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Re: [Armand de Lyrie] Maman

Posté : 19 mai 2020, 17:33
par [MJ] Katarin
Bien décidé à affronter sa mère en tête-à-tête sans plus perdre de temps, Armand prit l'escalier en colimaçon qui le mena à l'étage. Arrivé sur le balcon de bois qui surplombait la chapelle de six mètres, il longea la balustrade, ignora le trône en bois qui prenait la poussière, et prit l'une des deux portes pour rejoindre le couloir du premier étage. Dépassant une alcôve derrière laquelle un rideau tâché de sang ne cachait plus que du vide - l'armure et son présentoir qui y étaient ayant disparu - il déboula sur le balcon en pierre nord qui flanquait le hall principal, dans lequel il avait affronté une première fois Anne. A sa gauche, les balustres sculptées pour ressembler à des chevaliers en armure soutenaient un garde-corps en pierre, tandis qu'à sa droite, quelques armes et boucliers ornaient les murs, quand bien même là encore la majorité d'entre eux avait disparu. D'où il était, il put observer que des gravats jonchaient le balcon sud, de l'autre côté du hall : là-bas, il semblerait que des explosions aient détruit le mur de l'une des chambres, et l'accès à l'escalier menant à l'étage semblait difficile.

Alors qu'il dépassait la deuxième chambre d'invités, il put observer l'intérieur de la pièce dont les portes étaient grandes ouvertes : aucune déréliche n'était venu troubler la quiétude de cet endroit-ci. Ainsi, Armand put entrapercevoir le portrait de son père qu'Anne avait autrefois peint, qui était suspendu au-dessus de la cheminée en marbre noir de la pièce. C'était une peinture dérangeante, montrant Armand VII sous son plus beau profil alors qu'il avait la trentaine, mais présentant aussi un regard qui semblait vous fixer, avec un sourire énigmatique, voire sournois. Le fait qu'il soit pile en face du grand lit dont les quatre poteaux représentaient des guivres toutes tournées en direction du matelas ne semblait pas anodin, comme pour mettre mal à l'aise un invité qui se sentait alors observé et encerclé par son hôte dans son sommeil.

Préférant ne pas s'attarder, le chevalier poursuivit son chemin sur le balcon de pierre, et passa sous l'arcade le menant à un nouvel escalier en colimaçon qui le mena cette fois au second étage. Un rideau noir partiellement en lambeaux se dressa sur son chemin alors qu'il quittait la cage d'escaliers : il le repoussa négligemment, pour découvrir un triste spectacle : devant lui, le couloir qui aurait du le mener vers la salle de réunion des chevaliers puis sa chambre, avait subi un terrible éboulement. Le toit s'était effondré, et l'unique porte qui menait vers sa destination était désormais cachée derrière un énorme amoncellement de pierres, qui obstruait tout le couloir.

Le chemin était sans issue, ou presque : la lumière des étoiles était visible par le trou, et peut-être était-il possible d'escalader les gravats pour rejoindre le toit du château, quand bien même Armand ne pouvait s'assurer de la stabilité des pierres éboulées, et qu'il ne pourrait grimper chemin si abrupt en armure lourde.



Trois jets d'intelligence pour chemins potentiels : 3, 18, 3
Armand se souvient de l'existence de passages secrets dans son château : à l'instar de la tour à feu, c'est une autre des excentricités d'Armand IV de Lyrie qui aimait BEAUCOUP se faire remarquer et a dépensé un budget stupide pour réaménager tout le château. Tu en connais un ou deux, mais tu te doutes que d'autres existent.
Le premier, il se situe juste à côté de toi : en haut des escaliers, tu sais que la paroi sud est amovible si tu la pousses : c'est une porte dissimulée qui mène directement dans la salle d'audience (Q36)
Le second, tu ne le connais pas, mais des rumeurs existent comme quoi l'étude d'Armand disposerait d'une pièce secrète, permettant d'épier ce qui se disait dans la salle de réunion (Q37)
Aucune info sur le troisième puisque 18 :D
Ces trois passages ne sont pas forcément les seuls chemins qui existent, les jets ne servant qu'en infos bonus : libre à toi de réfléchir pour voir si tu penses à d'autres possibilités.

Re: [Armand de Lyrie] Maman

Posté : 19 mai 2020, 19:22
par Armand de Lyrie
À présent que je suis seul, je peux marcher à ma propre cadence et redécouvrir mon chez-moi.

Il y a une véritable angoisse à percevoir la ruine et le ravage de cet endroit où je me suis longtemps senti heureux. Un pincement de cœur, à faire saigner, alors que je découvre les gravats jonchant, les râteliers d’armes qui ont été vidés – peut-être par pillage de sergents, peut-être par des hommes d’armes pour se défendre. On s’est battu ici. Toute cette destruction n’a pas pu avoir lieu simplement parce qu’on a abandonné le château-fort pendant quelques mois ; Il y a eu un acharnement de violence. Peut-être l’emploi d’armes de sièges. Peut-être de la sorcellerie. J’ignore quel est le déroulé exact de la bataille – j’ai refusé d'accompagner l’ost ducal, et après coup, je n’avais plus tellement d’amis ou de proches pour me donner un véritable témoignage. Je sais qu’il y a eut un incendie, sans savoir vraiment qui l’a provoqué. J’ignore combien de gens sont morts, exactement – combien de coupables, et combien d’innocents. S’il y avait des domestiques qui ont été terrassés. Voire-même des paysans gardés en otages. Aucune idée.

Mais bref, une sale tristesse nostalgique commence à s’emparer de moi. Pour deux raisons, plutôt liées : Déjà, tout simplement parce que l’état de ce château, l'héritage de ma dynastie, me révulse. Ensuite, parce qu’il m’est douloureux de retrouver mon foyer, cet endroit où je me sentais en sécurité, protégé, en sachant à présent comment chaque chose que je regarde cachait en réalité une corruption lancinante.
Tenez, le simple tableau de mon père, vers lequel je m’arrête alors que je me dresse sur le seuil de la porte ; Autrefois, en le regardant, je pouvais me réjouir du talent de ma mère, de son bonheur à peindre et s’exercer pour coucher sur une toile de magnifiques choses. Et je pouvais, par la même occasion, contempler la beauté de mon père, sur ce souvenir qui traverserait les âges, afin que lorsqu’il serait vieux, je puisse montrer à mes propres enfants à quoi leur grand-père ressemblait. C’est lent de peindre un tableau. Anne et Armand ont dû le faire en plusieurs séances, le temps qu’elle couche un croquis avant de préparer sa palette. Je peux presque imaginer maman taquiner papa, lorsque sa pose fatigue à force de devoir rester en place des heures durant. Je les imagine plaisanter, discuter. Et puis papa qui décide d’aller l’embêter en lui embrassant le cou, alors qu’elle l’engueule pour de faux, car elle doit encore enduire la toile de gesso

Je lui en veux. J’ai eu le temps, en des mois, de lui en vouloir. Et en même temps, je commence à réfléchir, à… À ce que j’ai vu, entendu à l’instant dans la chapelle.
Se sont-ils damnés pour moi ? Pour que je sois là, debout, aujourd’hui, au milieu d’un champ de ruine ?
Comment puis-je les haïr tous les deux, si je suis devenu un adulte uniquement par leurs pactes et leurs sortilèges ?
Ils n’ont pas moins mérité de payer. Ils ont trahi le Royaume et la Dame, ils ont fait du mal à ceux qu’ils étaient censés protéger. Mais moi, moi, je ne peux pas leur en vouloir. Je les aime. J’aurais aimé qu’ils vivent longtemps, et heureux.
Achevons donc ce qui a déjà été commencé.

Je me dirige donc vers l’escalier. Va tout droit et le plus vite possible vers ma chambre. Et alors que je tire un rideau, j’ai la très déplaisante surprise de découvrir de quelle façon l’escarmouche a provoqué un terrifiant éboulement.

« Fait chiiiiiier. »

C’est le seul truc que je trouve à dire en découvrant ça. Un tas de pierres. Je vois quelques lueurs verdâtres de Morrslieb à travers les décombres : C’est le toit qui s’est effondré. Je soupire longuement alors que je range mon épée au fourreau, le temps que je réfléchisse à ce que je vais bien pouvoir faire à présent. On admettra que ma mère aurait peut-être pu me signifier le soucis, car contrairement à elle je n’ai pas la capacité de passer à travers des murs en ignorant toute barrière physique. Quand je vais la revoir il faudra que je pense à lui faire ce reproche en fronçant bien les sourcils, pour lui montrer que je suis en colère d’avoir farfouillé partout dans le château alors que nous n’avons pas vraiment de temps à perdre.

C’est là que je me rappelle des conneries que je faisais gamin avec Margot.

Les sires d’Aquitanie, ils ont un véritable problème avec les châteaux-forts. Ils arrêtent pas d’en construire. Mais contrairement aux autres duchés qui sont d’une manière ou d’une autre en première ligne face à un danger immédiat, les châteaux d’Aquitanie sont tout sauf des bastions rationalisés pour être les plus défendables et les plus solides possibles ; Nul doute qu’en Gasconnie ou en Montfort, les seigneurs ne peuvent pas se permettre les extravagances folles furieuses de mes compatriotes. Ici, nous sommes le pays des portes dérobées, des antichambres, des plans d’architectures flamboyants et novateurs.
En l’occurrence, avec Margot, on avait trouvé des passages secrets. Je suis certain que mes cons d'ancêtres se sont amusés, n’ayant probablement rien de mieux à faire avec leurs rentes, à en construire un peu partout dans le donjon. Étant donné que le chemin est actuellement obstrué, et que je n’ai aucune envie d’aller me mettre à escalader des gravats bien peu stables, je vais devoir me rabattre là-dessus.
Je me demande d’ailleurs jusqu’à quel point les Déréliches sont capables de créer une illusion. Si l’une d’elle se baladait ici, pourrait-elle faire disparaître les gravats de l’œil humain ? Mais un corps pourrait-il traverser le couloir ? Si l’illusion cessait soudainement, ça serait alors le meilleur moyen d’être broyé dans de la pierre. Je crois qu’il serait prudent de ma part de faire preuve d’autant de discrétion que possible pour éviter d’avoir à vérifier ce genre de théories, quand bien même c’est difficile à faire dans un harnois de plate.

Bon. Admettons.

Je peux entrer dans la salle de réunion directement adjacente. Ce sera déjà aller quelque part, au lieu de moisir ici. Aucune idée de ce qui m’attend derrière, ni quelles vont être mes options à partir de là. Peut-être y aura-t-il un passage moins encombré qu’un autre. Ou peut-être que l’effondrement du toit a aussi permis à des murs de se fissurer, et donc ouvrir de nouvelles voies. Il y a une salle de bain, et une galerie avec des tableaux à cet étage ; Peut-être puis-je rejoindre l’une ou l’autre des pièces pour déboucher sur l’étude de papa. C’est là que je sais qu’il y a un moyen de voir à l’intérieur de la salle de réunion des chevaliers ; Ce n’est pas un passage, certes, mais je trouverai bien quelque chose entre-temps. Peut-être que je pourrais songer à faire sauter le mur, tiens. Mais il faudrait que j’aie un outil pour.
Je soupire déjà à m’imaginer devoir rebrousser chemin pour descendre au cimetière où je trouverai peut-être une... Une pioche, ou une merde du genre.
C’est fatiguant de devoir monter des marches.

Re: [Armand de Lyrie] Maman

Posté : 25 mai 2020, 17:37
par [MJ] Katarin
D'une simple pression sur l'une des pierres du mur, Armand entendit un cliquetis signifiant que le verrou de la porte s'était levé. Il lui suffit alors de pousser sur le mur pour qu'une petit ban bascule sur son axe, minuscule porte dérobée d'une cinquantaine de centimètres de large qui lui offrait un chemin direct vers l'intérieur de la salle d'audience du château de Lyrie. Encore fallait-il que, découvrant le spectacle qui l'attendait à l'intérieur, il éprouve le désir d'y entrer.

La grande pièce de quinze mètres de longs sur dix de large avait son apparence initiale, telle qu'elle avait toujours été dans les souvenirs d'Armand : au fond de la pièce, devant trois grandes fenêtres dissimulées derrière de gigantesques rideaux rouges, se tenait l'imposant trône en bois d'Armand de Lyrie, au dossier finement ouvragé, avec deux guivres servant d'accoudoirs géants. Ce siège ducal se tenait en haut de cinq marches en pierre, permettant de dominer son audience. Un long tapis rouge éclatant partait du trône pour aller jusqu'à l'entrée de la pièce à l'est tandis que les murs étaient ornés d'armes et de boucliers. La pièce n'était illuminée que par des bougies murales et des candélabres, lui donnant un aspect un peu inquiétant en l'absence de lumière naturelle.
C'est ici qu'Armand VII recevait les paysans ayant assez d'importance pour obtenir une audience, pour la majorité commerçants et régisseurs. Théoriquement, rien n'empêchait ceux d'une classe sociale plus basse encore de venir ici se plaindre en groupes, mais cela ne se produisait pour ainsi dire jamais : rien d'étonnant lorsqu'on savait comment le seigneur de Lyrie s'occupait de ses gens : seul un fou attirerait délibérément son attention.

Le jeune seigneur de Derrevin n'eut pas besoin de scruter l'état de la pièce pour y deviner l'influence de déréliches : il lui suffisait de constater la présence d'une vingtaine d'illusions devant lui, avancés pour se tenir en demi-cercle fermé face au trône, écoutant l'audience en cours et ignorant magistralement l'entrée pourtant peu discrète d'un intrus. Impossible de connaitre l'identité des personnes présentes : tout le monde portait ici un masque blanc identique, de simple facture, couvrant l'intégralité du visage sinon leurs yeux et leur bouche. Aux vêtements luxueux que chacun affichait, il semblait néanmoins évident que cette assemblée n'était composée que de membres de la noblesse, hommes comme femmes.

Ce n'était pas sur le trône que leur regard portait, non, mais bien sur l'individu prostré devant ce dernier, agenouillé dans une position soumise, ses mains liées dans son dos, habillé d'un pantalon de cuir et d'une chemise blanche, tailladés de toutes parts, rougis par son propre sang. Il portait de très nombreuses blessures, mais elles semblaient toutes superficielles. Le public n'était capable de le voir que de dos, mais Armand pouvait depuis son accès l'observer de profil, ne laissant nul doute sur son identité : il s'agissait là d'Armand VII de Lyrie, son père.
Derrière lui, le chevalier Quentyn équipé de son armure le maintenait en position d'une pression ferme sur son épaule. De son autre main, il tenait son épée bâtarde dégainée, comme s'il craignait malgré tout quelque ruse du comte blessé.

En face de lui, sur le trône, se tenait non pas Anne de Lyrie, mais une autre femme, si tant est que l'on pouvait encore la décrire ainsi. La robe à capuche noire qu'elle portait ne dissimulait presque rien de son anatomie, la transparence du vêtement ne laissant nulle place à la décence. Mais pour quiconque souhaitant se rincer l’œil, encore fallait-il aimer ce que l'on observait : le corps de cette femme était recouvert d'un corps étranger noirâtre, étrange amas de carapaces chitineuses et de tentacules se terminant par des dards terrifiants. La chose noire semblait animée d'une vie propre, ses écailles se déplaçant sur le corps de la cultiste, sortant et rentrant de sa chair aléatoirement, tandis que ses dizaines d'appendices se mouvaient lentement dans les airs, comme à la recherche du meilleur angle d'attaque pour perforer Armand VII de toutes parts.


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Seul son visage encore humain permit à Armand d'identifier cette abomination : il s'agissait sans conteste de Loyse de Ternant, la mère de Margot.

- Armand, Armand, Armand... qui l'eut cru que le charisme dont tu étais si fier te ferait défaut face à ton propre fils... quelle indignité...

Et en une fraction de secondes, une dizaines de tentacules chitineuses plongèrent en avant, certaines laissant de fines estafilades supplémentaires sur le corps du comte, d'autres se plantant directement dans sa peau pour le faire hurler de douleur.

Jet de mental : 4. La vision de Loyse ne t'affecte pas, tu es libre de rp selon ta convenance.

Re: [Armand de Lyrie] Maman

Posté : 25 mai 2020, 19:16
par Armand de Lyrie
L’horreur.

C’est l’horreur qui m’a fait fuir il y a des mois maintenant. Plus que le vice, plus que les excès et les fautes dont j’ai pu être témoin, plus que les mains de ma mère ou la terreur dans les yeux des hommes serviles du comté, ce qui m’a fait hurler, ce qui m’a fait partir d’ici afin de damner toutes les personnes que j’aimais, c’est l’horreur.
En ouvrant le passage secret, je m’étais préparé, par une grande inspiration, à être confronté à tout genre de scènes ; Je m’étais préparé à devoir trancher quelques déréliches en train de jouer une pièce de théâtre d’un événement passé, une de ces affaires quelconques qui occupent un seigneur entre ses joutes et ses parties de chasse.
Je ne m’attendais pas à tomber sur une parodie de l’horreur elle-même.

Mon père.

Mon père était l’homme le plus fort et le plus fier que j’ai jamais connu. Pour tous ses défauts – et il en avait tant – je lui ai toujours reconnu ça, la vigueur dans son regard, le calme dans son sourire, sa voix toujours bien mesurée d’où il sortait sans effort des tirades entières de mots les uns à la suite des autres de manière à pouvoir endormir n’importe qui. Dès que j’ai ouvert la trappe, ma première vision a été son visage – son visage si réaliste, si bien reproduit par les Déréliches, d’autant plus saisissant que c’est le dernier visage que j’ai de lui, le souvenir le plus récent. Sauf qu’il est transpirant. Ses tempes tremblent, ses cheveux sont collés à son front perlant de sueur. Il serre ses dents en gémissant, utilisant toutes ses forces, tout ce qu’il a encore de vie, d’existence, pour se retenir le plus possible de hurler. Pourquoi est-ce qu’il faut que ce bruit soit aussi réaliste ?

Loyse.

Je ne pense pas qu’elle n’était ni plus, ni moins corrompue que mes parents l’étaient, que les chevaliers qui me protégeaient l’étaient, que les jeunes hommes et femmes que je considérais comme des amis l’étaient. Mais le niveau d’ignoble qu’elle a atteint en copulant avec les ignominies du Prince ont marqué sa chair plus profondément qu’il m’ait jamais été possible d’apercevoir chez d'autres. Je suis rempli de haine en considérant la manière avec laquelle elle a apposé une marque similaire dans la chair de sa propre fille. Ce souvenir renaît dans mon esprit. Mon âme divague un instant, tant je suis hypnotisé par le captivant cauchemar des carapaces et des tentacules qui pénètrent sa chair. J'ai envie de regarder cette monstruosité avec la même fascination enjôleuse que j'ai éprouvé en découvrant le dos de Margot.

Tout, en même temps, est soudain apparu en mobilisant tous mes sens. Et alors, alors que je regardais, que j’entendais, j’ai senti la chair de poule gagner l’entièreté de ma peau, et des sueurs froides qui m’ont forcé à tressaillir. J’ai ouvert la bouche pour tenter d’exhaler, alors que je me retrouvais tétanisé sur place.
J’étais en train de paniquer.

Je savais que mon père était mort salement. Je savais qu’il n’avait pas péri dans les flammes du château ; Sa mort a été confirmée bien avant l’escarmouche. Son corps avait été découvert profané. C’est tout ce qu’on m’a dit : profané. Le mot a résonné en moi. Aucun chevalier retourné de la bataille de Lyrie n’a voulu me dire, en détails, l’état dans lequel ils l’ont trouvé. Soit pour me ménager, soit par simple haine envers mon salopard de père. J’ai passé de mauvaises nuits noirs à imaginer les pires drames. J’ai compris que j’avais provoqué la mort de mon père en m’échappant du château, en courant le plus vite possible vers la capitale. Pour une raison ou pour une autre, les cultistes s’étaient retournés contre lui, et les corrompus s’étaient dévorés entre eux sitôt qu’ils se sentaient en danger – Bien fait, que le loyaliste put alors dire avec un sourire de satisfaction. Bien fait, qu’ils s’entre-tuent et nous punirons ceux qui survivent ; Dame, Shallya, Taal.

Sauf qu’il s’agissait de mon père. Il s’agissait de mon putain de père. L’homme qui m’a donné la vie. Qui me portait sur ses bras quand j’étais gosse. Qui m’a offert ma bride pour que je monte à cheval. Celui qui me faisait rire enfant en racontant des blagues idiotes, et qui m’ennuyait adolescent puisqu’il n’avait toujours pas amélioré son registre de plaisanteries.
Pour tous ces crimes, je n’avais pas véritablement envie de savoir la manière dont il était mort. Je croyais que je le voulais, mais de la même manière qu’un proche d’une personne décédée le souhaite. J’aurais aimé qu’un chevalier pose ma main sur mon épaule, me regarde droit dans les yeux, et me mente sans aucun scrupule en me disant la pire banalité qui peut venir dans ce genre de situation : « Il n’a pas souffert. »

Il hurle. Il a essayé de retenir ses cris, avec toute sa force, avec toute sa haine, sûrement pour maudire Loyse. Il avait cette haine dans ces yeux – par quelle sorcellerie les Déréliches peuvent faire des yeux aussi réalistes ? Je suis persuadé que c’est une haine qui a dû lui donner envie de la défier, de la provoquer. Mais il cède bien vite, alors qu’il est écorché par des tentacules qui ondoient avec grâce en l’air. Il hurle.
Je détourne mes yeux de la scène, mais je ne peux pas boucher mes oreilles. Je tremble. Mes mains tremblent. Ma mâchoire tremble. Je sais pourtant que tout ce que j’observe n’est qu’une illusion, qu’il n’y a plus rien à faire, que l’horreur a déjà eu lieu, il y a des mois – mon père est à présent en paix, pour l’éternité. Mais ses cris stridents sont trop réalistes. Ce sont les derniers instants de mon père. C’est la dernière chose qu’un homme si souriant, si plein de… De vie, a dû endurer.

J’ai envie de vomir. J’ai envie de reculer et de me replier dans un coin, en boule. Tirer sur mes cheveux en restant prostré. Mais il faut que je bouge. Il faut que j’y aille. Il faut que je continue.

Il y a plus d’une vingtaine d’intrus là-dedans. Que des gens que je dois connaître, malgré les masques qui couvrent leurs visages. Les illusions m’ont déjà prouvé qu’elles pouvaient toutes faire apparaître des armes instantanément uniquement par maléfice. Il serait absolument suicidaire de m’attaquer à elles.
Mais si les illusions sont en place, cela veut dire que la pièce est réparée. Qu’il n’y a plus de décombres, plus de destructions. Il n’y a plus les obstacles qui m’empêchent d’atteindre mon objectif.

Je parviens à garder la maîtrise de moi-même. Malgré ma gerbe, malgré ma terreur, malgré tous mes sens en alerte, je ne craque pas.
Je dois agir.

Je fais un pas en avant. Une réflexion terrible s’empare de moi – peut-être que les hurlements de mon père vont couvrir les cliquetis de mon armure. Je longe le demi-cercle de criminels qui assistent à l’exécution exemplaire de mon père.
Alors que deux grosses larmes nerveuses coulent sous chacun de mes yeux, je me concentre sur ma propre respiration erratique. Je claque des dents et essaye donc de ne respirer qu’à partir de mes narines qui sifflent.

Je tourne le dos à l’illusion jouant mon père, et essaye d’atteindre la porte qui mènera au couloir.

Re: [Armand de Lyrie] Maman

Posté : 02 juin 2020, 14:55
par [MJ] Katarin
Rasant les murs, Armand tenta de progresser discrètement, profitant des hurlements de son propre père pour couvrir le cliquetis incessant de son armure. Pas après pas, il avançait au mépris du danger vers son unique objectif : la porte de sortie de la salle d'audience, quinze mètres devant lui. Pas de garde, pas d’obstacle, juste une foule à contourner.

"Malheureusement" pour Armand, le supplice de son père fut de courte durée, et à peine avait-il parcouru la moitié de la distance que les tentacules se rétractaient, laissant une nouvelle dizaine de petites plaies sur le corps du seigneur de Lyrie, dont s'échappaient de minuscules filets de sang. Les choses noires disparurent dans le corps-même de Loyse, sa carapace chitineuse semblant s'enfoncer en elle, disparaissant sous sa peau nue. Lorsqu'elle se leva de son trône, la transparence et l'ouverture à l'avant de son vêtement ne laissèrent nul doute sur sa totale nudité ; mais si le regard d'Armand lorgna dans cette direction, peut-être fut-ce un autre détail qui accapara son attention. En effet, la même marque de chair suintante noircie qu'il avait déjà aperçu dans le dos de Margot ornait ici le ventre apparent de sa mère, son trou central parfaitement centré sur son nombril. La marque palpitait, tandis que la peau de Loyse remuait sous elle, laissant parfois percer une écaille noire avant qu'elle ne disparaisse à nouveau.
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Loyse s'avança, descendit les marches la séparant d'Armand, les pas de ses deux pieds nus sur le tapis rouge ne produisant aucun son. Alors qu'elle s'approchait, toute l'assemblée de cultistes se courba dans un respect poli, mais aucun d'eux ne détourna le regard de leur dirigeante. Tous étaient fascinés par la marque, et nombreux étaient ceux qui tendaient la main en avant dans l'espoir de la toucher.

Elle s'arrêta juste devant le père d'Armand, et dans un geste d'une infinie douceur, elle se pencha pour glisser sa main sous son menton et lentement guider son visage pour qu'il relève la tête. Elle positionna ensuite son autre main sur le côté de son crâne, et tourna lentement son visage pour le guider, afin d'aller plaquer sa joue gauche contre la marque maudite. La chose palpita et suinta, la chair se tordant pour se coller contre la peau d'Armand, des épines noires sortant du corps de Loyse pour aller le griffer, tandis que de minuscules appendices chitineux tentaient de se faufiler dans son nez, sa bouche, et ses yeux.

Alors même que son visage était tourné dans sa direction, Armand put lire toute l'horreur dans le regard de son père. Son expression était figée quelque part entre l'effroi et le plaisir, la terreur et le bonheur. Alors même que cette chose noire le griffait au sang du front au menton, que ce parasite se glissait dans ses narines, entre ses lèvres et grattait contre ses orbites, il restait sans crier, le visage tétanisé dans un orgasme horrifique.

Puis quelque chose d'invraisemblable se produisit. Le regard du père et du fils se croisèrent. Et alors même que le jeune chevalier dut rater un battement de cœur en cet instant, son père sembla resurgir de la transe dans laquelle il était enfermé. Une lueur apparut dans ses yeux, s'éveillant des tréfonds de son être, cette étincelle maligne et sournoise qu'Armand ne lui connaissait que trop bien. Armand le père avait vu Armand le fils, et cela lui avait donné la force de contrer l'emprise maléfique qu'avait Loyse sur lui.

- J'ai une vilaine idée qui m'est venue, Armand, dit-elle d'une voix chaude et sensuelle. Une pensée persistante qui me tourmente, susurrant à mes oreilles quelqu'infamie que tu vas t'empresser de démentir. Aussi rassure-moi, cet échec avec ton fils n'était pas... prémédité ?

Elle éloigna le visage d'Armand de son ventre, les filaments noirs se rétractant à nouveau pour retourner sous la peau de Loyse. Mettant ses deux mains sur les joues de son interlocuteur, elle lui saisit ainsi le visage pour le forcer à la regarder dans les yeux.

Armand VII de Lyrie avait la moitié gauche du visage ravagé. Sa joue n'était qu'un amas de chair tailladée, la sclère de son œil rouge, tandis que sa narine et ses lèvres étaient plusieurs fois perforées. Du sang s'échappait de toutes parts, s'écoulant sur la main droite de Loyse.

- Ce n'était qu'une erreur de ta part, une malencontreuse erreur, que tu souhaites ardemment corriger dans les plus brefs délais. Tu vas faire le nécessaire, et me le ramener vivant pour qu'il exécute sa mission, car tu ne souhaites maintenant et à jamais que la satisfaction de ta maîtresse, n'est-ce pas ?

A ces mots, Quentyn de Beauziac se saisit d'une dague qui était à sa ceinture, la dégaina de son fourreau, et la tendit à Armand. A voir la lame qui ondulait, dansant comme un serpent ayant sa volonté propre, il était facile de deviner que cette chose était d'une nature aussi mauvaise que la marque de Loyse.

Malgré son état, la moitié droite de son visage, celle qu'Armand pouvait observer de là où il se tenait, réussit à accomplir l'impossible pour s'animer lentement, et afficher enfin un sourire narquois et moqueur. Il refusa de prendre l'arme tendue par Quentyn.

- Je n'ai qu'un maître, et si la chose que vous servez lui ressemble, elle n'est pas lui, Loyse. Permettre à Armand de vous filer entre les doigts et voir aujourd'hui votre petit visage contrit me procure un plaisir plus grand que tout ce que vous n'avez jamais su me faire ressentir lors de nos ébats, ma chère. C'est une parfaite dernière image à emporter dans ma t...

Armand VII de Lyrie ne put malheureusement pas terminer cette phrase. Un appendice chitineux l'avait réduit au silence, s'échappant du nombril de Loyse pour se précipiter dans sa gorge et s'y enfoncer violemment. Le seigneur de Lyrie étouffait désormais, le visage crispé d'horreur tandis qu'il suffoquait. Ses deux mains tentaient de s'agripper au tentacule pour le retirer, mais ne réussissaient qu'à s'écorcher sur les écailles tranchantes composant sa peau. C'était un spectacle sordide, Armand se contorsionnant dans tous les sens pour tenter de retrouver la moindre parcelle d'air, tous ses cris de douleur à peine audibles, étouffés dans une sourdine malsaine.

- Qu'en dis-tu Anne ? demanda Loyse d'une voix coulante à l'assemblée des cultistes.

Des murmures agitèrent les cultistes, tandis que l'une d'entre elles s'avança. Retirant son masque, la mère d'Armand se détacha du groupe pour faire face à Loyse, seule. Elle se tenait droite, fière. Contrairement aux autres chaotiques, elle ne courbait pas l'échine devant la chaotique. Cette dernière observa de haut en bas Anne, avant de lentement tourner autour d'elle.

- Malgré ta jalousie, je te connais trop bien pour savoir que jamais tu n'aurais pu orchestrer cette situation. Tu aimes bien trop ton trésor pour lui permettre de s'éloigner de toi, n'est-ce pas ? Ton mari ne nous est plus d'aucune utilité, aussi aura t-il l'honneur de divertir nos invités cette nuit. Mais ton fils, lui, a encore un devoir à accomplir, un devoir qui n'a que trop pris de retard par ta faute. Toi plus que quiconque sait où il peut se cacher... nous menacerait-il ?

- Jamais ! s'écria Anne. Mon mari s'est peut-être débrouillé pour effrayer notre fils, mais voilà vingt-et-un ans qu'il jalouse notre enfant, et jamais n'a t-il pu seulement faire vaciller l'amour qui existe entre nous. Je me porte garante d'Armand devant le Corrupteur en personne, mon fils m'aime et jamais ne fera t-il quoi que ce soit pouvant me porter atteinte, je le sais.

Alors qu'elle louvoyait autour d'Anne, le regard de Loyse devint terrifiant. Ses yeux brillaient d'une terrible perversion, alors que tout son être transpirait d'une sensualité malsaine. On aurait pu croire qu'à tout instant, elle allait se jeter sur la mère d'Armand comme un prédateur fondant sur sa proie. Nonchalamment, l'appendice obstruant la bouche d'Armand sortit de sa gorge, lui laissant le temps de reprendre la longue respiration d'un quasi noyé remontant à la surface... avant de replonger à nouveau dans le fin fond de sa trachée, le renvoyant à son statut d’asphyxié.

- Ton érotomanie incestueuse ne m'intéresse plus, Anne. Dis-moi simplement si tu peux le retrouver et me l'amener.

- Je le peux.

C'est alors que quelque chose de terrible se passa. Alors même que Loyse continuait son petit jeu, tournant autour de Anne pour l'observer sous toutes les coutures, menaçant de se jeter sur elle à tout moment, son attention fut soudainement distraite par un simple bruit. Celui du cliquetis d'une armure, d'un homme qui était resté immobile trop longtemps à attendre l'occasion de quitter la pièce discrètement. Celui d'un chevalier qui, le corps douloureux par son immobilisme, avait effectué un simple pas, un seul, pour alterner le poids de son corps sur son autre jambe. Et le bruit métallique qui en avait résulté avait résonné dans toute la salle d'audience, tandis que le regard perçant de Loyse fusilla son origine. L'écart séparant deux cultistes laissait juste ce qu'il fallait de visibilité pour tracer une ligne de vue directe entre la chaotique et Armand VIII de Lyrie.

- Et tu l'as fait, Anne ! s'exclama t-elle joyeusement. Il est revenu, pour toi ! Viens par ici mon garçon, ne sois pas timide, tu n'imagines pas combien nous sommes heureux de ton retour...

Jet d'empathie envers papa : 9
Jet discrétion Armand (bonus +2 pour bruit ambiant couvrant sa progression, 1er jet pour papa, 2e pour Loyse) : 16 et 19, ratééééééé
Tu as réussi ton jet de mental au post précédent, voir la marque ne crée donc pas de contrainte rp pour toi, tu es libre de tes pensées et émotions.

Re: [Armand de Lyrie] Maman

Posté : 02 juin 2020, 16:55
par Armand de Lyrie
Tout autour de moi n’est qu’un simulacre. Une reconstitution, une parodie ; Aucune des personnes que j'observe n’est réelle. Ils sont morts. Ils sont tous morts, je répète encore et encore à mon esprit pour le garder de la panique ; Je suis déjà dans le futur. Ils sont morts, je suis vivant, et les fidèles de la Dame ont triomphé. Je ne suis revenu chez moi que pour y trouver des décombres et des cadavres, car les Justes ont vaincu et les Mauvais ont péri, comme à la fin de toutes les chansons de geste que je dévore depuis que je suis gamin. Tout est dans l’ordre.

Mais ce ne sont que des leurres que j’entraîne à ma propre âme. Car la pièce qui se déroule devant moi est un simulacre de l’horreur la plus répugnante. La nouvelle vision de la Marque, à défaut d’un autre mot pour oser définir cette indicible monstruosité qui gangrène le corps de la fausse-Loyse, mais qui handicape bien réellement ma Margot en ce moment même, force mes mains à trembler sous les gants de plate.
La dernière fois que j’ai vu cette Marque, tant de pulsions ignobles ont coursé à travers mes veines.
C’est l’accablement de la honte qui règne à présent en moi. J’ai fauté en pensées, l’espace de quelques instants.

Et puis, après… Il y a eut ce qui est arrivé à mon père. J’ai pu voir de quelle façon il a été tué. Abandonné de tous. Ses amis. Sa famille. Sa propre épouse qui le condamne alors qu’il refuse un tout dernier espoir d’avoir la vie sauve en refusant l’arme de mon tuteur.
A-t-il sauvé ma vie ?
La nausée me gagne alors qu’un tentacule chitineux lui obstrue la glotte. Mais les derniers mots qu’il a pu prononcer juste avant me choquent assez pour que je me retrouve à entendre mes oreilles siffler et des sueurs froides traverser mon corps. J’ai dû me retenir de tourner de l’œil.

Et l’instant qui suit la promesse de ma mère de me ramener, en jurant que jamais, jamais je ne lui ferai du mal – une promesse d’autant plus terrible que j’ai bel et bien trahi – toutes les paires d’yeux des illusions se tournent vers moi. Et Loyse se réjouit de ma présence.
J’aurais cru que ma panique aurait alors décuplé. Qu’elle m’aurait achevé. C’est tout l’inverse. La terreur à l’idée de me retrouver face à vingt adversaires prêts à se jeter sur moi dès que j’aurai dis le mot de travers est bien peu de chose comparée à la haine qui me ronge face au spectacle immonde qu’on rejoue pour mon regard. Cette scène cauchemardesque va me poursuivre jusqu’au restant de mes jours, toutes les nuits où j’attendrai le repos de Morr.
Je serre des dents, j’estompe mes quelques larmes en trois battements de cils, et j’attrape fermement le fourreau de ma lame sur ma ceinture. La bénédiction que Mélaine a apposé sur l’acier me rassure. La Dame est avec moi.
Loyse n’est plus de ce monde, et Margot est en sécurité dans un temple de Shallya. Je la protégerai.

« Tu as raison. Je suis revenu pour mes parents. Je les aime.
Mais toi… »

Je rage en grinçant des dents. Je fais un pas bien plus assuré de côté. J’essaye de bien avoir la porte de sortie derrière moi, histoire de pouvoir m’enfuir quelque part si j'étais submergé.

L’horreur du corps de Loyse est hypnotique. C’est avec douleur que je détache mes yeux d’elle afin d’observer le regard de ma mère.
Et à travers elle, la Banshee qui hante encore ce château.

Et avec tout le fiel qui tapisse mes tripes, c’est à elle que je parle.

« Quelle corvée ignoble me réserve-t-elle, qu’elle ose nommer « devoir » ?
Qu’as-tu juré que j’accomplirai avant de te damner ?! »


Je ne sais même plus si je suis en train de jouer un rôle. Je ne sais même plus si je suis acteur ou un simple perturbateur. Je ne sais plus. Ce que je dois dire, ce que je dois faire. À qui je m’exprime.
Je n’ai aucune audience sinon des spectres et des ombres.
Mais je porte ma main droite à la garde de mon épée, prêt à réagir à toute hostilité de leur part, alors que je tente une toute dernière fois de délier tous les mensonges et les intrigues qui me bâillonnent et m’enchaînent depuis plus de vingt ans où j’ai pris mon premier souffle sur cette Terre.

« Parle ! »

Re: [Armand de Lyrie] Maman

Posté : 05 juin 2020, 10:35
par [MJ] Katarin
Loyse est totalement insensible à la colère bouillonnante d'Armand. Elle se contentait de sourire, amusée par les sentiments du jeune chevalier. Les serviteurs de Slaanesh firent dans le même temps apparaître magiquement des armes dans l'une de leurs mains, tantôt des dagues, tantôt des rapières, tantôt des épées, toujours à partir des mêmes émanations de fumée noire. Mais pour le moment, quand bien même ils étaient tous tournés en direction de l'héritier de la Lyrie, aucun ne montrait encore de signe direct d'agressivité, gardant leurs lames pointées vers le sol.

- Armand... lâcha sa mère d'une voix transie d'émotion, des larmes de désespoir naissant au coin de ses yeux. Tu n'aurais pas du...

Elle non plus ne put terminer sa phrase. A une vitesse terrifiante, l'un des tentacules s'était rué sur elle et s'était enroulé autour de sa gorge. D'un mouvement sec, l'appendice tira Anne vers Loyse, la projetant au sol pour qu'elle atterrisse à ses pieds. De sa bouche ouverte, plus aucun son ne sortait sinon un appel d'air désespéré : à l'instar du père d'Armand, ses mains tentaient en vain de s'agripper aux écailles de la chose monstrueuse pour retrouver un tout petit peu d'air, sans résultat probant. De son cou, de sa nuque et de ses paumes, du sang s'écoulait, témoignant des dégâts provoqués par les écailles acérées pénétrant dans sa peau. Négligemment, Loyse leva l'un de ses pieds nus pour marcher sur la joue de la mère d'Armand et écraser son visage contre le sol.

Dominante, Loyse de Ternant s'affichait devant Armand en train d’asphyxier ses deux parents simultanément.

- Les aimer ? susurra t-elle d'une voix lascive. Après ce qu'ils t'ont fait ? Quel vertueux petit chevalier tu fais là, Armand. Je suppose que c'est cette touchante naïveté qui avait su séduire ma petite Margot. Tu lui as manqué ces cinq dernières années tu sais ? Étais-tu au courant que c'est par la faute de la jalousie possessive et maladive de ta mère "aimante" qu'elle n'a plus jamais pu te voir depuis ses seize ans ?

Prenant appui sur le visage d'Anne, Loyse fit un petit saut en avant, avant de progresser en direction d'Armand d'une démarche lente et sensuelle, ses deux tentacules traînant les corps de ses parents derrière elle. Les cultistes s'écartèrent pour la laisser passer, juste assez pour pouvoir effleurer sa peau de leur main tendue en poussant de longs soupirs de bonheur, comme si la toucher était un honneur divin, une récompense en soi.
Derrière le jeune homme, un bruit métallique attira son attention pour lui apprendre une bien mauvaise nouvelle : de la porte d'entrée de la salle d'audience, deux chevaliers en armure venaient d'entrer, la main sur le pommeau de leur épée au fourreau, bloquant cette sortie.

- Dépose les armes Armand, je t'en prie. Tes parents ont mérité mille fois ce qui leur arrive, tu le sais aussi bien que moi. Ce que t'a fait ta mère toutes ces années... et ton père, aucun serviteur du serpent ne peut se vanter d'avoir converti autant de vertueux chevaliers d'Aquitanie à la cause du Corrupteur que lui. Moi-même aurait sans doutes mené une vie bien différente si nos routes ne s'étaient jamais croisées... Mais toi... nulle ignoble corvée ne t'attend je te le promet : il n'y aura qu'une douce euphorie, le bonheur d'une vie heureuse aux côtés de ma chère fille. Je te le jure sur tout ce qui m'est cher, je ne te ferai aucun mal, personne ne t'en fera, et certainement plus jamais tes deux parents. Je te propose une issue heureuse, si seulement tu voulais bien l'accepter...

La voix de Loyse, son regard, sa démarche, tout chez elle était terriblement attirant. Chacun de ses mots était comme une caresse, chacun de ses pas dans la direction d'Armand une invitation supplémentaire à s'abandonner à sa douce chaleur. Lorsqu'elle s'arrêta à quelques mètres de lui, entourée de tous ses serviteurs zélés cherchant chacun à l'effleurer du bout des doigts, c'était pour lever une main tendue en direction du chevalier, l'invitant à abandonner toute velléité belliqueuse afin de la rejoindre. A ses pieds, cachés derrière les cultistes, les deux parents d'Armand continuaient de suffoquer, mais Anne réussit à croiser malgré tout le regard de son fils. Un échange muet, mais plus que suffisant pour quiconque ayant un don d'empathie comme Armand, capable de lire les émotions sur le visage des gens : par delà la douleur de l'étranglement, sa bouche tordue dans une expression figée mêlant douleur et plaisir, les yeux d'Anne de Lyrie transmettaient à son fils une émotion forte traduisant un message pourtant simple :

FUIS.




Jet de CHA d'Armand : 6. C'est quand meme abusé que tu fail systématiquement tes jets de discrétion pour réussir tout autant systématiquement tes jets de CHA.
Jet de CHA/2 de Loyse vs Mental d'Armand (bonus de +2 grâce à Anne) : Elle réussit de 4, mais Armand roule un 1 - réussite critique. Armand sent que quelque chose de surnaturel l'engourdit, mais il a une volonté assez forte pour repousser cette influence.

Re: [Armand de Lyrie] Maman

Posté : 05 juin 2020, 12:25
par Armand de Lyrie
J’attends la réponse à ma question avec un air bien carnassier. L’apparition soudaine d’une vingtaine de lames au sein de l’assemblée me file quelques sueurs froides, mais je me contente d’un vif regard à droite, puis à gauche, pour prévenir la charge meurtrière de l’un d’eux. C’est sur ma mère que je me concentre, avec mes yeux dardés de haine. Je veux une réponse.

À l’instant où elle allait me la donner, Loyse passe à l’attaque. Ses appendices sont aussi vifs que puissants. La déréliche qui joue maman est projetée sur le sol comme un sac, asphyxiée, et piétinée.
C’est à cette vision, et en cette seconde très précisément, que toute ma hargne s’est dissipée, et que la peur panique est revenue me submerger.
C’est en étant témoin de tel spectacle, que j’ai compris ce que Mélaine voulait dire par se jeter dans la gueule de la vouivre.

Par pur réflexe, j’ai fait un pas en arrière. J’ai regardé derrière moi, paré à courir à toute vitesse vers la voie de sortie que je m’étais fabriqué. Comme si la fausse-Loyse avait deviné ma préméditation, l’échappatoire est envahie par deux gorilles. J’ai un soupir nerveux. Les yeux tellement écarquillés que maintenant mes paupières refusent de battre des cils afin d’humidifier les globes.
Je suis cerné. Je suis complètement cerné. Il n’y a aucun endroit dans toute cette pièce où une lame acérée ne m’attend pas.
Alors, piégé sur place, je suis contraint de regarder droit devant moi, et de bien ouvrir mes oreilles. Comme la souris qui va nourrir le serpent.

Au tout début, alors que les mots de la servante du Prince coulent tendrement au creux de mes oreilles, j’agite lentement la tête de gauche à droite. Je refuse ce mensonge éhonté. J’ai en face de moi un serpent ; Le serpent trompe et ment. Il omet. Je ne suis pas malléable. Je suis un roc. Je suis un chevalier. Je suis une forteresse de Pureté.
Si Margot a cessé de venir au château de mes parents, c’est parce qu’elle luttait contre la corruption. C’est pour ça qu’elle a la marque de sa mère sur son dos, c’est parce qu’on la lui a forcée. C’est ce qu’elle m’a dit.

C’est ce qu’elle m’a dit.

Je tourne mes pupilles vers les yeux du spectre en train d’étrangler mes parents. J’entends les gargouillis de leurs strangulations coupler ses bobards mielleux. Je suis coincé entre l’immonde et le désirable.
Tout ce qu’elle dit est parfaitement vrai. Mes parents méritent ce qui est en train de les arriver. Ça ne rend pas leur martyr tolérable pour autant.

Je fais tomber mes épaules. Je lâche mon épée et je l’entends tomber bien au fond du fourreau. Mes bras deviennent branlants. Je suis hypnotisé par la femme en face de moi. Toute illusion de résistance est de toute manière balayée par la menace des lames et des guerriers autour de moi. On souffle le chaud et le froid.
Elle ne cesse de s’avancer que pour m’ordonner de la rejoindre. C’est à moi de faire les derniers pas qui me séparent d’elle. Pour aller rejoindre ses fidèles dévoués, prêts à tout donner pour être à ses pieds.



Je vous narre mes histoires depuis un long moment maintenant. Vous avez l’opinion que vous voulez sur moi. Je suis loin d’être un gars toujours agréable. Je suis pédant, arrogant, trop sûr de moi. Mea culpa. Mais enfin, je souhaite que vous admettiez que, j’ai toujours essayé de faire ce que je pouvais avec les cartes qu’on me donnait. J’ai été seul plus de fois que je ne l’aurais imaginé. Seul dans les tumuli, seul face aux Maisnes, seul face à mon Duc, seul maintenant alors que je vais affronter ma mère. Pour toutes mes fautes, jusqu’ici, je reste persuadé que j’ai toujours fait ce qu’un preux Bretonnien aurait accompli dans ma situation.
Mais j’ai un comportement erratique. Je parle aux gens sans savoir si je vais assumer derrière les propos que je tiens. Évrard, Margot, Triboulet, Carlomax, Armand ; Je les ai tous regardés dans le blanc des yeux, à voix basse, et leur ai insufflé tout mon courage et mon héroïsme, sans avoir la moindre idée de si je suis vraiment fait de cette substance, ou bien si c’est la vie en Lyrie, auprès des deux chiens dévoyés que Loyse traîne au sol, qui m’a appris à paraître au lieu d’être.

Eh bien, il est temps pour moi de vous faire un aveu. Un aveu du genre inavouable. Un aveu qu’on ne confie même pas à son confesseur, parce que même si les prêtres vous jurent qu’ils ne répéteront pas vos fautes, elle est si grave qu’il ne peut pas y avoir chez eux autre chose qu’un désir d’expiation. Vous avez mérité que je sois enfin honnête avec vous, et par incidence, moi-même.

Écoutez-moi bien.

Je suis face à des Déréliches. Rien en face de moi n’est véritable. Ce n’est pas Loyse en face de moi. Ce ne sont pas mes parents qu’on étrangle. Je n’ai pas véritablement de choix à faire.
Mon action qui va suivre n’a donc aucune bravoure qui l’insuffle, puisqu'il n'y a aucun dilemme.
Je ne suis pas le preux chevalier qui crache à la face du Serpent avant de lutter contre, puisqu'il n'y a aucune hésitation à avoir.
Mais si j’étais réellement retourné sur mes pas au moment de ma fuite. Si j’étais retourné dans le château cette nuit fatidique. Si Loyse m’avait tenu le même discours, et commit les mêmes actes…
...Alors je peux vous jurer que j’aurais débouclé ma ceinture, fait tomber ma lame et ma dague, avant de franchir les derniers pas qui me séparent d’elle.

Voilà. Je l’ai avoué.

Heureusement pour moi que ce ne sont pas vraiment des Slaaneshi en face de moi, hein ? Maintenant vous êtes obligés de m’encourager. Encore.
Vous savez que je suis la seule personne qui peut arrêter ma mère.
Alors allez-y. Applaudissez.



J’ai regardé Loyse droit dans les yeux. J’aurais aimé hurler une proclamation envers la Dame. Ça aurait été terriblement hypocrite après l’idée qui venait de germer dans mon esprit. Je suis un corrompu paré de fleurs-de-lys.
Et j’ai porté ma main au pommeau de mon épée, à nouveau. Je me suis retourné pour dégainer Matricide, et charger à toute vitesse.
Je rugis alors que je fonce vers la sortie et les deux combattants. Il faut que je passe à travers les portes.

Re: [Armand de Lyrie] Maman

Posté : 08 juin 2020, 22:34
par [MJ] Katarin
Résumé topographique au début de ce post - ne pas tenir compte des débris du dessin, la pièce est en parfait état.
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Deux chevaliers en armure, voilà ce qui séparait Armand de la salvatrice sortie. Il n'avait pas le temps pour un combat dans les règles, pas avec le nombre d'ennemis dans son dos : passer en forcer, voilà la seule chance qu'il pouvait tenter de saisir. Écoutant la muette imprécation de sa mère, il chargea, son épée serrée dans ses mains, tentant de repousser ses deux ennemis d'un grand moulinet afin de s'ouvrir une faille dans laquelle il pourrait s'engouffrer.

Mais Loyse - ou la déréliche jouant son rôle - ne comptait pas laisser s'enfuir sa proie aussi facilement. Armand sentit un poids énorme le percuter de plein fouet dans son dos, avec une puissance telle qu'il perdit l'équilibre et s'écroula en avant, se tordant la cheville dans sa chute. Malgré la douleur, l'adrénaline parcourant ses veines l'aida à se relever à la seconde même où il touchait terre, et ce malgré la dizaine de kilos que pesait son armure complète. Prenant impulsion sur ses pieds, il se remit debout pour voir quel projectile l'avait ainsi frappé : c'était le corps d'Anne de Lyrie, qui avait été catapulté sur son fils. A l'instar de toutes les autres déréliches blessées, elle se désintégra en quelques secondes, ne laissant derrière elle que l'habituelle fumée noire et un morceau de chair racorni.

Interrompu dans son sa charge, Armand ne pouvait même plus compter sur la force brute pour se débarrasser des deux chevaliers qui lui bloquaient le chemin : il tenta maladroitement de les écarter en jouant de sa lame, mais ceux-ci campèrent sur leurs positions et bloquèrent ses coups sans qu'il ne réussisse à les faire reculer d'un seul pas. Armand réussissait à parer les attaques de ses adversaires, mais le temps ne jouait pas en sa faveur : dans son dos, Loyse et sa vingtaine de fidèles approchaient d'un pas tranquille, agitant leurs épées en l'air en riant, trop certains d'avoir réussi à piéger la mouche dans leur toile.

Dès qu'elle fut à portée, la mère de Margot passa à l'attaque en un éclair : l'un de ses tentacules fouetta l'air à une vitesse vertigineuse, et s'enroula autour du bras droit d'Armand, écrasant son gantelet avec une force délirante, le métal s'enfonçant sous la pression pour perforer son poignet. Mais animé d'un instinct de survie féroce, Armand ne se laissa pas faire : de son autre main, il saisit l'appendice, ses doigts se plantant dans les écailles perforantes de l'abomination, et tira dessus de toutes ses forces, espérant attirer Loyse à lui avec une impulsion suffisante pour la faire tomber au sol. Malheureusement, l'effet escompté ne se produisit pas : au moment décisif, le tentacule se désintégra en poussière, empêchant certes Armand de faire perdre l'équilibre à son ennemi, mais le libérant néanmoins de son emprise.

Cette manœuvre aurait été particulièrement héroïque s'il avait été seul avec Loyse : malheureusement, les deux chevaliers derrière lui ne se contentèrent pas de rester immobiles tandis qu'il se débarrassait de l'appendice qui retenait son bras. Le premier porta un coup de taille de toutes ses forces dans les côtes d'Armand : et si son armure le protégea du tranchant de l'arme, elle n'encaissa que modérément la puissance du coup qui lui coupa le souffle. Le second tenta pour sa part un coup d'estoc, mais il n'eut pas l'occasion d'aller au bout de son mouvement.

A sa plus grande surprise, ainsi que celle d'Armand, la pointe d'une lance venait de sortir de son ventre. Explosant en poussière, sa disparition révéla la présence d'une nouvelle venue dans la pièce : une jeune femme d'à peine dix huit ans, équipée d'une armure de cuir sombre sous sa grande pèlerine grise, d'une paire de bottes et de longs gants en tissu noirs, qui venait de perforer l'un des deux ennemis d'Armand avec son arme d'hast. Elle fronçait les sourcils, concentrée sur le combat.
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Voulant profiter de cet espoir inespéré, n'étant pas en mesure de se poser de questions sur le pourquoi du comment, Armand tenta de se défaire du second chevalier. Malheureusement, les coups reçus précédemment avaient affecté sa vivacité, et son mouvement fut trop gauche pour ne pas être paré par l'ennemi, qui contre-attaqua aussi sec avec un nouveau coup de taille, exactement dans les mêmes côtes que précédemment, comme par volonté de casser celles qui n'avaient pas été fêlées lors du premier impact. Heureusement pour lui, le chevalier n'eut pas l'occasion de lui porter un troisième coup, car il finit perforé de la même manière que son compagnon par la lance de la jeune femme.

- Courez ! lui cria t-elle, la voie de sortie désormais débarrassée de tout obstacle.

Elle se positionna en retrait de lui, le laissant passer le premier tandis qu'elle couvrait ses arrières en marchant à reculons : une stratégie nécessaire, puisqu'un autre des tentacules de Loyse claqua dans les airs non loin de sa cheville, avec l'objectif évident de l'entraver à nouveau. D'un coup net et instinctif, la combattante perfora l'appendice au vol avec la pointe de son arme. Repoussant les assauts de Loyse puis des cultistes qui s'étaient mis à courir en voyant leur ennemi leur échapper, elle recula pas après pas jusqu'à ce qu'Armand ait franchi le dernier mètre le séparant de la porte de sortie de la salle d'audience : alors enfin, elle bondit en arrière, et courut à ses côtés dans le couloir. Ce dernier avait repris les couleurs ternes et sombres du château sans vie, la lumière indirecte de Morrslieb suffisant à peine à deviner les gravats sur le sol pour ne pas trébucher.

Ils ne firent que quelques mètres vers le nord avant qu'elle ne s'arrête à un embranchement : à l'ouest se tenait la partie éboulée qu'Armand avait contourné, et à l'est l'accès à l'étude de son père, et à sa chambre. Par le trou du toit, la lueur des étoiles éclairait à peine la silhouette de la jeune femme qui venait de le sauver.

- Nous pouvons nous arrêter, sire, l'interpella t-elle en l'enjoignant à regarder derrière eux, où effectivement nul ennemi ne semblait les poursuivre. Les déréliches n'ont de pouvoir qu'au sein du souvenir dans lequel elles sont ancrées, et celui-ci n'a pas d'existence hors des murs de la salle d'audience.




Tour 1
Ordre d'INI : Loyse, Armand, Chevaliers, foule de cultistes.

Jet de TIR de Loyse : 2, réussi.
Jet d'HAB d'Armand pour ne pas se casser la figure : 20...
Tableau de fumbles :
1) Tu laches ton arme qui part loin de toi dans une direction aléatoire (est, sud-est ou sud)
2) Tu te foules la cheville, divisant temporairement ton HAB par deux (et donc ta vitesse de déplacement)
3) Tu t'étales de tout ton long et tu n'as pas le droit à un jet d'END pour te relever tant ça t'a coupé le souffle, te faisant perdre ton tour.
4) Ca te blesse de 28+1d8 dégats.
==> 2, cheville foulée, ton HAB est divisée par deux jusqu'à ce que tu reçoives des soins.

Jet d'END pour se relever et ne pas perdre son tour : 1, réussite critique. Armand se relève dans la seconde, et ignore le malus de sa cheville tant qu'il est pété d'adrénaline, le contrecoup viendra après :D on considère qu'il court à vitesse normale donc.

Armand attaque l'un des chevaliers pour forcer un chemin ! Bonus de charge perdu à cause de la chute.
==> 16, raté, Armand n'arrive pas à forcer un chemin.

Les deux chevaliers l'attaquent : 18 et 19, fail complet.

La foule de cultistes s'avance vers le milieu de la pièce. Loyse a aussi utilisé sa demi-action pour marcher vers Armand après avoir jeté son projectile.


Tour 2
Ordre d'INI : ???, Loyse, Armand, Chevaliers, foule de cultistes, ???
??? attaque : Ennemi non alerté, attaque de dos = réussite auto. Le chevalier meurt.
Loyse fonce sur Armand et l'attaque avec un tentacule, de dos : bonus de +4 : 12, réussi. Puisque l'attaque est portée de dos, a l'attribut rapide et qu'Armand a besoin de sa demi-action pour fuir, il ne pare pas (s'il le faisait il aurait un de toutes manières un malus de 6...)
==> 12+10+7-15-9 = 5 de dégats.
Jet d'HAB pour ne pas être immobilisé : 1, réussite critique ! (sérieux, un 20 et deux 1 dans le même post Armand ?)
==> Armand attrape le tentacule au vol et tire dessus pour amener Loyse sur lui pour une attaque gratuite !
==> 12 au jet d'ATT, insuffisant, le tentacule explose en une fumée noire quand il la saisit.
Tour d'Armand : ici, pour passer, tu peux soit forcer le chemin en bourrant avec les épaules, soit vaincre le chevalier qui reste d'un coup d'épée. Puisque tu as un point de plus en ATT qu'en FOR, je privilégie la seconde option.
==> 20 (mais... mais... quoi quoi quoi ?). Et bah attaque gratuite pour le chevalier...
==> Chevalier attaque deux fois : 5 et 7, deux touches. bigre.
==> Cette fois Armand pare : il a encore sa demi-action, et manifestement il ne peut plus l'utiliser pour fuir, alors perdu pour perdu...
==> 18. Nope.
==> Dégâts : 16+18+2-15-9 = 12 / 16+18+2-15-9 = 12.
La foule s'approche à nouveau et a désormais rejoint Loyse : au prochain tour, ils pourront attaquer Armand.
??? attaque le second chevalier : ennemi non alerté, attaque de dos = réussite auto. Le chevalier meurt.


Tour 3
??? Se met aux côtés d'Armand et conserve ses actions pour le protéger.
Loyse attaque avec son fouet : 18, raté.
Armand trace vers la sortie : pas besoin de jets, il quitte la pièce.
??? utilise son action conservée pour jouer et se tirer aussi.

Fin du combat. Armand a en tout perdu 29 pvs.
Douleurs diverses :
- Armure abimée au poignet droit, petits bouts de métal plantés dans ta peau, ça reste mineur.
- Coupures mineures aux doigts de la main gauche quand tu as saisi le tentacule.
- Cheville foulée - là t'as encore l'adrénaline au taquet mais avec la redescente ça va piquer - considère que désormais tu boitilles. Oublie l'escalade pour le moment.
- Côtes du côté gauche bien douloureuses, ça fait mal à chaque respiration, impossible de savoir si qqch est fêlé ou cassé tant que tu n'enlèves pas ton armure. En serrant les dents, ça passe :D
- Pour rappel, une flèche était venue te taquiner le ventre à ton entrée, qui t'avait fait perdre 9 pvs en perforant tout juste le plastron, la pointe se plantant d'un centimètre dans ton bidou. Ça s'est arrêté de saigner depuis mais ça gratte toujours, c'est inconfortable quand tu bouges.



Et bah c'était épique tiens. Déso, j'ai du un peu prendre le contrôle de ton personnage, mais avec une telle succession de 1 et de 20, j'ai été un peu forcée de bricoler ma narration pour arriver quelque part ^^°



Jet d'INT : 16, raté. Pas d'info sur un détail particulier du combat que tu aurais pu noter - tout s'est passé si vite que t'as pas vraiment eu le temps d'analyser des choses.
Jet d'INT : 5, réussi. Armand ne peut s'empêcher de remarquer une familiarité surprenante entre le visage de cette fille, et celle de la servante qu'il a vu à deux reprises aux côtés de Anne, d'abord à l'écurie puis dans la chapelle. N'oublie pas néanmoins que la luminosité est franchement merdique de nuit en l'absence de déréliche, et donc que si tu l'as très bien vue dans la salle d'audience, dans le couloir tu la devines plus que tu ne la vois.

Re: [Armand de Lyrie] Maman

Posté : 09 juin 2020, 00:12
par Armand de Lyrie
Et tout ce qui a suivi n’était que du pur instinct. De la pure réaction, tempérée par l’entraînement et la pratique. C’est une situation étrange, le combat ; On a le temps de l’intellectualiser avant, et après. On a le temps de s’imaginer avoir la peur de sa vie, ou tout le courage insufflé des Dieux, seulement quand on ne sent pas la proximité de la morsure de la lame. Quand on est dans le feu de l’action, tout ça, ça se volatilise. C’est dans ces instants, et ces instants seulement, que vous découvrez quel genre d’homme vous êtes vraiment. Autrement, se dire courageux, ça compte pour absolument rien.

J’ai chargé l’épée dégainée à toute vitesse. Le temps des quelques secondes de ma course folle furieuse vers les portes, j’ai tenté d’anticiper les mouvements de lame des deux obstacles devant moi. Je me suis préparé au contre et à la riposte, exercée et vive, mais les plans c’est bien que quand on a l’occasion de les réaliser. En tournant le dos à la fausse-Loyse, je me doutais que je m’exposais, ce fut un choix conscient, un calcul réalisé à toute vitesse, pour assurer ma survie et faire du mieux que je pouvais pour fuir.
Eh bah putain, je suis mauvais en maths.

J’ai senti un poids me frapper dans le dos. Je me suis écrasé par terre. Par réflexe, j’ai resserré à tout prix ma poigne sur le manche de mon épée – perdre mon arme, c’est mourir, Quentyn me l’a toujours appris. Sauf qu’à me concentrer sur ma main, je me suis pas concentré sur mon pied. Il s’est enroulé sur lui-même et sauvagement retourné. Y a un truc qui a dû se rompre. Emporté comme un diable par la peur panique du spectacle auquel je venais d’assister, je n’ai, étonnamment, rien senti. J’ai bondi sur mon pied entorsé, quand j’ai vu le corps de maman se volatiliser sous mes yeux.
On m’a jeté le corps de ma mère dessus.

J’écarte vite cette ignominie de l’esprit. Je vous l’ai dit en combat on a pas le temps de réfléchir aux horreurs qu’on voit : faut frapper comme un taré sinon c’est la terreur qui s’empare de vous, et alors autant vous dire que vous êtes déjà mort. Par contre, je frappe beaucoup trop tôt et beaucoup trop lentement. Je me rattrape vite par une adroite riposte et force une épée adverse à s’écarter dans un choc qui projette des étincelles d’acier.
J’entends des rires derrière moi. Des rires bons à me glacer définitivement le sang.
Les gargouillements de mon père strangulé bourdonnent dans mon esprit. Je sais quel sort ils me réservent si je m’échappe pas tout de suite.

Loyse attaque ma main forte. Un des tentacules me serre le poignet. Ma plate Montfortoise est faite pour résister à des chocs de massue ; Avec horreur, j’entends les craquements du métal qui pulvérisent ma main et qui commencent à couper net le sang du bout des doigts. Je hurle. Un hurlement sec, et plus aigu que je n’aurais imaginé.
Pas lâcher mon épée. Pas lâcher mon épée. Je suis mort si je lâche mon épée. Je suis mort si je lâche mon épée.

J’entends les gargouillements de mon père strangulé, et Quentyn qui m’aboie cette phrase encore et encore sous une dense pluie.

Je me retourne et enfonce net ma main dans le tentacule. Je m’écorche les doigts, mais je préfère arracher ma main gauche que perdre les doigts qui tiennent mon arme. Je transforme mes hurlements de douleurs en râles de colère, et tire de toutes mes forces. La Déréliche sait ce que j’essaye de faire ; Elle se volatilise plutôt que de me laisser la piéger.

Sans aucune once d’honneur chevaleresque, on m’attaque dans le dos. Je me retourne comme un fou pour riposter, mais j’attaque, beaucoup trop vite cette fois. L’illusion imite donc toute l’escrime d’un preux pour m’assaillir. Mes rugissements cessent soudain lorsque sa taille me prive de tout l’air de mon corps.

Je peux sentir la fin, ignoble, rapide, sans cérémonial – une mort comme le fils des Fluvia a dû subir à l’étage en dessous. Et puis, le miracle. Mon adversaire est transpercé d’une lance, et une femme surgit de nulle part pour se battre à mes côtés.
Un instant, je recule, les yeux tout écarquillés. J’ai dix mille questions en tête. Pour une fois, je suis assez intelligent pour n’en laisser aucune occuper mon esprit.
Non, je suis un peu occupé là. Et extrêmement blessé. Tellement blessé que je porte ma main gauche, aux doigts dégoulinant de sang chaud tout le long de mon canon d’avant-bras, près de mes côtes fêlées. Et je n’attaque qu’avec la main droite, à une main, en traçant au-dessus de moi. J’aurais dû utiliser deux mains. Le chevalier se contente de lever son arme au-dessus de lui, l’écarte sans ménagement, et me frappe à nouveau de toutes ses forces.
Ma sauveuse le tue. Elle me hurle de courir.

Tous mes sens chevaleresques sont complètement estompés. Je me sens crevé. Elle aurait pu me hurler n’importe quel ordre, j’aurais obéi immédiatement.
Je me suis rué derrière elle sans regarder. Je pousse les portes de mon épaule, déboule dans le couloir prêt à tomber sur des gardes en posant maladroitement mes deux mains sur le manche. Rien. Que des toiles d’araignées, des murs fêlés et des meubles saccagés. Je titube en avant, encore porté par la folie du combat.

On a juste le temps de faire quelques pas. Enfin, plus elle que moi. Moi je m’écrase contre le mur. Je glisse contre. Je tente de retrouver l’air qui s’est chassé de mes poumons ; Ce faisant, je sens mes côtes broyées. Ma respiration siffle. Je lève mon visage en l’air. Je dois mordre ma lèvre inférieure pour limiter mes cris à de simples geignements grinçants.
C’est là que je me rends compte comment j’ai rompu ma cheville. Je m’affale encore plus fermement sur le mur pour retirer la pression de ma guibolle.
La fille me rassure avec une voix calme – bien plus calme que la mienne – que la Déréliche ne peut plus nous atteindre. Comment elle fait pour être aussi calme putain ?!

Et maintenant que je ne suis plus guidé entièrement par mon instinct, je commence à me rendre petit à petit compte de comment je suis passé à ça de la mort. Ça serait le moment parfait pour se ruer sur de l’alcool. À la place, je peux que suffoquer et gémir sur place. Je lève mes yeux vers elle, et quand j’ouvre mes lèvres, c’est juste pour répéter un mot :

« Merci ! Merci… »

Je souffle un troisième « merci », mais il est coupé par une douleur pulsatile, donc il est plus exhalé que prononcé. Il retentit dans l’écho de mon casque donc elle a dû le deviner.
J’ai besoin de quelques instants. Ou peut-être même beaucoup plus. Je me recroqueville sur moi-même. Je dois résister très fort à l’envie de glisser le long du mur pour poser mes fesses par terre.

J’essaye de faire fonctionner mon cerveau à toute vitesse. C’est pas gagné. Du tout.

Je lève mes yeux vers celle qui m’a sauvé. Je suis même pas sûr que « merci » suffise. Elle m’a sauvé la vie. Pour de vrai. Une seconde de plus dans ce merdier, j’étais mort. Mort.

Maintenant, qu’est-ce qu’elle fout ici ?

Je lève mes yeux vers elle en essayant de calmer le volume sonore de mes gémissements. Ça va être très, très dur de me reprendre pendant un petit moment. Mes mains tremblent. Je suis obligé de caler mon épée contre moi en me tordant pour qu’elle ne chute pas.
Je crois que… Que c’est la servante que j’ai vu, plusieurs fois. La fille proche de ma mère.

C’est là que l’inquiétude monte en moi. Parce qu’elle peut pas voir mon visage derrière le heaume. Parce que je porte les couleurs de mon Duché, et non les armoiries de la Lyrie.
Elle doit me prendre pour un chevalier errant quelconque. Un petit con venu chercher l’aventure dans un lieu un peu trop dangereux pour lui. À moins qu’elle n’ait aperçu Mélaine et le reste du groupe depuis cet étage.
Vit-elle ici ? Qui voudrait vivre ici ?
Peut-être surveille-t-elle ma mère.
Peut-être est-ce qu’elle la sert.

En tout cas, je lui dois une dette éternelle.

« Vous avez, sauvé ma vie, merci... »

C’est le quatrième merci de la soirée, mais cette fois-ci je suis capable de formuler des mots à voix haute au lieu de juste paniquer en me retenant de hurler. Ça m’a demandé un sacré effort de dire ça.

Je pose ma main droite, celle qui a été écrabouillée, sur la visière de mon heaume. Et je la relève, afin qu’elle puisse apercevoir mon visage.

« Armand. Héritier, du fief commis, de Lyrie. »

C’est ce que je suis.
Je cherche à déceler une réaction sur son visage. Elle doit sûrement savoir qui je suis.

« Pourrais-je avoir, l’honneur, de, connaître, votre nom ? »

L’étiquette m’oblige à utiliser des phrases complètes et des mots, au lieu de juste dire « quoi nom toi ? ». J’ai soif. J’ai la langue pâteuse. Je me demande si ça serait pousser le bouchon trop loin que de lui demander si elle a à boire.
Déjà, faut voir si se rendre compte de qui je suis va pas la faire paniquer. Ou autre chose.