[Prestenent d'Affreloi] Silence, ça tourne...

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] Le Faussaire
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Re: [Prestenent d'Affreloi] Silence ça tourne

Message par [MJ] Le Faussaire »

L'individu n'émit aucune réponse envers la diatribe du chevalier. En soi, il s'était contenté d'ausculter une meurtrière, comme si une simple fente murale pouvait lui donner les réponses qu'il cherchait. Cette fois, ce fut Prestenent qui fit le premier pas, s'avançant vers la porte qui lui semblait la plus propice à une issue - soit celle qui relayait l'odeur la plus fraîche et la plus familière. Son libérateur, en bon compagnon, lui emboîta le pas sans rien dire.
Intervention du joueur : "J'ouvre la porte qui sent le plus le foin, et j'entre".
Très vite, la pénombre devint obscurité, et le peu de formes encore visibles ne subsistait qu'avec moult balayages des mains ou des pieds. Quelque chose se déroba un instant sous les pieds du chevalier, qui fût aussitôt rattrapé par un bloc de pierre creux. Une marche, une estrade, ou un escalier. Quelque temps passa avant que la lumière ne revienne à portée des rescapés, et celle-ci revint sous la forme d'un halo orangé, clair et concentré. Une porte se dressait désormais devant Prestenent, et derrière ce dernier écueil, tout un parterre de paille avait été répandu, comme si l'on avait voulu héberger le plus confortablement et le plus simplement possible quelque groupement de paysans ou de bétail (la différence étant minime de toute façon).

Une fois à l'intérieur, des ronflements se mêlèrent à l'odeur, et divers attirails se présentèrent au duo. Il y avait là des quartiers multiple, extrêmement étroits, cernés de planches et avec pour seule issue une porte battante gravée d'armoiries locales. Ces "quartiers" étaient en partie occupés, non pas par des veaux ou des gens de basse-compagnie, mais par des montures de taille et d'âge différent. Il y avait en tout une demi-douzaine de cases occupées par des chevaux, et étant donné la propreté de l'endroit, il était assez facile de distinguer les coursiers des juments de haute stature ou encore des destriers. L'endroit entier était éclairé au possible, avec moult brandons, torches et lanternes, afin qu'aucun animal ne soit gêné ou troublé par la moindre parcelle d'ombre... Mais quoi qu'il en fut de l'avis des bêtes, aucune ne semblait s'intéresser à ce qui se tramait hors de son petit casier et de son auge.

- " Dépêchons. Prenez, servez-vous selon vos besoins, et allons-y."

Tandis que Prestenent s'affairait à ses envies, l'individu se contenta d'entrebâiller la porte centrale, qui menait visiblement sur la grande cour centrale. Un simple coup sourd suivi d'un rebond métallique suffit à accomplir cette tâche, et en quelques minutes à peine, l'air frais et humide se fit sentir. Seul le destrier gris-fer se mit à tressaillir et à brousser, avant de se retourner sans bruit dans sa case.
Intervention du joueur :

- " Ils sont à vous ces chevaux ? N'est-ce pas du vol ?"

Le seul retour que Prestenent reçu fut un insigne, un petit blason bleu avec un trident jaune en son centre. L'inconnu s'était déjà dirigé vers la sortie, s'inquiétant visiblement plus de la sécurité des chevaux et des potentielles issues que de l'avis du Moussillonais.

***
Une fois à l'extérieur, l'environnement prit une teinte moins rassurante, le feu vif ayant laissé la place à une lueur pâle et embrumée. En effet, la lune Mannslieb était encore levée à cette heure-ci, et elle semblait avoir bien du mal à quitter le ciel, malgré tous les efforts des nuages alentours.
Test d'INT de l'inconnu : 7, réussi.

Test d'INT de Prestenent : 15, raté.

Quant à la cour pavée... Eh bien, elle était pour ainsi dire déserte. Même en regardant dans toutes les directions, il n'y avait aucune âme en vue, aucune paire d'yeux - luisants ou non -, aucun bruit de pas sinon les leurs, aucun grognement sinon ceux des chevaux. L'endroit était visiblement abandonné, et ce, depuis très peu de temps, vu comme les lanternes et braseros muraux crachaient encore fièrement lumière et fumée. Seul le brouillard semblait surveiller les environs.

- " ... Pourquoi est-elle encore là ? Est-ce que la marée a du retard ?"

L'individu s'était mis à rôder de part en part de la cour, cherchant quelque indice ou trace d'un mouvement quelconque. Il revint vers Prestenent quelques instants plus tard, visiblement agacé par ses trouvailles.

- " Nous devrions partir, il vaudra mi-!"

Il se figea soudainement, le regard pétrifié face à Prestenent. Il l'empoigna et le tira vers l'avant, avant de s'écrier :

- " COURREZ ! "
Test de VOL : Résultat secret. Un post assez court, afin de ne pas forcer quoi que ce soit.


Le visage de l'inconnu qui te suit / te guide :
Image
<< Bah alors, qu'est-ce que tu cherches mon gars ? L'or, les femmes, le pouvoir ?
J'ai tout et plus encore dans ma baraque, viens jeter un œil !
Oh non, ce n'est pas loin, c'est au coin de la rue là-bas.
Mais attends, t'as les moyens j'espère ?

...

Oh, tu sais, on peut toujours s'arranger... >>

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Prestenent d'Affreloi
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Re: [Prestenent d'Affreloi] Silence ça tourne

Message par Prestenent d'Affreloi »

Une porte dégageait une odeur qui n'était pas étrangère. La senteur acide et sèche d'une écurie. Du foin.
Si Prestenent avait été intelligent, dans sa quête d'une sortie, il aurait sans doute prêté attention à l'autre porte juste à côté. Celle fermée par un barreau de bois. Il aurait pu raisonner et se dire qu'une porte bloquée de l'intérieur était sans doute celle dont l'accès menait directement dehors, tandis que celles n'étant pas fermées mèneraient à une autre pièce du château.
Oui, si Prestenent avait été intelligent. Mais un escargot n'est pas animal si vif qu'il sature son propre intellect de multiples pensées et objectifs à la fois. Et une odeur de foin s'associait aisément à des choses attirantes en l'occurrence. En premier, la nature, l'extérieur, et puis aussi des chevaux.
Si la patience avait été une de ses qualités aussi, Prestenent eut attendu une seconde que les choses se clarifient dans sa tête. Mais, revigoré par la longue trotte dans les couloirs du château qui lui avait fait perdre son malaise et échauffé ses muscles et son esprit, Prestenent fit un mouvement brusque qui se voulait discret, comme si en ouvrant la porte d'un coup il permettait qu'elle ne grince pas pour alerter les gardes.

L'homme venu le délivrer n'en menait pas large, et l'ironie voulut que ce fut lui qui emboîta le pas de Prestenent quand il descendit la marche menant vers cette fragrance accueillante. Du foin, de la paille. Il pouvait sentir dans la pénombre, et avant même qu'un semblant de clarté n'apparaisse pour leur révéler où ils allaient atterrir, Prestenent, en bon chevalier, savait déjà qu'ils étaient dans une écurie.

"Oh… des chevaux !" fit il en un faux murmure.

Tant de chevaux, de grands et beaux chevaux, au même endroit. Sans mentir, s'il avait pu être enfermé ici en compagnie des bêtes plutôt que seul dans le donjon, Prestenent ne se serait pas le moins du monde offusqué de coucher sur la paille et la fiente comme un vulgaire paysan tant son opinion du confort était peu développée et son estime de la gent équestre, au contraire, élevée vers des cimes insoupçonnables. On pouvait dire qu'il s'était parfois mieux entendu avec les chevaux qu'avec les humains, et en voyant la pièce dans laquelle il avait atterri, il se sentit transporté d'une sorte étrange de joie. Quelque chose qui l'entraîna sans qu'il s'en rende compte à s'approcher du plus proche animal pour le contempler de plus près. Ils étaient beaux comme sur les illustrations de chevaliers dans les livres qu'on lui montrait étant enfant. Leurs robes ne perdaient pas des touffes de poil par endroit et n'étaient déformée par aucune croûte de cicatrices passées. Ils étaient grands et irradiaient une force et une vigueur de leurs muscles qui était telle que Prestenent en fut pénétré et ne pût réprimer un sourire.

Le domaine d'Affreloi, en Moussillon, possédait trois braves montures pour lesquelles Prestenent avait une affection sans borne. À peine savait-il marcher qu'on l'avait mis sur le dos du poney, Ballufle, un petit animal courtaud au poil pelé, mais toujours très vif et très joueur. Obsédé par l'idée de parfaire sa formation de chevalier, Prestenent s'était si fermement habitué à être vissé sur le dos de l'animal qu'il se sentait mal chaque fois qu'il ne sentait pas le poney sous lui. Puis, une fois qu'il fut assez grand, on le fit passer sur les deux chevaux. Un coursier appelé Bermont qui faisait toujours un tapage pour pouvoir sortir de son enclos et aller galoper. Celui là, Prestenent l'aimait beaucoup, et il prenait grand soin de le soigner chaque fois que ses fragiles os s'émiettaient après ses fougueux bondissement. On pourrait dire que Prestenent lui accorda bien plus d'attention qu'à aucun humain. D'ailleurs ce n'est pas le souci d'un noble de faire la toilette d'autre chose que de son cheval, et à cet égard Prestenent avait toujours pris soin des chevaux lui même, notamment du plus vieux des trois: Bellerophon. Un vieux destrier abîmé par ses batailles passées. Celui là aussi, Prestenent avait appris à le monter. Il fallait qu'il sache comment s'adapter à n'importe quel type de cheval, et en prendre soin de la bonne manière. Le cheval pour un chevalier était plus qu'un outil, c'était au moins la moitié de lui même.

Mais ces chevaux-ci étaient tellement plus grands et vigoureux. Ils étaient de toute beauté. C'était irrésistible, Prestenent retira un gant et de sa main nue caressa l'encolure d'un cheval en disant avec un sourire:

"Que tu es beau. Ton maître te traite bien au moins ?"

Il parlait à voix basse, pas tant pour ne pas être repéré que pour éviter que l'homme à l'insigne de trident ne le catégorisa comme fou à lier. Pourtant Prestenent, s'il n'avait pas été pressé, aurait bien pu tailler la conversation avec cette monture.

L'individu, pendant ce temps, s'était affairé à ouvrir la porte menant à la cour. Il dit à Prestenent de se servir selon son besoin. Le chevalier resta un instant pétrifié, penaud, comme n'ayant pas compris. Puis examinant encore les chevaux, il se mît à réfléchir.
C'était extrêmement tentant de se servir. Tout bonnement, il avait sous les yeux tout ce qu'il recherchait avec ardeur depuis le commencement de son errance. Avec un cheval, les choses sérieuses pourraient enfin commencer.
Comme pour se convaincre lui même, il lança à l'homme avec une pointe d'acidité:

"Ils sont à vous ces chevaux peut-être ? Ne serait-ce pas du vol ?"

Puis il se retourna vers le destrier dont il avait flatté l'encolure. Était-ce la Dame du Lac qui le mettait encore à l'épreuve ? En tout cas, jamais un d'Affreloi n'avait enfreint la loi, et jamais cela n'arriverait, il l'espérait. Enfin, avoir enfin un cheval et pouvoir quitter le territoire de Bois-Giron ainsi, c'était tentant, mais criminel. Non ! Prestenent voulait vivre une errance et une aventure exemplaire. S'il s'accaparait indignement une monture et se liait d'affection à elle, il serait obligé de poursuivre le restant de sa carrière avec un cheval volé. Une telle chose ne pouvait pas être saine.
Et puis, que penserait-i,l lui, si quelque étranger venait à Affreloi et volait Bermont ou Bellerophon pour s'enfuir avec ?

À contrecœur, Prestenent murmura un adieu à destination du cheval et se tourna vers la porte tout en renfilant son gant de cuir.

"Force m'est tout de même de constater que vous n'aviez aucun plan en vérité." dit il alors qu'ils sortaient dans la cour.

L'inconnu lui fit seulement signe de se taire. Visiblement il était à l'affût, mais de quoi ? Y avait-il un plan ? Y avait-il un imprévu ? Apparemment il attendait quelqu'un, ou quelque chose. Sa manie de parler en codes était des plus désagréable pour le Moussillonais.
La cour avait beau être bien éclairée, elle était complètement déserte. Prestenent regarda autour de lui et eut un reniflement qui aurait pu être du dédain ou de la panique, du moins ce qui s'en approchait dans son cœur humble et sans peur.
Si son intuition de départ était juste, et que ceci avait été dès le départ un guet-apens, on ne s'y serait certainement pas pris autrement. Au beau milieu d'une cour éclairée, il était une cible parfaite. Et il était peu crédible qu'aucun homme ne patrouille de nuit dans un château, surtout si près du Moussillon. L'idée que des arbalétriers embusqués le tenaient peut-être déjà en joue en cet instant eut presque de quoi faire frissonner le jeune chevalier. Mécaniquement, il s'assura que son écu était bien placé dans son dos, capable d'arrêter un carreau ou une flèche tirée en traitre. Pendant ce temps, l'envoyé du "Manass", quoi que cela veuille dire, tournait dans la cour à chercher des choses invisibles. Prestenent souffla.

"Évidemment. C'était bien trop faci…"

À cet instant, l'inconnu vit quelque chose. Quelque chose que Prestenent n'avait pas vu. Dans un réflexe très professionnel, il empoigna le chevalier et, le tirant vers lui, lui ordonna de courir. Prestenent resta une seconde tétanisé, désemparé. On les attaquait ? Qui ? Où ? Et surtout, avait-il le droit de répliquer ?
Au souvenir de sa dernière expérience avec les hommes d'armes de Bois-Giron, il sentit une frénésie faire trembler tous ses muscles. La conversation n'était pas la solution avec ces gens là, et la fuite n'était jamais la solution pour un chevalier. Sans doute était-ce stupide, puisqu'il ne savait même pas ce qui se passait, mais Prestenent ne songea même pas à courir.
À la place, tout en se laissant entraîner par l'homme sur quelques mètres, il empoigna son épée.

"Quoi ? Que se passe-t-il ? Combien sont-ils et d'où viennent-ils ?"

En fait, Prestenent avait des frissons courant dans toute la longueur de son bras, jusque dans le manche et jusque dans la lame de son épée. Ce sentiment qu'il voulait, qu'il devait, tirer le fer et mettre quelqu'un ou quelque chose en charpie. En y réfléchissant bien, cela faisait sans doute plusieurs jours qu'il n'avait pas combattu, ni même accompli quoi que ce soit s'approchant du noble art du maniement de l'épée. Peut-être la présence de l'inconnu l'encourageait-elle aussi, car il avait une envie folle de lui montrer qu'en tant que noble il savait se battre, c'était la raison d'être des nobles après tout.
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[MJ] Le Faussaire
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Re: [Prestenent d'Affreloi] Silence ça tourne

Message par [MJ] Le Faussaire »

Intervention joueur - 1 : "je reste sur la défensive"

Test d'INT : 5, réussi.
Test de VOL : 13, raté.
T-5 minutes.
Alors que Prestenent fit volte-face, il sentit l'emprise de son camarade nocturne se déliter et s'affaiblir sans un mot. Il lui avait tourné le dos désormais, faisant face à la demeure seigneuriale, aux deux grands battants de bois ferré, avec pour seule aide la lueur céleste. Tirant son écu à la hâte, le moussillonais vit alors une lueur - ou plutôt deux lueurs -, coincée dans l'embrasure de la porte. Cette lueur, il l'avait déjà vu. Il y avait quelque chose d'enivrant dans ces points de couleur pâle, qui flottaient à hauteur d'homme devant lui. Il y avait quelque chose d'attirant, dans ces deux globes luisants qui le fixaient sans relâche, tel un amphibien prêt à bondir.

Soudainement, la nuit était plus douce, plus claire, plus fraîche. Quelque chose de relaxant l'avait ralenti subtilement, transformant sa précipitation en mouvements plus mesurés. Et toujours ces lueurs qui flottaient, qui ballotaient légèrement devant lui... Mais une fois qu'il eut levé son écu droit devant lui, il y eut un soubresaut, un râle très sourd venant des petits globes lumineux.
Test secret : 14, raté.
Test de VOL - Prestenent : 17, raté.
Test de VOL - ??? : 5, réussi.

Les lueurs se rapprochèrent d'un pas, passant lentement le pas de l'épaisse porte, révélant ainsi... Qu'il n'y avait aucune menace. Là où il s'était attendu à un homme d'armes, il n'y en avait pas. Là où il s'était attendu à une menace armée, il n'y en avait pas. À vrai dire, il n'y avait pas d'homme en face de lui. Juste deux yeux, deux iris aux couleurs iridescentes qui s'accentuaient fiévreusement au clair de lune. Le râle guttural avait continué sans aucune gêne, copiant à merveille quelque ronflement d'agonie, ou quelque bruit amphibien. Oui, amphibien, voilà le terme qui correspondait. Quelque chose émettait ce son, un peu à la manière d'un instrument percé, ou d'une poche de gaz des marais qui se vide sans effort.

Image
Une forme se distingua à son côté.

- "Missire ? Messire ! Allons, ne l'écoutez pas, nous devons partir ! Manass' sait combien de dizaines sont en train de rebrousser chemin à l'heure qu'il est... "
La voix virevoltait autour de lui, le secouant, l’attrapant d'un coté puis de l'autre, baissant la voix avant de crier à son oreille, etc.

- "Messire ? M'entendez-vous ? Par la volonté de Marcus, nous devons partir dans l'instant, que vous le vouliez ou non !"
Test d'INT : 8, réussi.
Test secret : 3, réussi
T-4 minutes.

Prestenent se sentait lourd à présent, comme si on l'avait engoncé dans une cage ou un habit de pierre. La sensation dura un instant, et disparut juste après. L'inconnu qui l'avait amené hors de sa cellule s'était placé en face de lui, déployant sa cape des deux mains, de façon tout à fait ridicule. Ses traits se distinguaient à vue d’œil à présent : des traits tirés, usés, tendus ; des mains et des vêtements craquelés, marqués par le sel et par l'usure, des mains rigides ; et pourtant, il y avait quelque chose de fort dans cet homme, quelque chose de différent, de résilient.

Lorsqu'il lâcha sa cape, la lune révéla un fourreau à sa ceinture, entièrement couvert de lanières et de gravures. Et lorsque le tissu retomba sur ses épaules, les lueurs irisées réapparurent de plus belle.

Image
Test de CHA - ??? : 2, réussi.
Réaction joueur : "J'obéis sagement". Aucun test nécessaire.
Test secret : 14, encore raté.
Test d'INT - Prestenent : 19, raté.
A peine celles-ci avaient elle refait surface que l'inconnu arracha Prestenent à ses appuis, l'emportant d'un seul coup dans sa retraite. Le râle se fit plus fort, montant jusqu'au grondement égosillé, et toujours sans réponse.
***
Les deux épéistes dévalèrent les rues au pas de course, se précipitant entre les coulées de boue et les congères visqueuses que la tempête avait formé. Le brouillard était assez bas à présent, bien qu'omniprésent si l'on scrutait le sol ou l'horizon. Le grondement s'était dispersé petit à petit, abandonnant les fuyards à leur course effrénée, avant de revenir tel un vicieux ressac marin. Le grondement était ainsi plus fort, mais plus... léger, en quelque sorte. Peut-être était-il issu d'un autre instrument ?

Quoi qu'il en fût, ils étaient désormais retournés à la périphérie de la ville, là où s'agglutinaient les étables et les ateliers agricoles. Peu de flambeaux avaient été allumés sur leur chemin, et un bon nombre d'entre eux humait encore quelque odeur cramoisie ou même calcinée. Sans coup férir, l'inconnu ouvrit la porte d'une étable - qui visiblement n'avait été verrouillée par personne -, et en ressortit dans la minute avec un beau coursier gris.

- " Tenez, montez à ma suite, à moins que vous n'ayez changé d'avis. Ce cheval m'appartient, n'ayez crainte. Vous savez monter, je crois ?"

La bête était déjà harnachée, sellée et parée à la tâche, et ne présentait de fait aucun symbole, aucun écusson ou blason, sinon un simple trident sur le côté de la selle. Une fois au sommet de sa monture, l'inconnu pointa le ciel en chuchotant :

- " La Bien-aimée devrait se coucher d'un moment à l'autre. Allons !"
Test d'INT groupé : 17, raté.
T-0 minute.

À peine l'errant avait-il pris sa décision que son acolyte piqua des deux, propulsant sa monture dans un élan furieux. La course prit une tournure nouvelle lorsque, une fois le mur d'enceinte franchi, ils firent face à une mer de brouillard. Prestenent ne reconnaissait pas l'endroit, mais la torpeur environnante lui ramenait sans cesse des bribes de souvenirs ou de songes passés. Les volutes à perte de vue, l'air filant entre ses cheveux, comme s'il était de retour à la maison. Il y avait même ces silhouettes hagardes et chancelantes, comme celles qu'il avait vu tant de fois depuis les fenêtres du domaine familial...

Sauf qu'il n'était pas au domaine familial, et les formes embrumées avançaient bien plus vite que dans ses souvenirs. Certaines s'éloignaient, d'autres se rapprochaient ou les suivaient sans bruit. Étaient-ce des yeux qu'il voyait se refléter à la lueur nocturne, ou simplement des traces d'humidité ?
Il y en avait au moins une dizaine, et plus il plissait les yeux, plus il en discernait.
Test d'INT groupé : 20. Euh... D'accord.
Test d'HAB en conséquence : 18. C'est la double chute.
Test d'END : 8, tout juste ! Des douleurs temporaires, mais rien d'handicapant

Après une demi-heure éreintante à dévaler la plaine et éviter les récifs embrumés, il y eut un léger relâchement dans la cadence et dans l'attention des deux cavaliers. Sans doute était-ce dû au stress, à cette lutte contre l'inconnu, ou simplement à la peur palpable sur l'un des deux visages. Le grondement s'était dissipé petit à petit, laissant place aux répercussions des sabots et des souffles de chacun...

Soudainement, une patte buta, quelque chose se rompit sous l'effort, et le cheval s'affola furieusement. Dans sa ruée et son saut inopiné, la bête perdit ses deux passagers, les envoyant derechef dans la terre meuble et imbibée.

Tout cela aurait été particulièrement comique, si les sursauts de la bête n'avaient pas eu de réponse. Et pourtant, il y eut un cri. Un bruit désarticulé, visqueux, à la manière d'un gargarisme ou d'un vomissement. Une odeur abondante, salée. Un bruit très proche.

Trop proche.
<< Bah alors, qu'est-ce que tu cherches mon gars ? L'or, les femmes, le pouvoir ?
J'ai tout et plus encore dans ma baraque, viens jeter un œil !
Oh non, ce n'est pas loin, c'est au coin de la rue là-bas.
Mais attends, t'as les moyens j'espère ?

...

Oh, tu sais, on peut toujours s'arranger... >>

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Re: [Prestenent d'Affreloi] Silence ça tourne

Message par Prestenent d'Affreloi »

Il y aurait éternellement une souillure infamante dans la mémoire de Prestenent. Ce court instant où il avait été paralysé, son esprit tué, ou du moins ralenti par… quoi ? Il n'en savait rien. Comme lors de sa rencontre avec le spectre de femme sur la route, il perdit tout ressenti négatif sur son corps. C'est un miracle si l'inconnu avait réussi à le tirer de ce mauvais pas. En se retournant, Prestenent avait pensé pouvoir montrer son intrépidité, mais à la place il blêmit, son visage prenant une teinte qu'on aurait crue impossible. L'instant d'après, sans avoir pu comprendre ce qui s'était passé entre temps, il courait.
Il ne savait pas ce qui se passait. Il voulait savoir pourtant, mais le court instant durant lequel sa conscience elle même avait vacillé lui faisait bien comprendre que si ce mal était possible à vaincre, ce n'était pas ainsi qu'il fallait s'y prendre. Pourquoi fallait-il que tout ce qui croisait sa route ressemblasse à maléfices purs tels qu'aucune lame et aucun courage ne les pouvait pourfendre ?
En serrant les dents, Prestenent se jura que, foi de d'Affreloi, il saurait tôt ou tard le fin mot de cette histoire. Il comprendrait ce qui venait de se passer, à qui étaient ces iris incohérents et ces gloussements amphibiens et si la possibilité lui en était donnée il abattrait la source de cette aberration.

Lui et l'inconnu parvinrent dans la ville de Bois-Giron, méconnaissable dans le brouillard malsain qui remplissait ses rues désertes.
En reprenant son haleine dans l'air à l'humidité rafraîchissante quoique écœurante, Prestenent donna une tape affectueuse dans le dos de l'étranger et lui dit:

"Monsieur… je dois vous donner ce conseil. Si jamais à l'avenir il me prend derechef une seule fois l'idée saugrenue d'agir à l'inverse de vos recommandation, remémorez moi de la scène qui précède. C'est le mieux je pense pour me faire réviser mes jugements audacieux."

Prestenent était un chevalier à qui l'on avait inculqué qu'il n'y avait aucune fierté à tirer d'être arrogant. Certes, l'humilité chez lui s'en allait et s'en venait selon la situation et l'hygiène de ses interlocuteurs, mais de fait Prestenent n'était pas de ceux qui oublient de remercier et encore moins de ceux qui nient lorsqu'ils s'aperçoivent de leur propre faiblesse. Si cet homme n'avait pas agi avec vigueur pour le tirer de là, la Dame seule sait ce qu'il serait advenu du jeune Moussillonais.

Visiblement, ils n'avaient pas couru au hasard. Ils étaient parvenus fort judicieusement devant une écurie que l'inconnu ouvrit sans peine, de la même façon qu'il avait déverrouillé la cellule de Prestenent : en un seul geste. Il pénétra à l'intérieur sans hésitation.
Pendant ce temps Prestenent sonda les environs avec suspicion. La brume et le silence étaient des plus louches. En fait, ça n'était même pas nécessaire pour éveiller la paranoïa du chevalier. Comment quoi que ce soit dans cette ville aurait pu lui sembler naturel et accueillant après tout ce qui s'était passé ?
L'homme reparut, tenant avec lui un grand coursier déjà paré à partir. Il y avait donc bien un plan finalement. En voyant le symbole au trident qui décorait l'équipement du cheval, tous les doutes qu'il pouvait lui rester s'envolèrent.

"Évidemment je sais monter. Je suis chevalier tout de même. Mais…"

Monter à deux sur un même cheval. Prestenent avait des sentiments mitigés sur la chose, mais il n'en dit plutôt rien.

La position était inconfortable, mais d'autres n'ayant pas les mêmes spécificités physiques que ce jeune homme en eurent été autrement plus incommodés. Le coursier bondissant plongea au travers un océan de brume humide à l'épaisseur opaque et surréel. Les nuages de gouttelettes aériennes ruisselèrent sur sa peau et ses cheveux. Une sensation légèrement désagréable, mais qui étonnamment sembla faire émerger des souvenirs. Lesquels ? Il n'aurait su le dire. La remembrance d'un brouillard salé était elle seulement la sienne ou bien quelque chose de plus ancien et de plus profond lui parlait depuis les ruines détruites du nom de d'Affreloi ?
Le galop fou les fit passer entre les tortillements de sinistres silhouettes aux reflets nébuleux. Prestenent ne pouvait expliquer un sentiment de danger imminent, comme si tout ce qui l'environnait, cet air aqueux lui même, était chargé d'un miasme méphitique unique et indivisible se répandant en des regards iridescents dont les reflets se poseraient tous sur lui.

Il secoua doucement la tête, et essuya d'une main sa chevelure où les gouttelettes de brume s'agglutinaient comme de la mauvaise rosée. Était-il en train de rêver ce paysage opaque, absent et plongé dans une mer aérienne de brume ensevelissant tout ? Instinctivement, quelque chose le poussa à se rapprocher de l'inconnu, peut être pour s'agripper alors que le coursier naviguait le long d'une pente, esquivant les obstacles sur son chemin. La chaleur et le mouvement du corps de l'homme et des muscles du cheval agrippèrent mieux le chevalier dans la réalité. Il était sorti de son cauchemar en s'éveillant tout à l'heure dans sa cellule, et maintenant il était dans le monde réel, ce qui voulait dire qu'il n'était plus impuissant face aux images, et si un danger se présentait à lui il pourrait au moins lui lancer des insultes choisies et sensées s'il ne pouvait le tuer à coup de lame.

S'il avait pu se voir depuis un œil extérieur, peut-être Prestenent aurait reconnu dans cette scène de galop celle tant répétée du preux chevalier délivrant une belle d'un donjon et l'emmenant sur son cheval galoper à travers de vertes et reluisantes campagnes. L'ironie voulant qu'en lieu d'être le preux chevalier, Prestenent se trouvait fort fortuitement à la place qu'occupait habituellement l'être femelle, et pour lieu de délivreur il avait droit à ce mercenaire à l'apparence usée. Le pire était sans doute les vertes et reluisantes campagnes, mais sur ce point autant ne pas s'épancher.

Prestenent ressentit alors quelque chose qui fit se figer chacun de ses muscles. Cette chose, c'était une sensation que lui transmettait directement le corps du cheval, comme une douleur se transmettant de nerf en nerf d'un sabot jusqu'au cerveau de Prestenent dont l'escargot eut le temps de jaillir pour crier l'alerte. La bête de trébucher, et les deux hommes de tomber sans espoir de se rattraper sur le sol gadouesque et empesté dans lequel le noble chevalier s'enfonça sans espoir de l'éviter.
Sans doute quelque dieu se gaussait de lui en cet instant, car par la grâce de la Dame ! il n'était tout de même pas concevable que l'on se doive de choir autant de fois et de façon variables tantôt dans la boue, tantôt sur les chemins poussiéreux ou, pire, dans les eaux scabreuses d'un fleuve maudit lorsque l'on se met à l'errance !
Si bien une chose n'était pas assez ressassée alors dans les chansons de geste c'était bien les périls hygiéniques que devait affronter l'errant dans sa quête intrépide.
"Qu'on chût de son séant coursier je le puis concevoir, mais où donc les dieux ont ils pris de me rejeter si souvent la crasse au visage ? Voilà que je ne puis douloir ! Morbleu de palsamcouille !"
Songea-t-il, plein de virulence, comme il se relevait encrouté de boue. Si quelqu'un quel qu'il soit eut trouvé de quoi rire de cette scène, et que Prestenent le susse, sans hésiter il l'aurait étranglé de ses mains.

Mais un cri aux sonorités incongrues dissipa son ressentiment, l'épargnant du soin de mesurer l'ampleur de l'atteinte qui venait d'être faite à son hygiène exemplaire. Le gargouillement qu'il venait d'entendre n'était pas humain.
À sa grande surprise, Prestenent quoique ne sachant pas ce dont il s'agissait ne se sentit pas le moins du monde dépaysé à l'ouïe de ce son. Le sang froid du chevalier était matière trop pure pour être émoussée par un simple caquètement, mais il était proche, et il se rapprochait encore.
Bien que ne voyant rien, et en réalisant que reprendre la route sur le dos du cheval n'était pas une alternative possible, Prestenent se releva comme il le pût en dégainant son épée et son écu. Qu'elle que soit la menace, femme ou démon - ce qui dans son esprit était une même chose - elle devait bien avoir une faiblesse quelconque.
Tout en levant ses armes et en se positionnant pour protéger les deux d'entre eux, Prestenent lança à son compagnon d'évasion:

"Monsieur, s'il y a quoi que ce soit que vous puissiez me dire sur ce qui arrive et qui puisse nous être utile à moi et à mon épée, dites vite je vous prie !"

Par souci de Prudence, Prestenent ne chercha cette fois pas des yeux son ennemi. Qui sait ce que ce regard mutant pouvait avoir comme pouvoir ?
Il cachait l'entièreté de son visage derrière son écu, tendant l'oreille pour sentir si la chose approchait.
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[MJ] Le Faussaire
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Re: [Prestenent d'Affreloi] Silence ça tourne

Message par [MJ] Le Faussaire »

Test d'INT - Prestenent : 1, réussite critique !
Test d'INT - ??? : 10, réussi de justesse !

Test de VOL - Prestenent : 3, facile.
Test de VOL - ??? : 6, facile.

Sans s'en rendre compte, la voix de Prestenent avait porté plus loin qu'il ne l'aurait imaginé. Peut-être avait-il crié ? Peut-être y avait-il de l'écho ? Quoi qu'il en fut, il leva son écu haut devant son visage, arguant férocement à son compagnon de lui indiquer quelque conseil. Ce dernier avait subi un choc plus important, vu le temps qu'il mit à se redresser, désarmé. Arme toujours au fourreau, il scrutait les environs, le regard agité.

Et soudain, sans aucune aide, l'errant aperçut quelque chose du coin de l’œil. Ses yeux, bien que peu habitués aux lueurs nocturnes, avaient réussi à déceler les différentes sources de mouvements autour de lui. Les formes étaient bigarrées, biscornues, désordonnées, dépareillées. Certains les guettaient intensément, là où d'autres ne semblaient pas avoir d'yeux du tout, tels des spectres sans identité. Mais celui qui semblait le plus s'intéresser à lui était juste en face de lui, juste derrière la plaque de fer qui lui servait de bouclier. Étant donné l'absence de protection du moussillonais, il arrivait très bien à discerner la créature.

Image
- "Battez-vous, et ne faites rien de stupide ! Trouvez une issue, pour MARCUS ! POUR ALBERIC !"

Il y eut d'abord un juron, une bravade, un estoc verbal et acéré. Sans grand effet. Une tête - ce devait être une tête - tourna, mais n'exhala qu'un soupir fatigué. L'inconnu avait foncé sur la silhouette la plus proche, projetant de la boue sur son court chemin. Le fer s'éleva, étincelant la brume avant de rencontrer la chair. Un bruit mou, suivi d'une étincelle, et d'une autre. La chose avait dévié les coups, ou elle avait encaissé. Une deuxième se dressa entre Prestenent et son compagnon, mais fut vite repoussée sur le côté par ce dernier.

Maintenant son écu bien haut afin de couvrir le plus de surface, l'errant cherche un point d'avantage. Très vite, les silhouettes se séparent de la brume. Deux, trois, quatre créatures. Plus il regardait, plus il y en avait. L'une d'elles, une scolopendre difforme, trouve une faille dans le duo, éraflant la chair avec l'une de ses multiples pattes. Sa voisine, semblable à un crustacé humanoïde, profite de la faille pour se jeter sur Prestenent - sans effet. L'impact de la bête sonne le fer, secouant la chair sans effusion de sang.

- " BON SANG ! DÉFENDEZ-VOUS !"

Avec un simple pas de côté, la lame de l'inconnu scinde les membres, séparant un oeil de l'autre, ouvrant la voie pour un pied écrasant, suivi d'un estoc dans une autre gueule gluante. L'instant d'après, les viscères se mélangent à l'air, donnant une couleur temporairement mauve à la marée de brouillard. Enhardi par le cri proche, Prestenent perfore la carapace de l'horreur qui lui fait de l'œil. L'arme s'enfonce dans un craquement jusqu'à la garde, et lorsqu'il retire son épée en pivotant, la bête s'effondre, ouverte comme une noix d'automne.

L'air prend de plus en plus une odeur rance, saumurée, et seule la lune ne semble pas régurgiter un peu de salive. Les deux silhouettes brisées par l'homme du trident s'effondrent dans un grondement, mais en la piétinant, ce dernier voit sa cuisse lardée de rouge, tandis que sa jambière se craquèle. Le cri d'agonie tourne les têtes alentours, et c'est un autre flot de visages et de crustacés qui se dirigent vers les deux épéistes. L'inconnu éventre la silhouette qui lui dévore le pied, et saute en avant pour forcer son avantage. Sa lame s'abat à nouveau, décollant deux pattes à un quadrupède haletant.

Sans réfléchir, Prestenent darde et tranche tout ce qui passe, se frayant un chemin jusqu'à son acolyte, tout en gardant son effigie bien haute. Mais c'est un regard vide et laiteux qui l'accueille, et une pince couverte de calcaire et de moisissure le cueille juste sous l'épaule, sonnant les côtes et le bras levé. L'écu glisse sur les viscères, flottant entre deux cadavres nauséabonds. Le choc est tel qu'il faut au moins quelques secondes avant que la lumière remonte à tous les étages, avant que la neige ne quitte son champ de vision.

Entretemps, le combat continue. Seul et sans harnois, les jurons et les grognements volent, le fer rencontre l'écaille, le cuir rencontre les dents. Soudain, un hennissement retentit. Un cheval ? Non, leur cheval !

La monture, désormais relevée, se rue et se tortille dans tous les sens, empalant de ci, piétinant de là... Et l'étau se resserre, encore et encore. L'air empeste la marée, les chairs fermentées. Un énième arc de cercle libère le passage pour Prestenent, qui se jette sur son écu, avant de foncer vers la monture. Les rênes tombent entre ses mains dans l'instant, mais lorsqu'il tire dessus pour se hisser...

C'est une ruée qui le reçoit. L'encolure se dérobe sous sa main, ses mains rencontrant la belle croupe, puis la fiente. Et lorsqu'il relève la tête, c'est une lueur orangée qui attire son regard...

Un reflet, sur une pièce en arc de cercle ? Non, un fer-à-cheval, qui vient le cueillir juste sous le front. L'air se fait rare, l'univers se fait très calme désormais...

Le silence règne, et ce pendant de très longs instants...

[...]

Petit à petit, le monde se met à bouger, à trembler, à rouler. Sans cri, sans un bruit.

Et dans le silence, ça tourne...
Voilà ce que tu es en train de combattre Image

Image

Image

Et si tu veux plus de variété, voilà de quoi combler ton assiette :

Image
Une fois n'est pas coutume, je mets les jets en bas de page.

Un seul ennemi réussit son test d'INT et comprend tes bravades, et subit donc le malus lié.
On va simplifier les jets, afin d'éviter le pavé de 50 lignes.

P = Prestenent
T = L'inconnu avec ses symboles du trident
A = les affreux, les silhouettes, les monstres, les crustacés.


Tour 0 :
Ordre d'initiative => T - P - A1 - A2 - etc.
État des belligérants : T à 100% PV , P à 34/65 PV (2 nuits de sommeil depuis la dernière perte de PV), A3 à -1 via la bravade, et tous les A à 100% PV

Étant donné leur carapaces, écailles et la chair macérée qui réside à l'intérieur des créatures, je considère que lorsque n'importe quelle "A" tombe à 0pv, elle meurt. Aucun test d'END, aucun jet sur la table des critiques, rien.

Par chance, ce n'est ni le cas de T, ni le cas de P.


Tour 1 :
T charge - 17 & 17, raté.
P se place, sur la défensive - Bonus de 2 aux parades, compétence "parade" tant qu'il tient son bouclier levé sans attaquer
A1 & A2 attaquent T, 18 & 6, une touche dont... 11, parée de justesse => T passe à 66pv
A3 & A4 attaquent P, 15 & 3, une touche de justesse, 6, parée aisément => P passe à 31pv

Tour 2 :
Aucune silhouette ne se rajoute.
Aucun cheval en vue.

T attaque deux fois, une fois chaque ennemi - 8 & 4, aucune parade réussie => A1 tombe à 7pv; A2 tombe à 15pv
P attaque une fois, 1, imparable, et en plus ça touche la tête => A3 meurt dans l'instant.
A1 rate son test d'END, et se vide de ses entrailles.
A2 réussit son test, régénère une partie de sa blessure, et lacère T => T tombe à 43pv
A4 rate son attaque, et crie.

Tour 3 :
4 créatures ont entendus le cri et courent vers la boucherie.
T attaque deux fois, une fois sur chaque ennemi -2&10, aucune parade => A2 est fendu en deux, A5 tombe à 22pv avant même d'avoir pu charger, les pattes tranchées.
P attaque une fois, bouclier levé - 6, 10 parée => A4 tombe à 35pv
A5 & A7 repoussent T => aucun dégât
A4 & A6 enserrent Prestenent, une attaque - 4, parade... 14, raté => Ouch, P tombe à -13pv => 2 au test d'END, soit un 3 au bras = > Tu lâche ce que tu as en main gauche, et ton bras gauche est sonné.

Tour 4 : P entend le cheval, et le voit dans la brume.

Décision du joueur - " Je ramasse mon bouclier et je fonce vers le cheval, sans abandonner mon compagnon "

T attaque et se déplace vers P - A4 meurt
P se désengage, et fonce vers le cheval - 12 v 14, tu ramasse ton écu, et seul T arrive à te suivre
Test d'INT+HAB/2 pour maitriser & calmer le cheval - 20. Tu es mis à terre, essoufflé.
Test de "réaction / attaque" du cheval - 1, imparable (comme si un bouclier allait arrêter un cheval fou...)

Test de dégâts - C'est le K.O. technique

Test d'END de P - Réussi de justesse.
Test d'HAB+INT/2 de T - Réussi.
Test de FOR de T - Résultat secret.
Test d'ATT de A7 - Résultat secret.

Fin du combat.

Prestenent n'est pas mort, mais tu flotte entre la conscience et l'inconscience pendant un bon bout de temps.

C'est tout pour moi. Tu as le champ libre, chevalier.
<< Bah alors, qu'est-ce que tu cherches mon gars ? L'or, les femmes, le pouvoir ?
J'ai tout et plus encore dans ma baraque, viens jeter un œil !
Oh non, ce n'est pas loin, c'est au coin de la rue là-bas.
Mais attends, t'as les moyens j'espère ?

...

Oh, tu sais, on peut toujours s'arranger... >>

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Prestenent d'Affreloi
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Re: [Prestenent d'Affreloi] Silence, ça tourne...

Message par Prestenent d'Affreloi »

La pénombre s'avéra animée, comme si des formes rocailleuses du paysage pouvaient articuler leurs membres chitineux et noires pour faire ramper les pâles reflets nocturnes de leurs formes bigarrées droit vers le chevalier, qui se tenait aussi prêt qu'une telle chose soit possible. Il ne savait pas ce qui approchait, et son cerveau refusa un moment de comprendre que ce ne pouvait pas être humain.

Prestenent levait bien haut son écu. Cet effort fit se vibrer tout son corps, comme si son inconscient avait lancé une rapide révision de son état pour lui rappeler à quel point il était exténué. Son corps était à moitié vidé par l'horrible succion des sangsues à laquelle son sommeil troublé et interrompu n'avait pas donné de remède. Pourtant, ce frisson ne se changea pas en peur. Ce qui se produisit dans l'esprit et le corps de Prestenent fut l'exact inverse. Cette confirmation de sa propre faiblesse lui nourrit instamment le sentiment d'intrépidité qui surgit, comme une seconde nature, chez un chevalier acculé. Comment aurait-il pu s'entrainer durant l'intégralité de sa vie et tout de même être effrayé par le danger ?

Ce frisson devint un stimuli, une force éléctrique qui chargea d'une énergie nouvelle, plus tranquille, plus méthodique que son habituelle et débordante ardeur, chacun de ses muscles et s'en alla jusqu'à traverser la carapace qui couvrait son cerveau. Et quand le frisson fit vibrer sa gorge, il fit monter avec son habituelle verve une bravade forcenée, aussi vulgaire et stupidement outrageante qu'on peut l'attendre de la part d'un Prestenent plus pressé que jamais il ne l'avait été.

- "Approchez donc, étrons rampants, coulants et mollassons. Qui que vous soyez, moi, Prestenent d'Affreloi, je ne cèderai pas face à vous ! C'est vous qui cèderez ! Vous cèderez de même qu'un trou du cul cède face à la dysenterie ! Allez ! Approchez !"

La réaction, si tant est qu'il y en eut vraiement une, fut occultée par la pénombre sinistre et glauque qui recouvrait ces silhouettes grotesques et absurdes dont la nature n'attendit pas de se révéler en un assaut bestial et gigotant.

Il y eut un temps où Prestenent se crut retourné dans son cauchemar. Un battement de cœur d'une désorientation totale où le réel et l'abyssale se confondaient sans aucun respect pour les lois de la raison. Un battement de cœur seulement où ses organes furent serrés par un sentiment sur lequel il aurait été incapable de placer le mot "peur".

Son sang ne fit qu'un tour.

Prestenent para de justesse un coup porté par un corps à moitié mou. Son bouclier comme une extension de son corps ressentit toute la "texture" de ce qui venait de le frapper. Jamais il n'aurait crû se battre contre une créature à la nature aussi opaque et grotesque.
Pourquoi avait-il envie de manger tout à coup ?
Des pattes d'insectes dont la taille était tout bonnement outrageante vinrent le lacérer. Son monde se réduisit brusquement. L'inconnu s'avança pour occire la créature d'un coup de lame preste. Le chevalier n'eut pas l'occasion de se concentrer sur les actes de son camarade. Ces choses énormes, incohérents amas se contorsionnant dans la brume... Il y en avait trop.
Dans le brouillard, se dessina un sourire. Celui de Prestenent qui sentait la bouillante ferveur chevaleresque remonter le long de son bras. Sa vision des choses prit un aspect... spécial. Il se voyait, jouant à frapper dans le vide avec son épée en bois, se prenant pour un vrai chevalier.
Et la puissance de son coup donnait presque l'impression qu'il se jouait, en effet. Son estocade atteignit sur le corps du mollusque des extrémités inenvisageables dans un combat réaliste, au point qu'on pouvait une fois de plus se demander s'il était dans un rêve. La lame s'enfonça dans les chairs molles sur toute sa longueur, tant que Prestenent dut l'arrêter avant qu'elle ne se retrouve coincée jusqu'à la garde. Le désagrément d'une épée dont la pointe s'enfonce trop profondément dans les chairs d'un adversaire n'était pas de ceux auxquelles il se serait attendu dans un combat ordinaire, mais ce combat était tout sauf ordinaire. Alors qu'il retirait sa lame pour s'en servir de nouveau, il put entendre un un grincement horrible derrière lui. Étonnamment, il comprit de suite que c'était le cri d'agonie d'une des bêtes, et il réprima un frisson.
D'autres mouvements se faisaient sentir dans la brume environnante. Ils étaient plus nombreux, et à cet instant peut-être Prestenent eut un moment de faiblesse, un désespoir indigne d'un chevalier bretonnien lui mordit la nuque.
Et une pince immonde lui perça le flanc.

"Lit de rose et putréfaction !"

Sa tunique, sa peau, sa chair, ses côtes, tout partit en vrilles. Au sens propre. Ses yeux révulsés devinrent proprement aveugles pendant une poignée de secondes qui, mises au beau cœur d'un combat, semblaient une éternité douloureuse. Le choc parcourut tout son corps, et l'impensable se produisit: il ouvrit sa main, le bras paralysé, et lâcha son écu. L'écu de sa famille.

L'épée, l'écu, ça ne pouvait pas aller. Cette errance lui avait honteusement arraché son hygiène, sa fierté, une moitié de son sang, et déjà qu'une fois il avait lâché son épée, cette fois c'était son écu. Cet écu avait été si difficile à restaurer. C'était une relique familiale, peut-être le dernier écu en état d'usage existant à porter fièrement la juste et correcte représentation du blason millénaire des d'Affreloi. Plutôt mourir que le perdre !

Plutôt mourir que le perdre !

Dès lors, le combat, son camarade, la ville, le brouillard, les cornichonneries monstrueuses se mouvant à l'intérieur, ou même le cheval ; tout cela fut remis à sa place en tant que détails insignifiants et méprisables, indignes de l'attention du dernier chevalier de la maison d'Affreloi. Le preux chevalier se vautra de son propre chef dans la boue infecte pourrie par le sang puant de miasmes abyssaux que les cadavres des aberrations avaient fait s'écouler dedans, et d'une main raffermie par une détermination absurde, il empoigna la bandoulière de son écu. En se redressant sur ses genoux encroutés de terre humide, il eut un moment de vertige comme jamais auparavant. Il se demanda s'il avait envie de vomir, mais dut conclure que ce n'était pas le cas; Non. Il se sentait vide, et un bref coup d'œil sur sa plaie lui fit comprendre pourquoi.
Il n'avait presque plus de sang.

Fuir ou mourir. Ou les deux. Le choix était plus difficile qu'il n'en avait l'air. Il aurait dû rester et combattre jusqu'à la mort mais enfin, mourir au combat était une noble chose, mourir dans la nuit sans même savoir contre qui, pourquoi, où, comment, et quand. Cela ne lui allait pas du tout. Il ne pouvait pas finir comme ça. Il n'en avait pas le droit. Il était le dernier chevalier de la lignée d'Affreloi, il devait faire rayonner ce nom, et vivre une véritable aventure de chevalier. Ici il n'avait rien vécu, rien su, rien compris. C'était peut-être plus terrifiant que la plus sordide des morts. Il parvint pourtant à se persuader que ce n'était pas la peur qui le faisait détaler, mais le sens du devoir.

Lorsqu'il vit le cheval revenir, il comprit qu'il n'y aurait qu'une occasion.

Fuir ou mourir. Ou fuir et mourir. Il n'avait pas droit à un faux pas. Son corps n'avait plus assez d'énergie, plus assez de sang pour pouvoir faire plus que le porter encore sur quelques mètres.
Ce qui le décida finalement, c'est la vue de son compagnon s'avançant pour pourfendre les abominations nocturnes. Mourir c'était faillir à le protéger. S'il restait ici et se vidait de son sang, son camarade serait submergé et réduit en charpie. Intolérable !

"J'ai perdu trop de sang... je crois..." Il ferma les yeux, serrant les paupières comme on serre les dents pour supporter une trop grande douleur. Mais ce n'était pas son corps qui le faisait le plus souffrir, plutôt ses mots. "On doit rattrapper votre cheval... vite..."

Il se leva. par miracle les silhouettes morbides et chitineuses ne se ruèrent pas sur lui. Par miracle l'inconnu parvint aussi à se désengager.
Une part non négligeable du cerveau de Prestenent songeait à sa plaie ouverte et ses vêtement déchirés où la boue chargée de maladies s'engouffrait, à l'hygiène et au pathétique de sa forme ensanglantée et lacérée, mais il fit taire cet aspect de sa pensée pour s'élancer vers l'animal. Le cheval rua. La bête était paniquée, elle faiblissait elle aussi face à ses cauchemars.
Prestenent était d'ordinaire plus doux avec les animaux qu'avec les humains. Il avait été outré en voyant les paysans bordelins massacrer un bouc sous ses yeux, mais s'était contenu. Il avait été enchanté de voir les destriers du marquis de Bois-Giron, et pourtant en cet instant il parvint à concevoir de la rage pour cette bête stupide. Enguerrand d'Affreloi premier du nom avait eu un destrier si courageux et flegmatique qu'il avait tenu sans broncher ni hennir les sordides élancements de Viergedouleur durant une journée entière. Ce modeste mais non moins vital coursier ne pouvait-il faire un effort et garder par lui même son sang froid ?

Prestenent, trop agité et trop stupide pour réagir correctement, saisit les rênes, et reçut en paiement un sabot en plein milieu du front. Il y avait là de quoi assommer un homme au comble de la forme. Il y avait là largement de quoi tuer le chevalier agonisant.

Et de tomber. Et de voir l'obscurité envahir tout. Et le silence. Et des vapeurs impossibles.

Et de cauchemar en cauchemar, il ne cesserait pas.
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[MJ] Le Faussaire
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Re: [Prestenent d'Affreloi] Silence, ça tourne...

Message par [MJ] Le Faussaire »

FIN DE CE CHAPITRE !

Xp obtenus (après la pause xp en page 5) : 45 xp, ce qui t'amène à 96xp au total.
Dépense(s) possible(s) : Au choix du joueur, et applicable instantanément dans La Cabane


Suite du RP : Juste ici
Image
<< Bah alors, qu'est-ce que tu cherches mon gars ? L'or, les femmes, le pouvoir ?
J'ai tout et plus encore dans ma baraque, viens jeter un œil !
Oh non, ce n'est pas loin, c'est au coin de la rue là-bas.
Mais attends, t'as les moyens j'espère ?

...

Oh, tu sais, on peut toujours s'arranger... >>

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