[Erwan de la rivière] Celui qui chante

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] Le Roi maudit
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Re: [Erwan de la rivière] Celui qui chante

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Se replaçant, la jeune noble sourit avant de reprendre pour un temps leur leçon. Se permettait-elle d'oublier pour un temps ses soucis, les charognards rodant autour de son nom et de ses terres ? Sûrement.
Et ils dansèrent, ils dansèrent jusqu'à ce que le Soleil ne décline doucement dans le ciel, indiquant la fin de l'après-midi.

Mathilde proposa alors de s'en retourner au Château. Bien entendu que ce soit dans le jardin ou les couloirs de pierre désormais si familiers, on ne faisait pas tomber le masque. Les oreilles indiscrètes étaient partout.

-En l'absence de mon père, le seigneur des lieux, c'est mon oncle Hugues qui s'affaire à la régence. Mais il ne peut vous recevoir, Klaus, il est en campagne avec notre bailli. Il semblerait qu'un prisonnier ne se soit échappé. Tout ça ne sont qu'affaires d'Hommes et de politiciens. Voudriez vous prendre une infusion avec moi ?

Ils se retrouvèrent alors à partager infusion au citron et petits biscuits au beurre dans le salon même où un musicien aux cheveux de feu avait rencontré la jeune femme tantôt. Dès que la servante eut fini de s'incliner et de quitter la pièce. La Dame se mit alors à glousser doucement tout en posant sa tasse de tisane. -Vous m'impressionnez Klaus Rödinger. Un vrai artiste, dans tous les domaines. Elle attrapa un gâteau qu'elle cassa en deux avant de croquer le premier morceau. Vous ferez forte impression sur nos trois compères je n'en doute point.

Tout en regardant par la fenêtre le ciel commencer à se teinter d'or et d'orange dans le blanc mousseux des nuages elle ajouta cependant, soucieuse :
-Des nouvelles de vos amis ?
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Erwan
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Re: [Erwan de la rivière] Celui qui chante

Message par Erwan »

Erwan pourrait bien ne pas se lasser de ce spectacle auquel il participait en personnage principal. Cette pièce de théâtre de la vie était belle, une belle jeune dame noble en train de danser avec un homme qui n'était pas son fiancé ou son mari, rien de plus qu'un simple barde déguisé... Une pièce de théâtre drôle et émouvante, à laquelle il lui plaisait de participer. Mais le soleil tombant signala le tombé de rideau de cette scène pour un ménestrel, signe qu'il était temps pour son alter égo Klaus de reprendre totalement le rôle principal. Dommage...

Klaus revint donc et acquiesça dignement quand Mathilde l'enjoint à retourner au château. Il la suivit non pas suivant la coutume de la Bretonnie, c'est à dire à quelques pas derrière elle, mais plutôt à côté d'elle, bien qu'à distance acceptable, prétextant qu'après la chute de la Dame, son pied pourrait se retirait sans crier gare. Quand elle aborda l'évasion de son alter égo, Klaus prit un fasciés étonné et légèrement inquiet, et sa voix vibra de cette inquiétude qu'il voulait véritable.

"- Par Sigmar ! Un prisonnier en liberté, et votre père loin de son château ! J'espère que ce vil gredin sera retrouvé et punis à juste titre, peu importe ses méfaits." Il soupira en secouant la tête, d'un air presque fatigué. "- Par les dieux, même dans cette bonne terre se trouve des frechs de ce genre... Fort heureusement, je suis persuadé que votre oncle saura retrouver ce kluger. Et j'accepterai cette infusion avec une joie non dissimulée, Frau Mathilde."

Klaus maintint sa posture et son rôle sans ciller un seul instant, même devant les quelques servantes et valets qui passaient à côté d'eux. Des années sur les planches et un excellent maquillage, il était sur que même sa mère ne le reconnaitrait pas dans ces circonstances. Ce fut quand ils furent seuls dans le salon chargé de petits souvenirs, qu'Erwan se permis de sourire à la Dame, de ce sourire qui Klaus ne se permettrait pas, ce sourire malicieux et joueur, qui disparut après que Mathilde l'eut vu, en l'espace d'un instant.

"- Vous m'honorez, Frau. Un homme, peu importe d'où il vient, se doit d'avoir de nombreux atouts."

"-Des nouvelles de vos amis ?"

Klaus décida de dissimuler son temps de réflexion par le fait de boire un peu de son infusion. Fort heureusement, le barde eut rapidement les mots que Klaus prononça.

"- Malheureusement chère Frau, mes amis sont loin de cette bonne terre." Une ombre passa sur le visage du ménestrel danseur, accentuait par un sourire triste et nostalgique, mais ces mauvais augures furent dissipés par un rayon de soleil qui fit revenir un air plus joyeux, plus normal, sur les traits de Klaus. "Cependant j'ai pu croiser récentes connaissances dans les environs. L'un d'entre eux s'est retrouvé à se battre, lame au clair, contre un affreux dans une auberge alors qu'il défendait un de ses amis. Je ne connais pas l'état de l'affreux, mais mon camarade s'est alourdi d'un peu de fer dans le flanc. Il est vivant, soyez rassurée et que les dieux en soient loués, mais il doit se remettre d'une vilaine blessure. Sale histoire, mais fort heureusement, aucun mort à déplorer."

Il regardait la Dame dans les yeux pendant qu'elle semblait encaisser la nouvelle, mais une question qu'il gardait dans son esprit revint, et grâce aux questions posaient, il pouvait se permettre d'enfin la poser.
"- Frau Mathilde, si je puis me permettre, je vous entends parler de votre père et de votre oncle... Mais je ne vous ai pas entendu parler de votre mère. Serait-elle en déplacement ? Ce serait un honneur de la rencontrer pour l'humble étranger que je suis." Les yeux de Klaus étaient emplis d'une curiosité simple, mais derrière ces yeux, le ménestrel savait qu'il avait mis les pieds dans le plat. Cependant Klaus ne savait rien, et il espérait fortement que Mathilde comprenne que, pour que la comédie se fasse, Klaus devait poser la question même si...
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Re: [Erwan de la rivière] Celui qui chante

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Mathilde l'écoutait parler tout en portant la tasse à ses lèvres. Elle opinait doucement du menton. Leurs amis communs se démenaient tant bien que mal pour distraire les malfaisants conjurés.
Elle répondit distraitement "Qu'il se rétablisse vite."

Quand Klaus aborda la question de la maternelle absence, la jeune femme se ferma comme un coquillage surpris par la marée descendante. Elle posa sa boisson et regarda la porcelaine comme pour y déceler quelque chose. D'une voix un peu étranglée elle se mit à répondre aux interrogations conjointes du musicien et du maitre à danser :

-Oh c'est une histoire qui ne réjouit pas les cœurs. Pas une histoire que l'on chante. Quelques années avant ma naissance, ma mère a eut une autre fille. Sauf que quelques mois après, les Fées l'ont emporté dans son couffin. Ma mère n'a jamais réussi à surmonter cette épreuve. La Mélancolie s'est éprise d'elle. Dans la crainte qu'elles ne m'emportent aussi elle... La jeune fille replaça une mèche de ses cheveux bruns, mais de son avant-bras elle essuya son visage. Elle a tout fait pour me garder au plus près. Amenant au château tout ce que l'extérieur pouvait offrir à l'intérieur des murs. Son esprit a décliné, sa santé aussi. Et la perte prématurée et successive de mes frères fut le coup de trop. Morr l'a ramené à lui un hiver.

Un silence glacé tranchant avec la chaleur de l'été s’immisça dès lors. Glace qui ne fut rompue que par le bruit croissant des sabots ferrés des chevaux. Des cavaliers arrivaient. Mathilde se hissa hors de son fauteuil. -Je dois aller voir. C'est sûrement Hugues qui rentre. M'accompagnez-vous ?
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Re: [Erwan de la rivière] Celui qui chante

Message par Erwan »

Erwan savait que Klaus avait posé le pieds sur un terrain des plus glissants, et à la vue de l'eau qui glissait sur le peau fine et délicate de la Noble, son coeur se serra de chagrin mêlé de culpabilité. Sa curiosité de barde et le besoin de poser la question pour maintenir la mascarade... Il n'avait aucun poids sur le coeur, seulement un poids qui partira rapidement quand il se sera excusé auprès de Mathilde. Lui, pas Klaus. Mais en attendant ce moment, ce fut Klaus qui ferma les yeux et inclina la tête avec regret et deuil.

"- Oh, Fraulein... Je suis désolé d'avoir fait revenir ces souvenirs. Excusez ma curiosité mal placée. La seule chose que je puis trouver pour tenter de vous consoler, c'est que vous ressemblez beaucoup à votre mère. Elle serait fière de la belle jeune femme qu'est devenue sa fille, de cela au moins, j'en suis sur. Et votre ouverture d'esprit me rappel ces paroles : La beauté touche les sens, et la douceur touche l'âme. Et je ressens beaucoup de douceur de votre part, Fraulein Mathilde." Avait dit Klaus avec humilité sur un ton calme et légèrement triste.

Quand le bruit des sabots se fit entendre, le corps de Klaus se raidit très légèrement, sa mâchoire se crispant pendant une fraction de secondes. Et quand Mathilde énonça sa question, Klaus ferma les yeux ne voulant pas montrer le conflit intérieur auquel il se livrait entre le barde qui ne voulait pas revoir Hugues de si tôt, le jeune homme qui voulait continuer à échanger avec la Dame du chateau pendant quelques temps encore, et le maitre à danser qui avait été créer de toute pièce pour remplir un rôle précis. Les trois artistes se disputèrent pendant de brèves mais intenses secondes pour que Klaus rouvrent les yeux alors que les derniers fragments de disputent disparaissaient. Il prit une grande inspiration en se levant et tendit la main vers la Dame.

"- Il serait impoli et imprudent de vous laisser seule, Frau Mathilde. Après tout, un fieffé schlingel s'est échappé de vos geôles. Qui sais quels plans ce vil schlingel préparent." Alors qu'il lui tendis la main, Erwan profita du fait que son visage faisait face à la Dame et au monde pour faire revenir son sourire et ses emplis de malice, laissant même glisser un léger ricanement pour tenter de dissimuler son malaise quant aux... retrouvailles. Malice qui disparus à l'instant où il se tourna vers la porte.
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Re: [Erwan de la rivière] Celui qui chante

Message par [MJ] Le Roi maudit »

La belle eut un petit sourire triste en écoutant les paroles de Klaus et d'Erwan. Des paroles qu'elle avait déjà souvent entendu hélas. Lorsque l'on descend des Bretonnii antiques, on ne cesse de se référer à nos pairs et à nos pères. On est comparé à nos aïeuls du même nom, encore et encore. Jusqu'à n'être qu'une série de portraits alignés l'un après l'autre sur les murs de pierre des châteaux de Bastogne ou d'ailleurs.

Puis les sabots battirent le pavé. Et il fallu exercer ses fonctions nobiliaires. Du pas le plus preste elle se dirigea vers la cour. Là-bas plusieurs cavaliers étaient en train de mettre pied à terre. Les palefreniers vinrent en aide aux chevaux fourbus, mais ce n'était pas Hugues qui dirigeait le groupe. Mais Lambert, le Bailli. Le grand homme aux cheveux auburn avança d'un pas martial en leur direction.
Son regard perçant s'attarda un peu sur le maître à danser. Il plissa les yeux un bref instant avant de secouer la tête et de recentrer son attention sur Mathilde.

-Dame Mathilde. Je viens vous avertir. C'est affreux. En battant la campagne à la recherche du musicien qui obsède tant le Régent, nous avons trouvé le campement de votre père et de ses liges. Les lieux avaient été retournés. Dévastés. Les Hommes-bêtes sûrement, ou des bandits. En attendant, Hugues, Ronçard et sir Léonard vont chercher des survivants. Je suis chargé de superviser les défenses de nos terres depuis le château.

Mathilde de Bouvrois prit alors une teinte similaire au marbre des statues tiléennes. Elle chancela un peu mais tenu bon.

-Très...Très bien. Lambert vous. Vous pouvez disposer. Occupez vous de nos hommes et des préparatifs. Pour la Dame. Je... Je me dois d'affronter la nouvelle. Messire Rödinger ?

Elle l'invita à la suivre. Bien moins rapide qu'à l'allée, elle resta silencieuse dans les couloirs et les escaliers du château. Observant longuement les portraits sévères de ses prédécesseurs. Le temps fila à la vitesse d'une montagne. On n'entendait même plus le souffle de sa propre respiration. Jusqu'à la chambre de la Dame. Où elle vint s'assoir. Sur son fauteuil. Elle inspira à nouveau. Et les larmes coulèrent sur ses joues de porcelaine.
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Re: [Erwan de la rivière] Celui qui chante

Message par Erwan »

Klaus se dirigea aux côtés de la dame d'un pas que l'on pourrait presque qualifier de nerveux. Les servants et domestiques pourraient prendre cela comme un signe d'humilité envers la puissance de la Bretonnie, surtout en ces terres, mais en vérité le ménestrel danseur était presque effrayé en marchant vers celui qui voulait surement le plus le mettre à mort que tous les pères de famille ou maris à l'honneur entaché. Si son air était pratiquement détaché, ses doigts de la main et ses doigts de pieds s'agitaient avec une grande nervosité. Une fois arrivés devant les portes, il prit une grande inspiration et se décontracta pour paraitre le plus à l'aise possible dans son rôle. Et Ranald lui sourit car ce n'était pas Hugues qui était là mais le Bailli. Ranald soit putain de loué !

Ranald espèce connard lunatique ! L'ascenseur émotionnel qui vient de se prendre Erwan à l'annonce du Bailli avait totalement fait disparaitre le sourire sur le visage de Klaus. Les yeux grands ouverts et les pupilles écarquillées, la bouche légèrement ouverte pour prendre cette inspiration audible de ceux qui sont surpris de terreur. Le père de Mathilde et ses liges... face à des Hommes-Bêtes... Le camp dévasté. Par Ranald et les autres dieux... Klaus fit un pas en avant pour soutenir la dame qui chancela. Aux démons la bienséance !

"- Bien sûr, Fraü Mathilde. Permettez-moi de vous soutenir." Fit le maitre à danser en soutenant la dame sur le trajet de retour.

La nouvelle était une véritable coulée de plomb dans l'estomac de la Dame, mais aussi du ménestrel. Certes il s'inquiétait beaucoup pour elle, mais il se devait d'essayer de rester le plus lucide des deux. Profitant de la marche lente, le cerveau d'Erwan fit quelques hypothèses pour lui-même.

"- C'est étrange... Où sont les étendards ? Peut-être perdus, ou pris en trophée par les bêtes. Le Bailli est un homme d'arme et de commandement... Et il aime les combats et le sang. A moins que ce ne soit un dévouement aveugle à son travail. Mais tout de même... Tant de morts... Et maintenant ça ? Tout ceci ressemble bien trop à une scène dramatique orchestrée de main d'homme plutôt que par coïncidences." pensa Erwan.

Avant de s'en rendre compte, le maitre à danser fut devant la chambre de la dame et entra avec elle, prenant soin de regarder si personne n'espionnait et ferma bien la porte. Il devait lui faire part de ses pensées, mais en se tournant et en voyant le triste tableau d'une femme en pleure, le masque tomba. Erwan s'avança avec tristesse mais compassion auprès de la dame et posa une main sur son épaule.

"- Ma Dame, mon cœur pleure pour vous. Mais l'espoir perdure. Les étendards ne sont pas revenus, signe qu'ils flottent encore dans le vent. Et si les liges de votre père sont à moitié aussi courageux que vous l'êtes, je tremble pour les bêtes qui vont les affronter." Il se rapprocha ensuite de son oreille pour lui parler à voix basse.
"- Envoyez Klaus chercher sire Léonard et ses écuyers. Klaus n'y connait rien en défense, et nous avons besoin d'hommes de confiance dans ces murs même."
Erwan se redressa sans remettre le masque de Klaus pour autant. "- Gardez espoir, ma Dame." Et Klaus refit son apparition l'instant d'après.
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Re: [Erwan de la rivière] Celui qui chante

Message par [MJ] Le Roi maudit »

La détresse de la jeune femme ne s'apaisa pas. La situation était après tout, dramatique. Aux murmures d'Erwan elle opina mollement. Retrouver des alliés oui. C'était la meilleure chose à faire. Mathilde se leva à nouveau, fébrile. Elle se dirigea vers le bureau. "Si... Si l'on vous demande. Vous aurez ma missive. Mon sceau."
Attrapant un roseau affuté, l'encrier et un morceau de papier elle griffonna quelques mots avant de faire chauffer la cire. Un tampon et voilà Klaus affublé d'une lettre. -Soyez prudent. Erwan.

Dans les couloirs l'agitation régnait en maitre. Des hommes d'armes se pressaient, braillant les ordres du bailli dans une sorte d'écho gras et grotesque. On se préparait au pire. Car le pire arrivait souvent. Et comme pour annoncer sa venue future, les cloches retentirent. On sonnait l'alerte. Les Hardes sortaient des bois cette nuit.
Zigzaguant entre les bidasses bourrues jusqu'à arriver au pont-levis, il vit que tous étaient au branle-bas de combat. Des paysans terrifiés rentraient se réfugier derrière les rassurantes murailles de pierre. Lui voulait sortir.
La réaction d'un des miliciens fut sans appel. "Vous voulez aller dehors ?!"

Klaus n'eut pas besoin de s'expliquer longtemps car les gardes durent s'occuper de l'influx massif d'entrants. Sur le chemin entre le castel et le village, toutes les fermettes des alentours avaient dégorgé de leur populace. On amenait avec soit tout ce qui pouvait être facilement transporté. Le reste serait à la merci des déprédations des pillards et des bêtes. Alors que le soleil disparaissait derrières les collines vertes de Bastogne, le musicien arriva à Gîte-au-Breton. La ville était en train de se retrancher, de se barricader, de se terrer. Sur les murailles bien moins hautes, les archers levés surveillaient l'horizon, l’œil plissé pour guetter à l'Ouest si aucune harde n'arrivait.

Hervé s'affairait à plancher les fenêtres de son auberge. En voyant arriver l'Impérial il s'exclama :

-Vous d'viez chercher refuge mon gô's, ça risque de chahuter fort cette nuit.
Et pour ce qui était des écuyers et de leur maître, il répondit sur le même ton :
-Partis avec le Régent. Dans la campagne. Que la Dame veille sur eux.

Des cors sonnèrent dans le lointain. Mieux valait ne pas se risquer sur les routes au crépuscule. Seul et sans arme. Heureusement il pourrait avoir le gite pour la nuit. Littéralement. Dedans s'était retranché une bonne partie du village. On attendait. Inquiets. Que les monstres veulent bien passer. La nuit serait pleine des hurlements et des braiments. Une lune verte se montrerait sûrement au cœur du soir.
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Re: [Erwan de la rivière] Celui qui chante

Message par Erwan »

Le ménestrel regarda la noble dame se déplaçait mollement, comme une âme en peine. Si le regard de la dame était triste et presque désespéré, celui du maitre à danser se voulait être porteur d'espoir. Mais derrière le masque, le ménestrel était inquiet.

"- Tout ceci fait vraiment trop de coïncidence à mon gout."

Le ménestrel profita de la vitesse relative de la dame pour sortir ses affaires qui se trouvaient sous le lit de la dame. La première chose qu'il récupéra fut sa Main gauche. Il n'aimait pas s'en servir, mais si les évènements tournaient mal, il n'aurait pas d'autre choix. Il récupéra aussi ses deux petites bourses, qu'il accrocha promptement à l'arrière de sa ceinture. Une course l'attendait, et avoir des bourses sur les côtés était le meilleur moyen de les perdre, et il était assez confiant dans sa rapidité pour éviter une rapine par l'arrière. Quand le dame lui remis la missive avec le sceau de la dame des lieux, il s'inclina rapidement et tourna les talons en rajoutant en chantonnant :

"- Dans la nuit noire,
De votre désespoir,
Nous devons croire,
En l'espoir."


Le maitre à danser, une fois sortit de la chambre de la dame, se mit alors à courir dans les couloirs du château. Fort heureusement, les fourmis dans cette ruche de pierre ne voyaient en lui qu'un simple serviteur en train de courir comme tous les autres. Il tourna à droite, puis encore à droite avant de tomber sur des escaliers descendants qu'il termina d'un saut de trois marches avant de reprendre sa course. Il percuta quelques personnes sur son chemin, tout le monde en proie à une panique totale.

Ce ne fut que lorsque les cloches sonnèrent qu'Erwan compris qu'il allait devoir accélérer la cadence et arrêter de se laisser allez. Courant à travers foule comme le vent à travers les brindilles, il finit par arriver devant la herse principale, presque totalement obstruée par les soldats, les miliciens et les pauvres bonnes gens accompagnés de biens et famille. A travers le tumulte des conversations et des ordres lancés, il finit par se faire entendre.

"- Au nom de la dame des lieux, je dois sortir ! Faites place sur l'instant !!"

Le milicien qui se tourna vers lui, les yeux écarquillés, compris rapidement qu'il venait de faire une énorme erreur. N'étant plus concentré sur les familles désireuses d'entrer, ces dernières ont forcés légèrement le passage, brisant cette espèce de cordon de sécurité qui empêchait les petites gens d'entrer en trop grand nombre. C'est ce moment que choisis le vent pour souffler hors du castel, à l'air libre mais lourd de la nuit qui commençait à arriver.

Le ménestrel avait couru sans s'arrêter, sans ralentir et sans céder à la panique. Le jour s'était couché alors qu'il arrivait dans le village, et une mauvaise lueur verte décorait le ciel. Ce signe de mauvais présage fut pris avec un flegme épatant par le ménestrel, assez essoufflé.

"- Ah... Bah j'comprends mieux pourquoi qu'j'ai pas tes faveurs ces derniers temps, Ranald... Allez, il faut trouver les trois gaillards..." Dit le ménestrel pour se redonner courage.

La taverne semblait comme abandonnée, aucune lumière ni agitation à l'intérieur. Apparemment, le tavernier avait trouvé refuge ailleurs. Le deuxième choix s'imposait donc : l'auberge. Et cette fois-ci, le faux impérial eut plus de chance. Il entendit le bruit de planches que l’on cloue avant de voir l'auberge elle-même. Un soupir de soulagement et un sourire joyeux se dépeigna sur le visage de Klauss, qui commençait de plus en plus à ressembler à ceux d'un rouquin. La course, la panique et l'adrénaline avait fait couler beaucoup de sueur, et malgré la magie créatrice de la dame, certains des traits de Klauss commençaient à disparaitre, mais pour l'instant, on aurait juste dit qu'il était très fatigué. Ce qui n'était pas entièrement faux.

Il s'avança jusque dans l'auberge, entra et reçut l'accueil d'Hervé.

"- Vous d'viez chercher refuge mon gô's, ça risque de chahuter fort cette nuit."

"- Je sais Hervé, je sais... Mais je suis..." Le maitre à danser déglutit. "- Je suis en mission pour la dame... Elle... Elle demande à... Désolé, j'ai couru du castel jusqu'ici... Elle demande à ce que le chevalier et ses écuyers viennent au château." Avait réussi à aligner le maitre à danser, qui se plia en deux, les mains sur les genoux, pour reprendre enfin son souffle.

"- Partis avec le Régent. Dans la campagne. Que la Dame veille sur eux."

"- Oh, fais chier..." Avait lâché Klauss avec la voix du ménestrel. Là, s'en était trop et le masque se fendit légèrement.

Mais à sa bonne surprise, il n'allait pas avoir à faire le retour à pied, seul, cette nuit car l'aubergiste lui accorda le gite pour la nuit. Après un merci très appuyé, le maitre à danser regarda qui se trouvait dans l'auberge. Quelques têtes connus par Erwan, quelques bouts de femme qui avaient partagées son lit, ainsi que le tavernier et sa fille. Tous, ou presque, étaient occupés à clouer des planches aux fenêtres, à déplacer du mobilier pour bloquer telle ou telle entrée. Ne pouvant se résoudre à rester inactif après la généreuse proposition de l'aubergiste, Klauss se saisis d'un marteau, de quelques planches et clous, et utilisa un produit légendaire qui allait grandement aider : L'huile de coude. Il participa donc à fortifier au mieux l'endroit.

Une fois le rez-de-chaussée assuré, l'envoyé de la dame monta à l'étage, et inspecta quelques chambres, voir si des individus effrayés se cachaient et s'il pouvait réunir assez pour une offrande à Ranald. Il arriva à aligner 10 sous de cuivre, et il offrit non pas une pièce, mais 7 en priant rapidement Ranald, en premier lieu pour le remercier pour la chance d'être encore en vie après avoir passé plusieurs jours dans les geôles du château, mais aussi parce qu'il allait avoir besoin de beaucoup de chance ce soir si les choses se passaient mal.

Quand les bruits se firent plus proches, les plus vaillants se rassemblèrent, les femmes furent mises à l'abri bref, tout le monde était à sa place. Sauf un. Un maitre à danser s'était rendu dans une chambre à fenêtre qui donnait sur la rue et regardait avec intérêt ce qui se passait.

"- J'espère que ce n'est qu'une simple attaque d'hommes-bêtes... Parce que s'ils attaquent alors que les soldats du régent sont derrière... Cela veut dire..." Le ménestrel secoua la tête, et regarda de nouveau dans la rue. "- Arrête de penser. Concentre-toi et fais ce qui te semble le meilleur, Erwan."
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Message par [MJ] Le Roi maudit »

Jets cachés
Le silence. Tout le monde s'était arrêté de respirer dans le village. On attendait l'instant terrible où tout s'embraserait. Le souffle coupé, les secondes tambourinant comme le sang aux tempes.
Puis un hurlement déchire la nuit. Bien trop humain. Bien trop proche.
Des miliciens accoururent sous les fenêtres d'Erwan. On se battait dehors mais il ne voyait pas de sa position contre qui, ou plutôt quoi.
Les tambours battirent alors la mesure, les rugissements aussi. Les Hardes étaient sorties du bois.
Des êtres difformes, monstrueux, serrant des armes effilées dans leurs mains pataudes. Ils se précipitèrent sur les murs de l'auberge, à en faire chanceler l'édifice.
Des créatures au faciès lupin tirèrent sur la façade, criblant les fragiles hourds de bois de flèches rudimentaires mais toujours aussi mortelles.
En contrebas ce n'était guère mieux. À la hache, aux griffes et aux crocs les assaillants s'en prenaient aux barricades du père Hervé. Les gaillards du village attendaient, la fourche au poing, la sanglante confrontation. Ici on ne se battait pas pour le Roy, la Dame ou un quelconque idéal. On se battrait pour placer un corps entre les gors et sa famille.

Lorsque la première patte aux ongles jaunes et incrustés de terre passa à travers le linteau défoncé, le fendoir d'Hervé l'envoya rouler au sol. Un couinement horrible perça l'air. Les paysans firent alors de leur mieux, donnant de la fourche, du fauchon, plantant leurs lames et leurs outils de fermiers à travers la chair et le cuir. Les hommes-bêtes viendraient à eux et ça serait la fin. Derrière, les mouflets et les mères attendaient dans une peur catatonique. Une lance passa au travers des trous dans la barricade et un des habitants reparti vers l'arrière en se tenant l'épaule. Les Hommes-bêtes grattaient encore. Ce serait un combat d'usure. Et le musicien se retrouvait au beau milieu. Entre les planches brisées, la marmaille apeurée et les barrissements de la Harde.
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Erwan
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Re: [Erwan de la rivière] Celui qui chante

Message par Erwan »

Quand les flèches vinrent se planter dans l'édifice de l'aubergiste, un pseudo brun plongea au sol, les mains sur la tête pour éviter un carreau perdu.

"- Hey, y'en a qui ont encore toute leur tête, là-haut !" Hurla-t-il.
"- Je me hais, bordel, je me hais !! Apprends à la fermer, Erwan !" Furent ses pensées l'instant d'après, quand une flèche vint se planter dans le mur en face.

Il eut à peine le temps de sortir de la pièce dans laquelle il se trouvait, à l'étage, qu'il se mit à entendre les grattements, les coups et les pleurs. Il commençait à paniquer, les gouttes qui perlaient sur son visage étaient gelées et brûlantes à la fois. Secoué de légers tremblements que la peur provoquée, les pupilles dilatés et les yeux grands ouverts. La bouche sèche et les dents qui claquaient légèrement.

"- Bordel de moi... Voilà ce qui t'arrives quand tu vois un joli minois, le rouquin ! Et tu le sais en plus OUAH !" Un grognement se détacha plus des autres, faisant penser à une créature plus horrible encore que le reste.

"- Incapable de dire non à un joli brin de fille ! Comme avec la femme du porcher, la paysanne d'il y a quelques semaines maintenant, et Renaude aussi tant qu'on y est !" Le ménestrel avait rampé ventre à terre pour éviter les flèches perdues qui pouvaient traverser. Sans élégance et sans honneur, même un derrière de cochon aurait été plus haut. Mais là, c'était soit être moins qu'un cochon, soit être moins que vivant.

Les bruits et les pleurs en bas ne faisaient qu'augmenter en intensité, et un cri de douleur vint s'ajouter au brouhaha. Ce dernier attira son attention sur l'escalier à sa gauche. Les grattements, les couinements et les bruits monstrueux donnaient des vertiges au ménestrel. Et à cela s'agitait les pleurs des enfants et des femmes... Se demandant comment se sortir de ce bourbier, il sentit un léger sourire éclairait son visage alors que son cerveau venait de fabriquer un plan, issu des paroles d'une jeune noble.

"- Vous n'avez pas à être le héros Erwan. Laissez cela aux hommes qui portent des armures. Vivez, vous."
"- Tant pis pour l'armure, dirons-nous..." Murmura le ménestrel pour lui-même.

Il fit de son mieux pour essayer d'oublier le vacarme en contrebas pour se concentrer, et aux bouts de quelques instants, il avait trouvé quelque chose d'assez accrocheur. Assez, espérait-il, pour motiver les autres en bas. La scène est prête, le barde doit encore revenir. Tombant le masque que Mathilde lui avait fait, en utilisant sa propre sueur comme eau pour retirer le maquillage de son visage, il vit ses mains pratiquement noires, et espérez que ses cheveux soient aussi reconnaissables qu'avant.

"- Inspire. Expire... Encore. Une fois..." Ce fut à ce moment-là que le barde crut discerner le bruit de dés que l'on lancent, et un sourire doublé d'une nouvelle suée glaciale vinrent l'assaillirent. "- J'entends tes dés Ranald ! Et je m'y lance !"

Erwan avait fortement appuyé sa descente, par chocs de trois, afin d'attirer l'attention de la foule. Les bambins étaient dans les girons de leurs mères, ces dernières avaient fait deux pas de côtés de peur qu'une bête ne se soit introduit par les fenêtres, et quelques hommes s'étaient tournés vers le chanteur arme en avant. Mais maintenant, Erwan chantait.

"- Allez les gars,
Encore une fois,
C’est l’heure du combat !

C’est en cette heure que ces bêtes viennent,
Se venger de la Quatrième,
Sous cette nuit d’ébène !"


Il dégaina sa Main gauche et la pointa en direction de la porte, en restant au niveau des escaliers.

"- Ne laissez pas entrez ces monstres infâmes,
Ne les laissez pas approcher vos femmes,
Faites-leur gouter à vos lames !

Allez les gars,
Encore une fois,
C’est l’heure du combat !"


Quelque chose de lourd venait de percuter la porte, provoquant un gros bruit qui fit se retourner tout le monde.

"- En cette nuit de rage,
Dans ces bruits de carnage,

A tous nous prouverons,
Que nous sommes les descendants de Gilles le Breton !"


Erwan se tint prêt. A remonter les escaliers.
Modifié en dernier par [MJ] Le Roi maudit le 19 avr. 2021, 00:13, modifié 1 fois.
Raison : xp : 5 / total xp : 93
Jusqu'à preuve du contraire, je suis immortel. Quand on me prouvera le contraire, ce ne sera plus mon problème.
Erwan de la rivière, Voie du conteur
Profil: For 8 | End 9 | Hab 9 | Cha 10 | Int 8 | Ini 8 | Att 8 | Par 8 | Tir 8 | Foi 8 | Mag 8 | NA 1 | PV 60/60
Lien Fiche personnage: wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_erwan_de_la_riviere

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