depuis le départ de Prestenent, très précisément depuis le jour où le chevalier a quitté le domaine familial, messire Carmin s'est trouvé malade, et s'est confiné dans la tour d'Affreloi. Sa santé inquiète, et son impotence laisse le domaine avec moins de défenseurs valides.
FOR 9 / END 8 / HAB 9 / CHAR 9 / INT 8 / INI 9 / ATT 9 / PAR 9 / TIR 8/ NA 1 / PV 20/65
wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_prestenent_d_affreloi

Répondre

Retourner vers « Écrits Libres »