La main tendu en direction de l'assemblée, le jeune prince resta silencieux, souriant même alors que la noblesse de Tor Anroc échangeait murmures et regards gênés, alors que nul n'aurait jamais pensé qu'un partisan de la paix, qui plus est fidèle au Roi Malékith, puisse venir jusqu'ici au sein de la demeure des Tilemar pour proposer un arrangement entre les deux camps. Était ce là l'œuvre d'un homme rêveur et désespéré ? Où bien était l'audace et la naïveté de sa jeunesse qui avait pu pousser le jeune Aen Elle à prendre la parole devant ces pairs et ce sans y avoir été invité par le maître des lieux, à savoir Aurel Tilemar qui, de son coté, cachait tant bien que mal la frustration et la rage qui émanait de sa personne suite au discours de Ori.
Coupant court à ce moment, l'hôte de la soirée d'un mouvement de main, invita les musiciens à reprendre leur mélodie, dans le but de masquer le profond silence qui s'était installé, tandis que nul n'avait osé répondre ou rejoindre Ori au milieu du cercle de nobles qui s'était formé autour de lui.
Refermant la paume de sa main, le fils de Azurö Aen Elle ne s'en offusqua pas, mieux encore préféra t'il sourire à la situation, car il avait ici accomplit ce qu'il était venu faire en venant à cette réception : Faire parler de lui, et installer le doute dans le cœur et l'esprit de ces différents opposants politiques à Tor Anroc.
La soirée reprenant peu à peu, princes et princesses vinrent alors à la rencontre du jeune prince de Nagarythe, non sans jamais relancer le débat qu'il avait tenté d'ouvrir concernant l'avenir des Asurs et de la région Ouest du pays. Ainsi, les discussions se limitèrent à quelques échanges de politesse et autres anecdotes sans importance mais dont la noblesse était frillant.
Du coin de l'œil, Ori pouvait alors apercevoir Aurel Tilemar échanger lui aussi de son coté avec ces invités, non sans pour autant de temps à autre lancer quelques œillades à son homologue, à la manière d'un serpent surveillant le jeune imputant qui avait tenté de capter toute l'attention de la cour de Cyrion qui aurait dû normalement lui revenir.
Ce fut ainsi après de longues minutes à passer à discuter, que Ori aperçu la belle Miraï de Calédor tenter d'échapper à ces homologues dans le but de s'isoler, ce qu'elle fit en passant l'une des portes jonchant la grande salle, et donnant sur l'extérieur de la demeure des Tilemar.
Lui emboitant le pas, ce fut sous une pluie battante et accoudé à la balustrade d'un balcon lui même protégé par un auvent, que le Aen Elle retrouva la descendante des Calédor.
"Votre absence aux festivités risque d'interroger Princesse... En particulier pour notre hôte qui semble plus qu'insistant de vous avoir à ces cotés." Par son intervention, il venait ici de s'annoncer, alors qu'il n'obtint que pour seule réponse un profond silence.
Rejoignant la jeune femme à la chevelure blanche, il s'accouda alors à ces cotés contre la balustrade, observant également l'horizon tandis qu'il resta aussi songeur en observant les intempéries recouvrir la région, offrant un paysage d'une beauté triste et froide.
Laissant ses yeux glisser en direction de la princesse Dragon, la beauté de la jeune femme ne laissait guère ici le jeune Ori indifférent alors qu'elle était pourtant l'exacte opposé d'une femme comme Cyrielle Nagaril.
En effet là où la belle à la chevelure d'or rayonnait par sa beauté, illuminant le cœur des hommes comme un soleil d'été, Miraï elle, était plus comme les neiges éternels de l'hiver : Froide et pourtant magnifique à observer. Ayant croisé la route de bon nombre de princesses en Nagarythe, nul n'étaient pourtant comme Miraï Caledor, quelque chose de fascinant émanant de ces yeux, lui donnant l'air d'être une femme indomptable et sauvage. Sentiment accentué par le coté martial qu'elle aimait à aborder et ce en toute circonstance.
C'est alors que la descendante des Calédor se décida à briser la douce mélodie de la pluie, offrant une réponse à l'interrogation posée plus tôt du jeune prince face à l'assemblée de noble réuni ici dans la demeure des Tilemar à savoir : "Qu'est ce que la guerre ?"
Pour Miraï, la guerre n'était autre qu'un jeu cruel et un piège dangereux mais qui pourtant n'empêchait ni les hommes, ni les femmes, d'y plonger pour régler les différents qui pouvaient les opposer. Une vision bien triste et sombre de l'avenir mais qui certes était tout sauf inenvisageable, Ori lui même ayant déjà entrevu la possibilité, si il venait à échouer ici à Tor Anroc, de se voir obliger de participer à ce jeu cruel en l'honneur du Roi qu'il servait : Malékith.
De plus Miraï ajouta une mise en garde à son encontre et concernant Aurel : L'intervention de Ori aurait d'une manière ou d'une autre des répercussions quand à la relation qu'il chercherai à établir avec lui. Certes jeune, le descendant des Tilemar n'était pour autant pas homme à devoir sous estimer, et cela Ori le savait alors qu'il était le visage ayant su rassembler autour de lui nombre de partisans favorable à une guerre totale dans la région.
D'une certaine manière, Aurel partageait certains traits avec Nahël Aethil : Des hommes ambitieux et dangereux contre qui mieux valait ne pas baisser sa garde.
"Je prendrais en compte votre remarque princesse..."Il se retourna et s'adossa cette fois ci contre la balustrade, alors que son regard se fixa vers les vitraux composant la porte qu'il avait emprunté plus tôt et reliant le balcon à la grande salle. A l'intérieur, les festivités battaient leur plein, triste spectacle quand on savait que ce qui réunissait ces hommes et ces femmes, n'était autre que le fléau de la guerre, s'accompagnant de toutes les pertes humaines ou matériels, qu'elle pourrait engendrer si elle venait à se réaliser.
"Je suppose que vous avez su m'écoutez plus tôt... Rassurez vous, je ne suis pas revenu vers vous pour vous supplier de me rallier, ni même pour m'offrir votre point de vue concernant mon idée à l'encontre de Daruil ou de Tor Velanor."
Il décala les mèches de chevelure noire qui lui tombait sur le visage, et se décida à jouer franc jeu avec la jeune femme.
"Permettez moi d'être honnête avec vous Princesse... Ce que notre peuple voit comme une guerre entre deux Roi n'est désormais plus qu'une guerre entre grandes familles, où chacun cherche à tirer son épingle du jeu dans le but d'obtenir sa place dans le nouveau monde qui sera au fil des années et des décennies le notre.
L'Archonte Cyrion reste indécis quand à la situation, seul pourrait le faire changer d'avis les grandes familles susceptible de lui susurrer à l'oreille la conduite à tenir... Aurel Tilemar... N'a pour but que d'accroitre son emprise sur Tor Anroc, prétextant vouloir empêtrer les Asurs dans un nouveau front d'un conflit sois disant pour l'honneur et dont les pertes seraient faramineuses.
L'information concernant les mouvements de troupes en provenance de Tor Aethil m'était inconnu jusqu'à ce soir, mais je crains hélas qu'elle ne soit le fruit du prince Nahël Aethil... Un homme dangereux et dont l'ambition est similaire voir plus grande encore que Aurel.
L'échiquier est désormais en place, les pièces avancent... Et si Tor Aethil est sur le pied de guerre, alors nul doute qu'il ne me reste que peu de temps pour pouvoir agir ici à Tor Anroc, avant que le devoir ne me rappel à Nagarythe."
Son attitude et son regard se firent alors plus sérieux tandis qu'il savait que le déroulement des évènements dans le monde n'étaient désormais plus en sa faveur. Le manque d'information en provenance de Tor Aethil était ici le talon d'Achille du jeune prince alors qu'il n'avait pour l'heure toujours pas reçu de retour de la missive qu'il avait fait pousser à Cyrielle Nagaril.
"Vous êtes une Calédor. Votre opinion et vos choix pouvant faire basculer la balance entre les partisans de la paix et ceux de la guerre.
Si je ne peux vous forcer la main dans votre choix ou dans votre conviction, au moins puis je vous prouver ma bonne foi concernant la place que pourrait jouer Daruil entre Tor Aethil et Tor Anroc. Si mon idée ne peut résoudre complétement les différents qui nous opposent, au moins pourrons nous gagner du temps pour réfléchir ensemble à l'avenir."
Ici il insinuait vouloir inclure bien plus de protagonistes dans la mise en place de relations durables entre Tor Aethil et Tor Anroc afin de rendre totalement hermétique la frontière liant les deux grandes cités à savoir Tor Velanor.
"Si je ne m'attendais nullement à rallier des partisans ce soir, au moins ai je su à travers mon discours, semer la graine du doute dans les esprits de ces hommes et ces femmes pourtant jusque là convaincu que la guerre était la seule option viable à la résolution du conflit qui nous oppose.
Hélas, le temps étant devenu un luxe que nous n'avons plus, certains d'entre nous doivent prendre des décisions susceptible de tout changer."
Ici, c'était bien à Miraï la princesse dragon auquel il faisait référence, elle qui partageait le même sang que le Roi Phoenix en personne.
"Vous m'avez dis voir en Daruil un homme respectable et de conviction, capable de rallier la cour de Tor Anroc autour de lui, il ne lui manque que plus de soutiens pour pouvoir mener à bien les idées qu'il défends.
Quand à moi... Si je ne peux être considéré ici comme un ami ou un allié... Au moins ai je le bénéfice de penser que je suis quelqu'un d'honnête, et vous êtes mieux placé que n'importe qui pour le savoir princesse. A Tor Velanor, vous avez ôtez la vie d'un de mes hommes, et alors que le sang appel le sang... J'ai su démontrer que l'idée de vengeance ou de potentiel représailles n'étaient nullement bénéfique pour notre peuple, laissant mon potentiel ressentiment de coté, et laissant un homme d'honneur mourir sur une terre neutre et lui offrant l'honneur non pas d'être un martyre, mais plutôt un message d'espoir... Un sacrifice m'ayant donné la possibilité de venir jusqu'ici à Tor Anroc dans l'espoir d'amener un compromis entre Tor Aethil et votre cité."
Il plongea son regard dans celui de la princesse, la défiant dans son attitude alors qu'il la surplombait légèrement de part sa taille.
"A mon arrivée ici ce soir, vous m'avez vanté les mérites que nous avions d'avoir le sang d'illustres familles coulant dans nos veines. Certes l'héritage des miens à fait ce que je suis princesse, mais en aucun cas mon nom ne doit imposer celui que je cherche à devenir.
La destin n'est nullement imposé dès notre naissance, libre à nous d'en saisir la trame pour l'influencer.
Croyez moi, vous pouvez..." Mais il fut ici coupé par une intervention extérieur, alors qu'un serviteur venait de rejoindre les deux nobles sur le balcon, invitant Ori à le suivre tandis que le maître des lieux, était désireux de lui parler et ce en privé.
Hochant de la tête en guise d'affirmation à l'encontre du serviteur, le jeune homme se colla à Miraï pour lui susurrer ces mots à l'oreille :
"La mort du père de Daruil n'est nullement un cas isolé. En Nagarythe aussi, le prince Nahël Aethil a été victime d'une tentative d'assassinat, j'en veux pour preuve d'avoir été à ces cotés lors de l'attaque. Peut être n'y a t'il aucun lien entre les deux évènements mais un chose est sûre : Certains sont prêt à tout pour faire pencher la balance d'un coté ou d'un autre.
Restez sur vos gardes princesse."
Il recula d'un pas avant de saluer la jeune femme à la chevelure blanche d'une gracieuse révérence. Avait il eut raison de partager cette information concernant le descendant des Aethil avec elle ? Pouvait on y voir un lien avec l'organisation Arhai-Ceylui ? Dont Ori n'était même pas sûre de l'existence ?
Quoiqu'il en soit, sa conversation avec Miraï était ici terminé, et il l'a laissa seule dans sa réflexion, tout en espérant que les mots qu'il avait su offrir saurait influencer sa position pour l'avenir.
Conduit à travers la foule d'invité, Ori fut alors amené à se retrouver isolé en compagnie du prince Aurel qui, de part son attitude, ne pouvait masquer la tension qui semblait le traverser à la vue du fils de Azurö Aen Elle.
Se faisant désormais face sans que nul ne vienne les déranger, les deux hommes se jaugèrent un long moment, avant que le silence ne soit brisé par le Tilemar, celui ci demandant à jouer franc jeu alors qu'il demanda les réels intentions que celui ci avait en ayant choisi de venir ici à Tor Anroc.
Ori ne put que rire face à pareil question :
"Voila une bien drôle de question alors que je pensais avoir été clair lors de ma prise de parole plus tôt dans la soirée. Bien loin l'idée d'avoir voulu vous narguer prince Aurel, j'ai cru bon de me présenter à vous ce soir pour tester la fidélité de vos partisans.
Bien qu'aucun ne m'ait rejoint, je dois vous admettre que j'ai été étonné de voir le doute et la surprise s'installer dans leurs yeux après ma proposition."
Il se déplaça de gauche à droite, les mains dans le dos, tandis qu'il afficha un sourire emprunt d'une certaine ironie, alors qu'une voix douce et mélodieuse se glissa à travers son esprit : Melhira entra en contacte avec lui, le prévenant qu'elle voyait, d'une manière lui échappant complétement, que Aurel dissimulait sous sa tenue de soirée, une dague magique aux propriétés inconnus.
Si de prime abord, avoir une arme ce soir n'était nullement interdit, celle ci était d'ordinaire exposé à la vue de tous, servant plus d'attribut de parade plutôt qu'arme à but défensif... Pour autant, Aurel semblait désireux de cacher cette arme pour une raison ou une autre.
Restant plus prudent que méfiant face à cette information, le jeune prince prit la peine de rester toujours à une certaine distance de son homologue, juste au cas où.
"L'argent ? L'influence ? Le pouvoir ? Est ce là ce que vous avez promis à ceux acceptant de vous rejoindre ? Où bien est ce la peur qui pousse les plus petits seigneurs à se rallier à la grande famille Tilemar ? Moi qui pensait que la politique était avant tout affaire de conviction."
Nouvelle moquerie et nouvelle provocation, Ori cherchait ici à tester la patience de son homologue.
"Ce que je cherche prince Aurel, c'est un traité de paix entre Tor Anroc et Tor Aethil... Ce que je cherche... c'est à éviter de voir mourir des milliers d'Asurs pour l'ambition de quelques fous désireux d'augmenter le pouvoir dont jouissent leurs illustres familles.
Au final Prince Aurel... Ce que je cherche à Tor Anroc... C'est à vous battre, sur le terrain politique, alors qu'on me dit que nul n'ose plus vous tenir tête depuis de nombreuses semaines déjà."
Souriant et sûre de lui, il rajouta ceci :
"Mais après tout prince Aurel, qu'avez vous à craindre d'un simple petit prince de Nagarythe ? Mon discours aurait il suffit à troubler la tranquillité de votre esprit ? Au point de m'amener à discuter en privé, me demandant ce que je cherche à obtenir, comme si d'une minute à l'autre vous alliez m'offrir une proposition quelconque ?