Insulte et châtiment

Azgorh est la zone la plus volcanique des Terres Sombres. C'est là que les Nains du Chaos créent leur meilleurs équipement, forgés à même la lave en fusion. C'est là qu'ils ont construit la tour de Gorgoth où sont formés les plus Grands Sorciers d'Hashut

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Le Voyageur
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Insulte et châtiment

Message par Le Voyageur »

A quelques instants de la bataille, le seigneur-sorcier Ker-Zeloth ne ressentait nulle peur, nulle appréhension. C’était une haine infinie qui brûlait dans son regard, alimentée par un trop grand nombre d’affronts et d’humiliations. Il se tenait à l’arrière de ses lignes, entre les cohortes de la Garde Infernale et les batteries de Canons Apocalypse, face au défilé cendreux et désolé de la Gorge des Vents Brûlants.
 
Voilà huit mois que Chuluun Khan le narguait. Ce chef de guerre avait réussi à unifier –exploit rarement accompli dans l’histoire des Terres Sombres- les querelleuses tribus hobgobelines du Delta Brûlant,  les exhortant à cesser leurs luttes intestines pour tourner leur attention vers leurs voisins nains de Zharr-Naggrund. Les razzias des chevaucheurs de loups, sporadiques par le passé, étaient devenues monnaie courante. Les pillards s’attaquaient aux caravanes et aux colonnes d’esclaves qui circulaient entre les différentes forteresses de l’empire des Dawi-Zharr, frappant avec une rapidité déconcertante et disparaissant tout aussi vite en emportant tout ce qui pouvait l’être, détruisant le reste.
 
Ces exactions minables n’étaient pas capables d’inquiéter les puissants et maléfiques Sorciers-Prophètes mais le contretemps qu’elles provoquaient dans leurs plans suffirent à les irriter. Le Grand Conclave désigna le seigneur-sorcier Ker-Zeloth pour éradiquer la vermine et restaurer l’ordre sur les voieries pavées d’os de l’Empire. On lui confia un régiment de la VIIIème Légion, dite la Légion Noire, une armée connue pour la cruauté et la soif de sang de ses soldats, même au sein de la race déjà perfide des Nains du Chaos. Pour Ker-Zeloth, l’honneur était grand. Quand bien même cette mission peu glorieuse aurait fait grimacer d’autres généraux, il était en quête de pouvoir et de reconnaissance, lui qui avait autrefois perdu sa crédibilité suite à une série d’échec lors d’une campagne dans les Montagnes des Larmes. Cette affectation s’était alors révélée être une bénédiction, car rien n’était plus facile que de massacrer quelques bandes de pillards nomades. Que pouvaient leurs flèches primitives et leurs lames rouillées contre l’acier noir de Zharr-Naggrund ? Ils succomberaient sous une pluie de métal, de souffre et de feu, et Ker-Zeloth retrouverait les bonnes grâces du Conclave en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Le général quitta les fumées âcres de la Plaine de Zharr à la tête de dix contingents de légionnaires, quatre de la Garde Infernale et de plusieurs escouades d’éclaireurs hobgobelins mercenaires montés sur des loups. Il serait de retour dans quelques semaines, victorieux et portant la tête de Chuluun Khan au bout d’une pique.
 
Cependant, rien ne se passa comme prévu.
 
Ker-Zeloth avait cruellement sous-estimé la ruse et la fourberie de son ennemi. Ce dernier procédait pourtant d’une manière somme toute classique pour un chef hobgobelin. Ses attaques surprises se voulaient foudroyantes et visaient à amenuiser peu à peu les forces des Nains du Chaos et à prendre la fuite avant la riposte, profitant de la légèreté de leur équipement et de la vélocité de leurs montures. Pour autant, l’esprit sournois et retors de Chuluun Khan rendait ces embuscades imprévisibles et les troupes de Zharr-Naggrund étaient constamment prises de court, incapables de répondre efficacement à l’agression. Le diable vert semblait avoir toujours un coup d’avance. Cette stratégie du harcèlement se transformait peu à peu en guerre d’usure, pour le plus grand déplaisir du seigneur dawi-zharr. Et qui plus est, Chuluun Khan avait l’arrogance de continuer ses pillages dans le sillage de ses retraites, prenant le temps de cacher son butin et de repartir avant que Ker-Zeloth et ses troupes ne puissent le rattraper.  Ce jeu du chat et de la souris était une véritable provocation et pourtant la partie de chasse s’enlisait irrémédiablement, provoquant la frustration des soldats et la rogne des officiers.
 
Aux Chutes Fumantes, les chevaucheurs de loups de Chuluun Khan se couvrirent d’herbes sèches, de ronces et de cendres au point de ressembler à s’y méprendre aux arbustes flétris de la région, si bien que la colonne des Nains du Chaos passa à moins de dix toises sans les repérer. S’ensuivit une escarmouche si rapide que les troupes de Zharr-Naggrund, ralenties par leur lourd armement, n’eurent même pas le temps de se déployer. Ker-Zeloth perdit trois mortiers Trembleterre cette nuit-là. Un mois plus tard, dans les Collines Tordues, les Dawi-Zharr perdirent la totalité de leurs éclaireurs hobgobelins lorsque ces derniers, sentant le vent tourner, préférèrent déserter pendant la nuit et rejoindre la horde des pillards. Ker-Zeloth fit le serment de les empaler vivants sur les murs de la Forteresse Noire, ce qui n’empêcha ses propres troupes d’avancer désormais à l’aveuglette, privées des renseignements que leurs donnaient leurs auxiliaires peaux-vertes jusqu’à présent. Dans les marais bitumeux du Delta Brûlant, d’habiles manœuvres des chevaucheurs de loups permirent de morceler le corps d’armée des nains, engluant l’arrière-garde dans une position désavantageuse. Lorsque Ker-Zeloth revint sur ses pas avec des renforts, ce fut pour trouver ses troupes massacrées. L’ennemi avait même pris le temps de planter certains cadavres dans les mares de goudron alentours, tête en bas, et de décorer un arbuste rabougris de leurs barbes rasées.
 
Les déconvenues et les outrages s’enchaînèrent ainsi pendant de longues semaines, jusqu’au point où la colère commença à monter dans les rangs. Les légionnaires, aussi endurcis soient-ils, marchaient depuis des mois derrière un ennemi invisible et insaisissable. Le train de ravitaillement ayant été presque entièrement détruit quelques jours après le début de la campagne, les troupes étaient strictement rationnées. Mais, pire que tout, les Dawi-Zharr se sentaient profondément humiliés par des créatures qu’ils jugeaient infiniment inférieures à eux. Le bruit commença à courir dans les rangs que le seigneur-sorcier Ker-Zeloth était victime d’une malédiction, que la gloire et la splendeur le fuyaient comme la peste et que ses échecs cuisants allaient le conduire droit dans les Fournaises de l’Oubli où son âme serait déchirée pour l’éternité, emportant avec lui tous ceux qui l’avaient accompagnés dans son implacable chute. L'intéressé eut tôt fait d’étouffer dans l’œuf toute velléité de sédition en faisant crucifier quelques officiers parmi les plus contestataires. Une fois les esprits temporairement calmés, il reprit la chasse à marche forcée, brûlant de contredire les rumeurs de ses soldats.
 
Cette occasion lui apparut enfin et le réjouit d’autant plus qu’elle était de son fait, et non simplement de celui d’une erreur de son ennemi. Ker-Zeloth venait de traquer le chef ennemi et sa horde pendant quatre jours et quatre nuits sans marquer la moindre halte. Cette manœuvre à première vue stérile avait pour objectif d’amener l’armée hobgobeline contre les falaises acérées des Gorges du Vent Brûlant, où sa seule voie de fuite possible lui faisait franchir le lit asséché d’une rivière. Cependant, le seigneur-sorcier avait connaissance d’un barrage en amont dont la retenue d’eau servait à alimenter une fonderie fortifiée de l'Empire de Mingol-Zharr-Naggrund. Plusieurs jours auparavant, Ker-Zeloth avait envoyé une équipe de sapeurs faire sauter le barrage. Un tel acte allait sans nul doute entraîner la destruction de la fonderie et la mort de nombreux Dawi, mais qu’importe ! Les eaux acides et polluées allaient dévaler les falaises en emportant tout sur leur passage, réintégrant le lit de la rivière et piégeant la horde de pillard entre ses eaux nocives et l’armée de Zharr-Naggrund !
 
Cette heure arriva et le seigneur-sorcier, à la tête de son armée, pouvait voir l’arrière-garde ennemie le narguer au bout du canyon lorsqu’une explosion puissante retentit depuis les montagnes au loin. Ker-Zeloth exultait. Un roulement sourd se fit entendre, léger au début, puis de plus en plus fort tandis que le torrent dévalait les pentes abruptes et remplissait brutalement le lit de la rivière de tourbillons fumants et bouillonnants. La vermine était piégée au bout des Gorges, il fallait frapper maintenant ! Ker-Zeloth déploya sa ligne de bataille sur toute la largeur du défilé, poussant ses cohortes vers l’avant et ordonnant aux artilleurs d’alimenter leurs machines infernales. Loin devant, dans le lacet que faisait la rivière restaurée, les chevaucheurs de loups de Chuluun Khan piétinaient sur eux-mêmes dans un grand mouvement confus, soulevant de larges nuages de cendres.
Je ne suis qu'un voyageur
Sous le soleil et la pluie
Je ne suis qu'un voyageur
Et je retourne au pays

Je n'ai plus que mon cheval
Mon cheval et mes habits
Des habits qui me vont mal
Et je retourne au pays

J'ai couru le monde, mais ma raison
M'a dit que le monde, c'était ma maison

Je ne suis qu'un voyageur
Qui chemine dans la nuit
Et je sens battre mon coeur
Car je retourne au pays

J'ai quitté ma blonde, qui m'avait dit
Va courir le monde si c'est ça ta vie

Je ne suis qu'un voyageur
Elle ne m'a jamais écrit
Et maintenant ah j'ai peur
De retourner au pays

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