Un blanc, un gros blanc même. Voilà à quoi se résumait l'ambiance dans l'auberge aprés la question posée par Johannes. Les locaux étaient-ils méfiants envers les étrangers à ce point? Ou était-ce juste le fait que ces gens d'armes avaient été pris de court par les paroles du rôdeur? Quoi qu'il en fut leur réponse fut claire pour le renégat, toutefois paradoxalement ils semblaient cacher quelque chose à ses yeux. Mais quoi? Ce moment de flottement prit fin quant le vénérable aubergiste retourna au comptoir pour remplir des chopes et les porter ensuite à ces miliciens.
Il finit par revenir à la table du bandit avec, là aussi, deux godets dans ses mains:
"Ne le prenez pas mal étranger. Mais tout le monde n'apprécie pas forcément le fait que quelqu'un débarque de nulle part pour ensuite commencer à poser des questions. Ils ne sont pas tous comme moi ici. M'enfin....Où en étions-nous déjà? Ah oui, mon frère qui partait à Moussillon, figurez-vous que...."
Décidément la propension de cet homme à parler et raconter des histoires à tout-va rappelait au hors-la-loi, par certains aspects, son ancien compagnon Bobliano.
Alors qu'il continuait à raconter sa vie, l'aubergiste trouva face à lui un Johannes au visage concentré, une lueur d'intérêt pouvant se lire dans ses yeux. Mais on pouvait se douter que l'attention du brigand ne se portait pas vraiment sur les dires de celui qui lui faisait face. En réalité, il était bien plus concentré sur ce que disaient les hommes d'armes attablés non loin de lui. Et ce qu'ils se murmuraient entre eux était....trés intéressant....
Chuchotant un peu trop fort pour leur propre bien, le renégat put saisir leurs paroles. Pendant une poignée de secondes, Johannes fut momentanément rassuré en son for intérieur: les gardes n'étaient pas venus pour lui, aucun villageois ne l'avait donc dénoncé au cours de ses recherches quelque peu indiscrètes. Il fallait savoir que c'est dans cette éventualité que le chasseur sous couverture leur avait volontairement posé une question un peu simple, de manière à "passer inarperçu" ou au moins à ne pas être perçu comme un danger à leur encontre. Mais force est de constater que ce "mouvement" de la part du hors-la-loi avait eu l'effet inverse. Ces miliciens n'avaient pas du tout relâché leur attention sur Johannes, au contraire. Et pour cause, ils recherchaient eux aussi un enfant, enfin eux, le seigneur du coin plutôt. Aux yeux du renégat, cette coincidence était tout simplement trop grosse pour être vraie; que ce soit au niveau du marmot en question ou de la poupée en chiffon que ses ravisseurs s'étaient procurés. Toutefois un doute, aussi infîme soit-il, persistait dans l'esprit du hors-la-loi. Comment être certain de ce fait? En tout cas, si cela était vrai, Johannes n'était donc pas le seul à vouloir retrouver cette fille. Il fallait donc agir et retrouver ces chevaliers ravisseurs le plus vite possible, aucun repos, hormis le plus élémentaire, ne pouvant désormais être pris. Cependant ces hommes d'armes, bien qu'à ne pas sous-estimer, ne semblaient pas aussi aguerris que des combattants professionnels. Même s'ils avaient l'avantage du nombre, ces hommes ne restaient que des paysans enrôlés et disposant d'un entraînement sommaire. Les chances qu'ils viennent à battre par eux-même des chevaliers ayant enlevé la fillette du noble impérial semblaient donc plus qu'improbables....Mais pas inexistantes....Surtout s'ils se résoudraient à approcher le rôdeur pour l'intégrer dans leur équipe....
Le bandit sourcilla quelque peu: tant de possibilités, tant d'occasions pouvant être saisies....Toutefois l'aubergiste le tira de ses réflexions, lui demandant s'il souhaitait passer la nuit ici. Fouillant dans ses poches, Johannes en finit par en ressortir quelques piécettes. Probablement qu'il aurait assez pour payer une nuit ici. Mais en aurait-il assez pour pouvoir s'offrir une autre nuit dans une autre auberge? Dans un autre village ou bourg qu'il viendrait à croiser ensuite? Et puis encore un autre aprés? Pas sûr....
Encore une problématique que le renégat aurait à résoudre. Il lui fallait de l'argent afin de pouvoir tenir sur le long terme dans ses recherches et pour pouvoir supporter d'éventuels imprévus. Ce qu'il avait dans ses poches était bien trop peu à son goût:
"Bah....j'pourrai pas payer pour une couche. J'trouv'rai un ôt' endroit où pioncer." Prononça-t'il tout en se levant et hochant de la tête en guise de remerciement, finissant par déposer quelques pièces sur la table.
C'est ainsi que le bandit sous couverture quitta l'auberge et se retrouva dehors. La nuit arrivant peu à peu, l'obscurité commençait à s'installer en ces lieux, seules quelques torches éclairant certaines portes ou "fenêtres" des masures ici et là.
Il ne fallait pas se tromper, ce passage dans la taverne avait été trés instructif pour Johannes. Seulement voilà, les réponses qu'il y avait trouvé engendraient de nouvelles questions et problèmes pour la suite de l'enquête. Comment confirmer le fait que le seigneur local recherche vraiment la même fillette que lui? Comment allait-il trouver de l'argent pour la suite?
Cherchant pendant quelques instants une réponse à ces problématiques, le renégat commença à errer un peu dans le village, cherchant dans le même temps un petit endroit ou dormir. Cependant un sourire malicieux apparut d'un coup sur son visage. Il avait trouvé une réponse: s'infiltrer dans le château cette nuit.
Premièrement, avec toute une partie des hommes d'armes à la taverne, il y aurait probablement moins de monde pour monter la garde.
Deuxièmement peut-être qu'avec un peu de chance et beaucoup de discrétion, il trouverait déjà des objets de valeur à voler pour les revendre et se faire de l'argent avec. De plus, peut-être qu'il pourrait entendre au détour d'un couloir ou dans une salle certaines discutions concernant cet enfant que le seigneur recherchait tant.
Et finalement, n'était-ce pas amusant et palpitant de pénétrer dans un donjon de nuit? Rien qu'à cette idée Johannes avait des frissons d'excitation. Bien sûr que c'était une action risquée, bien sûr qu'il pouvait tout à fait y laisser sa peau et échouer lamentablement dans sa tentative. Toutefois le bandit, malgré son naturel plutôt calme, était quelqu'un d'aventureux qui avait tout simplement besoin d'adrénaline pour se sentir exister. Entre ça et une nuit "fade" ou rien ne se passe, le choix est vite fait à ses yeux. Comment ça il avait déjà risqué sa vie deux fois au cours de la journée? Eh bien jamais deux sans trois comme on dit.
Commençant à échaffauder un plan dans son esprit, Johannes, à la faveur des ombres naissantes, se dirigea vers les abords du château. Une fois parvenu là-bas et si, bien sûr, on ne l'observait pas, il commencerait alors à reconnaitre les lieux. Il pisterait, plusieurs fois, sous plusieurs angles, surtout au niveau des murs; cherchant à déterminer leur hauteur ainsi que pour repérer des points d'ancrage au niveau des créneaux, tout en gardant l'oeil sur d'éventuels gardes patrouillant sur la courtine.
S'il échouait à distinguer quelque chose, ou au contraire, apercevait trop d'hommes d'armes ou pas assez de points d'ancrage; bref s'il ne pouvait vraiment pas s'infiltrer sans se faire repérer, le rôdeur abandonnerait sa tentative et se résignerait à rester sage pour cette nuit. Il se mettrait alors en quête d'un petit coin dans le village pour s'assoupir. Hors de question de passer la nuit dans la forêt bien sûr, le bandit pouvait se révéler audacieux mais pas non plus suicidaire à ce point.
Mais si il arrivait à observer des remparts vides, pas trés hauts et dépourvus de gardes, alors il s'avancerait. Sortant sa corde et son lasso, le renégat lancerait ce dernier aux niveau des créneaux afin qu'il se fixe sur un des merlons de la muraille. Une fois ce point d'ancrage obtenu, il agripperait la corde avec ses mains, prendrait appui contre la muraille avec ses pieds et commencerait son escalade. Une fois parvenu sur la courtine et si c'était possible, il se dirigerait vers le donjon en lui-même afin d'y pénétrer dedans. Progressant à pas de loup, la tête et le dos baissés, avec toute la discretion dont il pouvait être capable en somme.
Désormais c'était du quitte ou double. Seul l'avenir dira si le malandrin trouvera des renseignements et des objets précieux pour la suite de ses recherches ou bien mourra en essayant....Enfin ça, c'était s'il pouvait s'infiltrer dans le château déjà....
► Afficher le texte
Je vais me permettre de demander trois jets de perception qui résumeront la phase de repérage. Tout dépendra du résultat qui s'ensuit. N'hésites pas à y rajouter d'autres jets si tu le juges nécéssaire.