Un bruit d'échauffourée arrive à ses oreilles : le combat avait commencé. Encochant une flèche à son arc, il s'approcha d'un poste de tir sûr. Les combattants ennemis étaient nombreux, deux fois plus nombreux que les gardiens des lieux. Ils portaient des tenues de cuir et des armes de fer. Celui qui semblait être leur chef était un homme d'allure noble, avec un pourpoint défraichi blanc et bleu, avec un écusson représentant un grand oiseau. Il maniait son épée remarquablement bien, et chacun de ses coups faisait tomber un des frères de Raël. Encochant une flèche, le Scythien visa le noble. Mais comme sa flèche partait, un ennemi s'interposa et prit la flèche à la place de son chef.
Lentement, mais sûrement, les Scythiens étaient repoussés par leurs ennemis, jusqu'à finir dans la tombe de leur prince. Ils avaient formé un cercle autour de celle-ci, bien décidés à mourir plutôt qu'à laisser un intrus poser ses mains avides sur le cercueil ouvragé. Raël avait tiré ses cimeterres pour se battre au contact. Mais l'ennemi fit preuve encore une fois de sa perfidie : sur un commandement de leur chef, les soldats sortir des petites armes étranges. Raël se souvint d'en avoir déjà vu une sur un autre groupe de pillards dans sa jeunesse. Son père lui avait dit que cela s'appelait des arbalètes. Et il lui avait montré comment s'en servir.
La frayeur monta en lui quand il comprit ce que leurs ennemis comptaient faire. Les carreaux percèrent leurs corps. Un lui rentra dans la jambe droite, un autre perfora ses poumons. Tombé au sol, Raël put voir les pillards commencer à détruire la tombe pour prendre les objets précieux. La dernière chose qu'il vit fut le noble prendre dans ses mains un magnifique chacal en or et pierres précieuses. Et l'aigle de son écusson qui volait vers lui. Quel dommage, il ne pourrait pas profiter de son petit-fils. Sa fille avait été si contente, si heureuse d'avoir un garçon. Elle lui avait dit qu'elle l'appellerait Raël, comme lui. Quel dommage.
Raël se réveilla en sursaut. Aziz se tenait près de lui et lui secouait l'épaule.
« Seigneur, réveillez-vous, réveillez-vous, nous sommes arrivés. »
Reprenant ses esprits, Raël se souvint où il était. La cabine du bateau où il dormait. Elle lui avait parut de plus en plus petite au fur et à mesure que le trajet s'éternisait. Il avait été d'une monotonie intense. Même les escales étaient très courtes, ce qui empêchait le Scythien de se dégourdir les jambes au sol. Le seul moment d'excitation avait été lorsqu'un monstre marin avait décidé de faire d'eux son repas : ils avaient perdu trois marins et Dardalion avant de réussir à le repousser. Puissent-ils reposer en paix.
Suivant Aziz, Raël monta sur le pont. En effet, ils arrivaient à Marienburg. Ils étaient arrêtés au pied d'une grande tour, et un étranger était monté sur le pont. D'après ce qu'il comprenait, il était là pour guider le navire jusqu'aux docks. Une bourse changea de main et le bateau reprit son trajet, à allure lente. Les quais s'approchaient, et ils étaient impressionnant : de grands bateaux ventrus côtoyaient de longs esquifs de bois décorés de boucliers ronds peints de belles couleurs. De frêles embarcations à la voile triangulaire se tenaient aux côtés de navires blancs élancés et d'une beauté à couper le souffle.
Enfin, leur bateau toucha le quai. Ils étaient prêts à descendre à terre.