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[Akisha] Où te contemplera l'éternité

Posté : 21 août 2020, 23:22
par [MJ] La Fée Enchanteresse
« Mais que pourrait devenir le bien si tout le mal disparaissait ? Et que deviendrait la terre si toutes les ombres devaient disparaître ? Les ombres sont portées par les choses et les êtres. Voilà l’ombre de mon épée que tu crains tant. Mais les ombres viennent aussi des arbres et des gens de bien.
Souhaites-tu arracher de la Terre tous les arbres et tout ce qui vit pour le fantasme d’aimer la lumière nue ? »

– Mikhail Bulgakov, tueur en série servant Khaine, condamné à mort par les Tchékistes de la Tsarine.





Toujours plus vers le nord.

Akisha Drakilos, fille d’une des plus grandes maisons nobles de la citadelle des esclaves de Karond Kar, débarquée en Norsca à la recherche de son père disparu, allait là où son équipage de Corsaires craignait d’errer : Toujours plus loin au nord.

En foulant la plage dégagée du continent, elle avait été accompagnée de dizaines de matelots éprouvés aux raids et aux dures conditions de vie de Naggaroth. Elle suivait les pas de sa propre sœur et de ses sbires, guerriers tout aussi nombreux et expérimentés. Le pays qui s’ouvrait devant les deux filles de Tevras Drakilos était étrangement vide, sans aucune trace de village ou d’habitations humaines. Peut-être que ces forces auraient été bien suffisantes pour le ramener en sécurité.

Aujourd’hui Akisha était seule. Sa première décision avait été d’attaquer sa sœur dans ce pays qu’elle ne connaissait pas. Puis laissant son navire et ses subalternes sans commandement, elle avait décidé de s’enfoncer toujours plus loin, à travers une piste bien mince, tentant de retracer les quelques rares patrouilles de maraudeurs à cheval qui erraient dans cet obscur paysage où il n’y avait ni maisonnée, ni tentes, ni terrains de chasse, ni quoi que ce soit qui pouvait laisser penser que ces Norses-là étaient sortis de quelque part.
Elle savait pourtant que son père était bien passé par ici, puisqu’elle était parvenue, quasiment par miracle, à retrouver son anneau sigillaire, la Marque ancestrale de l’appartenance du Clan Drakilos à la vieille noblesse de Nagarythe.
Mais elle avait décidé de se constituer prisonnière au moment où elle aurait dû fuir ou se battre pour sa survie. Et maintenant, sans guide, sans traducteur, sans maître de chiourme, sans ses cohortes d’arbalétriers, elle allait là où elle avait voulu se jeter :
Toujours plus vers le nord.



Elle était balancée sur le dos d’un cheval. Les Maraudeurs courraient au galop. Rien que cela n’était pas normal : On n’épuise normalement pas un cheval en le jetant toutes brides élancées sur des forêts, à moins d’être un coursier ou d’être particulièrement pressé par une quelconque manœuvre. Mais Akisha n’avait pas tellement le luxe de comprendre. Tous les guerriers autour d’elle parlaient dans une langue qu’elle ne comprenait pas, et elle était écrasée sur la croupe d’une grosse bête, essoufflée, endolorie par un coup de poing qu’un Housecarle lui avait assené dans une brutalité purement gratuite.
Au bout d’un délai qui devait être quelque chose comme une heure, le cheval s’arrêta. Le cavalier cambra sa bête. Le guerrier du Chaos chevauchant une monture bardée de fer continua avec quelques autres gardes du corps, tandis que d’autres Maraudeurs sortaient d’une forêt, à pied, pour siffler le cavalier juste à côté de l’Elfe Noire. Tout ce beau monde discuta un petit moment, puis Akisha sentit des mains l’agripper et la descendre pour la jeter à terre.

Ils se mirent à cinq au-dessus d’elle. On lui dénoua la corde qui forçait ses poignets à rester dans son dos, mais quelques longs couteaux agités sous ses yeux la forcèrent à se tenir tranquille. Une femme couverte de cicatrices et portant un grand casque sur la tête s’agenouilla devant elle. Elle lui retira son manteau de fourrure et commença à fouiller dans ses affaires. Elle trouva petit à petit tout ce qu’Akisha n’avait pas eu le temps de donner à Rekhilve et Kehem avant qu’ils ne déguerpissent : La bourse pleine de souverains d’or, les bijoux, l’épais Kheitan qu’on lui retira au-dessus de sa tête pour ne lui laisser que sa chemise – elle sentit alors que, malgré le printemps, la nuit qui commençait à tomber laissait régner un froid mordant. L’arbalète automatique les interloqua un peu plus. Ils discutaient entre eux en l’observant. L’un d’eux la choura au cours d’une dispute et de quelques claques échangées, puis la cacha dans une petite besace portée autour de son cou.
Akisha avait été rudement dépouillée. Alors, la femme au casque sorti à nouveau une corde, qu’elle passa autour du cou de la capitaine Elfe. Elle fit un nœud, qu’elle relia ensuite à ses deux poignets, pour les forcer à se placer contre son torse. Puis, avec ce qui restait de mou, elle put la tirer pour la forcer à se relever et marcher.
Akisha Drakilos put alors sentir ce que des milliers d’esclaves importés et exportés par sa famille au cours de ses quelques décennies d’existence avaient dû ressentir en étant débarqués sur les quais de la rade de Karond Kar : L’inconfort d’une strangulation permanente, la rudesse des geôliers, les yeux prédateurs des guerriers en position de force.
Peut-être qu’il y avait quelques Dieux dans cet univers pour apprécier l’ironie de la situation.

Maintenant, elle n’était plus relativement épargnée par le fait d’être jetée sur un cheval. Tous les nouveaux Maraudeurs qui s’étaient chargés d’elle remontaient sur des sommiers, et elle, devait continuer à pied. Les chevaux marchaient tranquillement au pas, alors elle pouvait suivre, à travers ce sentier d’une forêt qu’elle ne comprenait pas et ne reconnaissait pas.
Mais elle devait marcher. Encore, et encore, dans ses belles bottes normalement faites pour connaître le sel de la mer, et pas les ronces et la boue de la Norsca.




Il faisait une nuit noire. Sans lune, qu’elle soit grise ou verte. Ses pupilles de Druchii s’habituaient lentement à l’obscurité – sa physionomie l’aidait à se repérer, à ne pas trébucher sur le sol. Pourtant, c’était un détail qui avait de quoi choquer, aucun des Maraudeurs n’avait prit la peine d’allumer la moindre torche pour se guider. Ce n’était sûrement pas par manque de matériel – les patrouilleurs qu’elle avait tué en avaient bien dans leurs sacoches, et les hommes du Guerrier du Chaos devant lequel elle s’était constituée prisonnière avaient décidé de se débarrasser de leurs frères d’armes en mettant le feu à leurs dépouilles de la même manière. Mais non, ils choisissaient sciemment de rester comme ça, dans le noir complet, sans craindre de tomber sur des prédateurs ou de se perdre. Est-ce qu’ils pouvaient voir dans la nuit ? Est-ce qu’ils connaissaient le chemin par cœur ?
En observant toute la région depuis les montagnes, la nuit où elle était débarquée en Norsca, les Druchiis avaient été étonnés de ne pas apercevoir le moindre petit feu de camp. Peut-être est-ce que toute la région était parcourue par des patrouilleurs aussi discrets. Ça n’expliquait pas comment ils faisaient.

C’était le genre de choses sur lesquelles Akisha pouvait se concentrer. Parce qu’en l’espèce, elle passait surtout le plus clair de son temps à marcher. Toute la nuit durant, traînée par la corde d’une Norse qui ne la regardait pas. Personne ne la surveillait trop étroitement. Les cinq Maraudeurs semblaient presque assoupis, se reposant sur la selle de leurs chevaux. Peut-être même que s’évader ne devait pas être si compliqué que ça, si seulement elle parvenait à défaire ses nœuds. Mais s’évader pour aller où ? Elle n’avait aucun repère. Elle était couverte d’une épaisse chair de poule à cause du froid. Et elle pouvait, parfois, sursauter à cause d’un bruit qui venait de tel buisson ou de telle branche d’arbre : La Norsca abritait une faune, et même une flore hostile à tout être humain, et les Norses ne devaient leur survie face aux éléments qu’à leur pugnacité et leur folie suicidaire. Il n’était pas certain qu’elle parvienne à tenir comme eux.

Elle commençait à avoir envie de dormir. Ses jambes lui faisaient mal. Il y avait le risque de s’effondrer, surtout que la faim et la soif commençaient à la gagner. Mais elle n’eut pas le temps de découvrir avec quels égards les négriers Norses traitaient leurs traînards – de ses pupilles habituées aux ombres, elle aperçut un peu plus loin des chevaux en train de boire autour d’une mare.

Un petit campement de Norses attendant. Deux tentes, quatre Maraudeurs qui se réchauffaient et se rassasiaient de soupes autour d’un feu – ils faisaient donc bel et bien des feux de camp, pourquoi aucun n'était aperçut depuis les hauteurs ? La femme qui tirait Akisha siffla et leva sa main, avant de se présenter à la troupe. Elle désigna Akisha du pouce, puis jeta la corde à l’un des Maraudeurs en train de boire sa soupe. Vu à sa manière de parler et de désigner telle chose puis tel autre point dans l’espace, il était clair que cette femme devait occuper une fonction de commandement – un peu à la manière du Norse portant le casque à cornes qui avait été tué par les Corsaires de Drakilos.

Le Maraudeur tirait la corde d’Akisha d’une main, continuait de boire sa soupe d’une autre. Il la guidait vivement, manquant de la faire chuter en donnant des coups sur le chanvre. Et il l’approcha d’une cage sur roues – le genre qu’on pouvait tracter avec un attelage de bêtes, mais les chevaux étaient tous en train de boire et de manger. Le Norse ouvrit la cage avec un trousseau de clé qu’il gardait à la ceinture, ouvrit dans un crissement de métal, car il semblerait que cette vieille cage était rouillée, et, tirant le col de la chemise d’Akisha, il l’amena vers elle et la jeta contre le sol en bois recouvert de paille. Il poussa ses jambes pour la forcer à entrer, et referma derrière.
Et il s’éloignait aussitôt, en sirotant à nouveau sa soupe.

« Putain de merde, un nouveau ! HÉ ! Je te préviens, tout de suite ! Si tu chies ou tu pisses tu te démerdes pour le faire à travers les barreaux, sinon je t’étrangle avant que les singes te mettent la main dessus ! »

Une voix rocailleuse, dure. Tandis que les yeux d’Akisha se réhabituaient à l’obscurité, elle vit que la cage sur roues était déjà occupée – Deux Elfes se tenaient tout au bout, ligotés un peu de la même manière, poings liés devant le torse, corde autour du cou.
L’un d’eux était un jeune homme qui ne lui disait trop rien. Un Druchii aux longs cheveux de jais. Mais celui qui venait de l’engueuler, lui, elle l’avait reconnu aussitôt : Ses beaux cheveux blonds tirés en arrière, sa gueule couverte de cicatrices – ses oreilles saignaient, car on lui avait arraché les magnifiques boucles d’oreille qu’Akisha avait pris pour habitude de toujours le voir porter.
C’était le contre-maître du vaisseau de son père – Fereoth Phaeceaes, un des commandants en second les plus brillants de Karond Kar. Élégant, autoritaire, courageux. Pas un simple exécutant, pas un sbire inconnu : Il était un véritable ami de son père. Et d'elle aussi. Fereoth lui avait appris à manier l'épée, et, alors qu'elle n'était qu'une jeune fille, il était une figure connue et aimée dans la maison. La mère d'Akisha l'invitait souvent à sa table, et il régalait les enfants Drakilos de ses histoires de pillage et ses anecdotes d'aventurier.
Il était le genre d’homme à garder son sang froid en toutes circonstances
Ou du moins, c’est ce qu’elle croyait. Parce que l’homme qui était assis en face d’elle n’avait rien du grand guerrier impassible devant le feu de galions Bretonniens qu’elle avait connu dans le passé.

« Bordel de…
Akisha ? Akisha Drakilos ? »


Il papillonna des cils.
Puis, il éclata de rire. Très fort. Assez fort pour que les Norses en train de bouffer un peu plus loin se retournent. Il riait aux éclats, aux larmes, nerveusement.

« Oh cette pute de Morai-Heg me fera toujours marrer ! Putain j’y crois pas ! Akisha Drakilos !
Mais tu fais quoi ici, gamine ?! T’as conscience que tu vas crever ?! C’est génial ! Tevras qui arrêtait pas de chialer en me disant qu’il fallait que ses filles trouvent la bague avant de crever ! Ahahahaha ! Oh c’est… Woah ! »


L’autre Elfe à côté de lui posa son front contre les barreaux de fer de la cage.

« Ferme ta gueule, Fereoth.
– Hé, oh, gronde-t-il soudain en cessant son rire narquois, tu parles encore à un supérieur hiérarchique, Corsaire !
Non mais attend, y a de quoi se marrer, là ! Allez dis-moi tout, la gamine ! Comment les singes t’ont mis la patte dessus ? J’espère que t’en as buté quelques-uns, peut-être que Khaine bougera son gros cul pour venir t’aider si t’en as massacré assez, hahaha ! »
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Fereoth Phaeceaes, à imaginer sans les dorures sur le visage.



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Le corsaire.


Jet de mémoire : 4, réussite.
Jet d’observation (Bonus acuité visuelle + pas de malus d’obscurité grâce à vision nocturne) : 15, échec


Le plus difficile en étant prisonnier dans la rigueur de la Norsca, c’est la survie. Le froid, la faim et la soif, qui sont de simples contingences tant qu’on est un marin qui transporte des vivres et des sacs de couchage, risquent de se révéler être des fléaux encore pire que les geôliers Norses : Si tu ne fais pas tout ce qui est possible pour tenir, tu risques de subir des malus à tes caractéristiques, tomber malade, voire mourir d’une mort bien moins glorieuse que si elle était trouvée au combat.

Faim : Akisha commence à être affamée (Pas de malus pour l’instant)
Soif : Akisha commence à être assoiffée (Malus -1 END, INT, INI)
Froid : Akisha grelotte de froid (-1 FOR, END, HAB).

Malus totaux pour l’instant : -2 END, -1 FOR, HAB, INT, INI

Re: [Akisha] Où te contemplera l'éternité

Posté : 23 août 2020, 17:36
par Akisha Drakilos
C'est quelque chose de formidable, les convictions. Les croyances. La foi. Pas juste envers les dieux, mais envers soi et les autres. C'est au fondement des plus beaux actes et des pires horreurs.
Nous, elfes noirs, passons pour des êtres dépravés, qui ne croyons pas en grand chose. Si je ne peux me prononcer sur le premier constat, le second est faux. Mieux : nous savons. Nous savons que les dieux existent, ce qu'ils nous arrivent après la mort et que nous sommes supérieur aux restes des espèces de ce monde. On nous donne des siècles d'existence pour tout essayer et perfectionner, avec l'assurance qu'il n'y a pas de rédemption après.
Que ferait nos frères Asurs s'ils savaient que leur bonne conduite ne leur offrirait aucun bon point devant leurs dieux, qu'ils ne croiseraient de toute façon même pas ? Combien de temps avant que les masques ne tombent ?

La majorité de mon espèce croit plus en soi qu'envers les autres. Personnellement, j'ai trouvé ma propre parade au couperet qui nous attend tous à la fin du chemin. L'héritage, ici et maintenant en ce bas-monde. En laissant ma marque sur la Maison Drakilos et sur ma famille, ceux qui comptent pour moi. Difficile parfois de concilier les deux. J'espère avoir fait le bon choix en exfiltrant la bague et en me constituant prisonnière.
Je crois en mes capacités, en mon pouvoir à tirer mon père de cette situation.
Par cette seule conviction, j'ai accepté de subir une humiliante capture entre les pattes de singe des mon-keighs, être balancée comme un sac à patates sur un cheval, souffrir de la faim, puis du froid lorsqu'on m'a dépouillé. Tout mon équipement, même le collier de ma mère, que je portai partout sur moi, sauf une longue chemise qui me tombe aux cuisses et mes bottes, dernier témoin de mon statut. Connaissant ces macaques, je suis surprise qu'ils n'ait pas davantage profité de la situation, mais seul l'un d'entre eux m'a peloté quelques instants en enlevant mon kheitan. Sa lame m'a fait une vilaine balafre à la joue lorsque j'ai tenté de lui mordre la main.
J'ai aussi accepté de subir ce que nous autres Druchiis faisons à tant d'autres espèces inférieures : la corde nouée autour du cou, qu'on promène comme un vulgaire animal de compagnie. La compression à chaque respiration, les courbatures aux bras bloqués, les coups occasionnels des norses ne sont pas que la conséquence d'une faiblesse de ma part qu'ils exploiteraient. C'est un échange conscient, pas pour sauver ma vie, mais celle de mon père. Car chaque pas qu'ils me forcent à faire - pensent-ils ! - est un pas de moins entre moi et mon père.
Je n'ai pas pu l'approcher discrètement, avec Kehem et Rekhilve. Je le ferai seule, avec la complicité involontaire de ces sales singes.

Marcher des heures, ça vous libère l'esprit. Ça vous rend apprenti-philosophe sur la nature profonde des Druchiis. Et puis, ça permet de se poser quelques questions existentielles. Par exemple : pourquoi ces macaques voient dans la nuit comme moi ?. Aux dernières nouvelles, les mon-keighs ne font pas partie du club fermé des prédateurs nocturnes.
J'ai pu cogiter les raisonnements les plus invraisemblables toute la nuit, avec seulement une pause. On ne m'a guère surveillé, mais pour aller où ? Je veux aller là où est retenu mon père, et eux comme moi savent combien de temps je durerai presque nue dans un endroit pareil.
Peu de temps après la pause, nous rejoignons enfin un camp, avec des feux de camp, cette fois, où la seule guerrière femelle ordonne de me balancer dans une cage.

Rien de surprenant. Ce qui l'est en revanche, c'est l'elfe déjà à l'intérieur qui m'alpague. Je reconnais immédiatement son ton de voix, mais sa manière de parler est si improbablement différente que je crois pendant quelques secondes à la coïncidence, avant que nous ne nous reconnaissons mutuellement.
Fereoth Phaeceaes, contre-maître de mon père. L'un de ses rares amis, aussi loyal qu'un elfe noir peut l'être. Proche de ma famille, c'est lui qui m'a appris à manier l'épée. J'avais fini par l'appeler "Oncle Fereoth". À chaque retour d'un pillage, en plus de ses histoires, il me donnait une babiole "pour ma petite Kisha". Sans surprise, j'étais amoureuse de lui quand j'étais plus jeune. Une figure forte, attentive et amicale en dehors du cercle familial. Je ne lui en ai heureusement jamais parlé, ce qui m'a épargné une discussion fortement gênante.
Fereoth était une extension de mon père, le sang froid incarné. Poli sans être obséquieux, toujours professionnel. C'est pour ça que j'ai tant hésité avant de le reconnaître. Le type qui se tient face à moi est un sosie mal dégrossi de mon oncle. Il jure comme un charretier et a un rire nerveux, strident comme une lame de cimeterre, et qui tranche avec l'impassibilité résigné de l'autre elfe, que je ne connais pas. Sans doute un corsaire, ou un officier inférieur fraîchement émoulu.
Fereoth a tout de l'aliéné, du Druchii confiant en soi au point de s'effondrer mentalement en même temps que le monde autour de lui.

Je lui grimace un sourire, qui a du mal à cacher mon malaise face à son attitude, notamment sur ce qu'il a dit sur mon père. Jamais un tel manque de respect quelconque n'était venu de lui.

- "Oncle Fereoth. J'aimerai bien te dire que je suis contente de te voir en vie." Je reprends une face plus sérieuse. "Je vous ai suivi, moi et mon équipage. J'ai trouvé vos traces, mais avant que moi et mes traqueurs puissions partir davantage vers le nord, un gros groupe de mon-keighs nous est tombé dessus. Il a fallu faire des choix."

Je m'adosse aux barreaux de la cage, me tortillant pour que les froides barres ne me labourent pas le dos.

- "On a trouvé la Marque. Elle est en sécurité." Enfin, j'espère. "On en a tué neuf singes, dont trois rien que pour moi. Tu aurais été fier de moi. Maintenant, je suis ici pour mon père. Je ne vais pas gentiment me laisser saucissonner sur l'autel de ces sauvages."

Je me blottie un peu plus. Maintenant que je ne marche plus, le froid se fait plus présent, et mon ventre réclame son dû.
Je reprend la parole pour distraire ces pensées.

- "Et vous, comment vous êtes arrivé là ? Où est mon père ?"

Re: [Akisha] Où te contemplera l'éternité

Posté : 24 août 2020, 00:33
par [MJ] La Fée Enchanteresse
Fereoth siffla d’admiration en entendant le nombre de meurtres perpétrés par Akisha. Il agita la tête dans tous les sens, avec un nouveau ricanement bien inhabituel – même quand il avait des raisons de rire, il avait l’habitude de se contenter d’un simple sourire.
Les Norses lui avaient fait quelque chose, c’était certain.

« J’en ai buté sept ! En fait six confirmés, mais le septième était tellement amoché qu’il a certainement succombé à ses blessures – allez, je vais être bon jeu, je vais dire six, c’est le score que t’as à rattraper, héhéhéhé !
T’entends ça, Halkis ?
Dit-il en sifflant l’autre Elfe qui se trouvait avec eux dans la cage. Trois, six… Et toi, c’est combien, tu peux me dire combien c’est, Halkis ? Vas-y Halkis ! »

Le dénommé corsaire Halkis collait son front aux barreaux, forçait sa tête contre, en fermant les yeux.
Fereoth postillonna en riant de plus belle.

« Zé-ro !
Ce crétin s’est fait renversé par le premier Berserk venu, et il a fait semblant d’être mort durant tout le combat !

– J’étais assommé !
– T’étais totalement conscient, mens pas. Mais t’inquiète pas, maintenant toi et moi on est enfermés ensemble, on va pouvoir revoir les principes de base de l’escrime... »

Fereoth tira la langue, se lécha la lèvre inférieure, attendant peut-être une réaction de son souffre-douleur. Mais Halkis préférait garder ses yeux clos et se recroqueviller dans un coin.
Soudain, Fereoth sembla remarquer qu’Akisha lui avait posé une question importante. Il eut un petit bruit d’étonnement au fond de ses cordes vocales, et reprit à toute vitesse :

« Ha oui, Tevras, oui, ton papa…
C’est que…
J’ai pas la moindre foutue idée d’où il est passé ! Hahaha !
Non mais c’est bien que t’aies retrouvé sa bague, c’est… C’est tant mieux. Les singes l’ont attrapée comme ils ont attrapé tous mes bijoux, ont même arraché mes boucles d’oreille, heureusement ils sont trop cons pour savoir ce que la Marque signifiait. Je pense que c’était un peu l’espoir de Tevras. Il savait que c’était foutu pour lui, mais que ses filles allaient venir le chercher. Il m’a dit… Ouais, qu’il fallait s’arranger pour que la Marque soit dans un lieu qui va attirer l’attention, comme ça, toi et Megeth vous pourriez vous en emparer et rentrer en toute sécurité. Il était prêt à se sacrifier pour la maison Drakilos.
Enfin, on peut dire que c’était très utile, puisque maintenant t’es là ! Ça serait con de ramener la Marque de l’héritier si y a plus aucun héritier, pas vrai ?! »


Halkis se cogna contre les barreaux et, soudain, se mit à crier en regardant Akisha.

« C’est ce connard de Tevras qui nous a foutu dans ce pétrin ! C’est votre abruti de père !
– Hé. Doucement, prévint Fereoth en cessant soudainement de prendre son air narquois pour utiliser un ton immensément grave et froid.
– C’est vrai ! Tout est de la faute de ce bâtard ! C’est lui qui a eut l’idée merveilleuse de nous foutre à terre pour échapper à… Au truc qu’il y avait sous l’eau !
Et puis les Norses sont sortis de nulle part, ils se sont mis à nous suivre ! Ils sortent de nulle part, ils utilisent même pas de feux durant la nuit ! Ils se baladent, comme ça, apparaissent puis disparaissent, et plus on monte au nord plus il y en a partout ! On aurait dû se casser putain, ils ont joué avec nous comme avec une proie, je l’avais prévenu, mais ici c’est chez eux ! Et maintenant à cause de lui on va se faire bouffer par les Dieux Déchus ! Il nous a tués putain ! Ce sale enculé nous a buté, et maintenant même sa pute de fille va nous tuer, comme elle a probablement tué ses hommes ! Il nous a tué, ce fils de pute nous a- »


Fereoth se souleva du parterre de bois dans un bond impressionnant. Il fonça avec une vitesse folle sur Halkis, et, de toutes ses forces, dégagea ses poings pour tendre la corde qui reliait son cou. Il glissa ses mains autour du Corsaire. Ainsi, il parvint à nouer le chanvre autour de la trachée de Halkis, et, en forçant très fort, il commença à faire saigner sa peau en le marquant d’une forte strangulation.
Halkis donna des coups de pieds contre les barreaux pour tenter de se dégager, mais il n’était pas assez fort. Le contre-maître était en train de lentement le tuer, ses lèvres commençaient déjà à violacer, tandis que Fereoth hurlait comme un malade :

« SERVICE JUSQU'À LA MORT ! Service jusqu’à la mort ! MOI, CORSAIRE, jure de servir mon maître jusqu’à LA MORT ! »

Les Norses au coin du feu désignaient la cage du bout de la main. Ils s’esclaffaient. Visiblement, le spectacle les réjouissait.
Fereoth, lui, observait maintenant Akisha avec de grandes pupilles dilatées, et un sourire dément.

« Tu veux que je lui fasse payer la manière dont il t’a insulté, hein ?! Ça serait un grand plaisir ! »

Jet de résistance mentale de Halkis : 12, échec.

Re: [Akisha] Où te contemplera l'éternité

Posté : 26 août 2020, 17:20
par Akisha Drakilos
Je comprends rapidement l'attitude mutique du Corsaire, Halkis, à son poste de souffre-douleur auprès de mon ancien mentor détraqué. Vu ses réactions, je suppose qu'il le supporte depuis un certain temps.

La bouche sèche, j'écoute attentivement - très attentivement, vous pouvez me croire - les informations de Fereoth sur mon père. Pas de nouvelles. Probablement emmené encore plus loin au nord, pour le sacrifice. Je grimace un sourire forcé aux suppositions de Fereoth. Bien sûr qu'il était prêt à se sacrifier, comme moi pour lui. Il m'a éduqué, après tout.

- "On l'a retrouvé dans un camp de patrouilles des macaques. On a attaqué six gars à trois, c'était une manœu-"

Je suis coupée par un Halkis finalement moins mentalement stable que je ne le pensais. J'avoue être pétrifiée par la violence de son fiel, qui tranche totalement avec le respect hiérarchique de mise chez les Druchiis. Seul des circonstances exceptionnelles peuvent ainsi briser de façon aussi spectaculaire les relations entre un subalterne et son noble. Mon père a tué pour des remarques moins virulentes.
Fereoth, lui, ne l'a pas oublié, et réagit avant moi. Bondissant sur Halkis, il glisse la corde entre ses mains pour étrangler le Corsaire. Halkis pâlit à vue d'oeil sous les hurlements du contremaître, et dans mon dos les rires gras de nos geôliers. Au milieu des cris, j'entends Fereoth me demandant la permission d'exécuter le goujat.

Je me rapproche d'eux, passe affectueusement une main dans les cheveux de Fereoth, et un doigt entre la corde et la gorge d'Halkis pour le laisser respirer.

- "Bien sûr... Bien sûr que ça me ferait plaisir, oncle Fereoth..."

Je retire mon doigt pour me retrouver nez à nez avec Halkis, une nouvelle fois privé de souffle.

- "En temps normal, je t'aurai fait raccourcir de quelques dizaines de centimètres pour ce que tu viens de dire. Heureusement pour toi, rien de ce qui se passe actuellement n'est normal. À moins que tu ne l'es pas compris, nous allons nous faire sacrifier pour la gloire du Prince. Si nous nous laissons faire, nous sommes déjà morts."

Je glisse ma main dans celle de Fereoth, comme lorsque je la saisissais lorsqu'il me relevait après un duel d'entraînement perdu. Excepté que, contrairement à cette lointaine époque, ma main est presque plus grande que la sienne.

- "Oncle Fereoth, s'il te plaît... Il va nous falloir tous les bras disponibles. En plus, je ne supporterai pas l'odeur d'un macchabée dans la même cage que moi." Mes traits se durcissent, comme j'adopte une expression sévère. J'indique du pouce les norses rieurs, qui n'en perdent pas une miette. "Et je ne supporterai pas que des Druchiis s'offrent en spectacle pour le plaisir de mon-keighs. Ce n'est pas l'ordre des choses."

Je tâche de capter leur attention, passer à autre chose pour ne pas laisser pourrir l'abcès.

- "Nous retrouverons mon père pour le sacrifice. Mais si nous sommes toujours dans cette cage lors des retrouvailles, c'est qu'il sera trop tard. Je ne compte pas gentiment me laisser traîner jusqu'à leur autel barbare. Nous allons nous évader."

Je passe la main sur le tissu de ma tunique. Elle est gelée.

- "Il va me falloir plus de renseignements. Depuis combien de temps êtes-vous séparés du reste de l'équipage et de mon père ? Comment êtes-vous traités par les macaques dans cette cage ? J'ai faim, j'ai soif et cette malheureuse tunique ne va pas me sauver de l'hypothermie."

Re: [Akisha] Où te contemplera l'éternité

Posté : 26 août 2020, 22:00
par [MJ] La Fée Enchanteresse
Les arguments d’Akisha firent mouche. Comme un demeuré, Fereoth hocha plusieurs fois la tête, avant de finalement tendre ses poings de toutes ses forces, bandant assez la corde pour que le Corsaire puisse enfin quitter son emprise et s’effondrer à terre.
Halkis avait de la morve qui dégoulinait de son nez. Un long filet de bave qui sortait de ses lèvres. Il toussa des glaires, et s’effondra sur le côté pour tenter de reprendre sa respiration. « Oncle Fereoth », lui, retourna se coller dans son coin, en se donnant des petites claques sur ses joues, tout en poussant des petits bruits au fond de sa gorge. Peut-être pour se débarrasser de l’adrénaline qui l’avait envahi. Ou juste parce qu’il était bien fêlé.

« Oué… Oué t’as raison, t’as raison… Faut pas se donner en spectacle devant les singes, c’est ce qu’ils veulent…
T’entends, Halkis ! Faut pas se donner en spectacle devant les singes !

Ferme ta gueule putain... »

La voix de Halkis était torturée. La force exercée contre sa trachée avait également affecté ses cordes vocales. Il rampa minablement dans son coin, et posa ses mains sur son visage.
Au moins, la soudaine attaque de Fereoth l’avait forcé à se ressaisir. À défaut d’autres choses.

« Depuis combien de temps ?
Bordel, j’ai pas vu le temps filer ! Hé Halkis, depuis combien de temps on est prisonniers ? »


Halkis retira les mains de son visage. Il lança un regard noir à Fereoth, puis observa Akisha pour parler avec sa voix chevrotante.

« Dix-sept jours et dix-sept nuits.…
– En comptant celle en ce moment, là ?
– Dix-sept jours et dix-huit nuits.
– Ah bah c’est plus précis !
Tu vois Kisha, Halkis il compte encore les jours. Moi, j’avoue que…
J’avoue que ça va faire quelques temps, là, je crois que j'ai un petit peu perdu la tête, hahahaha ! »


Il pouffa de rire à nouveau. Puis passa une main sur son nez.

« Excuse-moi un instant... »

Il souriait. Et il pleurait des larmes de joie tout en étant pris d’un départ de fou rire.
Devant son incapacité à répondre aux questions d’Akisha, Halkis tenta d’ignorer le plus possible son cirque pour prendre la suite.

« On était plus nombreux avant… Ils nous ont séparés en petits groupes.
– Hahaha… Hé… Hahaha !
– Ils nous… Ils nous nourrissaient en foutant de la bouffe au milieu… Pas assez pour nous tous.
Fereoth a… A organisé le rationnement. Mais c’était vraiment pas assez pour tous. Alors, forcément, y a un Corsaire ou deux, ils ont essayé de prendre plus que ce qu’ils devaient.
Alors… Alors Fereoth a… a... »


Fereoth conclut à sa place :

« Disons qu’on était six, et que maintenant on est plus que deux ! Hahahaha ! »

Et il offrit alors à Akisha un sourire carnassier, qui affichait toutes ses dents.

« Je… Je crois même pas que ce soit si dur que ça de s’enfuir, dame Akisha », reprit un Halkis soudain beaucoup plus respectueux. « La porte, je peux la crocheter avec une simple tige en métal. Les gardes, ils nous regardent que quand ils veulent qu’on se donne en spectacle, sinon ils nous surveillent à peine.
Je crois que… Je crois qu’ils savent que même si on s’échappait, on ferait pas long feu en Norsca. On peut pas juste s’échapper. Au moins en restant dans la cage, ils nous filent à manger. »


Fereoth cessa son fou rire pour se contenter de quelques petits gloussements.

« Mais… Mais pourquoi t’es toute seule Kisha ?
Je veux dire… Ton père t’as filé un macaque costaud. Y avait Megeth avec toi.
Me dit pas que t’as perdu tout ton équipage ? »

Jet de charisme (Bonus : +6) : 5, réussi très largement.

Re: [Akisha] Où te contemplera l'éternité

Posté : 31 août 2020, 19:20
par Akisha Drakilos
Je fixe Fereoth, incrédule, tandis qu'il penche silencieusement sa tête d'avant en arrière pendant de longues secondes. À ses poings, Halkis se remet à s'étrangler dans le chanvre des liens. Il finit par étendre ses bras, et le corsaire grande gueule s'effondre dans un mélange de larmes et de morve à nos pieds. Soulagement.

L'ancien contremaître de mon père, lui, retourne se recroqueviller dans un coin de la cellule. Il alterne entre ricanements et auto-gifles tout en fixant les mon-keighs près du feu.
Difficile de décrire ce que je ressens en voyant un pilier de mon enfance dans un état aussi délabré. Du mépris. De la pitié, dont il ne voudrait sûrement pas. De la peur aussi, face à un forcené totalement incontrôlable.
Halkis rampe dans son propre coin et me voilà seule debout, rempart et interface entre les deux compères malgré eux.

Ils finissent par me répondre sur la durée de leur détention. Plus de deux semaines, bon sang. Presque vingt jours depuis la capture de mon père et de son équipage.
Comme Fereoth semble une fois de plus en prise à un fou rire nerveux et inquiétant, je grogne et me tourne vers Halkis.

- "Et la nourriture ?"

Halkis me répond. Il me faut une dizaine de secondes et la phrase finale de Fereoth pour que je comprenne ce que sous-entend Halkis.
Vingt jours. Une nourriture insuffisante. Six personnes. Le sourire prédateur de Fereoth.

Bande de grands malades.

- "Certains se sont échappés ? Et toi, tu as..." demandé-je à Halkis. "Non, je n'ai pas envie de savoir. Bon, la cage ?"

Halkis me répond une fois de plus. La cage n'est pas l'obstacle en soi : c'est l'environnement. Et c'est plutôt efficace.
Donc si l'on veut s'en sortir, il faudra soit être proche d'un lieu de vie pour voler de l'équipement, soit reprendre d'une manière ou d'une autre le notre aux mains des geôliers. Sachant qu'il faudra le jour de l'évasion être assez proche du lieu de sacrifice pour intercepter mon père... Mais sans trop tarder, sans quoi nous serons trop épuisés par le traitement subi dans la cage pour nous en sortir.
Morai-Heg, j'espère que ma foi en toi et le destin que tu me réserves n'est pas déplacée.

Je suis interrompue dans mes réflexions par les questions de Fereoth. Je me retourne vers lui.

- "Keighi était trop balourd pour la traque à l'intérieur des terres. Et la traînée qui me sert de sœur a saboté mon Reaver pour trouver la Marque avant moi. Pour autant que je le sache, mon équipage va bien et rapporte la Marque à Karond Kar. Moi, je m'occupe de libérer mon père, et nous dans la foulée." Je tapote la cage du doigt. "À en croire Halkis, on peut s'enfuir quand on veut, donc il s'agit de bien calculer le moment de notre évasion. Si on sort trop tôt, nous risquons d'être perdu sans équipements et sans savoir l'emplacement de mon père. Si on sort trop tard, on va finir épuisé par les conditions de vie dans cette cage, et bon pour le sacrifice sur leur foutu autel. D'ailleurs, vous vous collerez à moi cette nuit, qu'on n'attrape pas une saloperie à cause du froid.
- Pourquoi toi au milieu ?
- Parce que je suis encore la plus en forme. Et je vous connais, vous vous battrez pour être celui qui se collera à moi sinon."

J'observe les norses, toujours au coin du feu.

- "Et j'aimerai savoir dans combien de jours sont censés avoir lieu les émouvantes retrouvailles avec mon père. Je vais essayer de leur tirer les vers du nez." Je me redresse et me colle aux barreaux, haussant la voix pour m'adresser aux mon-keighs. "Eh ! Y'en a qui parle Druchii ? Combien de temps je vais devoir me coltiner les deux timbrés, là ?!"

Re: [Akisha] Où te contemplera l'éternité

Posté : 03 sept. 2020, 15:00
par [MJ] La Fée Enchanteresse
Ayant arrangé le moyen de lutter contre le froid, Akisha se décida à aller héler les Norses pour obtenir des renseignements.
Criant en leur direction, les maraudeurs en train de brailler et de manger au coin de leur feu retournèrent bien leurs yeux pour l’observer. Mais aucun ne semblait comprendre un traître mot de ce qu’elle disait. Un homme la siffla et sembla lui hurler dessus des grossièretés.

« Vous perdez votre temps, ça va juste vous attirer des emmerdes... »

Un des maraudeurs décida pourtant bien de s’éloigner du feu. C’était la femelle portant le casque à cornes, celle qu’Akisha avait pu observer en train de mener les chevaux en tête de convoi durant la journée.
Alors qu’elle lui faisait face, l’Elfe pouvait un peu mieux la discerner. C’était une très grande dame, laide, le nez grossi par des coups qu’elle avait dû recevoir, une longue estafilade cicatrisée sur son front, des cheveux roux secs et longs qu’elle nouait dans des sortes de nœuds plutôt élégants enserrés de barrettes d’ambre. Si elle portait une tenue aussi commune que ses camarades, faite de grosses peaux fourrées qui devaient lui tenir bien chaud, Akisha put noter qu’elle portait à sa ceinture une épée peu commune – elle était sertie de pierres précieuses et possédait des quillons dorés.
Alors qu’Akisha essayait de creuser sa mémoire pour savoir où elle avait bien pu croiser de telles armes, la rousse passa sa main à travers les barreaux pour se saisir du col de l’Elfe. Elle l’attira à elle, et écrasa la tête de la fille Drakilos contre l’acier, tandis qu’une autre main se saisissait d’elle pour commencer à l’étrangler.

« Hé ! Lâche-la ! »

Fereoth, dans un pur réflexe instinctif, bondit debout. Qu’espérait-il accomplir ? Son geste vif, irréfléchi, ne fit qu’entraîner un mouvement depuis le coin du feu. Dans l’angle de son champ de vision, Akisha vit les Norses siffler, l’un d’eux dégainant une hache et courant vers la cage en désignant le contre-maître de son arme, tandis qu’un autre de ces maraudeurs cherchait sa lance au milieu de son barda.
Mais Akisha n’eut pas trop le temps de se concentrer là-dessus. La rousse dégaina son couteau, et le planta dans la pommette de sa joue.
Elle jouait du couteau. Elle ne perforait pas la peau – elle l’écorchait. Lentement, elle retirait une feuille de joue comme on retire la peau d’un poisson. En même temps, les dents serrées, elle murmurait quelque chose dans sa langue incompréhensible.

Akisha ne pouvait rien faire. Paralysée par la douleur, écrasée contre la cage, elle était parfaitement à la merci de la maraudeuse.

Finalement, la rousse la lâcha et la repoussa. Akisha s’effondra au sol, la joue endolorie, marquée, à vif.
Elle s’éloignait en jouant avec son couteau, tandis que Fereoth s’agenouillait à côté de la fille Drakilos pour la soutenir.

« T’es conne, bordel ! À quoi ça servait ?!
Putain ! On a rien pour bander ta plaie ! »


Au moins Fereoth avait fini de ricaner comme un abruti. Il attrapa Akisha et la relevait. Vu son regard paniqué, il était très clair que la blessure qu’avait subit ne devait vraiment pas être belle à voir.

La douleur était pulsatile. Puissante. La peau était d’autant plus à vif que le simple contact de l’air faisait mal.

Elle put passer une heure à douiller, quand enfin, un Norse daigna amener la pitance qu’on réservait au prisonnier. Une petite coupe en terre crue était remplie de cervoise, et une seule gamelle contenant une sorte de gruau mélangé à du poisson. À priori, rien de toxique ou de mauvais : Mais les quantités étaient assez infimes pour qu’une seule personne puisse vraiment boire et manger à sa faim.

« Faut que tu manges et que tu boives, Kisha. »

En entendant ça, Halkis se releva aussitôt. Il était resté dans son coin, n’ayant même pas réagis lorsque la fille Drakilos avait été attrapée.

« Comment ça ? Faut rationner ! Ça va faire des jours que tu nous obliges à tout partager, c’est pas pour tout lui filer !
– C’est la descendante de la famille Drakilos, corsaire.
– Rien à foutre ! Tu lui files ton tiers si tu veux, mais il est hors de question que je passe une nuit de plus la gorge sèche ! »

Charisme d’Akisha : 16, échec de 6.
Intelligence d’Akisha : 20, échec critique. Akisha ne voit rien arriver...

Habilité d’Akisha : 19. Akisha est attrapée et lacérée.
Akisha perd 2 PV. Il lui en reste 48.
Akisha a la peau de la joue arrachée. C’est une cicatrice qui restera indéfiniment.

Re: [Akisha] Où te contemplera l'éternité

Posté : 12 sept. 2020, 23:54
par Akisha Drakilos
Malgré les protestations de mes compères, mon appel attire l'attention d'un des norses. Une femelle, avec un casque à cornes. Probablement une cheftaine.
Plus elle se rapproche, mieux je la distingue. La mon-keigh est non seulement pourvue du manque de grâce et des traits grossiers naturels à sa race, mais pue comme un mâle. La puanteur est presque physique.

Elle se tient devant moi, en silence. Mes yeux descendent jusqu'à sa ceinture. Son épée est raffinée. Trop raffinée. Où est-ce que j'ai déjà vu cette lame ?
...
Eh ! Attendez une min-



Choc en avant. Douleur.
Sens une molaire bouger au fond. Goût métallique du sang dans la bouche. Pression sur la gorge. Étouffe.
Cri dans mon dos. Fereoth ? Ne sait pas.

Douleur. Part comme une aiguille de la joue. Se diffuse au reste du visage. Douleur. Chaud, froid en même temps.
Pression part. Je tombe. Douleur. Douleur.
Pris par le bras par Fereoth. Me crie dessus. Sens son haleine chaude sur joue. Comprend pas.

Comprend p...

***
Je reviens à moi. Me suis évanouie de douleur. Larmes de douleur roulent sur ma joue, comme du sel sur la blessure.
Quel genre de capitaine je suis ?

- "Pute rousse... Noyer... Sang."

Ce qu'a fait cette salope à ma joue. Elle palpite comme si c'était vivant. Comme si la moitié gauche de ma mâchoire voulait se barrer.
Fereoth me scrute, concerné. Paraît plus si lunatique, d'un coup.
Chaque mouvement, chaque parole fait souffrir. Fait suinter ma joue.

- "Me faudra... Seconde vie pour régler tous mes comptes..."

Un bras surgit des barreaux. Dépose de la nourriture. Oncle Fereoth me demande de manger. Halkis se lève. Proteste.

Suis pas arrivée jusque là... Pour crever comme un mon-keigh dans la fange.
Je saisis fermement la main de Fereoth, puis l'épaule pour me redresser. Halkis, pute rousse, Megeth... Vais tous les bouffer... Me venger.

- "Halkis. M'a suffit... D'une heure pour sauver... Tes miches. Pas foutu de le faire tout seul."

Fereoth me saisit, me porte à moitié. Je montre ma joue à Halkis.

- "Tu vois, ça, Ildyrein !? Subit ça pour mon père !" Je pince ma joue pour montrer ma détermination. Idée stupide. Pleure de douleur. "Alors si tu crois... Que je vais laisser un larbin de seconde zone m'empêcher de me venger ! Vas-y ! Essaie ! Je vais te désaltérer le gosier avec ton sang !"

Je sais pas ce qu'il me prend. Complètement survoltée.

- "J'aurais pu laisser Fereoth te crever comme une larve ! C'est une erreur de pas l'avoir fait ? L'est pas trop tard pour reconsidérer la question."

Re: [Akisha] Où te contemplera l'éternité

Posté : 15 sept. 2020, 15:06
par [MJ] La Fée Enchanteresse
Halkis ferma sa gueule. L’Elfe qui parlait trop eut l’intelligence de serrer ses lèvres – d’autant plus lorsqu’il aperçut Fereoth lui lancer un sourire aussi vicelard que dérangeant en coin. Il commença à lentement battre en retraite, et se colla à nouveau dans un coin de sa cage, soudainement fort silencieux.
L’impétueux maintenant calmé, le contre-maître put s’occuper de sa maîtresse. Il l’aida à se nourrir et à manger. La pitance était médiocre, mais après une journée entière passée à marcher, l’Elfe en avait besoin. Son ventre ne gargouillerait pas cette nuit, et sa gorge cesserait d’être aussi sèche. Ce serait au détriment de ses comparses d’infortune, évidemment.

À peine nourrie, à peine abreuvée, Fereoth l’aida à se coller contre la cage, et, avachie entre les deux sbires, tous les trois tentèrent tant bien que mal de fermer l’œil pour rattraper un peu de sommeil.

« Une nuit de plus… C’est juste ça qu’il faut gratter, les nuits et les jours à survivre.
– Jusqu’à ce qu’on soit sacrifiés, grogna Halkis à voix très basse.
– Tout à fait ! »

Et il pouffa à nouveau de rire.



La nuit d’Akisha fut tout sauf apaisée. Ne parvenant pas à trouver le sommeil, sa joue lui faisant un mal de chien, elle ne pouvait que s’assoupir par intermittence, avant d’être soudainement réveillée par un Norse parti pisser contre un arbre, ou un craquement de branchage dans la forêt. Elle grelottait de froid. Ses extrémités étaient là où la douleur commença à venir en tout premier lieu : ses mains se couvraient d’engelures, et devenaient difficiles à mouvoir.
Aux aurores, les paupières lourdes, le cœur se mettant à être traversé de pulsations, Akisha devait tenir entre un Halkis aussi grelottant qu’elle, et un Fereoth qui, étrangement, était totalement dans son élément. Le contre-maître ronflait, d’un sommeil fort lourd, un filet de salive dégoulinant d’un coin de ses lèvres.

Il y eut du mouvement. Les Norses rempaquetaient leurs tentes, éteignaient leur feu de camp et raclaient la terre avec leurs bottes pour effacer leurs traces. La folle aux cornes tapa fort sur la cage, ce qui fit sursauter Fereoth, qui se mit à railler :

« Pourquoi ils nous réveillent ?! Ça leur apporte quoi ?!
C’est quand même fou, ça ! Je demande pas le service d’hôtellerie mais le sommeil d’un Elfe c’est sacré ! »


Bien sûr, personne ne lui répondit quoi que ce soit. Les Norses rangeaient leur matériel dans des sacoches et des fontes de selle, grimpèrent tous sur leurs bêtes, et ainsi, la cage put redémarrer.
Toujours plus vers le nord.


Jet de charisme d’Akisha : 6, ça passe bien.
Malus de faim et de soif temporairement annulés.

Résistance au froid d’Akisha : 18, large échec.
Malus liés au froid maintenus.

Image

Fereoth et Halkis se regardaient en chien de faïence. Le premier avait un grand sourire. Le second fronçait des sourcils en lui jetant un regard de meurtrier. Comment un prisonnier était censé occuper sa captivité ? Pouvaient-ils chantonner ? Pérorer pour préparer un plan d’évasion ? Se réconforter par des propos rassurants ?
Fereoth et Halkis semblaient avoir dépassé toutes ces étapes. En plus de leur fierté particulièrement Druchii, en plus de la surveillance des Norses à cheval qui rodaient tout autour de la cage, ils semblaient avoir vécu des instants bien terrifiants ensemble. Ils se contentaient donc de se taire et de se regarder, face-à-face, aux aguets, comme s’ils se méfiaient d’un geste de l’un ou de l’autre.
La paranoïa était une qualité chez les Druchii. Tous vivent dans la crainte d’un couteau dans le dos.

Il faisait un sale temps. Nuageux. Légèrement brumeux. Assez frais. Et ils roulaient tranquillement au milieu d’un paysage de vide. Ils n’avaient plus que ça à faire : Attendre.

« Bon, j’ai envie de pisser. »

Fereoth se retourna et se colla aux barreaux de la cage. Baissant son falzar, il se mit à uriner entre les interstices de fer, tout en sifflotant une petite mélodie sympathique.

« Tu la reconnais la chanson, Halkis ?
– Non.
– ♫ Ooooh, il était, un, petit navire-euh ;
Qui n’avait ja, ja, ja-mais navigué ! »


Halkis se mit à afficher clairement ses crocs. Parce qu’il ne fallait pas être grand clerc pour se souvenir de la suite de la comptine :

♫ On tira à la courte-paille,
Pour savoir qui, qui, qui serait mangé...


« Ohé-ohé matelot ! Matelot navigue sur les flots ! ♪
Ohé, ohé, matelot ! Ma-te-lot navigue sur les flooots ! ♪ »


Fereoth remonta son pantalon en ayant soigneusement achevé son affaire, y comprit en vidant les dernières gouttes restantes. Il se retourna tout guilleret, en dansant presque dans son coin de la cage qui grinçait sous le lent roulis des roues en bois.

« Non mais c’est quoi cette tête Halkis ? Hé, fait pas cette bouille, tu- »

Un des Maraudeurs se mit à hurler de douleur. Les trois Elfes prisonniers se retournèrent, et purent voir comment, depuis une sorte de tranchée à quelque chose comme une vingtaine de mètre de là, des carreaux se mettaient à pleuvoir dans la direction des guerriers Norses. Plusieurs d’entre eux furent traversés par les projectiles, et se mirent à crier. La guerrière rousse leva son bouclier, et sembla ordonner en postillonnant à ses sbires de faire de même.

Fereoth bondit.

« Putain de merde ! Il se passe quoi maintenant ?! »

Depuis la tranchée, une espèce d’éclair noir se mit à voler. Il traversa à toute vitesse la distance, et frappa en plein fouet l’un des Norses. Son cheval se cambra, leva ses deux pattes en l’air dans un hennissement infernal. Désarçonné, il se jeta à terre dans une agonie foudroyante, se roulant par terre comme s’il était enflammé, les gerbes d’aethyr le liquéfiant sur place.
La rousse tira son épée, et hurla un cri de guerre. Alors, les quatre cavaliers encore debout s’élancèrent à toute vitesse en direction de la tranchée, pour se porter au combat.

Halkis se leva et fonça sur la grille de la cage, à la recherche du cadenas.

« C’est maintenant ou jamais !
– Non ! On reste là !
– Tu déconnes ?!
– On sait pas ce qui se passe, ni qui sont ces types !
– On va pas rester enfermés là-dedans à tranquillement attendre que les Norses reviennent, t’es fêlé ! »

Dix archers tirent une salve de flèches.
Ils sont à une distance de 20 mètres.

4 d’entre eux touchent.

Reste 42 PV au Maraudeur 1.
Reste 44 PV au Maraudeur 2.
Reste 43 PV au Maraudeur 3.
Reste 41 PV au Maraudeur 4.

Huit archers sont encore en état de tirer une deuxième salve (Il y a eut deux échecs critiques dans le tir des premiers archers). Seul un parvient à toucher une deuxième fois.

Il reste 25 PV au Maraudeur 1.

Incantation de Magie Noire : « Éclair maléfique. »
Jet : 4, réussite.

Le Maraudeur 3 est désarçonné de son cheval et projeté à terre. Il lui reste 23 PV.

Re: [Akisha] Où te contemplera l'éternité

Posté : 15 sept. 2020, 23:25
par Akisha Drakilos
L'adrénaline me quitte au moment où Halkis décide de se plier à mes grognements. Il bat lentement en retraite vers son coin de cage, sans nous tourner le dos.
Nous voilà redescendu au stade primaire de l'organisation sociale Druchii. La louve alpha a gagné son repas du soir.
Pas de quoi être fier, mais le pouvoir exige toujours de montrer les crocs. Montrer que l'on a pas peur de s'en servir pour faire mal, si besoin. Je sais que certains nobles s'en satisfont. Pas moi.
Sans la colère pour me maintenir, je titube et manque de tomber, si ce n'était l'aide de Fereoth. Il m'adosse à la cage, et je glisse lentement sur le sol.
Il s'accroupit et me donne la cuillerée. Je suis dans un état trop lamentable pour m'indigner d'un traitement si enfantin.



Après le "repas", Fereoth et Halkis vinrent se coller à moi pour la nuit, le premier avec joie, le second à reculons.
La nuit dura une éternité, impossible de trouver le sommeil. Accablé par la fièvre, mon esprit s'aventura aux lisières de la conscience, et revint pour mieux mélanger rêve et réalité.
Je me sentais comme enfermée dans un carcan de glace, condamnée à flotter dans un état second. La chaleur semblait comme pulser par vague dans mon corps, avec pour origine ma joue écorchée. À chaque nouvelle vague, les extrémités de mes membres étaient plus douloureuses.

Après m'être endormie à une période indéfinie, la catin rousse nous réveilla en cognant son casque aux barreaux. Il s'avéra que mes rêveries n'étaient pas loin de la réalité : mes doigts et orteils se gonflaient, ressemblants de plus en plus à des petits boudins rouges. Je portais les phalanges sur mes lèvres : elles étaient gelées.
Au moins n'étaient-elles pas encore noires, signe de nécrose. Peut-être le fruit des dures conditions de Karond Kar.

*** Déjà des heures que nous traversons ce paysage morne, brumeux et marécageux. L'intérieur des côtes norses est décidément pleine de surprises.
Pas de quoi sauter au plafond, c'est certain. Mais il faut bien s'occuper. Avoir observé Fereoth et Halkis a été amusant pendant un temps. Ils se regardent comme s'ils s'attendaient à ce que l'autre leur saute dessus pour le planter. Avec quoi, je ne sais pas.
Les dents peut-être, dans le cas de Fereoth.

Me voilà donc à regarder d'un œil vide un paysage tout aussi vide, au rythme des pulsations de ma blessure. L'intensité à diminuer, et est maintenant moins une gêne qu'un indicateur de temps.
J'entends dans mon dos un bruit humide : Fereoth se soulage entre les barreaux, tentant de viser le cheval du norse le plus proche de son jet.
L'une de ses énièmes piques envers Halkis tourne court lorsque l'un des mon-keighs glapit.
Pendant un instant, je craint que l'urine de Fereoth ait atteint le norse plutôt que le cheval, avant de percuter : c'est une hampe qui dépasse du norse.

En quelques instants, la route tourne au champ de bataille. Les projectiles pleuvent, alors que les norses tâchent de se regrouper à l'abri. Le même norse est désarçonné dans un éclair puant d'aethyr, avant de convulser au sol dans de grands cris.
Troublée, je fixe les nombreux projectiles fichées dans le sol. J'y reconnais des carreaux.

- "Depuis quand les mon-keighs du nord utilisent des arbalètes ?" marmonné-je.

Loin de mes préoccupations, Halkis se lève et commence à trafiquer le cadenas. Le reste des norses s'apprêtant à lancer une charge, c'est l'instant ou jamais. À ma surprise, Fereoth s'y oppose.
Je me lève et les rejoint devant la porte de la cage.

- "Halkis a raison. Que ce soit d'autres mon-keighs, des Druchiis ou quelque d'encore pire, je préfère y faire face en dehors de cette cage, ou mieux : ne pas y faire face du tout !"

Je pointe le norse au sol, toujours en train de se rouler de douleur.

- "Si Halkis est assez rapide pour ouvrir la porte, il sera peut-être encore assez assommé pour qu'on lui prenne son arme. Sinon, on fonce se cacher."

Si je tiens à m'éloigner de la mêlée, je suis malgré tout curieuse de savoir l'identité des attaquants. Je n'ai aucune connaissance magique qui pourrait m'aider, mais l'arbalète est une arme Druchii, pour ce que j'en sais. Je dois savoir s'il s'agit de Megeth, ou de survivants de l'équipage de mon père.
Et avec de la chance, peut-être pourrons-nous récupérer l'équipement des morts après la bataille...