[Concours] L'oeil du Grand Corrupteur (Textes)

Dans cet espace intemporel et hors du monde, les plus talentueux écrivains peuvent écrire pour le plaisir ou se mesurer entre eux, pour leur gloire personnelle ou par vengeance....

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[MJ] L'Insondable
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[Concours] L'oeil du Grand Corrupteur (Textes)

Message par [MJ] L'Insondable »

C'est ici que vous pourrez écrire vos textes, à vous de jouer ! :^^:
Lève les yeux, mortel, car devant toi se trouve le Canalisateur de Magie, le Tisseur de Vents et le Maître des cieux, dans toute son indicible splendeur. Je suis l'Insondable, et du haut de mon temple, je veille.

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Goraxul
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Re: [Concours] L'oeil du Grand Corrupteur (Textes)

Message par Goraxul »

Il existe un monstre qui se terre dans tout homme. Une créature terrifiante qui vous hante la nuit. Une abomination qui se manifeste dans vos actes les plus sordides. Souvent, ces cauchemars sont balayés du revers de l’esprit sous prétexte d’un mauvais rêve ou d’un malheureux repas qui vous pèse sur l’estomac. Il vous retrouve dans vos moments les plus sombre, lorsque vous avez besoin de lui. Elle se cache aux abords de votre inconscient afin de vous surprendre et d’abuser de vous. Il n’y a rien de mal à céder a la tentation de temps à autres. C’est ce que votre mère vous a dit, n’est-ce pas. Cette très chère maman qui veut votre bien, alors pourquoi ne pas relâcher la pression de temps à autre et frapper ce clochard qui vous a importuné une fois de trop ? Insulter ce collègue de travail qui abuse de votre gentillesse ? Prendre un verre avec des amis ? Qu’est-ce qu’il y a de mal ça, vous aurez un mal de tête demain matin et vous en serez plus heureux. Pourquoi ne pas manigancer contre votre compétiteur qui en fait de même lui aussi derrière votre dos, planifiant votre chute. Si vous ne faites rien, ce seront ses griffes qui mèneront votre vie et non l’inverse. Soyez libre et fort, suivez vos instincts, la dévotion aveugle n’est bonne pour personne, et surtout pas pour vous. Levez-vous devant le monde et montrez-lui qui est debout, qui dirige l’univers.

Bien assis sur son trône de cristaux vivant et grinçants, Goraxul, le guerrier vagabond, celui qui a traversé l’œil est qui en est ressortis changer, lui qui a communié avec la Bête et a été transformé par les vents corrupteurs du Chaos. Siège devant lui, une assemblée de cultistes venu des quatre coins du monde. Il n’aura toujours pas eut l’honneur d'être aspirer dans l’Aether et de ne faire qu’un avec la Ruine, il n’est toujours pas gracié au rang de démon, encore moins de prince-démon, il est toujours qu’un guerrier, se tenant debout devant le raz-de-marée humains de l’empire et des hommes. Le temps glisse entre ses doigts à chaque année qui avancent et il ne fait qu’augmenter son influence sur ses hommes damnés par les étoiles noires qui s’approchent de plus en plus. Le chant de Morrslieb et le hurlement de Mannslieb ont déjà commencé, l’armée de la Ruine s’assemble dans l’ombre pour détruire le cœurs des hommes. Le guerrier qui a entamé son voyage il y a de cela des lunes est maintenant un avatar de la ruine. Plus fourbe et sage, violent et corrupteur qu’il ne l’a jamais été. Ses limitations corporelles ne sont plus un obstacle. Là où un soldat croit une défense se trouve en réalité un attaque de vipère, ses articulations ne sont plus humaines, il tourne sur lui-même et provoque un cyclone de désolations autour de lui dans les champs de batailles éternelles du Grand Jeu. Une bénédiction du Putrescent. Il acquiert tranquillement, mais sûrement une forte et solide armée. La Ruine lui a offert la chance de montrer son véritable corps, sa chair n’est qu’un apparat inutile, il ne reste que son crâne sanglant, offrande du Dieu du Sang, Tout cela n’a rien changé de sa nature même, le Serpent lui a offert un don de parole et de fourberie, il n’a qu'à ouvrir la mâchoire et les soldats s’approche de lui pour lui offrir leurs armes et soutient. Son dernier cadeau provient de l’Architecte. Bien assis sur son trône de cristal vivant et grinçant, observe la foule alors que plusieurs pierres iridescentes orbites sa personne, ces minéraux possédants vastes secrets sont contrôlés par l’esprit du guerrier et la volonté de la Ruine. Ainsi, se levant dans son armure maudite recouverte de runes hérétiques, il observa la congrégation.
Image La fin des temps approche. Levez vos armées. Brûlez ce monde.
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Goraxul , Élu du Chaos Universel

Fiche Wiki

FOR 10 / END 11 / HAB 7 / CHAR 11 / INT 10 / INI 11 / ATT 11 / PAR 11 / TIR 8
MAG 0 / NA 2 / PV 80/80
Compétence
  • Ambidexterie : Utilisation sans malus de deux armes à la fois
  • Arme de prédilection : Hache Chaotique/b] : Bonus +1 ATT pour hache, -1 ATT et PAR pour autre arme 1d3 tours
  • Autorité : Bonus de 1 pour interraction avec militaire
  • Chasse : Bonus de 1 lors de tentative de chasse
  • Coriace : Réduction de -1d3 dégats lors d'une attaque contre lui (minimum de 1 dégats)
  • Coup Puissant : Bonus de 1d3 dégats lors d'une attaque
  • Langue Noir : Permer de parler et de comprendre la langue des monstruosité du Chaos
  • Parade : La valeur de parade des armes et bouclier est doublée
  • Résistance Accrue : Bonus de 1 sur tout ses jets d'endurances
  • Sang Froid : Ne subit pas de malus en cas de situations stressantes
  • Sixième sens : Bonus de 1 lors qu'il se sent traqué pour découvrir la source
  • Survie en milieux hostile : Bonus de 1 lors de tentative de survie en milieux dangereux.

Expérience
  • XP 0/625


Armement
  • 2 x Hache Chaotique : 18+1d8 ; 8(16) PAR ; Percutante : 2 jet de dégât, garder le meilleur. Manier deux haches chaotiques en même temps permet de faire deux attaques.
  • Bouclier du chaos : 6+1d6 ; 16(32) PAR ; Déstabilisant : +2 à tout test visant à pousser/renverser ou à résister. Bouclier : relance automatique de la première parade ratée au cours d'un round.
  • L'Éventreuse : 30+1d10 ; 12(24) PAR ; Percutante [2 jet de dégât, garder le meilleur], Épuisante [-1 aux attribut par tour pendant 5 tour, max -4] Lente [+2 en PAR et en HAB pour défendre contre l'Arme]


Armure
  • Harnois du cultiste de Khorne : 10 points de protection partout sauf la tête.
  • Camail : 6 points de protection sur la tête ; Protection de maille à laquelle peut s'ajouter un casque.
  • Casque Noir : 14 points de protection sur la tête ; -1 INI et ATT, -2 HAB


Mutation 1/8
  • Peau écailleuse : Armure naturelle de 4 sur le bras droit.


Argent
  • Couronne : 8
  • Pistole : 0


RP

Kill List
  • 8 x Skavens
  • 2 x Disques de Tzeentch
  • 2 x Soldats Kislev
  • 1 x Homme-bête
  • 1 x Champion de Khorne mort-vivant
  • 1 x Goraxul miroir
  • 1 x Goblin

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Reinhard Faul
Monster Vieux Monde 2021
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Re: [Concours] L'oeil du Grand Corrupteur (Textes)

Message par Reinhard Faul »

Ça a commencé par un stupide mal de ventre.
Nous étions dans le jardin d'hiver. J'étais en train de superviser l'entretien des bougies – au sein du collège lumineux, c'est une affaire qui a son importance – quand soudain j'ai ressenti des douleurs horribles, assez pour m'arracher à ma tâche. Une cinquantaine d'apprentis ont arrêté de psalmodier d'un seul coup pour me regarder, parce que j'ai poussé quelques gémissements totalement inconvenants. Ça te semble disproportionné ? On est au milieu d'une cérémonie. Je ne saurais te dire combien les bougies sont prises au sérieux ici. Cette petite entorse au protocole va coûter des jours de rituels de purification, d'illumination, de séances de méditations et le temps de deux ou trois cents personnes. Je suis en sueur sous mon costume à cause du malaise social et j'ai un mal de chien à me retenir de hurler.

Qu'est ce que j'ai fait ensuite ? Ce que n'importe qui aurait fait. J'ai juré à mes collègues que ça ne se reproduirait plus, et puis j'ai oublié. Qu'est ce que tu voulais faire de toute façon ? Il ne s'était somme toute rien passé. Après que j'ai couiné, on m'a conduit à ma cellule pour que je fasse la sieste, et puis les douleurs n'étaient plus là à mon réveil. J'ai cinquante quatre ans, ça arrive d'avoir mal quelque part à cet âge là. Voilà tout.

Tu te doutes bien que ça s'est reproduit. Sinon ça serait « l'histoire du Hiérophante qui a eu une fois mal au ventre pendant une cérémonie » et tout le monde aurait bien perdu son temps. Bien sûr que j'ai eu à nouveau mal. Cette fois c'est arrivé pendant que je relisais le traité de phénoménologie d'un collègue. J'étais à genoux dans la salle de l'Illumination du Miroir de la Connaissance de Soi quand j'ai eu une putain d'envie de chier.

Excuse moi pour la vulgarité. Ce n'est pas très apprécié par ici. Mais, normalement, pour sortir de cette salle il faut méditer une heure sur les Illusions de l'Ego, puis allumer seize bougies, puis psalmodier les chants du Véritable Éclairage de l'Être (on y perd à la traduction sur celle là, désolé). Il n'y a pas de procédure d'urgence. Ça a l'air très pénible, mais j'ai appris à aimer toute cette discipline. A l'extérieur de la Pyramide, les gens vivent comme des animaux. Ils sont méchants et dégoûtants. J'étais un orphelin d'Altdorf avant d'entrer en apprentissage ici, j'en sais assez sur l'extérieur pour être sûr que je suis mieux à faire des génuflexions et à chanter plutôt que de... de faire des grasses matinées et... d'autres choses. Peu importe la vie des sauvages dehors. Il n'y a rien pour moi là bas.

Bref, j'ai géré au mieux l'urgence, peu habitué à devoir me coltiner à de basses contingences matérielles après des années de maîtrise de soi. Les épidémies de gastro n'arrivent pas jusqu'ici d'habitude. C'est le Collège de Lumière. Même avoir le nez qui coule ce n'est pas protocolaire. Je suis très embarrassé. D'habitude je m'occupe des choses corporelles pendant les cinq minutes de toilette ritualisées du matin, en essayant d'oublier la honte de ne pas être un pur esprit de lumière désincarné.
Je me suis retrouvé face à moi même dans l'intimité d'une salle de bain, un moi même devenu fou et incompréhensible. Quand je me suis relevé après avoir fini, j'ai vu une énorme quantité de sang dans la cuvette. Ça ne m'a même pas fait mal, mais j'étais sonné. La pire chose qui me soit jamais arrivé. Je n'ai aucune connaissance en médecine. Il va falloir que j'en parle à quelqu'un.

C'est peut être là que mon cerveau a dévié de l'ornière qui lui était tracé depuis quasiment cinquante ans. J'ai réussi des exorcisme difficiles. J'ai tué des créatures issues de la nécromancie en veux tu en voilà. Mais là j'ai senti mon esprit flancher devant ma propre impuissance. A qui, bordel, je peux raconter que je perds du sang par l'Endroit Innommable qu'Il ne Faut Pas Nommer ?

Je me suis mis à avoir un secret, à mentir, à cacher mes draps à la laverie, mes aller et retour à la salle de bain. J'ai fait quelque chose d'interdit. La réalité m'a cependant rattrapé assez vite, parce que je me suis évanoui en public à cause de la douleur. Si il fallait mourir de quelque chose, ça aurait été plutôt de honte.
J'ai dû aller voir des prêtresses de Shallya, hors de la pyramide multi-dimensionnelle – c'est jamais agréable d'en sortir, rapport que l'extérieur est une immense porcherie à ciel ouvert. Je vais t'épargner le récit de l'entretien, c'était plein de détails gênants dont tout le monde se passera. On passe direct à la partie où une petite dame avec un chapeau ridicule m'explique le sens des mots « cancer du colon très très avancé on peut rien faire ».

Il m'est déjà arrivé des coups durs dans la vie. J'ai vu des collègues mourir salement, des possessions perturbantes, des pacifications. Mais là je me suis senti... vexé. C'est pas juste ! Je peux pas m'être tapé l'apprentissage, les démons, et toutes ces conneries pour avoir une boule de viande de la taille d'un pamplemousse qui me pousse dans le fondement ! Non putain ! Espèce de... de connasse !

La lumière dont j'irradie naturellement a vacillé. J'ai failli perdre... perdre tout. Comme ça. Je me suis vu un instant attraper la prêtresse de Shallya par les cheveux et lui encastrer les dents à plusieurs reprises contre son bureau. Elle aurait pleuré et hurlé de douleur. Et j'aurais adoré ça parce que ça lui apprendrait à dire des mauvaises nouvelles aux gens en portant un chapeau qui se fout de la gueule du monde. C'est agréable de se défouler de sa colère. La violence ne se dirige pas automatiquement vers ceux qui la méritent, des fois on a vraiment envie de frapper un truc parce que bordel la vie ça fait chier. J'ai jamais eu autant de désir pour quelque chose depuis que je suis rentré en apprentissage.

Mais il ne s'est rien passé. Moi et mon pamplemousse on est rentré à la pyramide – pour mourir. Calmement. Après tout, c'est le collège de Lumière ici hein ? On irait où si on se mettait à perdre son calme ? J'ai à ma disposition des milliers de livres sur la sagesse cosmique et l'acceptation de l'inévitable. J'en ai déjà lu une bonne partie. J'ai médité dessus encore plus. J'aurais aussi bien fait de me torcher avec.

J'ai mal, c'est aussi simple que ça. Mon pamplemousse déplace mes organes, empêche le sang de circuler à certains endroits, détruit les fonctions les plus fondamentales de mon corps, très lentement. Et putain, je jongle. Je n'arrive plus à manger ni à dormir, je maigris à toute vitesse. On croit peut être à la philosophie ici, mais pas aux soins palliatifs.

Et puis c'est arrivé.
C'était l'heure du goûter, nous étions peu nombreux dans cette petite salle. J'étais en train de méditer à genoux – en réalité j'étais roulé en boule par terre à fulminer, mais c'est pour le principe – quand soudain un grand fracas de métal m'a détruit les oreilles. Ça m'a fait mal, physiquement, ce boucan. Je ne suis pas d'humeur à ce qu'on me torture encore plus.
J'ai relevé le nez des plis de mon uniforme, devenu trop grand pour moi à cause de la maladie. Deux connards d'apprentis – les seuls autres êtres humains dans la pièce – ont fait tomber un bougeoir en or massif. Je les vois à genoux, le front au sol, devant les coulures de cire et les morceaux de bougie.

Ce n'est pas facile d'être apprenti. C'est très long en plus. Et même si on est tous très gentils, très purs, sagesse cosmique gna gna gna, on a tous qu'une hâte une fois qu'on fait parti des rares élus à monter dans la hiérarchie de notre Ordre : en faire baver à ces petits merdeux comme nous on en a bavé. Pas de façon explosive, bien sûr, mais il faudrait être plus qu'un homme pour résister à la tentation d'être un peu mesquin. En l'occurrence, je me sens aussi bien disposé qu'un orc qui aurait attrapé la rage, alors je me mets à hurler :

« MAIS POURQUOI VOUS N'ÊTES PAS EN TRAIN DE NETTOYER VOS CONNERIES ? »

Les rituels de purification et tout ça, c'est plus mes oignons, mais l'étape avant c'est déjà de ramasser ce qui traîne par terre. Pourtant, ils se figent comme des faons effrayés, et me fixent d'un air ahuri. C'est vrai que hurler et jurer ne sont pas dans les habitudes du coin. Maintenant qu'on les a sorti de leurs habitudes, ils sont tout penauds. Bah, ils doivent savoir que je suis mourant, non ? Ça se voit. Tout le monde est un peu indulgent, en ce moment.
Je me lève, très doucement, ankylosé. Il y a un des deux apprentis qui trouve le courage de parler. Il a une voix très agaçante, fraîchement muée, le genre de voix qui donne envie de lui faire du mal :

« Monseigneur Hiérophante... la cire... elle forme la rune du Serpent de Lumière. »

J'ai plissé les yeux pour voir. C'est vrai que ça y ressemble un peu, en tout bosselé et tout déformé. Et puis je sais pas pourquoi, entendre des conneries pareil ça a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. En des temps plus normaux j'aurais compris. Je me serais dit « ah, ces jeunes, toujours trop enthousiastes dans la ferveur spirituelle » et puis je les aurais puni selon la façon habituelle. Là, j'ai explosé :

« NON MAIS VOUS VOUS PRENEZ POUR DES PAYSANS CONSANGUINS DU DEHORS OU QUOI ? C'EST PAS POSSIBLE ! »

Ils ont élargi les yeux de terreur. Je me suis rapproché pour en choper un par le col.

« Vous allez vous mettre à faire des petites pyramides en bouse et sacrifier des enfants devant ?!

- N-n-non !

- Vous croyez que ça va vous sauver des démons, la cire par terre ?!

- Vous me faites très mal ! »

Le petit con s'est mis à chouiner. J'ai senti la magie brûler dans mes veines. D'habitude je la contrôle, je la verrouille, je l'enferme, c'est le cœur de tout ce que nous faisons ici : garder sous clef ce qui doit l'être. Et là, je n'ai pas pu.

Il s'est passé beaucoup de choses ensuite. La première, c'est que j'ai eu deux cadavres d'apprentis à mes pieds. Le silence, enfin. C'est arrivé, c'est tout. Et ça m'a fait tellement plaisir...
La deuxième, c'est qu'un démon de Slaanesh est apparu dans ma tête. Je le sais parce que je suis plutôt calé en matière de démon. Je l'ai contemplée, calmement. C'est de genre féminin, à peu près dans les trois mètres si on essaye de mettre une taille dessus, dans six cents kilos d'offenses à la bienséance montées sur tentacules. Elle s'est arrangée pour me plaire. Je la salue :

« Bonjour.

- Alors, c'était bien ?

- Oh oui.

- Si tu es d'accord pour que je t'accompagne, ensemble, nous ferons de grandes choses. Tu pourras te trouver de nouveaux alliés et répandre...

- Non.

- Non ?

- Écoute, démon, je sais comment ça marche. Nous sommes pile dans le repaire des meilleurs exorcistes de tout l'Empire. L'extérieur c'est de la merde de toute façon. Nous n'avons aucun avenir ensemble, ou alors il serait très court. J'aurais adoré qu'on aille plus loin tous les deux, dans une autre vie, mais là aujourd'hui je vais mourir. Je veux juste... un peu relâcher la pression avant, d'accord ?

- Hm... je vois que j'ai affaire à un connaisseur. Le Serpent a néanmoins quelques cadeaux pour toi, avant. Amuse toi bien. »

La démone a disparu. J'ai senti le regard du Dieu se poser sur moi. Mon corps a changé. Déjà, la Lumière s'est éteinte. Mes cheveux ont retrouvé leur couleur d'origine – gris sale -, ma peau aussi – un peu jaune quand même, parce que mes reins ne fonctionnent plus à cause du cancer. Ma tumeur, mon petit pamplemousse, a cessé de me faire mal. Instantanément. C'est devenu un organe délivrant un peu de vie supplémentaire, le temps de finir ce que j'ai à faire. Merci Slaanesh. Ma maigreur est restée, mais ma peau est devenu bizarrement résistante. Et enfin, il y eut un ajout au niveau de ma gorge, qui se révélera utile en temps venu.

J'ai fait ce que n'importe qui aurait fait à ma place : je me suis jeté sur le placard des objets confisqués aux apprentis. Premier truc à faire. Quand ils arrivent ici, ils essayent en général d'apporter de menus bricoles qui n'ont rien à voir avec l'élévation spirituelle. C'est le seul endroit dans toutes les multi-dimensions à la ronde où on peut trouver de la drogue. J'étais grand amateur de racine de mandragore à l'orphelinat, et il y a encore une petite partie de mon cerveau mal développé qui se souvient de ce que ça fait. Je me suis bourré une énorme pipe, et quoique le matos soit un peu sec, ça a été génial.

Deuxièmement je me suis dégoté un tonneau d'huile de lampe.

Et troisièmement, mon œuvre.
J'aurais voulu mourir en écoutant de la musique, n'importe laquelle, pourvu qu'elle vienne du dehors. Autre chose que de psalmodier sur la spiritualité. C'est le seul plaisir de l'extérieur qui me manque encore depuis toutes ces années. Hélas, il n'y a pas d'instruments de musique ici. Je me suis mis à chanter une chanson paillarde, une des rares dont je me souvienne parce que ma mère me les chantait pour m'endormir quand elle n'était pas encore morte, mais c'est pas vraiment pareil. Je vais me rabattre sur les arts créatifs, genre toile éphémère avec des boyaux. Ça fait plaisir aussi.
Je me mets à déambuler dans les couloirs, en fumant comme un taré et en poussant un tonneau devant moi. Et je chante :

« JEANNETON PREND SA FAUCILLE, LA RIRETTE-EUH LA RIREEEETTE... et... euh... s'en alla couper je sais plus quoiiiii... »

Ce coin de la pyramide est désert à cette heure là. Personne ne voudrait louper le gruau roboratif du goûter. Je parviens néanmoins à croiser quelques apprentis dans les couloirs, et je leur crache de l'acide à la gueule. Cadeau de Slaanesh. Je ne me fais pas mal parce que ma peau résiste à ça, et je peux traîner leurs cadavres pour couvrir les murs de leur sang. Clouer des boyaux. Leur coller des parties à la cire.

« LE TROISIEME FRERE, UN PEU MOINS SAGE, LA RIRETTE-EUH LA RIREEEETTE, LUI SOULEVA LE euh... qu'est ce qu'il lui soulève déjà ? »

Des Magisters confirmés sont néanmoins arrivé à cause du bordel que je produis. Ils se sont figés d'horreur en me voyant, tout déchu, sans lumière, avec du sang jusqu'aux yeux. Je leur a fait coucou de la main.
Et puis j'ai lâché la pipe allumée dans le tonneau d'huile de lampe.
Natus est cacare et abstergere coactus est.
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Lien Fiche personnage: Ici

Stats :
Voie du sorcier de Nurgle (Profil avec empreintes occultes et mutations)
For 9 | End 14 | Hab 10 | Cha 6 | Int 15 | Ini 10 | Att 10 | Par 9 | Tir 9 | Foi 8 | Mag 18 | NA 3 | PV 140/140

Mutations/marques :
Nuages de mouches : -1 ATT/PAR/TIR/INI pour toutes les personnes à moins de 6m
Plaies suppurantes : 1d3 dégâts retranchés à chaque blessure
- Morsure Venimeuse : Poison hallucinogène
- Hideux (Effet : Peur)
- Organe du Chaos (-1 CHA/HAB, +1 END, +5 PV)
Pourriture de Neiglish : Porteur sain
Protection de Papy : 2d4 PdC à chaque critique en incantation
Grimoire :

- Lumière : À appliquer sur un objet ; Fait de la lumière pendant 1h
- Flammèche : Petite étincelle au doigt pendant une minute
- Météo : Connaît la météo prochaine
- Repos : Peu faire se détendre quelqu'un

- Infestation de Nurglings : 24m / 1d4 tours / Projectile magique. Une fois qu'une personne est touchée, elle subit 10+2d10 dégâts magiques par tour / Dès la fin du sortilège ou la mort de l'ensorcelé, des bubons explosent, libérant 2d3 amas de chair, qui sont autant de nurglings
- Fontaine putride : 6m / Instantané / 30+2d10 dégât devant lui + gain de 7 armure temporaire magique / +5 dégât par point de MA
- Gerbe corruptrice : 12m / 10+1d10 dégât dans une zone de 6m, esquivable ; métal rongé après 1d4 tours / -1 esquive par MA

- La multitude fait le tout : Se change en nuée de mouches
- Prodigieuse santé : Contact / Devient ultra bogosse et ultra chad
- Grande invocation de petits amis : Invoque des insectes pour servir d'ingrédients
- Immonde messager : Peut envoyer des messages twitter (Caractères limités)
- Allégresse fétide : Supprime toute douleur mentale ou physique
- Divine urgence : Force la cible à faire un jet d'END. Diarrhée en cas d'échec.
- Paludisme dévorant
- Vent de Nurgle
- Torrent de corruption

- Invocation : Nurglings
- Invocation : Bête de Nurgle
- Invocation : Porte Peste
- Octogramme de conjuration
Compétences :
- Résistance accrue : +1 END aux jets testant la résilience physique (Fatigue, drogue, alcool, torture...)
- Vol à la tire : +1 pour escamoter quelque chose
- Baratin : +1 pour endormir la vigilance de quelqu'un
- Déplacement silencieux : +1 pour fureter quelque part
- Déguisement : +1 pour s'infiltrer en étant déguisé
- Alphabétisation
- Autorité
- Humour
- Empathie
- Coriace

- Sens de la magie : Sur un test, détecte les événements magiques
- Incantation (Domaine de Nurgle)
- Maîtrise de l'Aethyr (Nurgle) : 3
- Contrôle de la magie
- Divination (Oniromancie) : Sur un test au cours de son sommeil, peut découvrir la destinée de certains personnages
- Langue hermétique (Langue Noire) : Parle la langue immonde du Chaos
- Confection de maladies : Peut fabriquer des maladies communes et rares
- Connaissance des démons
Équipement de combat :
- Bâton démoniaque : 2 mains ; 10+1d8 dégâts ; 8 parade ; Assommante & Utilisable seulement par les classes magiques. +1 PAR
- Pistolet à répétition : 46+1d8 dégâts, malus -2 TIR/8 mètres, peut tirer cinq fois à la suite avec un malus de -1 TIR par chaque nouveau canon qui fait feu
- Agaga (Épée à une main) : 18+1d10 dégâts ; 13 parade ; Rapide, Précise, Perforante (2) ; +1 INI
- Cocktail Molotov (x4) : Dans un rayon de 1m, toute personne qui est touchée par la bouteille prend trois états de « Enflammé ». Dans un rayon de 2m, c'est 2 états seulement. Dans un rayon de 3m, un seul état.

- 15 balles et poudres

- Tenue de cultiste de Nurgle : 5 protection ; Tout le corps sauf tête

- Anneau d'Ulgu : Lorsque porté, vous pouvez faire croire à ceux qui vous entourent que vous êtes un humain lambda (sans mutation aucune ni trait particulier) pendant 1 heure. Vous ne pouvez utiliser cette capacité qu’une fois par jour. Vous ne pouvez pas prendre l’apparence d’une personne en particulier.

- Miroir de la Demoiselle d'Acques
- Cor de la harde des Museaux Annelés
Équipement divers :

- Marque de Nurgle
- Caresse de la vipère (poison) : Un sujet blessé par une arme enduite de ce venin doit réussir un jet d'END-4 sous peine de mourir dans END minutes. Chaque minute avant sa mort, le sujet subit 5 points de dégâts non sauvegardables, et un malus cumulable de 2 à ses caractéristiques.


- Couverts en bois
- Sac à dos
- Couronnes dentaires en bois
- Tatouages
- Porte-bonheur

- Sap-biscuit

- Costume de répurgateur + Fleuret (Déguisement)
Divers divers :

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Johannes La Flèche
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Re: [Concours] L'oeil du Grand Corrupteur (Textes)

Message par Johannes La Flèche »

Journal de Guerre de Jan Wiedler: Chasseur de Sorcières attitré du Trés Saint Ordre des Templiers de Sigmar


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Wellentag, première semaine de Nachenxen de l'an de grâce 2529:
Enfin! Ce jour que j'attendais tant est venu! Après trois mois d'une formation exigeante et parsemée d'embûches, je vais pouvoir finalement avoir ma licence de Répurgateur, délivrée par par le Lecteur de Salzenmmud en personne! Je dois avouer que je n'ai jamais été aussi fier d'être un fils du Nordland, et de l'Empire en général. Mais il ne faut pas se leurrer, au plus profond de moi je sais que je ne suis qu'un humble serviteur de Sigmar. La satisfaction et la fierté m'accompagnent tout de même à la pensée d'aller directement sur le terrain pour lutter contre les puissances infernales et les sales traîtres à l'humanité qui se sont abandonnés à elles. Ah, si seulement j'aurais pû postuler plus tôt, au moment où nos armées assistées par les elfes et les nains réussirent à repousser Archaon de Middenheim, pour que ce chien aille se terrer dans le Fort d'Airain, dans les monts du Milieu. M'enfin inutile de ressasser le passé, mon devoir de milicien dans ma ville natale m'empêchait de le faire, tout simplement. Je suis en train d'écrire actuellement dans un confessionnal, dans une des ailes de la cathédrale de Sigmar mais


Je commence à entendre des bruits de pas


Me cherche t-on?


Je dois en avoir le coeur net.


Je reprends l'écriture dans une auberge des faubourgs de Salzenmmund, on me cherchait en effet, pour me convier à ma cérémonie d'initiation. L'évènement fut tout à fait remarquable, je m'en souviendrai probablement toute ma vie; basiquement on avait éteint (enfin, je dis on, c'est surtout les prêtres et les apprentis qui l'on fait) Mais bref, on avait éteint quasiment toute source de lumière dans l'édifice. Hormis la lumière du jour passant entre les vitraux multicolores, seuls trois braseros et deux bougeoirs continuaient de brûler dans la nef principale, disposés tout autour de l'autel principal où j'ai entendu tant de fois le Lecteur réciter les divers cantiques et psaumes du Deus Sigmar. Ce dernier était perché justement à son autel, l'air toujours aussi solennel, comme s'il allait commencer à réciter encore une fois la messe. Cependant, à la place des centaines de croyants habituels, il n'y avait qu'un petit groupe de personnes, fait remarquable, ils étaient tous plus ou moins âgés, le visage creusé et les cheveux grisonnants; certains portaient même des cicatrices ou d'autres marques visiblement obtenues en combattant, mais s'ils avaient tous quelque chose en commun, c'était bien la manière dont ils étaient vêtus. Chapeaux à larges bords avec une petite plume plantée au sommet, bretelles à pistolets, chemise en lin, pardessus en cuir, le tout impeccablement entretenu...on dirait qu'ils s'étaient mis sur leur trente-et-un, et je ne mis pas longtemps à comprendre pourquoi.
Le Lecteur me fit signe d'approcher, pour me placer au centre des trois braseros, tout juste devant l'autel flanqué des deux bougeoirs. Derrière les flammes dégagées par tout cela, dans la pénombre qui avait envahi le reste de la cathédrale, le petit groupe que je décrivais plus tôt à formé un cercle. Alors le Lecteur a commencé à parler, remerciant avant toute chose les chasseurs de sorcières vétérans qui s'étaient déplacés afin de participer à ma cérémonie d'initiation.
Alors même que j'écris ces lignes, je suis encore touché par l'acte grâcieux qu'ils ont fait pour moi, si je n'ai rien dit sur le moment, je me promets de leur rendre la pareille un jour, à eux ou à tout autre apprenti.

Après ces remerciements initiaux, le Lecteur m'a demandé de m'agenouiller devant l'autel, puis a commencé à réciter toute une série de prières, reprises en coeur par les vétérans se tenant derrière moi. Bien que je connaissais déjà les textes qui étaient en train d'être récités, la situation dans laquelle j'étais a fait que.... je ne sais pas....c'est comme si mon esprit avait quitté mon corps pendant un instant. En fait, je me sentais comme en communion avec le Dieu Guerrier. Je ne sais pas si c'est dû à l'atmosphère presque surnaturelle qui régnait dans la nef ou alors à cause de ces flammes, ces flammes qui étaient réellement hypnotiques, comme douées d'une vie propre et dansant sous mes yeux, tentant de chasser en vain les ombres qui les entouraient.
Dans tous les cas même si je n'étais guère présent dans mon corps, les paroles prononcées par le Lecteur et répétées par les autres répurgateurs résonnent quelque part encore dans mon esprit, même maintenant. Tiens, je vais en écrire quelques unes, juste les poser comme ça, au cas où j'aurais un trou de mémoire, pour bien m'en souvenir.


....Brûle l'hérétique; Tue le mutant; Élimine l'impur....

....Et le Grand Théogoniste Johann Helstrum dit: Débusquez et exterminez les serviteurs du Chaos ainsi que les pratiquants de la magie corrompue, où qu’ils se cachent....

.....Mainteniens et poursuis l’oeuvre que Sigmar a commencé: L'Empire; même au prix de ta liberté ou de ta propre vie....


Bien sûr, je note tout ceci par simple mesure de précaution, mais je ne pense pas oublier ces préceptes de sitôt. Bref, après tout cette petite partie dédiée à aux prières et à l'énoncé des principes du chasseur de sorcières que je suis maintenant, Le lecteur arrêta soudainement son office et me demanda sur un ton trés religieux si j'acceptait de m'engager dans cette voie. Les autres répurgateurs ont répétés aussi cette question, mais à la troisième personne. "Jure t-il de s'engager dans la voie du Répurgateur et de rester fidèle à l'Empire, l'Empereur et aux Saints Préceptes de Sigmar Heldenhammer?" Bien évidement j'ai répondu oui....d'ailleurs pourquoi je l'écris du coup? A cela l'assistance des vétérans a répété mon voeu. "Oui, Jan Wiedler le jure, il le veut." Alors à ce moment là, le Lecteur me fait signe de me relever, et tout le petit groupe des chasseurs de sorcières s'est rapproché de moi. Il se sont mis en file injannaise et se sont présentés un par un, tour à tour face à moi tout en effectuant le signe du Marteau. Ils me remirent chacun un objet, une arme qui sera utile dans ma lutte contre le Mal: une arbalète de poing avec des carreaux à la pointe en argent, de l'eau bénite, des vêtements, une torche, une épée, une Main Gauche (trés joli poignard en passant), une pélerine...Puis finalement le Lecteur, le grand prêtre en personne est arrivé devant moi. Il a commencé à prononcer une bénédiction en langue classique et, après avoir effectué le signe du Marteau sur moi, m'a remis un exemplaire du Livre de Sigmar et la fameuse licence faisant de moi un authentique répurgateur; le tout sous les applaudissements sobres mais sincères des vétérans.

Je....je n'oublirai jamais ce moment. Jamais. Sigmar a placé sa confiance en moi et je ne le décevrai pas! M'enfin, alors que j'écris, la bougie n'est plus qu'un tas de cire informe, la flammèche y trônant dessus menace de s'éteindre à tout instant. Je me rends compte que la nuit est déjà bien avancée, j'arrête donc ici pour aujourd'hui.

Puisse Sigmar me donner la force pour affronter et vaincre le Chaos.




Konistag, troisième semaine de Nachenxen de l'an de grâce 2529:
C'est étrange, mais plus le temps passe, plus j'ai comme l'impression que les les gens ne prennent pas vraiment au sérieux la menace que peuvent causer les ténèbres, tout le mal qu'elles peuvent faire et ont déjà commises. Cela doit faire quoi? Déjà quelque semaines que je recherche ce fichu sorcier. Ce déviant a pourtant des caractéristiques qui pourraient faire qu'on le reconnaîsse facilement; d'après les information données par mes collègues quelques jours après mon initiation, il porte une longue robe bleue sombre, des épauliers faits en plumes et un manteau avec une capuche noire aux rebords dorés. De plus, il se dirigeait vers le nord la dernière fois qu'on l'a repéré. Bon après c'est sûr, on ne peut pas le reconnaître au faciès, mais quand même, difficile de passer inaperçu avec un tel accoutrement! Et pourtant, quand j'écris ces lignes dans une taverne de Stavern, depuis tout le chemin effectué depuis Salzenmmund, aucun voyageur, aucun paysan, aucun bourgeois que j'ai interrogé ne l'a vu ou ne s'est aperçu de la moindre chose suspecte.
Je sais que les forces armées des puissances infernales ont été repousées avec leur champion il y a déjà un petit bout de temps, je sais que notre bien-aimé Empire est sur le chemin de la prospérité et recouvre rapidemment de ses blessures, je sais que l'avenir semble radieux et prommetteur; mais ce n'est pas pour autant qu'il faut relâcher sa vigilance! Il y a toujours des hérétiques, des impies et des dégenérés qui se cachent parmi la population; ce sont comme des serpents, au début ils sont toujours peu nombreux ou trés discrets, mais petit à petit, il se répandent et infestent progressivement les lieux, creusant et consolidant les nids de la corruption et de l'immoralité, rongeant et détruisant le pays de l'intérieur! Il faut les pourchasser sans cesse ou tous les sacrifices consentis auparavant auront été vains. Bref, tout ça pour dire que le manque d'attention du citoyen lambda ne me facilite pas la tâche dans la traque de ce magicien. J'en suis réduit à spéculer sur la prochaine destination de ce dernier. Neues Esmrank? Dietershafen? A moins qu'il ne se soit arrêté ici....je ne sais pas....Tant pis, je reprendrai mes recherches demain.

Puisse la nuit me porter conseil et Sigmar m'aider dans ma mission.



Angestag, troisième semaine de Nachenxen de l'an de grâce 2529:
Ce que je vais dire peut paraître étrange mais....Je pense avoir vu Sigmar en rêves la nuit dernière; je ne sais pas si c'est ma dévition envers Lui ou bien si c'est tout simplement Lui qui a bien voulu se manifester à moi. Il s'est incarné dans une forme humanoide trés floue, méconnaissable s'Il ne portait pas son marteau légendaire: Ghal-Maraz. Sigmar m'a alors encouragé la lutte contre le mal et m'a indiqué que je devais me diriger vers Dietershafen. J'ai bien essayé de lui répondre, mais il s'est volatilisé en un clin d'oeil. Je...je ne sais pas si je dois douter de cette vision, comment le dieu guerrier pourrait se manifester à moi? Comme ça? J'ai....on dirait que je frôle l'hérésie rien qu'en y pensant...
Mais écartons-nous de cette vision et concentrons-nous sur notre tâche, les voies divines sont impénétrables après tout. J'écris ces lignes depuis La Dernière Ligne Droite: une auberge sans histoire dans une ville qui ne paye pas de mine, sur la route de Dietershafen: Zweedorf. C'est le soir, on peut voir la rue à l'extérieur éclairée à la fois par les torches et Mannslieb: c'est la pleine lune. Après réflexion et la contemplation de ce rêve, j'ai choisi de me diriger vers ce grand port de la côte nord. Je ne sais pas, ce satané mage pourrait bien agir là-bas. Même si je ne suis pas sûr de l'intercepter à temps, je ne peux qu'espérer et prier Sigmar d'empêcher ce bâtard de passer à l'action.


C'est bizzare, maintenant que je le remarque....


tout ce bleu, tout ce jaune, pourquoi les gens dans la salle sont-ils tous habillés comme ça? Enfin, de manière différente, bien sûr ils ne portent pas tous les mêmes vêtements, mais à chaque fois, je vois une ceinture dorée ou une chemise bleue et d'autres détails du même genre. Je sais bien que ces deux couleurs sont les symboles de notre province. En plus, je ne voit nul drapeau ou d'officiel chargé d'administrer une hypothétique fête.....Et bien sûr, au moment où je dis ça, il y a le maire et son prévôt qui rentrent dans l'auberge; eux aussi sont habillés avec des teintes dorées ou bleues. Je vais aller leur poser quelques question sur ce qui se passe ici.



Bon, d'après les dires du bourgmestre, il se déroule un conseil de quartier tous les angestag du mois. Il m'a également dit que les les armoiries de Zweedorf sont le bleu et le jaune, d'oû les accoutrements portés par les résidents du quartier. Le prévôt quant à lui m'a poliment indiqué que les personnes extérieures au quartier n'étaient pas autorisées à assister au conseil. Bizarre, je veux bien être un étranger certes, mais je suis tout de même un Répurgateur, un templier de Sigmar. Si les bourgeois ont des des problèmes avec la corruption ou la magie en général, qui mieux que moi pour les aider à résoudre? Tout ceci me semble un peu louche, je vais sortir de la pièce et les observer discrètement, pour essayer de voir ce qui se passe en mon absence.



[Sur le reste de la page, on ne peut distinguer que de petits gribouillis raturés de manière rageuse. Des tâches de sang maculent le bas de la feuille, mais il semblerait que Jan ait arrêté d'écrire plus tôt.]




Festag, quatrième semaine de Jahrdrung de l'an de grâce 2529:
Je....je ne sais pas. Je ne sais pas ce qui me tient encore en vie aujourd'hui. Comment Sigmar a-t-il jugé digne de me laisser en vie après ce qui s'est passé? Je savais que j'allais devoir faire des sacrifices en affrontant les ténèbres sous leurs formes les plus hideuses, je savais que quelque part, je n'en resortirait pas indemne....mais à ce point. Et dire que le grand-prêtre sigmarite avertissait qu'on ne plonge pas dans la damnation, qu'on s'y enfonce seulement petit à petit. J'ai comme l'impression que ce n'est pas mon cas....
Est-ce un malheur pour un bien finalement? C'est que je suis quand même parvenu à éliminer ces sales déviants à Zweedorf.
Heureusement que mon instinct ne m'avait pas trompé ce soir-là. Je les ai tous observé, eux qui se dirigeaient dans l'arrière-boutique de l'auberge. Rien ne pouvait fut entendu pendant un petit moment, puis des chants étranges commencèrent à parvenir à mes oreilles, on ne chantait ni en reikspiel ni dans le dialecte du Nordland. Il y avait quelque chose de louche. J'ai voulu ouvrir la porte de l'établissement, mais on l'avait fermé à double tour depuis l'intérieur; du coup j'ai commencé à l'enfoncer en donnant des coups d'épaule, puis avec des coups de pieds. Ce n'est qu'au bout de plusieurs minutes que j'ai réussi à la défoncer. J'entre alors dans la pièce, épée dégainée et mon arbalète de poing chargée, et voilà que l'aubergiste se jete hors de sa cachette, en-dessous du comptoir, il rampe pitoyablement à mes pieds en me suppliant de l'épargner, de ne pas l'envoyer au bûcher. Il m'a dit qu'il n'avait pas eut le choix, que ces types l'avaient menacé, qu'ils prennaient sa famille en otage et que c'est uniquement pour cela qu'il ne les avait pas dénoncé. Une paire de claques dans sa face a tôt fait de le calmer. Je lui ai demandé de rester ici et d'avertir les miliciens si jamais ils patrouillaient dans le coin. Et puis je suis entré dans cette fameuse arrière-boutique. Rien de rien, mais les chant sont toujours audibles, et plus forts que jamais. Je commence alors à examiner la pièce, à fouiller les lieux, puis à déplacer les meubles. Je trouve enfin ce que je cherchais: une trappe cachée sous un tas de sacs de farine. J'essaye de l'ouvrir discrètement et on dirait que cela fonctionne, l'ouverture donne sur une échelle menant sûrement dans une sorte de cave. Je descends, assez étrangement personne ne m'entend ni me remarque. Je comprends tout de suite après pourquoi....

Je me souviens parfaitement de ce qu'il s'est passé, alors que j'écris ces lignes, je revois la scène comme si j'y étais. Ces salauds étaient absorbés dans une sorte de rituel, ils avaient formé une sorte de cercle de plusieurs rangs, regroupés autour de ces sales traîtres qu'étaient le maire et son prévôt, eux-même agenouillés devant....ce sorcier.... que je traquai depuis un petit bout de temps. Ce dernier était au centre d'un pentagramme tracé....avec du sang? En tout cas, il psalmaudiait quelque chose dans une langue totalement inconnue et à la prononciation dérangeante. J'en déduis donc que cet insensé veut convoquer des démons et me mets en tête de stopper cette sinistre invoquation.
Alors la moisson commence, je tranche, mutile, décapite les sectateurs devant moi et qui sont pris de court par mon intrusion. J'entends quelqu'un qui crie quelque chose, même aujourd'hui je ne sais pas vraiment si c'était le magus ou....ses deux lieutenants....Trés vite, tous les acolytes présents dans la salle essayent de me barrer le chemin afin de protéger leurs chefs; ces idiots, ils ont sacrifié leurs âmes et leur volonté à leurs sombres idôles et maintenant ils sacrifient leurs corps, leurs vies, pour préserver leur infâme mage, leur gourou. C'est pitoyable. Inutile de dire qu'ils ne savent également pas se battre, quelque uns tentent de me donner un coup de poing ou un coup de pied, seulement pour se retrouver avec une main ou un pied en moins. Au bout de quelques instants, après que j'ai accompli mon office en tant qu'exécutant de la justice de Sigmar, les cultistes ne se comptent plus que sur les doigts de la main. Certains commencent alors à comprendre qu'ils sont perdus et paniquent, un d'entre eux tente même d'emprunter l'échelle menant à la sortie, uniquement pour se faire terrasser par un éclair de magie noire lancé par ce sale sorcier. Et voilà maintenant que le maire et le prévôt de Zweedorf me font face, contrairement aux autres, ils sont armés d'une dague et semblent savoir un peu comment se battre. J'arrive à me débarrasser du bourgmestre grâce à un carreau bien placé dans sa tête, il ne reste plus que son prévôt, qui devient fou de rage. Il essaie de planter sa dague dans mes côtes mais je l'ai vu venir, je pare son coup grâce à ma Main Gauche et lui porte un coup d'estoc lui visant la gorge; je crois que je l'ai sous-estimé, il réussi à me donner un coup de pied in extrémis qui me fait reculer et avorter mon attaque. Ce fichu prévôt revient à la charge et cherche à me lacérer le ventre avec son poignard, j'esquive en toute hâte....et son arme se fige dans mon livre. Mon Livre de Sigmar! En plus cet hérétique remue sa dague dans l'ouvrage pour tenter de la dégager, l'abimant encore plus en passant! J'arrive tout de même à profiter de cette situation pour lui porter un nouveau coup d'estoc, cette fois-ci au niveau du torse. Simple et efficace. Je transperce sa poitrine et ses poumons, finalement ce scélérat pousse un hoquet de surprise et s'effrondre au sol.
Les dernières images que je vois sont le sorcier en face de moi qui parle de manière totalement désarticulée, des espèces de cercles ésotériques violets apparaîssent et commencent à tourbillonner autour de ses mains. Je fonce alors sur lui.....


et puis....plus rien, le noir complet....


Je me souviens juste que je me suis réveillé par terre, à cause des odeurs du sang et de la sueur et aussi avec un trés fort mal de tête; j'ai comme une étrange sensation de chaleur, comme si je transpirais, mais inutile de s'attarder sur cela. Je vois alors que je suis le seul survivant, il n'y a que des cadadvres autour de moi. Je me relève et commence alors à les examiner, histoire de trouver celui de ce satané mage noir. Evidemment c'est chose faite, au bout de quelques instants.

Et c'est là que tout part en vrille.

J'ai vu que son cadavre avait été empalé au niveau du ventre: deux gros trous traversaient son corps dans toute sa largeur. En fait, on dirait qu'une sorte de bouc, de bélier, l'avait empalé avec ses deux cornes. Je me suis dit que cet insensé avait bel et bien invoqué un obscur démon, ou bien un homme-bête. J'en arrivai donc à la conclusion que la créature s'était retournée contre lui, avant de sortir de la salle pour semer la mort et la destruction dans Zweedorf. Je me suis mis en tête de pourchasser ce monstre le plus rapidement possible afin de l'abattre avant qu'il ne massacre trop d'honnêtes gens. J'ai commencé à courir vers l'échelle avec déjà l'idée dans ma tête de m'en saisir....Soudainement, à cette simple pensée, je ressens un picotement au niveau de mes bras, d'un coup ces derniers se rallongèrent pour aller toucher l'échelle alors que j'étais encore à plusieurs mètres d'elle! Je me suis arrêté, stupéfait, mes mains toujours aggripées aux barreaux de l'échelle. Mes bras....sont devenus élastiques, extensibles et rétractables à volonté. Mais ce qui m'a encore plus choqué, c'est qu'ils sont devenus poilus au possible! La panique montait en moi, de quelle sorcellerie avais-je donc été victime?!

Cette question...je me la pose encore, aujourd'hui.

J'ai voulu instinctivement porter mes mains à mon front, mes bras se rétractèrent en un clin d'oeil et me revinrent dessus à toute allure. J'ai pensé que cela allait me blesser au niveau de front, mais bizarrement je n'ai heurté que mon chapeau, qui est tombé par terre. Intrigué par cela, j'ai voulu toucher mes yeux, mais là en fait j'ai touché mon front, j'ai voulu alors toucher ma bouche, pour que finalement mes mains finissent par effleurer mes yeux. Je finis par comprendre que ma figure, mes cheuveux...tout avait rapetit, je possédais désormais une tête d'épingle. Un mélange de rage, de peur et comme une sorte d'instinct de survie m'envahit alors. Ce magus m'avait maudit, il m'avait affligé d'horribles mutations, il a ruiné ma vie. Je me suis dit que personne, absolument personne ne devait savoir ce qui s'était passé ici. Du coup j'ai commencé à allumer ma torche grâce à un briquet et j'ai mis le feu à tous les cadavres; une fois que ceux-ci commencèrent à brûler, j'ai mis alors le feu aux poutres et aux charpentes de la cave. Tout devait disparaître dans les flammes. Ce n'est que quand la fumée a commencé à s'accumuler que j'ai quitté la pièce en remontant par l'échelle, maîtrisant un peu mieux mes bras élastiques. Une fois au rez-de-chaussée j'ai refait la même chose avec le mobilier, les murs en bois, les rideaux, encore une fois TOUT DEVAIT DISPARAITRE DANS LES FLAMMES!
Une fois mon travail accompli, je suis sorti précipitemment de l'auberge et me suis dirigé vers la sortie de la ville. J'ai couru, couru à en perdre haleine, jusqu'à m'arrêter à l'orée d'une forêt. C'était il y a plusieurs semaines de cela.... Maintenant j'en suis réduit à errer dans les bois aux alentours de cette ville, à me cacher des autres, je vis sur mes provisions et des des quelques fruits que j'arrive à trouver dans cette forêt en ce début de printemps.

O Sigmar, qu'ais-je donc fait pour mériter cela?

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Marktag, première semaine de Pflugzeit de l'an de grâce 2529:
Une fois de plus le soleil est sur le point de se coucher, une fois de plus la pénombre puis l'obscurité s'emparent des lieux et une fois de plus, je sens que je vais dormir en hauteur, je sens que je vais devoir me cacher parmi la ramification des branches et le feuillage des arbres. Car ces foutus hommes-bêtes sont dans le coin et ils vont être furieux quand ils verront ce que j'ai fais à leurs deux congénères....pour ma plus grande satisfaction.
C'est qu'ils sont franchemment chiants casse-pieds avec leurs bêlements et leur espèce de brame. A croire qu'ils n'ont que ça à faire, crier, beugler à tue-tête à travers les bois, comme pour essayer d'effrayer l'humanité, avec leurs complaintes de sales mutants. En tout cas cela n'a certainement pas marché sur moi. Comme écrit plus tôt, je m'étais résolu à m'enfoncer un peu plus dans les bois pour trouver ces dégénerés et leur faire passer un sale quart d'heure. Il est bon de prier Sigmar chaque jour, mais il est encore mieux d'appliquer sa justice sur les hérétiques la méritant. Du coup, après quelques minutes de traque à travers les bois, j'avais enfin trouvé un duo de ces abominables créatures. Elles étaient plutôt chétives et ressemblaient encore assez à des humains, étrangement. Je.... rien qu'en écrivant ce fait j'ai un horrible pressentiment. Vais-je finir comme elles....Je vais être réduit ....à cela...?
Allons, concentrons-nous. Heureusement pour moi, je m'étais placé en embuscade, ces créatures ne surent même pas ce qui les a frappé, un tir d'arbalète de poing et un revers de lame, voilà l'Empire débarassé de deux de ces abominations. Il est cependant....En vérité la rage et la haine se sont emparées de moi à ce moment là. J'ai commencé à m'acharner sur leurs cadavres, je les ait littéralement dépecé. J'étais réellement hors de moi...je me demande comment j'ai pû faire cela, comment j'ai pû les mutiler ensuite pour les pendre aux branches d'arbres avec leurs propres boyaux.
Est-ce que la folie est en train de grignoter mon esprit? C'est à cause de ces mutations j'en suis sûr!....Pourquoi?! Pourquoi il fallait que ça tombe sur moi ces conneries hein?!....Je...je suis en train de perdre le contact avec la civilisation, avec l'humanité! Je ressemble désormais à ce que je suis censé mettre au bûcher! Comment ne pas être tracassé dans ce genre de situation! Et Sigmar...Sigmar qui ne répond pas à mes prières...m'a-t'il abandonné? Pour la première fois de ma vie....je pense au suicide, je pense à me tirer un carreau dans ma tête, à planter mon épée dans mon ventre, à en finir. A en finir plustôt que de devenir un mutant, un esclave des ténèbres.

Je sais que je ne devrais pas écrire cela, que c'est indigne d'un Répurgateur, d'un Inquisiteur de Sigmar. Mais plus que jamais, la flamme de l'espoir vacille en moi. Mon Livre de Sigmar est en lambeaux, seules quelques passages sur son Evangile et quelques prières sont lisibles. Le reste n'est que page déchirée ou tâchée par le sang et l'encre baveuse; mais je vais tout de même essayer de Le prier ce soir. Peut-être que je suis atteint de...difformités... mais il faut y croire...M'enfin, j'ai assez écrit comme cela pour aujourd'hui, un dernier cantique en Son honneur et j'irais dormir....enfin, si les hommes-bêtes ne beuglent pas trop fort ce soir.



Si Sigmar n'a pas voulu sauver mon corps, je le supplie, dans Son immense bonté, de sauver mon âme.



Backertag, première semaine de Pflugzeit de l'an de grâce 2529:
Loué soit le Dieu-Guerrier! Alors que j'étais au plus bas, Il m'est encore apparu dans mon sommeil! J'ai un franc sourire alors que j'écris ces lignes, car désormais, ma vie, ma mission, ont retrouvé leurs sens. Dans cette nouvelle vision, Sigmar s'est incarné plus clairement, bien qu'Il n'avait plus Ghal-Maraz entre ses mains. Il m'a adressé de nouveau la parole, comme dans mon premier rêve. J'ai pu alors L'entendre dire que le doute, la folie et le désespoir sont les meilleures armes des puissances de la corruption, et qu'il ne faut pas y succomber! Il m'a encouragé à conserver ma foi en Lui et dans le Saint-Empire, et m'a averti qu'elle ne doit pas vaciller, comme c'était le cas hier! Toutefois, il m'a également montré un aspect inconnu chez lui, une facette que je n'avais pas étudié avec Son grand-prêtre lors de ma formation. En vérité, Sigmar est non seulement un dieu guerrier mais aussi un dieu de compassion et de pardon. Il m'a accordé Sa miséricorde, Sa bonté, même si je suis devenu...comme ça, et que j'ai pu douter de Lui et de Sa sainte parole hier, car Il m'a expliqué que ce n'était que mon corps qui était corrompu et non mon esprit. Il m'a également encouragé à poursuivre la lutte contre les puissances de la déchéance et à transformer mes faiblesses en forces. J'ai comme l'impression que je suis un miraculé en Le voyant et L'entendant s'exprimer ainsi. Pour terminer, Il m'a indiqué une nouvelle direction à suivre: le Sud, vers Middenheim. Apparemment d'autres sectes vouées aux idôles infernales agiraient dans l'ombre là-bas, ma pureté d'âme et ma foi seront mises à l'épreuve.
A nouveau, j'ai voulu lui répondre mais il s'est dissipé dés que j'ai essayé d'aller vers lui.
Bon, dans tous les cas, je sais où je dois aller, je vais déjà commencer par sortir de cette forêt.

La torche, l'épée et l'arbalète seront les outils de mon saint devoir et je ne m'y déroberai pas, jamais!




Aubentag, troisième semaine de Pflugzeit de l'an de grâce 2529:
Enfin! Nous y voilà! Middenheim! Le voyage a été long et j'ai dû me faire discret mais j'y suis arrivé. Pour une fois j'ai changé mes habitudes, je commence l'écriture le matin au lieu du soir maintenant. J'écris actuellement ces lignes depuis un établissement dans les faubourgs de la cité. Je sais que j'ai déjà couché ce fait sur le papier plus tôt les jours précédents, mais désormais Sigmar me murmure des choses dans mon sommeil, de temps en temps. Par exemple la dernière fois, il m'a indiqué qu'un culte voué à Khorne était dans les parages. Son omniscience ne cesse de m'étonner. Mais n'est-ce pas là une des caractéristiques du divin? Sur cela je vais mener ma petite enquête pour obtenir des renseignement sur ces dégénerés.


NB: Trouver des gants et un nécéssaire de rasage.


La nuit est en train de tomber sur la cité d'Ulric, et mes recherches ont eu l'effet escompté. Certes j'ai dû rester encapuchonné toute la journée et garder mes mains dans les poches de mon pardessus, afin que les gens ne voient pas ce qui m'est arrivé, mais c'est passé finalement. J'ai prétexté être un chasseur de primes, alors les gens ont commencé à me rapporter qu'un groupe de bandits avait effectué des embuscades brutales et sanglantes contre les convois et les voyageurs sur la route menant à Altdorf. Des Patrouilleurs Impériaux ont bien tenté de mettre fin à leurs agissements, mais aucun d'entre eux n'est revenu leur mission. Tout récemment, ils ont pillé un village non loin de l'orée de la Forêt des Ombres; certaines rumeurs disent qu'ils auraient décapité les villageois, ne laissant personne en vie et ne faisant pas de prisonniers, mais d'autres racontent que des hommes-bêtes seraient intervenus à leurs côtés lors de l'attaque puis du massacre. Dans tous les cas, le fait est là: ces hors-la-loi sont de mèche avec le chaos, il ne me faut pas plus d'information pour partir enquêter aux ruines de ce village demain.



Marktag,troisième semaine de Pflugzeit de l'an de grâce 2529:
Finalement, aujourd'hui je suis resté en ville, afin d'acheter du matériel et d'obtenir un peu plus de renseignements. Pas grand chose de nouveau donc. Il y a cependant un évènement qui m'a poussé à agir ainsi. La nuit dernière, encore une fois, Sigmar m'a murmuré quelque chose: il ne faut pas faire les recherches maintenant, mais plutôt les reporter au Marktag de la semaine prochaine. Apparemment il faut agir ainsi car c'est le vingt-septième jour du mois et c'est précisemment là que cette secte aurait fixé un rendez-vous. Avec qui? Sigmar ne me l'a pas dit, mais je suis sûr qu'il doit le savoir. Je pense qu'il veut tester ma discipline et ma foi en Ses paroles, et bien qu'il en soit ainsi, nous patienterons jusqu'à la semaine prochaine. En attendant j'ai réussi à me procurer des gants, pour cacher mes mains toutes poilues; et une lame de rasoir droite, un bloc de savon à mousser et un espèce de bout de métal poli qui sert de miroir. Je vais essayer de me raser tous les poils de mon corps, avec un peu de chance peut-être cette fourrure épaisse disparaîtra grâce à cela. Cette difformité m'embarasse quand même. Si je peux me débarasser de ces gros poils blancs-gris de bouc ce serait super.




Marktag, quatrième semaine de Pflugzeit de l'an de grâce 2529:
Et voici venu le jour de l'enquête, parfait! C'est que je commençai à ronger mon frein à Middenheim. Malheureusement les jours passés, j'ai essayé encore et encore de me raser cette fichue fourrure de bouc, mais force est de constater qu'il n'y a rien à faire. Elle repousse et revient dés le lendemain. Bah, je suppose que je devrai faire avec. Sigmar ne m'a t'il pas dit qu'il fallait que je transforme mes faiblesses en forces? Bon, nous écrirons plus tard, il faut se mettre en route pour voir les ruines de ce fameux village et découvrir ce que ces ignobles cultistes mijotent.



Alors que j'écris ces lignes, la nuit est sur le point de tomber et d'étranges beuglements se font entendre depuis l'orée de la forêt. Je suis resté dans les ruines du village. Notre enquête est sur le point de se conclure....c'est qu'il s'en est passé des choses. Tout d'abord quand je suis arrivé sur le site du massacre, je ne m'attendais pas à être témoin d'un tel charnier: le petit temple de Sigmar qui trônait au centre du village à été quasiment démoli, quand j'ai pénétré à l'intérieur, l'autel du lieu avait été profané, on y avait déposé un mélange de sang et de déjection dessus, des grafitis blasphématoires ont été gravés sur les pans de murs qui tiennent encore debout. C'etait...répugnant, si jamais je retrouve les impies qui ont fait cela.....Mais bref, des maisons et des chaumières, il ne restait que des ruines calcinées, quelques poutres carbonisées tenaient encore debout mais c'est tout; des villageois, il n'en restait que des bouts de cadavres ou même des squelettes, cependant fait remarquable, tous avaient perdu la tête, emportée je ne sais où -mais ce qui confirme bien que l'on a affaire à des adorateurs de khorne. Une pile d'os humains a aussi été érigée sur ce qui reste de la place centrale du village, je pensais que les têtes auraient pû être entreposées ici, mais ce ne fut pas le cas.
Pendant un instant, je n'ai pû que constater les dégats causés, sans trop savoir que faire, puis je me suis caché dans les ruines du temple du Dieu-Guerrier. J'ai hésité un moment à assainir l'autel, mais j'y ait finalement renoncé: vu que des suppôts des puissances de la corruption allaient sûrement se rencontrer ici, il fallait laisser le moins de traces possibles de ma présence, si j'aurais purifié l'autel, ils se seraient rendus compte de quelque chose. Je ne vais pas me mentir, cette absence d'action m'a pesé sur le coeur et la conscience, mais cela s'est révelé payant. Après plusieurs heures à attendre, finalement, au crépuscule, j'ai vu deux....un humain à la dégaine de brigand et un homme-bête arriver séparément sur les lieux, ils se sont croisés et se sont retrouvés dans la chapelle en ruine de Sigmar, pile poil sous mon regard. Ces deux énergumènes ont alors commencé à parler de quelque chose. Je n'ai pas compris au début, surtout à cause de la manière dont parlait le sabot fourchu, avec ses reniflements, son articulation des mots, ça et le fait qu'il émettait plus des son gutturaux qu'autre chose. Mais petit à petit, j'ai pu finir par saisir qu'un autre rendez-vous, beaucoup plus important cette fois-ci, était fixé dans une clairière toute proche, le groupe de bandits et celui des hommes bêtes devant se rencontrer afin d'effectuer une....cérémonie en l'honneur de leur idôle du sang, cette nuit même.
A ce moment là, le malandrin retroussa la manche de son bras droit et je pu voir une sorte de symbole en forme d'un X barré et juste en-dessous se trouvait dessiné un crâne stylisé; l'homme-bête fit de même en montrant son propre symbole, et ce qui se passa ensuite....m'a pris de court.

Ces deux impies ont commencé à dégainer leurs armes pour se charger mutuellement et entamèrent un combat brutal et sans pitié. Au bout d'un court instant, aprés quelques cris de rage poussés par ces deux esclaves des ténèbres, le bandit finit par prendre l'avantage sur l'abomination et en un éclair, mutila le bras de l'homme-bête; ce dernier a mugi de douleur et le brigand en a profité pour le décapiter d'un revers de lame avec son épée courte...décidément ce bougre savait se battre. Je venais de comprendre pourquoi aucun des Patrouilleurs envoyé contre eux n'en est ressorti vivant, ce serait toute une compagnie de l'Armée Régulière qu'il faudrait envoyer contre ces hors-la-loi, car si tous les hommes de mains savent se battre ainsi...Après avoir ramassé la tête de son opposant, l'homme faisant ainsi preuve de démence à commencé à hurler «Du Sang pour le Dieu du Sang ! Des crânes pour le trône de Khorne !». J'aurais pu le tuer ici, là, tout de suite, en tirant avec mon arbalète de poing, logant un carreau dans sa tête ou entre ses deux omoplates, mais je ne l'ai pas fait. Je ne l'ai pas fait parce qu'au vu de ce qui vient de ce passer, je me suis alors permis d'imaginer ce qui allait se dérouler lors de ce rituel. J'en ai donc déduit que ce bandit devait avertir ses comparses, comme ça je ferai d'une pierre deux coups: je réduirai cette secte de brigands vendus aux puissances de la ruine à néant et par la même occasion je m'occuperai de ces sales abominations des bois qui leur ont offert assistance dans leurs déprédations.

Au moment où j'écris ces mots, j'entends d'étranges cris qui sont en train de s'ajouter aux beuglements déjà existants. L'heure est venu d'agir, j'en suis persuadé, c'est le moment ou jamais.

Puisse Sigmar me donner la force pour affronter et vaincre ces dégénerés.



Backertag, quatrième semaine de Pflugzeit de l'an de grâce 2529:
Que dire sur ce qui s'est passé hier....le Dieu-Guerrier m'a permis de vaincre mes adversaires, mais cela à eu coût.
Hier-soir dans un premier temps, j'ai quitté les ruines du village pour m'enfoncer dans les bois alentours, en soi le chemin pour atteindre la clairière n'a pas été trés difficile à trouver, j'étais guidé par les cris poussés par ces adorateurs impies. Plus le son s'emplifiait, plus je savais que j'avais suivi le bon chemin. Je fini par débouler dans cette fameuse clairière, lame au clair et arbalète chargée, mais trés vite je me dérobe et retourne dans les futaies. Car le rituel était en train de se dérouler là, sous mes yeux, deux paires de combattants se livraient deux duels en même temps, deux hommes-bêtes affrontaient deux humains tandis que le reste du groupe, hommes et mutants mélangés, s'était arrêté de crier et commençait désormais à entonner des chants gutturaux, probablement pour exhorter les duellistes à redoubler de sauvagerie et de brutalité dans leurs combats. Et moi dans tout cela? Eh bien j'ai attendu, attendu encore et encore, pendant de longs moments. Je les ai regardé s'étriper les uns les autres, au cours de duels qui duraient pendant un petit bout de temps tout de même. Car aucun des participants ne voulait abandonner ou se laisser abattre comme ça par son adversaire. On dirait même qu'ils faisaient exprès de prolonger les combats, de manière à faire couler le plus de sang possible avant de porter le coup fatal à un ennemi quasiment à l'agonie, vidé petit à petit de son fluide vital.
C'est de cette manière que les duels se déroulèrent, se conclurent et se succédèrent; jusqu'à ce que le chef de la bande de hors-la-loi et celui de ces hommes-chèvres s'affrontent. Je...je dois avouer que ce combat fut...intéressant à regarder. Les deux protagonistes étant clairement des guerriers accomplis, l'homme semblait plus versé cependant dans la technique et les coups précis tandis que la bête avait la rage et la furie de son côté. Son problème cependant est qu'il adoptait toujours une posture offensive, laissant ainsi des failles dans sa garde et qui furent rapidement exploitées par l'humain; dans un cri de rage et sous les chants de l'assistance, ce dernier porta un coup de taille au niveau des côtes gauche, de la cuisse droite et de l'épaule gauche du monstre, ce qui le mit à genoux. Motivé par ses frappes réussies, le malandrin porta alors un coup lattéral avec son épée au niveau de la tête, que l'homme-bête arrive à parer in extremis avec sa hache. Je dois avouer que cela m'a surpris. D'un coup, je vois la bête commencer à renifler trés bruyamment avec son gros museau alors qu'elle se relève, on dirait qu'elle sentait le sang qui s'écoulait de ses blessures maintenant que j'y pense. Je ne sais pas si cette odeur a déclenché quelque chose en elle, ou bien si le fait qu'elle a été mise "dos au mur" par son adversaire; mais dans tous les cas, une rage immense semblait s'être emparée de lui, il était devenu un véritable berserker, se ruant sur l'homme avec une férocité renouvelée. Le brigand tenta de parer pendant un court instant les coups furieux de l'homme-chèvre, mais il frappait trop vite et trop fort. Dans une ultime tentative, l'humain prit son épée avec ses deux mains et se précipita à son tour sur la bête, voulant visiblement lui fendre le crâne en deux....et finit empalé sur l'une des haches jumelles de l'homme-bête, sous les cris et les exultations de ses sous-fifres, humains comme sabots fourchus.

A cet instant précis, mon sang n'a fait qu'un tour dans mes veines, le moment que j'attendai tant pour agir était enfin venu, ces idiots s'étaient affaiblis tout seuls et l'heure était venue de mettre fin à cette plaisanterie de trés mauvais goût.
Alors j'ai définitivement quitté ma cachette pour courir à leur encontre, quelques secondes plus tard, je me suis arrêté juste pour décocher un carreau d'arbalète sur le tout nouveau chef de ces impies, le trait fait mouche, dans l'épaule droite. Mais bien sûr la bête encaisse le projectile sans trop de peine, nos regards se croisent, tout le monde sait que je suis là maintenant. Et c'est tant mieux, j'ai voulu qu'ils soient témoins de leur propre fin. L'homme-bête se rue alors sur moi tandis que je laisse tomber mon arbalète de poing et dégaine mon épée ainsi que ma Main Gauche. Je le vois me charger, tout en beuglant de colère, il n'est plus qu'à quelques mètres de moi. Alors que j'écris ces mots, je me souviens encore de mes pensées à cet instant précis, cette phrase... cette inspiration divine soufflée par Sigmar lui-même, je ne peux pas l'oublier.

Transforme tes faiblesses en forces; Transforme tes faiblesses en forces....

D'un coup, quand le chef était sur le point de m'atteindre, j'ai étiré mes bras pour aller le frapper directement, sans qu'il ne puisse riposter. Et ce fut bel et bien le cas, la bête fut prise au dépourvu par mes bras élastiques, mon épée se plantant dans son abdomen, tandis que ma Main Gauche s'est figée dans son cou. Bien sûr, il a tenté de répliquer, mais ses coups de hache ne fendirent que le vide, j'avais retiré mes bras à temps.
Dans la seconde qui suivit, je les étirai à nouveau pour que mes mains puissent saisir des touffes d'herbe situées à plusieurs mètres de là, immédiatement après je rétractai volontairement mes bras, afin que mon corps soit entraîné dans ce mouvement; j'ai alors trébuché et mangé un peu de terre en passant, cette dernière salissant aussi mon manteau lourd, mais le mouvement à fonctionné. En se rétractant et tout en restant accrochés aux touffes d'herbes saisies par mes mains, mes bras entraînèrent mon corps dans la foulée, m'éloignant subitement de l'homme-chèvre, passant hors de portée de ses haches jumelles alors que je me tenais devant lui quelques secondes plus tôt. Cela n'empêcha pas cette brute de continuer à me charger aveuglément. Je me remets debout et en un clin d'oeil, j'étire encore mes bras, ces derniers s'écartant latéralement comme si je m'apprêtais à donner deux crochets avec mes poings. Sauf que cette fois-ci je suis armé, je vise alors la gorge de mon adversaire avec le tranchant de ma Main Gauche et de mon épée; le chef lui, est trop occupé à se ruer sur moi, aveuglé par sa frénésie bestiale, il n'a pas vu le coup venir. Je revois encore cette scène: les lames transpercent sa peau, déchirent sa chair, elles commencent leurs chemin séparées et se rejoingnent au centre de la trachée de cette sale bestiole. Je l'ai décapité net, sa tête s'envole dans les airs avant de retomber avec le reste du corps par terre. Morte la bête, mort le venin comme on dit. Cela dit le reste du groupe ne se découraga pas, comme un seul homme ils me chargèrent tous à mon tour.

Je...je ne sais pas, j'ai comme l'impression maintenant que j'y pense, que si je n'avais pas eu ces difformités, je me serai enfui face à ces psychopathes. Paradoxalement, au moment où ils se ruèrent sur moi, j'ai senti une force monter dans mon corps, un sentiment de puissance qui me donnait confiance quant à cet affrontement qui semblait pourtant perdu d'avance. Cette étrange force se répandit dans tout mon corps et fini par atteindre même mon esprit. Une voix me murmurait à l'oreille, elle m'incitait à activer cette puissance, ce pouvoir qui me permettrait de vaincre cette bande de malades mentaux voués au puissances de la ruine. Alors j'ai dit oui, et j'ai commencé à leur foncer dessus moi aussi. Ce n'est que quand je fus à quelques mètres d'eux que je senti mon corps qui se transformait; je pense que contrairement à la dernière fois, j'étais pleinement conscient de cette transformation. Ma peau se durcissait, ma fourrure devenait de plus en plus épaisse, des cornes commençaient à pousser sur mon front, mes pieds étaient en train de se transformer en sabots, déchirant ainsi mes bottes basses.
Je ne réalisait qu'à peine ce qui était en train de m'arriver, je me disais que pour vaincre ces suppôts des ténèbres, il fallait se battre au même niveau qu'eux, sur le même terrain qu'eux. Je voulu pousser un cri mais ce fut un bêlement étrange et dérangeant qui sorti de ma bouche. Tout mon groupe d'ennemis s'arrêta alors, comme sonné par ce qu'il venait de ce passer. Je pouvais voir que la stupeur, voire la confusion se lisait dans leurs yeux pourtant injectés de sang.

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Finalement je fus le seul à charger, utilisant mes cornes pour commencer à empaler un des sectateurs humains se trouvant devant moi. Ce dernier commence à voler dans les airs alors que je m'en prends au reste du groupe, qui semble se reprendre et commence lui aussi à riposter. Mais cela n'abouti pas comme ils l'auraient souhaité je pense, des lames m'ont atteint, des coups m'ont été portés, mais j'ai rendu plus que la pareille à ces attaques. A chacun de mes coups, que ce soit d'épée, de dague, de sabots ou de cornes, j'enlevais la vie à quelqu'un, les tentatives de mes adversaires se heurtèrent de nombreuses fois à mes lames ou à mes cornes lors de parades rapides et précises. C'était presque étrange, ces bandits, ces hommes-bêtes dédiés au dieu du sang ne savaient-ils donc pas se battre? Mal m'en prit de me poser cette question à ce moment là. Une attaque m'atteignit au niveau des côtes et je pu sentir une lame pénétrer dans ma chair.
Je me suis retourné pour faire face à cet insolent, il a pu alors sentir un coup de sabot dans son entrejambe, le faisant se plier en deux, avant que je ne l'empale avec mes cornes. Le combat s'est déroulé ainsi pendant un petit moment, je me souviens trés bien de ce qui s'est passé donc je ne vais pas m'embêter à décrire chaque scène et chaque coup porté. Je résumerai le fait en disant que si j'ai su leur causer de nombreux morts et les tenir en respect grâce à ma forme de bélier-garou, eux aussi m'ont infligé des blessures: une aux jambes, une au torse, une aux bras. Ca fait de l'effet à la longue, aujourd'hui encore, je ressens les plaies qu'ils ont réussi à me faire.

Mais je digresse, pour en revenir à notre combat, au bout d'un moment, voyant que je ne pouvais être abattu facilement, les hommes-bêtes ont étrangement commencés à fuir. Je ne sais pas si c'est ce constat là, le fait que j'ai tué leur chef ou....que je me suis transformé en l'un des leurs. Mais dans tous les cas c'en était trop pour eux. Ils ont pris leurs jambes à leur cou et ont déguerpi aussi vite que possible pour rejoindre les frondaisons de la forêt. Il ne restait devant moi que quelques bandits, qui reculèrent instantanément en voyant leur nombre fondre comme neige au soleil. Ce qui m'a encore plus surpris, c'est qu'ils avaient perdu toute envie de se battre, toute résolution de me tuer, ces brigands étaient-ils entièrement dévoués à khorne? Je ne le pense pas, au vu leur comportement de lâche. Etaient-ils pour autant des agneaux, des brebis égarées pouvant retourner dans le troupeau de Sigmar? Non. J'ai profité de leur hésitation pour les prendre un par un et mener ce troupeau de brebis galeuses à l'abattoir! Ils ne méritaient pas la justice et le pardon de Sigmar, sinon je suis sûr qu'Il se serait manifesté à eux comme Il l'a fait pour moi. Toujours est-il qu'après ce massacre, je me suis retrouvé tout seul, dans cette clairière, au beau milieu de la nuit.

Et là ce fut la rechute.

La puissance qui m'avait investi commença à décroitre, je réalisais à quel point je m'étais tranformé, d'humain, j'étais devenu bête. J'ai voulu abandonner ma forme et grâce à ma volonté je pense, ce fut chose faite. Alors j'ai pu constater l'étendue des dégâts: il n'y avait pas une partie de mon corps qui ne saignait pas, tous mes vêtements étaient en lambeaux, ma brutale métamorphose les avait déjà abîmé, mais les coups portés par les lames de mes adversaires les ont réduits à des haillons bon à être portés par quelque clochard des villes. Mon épaisse fourrure corporelle maculée de sang était visible aux yeux de tous. Impossible de retourner à la civilisation sans se faire remarquer. Préférant ne pas voir toutes les conséquences de mes actes, j'ai commencé à fouiller les lieux en quête du moindre indice, de la moindre trace de souillure laissée par les cultistes et les hommes-bêtes. J'ai finalement trouvé ce que je cherchais et ce aisément: un gros tas de crâne avait été érigé au centre de la clairière, sans nul doute que ces crânes appartenaient aux villageois massacrés il y a peu. Je n'ai pu que les regarder, les bras balants, sans savoir quoi faire ou comment réagir face à tant d'ignominie. Une rage sourde s'est emparée de moi au début, j'avais envie de donner des coups de pieds dans ce tas, de détruire cette......Mais finalement je me suis dis que cela ne servirait pas à grand chose et que si Sigmar aurait voulu sauver ces pauvres gens, il m'aurait mis au bon endroit au bon moment. Il n'y a plus rien à faire maintenant....

Alors que j'écris ces lignes, j'ai conscience d'avoir mis fin aux agissements d'un culte dédié aux puissances infernales; j'ai conscience d'avoir chassé les hommes-bêtes du coin, ça c'est sûr, ils ne risquent pas de revenir pour un petit moment après ce qu'ils ont vu. Mais cette victoire a un goût bien amer pour moi. J'ai réussi....mais à quel prix....



Au moment où j'écris ces mots, il fait jour et je suis toujours à proximité de la clairière, dans les bois. Je n'ai pas réussi à trouver le sommeil depuis ce qui s'est passé et j'essaye de tuer le temps comme je le peux. Si je retourne en ville, ils me mettront au bûcher j'en suis sûr, s'ils ne me tuent pas à vue tout simplement. J'en suis réduit à panser mes blessures avec des lambeaux de vêtements. A part ça je ne sais plus quoi faire, je ne peux qu'espérer que Sigmar me vienne en aide, qu'Il me guide vers l'accomplissement de Sa justice.



Bezahltag, quatrième semaine de Pflugzeit de l'an de grâce 2529:

O Sigmar, je ne peux que louer Votre infinie Bonté, Vous avez su répondre à mes suppliques et prières, au moment où votre serviteur en a bien besoin.

En effet, je ne peux que me réjouir de ce qui m'est arrivé: le Dieu-Guerrier, le fondateur de notre Saint-Empire s'est à nouveau manifesté à moi. Cette fois-ci il s'est incarné sous forme d'aigle, symbole de noblesse, de fierté et d'omniscience j'en suis certain. Aprés m'avoir exhorté à poursuivre ma lutte contre les puissances de la ruine, il m'a indiqué le chemin à suivre: vers le Sud, encore et toujours. Un autre culte du chaos agit depuis l'ombre dans une des villes sur la route menant à Altdorf. Il faut donc se rendre sur place. Sigmar m'a dit qu'il fallait que je me procure de nouveaux vêtements et que serais pardonné en faisant cela, c'est une injonction on ne plus logique et limpide à mes yeux, mais comment vais-je m'y prendre? Je voulais lui poser la question, mais encore une fois...l'aigle prend son envol et disparaît dans les cieux. Toutefois vers la fin de ma vision, un immense oeil se matérialise dans les cieux, un oeil dont l'iris a commencé à regarder à gauche puis à droite pour finir par se braquer sur moi....

L'oeil de Sigmar, Son oeil divin, a porté Son attention sur moi! Il me regarde. Il me regarde encore et toujours maintenant, même si je ne le vois pas! Il continue de me regarder en ce moment même, j'en suis sûr! SIGMAR ME REGARDE!! A CHAQUE INSTANT!! Cela veut dire que je ne dois absolument pas le décevoir! Je dois écouter et appliquer Ses divines paroles à la lettre, j'en suis persuadé! C'est la seule façon!


Bon, cela n'arrange pas notre problème de vêtements et d'apparence. Je pense n'avoir aucune chance d'adresser la parole à qui que ce soit sans que ce dernier ne prenne peur ou appelle les Patrouilleurs. Il m'est donc impossible de me procurer de nouveaux vêtements pour l'instant. Tant pis je vais me rediriger vers la route principale et je la longerai tout en restant sous les frondaisons, histoire de ne pas me faire repérer. Et puis dans le pire des cas, j'ai toujours mes armes...






Konistag, première semaine de Sigmarzeit de l'an de grâce 2529:
Alors que j'écris ces lignes, cela fait plusieurs jours que je marche long de cette route reliant Middenheim à Aldorf. Je pensais qu'en restant juste en retrait, derrière l'orée de la forêt, ce serait facile de ce déplacer. Eh bien les faits m'ont prouvé le contraire. Comme je l'ai écrit lors des jours précédents, les frondaisons sont plutôt fréquentées; quand ce n'est pas les bûcherons qui font des campagnes d'abattage des arbres, c'est ces fichus Patrouilleurs Ruraux qui sont en faction. Combien de fois j'ai dû m'enfoncer dans les bois pour échapper à leurs rondes, combien de fois j'ai cru qu'ils allaient me repérer....je...

Mais inutile de ressasser le passé, de ruminer sur ce qui est déjà fait. Conformément à la volonté de Sigmar, je me dirige toujours vers le sud. Cependant je ne sais pas à quel endroit je suis, car j'ai bien pris soin de me tenir à distance des gens, je ne me suis également pas approché des auberges-relais qui sont sur tout le long de la route: les chances de se faire repérer sont trop grandes. Sans parler du fait que je sois toujours à moitié nu, recouvert des lambeaux de ce qui reste de mon costume de répurgateur. J'ai également pris la décision de me débarasser de mon Livre de Sigmar; il n'était plus qu'un poid mort, défoncé avec quasiment toutes ses pages arrachées ou devenues illisibles à cause des coups perdus qu'il a reçu lors des combats menés contre les divers cultistes de puissances infernales. Heureusement qu'il n'est pas arrivé la même chose à mon journal, que je conserve toujours précieusement dans ma sacoche.

Malheureusement, alors que j'écris ceci, les tiraillements de la faim m'assaillent de plus belle. J'ai épuisé toute mes provisions il y a de cela trois jours je crois. Seules ma volonté et ma foi en Sigmar me font avancer désormais, ça et les quelques baies comestibles que j'arrive à ceuillir.....Mais....mais j'ai faim....Allons, il ne faut pas y penser.


Rah, rien que le fait d'écrire en pensant que j'ai faim me donne faim! Je vais arrêter ici pour aujourd'hui.

Je ne dois pas douter en ma sainte mission, je ne dois pas succomber aux tentations d'abandon.

Car je sais que Son Oeil me regarde.




Angestag, première semaine de Sigmarzeit de l'an de grâce 2529:
Encore un nouveau jour de voyage, le renouvelement du quotidien, fait de cachettes, de camouflage pour échapper à la vigilance des Patrouilleurs et des bûcherons. Encore un nouveau jour qu'on passe le ventre vide, ses habits en loques. C'est la mi-journée et je prend une petite pause afin d'écrire pour arrêter de penser à....cette idée....Toujours est-il que je ne vois pas comment...


Tient, qu'est-ce que j'entends?


Oh...il y a deux charettes avec quelques paysans qui passent par là. Je peux les voir de loin, depuis les frondaisons des bois. Et on dirait qu'ils....qu'ils transportent des choses qui m'intéressent! Je...je sais que c'est imprudent, mais je vais essayer d'aller leur parler. En espérant que Sigmar les fassent se comporter avec bonté et miséricorde à mon égard.





Ce que l'humanité peut être décevante.
J'ai pourtant essayé de bien faire, de ne pas leur faire peur. Je me suis approché d'eux tout en les interpellant, afin qu'ils me voient arriver. Ils étaient six en tout, quatres hommes et deux femmes. Je savais que la stupéfaction et la peur allaient pouvoir être lues sur leurs visages. C'est donc pour anticiper cela que j'ai sorti ma licence de templier de Sigmar, pour leur montrer mes louables intentions. Je leur ai alors expliqué, me tenant toujours à quelques mètres d'eux, que j'avais besoin de nourriture et de vêtements et que leurs chariots transportant ces deux choses dans une certaine quantité. Je leur ai donc demandé poliment s'ils pouvaient m'en passer grâcieusement quelques victuailles et des habits.
A peine ai-je terminé ma demande que ces sales rustres ont commencé à brandir leurs fourches et à tirer des couteaux de leurs étuits, le regard mauvais. Puis ils m'ont insulté de tous les noms, ils m'ont traité de sale mutant....sale mutant....
Dans une dernière tentative, j'ai dégainé mon épée et ma Main Gauche et je leur ai averti une dernière fois, ils avaient affaire à un répurgateur, un chasseur de sorcières mandaté par l'église sigmarite, aller plus loin leur coûterai cher...
Ces imbéciles ont délibérement ignoré mon avertissement, ils m'ont répondu que je n'étais qu'un menteur et que des gens de mon espèce allait être pourchassés et éradiqués de l'Empire, à commencer par moi. Les femmes quant à elles, se sont cachées derrière les charettes, laissant les hommes se charger de moi....Alors je me suis, vu que la parole a échoué, qu'il ne fallait pas perdre plus de temps comme cela. D'un coup j'ai étiré mes bras afin de leur porter directement les coups sur eux, mes lames passant aisément la garde de ces paysans abasourdis. Ma dague alla lacérer le ventre de l'un d'entre eux tandis que mon épée transperça la poitrine d'un pour lui perforer directement ses poumons. Mes deux cibles ne tardèrent pas à s'effondrer au sol, l'une morte, l'autre à l'agonie, les entrailles à l'air. Les deux rustauds restants se sont alors rapprochés l'un de l'autre dans le vain espoir de se couvrir face à mes attaques, la surprise pouvait se voir sur leurs visages; surprise qui se mua bientôt en stupeur alors que je leur fonçai dessus. Une fois de plus, cette énergie jouissive parvint en moi alors que ma peau se durcissait à nouveau, alors que ma fourrure redevenait de plus en plus épaisse, alors que des cornes recommençaient à pousser sur mon front et que mes pieds étaient en train de se transformer en sabots. Bien sûr qu'ils finirent empalés, j'ai tellement administré la mort de cette façon que je ne prends même plus la peine de la décrire. Mais cette fois-ci je suis resté un peu plus longtemps sous la forme de bélier-garou; j'avais en tête de trouver les deux paysannes planquées derrière leurs chariots afin de ne laisser aucun témoin de cette scène. Mais bizarrement elles ont disparu, je ne me suis pas attardé sur leurs cas et me suis servi directement dans les chariots. Le bon côté au moins dans tout cela, c'est que j'ai pu trouver plusieurs vêtements à ma taille, certes avec cela je suis accoutré comme le tout-venant, mais un peu de discrétion ne fait pas de mal. Je me suis aussi "procuré" assez de rations pour tenir un mois de plus. Une fois cette petite collecte terminée je me suis empressé de partir d'ici. Continuant encore et toujours vers le sud.

Je sais, au moment ou j'écris ces mots et repense à ce que j'ai fait, la nuit tombe sur la région. Bien sûr je ne suis pas fier des actes que j'ai perpétré aujourd'hui; je sais qu'ils n'étaient que des manants innocents....Mais Sigmar l'a voulu ainsi, ne m'avait-il pas dit que je serai pardonné en me procurant des vêtements afin de poursuivre ma sainte mission? Qu'est-ce que le sacrifice de quatre vies, si c'est pour en sauver des centaines ensuite?


Je ne peux qu'espérer que Sigmar le comprendra.

Car je sais que Son Oeil me regarde.




Festag, première semaine de Sigmarzeit de l'an de grâce 2529:
Je le savais....ne nomme t-on pas ce jour "le jour des dieux" dans notre Saint-Empire? Non seulement Sigmar a bien voulu se manifester dans mes rêves, mais en plus je pense avoir vu Morr! Dans un premier temps, je ne pensais que ce n'était que le Dieu-Guerrier qui m'était apparu. Une silouhette, une sorte d'esprit désincarné mais à la forme humanoide fit son apparation dans mon esprit, durant mon sommeil. Il s'exprimait sur un ton puissant, une voix portante et sûre d'elle, empreinte de noblesse et de fierté, comment douter que Sigmar se tenait devant moi! Il me félicita, tout en restant solennel, d'avoir conservé ma foi en Lui et d'avoir appliqué Ses divines paroles consciensieusement; il m'a expliqué que c'était en effet lui qui avait placé les paysans ici, à cet endroit même, afin de d'éprouver ma persévérence et ma croyance. Je n'ai rien fait de mal, ce n'est pas de ma faute en somme, voilà quelque chose qui me rassure. Toutefois, Sigmar m'a rajouté de nouvelles injonctions, il me fit remarquer que ma tenue ne convenait pas à un templier tel que moi et qu'il fallait que je la change dans neufs jours, pas avant ni après. Bien sûr j'ai essayé de le questionner sur ce choix, d'en demander l'origine....et Il est resté, pour la première fois depuis le début, Il m'a répondu! Selon Lui, quand on est le gardien de l'intégrité physique et morale de l'Empire, il faut l'afficher à tous. Afin que les innocents savent qu'ils seront épargnés et que les malfaisants savent qu'ils seront inévitablement châtiés. Etant donné que je suis originaire du Nordland, il a stipulé que je devait m'habiller en bleu et en jaune, doré si possible, afin de représenter fièrement ma province. Ebahi par ce choix tant vertueux que perspicace, je n'ai pas voulu lui poser plus de questions et l'ai laissé partir. Il faudrat remarquer que comme la dernière fois, un immense oeil est apparu peu après qu'Il ai tiré sa révérence. Cependant, quelque chose a changé et l'oeil divin s'est retrouvé soudainement nimbé de brume, disparaissant progressivement, se dérobant à mes yeux. Mais de ce brouillard poisseux un corbeau finit par surgir, il vole vers moi avant de s'arrêter devant mon visage tout en continuant de rester dans l'air, ne cessant de battre des ailes. Je me souviens encore des paroles qu'il a prononcé, elles font échos dans mon esprit, toutes aussi marquantes les unes que les autres:

Ne t'inquiète point pour les âmes qui ont été prises aujourd'hui.
Je les acceuille en mon royaume en cette nuit.
Mais Heldenhammer ne veut pas lâcher prise pour un autre de ses sujets.
Il m'a donc demandé de te transmettre ce message.
Tu dois à tout prix délivrer cette brebis égarée.
Car sinon l'Empire sera en proie à de funestes présages.
Car sinon ce sera l'heure de gloire pour les puissances infernales.
Alors elles initieront un sanglant carnage.
Et aux héritiers de Sigmar sera porté le coup fatal.


On ne peut faire plus difficilement un message aussi édifiant de celui-ci. Juste après avoir prononcé ces mots, l'oiseau a disparu dans la brouillard, mettant ainsi fin à mes visions.
Maintenant que je suis éveillé, je ne sais si l'on peut dire de moi que je suis un illuminé ou quelqu'un de bénit; mais une chose est sûre: les Dieux sont avec moi, Ils me parlent.
Cependant, les paroles énigmatiques du Veilleur ne me facilitent pas la tâche; comment vais-je reconnaître cette fameuse brebis galeuse qui a su trouver, comme moi, la miséricorde et le pardon de Sigmar? Même si je devine qu'il est emprisonné et sûrement gardé. Est-il dans une ville? Ou en train d'être escorté sur la route?



Après mure réflexion, je pense que seul l'avenir nous le dira, je dois faire confiance aux dieux.


Je ne peux qu'espérer suivre leurs commandements.

Car je sais que leurs yeux sont rivés sur moi.




Bezahltag, seconde semaine de Sigmarzeit de l'an de grâce 2529:
Quand j'écris ces mots, la nuit est déjà en train de tomber sur la région, la lumière faiblit tandis que la pénombre gagne du terrain, le soleil cède la place à Mannslieb dans les cieux et les nuages doivent désormais cotoyer les étoiles. Moi qui avais tant de fois vu cette scène de basculement, moi qui avais toujours associé ces évènements à la montée des ténèbres, à l'angoisse et au doute; ce n'est désormais plus le cas maintenant, je sais que je suis sur la bonne voie. Certes, je suis toujours hors des murs protecteurs de quelconque bourg et ville, mais je ne suis plus tout seul....
Après plusieurs jours à encore vagabonder le long de cette route, à observer chaque convoi à la recherche d'un signe, d'un indice laissé par Sigmar, j'ai enfin retrouvé Son agneau égaré.


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C'était le matin, assez étrangement un brouillard s'était abattu dans le coin et persistait. La visibilité en était réduite à une douzaine de mètres, j'ai donc dû me rapprocher de la route, ne pouvant que prier Sigmar de ne pas être repéré. Je me suis soudainement écarté de la voie quand j'ai entendu des bruits de sabots et beaucoup de bruits de pas. C'est alors à ce moment que j'ai pu l'observer de loin. Comme Morr l'avait énnoncé, il était emprisonné et désarmé, dans une cage aux dimensions d'un humain normal, le genre de cage qu'on utilise pour les potences et les gibets. Le tout reposait fixé sur une sorte de chariot tiré par des cheveaux guidés par un cocher, une autre personne se trouvait assise à côté d'elle. Cette dernière portait un accoutrement trop familier pour moi: chapeau et tunique noirs, bretelles à pistolet, parchemins exhibés et cousus directement sur sa tenue....Je ne reconnaissais là que trop bien un de mes confrères templiers. Comment a-t'il pu arriver ici lui? Etait-il conscient du fait qu'il transportait un élu de Sigmar? Il devait y avoir méprise, ou alors il était corrompu. Ce que les apparences peuvent être trompeuses... Derrière lui et le chariot, une colonne d'une quinzaine de soldats, d'épéistes et de lanciers des troupes régulières escortait le tout. je me suis alors dis que c'était tout bonnement impossible de s'en prendre à eux, même en m'approchant discrètement à la faveur de la brume pour tuer un des gardes détenant la clé, je ferai forcément du bruit et alerterai le reste du convoi. Je commençait à désespérer de ne pas trouver de méthode et allait charger dans le tas quand leson d'un cor de guerre put être entendu à travers les arbres. Des mugissements et autres beuglements bestiaux ne tardèrent pas à se faire entendre. D'un seul coup, depuis l'autre côté de la route, les frondaisons commencèrent à vomir des hommes-bêtes. Le répurgateur bondit alors de la banquette du chariot pour tirer sur le premier sabot fourchu devant lui, tout en aboyant aux soldats de former une phalange défensive devant le chariot. C'était l'opportunité idéale pour agir et maintenant encore, je ne peux que louer l'omniscience et la clairvoyance de Sigmar pour avoir crée une telle situation. Du coup, j'ai commencé à courir vers le chariot, sortant mon arbalète de poing et dégainant mon épée, afin de me rapprocher de la personne emprisonnée; comme moi elle présentait des difformités, mais comme moi également, elle a reçu Son pardon et Sa miséricorde, ce qui en faisait forcément quelqu'un digne d'être sauvé.

Tout le monde dans ce convoi avait son attention braquée sur le combat qui faisait désormais rage entre les soldats et les hommes-bêtes, sauf notre prisonnier justement. Dés que ce dernier me vit, son visage s'illumina et il arbora un large sourire, presque carnassier. Il me confirmera plus tard ce que j'avais pensé sur le moment: Sigmar est aussi apparu dans ses rêves et l'a fait savoir que je viendrai à son secours. Quand je suis arrivé à portée de voie, il m'a indiqué que c'est le chasseur de sorcières qui avait la clé sur lui. Malheureusement, ces même mots ont fait tourner la tête au cocher, qui ne n'a pas tardé à me repérer. Il n'eut pas le temps de faire quoi que ce soit d'autre, un carreau de mon arbalète vint se figer dans sa gorge et il tomba à la renverse de son chariot, pour ne plus jamais se relever. J'ai commencé alors a monter sur le chariot pour m'occuper du répurgateur toujours dessus. Je pensais le prendre par surprise, mais mes attentes s'évanouirent quand je ressentis une grande douleur au niveau de mon bras droit: ce fichu templier m'avait tiré dessus et une balle s'était logée dans mon bras. Mais il était trop tard pour se plaindre ou faire marche arrière; lâchant mon épée, je me suis hissé péniblement avec mon bras gauche sur le véhicule, me réceptionnant maladroitement dessus, à peine debout. C'est à ce moment, où j'essaye de rester stable que mon adversaire se précipite sur moi et me porte un coup de taille avec son épée bâtarde au niveau de ma jambe droite. Je réussi à parer le coup in extrémis avec ma Main Gauche, mais l'attaque n'a pu qu'être atténuée, pas pleinement déviée, alors une autre douleur me foudroit au niveau de ma jambe, ma chair est déchirée par la lame, je sens une plaie s'ouvrir et le sang commencer à couler à flots. C'en est trop, la souffrance causée par ces blessures successives m'empêche même de me transformer, je ne peux que tomber à genoux, la main de mon bras gauche arrive tout de même à s'agripper sur le rebord du chariot, m'épargnant ainsi une chute totale. Toutefois, ma fin semble inévitable, j'ai sous-estimé ce chasseur de sorcières, je l'entend s'exclamer qu'il n'est que trop heureux d'éliminer deux mutants pour le prix d'un, tout en levant son épée bâtarde sur moi afin de me fracasser le crâne en deux. Soudainement, je vois une tentacule s'enrouler autour de sa gorge et deux parodies de bras s'emparer de ses poignets, les membres difformes resserent leur emprise sur le templier qui essaie de se débattre, qui commence à suffoquer, qui est petit à petit entraîné vers la cage où se tient l'élu. Il semblerait que le répurgateur n'avait pas remarqué qu'en bougeant pour me porter le coup de grâce, il s'était mis à portée des longs membres déformés que possédait mon compagnon; ce dernier n'ayant pas eu de peine à les faire passer entre les barreaux de sa cage. C'est comme cela que mon adversaire connu sa fin: les yeux révulsés, paralysé et étranglé par des appendices difformes. Mon compagon en cage me presse de retrouver les clés sur le corps du répurgateur, car je suis le seul de nous deux à avoir deux mains en bonne et due forme pour pouvoir les manier. Ainsi, les clés finissent par être trouvée, la porte de la cage fini par être ouverte et l'élu fini par être libéré. Nous nous tirons de cet endroit aussi vite que possible, laissant les soldats à leurs sort face aux hommes-bêtes, ils nous ont fait une excellente diversion après tout et je suis trop mal en point pour les affronter, eux ou qui que soit d'ailleurs. Trés rapidement, je suis à la traîne, mon bras et ma jambe bléssés me font tirer une grimace de douleur à chaque mouvement, j'en suis réduit à boîter et manque de trébucher tout les cinq pas.
Heureusement, mon compagnon est tout sauf un ingrat, aussitôt qu'il me voit en difficulté, il s'empresse de me soutenir. C'est sûrement un des effets du Pardon accordé par Sigmar à sa personne. Nous finissons par quitter les lieux bras dessus tentacule dessous, même si la sensation justement de ces appendices visqueux sur ma fourrure de bélier procure un sentiment d'étrangeté en moi.

Aprés avoir parcouru plusieurs lieues ainsi, nous nous sommes arrêtés ici, au soir, dans des sous-bois non loin de la lisière, situés peu en profondeur dans la forêt. Là nous avons dressé un bivouac et avons quelque peu discuté. C'est là que j'ai pu en savoir plus sur mon compagnon, sur la situation actuelle et sur ce qui nous attendrait par la suite.
Celui que j'ai sauvé se prénomme Heinrich, comme moi il a reçu des visions de Sigmar et s'éfforce de les accomplir. Il fait partie de ce qu'il appelle une confrérie, auparavant publique à ce qu'il dit mais qui a dû se faire discrète ces derniers temps, cette association s'appelle La Main Salvatrice de Sigmar. D'après ce qu'il raconte cette confrérie est basée à Kutenholz, ville toute proche et vers laquelle nous nous dirigeons. Récemment, un culte d'un dieux sombre nommé nurgle est apparu et a établi une emprise de plus en plus forte sur la ville. Apparement ils ont commencé par corrompre les autorités séculières afin de les mettre dans leur poches, puis ils ont assassiné des infermières et autres soignants dédiés à Shallya. Peu aprés, d'étranges maladies sont apparues et on a découvert que l'eau de certains puits était mystérieusement contaminée. Je l'ai questionné sur le fait qu'il puisse connaître tout ceci. Il m'a alors répondu qu'il n'était à la base qu'un simple membre du guet. Mais à force de voir la corruption rampante sous ses yeux il a commencé à mener sa petite enquête, là, nurgle a voulu le décourager en le faisant devenir un mutant, d'où son bras droit totalement déformé et recouvert par des espèces de bubons. Comme moi, il a alors commencé à avoir des visions de Sigmar, dans lesquelles le Dieu-Guerrier l'encourageait à poursuivre sa lutte contre ces infâmes corrupteurs et lui accordait à lui aussi Sa Miséricorde. A l'instar de moi, son corps avait muté mais son âme était restée pure. Heinrich m'expliqua qu'au fur et à mesure, guidé par ses visions et les murmures de Saint-Heldenhammer, il a rejoint la confrérie de La Main Salvatrice de Sigmar: une associasion discrète d'expatriés du Nordland. Nostalgiques de leur province et de l'ancienne pureté de l'Empire, ils portent toujours des vêtements aux couleurs bleues, jaunes ou dorées afin de se reconnaître entre eux. En les intégrant, il a appris que ces infâmes cultistes de nurgle n'en étaient pas à leur coup d'essai et fut mis au courant de ce qui se tramait dans l'ombre. Il a perséveré dans son enquête et était sur le point d'identifier les principaux membres de cette secte, quand les répurgateurs et la milice ont débarqué chez lui. Mais plutôt que de le mettre directement au bûcher, ils ont préféré faire un procés plus formel avant d'appliquer effectivement la peine de mort. Heinrich pense qu'ils sont de mèche avec les autorités corrompues ou bien directement avec les cultistes. Durant sa première nuit en prison, mon compagnon a pu entendre Sigmar lui murmurer qu'il serait sauvé et qu'Il avait retenu la main du bourreau exprés pour lui. (Si seulement Il pouvait le faire pour tout les innocents dans le besoin, comme Il l'a fait pour nous, mais je digresse.) Le lendemain, on annonçait à Heinrich qu'il serait transferé à Brockel sous bonne escorte pour y recevoir son jugement. Et là, ce matin même j'ai croisé son convoi. Inutile de raconter la suite.


Au moment où j'écris ces lignes, il fait quasiment nuit noire. Mon compagnon s'est assoupi, je prends donc le premier tour de garde pour la nuit, malgré mon mauvais état. Aussi je vais arrêter d'écrire ici pour me concentrer pleinement sur ce qui se passe autour de moi. La fierté et la satisfaction emplissent tout de même mon coeur: aujourd'hui j'ai accompli la mission divine que Sigmar m'a confié.


Et j'en accomplirai beaucoup d'autres, elles aussi marquées du sceau de la réussite.

Car je sais que l'Oeil de Sigmar est rivé sur moi.


Konistag, seconde semaine de Sigmarzeit de l'an de grâce 2529:
Le soleil vient de se lever et mon compagnon vient de se réveiller il y a peu. Aujourd'hui nous allons prendre la route pour Kutenholz. Heinrich m'a promis que nous entrerions en contact avec sa confrérie, apparement Sigmar lui à murmuré pendant son sommeil: Il lui a expliqué que la ville était placée sous quarantaine, à cause d'une épidémie aux origines inconnues. Toutefois Heinrich pense que l'on peut entrer en ville par d'autres moyens. Ne connaissant pas l'endroit, je ne peux que lui donner ma confiance, qu'il a amplement mérité par ailleurs.

Bien que mes plaies soient toujours vives, j'ai comme l'impression d'avoir un peu récupéré par rapport à hier. Mon compagnon m'a aidé à faire quelques pansements aussi il y a peu, ceci expliquant cela.
Pour tout dire, cela fait également depuis un bon moment que les hommes-bêtes ne se sont pas attaqués à nous. J'avais pourtant des doutes alors que nous bivouaquions dans les bois, je pensais que nous nous exposerions à des assauts de leur part, mais rien de tout cela. Saint-Heldenhammer doit sûrement veiller sur nous pour que nous soyons épargnés comme ça par cette engeance.
Mais trêve d'écriture, je vois Heinrich commencer à ranger les affaires du bivouac, je vais l'aider.



Bon, je sais que le moment ne se prête pas trop pour écrire, mais une fois de plus, le Dieu-Guerrier a énoncé la vérité. Nous sommes aux abords immédiats de Kutenholz, mais on est resté sous le couvert des bois aux alentours, histoire de ne pas se faire remarquer. On a pu voir une sorte de campement dressé aux portes de la ville, les herses du corps de garde étaient également abaissées. J'ai donné mes vêtements à Heinrich afin qu'il puisse aller voir de quoi il en retourne précisement tout en dissimulant ses membres difformes. Cela fait déjà un petit moment qu'il est parti, j'espère que Sigmar l'a préservé du mauvais sort. Quand même...comment nous allons nous y prendre pour pénétrer dans ce bourg s'il est en quarantaine?

Alors que j'écris ces mots, la mi-journée vient de passer et Heinrich est revenu il y a peu. Là il est en train de se servir dans les provisions, après m'avoir raconté ce qui se tramait là-bas. Kutenholz a bel et bien été mise en quarantaine, plus personne ne peut entrer ou sortir. Le camp constitué aux portes de la ville a en fait été monté par les voyageurs et les marchands de passage n'ayant pas pû rentrer dans le bourg, mais apparement là aussi, les premiers cas de dysentrie, de peste et d'autres maux inconnus ont commencés à être enregistrés. Je ne sais pas trop comment, mais mon compagnon a également réussi en entrer en contact avec un membre du guet: une connaissance à ce qu'il dit. Il nous a trouvé un moyen d'entrer dans la ville, il faudrat s'approcher du rempart au nord à la tombée de la nuit, un signal nous sera donné. Une question apparaît dans ma tête. Cette connaissance fait-elle également partie de la confrérie? Seul Saint-Heldenhammer le sait.
Tiens, je poserai quand même cette question à Heinrich.
M'enfin, là pour l'instant, il n'y a rien d'autre de notable à noter.

Il ne nous reste plus qu'à attendre la nuit.



Angestag, seconde semaine de Sigmarzeit de l'an de grâce 2529:
Je ne vais pas me mentir, malgré la gravité de la situation dans laquelle je suis et vu comment elle évolue, je ne peux m'empêcher de me sentir satisfait, voire content. Je sens qu'on ne vas pas tarder à s'occuper de ce suppôts des ténèbres comme il faut. Nous avons déjà franchi de nombreuses étapes, dont celle de l'infiltration dans Kutenholz. Le plan d'Heinrich s'est passé comme prévu: dés que Mannslieb fut assez élevée dans le ciel, nous nous sommes approchés du rempart septentrional du bourg. Là, nous nous sommes dirigés vers une tour de garde directement encastrée dans le mur, selon mon compagnon, c'était sensé être le point de rendez-vous avec nos "contacts". La stupeur et l'inquiétude se sont quand même enacinées dans mon esprit lorsque j'ai vu des silouhettes armées en train de patrouiller sur la muraille puis soudainement s'arrêter sur notre position. Mais tous ces états d'âmes étaient infondés. Tout de suite après, une corde fut balancée du haut du mur, pour nous. Je pus alors voir mon compagnon sourire, il m'expliqua que sa confrérie avait également des membres au sein du guet, officiers comme soldats du rang, tous prêts à perpétuer et défendre notre Saint-Empire.

Alors que j'écris ces mots, je me demande bien comment nous pourrions perdre la guerre contre les puissances de la corruption et ces infâmes cultistes de nurgle. Avec des partisans comme ceux-là, nous allons forcément gagner.

Mais bref, je reprends. Une corde nous avait été balancée et Heinrich m'invita à grimper en premier, comme je n'étais pas aux mieux de ma forme après l'affrontement de la dernière fois, j'ai décidé de ne me reposer quasiment que sur mes bras. Je les ai étendus jusqu'à la moitié de la cordée, entre le sol et les crénaux de la muraille. J'ai fermement aggripé mes mains à la corde et j'ai commencé à rétracter mes bras, la réaction et le mouvement provoqué m'ont directement amené à mi-chemin, en hauteur. Je sais que cela était quelque peu risqué, mais je ne sais pas si mes bras auraient eu la force de se tortiller et de ramper à la verticale tout du long, un peu comme une chenille qui rampe sur une branche. M'enfin. Une fois arrivé là, j'ai brièvement lâché la corde avec mon bras droit et, aussi vite que possible, je l'ai étiré pour qu'il puisse atteindre les crénaux. Aussitôt que ma prise sur le mur fut assurée, c'est au tour de mon bras gauche de faire la même chose. Au final, je rétracte mes deux bras en même temps pour atteindre directement les crénaux et je fini par me hisser sur les remparts, sous les regards surpris, voire ébahis de ceux qui se trouvaient sur le mur.
Quand je me suis retrouvé justement en haut, dés que je me suis relevé, j'ai pu voir les gardes qui nous avaient balancés la corde. Mais il y avait également un autre personnage, un grand homme au regard perçant, vêtu d'une robe bleue aux rebords dorés; au crâne totalement chauve mais avec une longue barbe bleue, finement coupée, trés bien entretenue et dont les différentes mèches de poils se tortillaient tout en se superposant les unes sur les autres. En fait, on aurait dit que c'était de multiples tentacules qui se tenaient là, en guise de barbe. Quant il m'a vu en train de me relever, il a commencé à me souhaiter la bienvenue au sein de la confrérie de la Main Salvatrice de Sigmar. Je m'en souviens encore.

"Ah! Je vous attendai répurgateur, le Dieu-Guerrier m'avait montré votre venue." Il commence à m'observer, je ne me sentis pas trés à l'aise, mais finalement il ne juga pas ma condition de déformé. "Ne vous inquietez pas, nous acceptons tous ceux qui ont un esprit pur, qu'ils aient des membres difformes ou non." Aprés avoir fait signe aux gardes, ces derniers quittèrent les lieux. Nous ne nous retrouvâmes que tous les deux dans le silence de la nuit. En fait, on pouvait seulement entendre le bruit qu'Heinrich faisait en remontant avec la corde. "J'apprécie sincèrement le fait que vous soyez parmis nous, sachez que nous vous sommes également redevables pour avoir sauvé la vie d'un de nos membres." C'est alors que le membre en question débarque à sont tour sur la muraille. Heinrich et le vieil homme se saluent d'un signe complexe. "Malheureusement, les temps sont changeants, il y a péril en notre demeure. Je vous expliquerai tout quand le moment sera venu. Mais laissez-moi vous dire que vous nous....vous serez trés utile afin de rétablir la situation. Pour l'Empire et Sigmar, bien sûr. Si vous voulez bien me suivre."
Nous quittâmes donc la muraille, descendant les escaliers de la tour de garde, pour nous enfoncer dans les rues de Kutenholz. La pénombre règnait, seules quelques torches éclairaient les allées de manière irrégulière. Partout on pouvait voir les fenêtres et les portes des maisons barrées avec des planches en bois; on voyait aussi des monticules de cadavres que l'on avait recouvert avec des bâches, faute de pouvoir ou de volonté de transporter les victimes de cette maladie étrange dans un cimetière ou même un fosse commune. On pouvait également entendre quelques bruits dans le lointain, mais rien de plus. Enfin nous avons fini par atteindre le quartier général de la confrérie: une simple devanture d'une boutique de tisserands. Cependant, même si cela ne payait pas de mine (encore une fois, les apparences peuvent être trompeuses) cette petite échoppe cachait bien sa véritable fonction. Une fois passée l'arrière-boutique et une petite porte dérobée, on avait accés à un long couloir dont les deux murs étaient flanqués de nombreuses portes. Heinrich et le vieil homme me dirent alors qu'ils étaient en train de me conduire au dortoir, afin que je puisse trouver le repos. La visite des lieux pouvant être remise à plus tard.

Et c'est comme ça que je me retrouve à écrire ces lignes dans un dortoir, tard dans la nuit. Je remarque aussi que je suis le seul à dormir dans cette pièce, qui comporte pourtant plusieurs lits. Tiens, j'entends aussi quelques bruits, comme si on était en train de bouger des meubles. M'enfin, il va falloir que j'arrête de faire des fixettes sur le moindre détail car sinon je ne suis pas prés de m'endormir.

Puisse Sigmar me donner la force pour remporter la victoire finale contre les puissances de la corruption.




Wellentag, troisième semaine de Sigmarzeit de l'an de grâce 2529:
Le soleil se couche une fois de plus quand j'écris ces mots. Cela fait déjà deux jours que suis confiné dans cet endroit. Je sais que les voies de Saint-Heldenhammer sont impénétrables, mais quand même. Pourquoi rester les bras croisés alors que les sectateurs chaotiques sont à l'oeuvre dehors? Alors que la maladie fait rage?
Alors attendant le prochain signe divin j'ai demandé à visiter les locaux, histoire de s'occuper, de tuer le temps. Je n'ai pas envie de tout détailler, mais ils sont plutôt bien rodés ces gens-là. Le vieil homme m'a montré la salle de prière, la salle des réunions, le réfectoire....A chaque fois le décorum est un peu excentrique, décalé et baroque, mais rien qui ne tombe sous le coup de l'hérésie à mes yeux. Par contre je trouve que les couleurs criardes sont un peu trop représentées, il y en a presque partout. Je sais qu'ils sont nostalgiques du Nordland et que dans les provinces du Nord en général, on aime ce genre de couleurs, mais quand même...
Bref, je dois toutefois noter que Sigmar se fait plus discret ces derniers temps. Cela ne L'a tout de même pas empêché de me murmurer quelque chose cette nuit. Il m'a enjoint de faire confiance à cette confrérie, car comme moi, ils suivent Sa volonté et Ses intentions. De plus, selon Sa divine parole, je vais recevoir une récompense aujourd'hui. Bien que je ne puisse qu'espérer être à la hauteur de cette dernière, je me demande pourquoi j'ai droit à un tel égard. Ma mission sacrée n'est pas encore terminée et je....


Aie! Aie! Aie! Je m'en rends compte maintenant! Je n'ai rien fait aujourd'hui justement! Alors que je devais me procurer une nouvelle tenue. Cette satanée tenue en bleu et en jaune dorée qu'Il m'avait demandé de me procurer il y a neuf jours de cela! Je ne l'ai pas fait! MAIS BORDEL JE NE L'AI PAS FAIT! Comment je vais faire maintenant, ce patelin est sous quarantaine! Impossible de....


J'entends des bruits de pas qui se rapprochent, dans le couloir.

Vient-on dans ma direction? Je vais arr


***
La porte s'ouvrit brusquement, Jan eut tout juste le temps de ranger son journal dans sa sacoche. Heinrich entra dans la pièce, le visage illuminé par un grand sourire:

"Ah, mon cher Jan! J'espère que tu as bien profité de ton ennui, parce que le Grand Soir est arrivé! Lança t'il sur un ton plutôt jovial.

-Oui on va dire cela, prononça le répurgateur sur un ton masquant à peine sa préocupation quand à son devoir manqué. Mais attends, on va pouvoir enfin passer à l'action? Poursuivit-il avec un interêt soudain.

-Exact. Mais avant....moi et le reste de la confrérie avons quelque chose à te montrer.

-Soit, je te suis."

Ainsi, les deux protagonistes empruntèrent le couloir pour se diriger vers la salle de prière. A peine fut-il entré que le chasseur de sorcière constata que la pièce avait été aménagée pour une sorte de cérémonie. Au centre se tenait un petit autel surmonté d'un brasero, le vieil homme à la barbe "tentaculaire", se nommant Ulrich, se tenait juste devant. Tout autour de l'autel se touvaient des acolytes encapuchonnés, tous se tenaient la main, tête baissée, ils formaient ainsi un demi-cercle. Ulrich tenait dans ses mains un grand paquet ficellé sur lequel reposait un pendantif en métal et en forme de boule; une sorte d'entaille avait été faite au beau milieu de cette sphère. Avec un peu d'esprit, on pouvait voir ce pendantif comme une sorte d'oeil, un oeil qui voit tout. Intrigué par cet objet, Jan commença à s'avancer en direction d'Ulrich.

"Eh bien, mes salutions templier, et mes félicitations également. Comme vous le voyez nous nous permettons de vous offrir un modeste présent, afin que vous puissiez accomplir vos futures tâches avec succès. Voyez par vous-même, ouvrez donc ce paquet, je vous en prie." Dit le doyen sur un ton trés poli.

Sans trop réfléchir, Jan prit le paquet et le pendantif. Il reconnu instantanément l'oeil qu'il avait aperçu dans ses visions. Son coeur commença alors à battre un peu plus vite, sous le coup de l'émotion. Il mit le pendantif et commença ensuite à débaler le paquet destiné à son attention. Alors la joie le prit, il avait sous ses yeux un pardessus d'un bleu éclatant et d'un vert foncé sur les marges, un doublet au tissu rouge chatoyant et agrémenté de broderies au fil doré; s'en suivait des braies à la couleur ocre prononcée, un chapeau à larges bords violet et des bottes d'une teinture blanche immaculée. Dans la tête du templier, ce costume était la parfaite réponse pour les injonctions qu'il avait reçu dans ses rêves.
Machinalement il s'agenouilla devant Ulrich, ayant dans sa mémoire le vague souvenir de sa cérémonie d'initiation de répurgateur. Le vieil homme, un sourire au coin des lèvres commença à parler d'un ton solennel, alors que la flamme de l'autel derrière lui vira à l'orange foncé.


"Acceptez-vous notre présent, cher Jan?

-Oui, je l'accepte. Répondit le répurgateur alors que la flamme du brasero passait de l'orange au rouge.

-Oui, il L'accepte. reprirent les acolytes et Heinrich en coeur.

-Voulez-vous continer à servir notre dieu, de protéger ce qui Lui est cher et de détruire ce qui est malsain à Ses yeux?

-Oui, je le veux. Répliqua Jan alors que la flamme du brasero passait du rouge au bleu.

-Oui, il Le servira. reprirent les acolytes et Heinrich en coeur.

-Seriez-vous prêt à vous vouer corps et âme pour accomplir ses commandements, iriez-vous jusqu'à faire le sacrifice ultime en effectuant Sa volonté ou par Sa volonté?

-Oui, j'y suis prêt. Répliqua Jan alors que la flamme du brasero passait du bleu au vert. Toujours agenouillé, le chasseur de sorcières ne voyait pas trop ce qui ce passait autour de lui. Cette situation était tout à faire normale à ses yeux, il ne faisait que renouveler son engagement envers son dieu aprés tout.

-Oui, il se sacrifiera. reprirent les acolytes et Heinrich en coeur.

-Alors la messe est dite....Vous pouvez vous relever, cher confrère. conclua Ulrich. Le répurgateur s'exécuta.

-Bien, mais je crois que nous avons des choses à faire pour empêcher ces sectateurs nurglites de passer à l'action, non?

-C'est exact, vous avez tout à fait raison. Il est temps de passer aux choses sérieuses. Voyez-vous, nous avons appris que ces vermines auraient planifié de s'emparer de la caserne, des stocks d'armes qu'elle détient et de profaner en même temps l'église de Sigmar, afin de supprimer tout moyen de guérir la population. En tant que templier, vous arriverez sûrement à approcher les lieux, les infiltrer et mettre fin à cette menace. Ne vous en faite pas pour la caserne et les armes, nous nous en occupons.

-Trés bien, cela m'a l'air un bon plan. Mettons-nous au travail et que Sa volonté soit faite.

-Effectivement. Que Sa volonté soit faite."

Et ce fut sur ces ultimes mots que les protagonistes se séparèrent et sortirent de leur quartier général. Seul Ulrich et quelques acolytes restèrent sur place. Jan partant seul en direction de l'église tandis qu'Heinrich et un autre groupe de cultistes se dirigèrent vers la caserne.
Alors que le répurgateur faisait son petit bout de chemin, il se sentait comme allégé, comme si le fait d'avoir accompli cette petite cérémonie lui avait enlevé un fardeau de ses épaules. Désormais plus rien ne le dérangeait, y comprit sa condition de mutant ou le fait qu'il était habillé comme un sac, bon à parader pour le Jour de Folie. Il avait définitivement perdu toute inhibition.
Il se dirigea alors vers l'édifice sigmarite, se guidant du mieux qu'il pouvait grâce aux panneaux indicateurs installés à la croisée des rues et des boulevards. Alors qu'il avait trouvé son chemin et empruntait une avenue menant tout droit à son objectif, un petit groupe de quatres Patrouilleurs Urbains déboula au même endroit via une rue adjacente. Ils ne tardèrent pas à remarquer cet individu habillé de manière bariolée et criarde qu'était Jan Wiedler:

"Mais qu'est-ce que vous faites ici, mon bonhomme! Kutenholz est en quarantaine et sous couvre-feu! Qu'est-ce que vous ne comprenez pas dans Personne ne sort, hein?! Je vais être obligé de....

-Non, c'est vous qui n'avez rien à faire ici." Répondit le chasseur de sorcière d'un ton tout à fait banal.

Dans la seconde qui suivit, les trois Patrouilleurs Urbains purent voir leur chef de section se faire transpercer par un coup d'épée porté par un bras soudainement allongé de plusieurs mètres. Une seconde plus tard, les deux membres de la patrouille aperçurent un de leurs camarades s'effondrer au sol dans une gerbe de sang, sa gorge déchirée par un carreau d'arbalète....
Quand il eu fini de s'occuper des soldats du guet, le templier avait son tout nouveau costume quelque peu tâché par le sang. Il n'y avait plus qu'à espérer que Sigmar lui pardonne ce petit écart....
Enfin, il parvint devant l'église du bourg. Assez étrangement, il n'y avait aucune trace de corruption à l'extérieur, la porte de l'édifice semblant même fermée. Toutefois cela n'empêcha pas le répurgateur de douter sur la pureté des lieux, il devint encore plus sceptique lorsqu'il put entendre le bruit de quelques mouches qui volaient dans les environs. Alors Jan se précipita devant l'entrée de l'église et donna un grand coup de pied dans la porte, celle-ci s'ouvrit dans un grand fracas, donnant désormais la vue sur l'intérieur de l'édifice sigmarite.

Et l'endroit était bel et bien en train d'être profané par des sectateurs nurglites, il se dégageait une odeur pestilentielle. La pénombre régnait et Jan fut forcé d'allumer une torche pour y voir un peu plus clair. Il put alors constater que des essaims de mouches et d'autre insectes parcouraient les lieux à loisir, il put apercevoir que les bancs sur lesquels on s'asseyait pour la messe avaient été dégradés, coupés à coup de hache ou retournés dans tous les sens; il put distinguer des excréments, des cadavres d'animaux et d'humains victimes de l'épidémie, disposés ça et là, un peu partout dans la salle; il put voir les chandeliers et les encensoirs servant pour les cérémonies renversés, de l'huile se répendant partout, le charbon laissant des traces noires sur les dalles de marbre blanc; les longs tissus qui ornaient et décoraient d'habitude les colonnes du lieu avaient été également mis à bas, jonchant désormais le sol; il put observer que des livres sacrés gisaient aussi par terre, les pages déchirées, quand elles n'étaient pas obscurcies par des gribouillis certainement blasphématoires. Et enfin, il put regarder les cultistes se vautrer au beau milieu de tout cela, au beau milieu du chaos qu'ils avaient créé, il remarqua aussi que l'un d'entre eux apportait des morceaux de cadavres et de déjection à leur magus, qui se tenait en lieu et place de l'autel touillant dans un chaudron avec une pièce de bougeoir et vomissant subitement dedans; sûrement dans le but de rajouter un peu plus de liquide et de mixture à sa "recette".

A la vue de tant de profanation et d'hérésie, le visage poilu de Jan s'assombrit, il serra les dents, une immense rage sourde s'emparant de lui. Pressé de commencer le massacre de ces mécréants, il jeta négligement sa torche par terre, sans se soucier des conséquences que cela pourrait entraîner. A nouveau, il dégaina son épée et son arbalète pour accomplir sa divine mission. Au tout début, les cultistes furent pris de court par l'intrusion de cet hurluberlu, mais trés vite ils se ressaisirent et empêchèrent le répurgateur d'aller plus avant dans l'église.
Quoique, on devrait plutôt dire qu'ils tentèrent d'empêcher le répurgateur, car si ce dernier avait su venir à bout de sectateurs de Khorne, ce n'est certainement pas quelques cancéreux qui allaient le retenir dans sa distribution de la Justice...du moins, c'est ce que Jan pensait.
Il ne tarda pas à rouer de coup les impudents qui lui faisaient face. Mais contrairement aux autres adorateurs des ténèbres, les serviteur du Seigneur des Mouches encaissaient plutôt bien les attaques du chasseur de sorcière, leur dévouement à Nurgle les avaient rendu quasiment insensibles à la douleur. Jan mutilait le bras à la chair nécrosée d'un sectateur? Celui-ci se contentait de sourire avant d'essayer de lui tousser dessus ou de le poignarder avec une dague rouillée. Jan enfonçait sa lame dans le ventre d'un cultiste? Ce dernier tout en continuant de ricaner, plongeait sa main dans ses entrailles pour la ressortir pleine de liquide visqueux et d'asticots blancs avant de les projeter sur le templier.

"Aller mes petites mouches! Les nurgelins ne vont pas s'invoquer tout seuls! Il me faut plus de temps! En attendant, montrez à notre invité que Grand-Père sait aussi bichonner ce qui ne sont pas de la famille!" S'écria le magus alors qu'il touillait de manière frénétique.

Image

En dehors du combat, le feu, provoqué par la torche du répurgateur et alimenté par tous les combustibles cités plus tôt, prenait de l'ampleur. Toute une partie de l'église était désormais en proie au flammes et cela ne semlait pas vouloir s'arrêter.
Mais tout ceci était futile aux yeux des protagonistes, Jan continua de trancher, tuer et de mutiler ceux qui osaient lui faire face, mais non sans riposte de leur part. Si ces cultistes étaient effectivement plus difficiles à tuer, cela ne voulait pas dire qu'il ne pouvaient pas l'être.
Désormais, il ne restait plus que trois sectateurs qui se dressaient entre le chasseur de sorcière et l'infect magus. Jan eu l'initiative, laissant tomber son arbalète, il dégaina sa Main Gauche pour frapper deux de ses ennemis en même temps. Allongeant ses bras une fois de plus, il porta un coup de taille avec son épée au niveau des hanches du premier adversaire, tandis que sa dague partit chercher le coeur du second. Les cultistes encaissèrent plutôt bien les coups, même si un étrange liquide verdâtre s'écoulait de leur blessures. Toutefois mais furent incapables de riposter. C'est alors qu'une nuée de mouches se précipita sur le visage de Jan, l'aveuglant pendant un instant. Il dû rétracter ses bras pour les chasser de ses yeux et de sa bouche. Bien sûr, ses ennemis profitèrent de cette occasion, le troisième acolyte pourtant sans armes, s'approcha de lui pour s'aggriper à sa jambe et la mordre avec ses dents. Le second acolyte se rapprocha aussi assez rapidement du répurgateur pour lui donner un coup de dague rouillée et dégoulinante d'une étrange substance dans les côtes. Alors dans un cri de rage, Jan se débatit comme un diable afin de se débarasser de ses ennemis, d'un revers de lame, il décapita le sectateur qui lui avait porté le coup de couteau. Une seconde après, il se tourna vers son second adversaire qui l'avait mordu et commença à lacérer son visage de coup de Main Gauche, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un tas de pulpe sanguinolente.
Mais à peine avait-il fini de s'occuper de son deuxième adversaire qu'il sentit une sorte de liquide se déverser sur lui: le troisième et dernier sectateur était en train de lui vomir dessus, son vomi et ses sucs gastriques s'attaquant aux poils et à la peau du templier, le forcant à fermer ses yeux. Dans un ultime geste, Jan lâcha son arme pour porter la main à son talisman, le serrant trés fort dans sa paume, implorant Sigmar de l'aider dans l'accomplissement de son oeuvre. Alors au bout de quelques secondes, il ne ressentit plus rien. Il ouvrit alors les yeux et constata que même si sa peau avait beaucoup moins de poils et commençait à avoir aussi quelques furoncles, il était parvenu à survivre au vomi corrosif de son adversaire. D'ailleurs il constata que ce dernier le regardait d'un air effrayé, tandis que le magus lui, lui jetait un regard furieux, voire haineux. Alors s'aperçu qu'une sorte d'aura le protégait, une aura constituée de petites flammèches multicolores. Une nouvelle énergie, une nouvelle détermination coulait dans ses veines:

"VOUS VOYEZ? IL EST AVEC MOI! IL ME REGARDE! SIGMAR EST AVEC MOI!" s'écriat-il tout en arborant ostensiblement son pendantif aux yeux de ses ennemis. De son autre main, il saisi son adversaire stupéfait à la gorge.

"IL NOUS REGARDE! IL NOUS REGARDE TOUS! SON OEIL EST SUR NOUS! IL NOUS JUGE! IL VOUS JUGE! CRAIGNEZ SON COURROUX, CAR JE VAIS VOUS LE FAIRE SUBIR! EN SON NOM!" continua-t'il tout en étranglant le cultiste, ce dernier commençant à suffoquer et ses vertèbres commençant à craquer tandis que la poigne de Jan se resserait autour de lui.

Et oui, Jan pouvait étrangler une personne avec une main seulement, car il commençait à se métamorphoser sous sa forme la plus puissante, celle qu'il a repoussé dans un premier temps avant de s'y habituer et de l'embrasser pleinement: la forme du bélier-garou. Dés qu'il se faut assuré que sa victime était définitivement morte, il jeta son cadavre sur le côté...ou plutôt dans les flammes.
Car le feu initial se transformait en un véritable incendie. Désormais, quasiment aucune partie de l'église n'est épargnée. Les flammes s'élèvent, illuminant l'endroit plongé dans l'obscurité quelques instants plus tôt, atteingnant le plafond et les charpentes de l'édifice.

Mais voilà, les gens étaient plus occupés à s'entretuer au nom de leurs dieux. Que voulez-vous.

Toutefois, le magus voué à Nurgle, profitant du fait que le templier mutant ramassait ses armes pour la confrontation finale, arrêta finalement de touiller pour plonger ses mains directement dans le chaudron, afin de receuillir quelque chose pouvant l'aider à vaincre ce personnage plus que récalcitrant. Au dieux sombres l'invocation des Nurgelins. Ses mains finirent par ressortir du liquide immonde, une sangsue rampant sur un doigt tuméfié. Alors que Jan fonçait désormais sur lui, ses sabots fendant les dalles, le sorcier jeta violament sa trouvaille au sol. Tout d'un coup, le sol devant lui explose, projetant une sorte de liquide jaunâtre contenant en lui-même des tas de sangsues générées par cet infâme mixture. Le répurgateur fut éclaboussé de plein fouet. Son aura disparu instantanément, il put sentir ses sangsues s'accrocher à sa peau, mordillant sa peau et ses poils. Toutefois, il persévéra dans sa charge, seuls quelques mètres le séparaient de sa cible.
En toute hâte, le magus replongea ses mains dans la marmite, il savait que le temps lui était compté. Tout aussi rapidement, ses mains ressortirent pleines d'excréments. Il les balança alors en l'air, en plein vol, la matière se transforma en une sorte de vapeur éthérée à la couleur noire, cette vapeur se solidifia ensuite pour retomber à terre, comme une sorte d'écran maudit et sombre, au beau milieu de l'explosion du liquide jaune.

Pendant un court instant, le sorcier nurglite regarda le bouillon de magie qu'il avait créé avec satisfaction. Les chances de survie aux sorts qu'il avait déchaîné étaient infîmes. Il se disait qu'il fallait vraiment bénéficier du regard des dieux pour y réchapper. Telle fut sa dernière pensée.
Ce qu'il vit en guise de dernière vision fut le fait que Jan surgit de la zone encore couvert de sangsues et de liquide jaune, brisant la barrière noire tout en hurlant. Il fonca tête baissée, les cornes en avant empalant le magus sur le coup, ce dernier ne pouvant afficher qu'une mine frustrée. Furieusement, le répurgateur secoua la tête dans tous les sens de manière forcenée. Au bout d'un moment, épuisé, il arrêta ce mouvement de manière nette et sèche. Ce soudain arrêt, combiné avec le poid du corps du magus et la force centrifuge fit que le sorcier se décrocha subitement des cornes de Jan pour aller s'écraser contre une des colonnes de la salle, le magus à l'agonie et la colonne s'écroulèrent presque en même temps pour sombrer dans les flammes.
Même si son ennemi était dénitivement mort, la situation n'en restait pas moins critique. L'incendie était en train d'engloutir toute l'église, les flammes pouvaient être désormais vues de l'extérieur. La charpente était en train d'être carbonisée, des pièces de maçonnerie se détachaient du plafond pour s'écrouler au sol dans un immense fracas. Il fallait s'échapper au plus vite, mais Jan en était bien incapable.

Son corps était ravagé par le tribut que les adeptes du Seigneur de la Déchéance avaient prélevé. Il avait la peau noircie au possible, à certains endroits il y avait même des plaies béantes et purulentes et de petits vers frétillant à l'intérieur; pas un seul de ses membres n'était épargné par les sangsues et en son fort intérieur il sentait que la pourriture gagnait ses poumons, son coeur, son intestin, son cerveau....
Sentant sa fin approcher de toute manière, le templier déchu préféra choisir une mort rapide à une lente agonie et se jeta dans les flammes.



Et c'est ainsi que Jan Wiedler, répurgateur dévôt mais devenu mutant par la force des choses, périt: dévoré par le feu purificateur. Un sort assez ironique pour un chasseur de sorcière.
Pourtant, il avait bien essayé d'ignorer sa condition au début, mais la réalité l'a rattrapé. Coupé petit à petit du reste de l'Humanité. Il s'est laissé allé au doute, puis au désespoir, suppliant les dieux de lui venir en aide, se réfugiant dans sa foi, faisant d'elle un ultime bastion contre sa folie naissante. Et finalement, un dieu lui a répondu...comme cela a pu être vu: Tzeentch aura vite fait de trouver une utilité à ce pion innocent et ignorant, nourrissant ses espoirs, hypertrophiant sa croyance en Sigmar tout en la manipulant pour faire obéir Jan au doigt et à l'oeil. Inévitablement, la dévotion du templier se transforma en un fanatisme aveugle, lui faisant descendre sans qu'il ne le sache la pente savonneuse de la corruption. Petit à petit, il renia par ses actes les valeurs sur lesquelles il avait donné sa parole, jusqu'à inconsciement faire le jeu de ses ennemis.


Mais bien évidemment, les actes de Jan ne furent pas sans conséquences. Sa mort entraîna certes avec elle tout un culte du Chaos, mais également la destruction d'une église dédiée à Sigmar, privant les autorités impériales -qui n'étaient pas si corrompues que cela en fin de compte- d'artefacts et de reliques bénies pour faire face aux Puissances de la Ruine. Mais ce n'est pas tout. Pendant que notre répurgateur affrontait les acolytes dédiés à Nurgle, les partisans de Tzeentch, menés par Heinrich, s'occupèrent de saboter les munitions et les armes de la caserne, grâce à des soldats infiltrés et déjà membres du culte. Une fois leur forfait accompli, les acolytes de la Main Pourpre retournèrent se terrer dans leur repaire. Quelques jours plus tard, comme si gérer une épidémie et une traque contre les derniers cultistes de Nurgle restants n'était pas suffisant, une horde constituée d'hommes-bêtes et des débris de troupes d'Archaon en dispersion depuis Middenheim surgit soudainement de la Drakwald pour faire le siège de Kutenholz. Dépourvue des moyens physiques et spirituels pour mener une résistance efficace, la garnison impériale ne put qu'opposer une résistance tout à fait méritoire...mais vaine. Surtout quand les agents de la Main Pourpre ouvrirent les portes aux envahisseurs par une nuit sans lune, livrant ainsi le bourg aux chaotiques.
Or, Kutenholz était un point de passage stratégique sur la route reliant Aldorf à Middenheim.
(voir carte) La blessure en soi n'est pas fatale, mais elle est assenée à un Empire déjà bien affaibli par la tempête du Chaos. Ainsi, les provinces nordiques se retrouvent partiellement privées de renforts au moment où elles en ont le plus besoin....

Etait-ce le but recherché par le Grand Corrupteur? Ou juste une étape dans l'accomplissement d'un autre de ses plans obscurs?
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Suuriel
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Re: [Concours] L'oeil du Grand Corrupteur (Textes)

Message par Suuriel »

Venais-Lès-Bois, Châtellerie au Nord Est de Quenelles, Bretonnie, Nachexen an 2529 :

La moiteur matinale du printemps baignait la châtellerie de Venais-Lès-Bois alors que les paysans sortaient mollement, encrottant à nouveau leurs bottes de la bouse qui encrassait les terres alentours. Le village était perché sur une colline replète, organisée en un bourg où s’entremêlaient une petite centaine de chaumières dans des ruelles aussi étroites que puantes, elles-mêmes ponctuées par plus de tavernes que de commerces de première nécessité.

La jeunesse qui naissait là et qui avait la malchance de passer outre la mortalité infantile grandissait avec le choix miséreux de travailler comme artisan à deux sous, domestique au château ou à cultiver la terre qui enrichirait d’avantage le souverain local. Quelques gaillards un peu rustres pouvaient, s’ils étaient assez malins pour obéir et rabaisser leurs compatriotes, intégrer la garde et ainsi percevoir une solde qui leur suffirait à couler des jours un peu moins gris que le reste de la populace.

Le Seigneur Gilderic de Granjoy administrait ses terres depuis le décès de son père une quinzaine d’années auparavant. Il n’y avait rien d’extraordinaire dans la politique de son prédécesseur : un chevalier endurci par la guerre qui avait imposé une stricte discipline et obédience au sein du peuple qu’il remerciait de taxes et de bastonnades par quelques malandrins grassement payés pour faire régner la peur. Le jeune Gilderic avait intégré l’armée pour faire ses classes à l’adolescence. On aurait pu penser qu’il s’endurcirait et qu’à la mort du Seigneur de Granjoy, le fils unique reviendrait fort de prouesses et d’un charisme irradiant. La surprise fut totale en constatant que le nouveau nobliau, investi de ses pouvoirs à l’inhumation de son père, n’était qu’un grand échalas au teint pâle et cireux. De profondes cernes cerclaient un regard vide aux paupières tombantes. Son nez s’allongeait en un crochet disgracieux et légèrement décalé sur la gauche, surplombant une bouche fine et large, comme une entaille au milieu de ce portrait dérangeant. Le cheveux filasse et gras plaqué derrière des oreilles largement décollées, sa tête s’enfouissait dans une collerette qui se voulait élégante qui ne marquait que le début d’un amoncellement de tissus, franges et boutonneries toutes plus clinquantes et dépareillées les unes que les autres. De longs doigts osseux échappaient aux manches bouffantes et s’alourdissaient de bagues aux pierres étincelantes qui avalaient goulument les phalanges parcheminées.

Personne ne retint vraiment le discours commémoratif qu’il énonça d’une voix terne et peu sonore. L’attention était plus portée à l’apparence sordide de ce nouveau seigneur et ceci éclipsait presque les inquiétudes de chacun de savoir si cette future régence serait aussi dure et inflexible qu’elle le fut jusqu’à présent. Le châtelain en fut encore moins mémorable que ses apparitions publiques furent rares. Peu de temps après la prise de ses nouvelles fonctions, les crieurs déclarèrent de nouvelles taxes et les premières battues sanglantes calmèrent rapidement la naissance d’une hypothétique rébellion.

Au bout de quelques années, le seigneur se terra dans ses appartements et seul son Conseiller, Philippe de Geais, apparaissait encore pour tenir les séances de doléances, se présenter dans les rues du bourg et déclamer les ordres de son maître par des décrets et diverses lettres cachetées du sceau de la famille de Granjoy. Il se murmurait parmi les domestiques du château que l’héritier malingre présenta bien vite une lueur étrange dans le regard. Il déclarait dans l’intimité de ses appartements des discours qui paraissaient de plus en plus aiguisés et érudits, si bien qu’il se perdait dans des réflexions obscures que les femmes de chambres et gardes présents autour de lui avaient du mal à comprendre faute d’une éducation correcte. Cette nouvelle érudition s’accompagna d’une paranoïa quelques mois plus tard qui l’amena à hurler depuis sa chambre qu’il ne voulait plus voir que son fidèle ami Philippe et que toute autre personne serait châtiée sévèrement s’il voyait quiconque à part lui.

La situation inquiéta d’abord toute la châtellerie de voir le Seigneur local perdre l’esprit à ce point mais cette frayeur fut vite éclipsée par le soulagement de voir le Conseiller de Geais assurer une régence officieuse. Aussi peu cultivés qu’ils étaient, peu de gueux croyaient vraiment qu’il administrait au nom de Gilderic, mais cela satisfaisait tout le monde. Monsieur de Geais était un homme d’une quarantaine d’années, bien fait de sa personne, brun, aux yeux gris, un sourire charmant et d’une belle élocution qui envoutaient les femmes et faisait gonfler l’orgueil des hommes. Il avait un esprit de camaraderie et une proximité avec le peuple qui séduisait les petits bourgeois comme les mendiants. Qu’il soit alors l’homme de l’ombre qui tirait les ficelles de Venais-Lès-Bois, cela importait peu. D’autant que depuis que le Seigneur de Granjoy s’était barricadé dans ses appartements, miraculeusement, les directives déclarées par son Conseiller œuvraient d’avantage pour le bien être de ses administrés. Un dispensaire fut aménagé dans le bourg, certaines taxes furent légèrement amoindries, quelques festivités furent organisées. Le moral était un peu moins maussade grâce au Conseiller.

Parfois, il arrivait que Philippe de Geais se présente à la demeure d’un paysan à plusieurs lieues de là, choisi après avoir reçu certaines doléance. Il n’était pas rare que les pauvres hères des champs environnants travaillant pour les terres seigneuriales espéraient tirer de la misère leur progéniture en implorant pour leur trouver une place de servante ou de garçon d’écurie. Cela garantissait d’autant plus une rétribution pécunière plus que bienvenue. Monsieur de Geais se présentait souvent lui-même alors accompagné de deux gardes pour annoncer la bonne nouvelle aux parents ravis. Ce n’était pas une vie de rêve qui était promise et bien souvent, les parents ne voyaient plus leur enfant, confié aux services du château, mais cela offrait à la famille quelques piécettes supplémentaires pour garnir un peu les assiettes.

C’était un de ces soirs où l’homme élégant frappa à la porte d’une petite bicoque isolée à l’orée d’un bosquet. Le père, veuf, accueillit de manière maladroite le riche conseiller et l’échange fut bref. La jeune fille qui fut promise suivi servilement son nouveau maître et ce fut sans véritable chagrin. Elle savait que les quelques sous gagnés partiraient le soir même en boisson à l’auberge la plus proche et partir lui éviterait de soulager les péchés de l’ivrogne en écartant docilement les cuisses tout en étouffant ses pleurs dans son oreiller de paille. Malgré tout, la soirée avançant, elle arriva au bourg avec un timide sourire. Le noble avait tenu à ce que la paysanne monte avec lui dans la voiture et il lui fit la conversation de manière fort agréable, même si elle n’osa répondre que de manière brève. Il était avenant, rassurant et il ne semblait pas la juger, au contraire. C’est ce qui charmait le petit peuple de Venais-Lès-Bois, Philippe de Geais était un homme qui s’adressait à tous d’un ton égal et respectueux, chose peu courante il faut dire.

Arrivant au château, il y pénétrèrent tard dans la nuit par une petite porte dans une arrière-cour. Les deux gardes dépêchés pour cette course, habitués à ce genre d’escapade, remercièrent le Conseiller lorsqu’il leur remit une petite bourse et partirent dans leurs quartiers pour profiter d’un repas chaud dans la salle commune. Il posa une main rassurante et polie sur l’épaule de la jeune femme pour l’inciter à entrer. Poussant la porte, elle découvrit une vaste salle où pendaient des jambons, sacs de pommes de terres et autres chapelets d’oignons et d’ail. Une large table au bois usé par les coups de couteau et imbibée de gras trônait au milieu alors qu’un ragoût chauffait doucement dans une marmite accrochée au dessus d’un feu mourant. C’était la première fois que la pauvresse voyait une salle si grande et a fortiori, une cuisine si garnie. Le parfum, bien que d’un plat grossier, lui paru la plus agréables des senteurs et son estomac acquiesça en grognant bruyamment.

L’homme sourit et invita la nouvelle recrue à s’asseoir à table. Elle rougit et n’osa s’interposer lorsqu’il lui servit une bonne portion de ragoût. C’était irréel et inconvenant qu’un tel personnage serve un plat à une moins que rien et elle était partagée entre l’envie de pleurer de ce bonheur simple mais qui lui était interdit jusqu’à présent, et la honte d’être l’hôte d’un riche monsieur qui administrait via un seigneur de paille ces terres.

« Mangez mon enfant, soyez assurée que ce repas vous tiendra au corps ! La viande d’un porc n’est-elle pas savoureuse quand il est bien nourri et contenté ?
- S-si Monseigneur,
bégueya-t-elle, les joues cramoisies. C’est bien meilleur que le bouillon de pois de la ferme … Par chez nous, on n’a pas de quoi s’nourrir de porc … »

Elle baissa les yeux, davantage honteuse d’avoir osé se plaindre devant son bienfaiteur et il éclata de rire en ébouriffant chaleureusement les cheveux de la paysanne.

« Savourez donc ce repas, cela me sied qu’il vous convienne. Nous irons après vous présenter au Seigneur de Granjoy.
- Le … Le Seigneur ? Mais … Je pensais qu’il …
- Qu’il était reclus et ne voulait voir personne ?
interrogea t-il d’un regard malicieux la jeune éberluée. Le Seigneur de Granjoy reste le propriétaire de ces terres, mademoiselle. Je sais bien ce qui se dit dans le bourg, je ne vous en tiens pas rigueur, soyez en aise. Il est vrai qu’il est ... disons … d’un naturel sauvage ? Mais il tient à ce qu’on lui présente les nouveaux arrivants de son personnel. »

S’en suivirent des bafouillages de la pauvre enfant qui tenta de ce soustraire à cette formalité, arguant maladroitement qu’elle était encore toute crasseuse et n’avait que des frusques déchirées pour habits. Le conseiller ne releva pas et tout en souriant, débarrassa l’auge de la jeune femme pour l’inviter à se lever. En silence, il gravirent des marches en colimaçon, passèrent par quelques sombres couloirs éclairés par des torches éparses et finirent par arriver devant une large porte scellée par une poutrelle qui en empêchait l’ouverture.

Sans savoir pourquoi, un frisson gravit l’échine de l’innocente à mesure qu’ils avançaient dans ce dédale et, face à cette barricade, elle eu la mâchoire crispée. Elle n’osa interroger son guide et serra les mains contre son cœur pour réprimer un spasme incontrôlable. Philippe prit la large poutre et la dégagea de ses supports en soufflant sous l’effort. Le bruit sourd du bois sur la pierre quand il la posa contre le mur témoigna du poids de celle-ci et nourrit l’inquiétude et l’incompréhension de la femme. Se tournant vers son invitée, Philippe sourit chaleureusement et fit même un clin d’œil qui ne la décrispa cependant pas.

De Geais poussa la porte et porta un mouchoir de soie à son nez. La nouvelle fronça les sourcils à ce geste et l’imita, portant ses mains devant le siens en sentant l’effroyable odeur envahir le couloir. Elle ne pu s’empêcher de tousser et avoir un haut le cœur qui faillit lui faire rendre son précieux dîner. Le Conseiller entra et elle hésita quelques longues secondes avant de lui emboîter le pas et pénétrer dans la salle plongée dans une pénombre aussi pesante que le miasme ambiant.

Un bruit étrange enflait dans la pièce, presque familier mais qu’elle ne parvenait malgré tout pas à le définir. Quelques pas hésitants, elle ne distinguait pas le noble qui l’avait recueillit. Ses lèvres tremblotaient, incapable de laisser passer le moindre brin de voix. Ses yeux petits à petits s’habituaient à l’obscurité ambiante et elle parvint à percevoir la silhouette de Monsieur de Geais, dans l’embrasure de la porte derrière elle, qui alluma une lampe à huile et la posa à terre. Se redressant, un sourire plus étiré et étrangement malsain tordait les lèvres de l’homme alors qu’il la scrutait, immobile.

Un sursaut anima la pauvresse qui laissa échapper un cri de surprise en entendant un grognement guttural derrière elle à quelques mètres, la peur éclatant contre son gré. Elle fit volte face et se figea en témoignant de la présence d’une forme colossale face à elle.

C’était une horreur sans nom. Un torse velu dépourvu de tête se dressait à la hauteur d’un ogre, atteignant presque le plafond. La poitrine de ce corps difforme présentait un visage tordu et fondu dans la chair, percé de deux grands yeux globuleux injectés de sang qui la fixait avec malveillance. Un nez tordu et crochu se détachait de ce poitrail et menait à une large bouche dont la langue pendait en dégoulinant d’une bave noirâtre. Le corps disproportionné s’accompagnait de deux puissants bras poilus et pourvus de griffes d’ours qu’il lança devant lui. Ces membres s’allongèrent dans un craquement dégoutant et saisirent fortement les bras de la jeune femme qui fit un pas en arrière en voyant, horrifiée, le clou de ce spectacle immonde. Un corps de cheval claquait avec des sabots de bouc sur la pierre, terminant le buste monstrueux. Il semblait y pendre une rivière de boyaux sanguinolents serpentant entre des tas d’excréments, des organes palpitants et, pire encore, le torse d’une femme, déchiré à l’abdomen, démembré et la tête pendant sans vie, le visage enfoncé dans le crâne. Le bruit qu’elle reconnu en entrant était le souffle bestial de la bête immonde qui, tirant sur les bras qu’il tenait, menaçait de déboiter les épaules de la pauvre victime.

« P-Pourquoi ?! cria-t-elle désespérément avant de recevoir un coup de griffe puissant qui la fit taire et lui vrilla la tête à un angle improbable, le visage lacéré, fixant mollement alors le Conseiller qui souriait en reculant lentement. Elle sentait petit à petit sa conscience vaciller, n’arrivant plus à crier en sentant son corps se tordre.
- Pourquoi ? murmura Philippe de Geais. Pour le pouvoir … »

La porte se ferma dans un nouveau bruit sourd, scellant à nouveau l’horreur de cette tourelle isolée du château dans laquelle le Seigneur de Granjoy se tapissait, attendant paresseusement la nourriture infâme que lui apportait son Conseiller Philippe de Geais, aimé de tous.
Suuriel Ti Orieleth, Voie de l'étude de la Magie
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Necros Ahmôsis
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Re: [Concours] L'oeil du Grand Corrupteur (Textes)

Message par Necros Ahmôsis »

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Sholto Leistus était en retard. Il accéléra le pas, ignorant le regard écrasant des énormes golems inanimés qui gardaient les couloirs de l'Ordre Doré. Ce n'était pas dans ses habitudes, mais son vieux partenaire de commerce lui avait tenu la jambe une heure durant. Son agacement se dissipait à la simple idée de l'affaire qu'ils étaient en train de terminer : la vente d'une cargaison entière de philtres d'amours pour un client désireux de garder son identité secrète. Sholto avait été obligé de déplacer des montagnes pour que la production soit dans les temps, réquisitionnant un maximum d'apprentis du collège dans leur temps libre. La plupart avait été motivé par divers chantages plus ou moins virulents, gardant ainsi un grand secret sur les effectifs de ses travailleurs et donc de la production totale.

La commande avait évidemment été déclarée au reste du collège, mais c'était le revenu qui en résulterait qui manquait de quelques zéros. Leistus jouait un jeu dangereux, il le savait, mais les taxes qui lui seraient imposées par la Grande Trésorière l'obligeait à s'écarter un peu des règles. Malgré tout, la simple idée de se faire prendre par cette vipère le terrifiait et c'est pourquoi il avait redoublé de prudence dans l'exécution de son plan. Si tout se passait bien, d'ici une semaine, le mage jaune recevrait un joli pactole.

L'Araneus, car c'était ainsi que beaucoup le surnommaient de par son réseau étendu au sein du collège, se força à balayer ces pensées agréables pour se concentrer sur la situation : la réunion des magistères avait débuté et il était en retard. N'ayant lui-même pas atteint ce grade honorifique, Sholto s'était vu confier une place privilégiée à ces réunions. Il avait été obligé de faire jouer de l'entièreté de son réseau d'informations pour y parvenir, gagnant les faveurs ou la crainte de beaucoup de ses collègues, et il n'avait pas l'intention de voir ce droit lui être ôté à cause de son imbécile de partenaire.

A son arrivée, la porte de la Grande Salle du Conseil était déjà fermée. Regulus le Strict se tenait juste à côté, installé à son office et plongé dans ses écritures. En parallèle de son travail, le sorcier devait s'assurer que personne ne viendrait perturber la réunion. Regulus s'était lui-même surnommé "le Strict", gonflé d'arrogance par les responsabilités qui lui avaient été conféré et ne manquant jamais l'occasion de s'en vanter.

Sholto ne l'avait pas en haute estime, bien conscient que ce titre n'était que du vent : personne ne venait jamais perturber une réunion du conseil. Le Strict ne portait pas non plus l'Araneus dans son cœur, car, malgré ses "privilèges", il n'avait jamais pu poser le pied dans la Grande Salle du Conseil. A chaque fois que les magisters se réunissaient, Regulus prenait une éternité à vérifier son laisser-passer.


Regulus! Quel plaisir de te voir! Comment se porte le Strict?

Tu es en retard.

Le "Gardien des Portes" ne daigna même pas lever les yeux de son bureau.

Les portes sont closes et elles ne s'ouvriront qu'à la fin de la réunion. Si tu as une requête à déposer, je la transmettrai à tes supérieurs.

Sholto se consterna de l'attitude de son collègue, mais n'en fut pas étonné. La réunion qui se déroulait derrière ces portes était capitale et l'Araneus ne pouvait se permettre de la rater. Sans dire un mot, il sortit un petit objet de sa besace et la déposa sur le bureau de son interlocuteur. La réaction ne se fit pas attendre.

Où as-tu trouvé ça?

Cette fois, Leistus avait gagné l'entière attention du Strict.

Un détail anodin. Le plus important c'est que je l'ai en ma possession. Si je ne me trompe pas, c'est une "Boussole de Tranquillité", non?

Quelques secondes d'un délicieux silence.

Bien. Enfin, je crois qu'elle porte un autre nom aujourd'hui. La Boussole de... zut, j'étais sûr de m'en souvenir!

... des Damnés.

Regulus regardait l'artefact d'un air abasourdi, résigné.

Ah oui voilà! La Boussole des Damnés! Une drôle d'histoire à vrai dire. Car ces boussoles sont sensées indiquer un chemin sûr jusqu'à destination, sans croiser la route d'éventuels ennemis. Or, fait intriguant, cette boussole à dirigé ses possesseurs droit dans un camp de Trolls affamés! Une erreur de fabrication sans doute... Mais... Mais que vois-je?

Leistus posa son doigt boudiné sur un sigle pompeux gravé dans l'artefact.

Ne serait-ce pas ton sceau que je vois là? Tu as toujours eu tendance à signer tes œuvres, quelle que soit leur... qualité.

Regulus se jeta en avant pour tenter d'attraper la boussole, mais Sholto l'ôta au dernier moment, tout sourire.

Tatata, ne nous emportons pas. Ton secret est bien gardé, sois sans crainte! Enfin... J'avoue que j'ai tendance à parler un peu trop quand je suis frustré. Par exemple, voir cette porte fermée me frustre énormément.

Deux minutes plus tard, Leistus était installé à sa place, aux côtés de son maître, Lazarus Feldmann. Il était arrivé juste après les présentations pompeuses officielles. Evidemment, personne dans la pièce n'en avait besoin, mais cela faisait partie de la tradition. Certes, leur masque en or obligatoire pour chaque réunion dissimulait leur visage, mais chaque masque portait des ornements et autres dorures qui leur étaient propre. Ainsi, l'Araneus pouvait identifier le nom, le prénom, ainsi que le titre de chaque magister présent.

Deux magisters manquaient à l'appel, et pas des moindres! Le premier, le Patriarche même du Collège et de tous les Ordres de Magie, Baltazar Gelt. Ses responsabilités l'empêchaient souvent de participer aux réunions et il avait annoncé quelques jours plus tôt devoir s'absenter sur une période de trois mois. Rien de surprenant donc.

Mais la seconde place vide était plus intrigante : La Grande Trésorière du Collège, Isabelle Breitenbach, aussi appelée la Dame de Fer. Crainte de tous ses collègues, Breitenbach ne ratait aucune réunion du conseil. Elle n'y manquait pas de rappeler son autorité presque tyrannique, imposant de nouvelles réformes budgétaires toujours plus strictes. Personne, hormis le Patriarche lui-même, n'osait s'opposer à elle, et même Baltazar devait parfois céder du terrain. Certes, jamais les caisses du Collège ne s'étaient aussi bien portées, mais les mages tels que Sholto ne récoltaient que des trognons de pain pour leur dur labeur. Du moins, quand il jouaient dans les règles.

Comme son surnom l'indiquait, la Dame de Fer avait la volonté inébranlable d'un nain couplée à la perfidie cruelle d'un elfe noir. Si un jour elle tournait son regard inquisiteur vers quelqu'un, le malheureux finissait la plupart du temps à la rue, dépouillé de tous ses biens, voire bien pire. Isabelle était unanimement détestée et au cours de sa carrière, beaucoup tentèrent, jamais de front, de la déloger de ses titres. Son intelligence, sa détermination et son immense pouvoir avaient balayé tous ses opposants et en en avaient fait disparaître quelques uns.

Mais de tous ces scandales, un seul faillit vraiment aboutir et il n'avait été provoqué que par Breitenbach elle-même. Après une période anormalement longue à explorer le monde durant son compagnonnage, Isabelle s'était présentée aux portes du Collège, un bébé dans les bras. Bien des années plus tard, lorsque son enfant eut rejoint l'Ordre Doré et fut rentré de son compagnonnage, la Dame de Fer fut confronté à une terrible impasse. Son fils, au cours de son voyage, avait été influencé par les forces de la ruine.

Pauvre âme égarée, l'enfant n'avait qu'une seule idée en tête : se laver de sa corruption. Malgré ses supplications, Isabelle ne fit pas de favoritisme. Elle savait que le moindre écart dans cette situation lui coûterait sa place, ses détracteurs se tenant prêts à sauter sur l'occasion. Mais malgré sa réputation, malgré les attentes de ses collègues, tout le monde fut horrifié de la voir personnellement livrer son fils aux inquisiteurs et assister en première ligne au bûcher qui en suivit.

Lorsqu'un magister, plus curieux qu'inquiet interrogea sur l'absence de la Grande Trésorière, on lui répondit que cette dernière était alité à cause d'une maladie contagieuse. Bien que personne n'osa l'exprimer à voix haute, un certain soulagement gagna l'assemblée. La moyenne d'âge du conseil était élevée et Leistus en était le plus jeune participant. Isabelle ne faisait pas exception à la règle et, si son pouvoir n'avait jamais semblé s'amoindrir, sa détermination cruelle avait prit un caractère presque sénile depuis quelques années. De plus, malgré les traditions, elle avait toujours été la seule à assister aux réunions à visage découvert. Si cela avait un certain effet d'intimidation sur ses collègues, il trahissait aussi les rides qui s'accumulaient au cours des ans. Breitenbach n'était plus toute jeune et peut-être que le mal qui la gagnait serait la seule chose qui libérerait l'Ordre de sa main de fer.

Le reste de la réunion traita de plusieurs bilans du Collèges et de leurs membres ainsi que de problèmes organisationnels suite à l'absence du Patriarche. Alors que l'assemblée s'apprêtait à se libérer, Figus le Scribe posa la question que tout le monde redoutait.


Ne devrions-nous pas nous enquérir de l'état de notre collègue absente? Si les serviteurs ne font que déposer les repas devant sa porte, elle n'a qu'elle-même pour compagnie depuis plusieurs jours maintenant. Certes, nous ne la portons pas particulièrement dans notre cœur, mais c'est peut-être pourrons-nous tirer quelque chose de son état... amoindri.

Un long débat s'installa alors, les langues se déliant pour exprimer un peu plus la pensée de chacun. Certains nouveaux surnoms fusèrent même, tels que la Dame de Soie, la Dame en Toc ou encore, celui qui resta le plus : la Dame de Rouille. Beaucoup semblaient vouloir la laisser dans son coin et espérer qu'elle n'en sortirait jamais. Mais les paroles de Figus le Scribe étaient sage. De loin le plus vieux de l'assemblée, il parlait d'une voix faible et tremblotante, son corps entier agité par Parkinson. Pourtant, tout le monde l'écoutait.

Si Figus réussit à convaincre ses collègues, la couardise de ces derniers l'emporta pourtant. Certes, il faudrait rendre visite à la "Dame de Rouille", mais puisque Figus y tenait tant, ce serait lui qui s'en chargerait. La décision offusqua Sholto qui, si son maître ne l'avait pas stoppé d'un geste, se serait porté volontaire pour le faire. Il interrogea Lazarus sur la raison de son acte mais ce dernier ne put réellement le justifier. Il avait juste un mauvais pressentiment.

Le lendemain, les préparatifs furent mis en place pour que le Scribe pénètre dans les quartiers de la Grande Trésorière. Le mal qui la gagnait étant inconnu et à cause de la fragilité physique de Figus, toutes les précautions furent prises. Son masque et ses vêtements furent améliorés pour devenir totalement hermétiques, bloquant ainsi une éventuelle contamination.

L'entrevue dura une bonne demi heure, les magistères attendant, un peu honteux, devant la porte close. Lorsque Figus ressortit, il sembla encore plus diminué qu'avant, la démarche hésitante et ses tremblements encore plus violents. Tous s'enquirent de son état, mais le Scribe leur somma de rester à distance. Lorsqu'il prit la parole, ses mots furent hachés, espacés de longues respirations. Il était épuisé.


Hhhhhhhh... vais bien... hhhhhhhh... Juste... fatigué... Hhhhhhhhhhh... écrire!

Sans plus attendre, on posa un petit calepin et un crayon sur le sol. Figus se pencha difficilement pour le ramasser et griffonna lentement ce qu'il voulait dire. Un magister récupéra ses écrits, muni de gants, et déchiffra tant bien que mal les mots tremblotants du Scribe.
Breitenbach a contracté un virus inconnu et très contagieux. Elle doit impérativement rester en quarantaine dans sa chambre. Tout le Collège doit dès à présent prendre des mesures pour éviter que le virus ne se propage. Chacun devra porter des vêtements hermétiques comme les miens. Les contacts doivent se réduire au minimum dès à présent.
Les sorciers jaunes étant tous de fins alchimistes, il n'était pas surprenant que Figus ait pu en partie identifier le mal qui rongeait Isabelle en si peu de temps.

Un nouveau régime fut donc imposé à l'Ordre Doré, le tout dans le plus grand secret vis-à-vis du monde extérieur pour éviter toute panique. Plus de contact direct, les réunions et autres conversations réduites au strict nécessaire et un quotidien de décontamination rigoureux. Chaque semaine les magistères s'alterneraient pour rendre visite à la Dame de Rouille et tenter de trouver un remède à sa maladie. Ce n'était plus la survie de Breitenbach qui était en jeu, mais celle du collège tout entier!

Un mois s'écoula dans cette ambiance macabre, les bibliothèques et autres espaces communs de l'académie plus vides qu'ils ne l'avaient jamais été. Chacun restait enfermé dans ses appartements autant que possible, les apprentis voyant la majorité de leurs cours suspendus. Une nouvelle réunion du conseil fut organisée pour établir un bilan de la situation. Cette fois, l'Araneus ne fut pas bloqué à l'entrée.

Sholto contempla cette assemblée sensiblement plus équipée que d'habitude. Leurs vêtements rembourrés dissimulaient chaque parcelle de peau de leur corps et les masques cachaient même leurs yeux grâce à d'habiles sortilèges. Quatre des magistères avaient déjà rendu visite à la Dame de Rouille et si la plupart s'étaient d'abord montrés réticents et inquiet, cela avait fini par faire partie de leur quotidien. Même Figus semblait moins agité, ses tremblements regagnant leur stabilité habituelle. Les quatre mages jaunes étaient formels : l'éradication du virus prendrait du temps, mais leurs recherches avançaient bien. D'autant plus qu'à chaque semaine qui passait, un nouveau magistère venait les rejoindre dans leur travail.

Malgré la situation, le bilan restait bon. Personne d'autre n'avait contracté le virus et les règles du confinement avaient été scrupuleusement appliquées. Les formidables richesses du Collège lui permettraient de tenir longtemps, même sans rentrée d'argent. En vérité, le fait que ce mal ait frappé l'Ordre Doré était une bénédiction : aucun autre Collège n'aurait eu les moyens ou le savoir pour mener ce combat à bien.

A la fin du troisième mois de confinement, la situation restait stable, mais le moral en avait sacrément pâti. Plusieurs apprentis avaient sombré dans des crises de paniques régulières et les magistères se muraient dans un silence presque total. Sholto avait même du mal à arracher le moindre mot à son maître Lazarus, avec qui il avait pourtant l'habitude de mener de longues conversations. C'était facilement explicable, Feldmann ayant toujours été un homme du grand air, détestant rester enfermé trop longtemps.

A présent, tous les magisters travaillaient sur un remède et ils semblaient être sur le point d'en trouver un. Alors que la troisième réunion du conseil approchait, la situation était sur le point de grandement s'améliorer. En effet, le Patriarche serait de retour de son long voyage! Leistus voyait en lui le messie sauveur venu terrasser le virus de son formidable pouvoir. Mais en réalité, Baltazar arriverait bien après la bataille, le travail acharné des membres du conseil étant la seule chose capable de les sortir de cette crise.

Lorsque la salle de réunion fut enfin ouverte, Sholto fut surpris de voir le Patriarche déjà installé à sa place. La simple présence de cet homme au visage impassible suffisait à balayer toutes les autres. Après trois mois de calvaire, l'Araneus avait oublié à quel point la prestance de ce mage était imposante, écrasante même. Sa tenue n'avait pas changé, recouvrant l'intégralité de son corps depuis toujours semblait-il. Chacun gagna sa place et s'installa en silence, probablement effrayé de la réaction du Patriarche Suprême face aux mesures prises contre l'épidémie. Après tout, personne d'autre que la Dame de Rouille n'avait été contaminé. Cela signifiait que soit les directives appliquées à la lettre étaient efficaces, soit qu'il n'y avait pas eu de raisons de s'inquiéter.

La réunion fut plus rapide que prévu. Gelt ne fit preuve d'aucune animosité à l'encontre des autres magisters, apparemment compréhensif sur la nécessité des mesures drastiques qui avaient été prises. Confiant en ses sujets, il ne leur ordonna pas d'approfondir leurs recherches. Ce n'était plus qu'une question de jours, voire d'heures, avant que le remède ne soit trouvé et le Patriarche ne voulait pas leur faire perdre de temps. Si l'état de la Dame de Rouille s'était aggravé durant le dernier mois et qu'un rétablissement devenait de plus en plus illusoire, au moins auraient-ils de quoi combattre le virus la prochaine fois qu'il se présenterait.

Cette perspective laissa Leistus dubitatif. Les autres magisters ne semblaient pas s'inquiéter du trépas de la Grande Trésorière. Mais alors, à quoi tout cela avait-il servi? Il n'y avait pas d'autres malades, la seule contaminée restant enfermée dans sa chambre. Alors pourquoi ne pas avoir libéré la Dame de Rouille de ses souffrances dès le début de l'épidémie si sa survie n'était pas le but de tout ce calvaire? Elle n'était pas en mesure de répliquer semblait-il et sa mort rapide aurait arrangé un paquet de monde. Était-ce la simple curiosité scientifique qui avait poussé les autres magisters à mettre en place cette mascarade? Si oui, Baltazar était-il au courant? Approuvait-il? La Patriarche n'était sûrement pas passé à côté de ce détail, Leistus en était convaincu.

Alors que l'assemblée quittait la salle de réunion, l'Araneus était toujours plongé dans une intense réflexion, si bien qu'il fit preuve d'inattention. Il trébucha dans sa propre robe et chuta en avant, ses mains gantés cherchant quelque chose à attraper pour freiner sa chute. Elles se refermèrent sur la tenue de Figus le Scribe et dans un déchirement indécent, elle se libéra de son porteur. Face contre terre, Sholto n'osa pas tout de suite relever la tête, bien conscient de l'affront qu'il venait de faire subir à l'un des membres les plus éminents de l'Ordre Doré. Il allait être terriblement châtié, perdre son siège privilégié au sein du conseil et peut-être même au sein du Collège! Il se décida finalement à affronter sa maladresse, s'attendant à découvrir un vieillard nu comme un vers et fou de rage. Mais ce qu'il vit le glaça d'effroi.

Du métal oxydé, des écrous rouillés, des pistons grinçants, le corps du Scribe était celui d'un automate pitoyablement manufacturé. Bien des magisters, au cours de leur carrière, avaient remplacé certains de leurs membres pour des substituts métalliques. Mais ici, il n'y avait pas le moindre organe originel, juste cette parodie de silhouette, sans le moindre ornement ou artifice. Ce n'était pas les vêtements de Figus que Leistus venait d'arracher, mais ceux d'une tout autre entité. Seul son cœur, un noyau complexe situé dans son torse, trahissait une véritable main d'oeuvre expérimentée.

Après un lourd silence, l'automate se retourna en tremblotant. Son masque tomba à son tour pour dévoiler une affreuse caricature de visage. La mâchoire se décrocha et un cri strident s'échappa de la créature mécanique... Bientôt rejointe par les autres magisters.

Pétrifié d'horreur, l'Araneus regarda ses anciens collègues enlever leur masque pour dévoiler leur visage mécanique. Ils se mirent en branle d'un seul homme, tendant des mains rouillées et griffues dans sa direction. Leurs hurlements inhumains étaient assourdissants, mais Sholto ne les entendaient pas, son cœur battant si fort dans ses oreilles qu'il en occultait tout son extérieur. Il assista à la scène qui suivit en spectateur détaché de son propre destin.

La pièce entière sembla se muter, la matière se modelant instantanément pour prendre des formes terrifiantes. Sol, murs, plafonds et mobiliers se déchaînèrent sur les automates, écrasant, empalant et déchiquetant leurs corps frêles. Totalement abasourdi, l'Araneus assista à cette démonstration formidable de pouvoir sans véritablement comprendre. En un instant, l'ennemi avait été réduit à l'état de ferraille informe, laissant la pièce dans un état méconnaissable. Puis, la salle du conseil retrouva soudainement son état naturel, les armes matérialisées se fondant à nouveau dans le décors. Seuls les golems en morceaux restaient éparpillés.

Sholto se sentit tiré en arrière. Baltazar le releva brutalement et arracha son masque, découvrant le visage fait de chair et de larmes de terreur de Leistus. Après un court flottement, le Patriarche Suprême se détendit et prit la parole, sa voix métallique résonnant comme un gond dans le crâne de son interlocuteur.


Sigmar soit loué. Il semble que j'aurai au moins un allié dans la bataille à venir.

C'étaient les premiers mots que Baltazar prononçaient pour Sholto depuis des décennies. L'Araneus aurait pleinement sentit l'honneur de cet instant s'il n'était pas aussi décontenancé. Il lui fallut un moment avant de prendre la parole, tentant de dissimuler, en vain, la terreur qui l'habitait.

Que... que s'est-il passé??

Le Patriarche ne répondit pas et poussa le mage bouffi pour le forcer à avancer. Sholto trébucha mais prit le pas, parvenant à peine à garder l'allure de son supérieur.

Patriarche Suprême! Par pitié expliquez moi!

Cesse de geindre Leistus et rassemble les pièces du puzzle. Breitenbach disparaît dans ses quartiers et durant les semaines qui suivent les plus éminents magisters de l'Ordre sont invités dans sa chambre. Je viens de massacrer des pâles imitations de leur effigie.

Leistus fut d'abord émerveillé de voir que le Grand Baltazar connaissait son nom, à lui, un infime engrenage du Collège Doré. Puis il se concentra sur ses paroles. En effet, présenté de cette façon, tout semblait beaucoup plus clair à présent. Il n'y avait jamais eu de virus, le confinement et les recherches des membres du conseil n'étant qu'un prétexte pour les inviter dans son antre et les remplacer l'un après l'autre. La distanciation sociale limitait au maximum les interactions de ces automates, assurant ainsi qu'ils ne seraient pas démasqués. Trois mois, douze semaines, douze magisters, en attendant le dernier, le Patriarche lui même!

Mais qui? La Dame de Fer elle-même aurait-elle pu comploter pareille abomination? Dans quel but? C'était insensé! Son influence était à son paroxysme, son autorité rivalisant presque avec celle de Gelt. Pourquoi mettre en place un plan aussi définitif et risquer de mettre la totalité des Ordres, voire de l'Empire en entier, à ses trousses?

Sholto avait de plus en plus de mal à suivre Baltazar. Le pas déterminé, ce dernier se rendait clairement vers la source du problème. Pas de gardes, pas de golems pour l'assister, le Patriarche allait éradiquer le mal lui-même. Mais alors pourquoi avait-il besoin de Leistus? Un témoin, évidemment. Dans une situation pareille où l'autorité entière d'un Collège avait été renversée, même la parole unique d'un Patriarche Suprême pourrait ne pas suffire.

Ils arrivèrent finalement devant les quartiers de la Dame de Rouille. Le Patriarche contempla la porte richement décoré, puis s'écarta.


A toi l'honneur, Leistus.

Je... quoi?? Patriarche Suprême, vous n'y pensez pas! Laissez moi au moins jeter un sort de protection!

Sholto, tu es un pleutre. Crois-tu vraiment courir le moindre risque à mes côtés? Tu dois rentrer en premier pour me permettre d'avoir une vision d'ensemble sur la pièce. Tu n'as rien à craindre.

Mais nous ne savons pas à quoi nous avons affaire! Ce pourrait être un abomination du plan démonique ou pire... un vampire!

Oh non, c'est cette vieille vipère de Breitenbach, sois-en assuré. Et quand bien même, je terrasserai tout ce qui se mettra en travers de ma route.

Résigné mais rassuré, Sholto opignia du chef. Baltazar claqua des doigts et la porte se mit à fondre sur elle-même, libérant l'accès. A peine le passage s'était-il ouvert qu'une horrible odeur de vieille ferraille et de chair en décomposition s'échappa de la pièce. Incapable de se retenir, l'Araneus se pencha pour vider son estomac. Il sentit le regard lourd du Patriarche et se redressa rapidement avant d'avancer d'un pas hésitant.

La salle était plongée dans une obscurité presque totale, seulement éclairée d'une lueur jaunâtre écœurante. C'est seulement lorsque ses yeux s'habituèrent que Sholto put sonder son environnement. C'était comme si un vent de Chamon corrompu avait balayé la pièce. Le bois, le tissu, même la peinture, semblait avoir pris des teintes métalliques par endroits, avant de s'oxyder cruellement. Tout ressemblait à des fragments de tôle rouillée, allant du bleu oxyde au marron de rouille. Des pointes de fer tranchantes émergeaient ci et là, s'interconnectant comme pour former des structures cauchemardesques.

Tétanisé, Sholto se retourna pour voir la silhouette rassurante de Gelt. Le Patriarche mit un doigt contre sa bouche et lui ordonna de continuer d'avancer de son autre main. Au moins était-il sur ses talons.

Leistus fit quelques pas supplémentaire et arriva au centre de la pièce. Devant lui se tenait un large bureau particulièrement affectée par la rouille. Il était surplombé d'un immense miroir qu'on avait fracassé. A sa droite, une carcasse de ferraille qui avait dû être le lit et l'amoire dressing d'Isabelle. Une aura abominable affectait ses narines. Mais rien. Pas de piège, pas de monstre.

Soudain, la ferraille du lit se mit en mouvement. Dans un vacarme de ressors et de tôles froissées, la masse se redressa pour prendre une forme immense, grotesque. Sholto se propulsa d'un bon en arrière pour se mettre derrière Baltazar et observer la scène à l'abri. La structure semblait s'être stabilisée, mais le centre continuait de se mouvoir pour finalement faire émerger une tête. Humaine? Non, plus vraiment.

La Dame de Rouille portait bien son nom. Tout comme son mobilier, sa chair et ses os n'étaient plus qu'un assemblage de tôles et de ferrailles couleur or rouillé. Sa carcasse semblait centenaire, des crevasses de différentes tailles s'étant creusées dans sa peau, si bien qu'une partie de son visage avait disparue. En dessous, les os de son crânes étaient encore plus ravagés par l'oxydation, des épines métalliques recouvrant leur surface. Il y avait aussi autre chose, comme de l'activité, mais il faisait trop sombre pour en discerner plus. L'une de ses orbite était vide, l'autre comblée d'une sphère irrégulière dont les tâches de rouille intenses devaient représenter l'iris. Elle semblait avoir fusionné avec les restes de son lit et de son armoire, si bien qu'il était impossible de les différencier clairement. C'était comme si une pourriture fondante avait été versée sur la masse pour en combiner les éléments.

L'abomination sembla sourire, ou du moins essayer. Sa peau dure ne parut pas vouloir se soumettre mais finit par se froisser douloureusement dans un grincement terrifiant. Puis, elle ouvrit la bouche et dévoila enfin l'activité qui régnait dans son crâne : un flot de vers mécaniques s'en échappèrent pour s'écraser sur le sol. La Dame de Rouille toussa, comme si des sacs de ferraille pointue avaient été projetés les uns contre les autres.


Patriarche Suprême! Que me vaut cet honneur? Si j'avais su, je me serais rendue plus présentable. Grack Grack Grack!

Il était clair que le simple acte de parler était un calvaire pour la créature, alors rire... Elle voulut s'approcher, mais se rappela que ses jambes étaient soudées au sol. Agacée, la Dame de Rouille fit un effort supplémentaire et sa jambe céda dans un craquement cristallin, libérant un os métallique mis à nu. Elle avança sur ses membres sectionnés qui regagnaient de la masse lorsqu'elle les reposait pour se briser le pas suivant. Chaque mouvement lui arrachait des gémissement de douleurs.

Sholto ne pouvait bouger le moindre muscle, tétanisé par le spectacle qui s'offrait à lui. Il n'était pas seulement terrifié, la perspective de ressentir la torture que vivait Isabelle lui glaçant tout autant les os. Il se rappela de la présence de Baltazar et regagna un peu de contenance. Tout en s'assurant d'être à bonne distance du monstre, il prit la parole d'une voix... certes forte, mais vacillante.


Gr... grande Trésorière! Qu'as-tu fait des membres du conseil?!

Un silence s'installa, simplement perturbé par la respiration grinçante de la Dame de Rouille. Elle ne sembla pas comprendre la question, creusant dans son crâne crevassé comme pour connecter les synapses. Soudain, son regard de rouille s'illumina.

Les Magisters? Tu veux dire mes catalystes? Ils sont là, bien au chaud.

La masse se redressa, la tête d'Isabelle gagnant le sommet de sa structure pour pouvoir continuer de regarder ses invités quand le reste de son corps pivota à cent quatre vingt degrés dans un hurlement de douleur mécanique. Le Patriarche posa une main sur le torse d'Araneus pour le forcer à reculer et ne pas se faire happer par le mouvement d'Isabelle.

Exposant à présent son dos, ce dernier dévoilait l'immense armoire reconstituée que Sholto avait pu remarquer dans les décombres. La Dame de Rouille fit tinter ses doigts et les battants s'ouvrirent. A l'intérieur comme de simples vêtements suspendus à des cintres, se tenaient les douze magisters, inertes. Sholto ressentit une intense douleur au torse à cette vision, mais l'ignora, essayant d'identifier chacun des kidnappés. Ils ne portaient plus leur masque, sauf un. Un masque bien particulier. Un masque qui s'apparentait plus à un casque intégral moulé à même la peau... dont les branches rappelaient un soleil. Le masque de Baltazar Gelt.

Sholto regarda la source de sa douleur au torse : le Patriarche ne l'avait pas fait reculé, il avait empoigné ses vêtements et sa chair! Horrifié, l'Araneus releva la tête pour contempler le visage de son ravisseur. Le masque en toc de Gelt se scinda au milieu pour s'ouvrir d'un mouvement presque comique, dévoilant un visage mécanique.


NON!! PAS VOUS!!

Leistus voulu tomber à genoux, mais l'automate retint son corps. Un grincement attira son attention sur sa droite. Lorsqu'il tourna la tête, Sholto découvrit le dernier clou de son cercueil. Un autre automate à son effigie, s'activant pour la première fois, prêt à prendre sa place.

N'ayant plus la force de réagir, l'Araneus se laissa pendre mollement alors que le faux Baltazar le rapprochait de la Dame de Rouille. Il ne lutta pas lorsque la tête de l'abomination se rapprocha à quelques centimètres de la sienne, l'odeur atroce de sa chair rouillée inondant ses narines.


Cela fait une bonne semaine que mon armoire est au complet. Enfin pas vraiment. Sholto Leistus, tu es la cerise sur mon gâteau! Toi qui voulait absolument participer à toutes les réunions du conseil, vas donc rejoindre tes semblables!

Sholto se laissa tirer vers l'armoire, impuissant. Il ne réagit pas non plus lorsque l'automate l'attacha avec les autres.

Croyais-tu vraiment que je ne remarquerais pas tes tentatives pitoyables de contourner mes réformes? Je me suis donné du mal pour cette mise en scène, mais rien qu'a voir ton regard ahuri lorsque tu as pensé que le Patriarche se souvenait de ton nom, ça valait le coup.

Sur ces dernières paroles, Leistus poussa enfin un hurlement de désespoir avant que les portes de l'armoire ne se referment brusquement.




La première partie de son plan enfin menée à bien, la Dame de Rouille poussa un long soupir de soulagement et reposa son immense structure douloureuse. Elle ferma son œil et profita d'un court répit de torture quotidienne pour faire un bilan.

C'était cinq mois plus tôt que tout avait commencé. Alors qu'elle faisait un calcul routinier des ressources du Collège, Breitenbach se retrouva incapable d'exécuter de simples additions. Elle réussit tout d'abord à soigner ce mal à l'aide de sortilèges de logiques et d'autres artefacts sensés rehausser ses capacités mentales. Mais cela n'aurait pas suffi. Lentement, ses capacités neurales continuaient de s'effriter.

Elle participait à sa dernière réunion de conseil, quand au moment de prendre congé, elle fut incapable de se relever. Elle feignit de vouloir continuer à travailler dans la pièce et d'attendre impatiemment que ses collègues ne la laissent tranquille (ce qu'ils s'empressèrent de faire). Lorsqu'elle regarda ses cuisses, la Dame de Fer constata qu'elles avaient fondu pour fusionner avec sa chaise. Horrifiée mais heureusement seule, Isabelle s'arracha de sa chaise dans un hurlement de douleur et regagna ses quartiers pour ne plus en sortir.

Son intelligence toujours remarquable, il ne lui fallut pas longtemps pour comprendre ce qu'il lui arrivait. Le Chaos avait posé sa marque sur elle, Tzeentch voulait faire de la Grande Trésorière sa prochaine disciple! Pour cela, il avait d'abord attaqué sa tête, tentant de plier sa volonté implacable en réduisant petit à petit ses capacités intellectuelles. Puis, pour s'assurer qu'elle ne puisse pas se cacher de ses collègues, Tzeentch s'en était pris à son corps.

Au cours de sa carrière, la Dame de Fer avait gagné une certaine affinité avec le vent de Chamon, si bien que son corps avait fini par développer des caractéristiques similaires à l'or. Bien que cela était considéré comme un bénédiction pour les membres de l'Ordre Doré, ce fut la pire des malédictions lorsque la magistère fut affectée par ses mutations. Au lieu de pourrir, sa chair rouilla et fondit, si bien que chaque mouvement brisait sa peau et ses muscles et les faisaient s'empaler entres eux. Elle s'en rendit compte un matin, lorsqu'elle tenta de se lever et se retrouva soudée à son lit. Sa malédiction était si puissante qu'elle affectait son environnement direct, transmutant la matière pour la recouvrir de cette rouille infernale.

C'est seulement à l'aide de plusieurs sortilèges que Isabelle réussit à s'extirper de sa prison, ou plutôt, à lui faire prendre une forme lui permettant de se mouvoir. Son magnétisme naturel, une autre marque de Chamon, s'en voyait lui aussi affecté, car presque tous les objets qu'elle touchait finissaient par fusionner avec son corps. C'est folle de douleur et de rage que la Grande Trésorière se rendit compte de la dernière malédiction conférée par Tzeentch. Elle tenta d'hurler sa colère, mais un flot de vers mécaniques s'échappèrent de sa bouche. Pire encore : les vers se formaient à partir de rien pour circuler dans tout son corps.

Normalement, ces deux mutations se combinaient... plutôt efficacement. La chair rendue plus molle par ses difformités ne sentait pas ces corps visqueux se promener en dessous. Ici, c'était tout le contraire. La peau était devenue rigide et très peu malléable, si bien que lorsque des vers faits de métal passaient en dessous, la douleur était au delà de l'inconcevable. Breitenbach aurait du en mourir, mais sa détermination outrepassa la souffrance. Sorts complexes, potions, la mage dorée utilisa toute une flopée de remèdes pour survivre, devenant une masse immonde de rouille et de ferraille.

Bien avant que les mutations n'aient gagné tout son corps, la Dame de Fer avait déjà imaginé un plan. Quelque chose de fou, de dangereux, mais la seule façon pour elle d'éviter le feu répurgateur tout en restant dans l'enceinte du Collège. Alors qu'elle était encore humaine, juste avant que sa tête ne la lâche, la magistère travailla d'arrache pieds pour fabriquer un golem automate à l'effigie du Patriarche Suprême. Un véritable chef-d'oeuvre, capable de parler ou encore de diffuser, à l'aide de plusieurs artefacts savamment dissimulés, une aura aethyrique pour tromper les autres membres de l'Ordre. En se concentrant suffisamment, la magistère pourrait même utiliser cette marionnette pour lancer des sorts à distance.

Juste avant que Baltazar ne parte pour l'un de ses mystérieux voyages, Isabelle l'invita dans ses quartiers. Si son propre pouvoir dépassait la quasi totalité des membres du Collège, il ne pouvait rivaliser avec celui de son supérieur. Or, l'effet de surprise suffit à combler ce handicap. Aidée de sa ruse, de pièges et autres procédés perfides, Breitenbach défit le Patriarche sans lui laisser l'occasion de déchaîner sa véritable puissance.

Le premier d'une longue liste, Gelt fut enfermé dans "l'Armoire à Catalystes", un puissant artefact que la magistère avait fabriqué des années plus tôt pour y enfermer ses rivaux. Ces derniers étaient plongés dans un profond coma pendant que l'armoire fouillait dans leurs souvenirs pour en extirper les preuves qu'Isabelle recherchait. La Dame de Fer avait modifié les propriétés de l'enchantement pour faire en sorte qu'il ne puise plus dans les souvenirs, mais directement dans les capacités mentales de ses prisonniers pour ensuite les transmettre à Breitenbach.

Mais cela n'avait pas suffi, si la magistère avait retrouvé ses capacités intellectuelles, ces dernières continuaient de s'étioler avec le temps. Il lui en faudrait plus, plus des plus éminents cerveaux de l'Ordre Doré. Elle se lança donc dans la production de treize autres automates, bien moins sophistiqués que celui du Patriarche, mais qui feraient l'affaire. Il leur faudrait simplement la voix de leur sosie. Isabelle prévue ensuite de lancer la rumeur d'un virus pour éviter le plus possible d'interactions.

Les mois passèrent et la Dame de Fer rouilla, s'enfonçant de plus en plus dans sa soif mentale intarissable. Au bout du cinquième magistère enfermé dans l'armoire, la mutation intellectuelle avait déjà été complètement contrée et cessait de croître. Mais la Dame de Rouille avait toujours faim et son plan était déjà en marche. Il lui faudrait la totalité des cerveaux du conseil pour mener le reste de ses projets à bien.

Arriva enfin la dernière réunion. Sholto Leistus n'était pas encore un magister, mais il avait déjà fait preuve, malgré sa couardise, d'un grand talent. Il aurait probablement pu défaire douze automates rapidement assemblés, mais certainement pas la marionnette Patriarche. Isabelle aurait très bien pu le cueillir dans la salle du conseil, dévoilant ses intentions et maîtrisant le mage bouffi sans grand difficulté. Mais elle s'était alors rappelée de l'animosité qu'elle nourrissait à l'égard de celui qu'on nommait Araneus, l'araignée à la toile sensible. Plusieurs fois déjà, il avait pensé échapper au regard inquisiteur de la Grande Trésorière et Isabelle n'en doutait pas, il devait y avoir beaucoup de ses méfaits dont elle n'avait pas eu vent.

La Dame de Rouille s'était donc permis une petite mise en scène, juste pour son propre plaisir cruel. Ce trait de caractère, elle le possédait bien avant d'avoir été affectée par les puissances de la Ruine. A chaque fois qu'elle avait eu quelqu'un dans le collimateur, Breitenbach s'était arrangée pour le cueillir de manière disproportionnée, annihilant ainsi toute motivation chez ses autres détracteurs.




L’œil de Breitenbach se rouvrit dans un grincement. Elle se redressa dans un horrible vacarme de ferraille et de gémissements et ramassa sur son bureau un fragment de miroir. Elle observa son propre reflet, à nouveau gagnée d'une peine immense à la vue de son visage déformé. Soudain, elle eut l'impression que le Seigneur du Changement la regardait au travers du verre, fier de son travail, de sa nouvelle disciple. Peut-être était-ce son imagination, ou peut-être pas. Tzeentch avait fait beaucoup d'efforts pour la corrompre, et cela ne datait pas de quelques mois seulement.

Car c'était par son fils que le Dieu du Chaos avait débuté son plan, bien des décennies plus tôt. Lorsqu'il l'avait corrompu, lorsque sa mère avait assisté à son bûcher, Tzeentch avait ouvert une petite lucarne dans l'esprit de la Dame de Fer. Car si elle l'avait toujours dissimulé, l'acte de condamner sa propre progéniture avait déchiré le cœur de Breitenbach, creusant une infime fissure dans son mental d'acier. Le Seigneur du Changement avait gratté cette fissure au cours des ans, puis avait abattu son marteau dessus quelques mois plus tôt. De tous les Dieux Démoniaques, il était réputé pour mettre en place des plans qui prendraient des décennies, voire des siècles à aboutir.


Bien joué Tzeentch, bien joué. Tu ne m'as pas loupé. Mais toutes tes tentatives sont vaines. Maudit-moi tant que tu le veux, fais-moi prendre la taille d'une montagne ou d'une fourmi! Transforme-moi en flaque ou en rocher! TUE-MOI SI TU LE SOUHAITES! Mais je reviendrais toujours, même de l'outre-monde. Je ramperai jusqu'à toi, je ferai ta misère, je détruirai chacun de tes projets.

Tu t'es planté une épine dans le pied, une épine rouillée qui te gangrènera jusqu'à ce que tu t'ampute les membres un par un pour tenter de te protéger, en vain.


Sur ces mots, Isabelle fracassa le miroir. Son visage se froissa en un sourire dément. Elle avait tant enduré, mais sa volonté restait intacte, incorruptible. Car en effet, jamais la Dame de Fer n'avait été autant déterminée. La deuxième phase de son plan débutait. A l'aide des ressources du Collège Doré et de son nouvel intellect, elle allait mettre en place un plan qui rivaliserait avec les prédilection du Seigneur du Changement même! Démente? Oui elle l'était, démente de vengeance! Quiconque se mettrait en travers de ses projets finirait au placard!
Modifié en dernier par Necros Ahmôsis le 22 avr. 2020, 18:49, modifié 1 fois.
Necros Ahmôsis, Voie des Arts Noirs
Profil: For 12 | End 16(-2) | Hab 14 | Cha 9 | Int 16 | Ini 12 | Att 13 | Par 10 | Tir 10 | Mag 17 (18) | NA 2 | PV 150/150(-10) | LNs : 354/684 | Distance de contrôle : illimitée | Piliers mentaux : 4/6 (34/100)
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_necros_ahmosis
Équipement

Faux de Malepierre
Sceptre du Maître de la Non-Vie (Munjaz)
Amulette magique
Amulette de Terreur
Bague de pureté nécromantique
Veste en cuir
Chasuble
Accessoire de calligraphie
Boulier
Grimoire

Morts-vivants :

Liste détaillée des troupes dans le lien suivant : https://docs.google.com/document/d/1Emj ... sp=sharing

- 1 Roi revenant skaven technomage [Pistolet à Malepierre maudit] (10 LN)
- 19 Rats ogres revenants (152 LN)
- 1 Bataillon « Lame sanglante » : 30 gardes des cryptes, un champion des cryptes, un tambour et un porte-étendard (20 LN)
- 1 Bataillon « Garde Sanglante» : 30 gardes des cryptes, un champion des cryptes, un tambour et un porte-étendard (20 LN)
- 5 Revenants « lame sanglante » (40 LN)
- 1 Nuée d'esprits mineurs [charge de 30kg max ou armure invulnérable de 40%] (6 LN)
- 4 bataillons « Lame sanglante » : 120 gardes des cryptes, 4 tambours et 4 portes-étendard (64 LN)
- 7 bataillons : 210 guerriers squelettes [épée et bouclier], 10 tambours et 10 portes-étendard (42 LN)

Archidoxis :

Commun :

Lumière
Vérité
Pistage
Décharge magique
Lévitation
Maîtrise du son

Nécromancie :

Asservissement
Brume ténébreuse
Exhalaison de la mort
Pourrissement
Quête de vie
Illusion de Vie
Armure d'os
Invocation de Nehek
Invocation de Kandorak
Invocation de Razkhar
Invocation Servis Spirites
Vigueur infernale
Fureur d'Ahmôsis
Souffle de la vraie mort
Esprit d'os
Fontaine de sang

MA : 2+1 (bague) +1D3 (sceptre)
Regain de pvs quand un sort de nécromancie est lancé : 1 (Malédiction de la Non-Vie) + 1d6+2 (Soif Noire)

Bonus compétences :

Calcul mental : +1 Int si calcul
Erudition : +1 Int et +1 xpms (sauf lancé de sort)
Alchimie niveau 2 : +2 tests conception alchimique
Fabrication d'objets magiques niveau 3 : +3 tests conception objets magiques
Divination niveau 2 : + 2 tests de divination
Méditation : -1 aux malus de perturbation magique
Cape d'élégance : +1 Char
Amulette d'Ahmôsis : +1 Mag tests incantation
Invocation d'Anciens : +8 zombies ou squelettes relevés ou +4 autres créatures invoquées
Sceptre Maître de la Non-Vie : 1d3 MA à chaque sort nécromantique
Bague de pureté nécromantique : 1 MA à chaque sort nécromantique
Maîtrise de l'aethyr niveau 2 : -4 malus de lancé de sorts / -2 xpm octroyé par lancé réussi
Connaissance Tactiques : bonus sur test de tactique militaire

Dons du sang :

Soif noire
Vision de l'Au delà
Fontaine de Dhar
Invocation d'Anciens

Malédictions :

Soleil
Eau vive
Gromril
Ail
Calculs mentaux
Passer le seuil
Warfo Awards pj - fiche - 2015
Warfo Awards pj - Monster Vieux Monde - 2020
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Alicia
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Re: [Concours] L'oeil du Grand Corrupteur (Textes)

Message par Alicia »

Sullah, fils de la Rani Adhita, fille de Pratj le Grand, Pratj, légitime héritier de la principauté du grand duché de Muraboya, juste prince de Makeb, ami des satrapes du petit peuple protecteur des montagnes et des tréfonds, digne successeur de son ancêtre Pratj, béni des dieux, maudit des démons, étudiant honoraire de Barak Varr, pourfendeur de la tagmata di Piero, couperet des peaux vertes, était horrifié.

Non pas parce qu'il allait être, sous peu, aux commandes du clan, de la principauté, de ses armées, béni qu'il était des dieux, honoré des esclaves de sa volonté qu'étaient les servants de sa puissance, adoré du peuple, craint et haït de ses ennemis..... Non. Tout cela, il y avait été soigneusement préparé des années durant, par son éducation, ses pairs et ses aînés.... Tout ceci il le savait. Et pourtant il avait été maudit. Et cela le terrifiait.

En plein sacre, destiné à officialiser son règne, devant la cour, il avait été maudit par l'Ennemi. Aux yeux et au sut de tous. Et il n'y avait que lui à le remarquer. Et ce chien. Ce chien que l'on croyait fidèle.... Pendant des décennies, celui ci, haut prêtre de Tsien Tsien, ce "souvenir" ramené du lointain et légendaire Cathay par le voyage d'hommage de son oncle il y avait 30 ans de cela.... Ce chien qui n'avait cessé de les assister dans la création et le développement d'un cadre administratif à leur puissance naissante..... Traître !!!
Dernier des grands temples, tolérés et subjugués au sein de la capitale, celui ci s'était approché de lui, vêtu de sa robe de soie et ornements exotiques, un livre à la main sur lequel il lui avait fait posé la paume..... C'était là qu'il l’eut. Le maudit. Par quelques sorcelleries, œuvre de démons et monstres du chaos, une tumeur dans son œil droit se créa. Il eu l'impression qu'un grain de sable venait de lui entrer dans l’œil. Trois fois rien. Puis, alors qu'il était agenouillé devant l'ossuaire de son vénéré ancêtre Pratj, celle ci grossit. Une tache noire se développa dans son champ de vision. Une petite tache. Puis une autre. Et encore une autre. Jusqu'à ce qu'un champ s'étende, comme la mauvaise herbe dans un jardin négligé. Et, alors que tous les regards étaient braqués sur son dos, son œil fut détruit. Ce qui était dans son orbite avait expulsé la chair et l'eau qui était dedans. Processus douloureux, il ne pu laisser échapper ou gémissement alors qu'il mordait au sang ses joues, essayant de s'empêcher de crier à la douleur. Ce qui était son œil avait été remplacé par quelque chose. Quelque chose d'inconnu avait pris place. Il voyait, mais savait que ce qui était au sol était son vrai œil, et ce qui était dans son orbite, autre chose.
Quelque chose de sombre.
Mais il ne pouvait se permettre de montrer une faiblesse ici, et maintenant. Ramassant son œil tombe à ses pieds, toujours agenouillé, il dissimula celui ci dans les larges manches de sa tunique, tandis qu'il maintint sa paupière fermée durant le reste de la cérémonie. Ce ne fut qu'à la toute fin de la cérémonie, de la journée, une fois dans ses appartements, seul, les servants renvoyés, qu'il rouvrit celui ci. La chose qu'il vit dans le reflet de son être, n'était plus un oeil. Un oeil humain du moins. C'était.... autre chose. Quelque chose de sombre. Mou. Maudit.... Chaos. Quel était le pouvoir de cette chose ? Quelle était sa cause ? Il l'ignorait, et ne souhaitait pas le savoir. S'approchant de l'âtre, il y fit chauffer sa dague, terrifié par ce qu'il allait faire. Par la douleur, qui allait venir.

Le fer chauffé.... A demi saoul par l'alcool ingéré pour se donner du courage... Il prit en main la dague et, terrifié par la douleur à venir plus que la douleur présente, hurla, alors qu'il enfonçait la lame dans son œil pour faire sauter la saloperie qu'on lui avait foutu dedans.
Jetant dans le feu la merde du chaos qui s'était imbriquée dans son orbite désormais vide, et éclatant de douleur, il s'écroula au sol, alors que ses serviteurs pénétraient dans ses quartiers, alertés par le bruit. On croyait qu'un assassin s'était introduit. Qu'on avait attenté à sa vie. La vérité n'était pas lointaine..... Mais depuis ce jour, le grand duc changea.



Honorable, droit, extrêmement avare en mots car tenant sa parole, intransigeant, trait gardé de son éducation à Barak Var, voilà comment était Sullah. Ou du moins se souvenait on de lui. Auparavant. Mais son sacre avait tout changé. Aux yeux de Géodon, le pouvoir l'avait corrompu. D'un homme bon, peut être trop borné, il était devenu cruel, mesquin. Arbitraire. Bien entendu, l'autocratie régnant sur le grand duché n'était pas nouvelle, mais celle ci, nécessaire, avait néanmoins su modérer ses passions. Pratj le Grand était un autocrate dans le plus grand style du genre. Mais son autocratie se faisait au nom du peuple. Le sien certes, mais au moins sa geste était elle entièrement tournée vers un but noble. Puis il y avait eu Adhita la sanglante. Son héritière. Une femme forgée dans le feu de la guerre. Faite par la guerre. Qui avait eu à verser le sang dans d'innombrables combats pour maintenir le legs de son père. C'était un temps difficile, sans pitié, à l'image des frontalières, mais dans sa tyrannie militaire, dans cet État construit par et pour la guerre, le peuple était en sécurité. Une autocrate, certes, mais qui avait l'appui des conseils des communs, de l'armée et du peuple pour faire le nécessaire.

Mais Sullah.... Lui.... Dans son arrogance, il ne pouvait supporter l'existence d'un culte qui patronnait une partie de l'administration du grand duché. Il ne pouvait accepter l'idée qu'il n'était pas suprême. Que tout lui était du. Qu'il pouvait exister d'autres loyautés que celles envers lui. Des fonctionnaires, exécutés, car à la loyauté jamais assez forte. Des gouverneurs empalés, pour avoir obtenus, par le passé, l'appui du culte de Tsien Tsien via des recommandations. Des officiers, passés par le fil de l'épée lors de purges sanglantes pour avoir montré leur piété envers la divinité orientale. Bientôt des bibliothèques entières furent livrées aux flammes, détruisant des décennies d'efforts et de développement. Des Madrasas détruites, et leurs enseignants et étudiants envoyés aux mines pour avoir simplement reçu l'appui d'un culte lors de leur fondation. Il commit l'impensable. Il détruisit cette pierre angulaire de sa puissance. Cette part essentielle à l'entretien d'une administration pesante et efficiente.

En l'an 2464 du calendrier dit "impérial", il promulgua le décret de tolérance. Le démantèlement du culte de Tsien Tsien, jugé comme étant un danger à la liberté de culte du grand duché de Muraboya. En tant que tel, il devait être détruit, ses biens saisis, et ses serviteurs emprisonnés. En temps normal, pareille action aurait eut pour réponse des désobéissances massives, dans l'armée tant que l'administration dans le relaieMment de cet ordre. Mais les purges avaient été menées avec efficacité. La nouvelle garde avait été loyale dans son exécution de la tâche. Sullah lui même menant la garde palatiale au cœur du temple capital de Tsien Tsien de Muraboya elle même.
A la tête de ce corps de nains attachés au service de sa famille et auxiliaires méritants tirés des rangs de l'armée, il passa par le fil de l'épée ceux d’opposants à sa volonté.
Les portes du temple, fermées, furent défoncées au bélier. Les clercs présents, furent empalés sur les lames des hommes en armes, leurs crânes brisés par les masses de la garde naine, la bibliothèque saccagée et incendiée dans le feu que le souverain décrivait comme "purificateur"... Et lorsqu'il pénétrèrent dans le reliquaire même du culte, la librairie de la sagesse primordiale.... Il brisa, lui même, à la masse, les tablettes foi de bois gravé, originaires de Cathay. Dans un bris de bois éclaté, il piétina devant tous les éclats des reliques, tandis qu'il meuglait qu'on lui amène le grand prêtre, n'ayant pas de mots assez durs pour désigner cet homme pourtant si loyal à l’État.....

C'est là que se produisit la révélation. Que sa corruption fut révélée au grand jour. Tsien Tsien, dieu sage mais certainement miséricordieux, fit montre de sa puissance. Sous les yeux ébahis de Géodon, le bras du tyran grossit, déchirant ses habitants, éventrant la maille de son bras droit.... Pour révéler une pince hideuse et emplit de noirceur, semblable à celle qui se cachait au fin fond de son âme.
La garde naine, un moment sonnée par ce miracle divin, fut néanmoins, inexplicablement, corrompue également par l'homme. Alors qu'une partie des auxiliaires commençait à pointer ses armes vers leur injuste monarque, celui ci, au lieu d'implorer le pardon du dieu. Au lieu de fuir, comme le misérable qu'il était. Au lieu de chercher à les raisonner, se contenta, à genoux, d'ordonner au nain le plus proche de lui sectionner le bras muté, qui commençait à infecter le reste de l'organe, remontant lentement vers l'épaule.... Et ce fut tout. Le petit peuple, au lieu de diriger ses masses et haches vers le maléfique souverain désormais clairement voué au chaos, se contenta de lui sectionner le bras, et d'abattre tous ceux qui avaient levés leurs armes contre lui....
Comment le savait il ? Comment était il pour raconter cela ? Simple. Il avait fuit à temps pour échapper aux haches mauvaises des courts sur pattes. Géodon avait fuit Muraboya pour répandre le mot que le souverain d Muraboya avait succombé à la corruption du chaos, avait été maudit par Tsien Tsien.....



Kong Beï avait joué de malchance en malchance. Il avait suivi les plans soufflés à ses oreilles par ses maîtres de l'aer. Il avait, des années durant, dompté ces occidentaux barbabres car Tsien Tsien lui avait dit que c'était là son destin. Que c'était là un plan qui ferait de lui un grand serviteur.... Des cloux ! Il avait échoué sur toute la ligne. Il avait soigneusement préparé la corruption du jeune barbare. Soigneusement infiltré les positions clés du grand duché, de Muraboya.... En vain. Son travail, effectué sur des années, avait été réduit en cendres dans une violence incroyable. Ces gens étaient des barbares, mais pareille sauvagerie avait été imprévue. Si le plan s'était déroulé comme prévu, l'oeil aurait du corrompre ce chien depuis longtemps. En faire une marionnette dévouée depuis longtemps, mais quelque chose s'était mal passé. L'oeil aurait du lui permettre de l'espionner. De voir tout ce que voyait le prince. Or, à sa première utilisation, il avait perdu la vue à droite. Le chien fou avait du concocter quelques sorcellerie inconnue. Depuis, son orbite droite était brûlée jusqu'à la chaire. Et ça n'avait pas été la dernière de ses mauvaises surprises.
Les purges avaient été bien trop rapides. Toute intrigue avait été vaine, le fou préférant le chaos en son royaume plutôt que la stabilité. Ses pions avaient été éliminés rapidement. En quelques mois. Et il n'était toujours pas parvenu à corrompre un seul de ces courts sur pattes bardés de fer. Cette saloperie de race était impossible à manipuler....

Et il se trouvait aujourd'hui aux cachots. Capturé alors qu'en fuite vers le Sud, il avait été reconnu et saisit avant même de pouvoir faire usage de ses pouvoirs contre ses poursuivants. Et aujourd'hui il était enchainé au mur, face à ce petit prince qui n'était rien d'autre qu'un grain de sable parmi d'autres dans le désert qu'est ce sablier que Tsien Tsien tient entre ses mains, et bouge à son loisir. Mais il n'avait pas dit son dernier mot.... Il comptait bien emporter cette roi barbare avec lui, peu importe ses échecs passés.....

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Vous savez, au fin fond de vous, que vous ne pouvez vaincre.... Mais vous n'avez pas à vous mettre sur son chemin. Paume vers le haut,dirigée vers cet arrogant bâtard de sauvage, il continua sa charade. Vous pouvez... vous agenouiller.

Après tout, il avait déjà perdu un bras, petit cadeau spécialement laissé pour lui malgré un départ précipité....

Ce que tu n'as pas remboursé avec ta croyance, je l'exigerai de ta propre chair.

D'un petit rire, le haut prêtre ne se laissa pas compter. Ses minutes étaient peut être comptées, mais il n'esquissait certainement pas de laisser à ce jeune sot impudent la satisfaction d'avoir le dernier mot.

Vous me confondez avec votre propre faible chair. Je. N'ai pas. De fin.

D'un sourire sadique, le souverain, bien haut, dans son arrogance, persuadé d'en avoir fini avec cette peste qui avait ravagée son corps, son âme et son pays, ne pu s'empêcher de lui rétorquer que c'était lui qui se trompait. A propos de nombreuses choses. Parler est votre plus grand talent. Il est temps que je vous apprenne à écouter.

Imbécile.... Tes faibles pouvoirs, ta foi, tes armées.... Ce n'est rien comparé à la puissance de Tsien Tsien. A ma puissance ! termina celui qui avait été le haut prêtre en hurlant sa rage envers celui qui s'opposait aux desseins de son dieu.

Méprisant envers cette larve qui lui avait causée pourtant tant de soucis, Sullah lui cracha au visage.

Tu maîtrises les lettres de ton démon de maître ? Son savoir ? Ce n'est pas assez. Ça ne l'a jamais été. Je t'ai écrasé, comme j'ai écrasé tes chiens, ceux de tes semblables et tout ce que vous pûtes m'envoyer.

Ironique. Tu me vaincs, mais tu ne peux te sauver toi même de l'ire de Tsien Tsien....

Je me suis déjà joué de lui ! Ses jeux, complots et intrigues.... Sont insignifiants. Laissons votre mort.... En être de même.

C'est seulement en ce moment, dans ton dernier souffle de vie, que tu comprendras ta folie.... et sa puissance...

Invoquez plus d'une centaine de serviteurs des ombres, un arsenal d'armes démoniaques.... Rien ne m'arrêtera. Prosterne toi devant le dragon de ces terres ! rugi-t-il, excédé par ce chien qui osait encore, en ses derniers instants, le moquer et refuser de réaliser qu'il était perdu. Que ses intrigues, ses plans, avaient été ruinés.

LE POUVOIR DE TSIEN TSIEN N'A AUCUNE LIMITE !!!

Puisses tu être consumé par l'éternité !!!

En temps voulu, tu l'appelleras..... Maître....

Ah ah ah ah....Le temps.... Nous le dira. Claquant des doigts, une silhouette encapuchonnée, vêtue d'une robe rouge er noire, apparut derrière le prince. Il ne doit connaître le repos. Je fais confiance à vos... "talents".

Certainement messire..... agréa l'inconnue d'un signe de tête, avant de s'avancer dans le cachot moite et puant où était enchainé le thaumaturge, une lame serpentine à la main. Sois heureux humain, car tu seras au festin des dieux....

Rapidement, en une minute, le bourreau avait fait son œuvre. Le visage de ce haïssable ennemi, responsable des tourments subis par Sullah et la corruption de son être, avait été marqué au sang par d'étranges runes tracées par l'inconnue, avant que celle ci ne lui entaille alors le reste du corps, mis à nu, pour tailler davantage le reste de sa chair, sans accorder aucune attention aux dégâts provoqués sur les organes du supplicié, rendu fou par la douleur, ses yeux extirpés de leurs orbites, alors que sa tempe semblait sur le point d'exploser, tandis qu'il éprouvait de plus en plus de difficultés à respirer à cause d'un chiffon en boule qu'on lui avait mis de force dans la bouche afin de l'empêcher de crier.

La pièce déjà nauséabonde s'emplit d'une odeur de pisse, de merde, de sueur et de sang, tandis que son travail terminé, le bourreau arracha de sa cage thoracique le cœur du supplicié, taillant la chair et les os à la dague tant aux mains, sans se soucier du sang qui éclaboussait ses atours, puis elle s'inclina devant le prince, remerciant celui ci pour son offrande aux dieux. Khaine allait certainement apprécier cette friandise.

Tout était pour le mieux. Sullah l'infirme était désormais libre des malédictions de ce renégat, serviteur des dieux sombres.... Ou c'était du moins ce qu'il croyait. Dans un dernier acte de défiance, la marionnette de Tsien Tsien avait maudite, une fois de plus, le juste souverain de Muraboya. Et son vil maître l'avait exaucé une dernière fois.

Sullah ressenti une intense douleur dans ses jambes, comme si ses muscles étaient déchirés les uns après les autres, et que sa peau était tirée dans tous les sens comme pour la tendre sur une toile de tanneur. Sous le regard abasourdis du bourreau et la garde naine présente, le corps du prince se déforma, jusqu'à ce que ce dernier, ne comprenant guère ce qui lui arrivait, s'effondre, lorsque le plafond de la geôle lui cogna le crâne.
Essayant de se relever, le souverain ne pu ordonner à ses membres arrières de lui obéir. Lorsqu'il accorda finalement à ceux ci son attention, il réalisa avec horreur que ses jambes, fortes et entraînées, s'étaient révélées devenues de fines baguettes de bois, pas plus larges que le bras d'un nouveau né, percées en de multiples points par de l'os, pissant du pu et du sang.

C'est sur cette vision d'horreur qu'il sombra dans l'inconscience.



Chaque victoire sur le chaos avait un prix, que ce soit pour son âme ou sa chair. Sullah l'avait appris à ses propres dépends. Il avait vaincu la peste qui rongeait de l'intérieur son royaume, mais à quel prix ? Des décennies d'effort avaient été réduites à néant. La bureaucratie construite péniblement était désormais purgée de ses éléments les plus capables. Les officiers de son armée n'étaient plus qu'une bleusaille inexpérimentée. Son peuple le craignait. Ses ennemis le convoitaient, sentant la faiblesse de son pays et de ses forces. Et lui... Lui... Il était brisé. Peu importe que son esprit soit aussi fort que celui d'un nain, qu'il se montre aussi intransigeant avec ses sujets que lui même, son corps ne pouvait plus obéir à son esprit. Il était infirme. Borgne. Manchot. Incapable d'user de ses jambes, celles ci se brisant chaque fois alors qu'il essayait d'en faire usage, trop faibles pour porter le poids de son corps. Il était destiné à ne se mouvoir que sur une chaise roulante, ne pouvant plus jamais sortir de son palais, et encore moins de Muraboya, chaque déplacement étant un martyr pour ses membres.

Un homme abandonné par son corps, qui vécu l'enfer jusqu'à ce que Morr vienne le chercher, bien trop tard à son goût.... Tel avait été le prix de la vie qu'il avait menée. De sa victoire contre la gangrène chaotique.
Alicia, voie du répurgateur

L'innocence n'existe pas il n'y a que des degrés de culpabilités

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Ici la dernière aventure de la déchue.... Eldorado !

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Ludwig Von Hoffenbach
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Re: [Concours] L'oeil du Grand Corrupteur (Textes)

Message par Ludwig Von Hoffenbach »

L'amour rend aveugle


Sonia Schürer est une femme comme il en pullule dans l’Empire. De par sa condition féminine et sa basse extraction, elle est cantonnée aux tâches les plus dégradantes. Serveuse dans une auberge d’un petit village isolé du Talabecland, elle est destinée à une vie de misère...

Korthleim est un village pauvre qui vit étouffé entre la Grande Forêt et les Collines Stériles. Ses rares habitants survivent avec le peu de choses qu’ils réussissent à cultiver, et par conséquent, les famines n’y sont pas rares. Le village très peu connecté avec le reste de la province est calme, et seul l’auberge et ses quelques clients étrangers témoignent de sa jonction avec l’Empire de Sigmar. C’est ici, dans ce lieu perdu, que vit et travaille Sonia Schürer, la jeune femme qui sans le vouloir, se damna par passion.

Les journées de la jeune femme se ressemblaient toutes. Elle servait d’innombrables choppes de bière et verres de vin à des clients aussi peu nombreux qu’alcoolisés. Victime de sa grande beauté et de ses formes arrondies qui faisaient lever les yeux des hommes célibataires, et même mariés, Sonia avait ses journées agrémentées de claques aux fesses, de réflexions salaces et de sifflements déplacés. D’extérieur on pouvait croire que la jeune femme n’y portait guère d’importance. Elle avait coutume de répondre par des sourires fugaces empreints d’une légère gêne et par des refus polis. Lors des bien trop fréquentes fois où la situation dégénérait au point qu’elle devait se débattre face à des attouchements trop appuyés, voire trop violents, les fauteurs de troubles étaient envoyés dans le caniveau par Pavel, le videur de l’auberge du Cerf Sylvestre. Non pas que ce dernier était un ardent défenseur de la condition féminine, mais plutôt qu’il détestait quand un arriviste l’empêchait de se rincer l’oeil sur la poitrine et le fessier de Sonia en toute quiétude. De plus, Horst et Gerda, les patrons de l’auberge, étaient assez à cheval sur la discipline et l’ordre dans la salle commune, ainsi mieux valait mettre les séducteurs trop lourds dehors, afin d’éviter toute réprimande de la part de la direction.

Ce triste spectacle dura des années. Chaque soir la jeune femme rentrait chez elle, épuisée et humiliée, mais toujours capable, grâce à son courage, d’affronter la journée du lendemain. Ses soirées et ses nuits étaient souvent agitées, fondant en larmes à plusieurs reprises en constatant à quel point sa vie était miséreuse. Sans mari, sans enfants, sans vraiment d’amis et vivant dans une maison délabrée à la hauteur de son salaire, elle ne savait comment échapper à son quotidien. Sans solutions, dépendante de son travail, elle n’avait d’autres choix que de continuer sa routine morose.

Alors, elle y retournait et invariablement les journées se répétaient. Plus le temps passait, plus sa colère et sa frustration perçait le masque de quiétude qu’elle s’était confectionnée. Chaque main aux fesses, chaque remarque salace sur ses formes féminines rebondies menaçait de la faire exploser. Lasse ce n’était qu’une question de mois avant qu’elle ne déraille et vomisse sa souffrance emplie d’amertume. Cette tragédie aurait pu mal finir si sa douleur extrême n’était pas arrivée jusqu’à des oreilles divines.

Un beau jour de Sigmarzeit, alors que les températures étaient si généreuses qu’elles faisaient presque oublier les mornes collines exemptes de végétations qui s’étendaient au sud du village, le destin de Sonia changea à jamais. La matinée à l’auberge avait été des plus typiques, peu de clients, quelques bières matinales, quelques repas pour des étrangers de passage et c’était quasiment tout. Dans la salle commune baignée du soleil qui approchait de son zénith, peu de tables étaient occupées. Près du comptoir et de l’âtre, des habitués de Kortlheim sirotaient des boissons houblonneuses, tandis qu’au milieu de la salle, des mercenaires reiklanders ripaillaient tout en sifflotant à l’attention de la belle serveuse. Les rustres étaient lourds, mais Sonia avait l’habitude. Assis seul à proximité de la porte d’entrée, un prêtre de Sigmar mangeait une soupe fade en lançant des regards agacés aux bruyants mercenaires. De temps à autre son regard méfiant dérivait dans toute la pièce, scrutant chaque endroit, comme s’il était à la recherche d’un intrus ou d’un hérétique. A la fin de son repas, l’austère personnage se leva, paya son addition, puis quitta l’auberge sans demander son reste.

Ce n’est qu’une vingtaine de minutes plus tard, qu’un nouveau client passa le seuil du Cerf Sylvestre. Un nouvel arrivant que personne ne connaissait. Il n’était pas du village, mais il semblait venir du Talabecland, comme en témoignait son faciès. L’homme, plutôt grand et malingre était vêtu d’une chaude et imposante veste verte qui suscitait l’étonnement quand on songeait aux températures clémentes qu’apportait Sigmarzeit. Son paletot était de bien grossière facture et son imitation velours ne pouvait berner personne sur la véritable matière. Aussi, elle était déchirée et en piteux état à plusieurs endroits.

L’étrange personnage, ignorant les regards curieux qu’on lui lançait, s’installa à une table près du comptoir et prit commande d’un verre de vin rouge auprès de Sonia. Prompt, la jeune femme ne se fit pas attendre et versa dans un gobelet en terre cuite l’alcool désiré. Elle s’empressa d’aller le servir, se sachant observé par le tenancier de l’auberge. Sonia eut l’agréable surprise d’être gratifiée d’un joli sourire lorsqu’elle déposa le verre sur la table du client. Un signe d’attention bien trop rare pour elle qui n’était que trop souvent réduite au statut d’esclave. Elle ne put s’empêcher de répondre par un grand sourire, dévoila malheureusement au passage ses dents trop longues. Un complexe parmi tant d’autres dans sa vie de misère. Un peu gênée, mais ravie de la galanterie du nouvel arrivant, elle repartit les joues rosies vers l’arrière-cuisine.

L’histoire aurait pu s’arrêter là si le bel inconnu n’était pas réapparu à l’auberge ou travaillait la belle Sonia. Ses visites au Cerf Sylvestre, au début plutôt rares, se firent de plus en plus fréquentes jusqu’au jour où elles devinrent quotidiennes. L’homme qui se prénommait Carl ne tarissait plus de sourires et d’attentions envers la jeune femme. Sonia était conquise. Jamais en vingt-huit années elle n’avait connu pareille sensation. Carl semblait faire fi des défauts que la belle serveuse se trouvait, ceux-ci même qui lui faisait perdre toute confiance en soi. Il était si différent des hommes grossiers que l’on rencontrait à Kortlheim. Lors des semaines où ses visites étaient quotidiennes, Sonia ne pouvait avoir autre chose à l’esprit. Il était omniprésent dans ses pensées. Son visage, son sourire étaient gravés et à chaque fois qu’elle se les remémoraient elle pouvait sentir les frissons de l’excitation et la douce chaleur de l’amour parcourir son corps. Sonia était réellement amoureuse. Et le mieux c’est que Carl semblait s’éprendre lui aussi de la jeune serveuse. L’idylle était à son apogée. Leur romance prit même un nouvel essor, lors d’une belle matinée fraîche et ensoleillée, un marktag, lorsque Carl apporta à sa douce une magnifique fleur rouge en pot. La plante, splendide, aurait eu sa place dans les jardins botaniques des grandes cités de l’Empire et contrastait particulièrement avec la morosité de la végétation des Collines Stériles. Sonia était aux anges. Horst Koch, le tenancier de l’auberge, lui ne l’était pas. Le manège de Carl pour séduire sa serveuse commençait à lui taper sur le système et il montra son mécontentement si tôt qu’elle reçut la fleur. Mademoiselle Schürer était là pour travailler, pas pour se faire séduire par la clientèle. S’ensuivit alors une grande engueulade où les mots les plus insultants s’envolèrent. L’embrouille se termina quand Horst, excédé par ce jeune malotru, demanda à Pavel de le mettre dehors. Sans se faire attendre, le videur du Cerf Sylvestre, heureux de virer la concurrence, envoya Carl dans la terre poussiéreuse bordant l’entrée de l’auberge. Rouge de colère, mais se sachant dans l’incapacité de retourner dans la salle principale, Carl se releva et partit vers le sud, un sourire ravi mais étrange sur le visage. Sonia quant à elle continua sa journée, la mine grise et triste tout en sachant qu’elle devait faire bonne figure devant les clients pour ne pas s’attirer les foudres de Horst. La journée passa péniblement, toute joie de vivre l’ayant quittée brutalement. Lasse et frustrée de revoir son ancienne vie au galop, elle rentra chez elle avec le cadeau que lui avait si gentiment offert Karl. Quel vieux con cet aubergiste. N’avait-il pas vu que le jeune homme lui avait permis de renouer avec le bonheur ? Peut-être s’en fichait-il tout simplement, et que seul son commerce comptait ? Épuisée et amère, Sonia partit se coucher au bord des larmes. Sa vie morose reprenait. Seule touche de gaieté dans cette triste scène, la magnifique fleur rouge qui trônait à coté du lit de Sonia, sur un meuble ancien qui montrait des signes de faiblesse.

Le lendemain, dès l’aurore, sa vie laborieuse et ennuyante recommençait. Comme elle aurait pu s’y attendre, Carl ne vint pas à l’auberge et Horst ne lâcha pas des yeux son unique serveuse. Les jours suivants furent du même acabit. Plus la semaine avançait, plus Sonia s’inquiétait. Elle n’avait plus aucune nouvelle de Carl, même en dehors de ses horaires de travail. Venait-elle de passer le seul et unique moment de bonheur de sa vie ? Possible. Les jours devinrent des semaines et rien ne changeait. Malgré sa tristesse et sa solitude, elle n’arrivait pas à en vouloir à l’homme pour lequel elle s’était éprise. La preuve, chaque soir en rentrant du Cerf Sylvestre, elle arrosait, désherbait et drainait avec passion la terre de la plante aux fleurs rouges qu’on lui avait offerte. C’était son unique moment de bonheur quotidien.

Un soir, alors qu’elle s’adonnait à son petit plaisir de la journée, elle fut prise d’une violente migraine. Une douleur sourde la lançait et lui résonnait dans le crâne. Grimaçant, elle épousseta ses mains pleines de terre et recula pour s’asseoir sur le lit. S’allongeant dans l’espoir que la douleur passe, elle eut la désagréable surprise de voir que celle-ci s’accroissait quand elle fermait les yeux. Pire que ça, elle irradiait maintenant dans toute la tête. Sa gorge devenait à son tour aussi douloureuse que son crâne. De par leur fulgurance et leur étrangeté ces symptômes n’étaient pas ceux de la grippe saisonnière. D’ailleurs cela aurait été bizarre de tomber malade en plein Sigmarzeit, les températures ne favorisant pas vraiment ces maux d’hiver. Inquiète, mais habituée à la rudesse de la vie, elle s’installa en position semi-allongée et endura la souffrance jusqu’à ce que la fatigue de la journée l’emporte dans le royaume des rêves.

Au petit matin le réveil fut difficile. Les douleurs étaient parties, mais la jeune femme se sentait ankylosée par sa nuit. Sonia se leva de son lit, les yeux cernés et les cheveux en bataille et partit en direction de sa coiffeuse et de son petit miroir. Elle avait vraiment une mine horrible. A tel point qu’elle ouvrit grand la bouche, les yeux horrifiés par ce qu’elle vit. La surprise et l’effroi la firent hoqueter et lâcher un petit cri. Sans arrêter d’écarquiller les yeux, Sonia mit sa main devant la bouche, vraiment terrifiée par le reflet de son visage dans le miroir. Elle était devenue monstrueuse. Son oeil droit était devenu entièrement noir, on ne distinguait ni l’iris, ni la pupille. Son organe de vision était telle une mer d’encre, abyssale et angoissante. Désormais sur son visage on ne voyait plus que ça. Sonia n’arrivait même plus à se regarder dans le miroir. Lorsqu’elle avait vu cette horreur, pleine d’effroi, la jeune femme avait ouvert la bouche, paniquée, et ce qu’elle avait vu l’avait encore plus terrifiée. Sa langue humaine n’était plus. Celle-ci avait été remplacée par une immonde et longue langue serpentine qui finissait en fourche, à la manière des serpents. Elle gigotait de façon dérangeante, comme excité par l’effroi de Sonia. La jeune femme était au bord de l’évanouissement. Ne sachant que faire, elle paniqua. Elle se mit à tourner en rond dans sa chambre, à se griffer les joues et à s’ébouriffer les cheveux tout en réfléchissant à ce qu’elle devait faire. On aurait dit une folle. Etait-ce un rêve, ou sa vie venait de s’écrouler définitivement sous ses yeux ? Qu’est-ce qui lui arrivait ? Putain... que vais-je devenir, songeait-elle. En effet le soleil commençait à se lever sur le Talabecland et Sonia n’avait plus que quelques heures devant elle avant de devoir aller travailler. La situation était critique. Il était impensable d’aller au Cerf Sylvestre avec de pareilles afflictions. Celles-ci étaient trop voyantes pour qu’elle puisse les dissimuler. Comment prendre commande auprès d’un client avec un oeil noir de jais et une langue serpentine qui se dandine dans sa bouche ? A ce train-là, d’ici deux jours elle était condamnée aux pires sévices de la part de l’Eglise de Sigmar ou de l’Inquisition. Avait-elle mérité cela ? Sonia avait toujours été une fervente croyante, et bien que ses horaires l’empêchaient de pratiquer suffisamment, elle avait toujours accueilli Sigmar au plus profond de son âme et de son coeur. L’on disait ces afflictions réservées aux adorateurs des Dieux Noirs et aux pécheurs. Elle n’était assurément pas l’un d’eux. Alors pourquoi ?

Pris d’une rage qu’elle essayait de garder sous contrôle depuis trop longtemps, la jeune femme hurla à s’en casser la voix. Sur ses joues coulèrent de lourdes larmes et ses sanglots ne firent qu’aggraver sa crise de nerfs. Elle était à bout. Sans s’arrêter de hurler, elle empoigna le pot qui contenait la fleur que lui avait offerte Carl et le lança violemment sur le sol. Celui-ci se brisa en mille morceaux. Sous la violence de l’impact, les pétales se désolidarisèrent de la fleur et la terre humide s’éparpilla dans la chambre. Prenant soudainement conscience de ce qu’elle venait de faire, ses sanglots repartirent de plus belle. Submergée par une terrible douleur psychologique elle s’écroula sur le sol et se mit à frapper violemment des poings. Ses phalanges s’écorchèrent bien vite et après plusieurs secondes ses mains étaient couvertes de sang et de terre. La jeune femme avait complètement déraillé.

Lasse et fatiguée par tant de peur et de panique, Sonia s’adossa contre le mur de sa chambre, les yeux rougis et les joues humidifiées par ses pleurs. Elle était épuisée. Epuisée de vivre. A quoi rimait cette vie ? Le bonheur n’était jamais parvenu jusqu’à elle. Et avec ça maintenant, à quoi bon ? Depuis toutes ces années, jamais elle n’avait songé mettre fin à ses jours. C’était lâche, immoral et contraire à la volonté de Sigmar. Mais maintenant, alors que tout s’effondrait et voyant que même son dieu avait détourné ses yeux d’elle, cette horrible option était devenue une issue logique et réfléchie.

Maculée de sang et de terre, errant dans ses pensées morbides, elle resta assise contre le mur de sa chambre pendant plusieurs minutes, essayant progressivement de retrouver sa respiration et des pensées plus gaies. Rien de cela arriva, bien au contraire. Soudainement prise de picotements et de démangeaisons sur tout le corps, sa peur et son appréhension repartirent de plus belle. Quelles horreurs les dieux lui réservait-il à nouveau ? Ce qu’elle vit la fit frissonner dans un premier temps, hurler et pleurer dans un deuxième temps. Tout d’abord elle eut une chair de poule comme elle en avait jamais eu. Ensuite les frissons et des démangeaisons s’accrurent jusqu’à devenir insupportables. Lorsque sa peau noircit soudainement, Sonia commence à paniquer. Son coeur battait à la chamade. Elle n’osait plus respirer, comme si cela allait aggraver son cas. Malheureusement ses symptômes eurent tôt fait d’empirer et elle ne put s’empêcher de crier, quand d’ignobles plumes noires sortirent de sous son derme. Au début ce ne fut qu’un modeste duvet, mais la jeune femme fut rapidement gratifiée d’un majestueux plumage de corbeau. Sur chaque partie de son corps, les plumes avaient recouvert sa peau. Ses précédentes mutations l’avaient défigurée, certes, mais maintenant elle était une monstruosité aviaire qui n’avait plus rien d’humain. Ses bras couverts de très longues plumes noires auraient même pu lui permettre de voler si elle avait eu les muscles adéquats. Sonia était déjà monstrueuse, mais il paraissait que les dieux n’en avaient pas fini avec elle. A peine remise de l’apparition douloureuse de son plumage, qu’elle s’écroula au sol, terrassée par une soudaine et violente douleur à la cuisse. Les évènements suivants dépassèrent l’entendement. Dans un bruit écoeurant de succion, un trou gluant couvert d’une sécrétion semblable à la bave s’ouvrit dans sa cuisse droite. Une jambe très pâle et déformée en émergea comme si quelqu’un la tirait par les doigts de pied. Ses hurlements de douleur étaient atroces. Elle se débattit, tapa des poings, griffa le sol, mais rien ne put empêcher cette jambe annexe de pousser. Une fois la mutation arrivée à son terme, la douleur s’évanouit, comme si elle n’avait jamais existé. Pour autant, la détresse psychologique de Sonia n’avait pas changé. En pleurs, elle se remit difficilement debout, gênée par son nouveau membre et partit en claudiquant et en hurlant vers le rez-de-chaussée de sa masure. Une fois dans la cuisine, Sonia apeurée au point qu’elle semblait enragée mit cette dernière sens dessus dessous. Elle dévira les étagères, fit tomber la vaisselle au sol et balança les tabourets loin d’elle. Ses rares effets personnels de cuisine furent pour la plupart détruits dans cette crise frénétique. Elle cherchait quelque chose et elle ne le trouvait pas. Un couteau. Elle devait mettre fin à sa vie maintenant. La douleur, la peur, la honte étaient trop intenses. Elle devait faire taire ses émotions et pour cela il allait falloir qu’elle se plante un couteau dans le coeur. Le suicide n’était plus une possibilité, c’était une nécessité. La jeune femme était persuadée qu’il fallait en arriver là, sa vie ne serait plus jamais pareille. Il n’y avait pas de retours arrière possibles. Elle était condamnée. Plus de clients, plus de Horst, plus de Gerda, plus de Pavel, plus de .... Carl. C’était la fin.

Alors qu’elle s’apprêtait à s’enfoncer dans la poitrine le large couteau de cuisine aiguisé qu’elle avait enfin trouvé, on frappa à la porte. Sonia sursauta, le coeur battant. L’avait-on entendue hurler et démolir sa cuisine ? La jeune femme ne savait plus quoi faire. Initiant une fuite à l’étage, elle s’arrêta net quand elle entendit la voix de son visiteur matinal.


- Sonia. C’est moi Karl ! Ouvre-moi !

Bien qu’ayant perdu toute lucidité, Sonia s’autorisa un petit moment de réflexion avant de répondre.

- Non, je ne peux pas. Excuse-moi. Excuse-moi, répéta-t-elle la voix enrouée par ses précédents sanglots.

- Si, ouvre. Je peux t’aider Sonia. Laisse-moi t’aider. Je vois ce qui t’arrive.

Avant qu’elle puisse répondre, elle se tétanisa, glacée par ce qu’elle vit. Carl la regardait par un petit trou dans le mur de sa vieille masure en torchis. Un trou amplement suffisant pour qu’il puisse voir les infâmes mutations de Sonia. Étrangement, l’homme ne sembla pas s’émouvoir des afflictions qui couvraient le corps de sa douce. Au contraire, il regarda la jeune femme en souriant béatement, ses yeux parcourant chaque centimètre de son corps. Interloquée, la serveuse ne bougea pas d’un pouce, ne comprenant pas vraiment la situation.

- Viens, tu es en danger ici. Le clergé finira par te trouver et ils te feront subir d’atroces souffrances. Viens avec moi. Il ne fait pas encore très jour, on peut encore fuir.

- Non, je ne peux pas..... je ne veux pas. Que vais-je devenir maintenant... comme ça ? Et pourquoi voudrais-tu m’aider, hurla la jeune femme en pleurs.

- Euh, je... je.... je suis comme toi, voilà tout, lâcha Carl un peu penaud.

- Moi aussi j’ai ces horribles afflictions, même si elles ne se voient pas. Laisse-moi entrer s’il te plaît, supplia-t-il.

Perdue, peu lucide, et croyant en la franchise de Carl, Sonia décida de lui ouvrir. Ce dernier s’engouffra dans le taudis de la serveuse, sans craindre l’aspect monstrueux de cette dernière. Sonia restait figée telle une statue, la bouche pendante, dévoilant ainsi sans le vouloir, sa longue langue de serpent. Doucement et avec une gestuelle qui incitait au calme, le jeune homme s’approcha d’elle avant de l’enlacer vigoureusement, passionnément. Choquée, Sonia ne comprenait vraiment pas ce qui se passait et elle se laissa dorloter pendant plusieurs minutes. Sans sanglots, de lourdes larmes coulèrent sur ses joues maculées de terre. Détruite psychologiquement, elle tremblait, marmonnait et chuchotait dans le vide en demandant, pourquoi, pourquoi avait-elle subi ça. Carl la câlinait, lui chuchotant des mots doux et la rassurant sur la suite. Visiblement il avait un plan, tout se passerait bien pour elle.

Au bout de quelques minutes, il se détacha de la jeune femme, déboutonna doucement sa veste et lui montra la raison pour laquelle il ne la craignait pas. Carl était tout aussi monstrueux. Sa chemise blanche cachait une chose si immonde et écoeurante qu’elle aurait même pu faire s’évanouir un inquisiteur. Son ventre était gratifié d’une bouche grimaçante et dentée qui mâchait dans le vide. Le bruit que faisait la mastication était aussi atroce que la mutation en elle-même. On aurait dit le bruit d’une canalisation d’égout qui se vidait doucement, bouchée par un trop grand afflux de fange. C’était infâme. Par chance le son n’était pas accompagné d’odeurs. Lorsque Sonia posa les yeux sur cette abomination, elle eut un violent haut-le-cœur et rendit d’un seul coup l’ensemble de son repas de la veille sur le sol. Carl grimaça, mais ne se vexa pas, il s’était douté qu’elle allait réagir ainsi dans un premier temps. Les deux amants étaient devenus des horreurs de la pire espèce, des parias de l’humanité. Toutefois, et ce malgré son dégoût, Sonia ne put s’empêcher de retrouver de l’attirance pour Carl. Désormais ils n’étaient plus de simples amoureux, ils étaient condamnés à partager la même vie de rebut. Qui sait, peut-être que même sous cette forme elle allait pouvoir vivre une vie heureuse avec l’unique amour qu’elle ait eu...

C’est ainsi que Sonia et Carl quittèrent la masure qui avait été témoin des pires infamies. Sur le sol de la maison abandonnée gisait la plante aux fleurs rouges, irrémédiablement abîmée, comme l’âme de la jeune femme. Les débris du pot et la terre jonchaient tout le sol de la chambre, témoins de la folie de Sonia. Mais ce que la jeune femme ne savait pas, c’est que la magnifique plante avait parfaitement joué son rôle. Cueillie au beau milieu des Collines Stériles, elle avait été empotée avec un humus gorgé de malepierre, une substance hautement mutagène. Sonia, aveuglée par son amour n’y avait vu que du feu. A la recherche du moindre instant de bonheur, elle avait plongé à pieds joints dans le piège tendu par Carl, et dès le moment où elle avait accepté son présent il avait été trop tard pour son âme. A peine commençait-elle à effleurer le bonheur, que son corps se déchirait sous l’action de la malepierre. Et maintenant, sans le savoir, elle accueillait avec joie celui qui avait été son fossoyeur. Carl, ce héros venant sauver une jeune femme en détresse n’était en fait qu’un vilain pervers qui voulait une femme qui l’accepte et qui l’aime malgré ses afflictions hérétiques. Les mutants étaient si haïs dans l’Empire qu’il n’aurait pu espérer séduire une femme qui n’était pas gratifiée de bénédictions divines. Pour Sonia, c’était maintenant chose faite, elle avait été bénie. Ils allaient pouvoir commencer à vivre une vraie idylle amoureuse, bien que celle-ci reste à jamais sous le sceau de l’infamie et du mensonge.

Un sourire sur les lèvres, Carl partit vers le sud en direction des Collines Stériles, en tenant la main de sa douce, une monstrueuse créature aviaire à trois jambes qui avait été autrefois une ravissante serveuse d’auberge. Malgré ses difficultés à se mouvoir à cause de son nouveau membre inférieur, Sonia quitta Kortlheim en claudiquant, heureuse et satisfaite de laisser derrière elle cette vie de frustration. Désormais, une nouvelle vie commençait...

Ludwig Von Hoffenbach. Voie de l'Inquisition. Répurgateur.

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Re: [Concours] L'oeil du Grand Corrupteur (Textes)

Message par Ieviniae »

- C'est bon, c'est d'accord pour cette fois.

Cela faisait maintenant plusieurs semaines que l'homme lui faisait des avances qu'elle refusait systématiquement. Sissi était l'une des nombreuses filles de joie de la capitale certes, mais elle avait des principes. Pas question de s'offrir contre quelques piécettes à tous ces traînes savates avinés qui recherchent un peu de réconfort après une journée à faire le planton sur les remparts, à ramasser la merde dans les égouts ou à bêcher de la terre. Et pour gagner quoi ? le droit de recommencer le lendemain avec une nouvelle fournée d'avinés car ses cuisses ne lui rapporteraient même pas de quoi subvenir à ses besoins.

Non, elle n'était pas comme toutes ces pauvres filles. Pour l'avoir il fallait du fric et pas qu'un peu. Une sorte de maîtresse de luxe pour tous ces riches dégueulasses de la capitale qui lui garnissaient sa garde-robe pour quelques minutes, voire quelques secondes, de déhanchement. D'ailleurs Sissi aurait pût passer pour une grande dame vêtue, coiffée et parfumée de la sorte si la moitié de l'aristocratie d'Altdorf ne lui était passée dessus. Sa réputation lui fermait les portes des hauts lieux de la société mais elle n'en avait que faire.

Ce voleur à la petite semaine qu'elle venait d'accepter dans son lit n'avait rien d'un riche bourgeois mais il était obstiné. Il était même tombé amoureux on dirait bien à insister autant pour recevoir ses faveurs. Mais il avait beau revenir tous les jours avec le butin de ses médiocres larcins pour tenter de payer sa place, cela ne suffisait pas. En plus il était plein de crasse et il sentait mauvais. Jusqu'à aujourd'hui en tout cas où il s'était pointé avec une grosse et luisante pierre précieuse qui devait valoir son pesant d'or et qui ferait son petit effet une fois au bout d'un pendentif. Bon il puait toujours mais au moins il avait ce qu'il fallait.

L'homme la suivit avec l'air benêt de celui qui a obtenu ce qu'il voulait dans la taverne où elle avait ses habitudes et dont elle pouvait se payer une chambre permanente grâce à la générosité de ses donateurs. Mais Sissi n'était pas une sentimentale et elle voulait se débarrasser au plus vite de son affaire. Ce pauvre type attendait depuis si longtemps son tour qu'il allait probablement tout donner bien trop vite et c'était bien comme cela. Sans plus de cérémonie une fois dans sa petite chambre cossue, Sissi alla s'installer directement sur son lit, allongée sur le dos. Sa combinaison était spécialement prévue pour son activité et s'ouvrait comme une sorte de kimono ce qui lui évitait de perdre trop de temps à se dévêtir puis à se revêtir.

Comme prévu cela se termina bien vite mais cet ahuri déjà à bout de souffle pour si peu affichait la mine des grands jours. Il s'écroula alors de tout son poids sur elle. Sissi le savait, ses clients avaient tendance à roupiller pour se remettre de ce qu'ils considéraient comme une triomphante réussite. Pour sa part elle ne s'était pas particulièrement épuisée mais la soirée touchait déjà à sa fin et la nuit commençait à tomber sur la ville. Elle pouvait se permettre de s'assoupir un petit peu avec lui avant de le chasser de là. Après tout, il l'avait payé assez cher pour avoir le droit de se blottir contre elle.

Avant de fermer les yeux et de plonger à son tour dans le sommeil, elle observa encore un peu la pierre précieuse qu'il lui avait offert. Elle n'avait jamais rien vu de tel, la pierre était d'un vert d'obsidienne et plus la lumière déclinait dans la pièce et plus elle brillait de l'intérieur. Sissi ne savait pas à qui son amant l'avait volé mais elle semblait être particulièrement raffinée. C'était là probablement son plus beau bijou, du moins quand elle l'aurait transformé en collier, et c'est le sourire aux lèvres qu'elle s'endormit en la serrant contre son sein.

Étrangement le sommeil la gagna assez rapidement ce soir là et ses rêves furent particulièrement troublés. Sissi y était une sorte de reine, de déesse même qu'un parterre d'hommes vénéraient et veillaient à répondre au moindre caprice. Luxure et gourmandise y étaient ses principaux pêchés auxquels elle s'adonnait sans aucune retenue. Elle savait le pouvoir séducteur qu'avaient de belles jambes sur les hommes et elle avait toujours fait attention à les entretenir et de les mettre en valeur par des soins et des tenues adaptées. D'ailleurs dans son rêve ses esclaves la surnommaient « Sissi aux longues jambes » et cela la ravissait au plus haut point. Une voix lui chuchotait d'ailleurs dans son esprit, d'abord tout doucement puis de plus en plus insistant : « Sissi les longues jambes, Sissi les longues jambes, Sissi les très longues jambes... ». Et plus la voix se faisait forte dans sa tête, et plus la douleur devenait insupportable au point de la réveiller brusquement.

Mais bien que réveillée, la douleur était toujours présente dans ses jambes. Sissi ne savait ce qu'il lui arrivait exactement mais jamais elle n'avait eu aussi mal. Elle commença à s'agiter et à geindre dans son lit, haletant et transpirant à grosses gouttes. Assez vite son agitation réveilla son compagnon qui commençait à s'agiter également.


- Alors ma mignonne, c'est que tu veux remettre ça !

Disant cela il glissa sa main directement entre ses cuisses avant de redescendre un petit peu. C'est que lui aussi, comme les autres, était particulièrement friand de ces jambes magnifiques et élancées. Et sa conquête se dandinait tellement sur son matelas qu'il était persuadé de lui faire un grand effet. L'homme fut d'abord surpris de trouver à la place de cette peau si douce qu'il avait espéré, une peau rugueuse et granuleuse. Peu agréable au toucher, il retira sa main dans un réflexe vif pour la poser ailleurs, venant rencontrer un premier genou... puis un second toujours sur la même jambe. Le voleur bondit d'effroi sur le lit pour se retrouver à quatre pattes à côté d'elle.

De son côté, Sissi avait passé un stade dans la douleur tellement élevé qu'elle ne parvenait même plus à crier. Même la vue de ce rat géant avec la tête encapuchonnée qu'elle entre-apercevait à la lueur de la pierre qui irradiait une lumière verte ne la fit pas crier, et pourtant elle était épouvantée. Son amant l'était tout autant, les yeux posés sur ces jambes maintenant démesurées qu'il n'en vit pas la menace dans son dos.


- Sale voleur-cambrioleur !

Eut-il seulement le temps d'entendre et d'analyser cette phrase ? Déjà sa gorge se vidait de son sang après que la lame de l'assassin Eshin lui ait tranché les deux carotides en un seul passage. Parfois, la peur peut faire oublier la douleur. C'est pourquoi Sissi tenta de se sauver de la pièce. Mais en se mettant debout, elle était devenue tellement grande que sa tête heurta la grosse poutre en bois du plafond, la faisant lourdement chuter sur le sol. Elle aurait bien aimé se relever et fuir en courant, mais elle ne savait pas comment faire fonctionner tous les genoux qui articulaient maintenant ses gambettes. C'est donc dans un effort pitoyable de sauver sa misérable existence qu'elle se déplaçait au sol tel un pantin de bois, se levant pour retomber aussitôt.

- Tu vas mourir-périr, c'est la peine-sentence pour avoir volé le clan. Malepierre à nous-moi.

Malheureusement pour elle, sa peau était devenue tellement épaisse que l'assassin dut frapper encore et encore avant que sa lame n'ait suffisamment endommagé les organes vitaux pour que sa victime se vide de son sang.
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Snikkit l'Ombre rouge
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Re: [Concours] L'oeil du Grand Corrupteur (Textes)

Message par Snikkit l'Ombre rouge »

UNE DÉVOTION MAL-PLACÉE...
Hiver de l’an 2528 du Calendrier Impérial – Grunburg

L’hiver qui a commencé durant l’année 2528 de l’Empire de Karl Franz est terrible. Le froid s’est emparé des terres et différents territoires de l’Empire des hommes. Les créatures démoniaques des bois s’enhardissent et ravagent les villages ou autres villes impériales. C’est le cas du village de Grunburg. Nous sommes à l’avant-veille de l’arrivée de l’an 2529, la neige ne cesse de tomber depuis plus de quinze jours, sans s’arrêter. Malgré cette météo, le village se prépare pour fêter le passage à la nouvelle année. Konrad Backer, jeune homme de dix-sept printemps, fils d’un fermier et de la boulangère du village aide aux préparatifs des prêtres de Morr pour protéger les foyers contre la nuit des sorcières : l’Hexensnacht. Konrad a toujours senti en lui une certaine sérénité auprès des prêtres de Morr, chose paradoxale par rapport à leur office funèbre. Il participe régulièrement aux prêches du vieux prêtre de Sigmar, Marius Talbot, qui avoisine les soixante-dix printemps. Konrad a toujours été fasciné par la dévotion et la conviction de ce prêtre. Son amour et sa dévotion pour Sigmar sont sans équivoque. Konrad est proche aussi de Hanz Belt, prêtre de Morr qui l’accompagne pendant les préparatifs. Celui-ci lui montre comment établir des protections et quelles formes dessiner sur les linteaux et les fenêtres des masures.

- Frère Marius, pourquoi devons nous protéger nos maisons pour le passage à la Nouvelle -Année ?

- Et bien, jeune Konrad, la nuit du Nouvel An, appelée aussi de l’Hexensnacht, le voile entre le monde des vivants et des morts se rapprochent. Ces derniers peuvent venir hanter nos rêves et nous tourmenter. Nous, prêtres de Morr, bénissons et protégeons vos foyers contre l’influence des morts vivants.

- Je vois… Les morts viennent nous hanter…

- Oui, et c’est pour cela que nous devons protéger Grunburg contre leur influence. Grace à Morr mais… Pas seulement…

- Grâce à Sigmar ?

- Ah… Sigmar… Non, non mon jeune ami… Il y a des puissances plus « fortes » dans ce monde pour nous protéger. La lumière de Sigmar n’est pas assez forte pour tous bénir.

- Mais… Sigmar protège tout l’Empire, son église est forte et je veux la rejoindre.

- (une ombre passe dans le regard du prêtre de Morr) Et bien, mon jeune ami, voilà une importante vocation. Oui, oui… Mais, ne laisse pas ton esprit se fermer à tout ce qui t’entoure… (Le prêtre cherche quelque chose dans sa besace) Tiens, c’est pour toi.

- Quel est ce livre frère Marius ?

- Un concentré de connaissances qui te permettra d’ouvrir ton esprit au-delà du simple culte de Sigmar. Tu dois toujours avoir l’esprit ouvert. Toujours…


Mois de Jahrdrung – An 2529 du Calendrier Impérial – Altdorf

Cela fait bientôt deux mois que Konrad a rejoint les initiés du Culte de Sigmar à Altdorf. Konrad est encore enveloppé dans les vapes du rêve qu’il vient de faire. Ce jour où il avait préparé la nuit de l’Hexensnacht, ce livre que frère Marius lui avait transmis… Pourtant, ces préparatifs n’avaient pas suffit contre une autre menace tout aussi dangereuse : les créatures maudites des bois. Dans la nuit du passage à la nouvelle année, des créatures humanoïdes à l’aspect de bêtes avaient pénétré dans le village et tout ravagé. Konrad s’était retrouvé orphelin cette nuit, de père et de mère. Mais aussi orphelin spirituellement… Le prêtre Marius du Culte de Sigmar avait été cloué sur la porte de son temple alors que le frère Hanz avait tout simplement disparu. Konrad n’avait connu le salut que grâce au livre transmis par ce dernier. Il avait utilisé une incantation attribuée à Ulric pour le protéger contre les bêtes. Un cercle de flammes de couleurs bleues mais changeantes était apparu autour de lui. Les bêtes avaient reculé tout en présentant une certaine forme de respect face à cet enchantement. Konrad ne se l’était jamais expliqué.

Depuis ce jour, ses yeux s’étaient dilatés et étaient devenu rougeoyant, aussi rouge que le sang. Konrad n’arrivait à resté chez les initiés seulement grâce à un homme qu’il avait rencontré dans les échoppes proches des apothicaires d’Altdorf. Un marchand lui avait donné un collyre spécifique pour que ses yeux soient normaux. Konrad s’entendait bien avec ce marchand, lui aussi originaire de Grunburg et qui avait échappé au massacre suite à sa présence à la Capitale. Son nom est Ben Tlanzh, un nom peu commun pour un impérial. Grâce à celui-ci, Konrad peut continuer de profiter de sa formation comme initié auprès du Culte de Sigmar sans craindre d’être accusé ou soupçonné pour mutation.

Konrad est relativement assidu lors des différents cours et des prêches officiés par les plus anciens du Culte bientôt à la retraite. Konrad écoute les lectures de la Bible de Sigmar et pourtant… Un doute s’installe dans son esprit. Konrad conserve toujours, caché au milieu de ses affaires, le livre que le frère Marius lui a offert. Tous les cultes de l’Empire y sont décrits ainsi que des rituels particuliers que les prêtres à Altdorf n’ont jamais présentés. Konrad trouve cela bien étrange. Une nuit, il décide de réciter une prière puisée dans le livre en l’honneur de Sigmar. Konrad la trouve un peu osée, connaissant l’intransigeance et le traditionalisme du Culte de Sigmar.

Oh, Sauveur des Hommes
Puisses-tu étendre ta protection sur nos âmes
Telles les ailes du Destin sur nos vies
Puisses-tu être le Changement qui amènera la Vérité

Konrad sent un souffle passer sur son visage, il est persuadé que Sigmar l’a entendu. Il se couche serein et plein d’espoir. Il ne remarque pas les larmes de sang coulant des statues de Sigmar présentes dans son dortoir. Un autre vent souffle alors et enflamme ces mêmes larmes pour les faire disparaitre. Ce souffle revient alors à l’intérieur des pages du livre toujours présent sur le lit de Konrad, avant de se refermer subitement.

Le lendemain matin, Konrad sent que quelque chose lui gratte sur la tête. Alors qu’il contemple son visage dans le miroir, il voit des boursoufflures de chair dépasser de ses cheveux, formant une sorte de couronne. L’effroi s’empare de son esprit. Que lui arrive-t-il ? Que se passe t-il ? Pourquoi Sigmar lui fait subir cela ?


Mois de Pflugzeit - An 2529 du Calendrier Impérial – Altdorf

Cela fait un mois que ses excroissances sur la tête sont apparues. Konrad a laissé pousser ses cheveux au-delà des critères minimums des initiés. Les prêtres l’ont tancé plusieurs fois mais il continue de leur tenir tête, prétextant vouloir garder ses cheveux aussi longs qui lui rappellent son père. Un argument faussé par la peur d’être découvert. Konrad continue d’évoluer grâce au livre transmis par frère Marius. Il a atteint les chapitres qui remettent en cause l’organisation rétrograde et beaucoup trop fermée de l’église de Sigmar et des autres Cultes impériaux. Konrad a assimilé de nombreuses nouvelles prières et incantations. Konrad sait désormais faire danser des flammes le long de ses bras, voir à travers les murs et écouter les conversations à distance. Il a aussi remarqué qu’il peut chuchoter dans les esprits des autres jeunes initiés l’accompagnant. Il s’est risqué contre un prêtre plus âgé pour tester mais c’est une chasse à l’hérétique qui s’est plutôt déclenchée. Le prêtre a immédiatement commandé une enquête après avoir senti une intrusion malsaine dans son esprit. Ses protections l’ont protégé, malheureusement au grand dam de Konrad. Heureusement, grâce à un une incantation dans son bouquin, Konrad a manipulé un des initiés pour qu’il soit trouvé et exécuté à sa place.

Konrad comprend ce jour là que le Culte de Sigmar n’est pas ce qu’il croyait. Konrad y voyait la protection et l’évolution de l’Humanité à travers sa dévotion à Sigmar. Mais non… Sigmar stagne, Sigmar est rétrograde, Sigmar est fermé aux masses… Seul le Changement peut faire évoluer l’Humanité… Seul le Changement aidera l’Humanité et l’Empire à prendre son destin en main ! Konrad entend alors des applaudissements venant de derrière lui. Il ne s’est pas rendu compte qu’il parle à haute voix et, surtout, que quelqu’un l’écoute.

- Et bien, je n’ai jamais entendu de paroles pouvant être considéré comme hérétiques dans cette enceinte.

- Je… Je… Je ne faisais qu’exprimer une opinion… Tout simplement… Mais qui es-tu ? Ton visage ne me dit rien…

- C’est vrai, je suis plus âgé et donc dans une autre aile de cet établissement. Mon nom est Blan Zeth. Je sais, c’est bizarre hein… Je viens de la lointaine Lustrie, d’une colonie contrôlée par l’Empire. Mon père m’a envoyé ici pour étudier auprès des meilleurs prêtres et revenir prêcher au nom de Sigmar.

- C’est vrai que tu as un nom bizarre. Mais, Blan, tu promets de ne pas répéter ce que je viens de dire ? Hein ?

- Bien sur, je pense un peu comme toi, surement mes influences cosmopolites, haha. Je pense que tu devrais développer cette idée. C’est à nous de faire évoluer le Culte de Sigmar. Je connais d’autres jeunes qui sont sensibles à ces idées et qui veulent aider à faire évoluer ce Culte gâteux.

- Haha, tu as bien raison. Il n’y a que des vieux qui le dirigent et pensent tout savoir…

- Il faudra que tu me les présentes ! On pourra discuter de tout cela !

- Bien sur mon jeune ami, bien sur…


Mois de Sigmarzeit – An 2529 du Calendrier Impérial – Altdorf

Konrad a rejoint rapidement le cercle de Blan et en fait partie depuis un mois maintenant. Les jeunes initiés aiment se rassembler dans les combles de l’établissement pour se regrouper, réciter des prières et pratiquer des incantations. En ce jour, l’initié Blan a proposé de faire un pacte de sang entre tous les membres, pour qu’ils soient tous liés à jamais, comme une fraternité. Chacun leur tour, les initiés sectionne une veine sur leur poignée avec une dague drôlement ouvragée. Chacun verse une partie de son sang dans un calice exotique recouvert de motifs qui semblent changer selon l’angle dans lequel on le regarde. Puis Blan utilise ce sang pour tracer un symbole différent sur le front de chaque initié. Konrad trouve que le symbole dessiné sur son front prend bien du temps comparé aux autres mais qu’importe. Blan leur propose à tous de se prendre par la main et de réciter une certaine prière pour sceller leur fraternité.

Seigneur du Changement, Architecte du Destin
Puisse ta Lumière venir sur nos frères
Etends tes ailes au dessus de nos êtres
Par le sang qui a été versé, scelle notre fraternité
Nous t’adorons et nous nous soumettons
Nous apporterons ta parole afin de sauver tous les hommes.

Au centre du cercle, le calice déposé par Blan s’enflamme d’une myriade de couleur avant que les symboles sur leur front fassent de même. Konrad sent son corps changer. Le collyre protégeant ses yeux ne fait plus effet et révèle ses yeux rouges dilatés, ses cheveux tombent et révèlent sa couronne de chair. Des épines percent sa peau déchire ses chairs formant une armure végétale coupante alors qu’il sent son visage se modifier. Ses yeux se détachent et se dirigent, chacun de leur côté, vers la paume de ses mains. Son visage devient lisse, complètement lisse. Plus d’yeux, plus de nez, plus de bouche. Et pourtant Konrad voit et ne s’étouffe pas. Konrad remarque qu’il peut continuer à parler sans sentir ses lèvres bouger.

- Par Sigmar, qu’est ce qu’il m’arrive ? Blan ! Qu’est ce donc ?!

- Ne vois-tu pas, mon jeune ami ? Sigmar est plat, vaincu et a abandonné l’Humanité depuis si longtemps. Ne vois tu pas que ce pitoyable Culte dirigé par des vieux roublards et égoïstes ne pensant qu’à leur propre gloire ne vous protège en rien ! Sigmar est mort et enterré ! Le Changement est omniprésent, le Changement guidera l’Humanité vers la vérité, le Changement est le seul salut de l’Empire !

- Non, non, ce n’est pas possible… C’est une hérésie ! Nous sommes des serviteurs de Sigmar !

- En es-tu sur mon jeune ami ? Es-tu sur que tu es totalement dévoué à ce Culte ? Tu as crié tes idées dans le dortoir, tu vois bien que Sigmar ne peut vous sauver ! Sigmar ne vous sauvera pas !

- Je… Je… Sigmar nous…

- Sigmar nous quoi ? Nous QUOI ? Sigmar n’est plus ! Seul le Changement est là, seul Tzeentch vous protégera.

- Seul Tzeentch nous protégera… Seul Tzeentch apportera le changement…

- Oui, OUI ! C’est bien mon jeune ami… Oui… Tzeentch est le Changement, le Chaos vous sauvera…

- Tzeentch est le Changement, le Chaos nous sauvera…

- Mes frères ! Tzeentch nous accorde sa bénédiction et a auréolé notre frère Konrad de bien plus de bienfaits que nous autres ! Tzeentch a désigné Konrad pour vous guider ! Tzeentch a…

Un grand bruit retentit au moment où la trappe des combles saute. Un attroupement se forme au fur et à mesure que diverses personnes pénètrent dans le lieu. Divers prêtres de l’établissement sont présents ainsi que des templiers de Sigmar.

- Traîtres ! Hérétiques ! Comment oser faire appel au nom du mal dans la maison de Sigmar !! Traîtres !! Tuer les tous !!

- Mes frères, défendons nous, défendez moi, Konrad, votre maître ! Faisons disparaitre ces gâteux rattachés aux croyances qui condamnent l’Humanité !

- Comment oses-tu mettre en doute la protection de Sigmar ! Oser apporter le Chaos aux oreilles de l’Empire ! Hérétique ! Félon ! Vous allez périr tous par les flammes de l’absolution !

Les combles se transforment en une bataille rangée entre les dévots de Sigmar et les initiés de Tzeentch. Konrad se bat comme un fou, utilisant ses incantations apprises dans son livre pour lutter contre les prêtres et templiers. Malheureusement, celles-ci sont bien ineficaces contre les dévots expérimentés de Sigmar. Konrad utilise alors son corps comme une arme, déchirant les chairs de ses ennemis l’approchant de trop près. L’ensemble des initiés sont tués, les uns après les autres. A la fin, il ne reste plus que Konrad dont personne ne semble vouloir se frotter à ses épines. Des flammes bleues tournent autour de ses mains. Les Templiers décident alors de jeter des fioles remplies d’eau bénite sur son corps qui le brulent intensément. Konrad s’effondre et tombe dans les vapes suite à la douleur.


Le 9 De Sigmarzeit – An 2529 du Calendrier Impérial – Altdorf

Konrad se réveille tout juste. Il ne se souvient pas de ce qu’il lui est arrivé depuis l’irruption des prêtres dans les combles. Les images sont encore floues devant lui. Il essaye de bouger mais sent que ses poings liés et qu’il est attaché à quelque chose. Konrad voit alors la foule présente devant lui ainsi qu’une estrade richement décoré au loin. Ses sens se réveillent les uns après les autres. Il sent le toucher du bois dans son dos et les brindilles à ses pieds, l’odeur de transpiration de la foule amassée et des cendres d’un feu se consumant. Il voit des bannières dressées au loin et croit même apercevoir l’Empereur Karl Franz avec à ses côtés le Grand Théogoniste Volkmar. Ses oreilles sifflent puis bourdonnent avant d’entendre la clameur de haine venant de la foule. Clameur dirigée contre lui. Konrad tente de se défaire de ses liens à l’aide de ses épines mais celles-ci ont été coupées à l’aide de cisailles bénites tout comme son bucher est entouré par nombre de protections.

- Frères et sœurs de l’Empire ! Nous sommes tous rassemblés ici pour offrir au feu de l’absolution cet homme qui a trahi son dieu, Sigmar !

(La foule hurle de colère)

- Frères et sœurs, fidèles loyaux sujets de l’Empire, de sa Majesté Karl Franz, qui nous fait l’honneur de sa présence, et de Sigmar ! Aujourd’hui ! Aujourd’hui, nous allons offrir aux flammes de la rédemption cet homme qui a renié son Dieu pour servir les forces du Mal et du Chaos ! Aujourd’hui, nous rappelons à tous ceux qui veulent corrompre le cœur des hommes que nous ne les laisserons jamais faire ! Aujourd’hui, nous brulons l’hérétique et l’impie ! Puisse Sigmar le laver par les flammes de sa corruption ! Pour l’Empire, Karl Franz et Sigmar !

Konrad n’est ni frustré, en colère ou triste. Non. Konrad voit les pensées défilait à une vitesse folle dans son esprit. Il ne comprend pas et comprend en même temps. Depuis cette cérémonie avec les autres initiés, ses pensées ne sont qu’un tourbillon infini dans lequel il menace de se noyer. Une sombre puissance lui apporte autant la connaissance tout en se moquant de sa faiblesse. Konrad est perdu. Konrad sait ce qu’il doit faire. Konrad a échoué. Konrad n’a pas terminé. L’Architecte a un plan pour Konrad. Konrad doit accomplir sa volonté.

Alors que les idées se font plus claires, son visage se tourne vers une figure en particulier dans la foule présente. Son visage est bien lisse et pourtant voit toujours. Il repère alors Blan Zeth. Comment peut-il être encore en vie ? Il était le seul survivant ! Comment Blan peut-il être là ? Konrad remarque un sourire se dessiner sur son visage. Ses traits changent pour prendre ceux du marchand Ben Tlanzh puis du prêtre de Morr Hanz Blet. Konrad comprend alors que tout n’était que manipulation. Mais peu importe, les idées développées jusqu’à ce jour étaient déjà en lui. Cette « chose » n’a fait que les exacerber. Konrad jette un dernier regard dans sa direction et voit alors une créature drapée d’une cape et tenant un curieux baton. Une voix glisse le mot « Changelin » dans son esprit et le réconforte alors que les flammes commencent à s’élever sur son bucher. Konrad n’y a même pas fait attention. C’est alors que plusieurs explosions de flammes fantasmagoriques surviennent à plusieurs endroits de la place. Des gens dans la foule se dévêtent et révèlent des tuniques d’un bleu chamarré et des masques aux allures vulturines. La foule se disperse dans le plus grand désordre pendant que l’Empereur et le Théogoniste sont évacués par leur garde rapprochée. Il semble bien que les loges d’Altdorf ont répondu à l’appel du Changelin pour libérer leur frère. Konrad est détaché puis emmené par une bande de ces mêmes cultistes dans les tréfonds d’Altdorf.


Epilogue :

L’Empereur et le Grand Théogoniste ordonnent des patrouilles pour retrouver Konrad et ceux qui l’ont aidé à le libérer. Mais celles-ci font chou-blanc et les cultistes capturés meurent de manière étrange dans leur cellule de la prison de la ville. Leur gardien est retrouvé plusieurs jours après dans l’un des canaux d’Altdorf. L’état de son corps semble démontré qu’il y est depuis bien longtemps. Pendant ce temps, le Changelin s’est retiré de son rôle de gardien de prison, sa mission accomplie après avoir fait mettre à l’abri le nouveau jouet de son maitre. Mais celui-ci est tellement versatile qu’il l’envoie déjà tourmenter d’autres pauvres âmes en un autre lieu du Vieux Monde. Konrad est à l’abri, oui, protégé dans le quartier des nobles par un aristocrate entièrement dévoué à Tzeentch. D’ailleurs Konrad Backer n’est plus.

Désormais, il n’y a plus que le Roi Epineux Sans Visage, serviteur dévoué de Tzeentch…
Snikkit l'Ombre rouge, Voie de l'Assassin Skaven
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