[Armand de Lyrie] Noblesse oblige

La Bretonnie, c'est aussi les villes de Parravon et Gisoreux, les cités portuaires de Bordeleaux et Brionne, Quenelles et ses nombreuses chapelles à la gloire de la Dame du Lac, mais aussi le Défilé de la Hache, le lieu de passage principal à travers les montagnes qui sépare l'Empire de la Bretonnie, les forêts de Chalons et d'Arden et, pour finir, les duchés de L'Anguille, la Lyonnesse, l'Artenois, la Bastogne, l'Aquilanie et la Gasconnie.

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[MJ] Katarin
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par [MJ] Katarin »

L'intérieur de la caserne était composée de deux zones : à l'est, les baraquements sur deux étages, composés de dortoirs et de quelques bureaux, et à l'ouest, un grand cloître à ciel ouvert servant de terrain d'entrainement aux recrues.
Très clairement, le seigneur Binet avait du investir une certaine fortune dans la construction de cette caserne entièrement en pierre. Tout comme les murailles protégeant le village, les infrastructures défensives de la ville semblaient avoir été un investissement majeur pour lui - sans nul doute que le seigneur devait craindre une menace extérieure et non pas intérieure.

C'est contre l'un des solides piliers de pierre soutenant le second étage que Armand était installé, non loin d'un escalier. De là, il pouvait observer à loisir la cour centrale mal entretenue de la caserne qui grouillait de vie.

Il n'y avait aucun cours de groupe, mais une dizaine de petites équipes qui travaillaient chacune avec un duo formé d'un chevalier et d'un herrimault servant de professeurs improvisés. Armand pouvait reconnaître les hommes en harnois qu'il avait brièvement croisé dans la file d'attente menant au temple de Shallya la veille : néanmoins, pas un ne portait d'armoiries spécifique qui permettrait de deviner leurs origines. Clairement, ils avaient choisi de se débarrasser des signes distinctifs de leur passé, pour s'associer aux capuches. Néanmoins, le jeune héritier de Lyrie put remarquer sur la cape de deux d'entre eux la colombe de Shallya, cousue à la main au fil d'or. En cela, les roturiers les imitaient puisqu'Armand put remarquer ce même type de décoration sur quelques guêtres.

Certains de ces duos fonctionnaient très bien, la complémentarité entre les connaissances militaires des chevaliers et celles plus terre à terre des hors-la-lois permettant d'apprendre aux paysans des astuces pour se défaire de nombreux ennemis. Après tout, la noblesse était particulièrement talentueuse pour se défaire de monstres et de brigands, tandis qu'à l'inverse, les herrimaults s'étaient spécialisées dans l'agression des plus riches pour leur dérober leurs biens. Connaitre les bottes préférées des chevaliers était une chose, savoir les contrecarrer avec un croche pieds une autre.
Sans doutes cette complémentarité était l'objectif de Carlomax : au vu du passif de la ville, obliger les anciens ennemis à travailler ensemble était une idée judicieuse. Sur le papier en tout cas. Dans la pratique, si une bonne moitié des groupes s'en tirait convenablement, l'autre moitié était un véritable calvaire à observer, avec les deux instructeurs en train de se hurler dessus pendant que leurs troupes menaçaient de s'éborgner à chaque instant avec leurs armes qu'ils manipulaient comme des fourches ou des cannes à pêche.

Et pourtant, malgré cette apparence générale de bordel désorganisé, il se trouvait quelques éléments qui pouvaient donner espoir dans les capacités de ces troupes à faire quelque chose en situation réelle. Les chevaliers déserteurs étaient presque tous plus âgés et expérimentés qu'Armand, ça se voyait tant à leurs mouvements et à leur charisme qu'à leurs cicatrices. Certaines recrues aussi, sous leur apparence miteuse, cachaient bien leur jeu et possédaient un talent martial impressionnant à regarder. Si les trois quarts des paysans présents ici ne pourraient jamais apprendre mieux que d'éviter de tenir leur arme par le bout tranchant, le reste était plutôt prometteur, voir effrayant. C'était le cas de ce type avec un bandeau sur l’œil et à l'oreille ébréchée qui portait un tablier de forgeron, et qui affronta à la suite ses dix compagnons avec pour seule arme un long bâton, pour tous les vaincre dans une économie de mouvements remarquable.

Il y avait deux femmes chevalier aussi, même si Armand ne les remarqua que tardivement. Clairement mises à l'écart, elles s’entraînait seules l'une contre l'autre, travaillant leur posture à l'épée bâtarde en répétant toujours les mêmes enchaînements, perfectionnant leurs mouvements. La première devait avoir la vingtaine tout au plus tant son visage était juvénile, et ne portait qu'un plastron par dessus son pourpoint : difficile de croire qu'elle ait jamais vécu un vrai combat dans sa vie. L'autre était sa parfaite opposée : les cheveux chatains teintés de blanc, son visage était autant marqué par les rides que par les cicatrices, dont l'une traversant son œil gauche à la pupille blanchie. Le tête d'ours décorant son épaulière aurait pu tromper Armand sur sa potentielle appartenance à une seigneurie mineure utilisant cet animal comme emblème, mais il avait été suffisamment zélé lors de ses cours d'héraldique pour identifier un ordre de chevalerie non pas bretonnien, mais impérial.

Après vingt bonnes minutes d'inactivité, Carlomax finit par apparaître, descendant les marches en compagnie de maussade et d'un homme au teint hâlé ayant la trentaine, aux habits propres et bariolés. Ses longs cheveux bruns étaient maintenus par un foulard orange, dont la couleur se retrouvait sur la ceinture qui maintenait sa tunique blanche. Les deux hommes se séparèrent d'une poignée de main, avant que Carlomax ne fasse signe à Armand de le suivre dans les escaliers pour le mener à un bureau, assez similaire à la pièce dans laquelle Armand avait dormi avant qu'un éléphant n'en déplace tous les meubles. Sur une table basse, une carte de l'Aquitanie et des environs était maintenue déroulée par quatre cailloux.

- Le type avec qui je m'entretenais, c'est Senestre, le représentant des gillites. De Maisne fait pression sur lui pour qu'ils cessent de faire affaire avec des insurgés. "Ravitailler des criminels, c'est en devenir un". Cet enfoiré resserre lentement son étau : j'ai beau avoir disposé plusieurs herrimaults à la surveillance de nos routes, il a quand même réussi à intimider plusieurs marchands de venir par la voie terrestre - et maintenant il s'en prend au chemin fluvial.

Carlomax était agité, mais clairement pas résigné. Derrière son bureau, il faisait les cent pas devant Armand, et à dire vrai, il semblait davantage se parler à lui-même pour mieux réfléchir à la situation que vraiment parler au chevalier. Maussade quant à elle était restée à l'extérieur, gardant la porte.

- Ce n'est pas une mauvaise nouvelle pour autant. Si de Maisne s'en prend à nous avec une tactique de siège pour nous priver de nos ressources, c'est qu'il n'envisage pas encore une attaque frontale : il veut d'abord nous affaiblir. Ce qui signifie que nous avons encore un peu de temps. Suffisamment pour que tu puisses aller voir le Duc, Armand.

Finalement, son regard se pose sur son interlocuteur. D'un geste de la main, il sembla balayer l'amoncellement de pensées qui pesait sur lui, pour passer du coq à l'âne.

- J'ai cru comprendre que tu avais donné du travail aux shalléennes hier soir, dit-il en fronçant les sourcils. Remon n'est sans doutes pas le plus charmant des habitants de ce village, mais il a de la bravoure à revendre, et bon cœur. Félix m'a raconté ce qu'il s'est passé : c'est lui qui t'a provoqué en premier, et qui a donné le premier coup. Néanmoins, j'aurais préféré ne pas apprendre que tu as passé ta première soirée ici à cogner sur mes citoyens. Était-il nécessaire de répondre à la provocation par la provocation, plutôt que de réagir intelligemment, de comprendre l'animosité qu'ont encore les habitants d'ici à l'égard des chevaliers ? Ils ont cru en tes semblables je te rappelle, à l'utopie bretonienne, pour être remercié par les ravages d'une peste répandue par un serviteur de la ruine qui n'était autre qu'un chevalier du royaume. Et aucun noble en armure rutilante n'est venu à leur secours. Aucun.

Il poussa un long soupir désabusé avant de poursuivre.

- Mais je comprends. Quelque part, je m'en doutais et craignais ce dénouement ; après tout, ce n'est pas pour rien que j'avais demandé à Félix et Maussade d'être présents ce soir là. D'habitude, elle intimide suffisamment tout le monde pour éviter ce genre de débordements. J'aurais du mieux te mettre en garde lorsqu'on s'est quittés, je ne peux m'en prendre qu'à moi de la tournure des événements. J’espère juste que ça n'a pas trop terni l'image de nous que tu as, et que ce n'est pas ce souvenir qui te viendra en tête lorsque tu devras défendre notre cause devant le Duc. Car je ne voudrais pas te mettre la pression, mais avec la mission que je t'ai confié, j'ai pris le risque de mettre le destin de Derrevin, Punoy et Cinan dans tes mains. Sacré coup de poker n'est-ce pas ?

Il afficha son sourire de façade, un tic nerveux sans réelle émotion. A y regarder de plus près, Carlomax avait de méchantes cernes : la pression de son rôle se faisait clairement ressentir sur ses traits.

- Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi Armand ?

Quelques images :

Une idée du look du cloitre, à imaginer avec moins de végétation et plus de terre battue :
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L'artisan borgne au bâton :
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Les deux femmes chevaliers :
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Senestre (qui est moins rigolard quand tu l'as croisé) :
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Test de héraldique d'Armand : 1, réussite critique ! Bah merde alors. Considère qu'Armand connait tout ce que dit la BI sur l'ordre de l'ours noir du coup, auquel appartient la femme chevalier agée :D

Test de charisme d'Armand : 18, c'est non.

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Armand de Lyrie
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par Armand de Lyrie »

L’Ordre de l’Ours Noir de l’Averland ! Une bande de dégénérés. La chevalerie Impériale est une pâle parodie de la noble chevalerie Bretonnienne, c’est une évidence même, le fait qu’ils laissent une grognasse porter leur emblème parle pour lui-même. Apprendre les blasons armoriés des grands ordres chevaleresques du pays de Sigmar fut d’un ennui bon à bailler, excepté pour quelques confréries plus en vues que d'autres (Les chevaliers-panthère font battre mon petit cœur, par exemple). Qu’est-ce qu’il y a à dire sur eux ? Nombre de racontars imaginaires et totalement irréalistes, des us barbares et des coutumes avilissantes indignes d’un homme de bonne race – mais l’Empire n’est pas constitué d’une bonne race, et il m’est difficile de croire que les anciens Bretonnis puissent être sortis des mêmes forêts sombres et consanguines que les enfants du Dieu à la Comète. Il paraît qu’ils aiment bien se jeter sur des ours pour leur briser la nuque. Et on est censés respecter ça ? Les considérer comme des frères d’esprit et d’épées ? C’est un peu fort de café. Même s’ils ont certainement la valeur, il leur manque la culture, là où les Tiléens et les Estaliens de l’autre côté ont bel et bien la culture, mais leur fiottasserie leur empêche de prétendre à la valeur.

C’est fou comment Derrevin vole d’originalité en originalité. Je vais rien dire sur le fait de voir des herrimaults se battre aux côtés de preux chevaliers, encore moins l’étonnante vision de Shallya transformée en héraldique bien martiale : Est-ce que la Colombe apprécie d’être portée sur le mantel d’un homme armé ? Je me demande quelle disposition Alys tient avec la Très Sainte Matriarche de Couronne : Est-ce que le Saint-Siège du culte est au courant de ce qui se passe ici ? Et puis, ne nous lançons même pas sur le sujet du forgeron qui tient dix gus en respect, vision martiale impressionnante qui m’arrache un sifflement admiratif lorsque mes yeux passent sur lui.

Non. L’essentiel de mon attention porte sur les deux femmes en armures. Par réflexe juvénile, je leur tire la langue. J’ai très envie, par gaminerie machiste, de les singer. Je suis sûr que si je croise le regard de quelques-uns des bonhommes qui s’entraînent, j’arriverai à leur arracher un sourire plissé et bien narquois, la faute à nos mœurs Bretonniennes. Sérieux. Des femmes en armure. Et puis quoi encore ? Dame merci, elles ont été mises à l’écart. Elles ont l’air tellement ridicules, à-
-L’une d’elle s’est retournée. J’ai été foudroyé sur place. J’ai ravalé ma langue en une demi-seconde, et vite tourné la tête avec les gros yeux pour regarder très, très intensément autre chose. N’importe quoi. Tiens, ce crétin qui tient son épée n’importe comment. Oui oui. Je le regarde ultra-méga-intensément, comme si j’avais affaire à la réincarnation de Carléond de Couronne, alors qu’en fait il a plutôt l’air d’être prêt à mourir tout seul en trébuchant sur le fauchon qu’on lui confiera un jour. Elles m’ont vu ? J’ai ultra peur que l’une d’elle ait croisé mes grimaces, et qu’elle vienne me filer une rouste publique, une correction pour le gamin que je suis. Ça serait trop humiliant. Je me mettrais à bégayer des excuses. Minuscule regard en coin. Elles continuent de s’entraîner. Elles m’ont vu ?! Putain j’ai trop peur.

Ouf, on vient me chercher pas trop longtemps ensuite. Quelques minutes après que je sois devenu bien pâle et tout gêné. Je croise Carlomax, qui parle avec un peigne-cul. Je note pas trop, il m’intéresse pas. Je croise le regard de Maussade, par contre. Je me mets à faire un tout petit sourire timide et gentil à son intention. Un instant, j’ouvre un peu la bouche, avec l’envie de lui demander si elle va bien ; mais c’est vrai qu’elle pige pas un mot de ce que je dis, alors je me contente de faire un petit signe de tête. Est-ce qu’elle m’aime bien ?
-Pas le temps d’y réfléchir, Carlomax m’intime de le suivre pas un mouvement de tempe et on se casse après qu’il ait congédié l’autre peigne-cul d’une poignée de main. C’est uniquement une fois que je suis dans ce qui lui sert de bureau/état-major qu’il m’indique qu’il s’agissait d’un représentant des Gillites, un bon commerçant donc, une race avec laquelle les nobles n’aiment pas trop être vus. Je note. Je note surtout que de Maisne est en train de faire son possible pour isoler Derrevin. Je répond rien à ça. Qu’est-ce que je pourrais dire, à part des banalités auxquelles Carlomax a déjà pensé ? C’est lui le chef, c’est lui qui est aux commandes, et je suis pas l’un de ses conseillers ou de ses amis proches. Je me contente donc de me taire, de poser une main dans mon dos, et de le regarder en restant tout droit.

Il m’engueule. Enfin, il m’engueule pas vraiment. Il me passe pas un savon. Il fait de la philosophie de comptoir. Il dit des conneries. Ça me fait lever les yeux au ciel. Mais pour garder une contenance et pour qu’il ne voit pas transparaître un petit signe équivoque sur ma trogne, je me dépêche vite de m’approcher de la jolie carte d’Aquitanie et de jeter un regard très sérieux, les yeux froncés, vers elle. Enfin, j’observe la carte sans vraiment l’observer – j’ai déjà vu des cartes d’Aquitanie, même si je n’ai aucune véritable connaissance dans cette science si difficile et technique qu’est la cartographie ; Un roturier cartographe a tout mon respect, comme un roturier forgeron ou un roturier poliorcète. Nan je regarde vraiment la carte juste pour pas avoir à regarder Carlomax.
Je le trouve admirable. Je le trouve courageux. Intelligent. Charismatique. Mon opinion sur lui n’a pas changé par rapport à hier.
Mais c’est fou qu’est-ce qu’il est con.

Ça se voit que lui et moi on a pas la même vision du monde. Et pourtant on se ressemble plus qu'il ne le pense. Quelques mots, quelques expressions, quelques suggestions dans son propos ne peuvent m’empêcher de me faire tiquer, et je dois réprimer des rictus bien mauvais. Un mot, par exemple, m’amuse particulièrement.
« J’'aurais préféré ne pas apprendre que tu as passé ta première soirée ici à cogner sur mes citoyens ».
« Mes citoyens. »
« Mes citoyens. »
« Mes citoyens. »

Vous voyez ? Vous voyez le p’tit soucis ? Je sais pas si c’est le mot « mes » ou « citoyens » qui m’amuse le plus en vrai. C’est hilarant.
Les habitants de Derrevin ne sont pas des citoyens. Il est à honnir ce mot. Il est à bannir. C’est un mot qui vient du sud. C’est un mot qui fait penser aux villes de Tilée, même aux royaumes si indépendants et démocrates d’Estalie. En Bretonnie, il n’y a PAS de citoyens. Il n’y a que des sujets. Nous sommes un pays basé sur l’autorité, absolue, partout. L’autorité du père sur sa famille. L’autorité du maître sur ses compagnons. L’autorité du mari sur sa femme. L’autorité du sire sur ses manants. Du duc sur ses vassaux. Du prêtre sur ses ouailles. Du Roy sur TOUT LE MONDE. Et Carlomax, qu’il le veuille ou non, le sait. Parce que sinon, il n’utiliserait pas ce petit pronom possessif délicieusement autoritaire et paternaliste : Mes citoyens. C’est pas magnifique ? Personne n’a élu Carlomax. Il ne détient aucune charge légale ou institutionnelle, il ne tire pas sa légitimité d’un quelconque processus. Il est chef de Derrevin parce qu’il est venu, qu’il a botté des culs, qu’il a été impressionnant, intelligent, fort, et qu’il était naturellement le chef de ces attardés dégénérés. Il est devenu chef de Derrevin en incarnant des valeurs aristocratiques. Ne voit-il donc pas l’ironie de la situation ? Pourquoi est-ce que je devrais respecter Rémon ? Pourquoi je devrais respecter ces attardés ivrognes, pauvres, illettrés, bons pour le lynchage, la rixe, mais si prompts à plier devant plus fort et plus malin qu’eux ?
Je respecte Carlomax, parce qu’il a une allure respectable. Mais je n’ai aucune idée de ce qu’il raconte quand il dit que les habitants de Derrevin sont indisposés à mon égard parce que je suis chevalier, et que les chevaliers d’Aquitanie auraient trahis leurs valeurs. Parce que Carlomax, qu’il le veuille ou non, agit comme un seigneur. Derrevin n’est pas une ville-libre en devenir. Ce n’est pas une municipalité. Ce n’est pas une cité Tiléenne – pour devenir citoyen, il faut avoir l’éducation et la culture pour, c’est tout ce qu’on peut reconnaître à ces efféminés du sud. Derrevin, c’est une seigneurie dirigée par de nouveaux seigneurs, à qui il manque juste les titres. Aucun chevalier rutilant n’est venu au secours de cette ville ? Va donc te faire mettre, Carlomax. T’es un chevalier rutilant, juste vêtu de cuir bouilli et sans la particule ; On ne changera jamais les gueux de Bretonnie.

Je n’ai jamais été aussi curieux de savoir quelle est l’histoire de Carlomax. D’où vient-il ? Qui lui a tout appris ? Je continue de soutenir mordicus la thèse selon laquelle il est le bâtard d’un noble : Il doit y avoir un peu de sang-bleu en lui. Sinon, j’adhère à l’idée selon laquelle il est le fils de riches bourgeois, de marchands itinérants, de cette classe moyenne en train de se constituer en Bretonnie, ces roturiers qui apprennent à lire, à compter, à parler proprement. Je refuse obstinément d’imaginer une seule seconde qu’un gars comme ça puisse être juste sorti du champ de Bretonnie. La serpe ne peut pas valoir l’épée, il n’y a que la plume qui peut peut-être l’égaler.

Pour autant, je me garde bien d’exprimer toutes ces notions à voix haute. Je ne lui fais pas part de mon opinion. À quoi bon ? Ça le braquerait. Ça serait profondément inutile. De quel droit vais-je critiquer la manière dont le seigneur de Derrevin gère son fief ? Carlomax de Derrevin, avouez que ça claque. Allez. Je bouffe ce qu’il me raconte. Et je répond pas. Je préfère répondre à la suite. Ce qu’on va faire pour le futur.

« Le sort de ces villes n’est pas entre mes mains, je corrige en posant mes poings sur la table où la carte est dépliée. Je peux toujours échouer à convaincre le Duc Armand – En ce cas, je me doute qu’un bain de sang sera inévitable.
Tu n’as rien à craindre. J’ai prêté serment. J’irai porter ta pétition devant Son Altesse, je ferai tout pour défendre ta cause, parce que je sais que voir des enfants de la noblesse d’Aquitanie et d’honnêtes et pieux sujets de cette terre s’entre-tuer ne profitera qu’à une seule entité : Les chiens qui servent la Corruption. Les chiens qui ont engagé Jourdain. Seulement, j’espère bien que la réussite de tes plans ne repose pas uniquement sur moi. Je ressens certes profondément le poids des âmes de ces habitants, mais ils doivent aussi être prêts à mon échec.
Bien que, je sais que je ne t’apprends rien là. Sinon je n’aurais pas croisé tous ces gens en armes en bas. »


Je prend une grande inspiration nasale. Et je fais un signe de tête vers la carte.

« Tu trouves peut-être rassurant que de Maisne préfère entamer un siège, moi, je trouve cela plutôt inquiétant. C’est qu’il est définitivement acquis à la solution militaire. Et lui, il a beaucoup plus de soutiens que tu n’en auras jamais. C’est pour ça que je suis venu te voir. Je pense qu’il serait raisonnable que je parte au plus tôt pour tenter de convaincre le duc d’Aquitanie ; Aujourd’hui même, s’il le faut.
Seulement, c’est toi qui est au courant de ce qui se passe ici, avec tes éclaireurs et avec tes forces. C’est donc entièrement à ta sagesse que je me remets. À quel point les routes d’Aquitanie sont sûres ? Et à quel point est-ce que je risque d’être capturé ou agressé sur les routes ?
Je suis noble. Je marche noblement. A priori, de Maisne n’a aucune raison d’en vouloir à ma personne. Penses-tu que je dois aller en Aquitanie seul, directement, afin d’être le plus mobile possible ? Ou bien vas-tu me faire escorter par quelques hommes d’armes ? Peut-être aussi est-ce que je peux privilégier la voie fluviale ; Tu as l’air d’avoir des relations avec les Gillites, et eux sont de braves hommes respectés qu’on n’ose pas attaquer… Peut-être peuvent-ils m’embarquer avec mon cheval jusqu’à Castel-Aquitanie ? »


C’est une hypothèse. Ça sera à lui de décider.
En revanche, la question qui va être la plus à débat, c’est la suivante. Je me relève, et replace une main dans le dos. Je fronce les sourcils. Je prend un air très grave, et ma voix perd un octave pour devenir légèrement plus rauque. C’est du théâtre. De la comédie. Faut qu’il sente mon sérieux.

« J’ai, heu… Aussi autre chose à te dire… Un sujet que je ne pouvais aborder hier, tant il tient à demeurer privé... »

Je feins l’hésitation et le malaise. Quoi que. Je suis réellement mal à l’aise, donc est-ce que c’est vraiment feint ?

« Margot de Ternant t’as confié quelque chose. Un tableau. Elle a dû t’interdire de l’observer. Elle a bien fait.
C’est cet objet que Jourdain essayait de récupérer en Quenelles. »


Je relève mes yeux et regarde très profondément dans ceux de Carlomax. Je suis en train de jouer un énorme bluff. Parce que, le truc marrant, c’est que j’ai aucune idée de ce que c’est que ce tableau. Mais, plus que tout, j’ai aucune idée d’à quel point Carlomax sait des choses sur ce tableau. Si ça se trouve il en ignore tout. Si ça se trouve il sait à quoi il sert. J’ai l’impression de jouer au putain de bonneteau avec lui. Je cherche mes mots. Je peux pas trop m’avancer dans ce propos. Je sue du cul.

« Je crains que, tant que ce tableau demeure en ta possession, Derrevin reste en danger. Un couperet au-dessus de ta tête. Les gens qui ont engagé Jourdain ne reculeront devant rien pour le récupérer, que ce soit en utilisant les réseaux qu’ils ont tissé au sein de la noblesse Aquitainoise, ou en envoyant des coupes-jarrets pour tenter de le subtiliser.
Je souhaiterais emporter ce tableau avec moi, et le confier à une chapelle du Graal. J’ignore quelles sont tes dispositions envers le Culte de la Dame du Lac ; Il est volontairement mystérieux et peu ouvert… Mais je reste persuadé que les Damoiselles du Graal sont les seules personnes de toute l’Aquitanie qui sont capables de protéger ce tableau, de n’importe quelles mains qui puissent le convoiter. »


Spoiler : C'est moi qui vais leur filer le tableau. Pas les Gillites. Pas les Herrimaults. Pas les prêtresses de Shallya. Je fais confiance à personne. Seul moi peut m'assurer qu'il soit en sécurité. Peu importe ce que Carlomax en dit.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 11 sept. 2019, 22:02, modifié 1 fois.
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par [MJ] Katarin »

- Bien sur que je suis prêt aux autres éventualités, le coupa Carlomax à sa première intervention. Tu l'as vu en bas : j'aurais pu envoyer d'autres chevaliers de confiance mener cette mission. Mais si la plupart partagent mes idéaux, ils n'ont pas vécu ce que tu as vécu. Ils n'ont pas grandi au milieu de la corruption et réussi à en réchapper. Et la plupart sont des hors-la-lois désormais, des voix qui ne peuvent plus être entendues. Evrard et Margot sont très élogieux à ton égard, mais moi, je ne te connais pas Armand. C'est par ton histoire et mon intuition que je décide de me fier à toi. A dire vrai, j'ai toujours su lorsque j'ai repris Derrevin que ça se finirait en bain de sang. Toi... tu es l'homme providentiel. Si tu échoues... alors il se déroulera ce qui devait se dérouler.

Il planta ses deux yeux dans les pupilles d'Armand, retrouvant le feu que le chevalier lui connaissait. Il n'émanait de lui aucune colère envers Armand, il y avait juste cette conviction qui lui venait du fin fond des entrailles, cette force qui faisait de lui un chef né.

- De Maisne s'est fait beaucoup d'amis récemment en effet. Avec les Elbiq tombés, nombre de ses proches ont pu se diviser les seigneuries vacantes. Derrevin, Punoy et Cinan faisaient partie du lot des vainqueurs, et il n'apprécie guère se l'être fait dérober. Je connais les nobles, Armand : il est trop arrogant pour avoir jamais songé à autre chose que la solution militaire. Dans son esprit, nos terres sont déjà les siennes. Il nous sous-estime, tout comme Binet et Recherre l'ont fait. Pas un seul villageois ici ne ploiera - s'il vient et remporte l'affrontement, ce sera pour marcher sur nos cadavres et contempler un champ de ruines qu'il ne pourra offrir qu'aux vautours.

Un court silence, ponctué d'un soupir de Carlomax. Ce simple souffle semble suffire à retrouver son calme, et déjà il s'approchait de la carte, invitant Armand à l'observer pour discuter avec lui.

Son trousseau de clés est visible, accroché au même endroit que hier, à l'arrière de sa ceinture.
- De Maisne pose problème sur nos routes en effet. Mes hommes ont sécurisé les frontières délimitant les seigneuries de Derrevin, Cinan et Punoy, mais au-delà, il sévit malgré tout. Il a posté des groupes armés qui questionnent les voyageurs sur les routes, et reconduisent les marchands vers d'autres destinations, menaces à l'appui. Je pourrais te faire escorter par des hommes à moi, mais ce serait une agression directe : il nous faudrait sans nul doute tuer ceux nous faisant barrage. Quant à la voie fluviale, les gillites s'éloignent rarement du Gilleau pour les rivières d'Aquitanie, et je ne souhaite pas leur demander de faveur alors qu'ils temporisent déjà de Maisne en marchandant encore avec nous, au risque de se faire un puissant ennemi. J'y ai réfléchi, et je pense que voyager seul sera l'idéal. Tu es un noble, héritier d'un domaine, il n'a pas de raison valable pour s'en prendre à toi sans motif. Et quand bien même, pour eux tu es un héros Armand. C'est ton intervention qui a provoqué la chute des Elbiq : ce seul fait devrait t'assurer la tranquillité. Je l'avoue, c'est l'autre raison qui me fait penser que tu es l'homme de la situation : de tous mes chevaliers, tu es le seul qu'ils pourraient bien apprécier. Ton cheval est prêt, à l'écurie devant les portes de la ville, où les gardes te remettront tes armes. Je me suis assuré de te fournir quelques vivres pour le voyage. Si ça ne te dérange pas, Félix souhaitait t'accompagner : il a ses propres affaires en cours avec le Duc me semble t-il. Ne me demande pas, je n'en sais pas plus que toi !

Encore ce demi-sourire. Comme s'il essayait de détendre l'atmosphère, mais qu'il n'y croyait pas lui-même. De toutes manières, il disparut bien vite lorsqu'Armand aborda la question du tableau. Il ne répondit pas immédiatement, prenant le temps de retourner derrière son bureau, et pour la première fois il semblait nerveux vis-à-vis de la réponse qu'il apportait à Armand.

- Une chapelle du Graal se situe à la frontière entre Derrevin et Punoy, mais elle est désertée des demoiselles : seuls mes chevaliers s'y recueillent. Si les cultistes voulaient cette chose, il est évident qu'elle est dangereuse. Néanmoins, cette toile ne sera pas plus à l'abri des menaces que tu cites avec toi, voyageant seul sur les routes d'Aquitanie, qu'au sein de notre village. Ici, je l'ai mise sous bonne garde, à l'abri de tout regard et donc de toute possibilité de corruption des habitants. Je ne sais que trop ce que les puissances de la ruine peuvent faire aux gens Armand, je l'ai vu, et je suis tout aussi concerné que toi par le danger que représente cet objet. Et je suis d'accord concernant le Culte de la Dame. Alors, une fois à la capitale, va à la chapelle et préviens les demoiselles du danger que nous cachons ici. Pas même Maisne n'osera s'en prendre à une ou plusieurs demoiselles en mission : et ma porte leur sera grande ouverte pour qu'elles prennent en charge cette chose.

Armand scrutait le visage de Carlomax. C'était la première fois que sa confiance en lui semblait ébranlée par quelque chose, mais c'était difficile de savoir quoi. Il ne mentait clairement pas au chevalier - il semblait d'ailleurs totalement incapable de tromper ou de manipuler quelqu'un volontairement par un autre artifice que son charisme naturel. Mais il était évident que ce sujet ne le mettait pas à l'aise, pour une raison ou une autre.


Test de charisme d'Armand : 18. Et bien, t'es pas engageant ce matin
Test d'empathie d'Armand : 6, réussi.

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Armand de Lyrie
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par Armand de Lyrie »

Carlomax est toujours aussi brave et raisonnable. Rien n’a changé par rapport à hier. Ce qu’il me raconte provoque parfois sur mon visage quelques petits tics, des micro-expressions, un petit mouvement de lèvre ou un froncement de cils ; Mais malgré les diverses émotions qui me traversent selon ses propos, il faut bien admettre qu’il a raison dans tout ce qu’il dit. Il semble bien maître de la situation.
Alors, quand il a terminé, je remue la tête de haut en bas, puis je me redresse et place mes mains dans le dos.

« Je comprend. Je comprend parfaitement. Je n’apprécie pas tellement ma place dans tout cela, mais la tienne doit être pire encore… De Maisne et ses sbires ne sont pas le genre d’hommes qui peuvent voir la raison, qu’importe que ce soit par malice ou simplement par arrogance. Ils feront couler du sang, celui des gens sous ta protection, ou celui de leurs vassaux. »


Juste une grosse banalité que je dis à voix haute. Je le répète plus pour me rassurer moi-même qu’autre chose. Pour me rappeler pourquoi j’accepte sa mission. Parce que je ne dois rien à Carlomax, je pourrais tout aussi bien lui dire que je me casse et qu’il se démerde ; mais c’est trop tard maintenant. Il est peut-être résolu à vaincre, mais en m’annonçant tranquillement hier ce qu’il attendait de moi, il a transféré sur mon dos son fardeau. Si je m’écarte du chemin vers Castel-Aquitanie, combien d’âmes je condamne par la même occasion ? Nobles ou roturiers, fils de la Dame ou du pays, chaque mort sera sur ma conscience, et pour exorciser ces fantômes, il faut au moins que j’essaye, au moins, de convaincre le Duc de réagir.

C’est pas pour autant que je suis à l’aise. En vrai, je suis même en train de retenir des pets de stress, et je sens que ma gorge et endolorie, un peu étranglée, quand il faut que je réagisse à ce qu’il attend de moi. Parce qu’encore une fois, j’ai du mal à contester quoi que ce soit.

« Je ne peux que plier devant la logique de ton propos. Oui. Si je m’en vais sur les routes avec des hommes d’armes connus, des visages ou des noms que les coupes-jarrets du sire de Maisne reconnaîtront, alors je ne pourrais m’enfuir que par la force des armes ; Et ils doivent avoir plus d’armes que toi. Et puis, au pire, si je me fais égorger tout seul en chemin, ça ne représente aucune différence pour Derrevin – après tout, tu es déjà paré à la solution militaire. »

Petit sourire mauvais, et nerveux, cette fois-ci bien adressé à sa personne. Je me demande si je vais arriver à le faire culpabiliser. Je sais qu’il a pas le choix, hein, je ne mens pas quand je dis que je n’aimerais pas être à sa place : Mais voilà, quitte à m’envoyer crever tout seul, il pourrait au moins éprouver un peu de peine. Au moins de la peine simulée, par respect quoi.

« Si tu permets, j’aimerais juste passer par les échoppes de Derrevin pour m’acheter un peu de cuir bouilli en guise de protection. Ce sera un remède bien minuscule à l’éventuelle morsure de lames de brigands, mais… Mais c’est mieux que rien, tu admettras.
Félix peut m’accompagner, je suppose. Enfin. Uniquement si tu m’assures qu’il n’y a aucune chance qu’il soit reconnu par ici ; Tu me dis qu’il est Impérial, certes, mais aussi qu’il est ton ami, non ? Est-il possible qu’il soit compromis ? À la limite, si tu ignores tout de son affaire avec le duc, je pourrais aller lui en parler en privé avant mon départ, si tu me permets, et que tu me dises où il se trouve à l’heure actuelle.
Quant au tableau... »


Là, par contre, on risque de se faire la gueule. Parce que je plisse les lèvres, je les rentres à l’intérieur et cherche mes mots. C’est très, très compliqué. J’en arrive même à perdre un peu la cohérence de mes phrases.

« Je, eh bien… Comment dire…
Je… Je comprend tes arguments. Mais, je suis désolé, je me dois de malgré tout tenter d’insister…
Vois-tu, je… ‘fin… Je vois la logique. Oui. Si je vais tout seul sur les routes, je me mets en danger ; Nul besoin de rajouter, en plus de la soldatesque de Maisne, la prédation sauvage de serviteurs de la Ruine. Cependant, je dois insister sur le fait que je suis assez malaisé de savoir que… Disons-le clairement, que cette relique chaotique reste en ta possession. Tu as pu observer le résultat de la corruption, mais peut-être pas la manière dont elle s’ensemence dans le cœur des hommes. Moi si. Moi, je l’ai non seulement vu, mais également ressenti.
L’important n’est pas le nombre de gardes que tu places en faction, ou le nombre de cadenas que tu noues autour. C’est une menace plus insidieuse et lente que ça. Tu peux nommer tous les hommes de confiance que tu veux : Même tes plus grands amis, même tes fidèles les plus loyaux peuvent se retourner contre toi. La simple proximité du tableau suffit déjà à faire germer en eux les graines qui les dévoieront. »


Ensemencer, germer, graine… Sans faire exprès j’utilise le jargon paysan. C’est même pas voulu, je me rends compte de l’ironie qu’après coup.

« C’est toi le maître de Derrevin. C’est à toi de choisir. Mais je tiens quand même à insister là-dessus : Je sais ce qu’est la Corruption. J’y ai résisté. Si tu me confies secrètement le tableau, je peux l’emporter loin d’ici, et tu n’auras plus à t’occuper de ce problème, alors que je me doute bien que tu as déjà fort à faire avec les légions de de Maisne qui cherchent à t’encercler. »


Oui. Oui tout à fait. Moi je peux résister au tableau. Pas tous les gardes de Carlomax. Aucun d'entre eux, évidemment. Seul moi. Seulement moi. Seulement moi. Seulement moi. Seulement moi. Seulement moi.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 13 sept. 2019, 14:38, modifié 1 fois.
Raison : 6 xps / Total d'xp : 20
Fiche : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_armand_de_lyrie
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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[MJ] Katarin
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par [MJ] Katarin »

- Tu as raison, lui répondit Carlomax d'une voix grave. Lorsque j'ai appris qui tu étais, j'ai tout de suite pensé à comment utiliser l'atout que tu représentais pour Derrevin. Je n'ai pas... réfléchi à l'humain derrière. Je me mets à penser comme ceux que j'exècre. Je suis désolé, Armand. Vraiment et sincèrement. Ça ne vaut pas grand chose, ça ne change rien à l'importance de la mission que je t'ai confiée, mais je...

Une hésitation. Carlomax bafouillait. Mais ce fut de très courte durée - comme en colère contre lui même, il lâcha soudainement un "Rah, merde !" avant de se ressaisir immédiatement.

- Je ne compte pas rester diriger ici. Enfin, j'aiderais, mais je veux que ça soit différent. Autre système, autres gens. Je déteste faire ça. Mais en aidant cette ville à se libérer d'un seigneur corrompu, j'ai volontairement mis le pied dans un engrenage que je n'arrive plus à arrêter. Ce n'est pas juste, de compter sur quelqu'un d'autre, de lui demander de risquer sa peau pour me sortir le pied du piège, mais... n'est-ce pas précisément votre lot à vous, les chevaliers, que de faire preuve de vaillance, de risquer votre vie pour le bien commun ? La question que je t'ai posé sur la chevalerie hier soir n'était pas innocente, et malheureusement pour toi, ta réponse m'a convaincu. Je... Je te remercie donc de bien vouloir essayer. Tu ne nous dois rien, et j'apprécie.

Un silence un peu pesant, avant qu'il ne se gratte le cuir chevelu, pour reprendre sur un air plus léger.

- Fais les emplettes qu'il te plaira : l'armurier est débordé de commandes, mais si tu lui dis que tu es chargé d'une mission prioritaire pour moi il fera un effort. Quant à Félix... tu le trouveras sans doutes avec ton ami Triboulet, chez Jacquot. Ne t'en fais pas pour lui, il a l'habitude de laisser traîner sa carcasse un peu partout dans le Vieux Monde, il y a même de bonnes chances qu'il puisse t'aider à te sortir de pas mal de situations : le bougre a des relations partout. Mais je ne parlerais pas pour lui, il le fera mieux lui-même.

A l'évocation du tableau, Carlomax poussa un long soupir avant de poser ses deux mains sur son bureau et de s'affaisser un peu en avant.

- Et je dois à nouveau t'éconduire. Je comprend tes inquiétudes. Mais je suis parfaitement au fait de ce que peut faire pareille chose. Je ne l'ai pas juste enfermée à double tour dans un coffre au fond d'une cave Armand. Je ne peux pas t'en dire plus, car c'est précisément en laissant cette information se propager que le danger s'accentuerait. Mais sache que je me suis assuré, avec les moyens adéquats, que cette toile ne puisse pas faire de mal ici. Contrairement à ce que tu crois, tu n'es pas la personne la plus qualifiée que j'avais à disposition pour s'occuper de ce problème-ci. Mais bien évidemment, au plus vite tu m'enverras des demoiselles, au plus vite je serais débarrassé de ce fardeau. Dire que cette saloperie résiste aux flammes et aux épées, j'aurais sans doutes mieux fait de ne pas écouter les menaces de Jourdain et de le faire abattre quand il s'est présenté ici...

Jet d'empathie : 19. C'est niet, Carlomax a repris le dessus sur ses doutes, il a retrouvé toute sa conviction on dirait !

Pour le shopping, on voit en mp discord tes besoins.

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Armand de Lyrie
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par Armand de Lyrie »

Il admet qu’il m’utilise. Ça me va tout à fait. J’ai aucune idée de si ses excuses sont sincères, ou parfaitement feintes, mais ça n’a pour tout vous dire strictement aucune importance : Tout ce que je souhaitais c’est qu’il le dise à voix haute, c’est tout. C’est par ego. Par pur ego.
Je lui en veux pas de m’utiliser. Il a raison. Oh, si ça se trouve, je ne vois qu’une facette de Carlomax – la facette qu’il a bien voulu me montrer pour me convaincre d’aller présenter sa pétition devant le Duc, la facette que connaissent les gens qui l’entourent, certainement pas celle que pourrait apercevoir l’un de ses adversaires. Si ça se trouve il est fourbe. Rusé. Monstrueux, quand il le veut, quand il le peut. Mais ça n’a aucune importance. Ça n’a aucune importance, car je ne peux pas douter une seule seconde du fait que sire Binet ait été corrompu, et face à la corruption, le mal absolu, plus aucun autre schéma de moralité classique n’a cours : Qu'importe que Carlomax soit le plus pieux et pur des hommes, ou un sinistre bâtard. S'il se tient droit face à la corruption, il est dans le bon et le juste, voilà tout.
J’ignore de ce qui adviendra de Derrevin. Le fait que Rémon m’ait agressé hier, et le fait que j’ai répondu si violemment à sa provocation, prouve peut-être que jamais cette ville sera chez moi. Peut-être que ça augure quelque chose de bien dangereux pour l’Aquitanie, et pour la Bretonnie. Mais je m’en contrefous. Je jette ces idées aux flammes. C’est lui qui a vaincu Binet et sa fange noire. Je ferai ce qu’il faut pour qu’on évite un charnier de justes. J’avais juste besoin que Carlomax reconnaisse, volontairement ou non, ce que je vais faire pour lui. Je demande pas une statue. Juste ça. Cette minuscule politesse. Je l’aie obtenue, c’est bon, j’ai besoin de rien d’autre de sa part, ni fief, ni récompense en pièces d'or.

« Bien sûr que je vais y aller. Je ferai tout pour sauver Derrevin de ce bain de sang, quitte à me mettre en danger s’il faut. Mais, je te conseille de quand même prier quelques Déesses pour que je réussisse.
Malgré tout, je te promet tout de même quelque chose, alors écoute-moi bien, Carlomax : Si je meurs, et que derrière, tu échoues à protéger Derrevin et ses gens, je jure devant Grand-Père Morr que je reviendrai te hanter jusqu’à la fin de tes jours. »


Cette deuxième phrase est prononcée avec un grand sourire qui affiche mes dents. Elle est clairement dite sur le ton de la plaisanterie. Et c’est surtout pour lui offrir l’occasion de réaffirmer à quel point il lie son destin à celui des gens qu’il a libéré. Il parle bien. Peut-être qu’il adore s’entendre parler.

Par contre, je vous avoue qu’une toute autre émotion m’atteint lorsqu’il parle du tableau.

Je souris.

Un petit sourire. Tout minuscule. Bien plissé en coin, tandis que je recouvre mes dents. Je le regarde droit dans les yeux. En fait, ma petite blague invoquant Morr m’avait fait sourire pour de vrai ; mais cette risette s’est, en quelques secondes, et au fur et à mesure qu’il parle, transformée en une espèce de grimace sardonique bien figée. Bien malaisée. Et toujours, toujours droit dans les yeux.

Il a essayé de brûler le tableau.

Immédiatement, une image s’est déroulée dans ma conscience. Un retour en arrière. Un particulièrement vif et puissant, si réaliste que je suis capable de ressentir à nouveau la sueur de ma fièvre perlant dans mon dos et sous mes aisselles. Le tableau. Impossible de le sortir de mon esprit : Je le revois aussi distinctement que je l’ai aperçu la première fois, comme si on me l’avait gravé dans la chair de mon crâne au burin. Et la torche qu’Evrard m’avait prêté, léchant la toile juste devant.
Une espèce de force s’était emparée de mon esprit et m’avait empêché de commettre l’irréparable. Mais l’entendre, au détour d’une phrase, dire qu’il a tenté lui aussi de l’enflammer… Soudain, je me suis crispé. J’ai senti tous mes muscles se contracter. J’ai dû retenir très, très fort ma main gauche pour ne pas la serrer. Et, minoritaire dans le for de mon âme, est née l’envie de lever mon bras pour donner un énorme coup de poing dans la mâchoire du Herrimault.

Inspire. Un. Deux. Trois. Expire.
Un. Deux. Trois. Inspire.

FILS DE PUTE.
Qu’est-ce qu’il a fait au tableau ?! Quelles mesures il a prit ?! Je… Je suis SÛR qu’il est dans la cabane du régisseur ! Tu te fous de ma gueule, sale gueux immonde, bouffeur de graines ?! Il est gardé… Gardé derrière un simple cadenas, avec une sentinelle attardée aux dents cariées pour le défendre ! D’où tu te moques des caves, salopard ?! Il devrait être dans une cave, ça serait mieux que là où tu l’as interposé ! Et pourquoi tu veux le brûler ?! QUI T’EN AS DONNÉ LA PERMISSION ?!
Je dois serrer les dents le plus fort qu’il m’est possible, afin de ne pas me mettre à hurler comme un fou furieux. Ça serait tellement simple, pourtant, de lui décrocher un putain de droit dans son pif d’insurgé, l’assommer, lui voler ses clés, SAUVER LE TABLEAU. Espèce de merde. IL Y A UNE RAISON POUR LAQUELLE MON PÈRE UTILISAIT LE FOUET SUR LES GUEUX COMME TOI.

Inspire. Un deux.
Expire. Un deux.
Inspire.

Petit signe de tête sympathique.

« Tu me rassures, Carlomax. Tu m’enlèves un poids des épaules. Je ne vais pas insister, tu fais bien de ne pas me donner plus de détails ; Je suis simplement heureux de voir que… Que c’est bien pris au sérieux. »


« Bouh ouh ouh ouuuuh, j’aurais dû tuer Jourdain au lieu d’écouter ses menaces... » Tu crois pas si bien dire, CREVARD. T’as failli faire tuer Margot, avec tes conneries. La Dame m’a envoyé la sauver. Elle m’envoie aussi protéger le tableau.
TU NE TE TIENDRAS PAS SUR MON CHEMIN.


Inspire. Un.
Expire. Un.

« Raison de plus, en tout cas, pour quitter cette ville et m’élancer vers la capitale au plus vite.
Je te laisse tranquille, j’ai dû déjà trop abuser de ton temps. Si on ne se revoit pas avant mon départ, alors… Alors je te souhaite bonne chance. Crois-moi, tu vas avoir plus besoin de Ranald que moi. »

Je lui tends la main afin que nous scellions notre au revoir par une franche poignée de main.

« Si j’arrivais à convaincre le duc d’Aquitanie de… D’agir. Alors, ça voudra dire qu’il y a encore un peu d’espoir dans ce pays. Que la chevalerie peut renaître d’elle-même.
Si je devais échouer... Je ne peux rien te promettre. Je ne te prête aucun serment. Mais il est possible que je revienne pour t’aider, comme les autres nobles qui ont abandonné leurs armoiries pour se battre à tes côtés. J’ai peut-être fait une erreur en quittant ce duché et ses gens pour aller me faire tuer ailleurs. À quoi bon servir le pays dans une errance lointaine, quand c’est dans sa propre maison, dans sa propre patrie, qu’il y a des problèmes ?
Au revoir, frère. »


Je lui prête le même mot que j’employais à l’intention d’Evrard de Cobie. J’ignore pourquoi j’ai fais ça. Encore aujourd’hui je… Je suis incapable de vous dire à quel point j’étais sincère. Est-ce que je voyais vraiment, en cette seconde, un familier dans la figure de ce roturier insurgé ? Ou bien étais-ce juste un moyen de noyer le poisson, de l’amadouer, de gagner sa confiance ?
Et lui, est-ce qu’il était dupe, ou au contraire, suspicieux ?

Je suis désolé de vous parler en questions. Mais c’est le bordel dans ma tête. C’est le bordel dans ma tête putain. Je suis très fort pour sourire aux gens alors que tout va mal. C’est une habitude qu’on gagne quand on vit ce que moi j’ai vécu. C’est que c'était très important, lorsque des gens venaient rendre visite à mes parents dans le château de Lyrie, de faire bonne figure. De rire et d’être sympathique alors qu'on a absolument pas envie d’être agréable. Ça sauve la vie. Mais le problème, c’est que pour que les gens croient à votre sourire, vous ne devez pas simplement mentir à eux : vous vous devez mentir à vous-même. Vous devez vous convaincre à l’intérieur, que tout, tout va bien. Tout le temps. Toujours. Rien n’est toléré. Ni le tremblement de main, ni le petit octave déraillant dans votre voix.
Alors je souris à Carlomax. Et je lui dis des jolies choses bien fraternelles. Mais moi-même je suis incapable de savoir si je suis sincère. Je suis incapable de savoir si je lui fais confiance. Et ça fait ça avec tout le monde. Tout le monde. Dès que je laisse la moindre chance à quiconque, ça se retourne contre moi. Regardez Evrard. N’ai-je pas été accorte et courtois envers lui ? N’ai-je pas été solidaire et aimable en sa compagnie ? J’ai cru voir en lui quelqu’un capable de me sauver. De m’aider. De me conseiller. Un Quentin de Beauziac pur et bon, pas comme mon maître d’armes que j’admirais et qui au final a été…
...Inutile. Ça a duré une journée. Une journée avant que je découvre un Evrard fou furieux parlant tout seul. Une journée avant que je n’apprenne qu’il était familier avec des serviteurs du Serpent. J’ai toujours sa lettre. Je crois que je crois en son repentir. Je crois. Je crois...

Vous me trouvez parano ? Si vous aviez vécu un dixième de ce que j’ai vécu, vous penseriez que la paranoïa est une preuve de santé mentale. Quand ma mère m’offrait des cadeaux, c’était pour se faire pardonner de ces nuits où elle se forçait sous ma couette ou dans mon bain. Comment vous faites confiance à un autre être humain après ça ?
Comment vous faites confiance à vous-même ?

Je ne fais pas confiance à Carlomax pour ce tableau. Mais je vais rien lui montrer de ça.

Je quitte la pièce. Sitôt avoir tourné le dos au herrimault, mon sourire disparaît. Je garde malgré tout un peu de maîtrise de moi-même. Il faut que je parte de ce bâtiment. Je me sens légèrement étouffer. Je m’approche de l’escalier, quand je croise Maussade.
La Kislévite s’approche de moi. Ça me fait lever très haut les deux sourcils sur mon front, un peu de panique. Elle lève son bras, et pose une main sur mon épaule. Je la regarde tout droit dans ses yeux avec mon regard surpris.
Et je sais pas pourquoi, j’ai eu le réflexe de lever ma main et de la poser sur la sienne. Tout doucement. Un minuscule instant. J’ai eu envie de la serrer. Je… J’attendais quelque chose. Je crois. Mais rien. L’étrangère se contente de glisser sa menotte hors de mon épaule, et de me faire un signe de tête avant de partir tout-de-go. Je la regarde partir, avec la bouche entrouverte.
Qu’est-ce qu’elle voulait ? Pas me dire au revoir, si elle parle pas notre langue elle n’a pas pu comprendre cela. Peut-être…

J’ai très envie de m’imaginer des choses. Mais j’en trouve pas le courage. Si seulement je pouvais lui parler. Au final je me contente de pincer mes lèvres, et d’enfin descendre les escaliers pour quitter ce bâtiment.




Je me suis mis à errer tout seul dans Derrevin. Le gros mal de crâne de la gueule de bois est revenu en force. J’ai eu envie de parler à moi-même, à voix haute, mais j’avais peur que les gens autour de moi s’inquiètent de mon état mental. Huit mille idées se sont mises à se bousculer dans mon crâne.

Il avait sa clé à sa ceinture. Sa clé à sa ceinture. Il avait sa clé à sa ceinture.
Juste un coup d’œil. Un coup d’œil, rien qu’un coup d’œil.

Le tableau peut pas être là. Il a dit qu’il avait prit des mesures. Un cadenas c’est pas une mesure.
Mais le tableau est là. Tu l’as vu.
Non. Non ce n'était pas le tableau. C'était... C'était une femme qui hurlait... Qui t'appelait à l'aide...
C’était qu’un rêve.
C’était pas qu’un rêve. C’était trop fort pour être un rêve.

Il faut protéger le tableau.
Le protéger des autres. Le protéger des corrompus.
Il faut le détruire.
On peut pas le détruire, Carlomax n’a pas pu.

Les Damoiselles. C’est elles qui peuvent faire quelque chose.
Je dois amener le tableau aux Damoiselles. Pas juste les faire venir. Ça sera trop tard. Non ça sera trop tard. Et si j’échoue devant le Duc ? Si de Maisne marche sur Derrevin en un éclair ?
Et si Carlomax devient corrompu ? Et si quelqu’un le vole ? Et s’il le vend ?

Ou alors faudrait que j’écoute Carlomax. Il a raison. Tout seul je peux pas grand-chose. Là il est en sécurité.
Comme Margot est en sécurité ? Tu te fous de la gueule du monde. C’est toi que la Dame a choisit. C’est elle qui l’a dit.

C’était qu’un rêve.

Y avait une femme qui hurlait. Elle a besoin de moi. Elle a besoin de mon aide.

Pitié, faites que ce n’était qu’un rêve.






Ma main a froissé quelque chose dans l’une des poches. Le papier que j’ai préparé pour Margot. Je me suis mis à lever lentement mon regard vers la chapelle de Shallya.
Je vais partir. C’est assuré. Mais je… Je peux pas partir maintenant. Je veux juste lui dire au revoir. Juste ça. Je sens une peur panique à l’idée de… J’ai mal au cœur. Et au fur et à mesure que mes pas me dirigent vers la chapelle, que j’aperçois mieux l’architecture du clocher du temple, mon cœur s’endolorit de plus en plus, et ma gorge se noue jusqu’à m’étrangler. Je vais jusqu’à la porte. Mais je m’arrête devant, comme s’il y avait une barrière qui m’empêchait d’aller plus loin. Sûrement l’interdiction d’Alys. Et la promesse que j’ai fais à Shallya hier. Je peux dangereusement fleureter avec pas mal de limites, mais la religion a encore un gros effet sur moi. Il est hors de question de me mettre à dos une Déesse alors que je vais m’aventurer seul sur des routes parcourues de brigands, ça serait suicidaire : Là je suis plutôt dans l’optique d’avoir le plus de divinités de mon côté possible. Je décide donc plutôt de me coller à la porte en croisant les bras.

Devant la fontaine, deux figures : Un vieux monsieur à la cane, qui incline la tête devant la statue. Et à ses côtés, une enfant que je ne reconnais que trop bien. Ophélie est à genoux, mains liées, en train de sans doute prier pour que Shallya vienne en aide à l’infirme boiteux. Alors que moi je tremblotte un peu sous mon gros manteau en cuir, elle ne semble absolument pas dérangée par le froid dans ses haillons et avec ses pieds nus. Quand elle a fini, le vieux se met à sourire, à lui faire une petite révérence, puis à s’éloigner en laissant dans la fontaine une petite pièce de cuivre. Il y a quelques autres fidèles aussi, peu d’hommes et de femmes en âge mûr, ils doivent tous être en train de bosser ; ça doit être surtout les malades, les viocs et les enfants qui viennent exercer leur religion. J’essaye de pas trop me faire remarquer.
Mais Ophélie finit bien par croiser mon regard. Elle est trop loin pour que je remarque une expression sur son visage marqué. Surprise ? Peur ? Colère ? Aucune idée. Mais quitte à tenter le tout pour le coup, je lui fais un petit signe de tête, vers l’arrière.

Et elle vient.

Mon cœur se met à pulser plus vite. Mes mains deviennent légèrement moites. Je me décolle de la porte et place mes mains dans le dos. Elle se rapproche. J’ai aucune idée de ce qu’elle va dire. De ce qui s’est passé hier. De ce qu’Alys lui a dit. Va-t-elle me haïr ? Va-t-elle se montrer compréhensive ? Je lui force malgré tout un sourire. Un sourire bien triste cette fois.
Et si je doute constamment de ma sincérité, là, je sais que je ne simule pas. Devant elle, pas de façade de théâtre : Je suis véritablement en plein désarroi. Au bord de l’effondrement.

« Salut, Ophélie, je… ‘fin. Désolé de te déranger. Sincèrement.
Je… Je vais bientôt partir. Partir de Derrevin, je veux dire. ‘fin tu dois le savoir. Je, et... »


Je me mord une lèvre.

« Comment va Margot ? »
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 14 sept. 2019, 09:02, modifié 1 fois.
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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[MJ] Katarin
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par [MJ] Katarin »

Carlomax n'eut que peu à répondre aux paroles d'Armand, qui avait bien résumé et conclu la situation. Les deux hommes s'étaient tout dit et il ne restait désormais plus de zone d'ombre sur ce qu'ils attendaient l'un de l'autre. Le regard sérieux, le ton grave, il réaffirma sa volonté de sauver Derrevin, pour mieux serrer vigoureusement la poignée de main offerte par le chevalier lorsqu'ils se quittèrent.

Quelques doutes et un très court moment d'intimité avec Maussade plus tard, l'héritier de Lyrie se mit en route pour le temple de Shallya. Là-bas, dans la cour intérieure, c'est Ophélie qui vint l'accueillir après s'être occupée de bénir un vieil homme qui claudiqua lentement vers la sortie. Le temple était relativement calme : à l'exception des premiers rhumes arrivant inévitablement avec le début de l'hiver, il y avait peu de passage dans l'enceinte du temple, et les prêtresses semblaient occupées à l'intérieur de l'infirmerie ou des chapelles.

Malgré tout, Armand insista pour qu'Ophélie le rejoigne à l'extérieur des murs. Elle répondit favorablement à son signe de tête, marchant à sereinement vers la sortie pour pouvoir discuter à quelques pas de l'arche. Si Armand craignait le visage qu'elle afficherait à son égard, elle ne lui adressa pourtant en premier lieu qu'un sourire poli, le même qu'elle affichait déjà lorsqu'elle s'était occupée de lui à son réveil.

- Vous ne me dérangez pas messire. La grande prêtresse vous a interdit d'accéder au temple, mais la Déesse, les sœurs, et moi, on sera toujours là pour vous. Le temple, c'est juste un tas de pierre, c'est pas important.

Son sourire était compatissant mais aussi attristé, et sa voix apaisante était teintée de chagrin.

- Margot va bien, ne vous en faites pas Armand. Elle était presque guérie lorsque... lorsque le seigneur Jourdain est venu la solliciter pour sa mission dans la forêt. Mais à son retour, la chose maléfique dans son dos avait retrouvé ses forces. Et j'ai cru... je suis désolée Armand ! L'amour qu'elle vous porte est sincère, j'ai cru que votre présence l'aiderait à guérir mais... c'est le contraire qui s'est produit. Après votre entrevue, sa marque était plus vive que jamais. Les prêtresses n'ont pas le choix : c'est Margot qui avait demandé à résider ici, pour que Shallya la protège et l'aide à guérir. Et vous la mettez en danger pour le moment. La grande prêtresse a juré de prier nuit et jour pour elle, afin de rencontrer le même succès qu'avec ma malédiction.

Ophélie semblait hésiter, dandinant d'un pied sur l'autre, avant d'enfin agir. Très lentement, comme par peur d'effrayer Armand, elle leva ses petites mains d'enfant, et vint tirer sur les bras d'Armand doucement afin de pouvoir saisir ses paumes.
Malgré son abominable visage, il y avait quelque chose de très doux et de rassurant dans son contact. Comme lorsqu'elle avait changé ses bandages.

- Je sais que c'est injuste. Vous l'aimez beaucoup, ça se voit Armand. Et elle vous aime aussi. Mais le chaos sera vaincu. La grande prêtresse Alys réussira à la soigner, ce n'est qu'une question de temps, je vous le promets. Et alors vous pourrez la retrouver. En attendant, priez Shallya, Armand, priez-là encore et encore, pour qu'elle vous guide tous les deux à travers cette épreuve.

Ses petits doigts serrèrent ceux d'Armand, et son sourire trembla un petit peu. Deux larmes naquirent à la commissure de ses yeux rougis, et coulèrent le long de l'une de ses horribles veines verdâtres - c'est à peine si elle osait regarder son interlocuteur, alors qu'elle parlait de sa petite voix fluette chargée d'émotion.

- Je... j'aurais aimé vous prendre dans mes bras si je ne me savais pas si repoussante. Je suis désolée Armand. Je suis désolée parce que je sais que vous mentez. Je l'ai dit à dame Alys, que vous mentez tout le temps. Que vous faites comme si ça allait. Mais c'est pas vrai. Votre corps, vos muscles, votre visage, ils mentent, parce qu'à l'intérieur, j'ai senti combien vous souffriez. Mais il faut que vous me croyiez : vous êtes quelqu'un de bien, Armand. Et je sais que c'est bête, parce que je suis une enfant et vous un chevalier adulte, mais... ça va aller, d'accord ? On est pas nos parents, et on peut ignorer leurs échos dans nos têtes. Je prierais tous les jours aussi pour Margot et vous. Ça va aller, je vous promet. Ça va aller.

D'un revers de la manche, elle essuya ses larmes, tentant de reprendre un semblant de contenance.

- Je peux... si vous devez partir, je peux lui transmettre un message, ça c'est pas interdit. Vous voulez que je lui dise quelque chose de votre part ?

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Armand de Lyrie
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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par Armand de Lyrie »

Ophélie a un talent étrange. Une capacité fascinante, admirable, que j’ai encore du mal à rationaliser correctement – mais bon, à quoi ça sert d’absolument tout rationaliser ? Elle parvient à faire taire les voix dans mon for intérieur, comme un duc qui frapperait sa bague contre l’accoudoir de son trône pour calmer les vives disputes de ses vassaux.
Oui, chaque jour je mens aux autres et à moi-même. Et j’aurais bien aimé lui mentir à elle aussi. Hier, face à la Grande-Prêtresse Alys, je n’ai pas pu m’empêcher d’être dans la confrontation. J’ai voulu exulter de rage, et il a fallut qu’elle en appelle à son autorité pour me faire plier, dans le sens le plus littéral du terme. Avec Ophélie, c’est pas pareil. Elle a beau n’être qu’un minuscule bout de gosse au visage répugnant, plus elle parle, avec sa voix guillerette, et plus je cède. Je relève grand les herses de mon âme, elle peut y entrer comme elle souhaite. La tristesse s’empare de mon visage, elle m’oblige à obliquer mes sourcils sur le sommet de mon front, et c’est un chagrin d’autant plus vif que je ne sais qu’il n’est ni feint, ni entaché par un sentiment plus impur. Pas comme lorsque je disais des choses héroïques à Carlomax tout en rêvant de lui briser le cou il y a pas une demi-heure.

« Je comprends. »

C’est les deux seuls mots que j’arrive à sortir avec une voix tremblante. Paroles amères. C’est exactement la même chose que j’ai dis à Carlomax, notez bien, « je comprends ». Je vais pas mentir. Je vais pas bondir de joie et faire la roue parce qu’elle m’assure que Shallya va sauver ma Margot et que tout va s’arranger. Je sais pourquoi Margot est enfermé, je le conteste pas. Mais c’est pas pour autant que je suis enjoué par la situation, non. Il y a pas d’autres options, c’est tout. Alors je comprends. Je préfère arrêter mon idée là-dessus, plutôt que me mettre à gratter avec ma déraison, genre, je sais pas, en suppliant Ophélie de me laisser revoir Margot une dernière fois, ce qui entraînerait un long débat où elle essaye de me convaincre du danger que je représente pour son esprit et la saloperie putain que cette marque était belle gravée dans son dos. Un débat que je suis sûr de perdre, à moins de vouloir vainement damner mon âme.
Alors je comprends. C’est tout. C’est comme ça. De toute façon, Ophélie n’a rien de plus à m’apprendre que ce qu’Alys m’a dit hier.

Je tire de mon mantel le papier-brouillon que j’ai rédigé à toute vitesse dans la chambre du régisseur. Et je la tends pour que les petits doigts d’Ophélie puissent saisir les deux phrases à peine griffonnées. Qu’elle aille porter à Margot ma vaine promesse. Que j’espère qu’elle lui permettra de tenir, enfermée là-dedans.

« Merci pour tout, Ophélie. »

Je pose lentement un genou à terre, pour me mettre à sa hauteur. Je lève mes mains aux croûtes séchées, la faute à la correction que j’ai collé au pauvre Rémon hier. Je tire Ophélie vers moi et la serre très fort, une vive accolade qui détend mes muscles d'ordinaire si crispés. Puis, sans un mot, je me détache tendrement, je me relève et tourne les talons, et me prépare à m’éloigner.
Et puis je me fige.

Ophélie n’a rien de plus à m’apprendre que ce qu’Alys m’a dit hier ?

Mon cul sur la commode, oui. Avant qu’Ophélie ne puisse retourner se réfugier dans le temple, je tourne ma tête. Une petite phrase qu’elle a prononcé trotte dans ma tête. Un écho soudain.
On est pas nos parents.

« Ton père, le sire Binet. »

Elle s’est retournée pour retourner dans le sanctuaire, alors j’ai aucune idée de si ma phrase vient de la foudroyer sur place. Mais j’ai besoin de savoir.

« Lui, les prières de Shallya…
...Pourquoi elles n’ont pas pu le sauver ? Qu’est-ce qu’il lui est arrivé ? »

Prochaines actions d'Armand :

1) Aller voir l'armurier de Derrevin pour lui acheter tout un tas de trucs :
- Un capuchon en cuir (0.5 couronnes)
- Une paire de gants en cuir (0.5)
- Un gilet en cuir bouilli (Celui à 10 couronnes)
- Un futal avec 1 en protection (-0.2 couronnes)

- Un poignard de type "miséricorde" (-0.5 couronnes)

Et de nouvelles fringues, dont :
Une écharpe (0.06 couronnes)
Et de nouvelles bottes (1.5 couronnes)

Ce qui me laisse en tout 3.84 couronnes

Ensuite,
2) Aller voir un charlatant/Rebouteux/Apothicaire à Derrevin pour lui demander s'il est capable de renifler le truc immonde que Triboulet m'a trouvé.
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 24 sept. 2019, 10:30, modifié 1 fois.
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Compétences :
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- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
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**Avec la compétence Parade


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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par [MJ] Katarin »

Ophélie, qui venait de faire quelques pas pour retourner dans le temple, se figea sur place sous le porche lorsqu'Armand lui adressa sa dernière question. Elle laissa s'écouler une petite poignée de secondes, immobile, puis reprit son chemin sans même se retourner, ni répondre au chevalier.
Armand ne pouvait en avoir la certitude, mais il eut la désagréable impression qu'avant de disparaître, c'était un sanglot qu'il avait entendu.

Ne pouvant suivre la jeune fille dans l'enceinte du temple, Armand se dirigea vers la place du marché pour préparer son départ. Les commerces étaient à l'origine peu nombreux à Derrevin : deux ou trois marchands de denrées, un boulanger, un forgeron, un commerçant de tissus et vêtements, et deux revendeurs de biens divers suffisaient amplement à la ville. Mais désormais, elle était pleine à craquer de réfugiés qui avaient tous des besoins spécifiques, sans compter ceux venus avec leurs propres marchandises à revendre. Aussi, la place principale de Derrevin était un joyeux foutoir d'échoppes et de carrioles, de gens se piétinant les uns les autres, au milieu du bruit des travailleurs bâtissant de nouvelles masures et du capharnaüm des quelques distributions gratuites de nourriture pour les plus démunis.

S'il n'y avait pas autant de clientèle chez le forgeron que chez les commerçants alimentaires, le quinquagénaire qui occupait cette profession n'en était pas moins débordé de travail. Il fallait armer les troupes de Carlomax, fournir les parties métalliques nécessaires aux bâtisseurs pour les nouvelles maisons, sans parler des commandes plus incongrues à honorer : une nouvelle ancre pour les gillites, des bandes de fer pour réparer le cerclage des roues de chariots, des socs pour les paysans, et des centaines d'autres commandes qu'il devait honorer seul avec son fils - actuellement absent pour sa formation militaire.
Enseveli sous cette quantité de travail, il fut d'assez mauvaise humeur lorsqu'Armand vint lui présenter la liste de ses besoins, et n'obtempéra qu'en grommelant, et uniquement parce que Carlomax lui avait demandé de traiter les demandes du sire de Lyrie en priorité. Par chance, il possédait dans ses stocks quelques armures en cuir dont il avait du réparer les sangles métalliques récemment, ainsi que des armes blanches destinées aux herrimaults parmi lesquelles une dague miséricorde.

C'est sans difficulté non plus que la vendeuse de tissus lui dégota une belle écharpe, tout comme le cordonnier fut ravi de pouvoir vendre l'un de ses articles les plus coûteux et non pas une énième paire de sabots. Néanmoins et sans surprise, comme Armand avait pu s'en douter, aucun de ses achats n'avait de réel éclat : tout était fonctionnel, de qualité modeste, sans aucun talent notable de la part des artisans.

Avant de quitter la ville, il avait une derrière curiosité à assouvir : comprendre le contenu de l'étrange fiole que Triboulet avait récupéré. Ne trouvant aucun alchimiste ou apothicaire dans le village - sans doutes à cause de la concurrence directe du temple de Shallya - il dut se rabattre sur la carriole d'un vendeur d'élixirs miracles qui faisait étalage des bienfaits de ses produits sur la grand place. Témoins à l'appui, il haranguait les réfugiés en présentant son unique produit, l'élixir merveilleux de Perrin Melchine, qui avait l'incroyable capacité de chasser les mauvais esprits, rétablir la circulation des humeurs, réchauffait le cœur la nuit, faisait disparaître les maladies de peau, combattait efficacement la calvitie, pouvait remplacer un repas complet, et bien d'autres choses encore.

D'abord méfiant face à tel individu, Armand dut néanmoins s'avouer admiratif devant la véracité palpable des témoins vantant ses produits devant sa carriole. L'un des réfugiés jurait sur la Mère elle-même qu'une vérole dévorait tout son visage une semaine auparavant, et aujourd'hui il fallait bien admettre que sa peau était parfaitement guérie. Quant à la jeune femme à côté, elle avait un décolleté vertigineux plongeant sur une gorge particulièrement volumineuse qu'elle se palpait allègrement, expliquant combien elle était dépourvue de formes par le passé mais que l'élixir miracle lui avait permis d'obtenir une silhouette voluptueuse dont tous les hommes rêvaient - et Armand, hypnotisé par la danse de ses jumelles, eut bien des difficultés à argumenter le contraire.
Le chevalier tenta bien de montrer sa fiole au vendeur à une ou deux reprises, mais il se fit systématiquement couper la parole tandis que Perrin Melchine lui racontait de nouvelles anecdotes sur les miracles de son produit. Armand n'avait-il pas besoin d'être plus convaincant en public ? Savait-il seulement que le duc en personne buvait une fiole d'élixir chaque matin, et que c'était grâce à cela que sa chevelure était si soyeuse et sa voix si éloquente ? Savait-il que les fées elles-mêmes venaient en acheter par caisses entières, tant elles aimaient le gout exquis de l'élixir ?

Quelques minutes plus tard, Armand n'était pas vraiment certain de ce qu'il s'était passé, mais il n'avait plus une seule pièce d'or sur lui, et dans son sac à dos étaient apparues quatre fioles miraculeuses de l'élixir de Perrin Melchine. Il aurait d'ailleurs fini par revendre son armure nouvellement acquise au vendeur contre quelques exemplaires supplémentaires, si Félix n'était pas arrivé pour l'empêcher d'agir.

- Voyons, Armand, il faut en laisser pour les autres également...

Un regard en biais au vendeur sembla le dissuader de protester, et en un éclair il se trouva un nouveau client réceptif à ses histoires, délaissant complètement le chevalier.

Félix et lui se dirigèrent donc ensemble vers la taverne de Jacquot pour retrouver Triboulet, puis vers les écuries. Naturellement, le ménestrel lança la discussion avec un sourire goguenard affiché, malgré la vilaine bosse qu'il arborait sur le front, vaguement cachée derrière une mèche brune.

- Vous avez croisé Carlomax ? Il a donc du vous dire que j'aimerais vous accompagner : cela ne vous dérange pas j'espère ? J'ai aussi des affaires en cours à Aquitanie, et votre démonstration de charisme hier soir me pousse à vouloir devenir votre ami... par crainte de vous avoir un jour pour ennemi.



Tous tes achats sont validés, je t'ajoute tout ça sur ta fiche dès que j'ai deux minutes !

Test de charisme d'Armand envers Ophélie : 20 ! Cesse de parler aux gens, sérieux...
Test de marchandage d'Armand : 13 - Pas de meilleurs prix que ceux du wiki
Test d'empathie vis-à-vis du vendeur de remèdes miracles : 20 ! Ce type est indubitablement un génie incompris, c'est sur...
Test d'intelligence vis à vis de ses propos : 20. Bon bon bon... oublie le fauve, tu es désormais le pigeon de Lyrie :D

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Re: [Armand de Lyrie] Noblesse oblige

Message par Armand de Lyrie »

Les pleurs d’Ophélie me font serrer les dents. Ils me font trembler, tant dans mon corps que dans mon âme, à en juger par la chair de poule qui gagne ma peau et le chagrin qui étrangle ma gorge. Ça me bouleverse. Mais pas seulement par empathie, pas seulement parce que je ne connais que trop bien la peine qu’elle ressent, cette détresse immense à la perte de parents – quand bien même ces parents étaient cruels et mauvais. Je pleure toujours pour mon papa. Et ma maman. Même après tout ce qu’ils ont fait…
Si je me sens mal, c’est aussi à cause de la réponse qu’elle est incapable de me donner. Qu’est-ce qu’elle devait répondre à ça, de toute façon ? À ma phrase si sèche, si simple, si dure ? Je lui ai posé cette question parce que je connaissais déjà la réponse. J’ai fais pleurer une petite fille parce que j’ai voulu dire à voix haute, et contre Shallya, ce qui était reflué dans l’antichambre de mon for intérieur. Une objection aux beaux discours d’Alys et d’Ophélie. Une objection cruelle, mais tellement réaliste.

Qu’est-ce qui me dit que Margot ne va pas finir comme Binet ?

La paranoïa me gangrène. Je suis incapable de faire confiance à quiconque. Ça me tue. Ça me ruine de l’intérieur. Ça m’oblige à passer une main sur mon visage pour presser mes yeux le plus fort possible, une espèce de tic, de gestuelle douloureuse pour m’empêcher de réfléchir. Réfléchir me fait mal. Réfléchir me handicape.
Margot est en sécurité ici. Margot est en sécurité ici. Margot est en sécurité ici. Margot est en sécurité ici.
Je peux rien faire de toute façon. Je peux rien faire. Et Ophélie l’a dit, Ophélie l’a dit que je faisais empirer son état. Alys l’a dit, aussi. Margot est en sécurité ici. Ici et nul part ailleurs. On la brûlerait dans n’importe quel autre hameau de Bretonnie. Margot est en sécurité ici.



Et s’ils lui font du mal ?!

Je n’aurais aucun moyen de le savoir. Aucun moyen de le prévenir. Aucun moyen de la défendre. Aucun. Aucun. C’est ça le plus terrifiant. En fait, je crois que c’est ça le plus atroce dans ma situation. J’ai enfin mis le doigt dessus. Putain, bien sûr. Mais ça date pas d’hier. Ça date depuis le moment où j’ai remis au Duc mes fiefs et où j’ai couru vers ma mort dans les reliefs escarpés du massif d’Orquemont. Ce qui me détruit, c’est pas seulement la corruption de mon pays, la trahison de mes proches, la terreur qui anticipe la douleur qui menace tous les gens qui m’entourent ; C’est que j’ai aucun moyen de le prévenir. Rien. Que dalle. Je suis rien. Seul. À peine je rentre dans une taverne on veut me péter les dents. À peine je rencontre un meneur d’hommes capable de m’aider, il veut m’utiliser en refusant d’écouter mes demandes. Et un Temple de Shallya… De Shallya, me ferme ses portes. Depuis quand un Temple de Shallya refuse à des gens d’entrer au sein de ses murs ?!
Je suis seul. Je suis seul et impuissant.



Je ferais n’importe quoi pour bannir cet état. Pour être capable de protéger Margot. Pour l’Aquitanie.

Pour faire cela, je lie mon destin à celui du Duc Armand. Il partage mon prénom, et ça s’arrête là. Je vais placer en lui tous mes espoirs, tout mon futur. Comme je l’ai fais lorsque j’ai fuis mon foyer. Quand je lui ai donné tous les noms des traîtres sans en retenir un seul. Pas un seul. Pas. Un. Seul.
Ma délation a été complète. Vous devez bien avoir ça à l’esprit. J’ai condamné tout le monde, sans rien retenir, sans entacher mon témoignage d’aucune façon. J’ai distribué à voix haute tous les torts que j’ai pu voir, entendre, ou même ressentir. Et il n’y a pas une seule personne autour de moi qui en a réchappé. Hormis Triboulet. Hormis cet illettré, lent d’esprit, ivrogne et peureux de Triboulet.
La Bretonnie est un pays aux mœurs particulières. L’individu n’existe pas. Je vous en ai déjà parlé de maintes fois, dès qu’il fallait que je critique des gens autour de moi. Mais je suis débile. Je suis moi aussi une victime de ce système.
En Bretonnie, l’individu n’existe pas. Tout n’est que lien de solidarité. Entre chevaliers. Entre compatriotes. Entre coreligionnaires. Entre amis. Entre familiers. Mettez un homme tout seul, il survit pas. Pour ça qu’être condamné à être hors-la-loi est une peine gravissime, pire que l’amende, pire que la confiscation des fiefs, pire encore que la peine de mort : Oui, croyez-moi, il vaut mieux être décapité qu’être hors-la-loi, car au moins, une fois qu’on a séparé votre tête de vos épaules, ou qu’on a balancé votre corps pour danser au bout d’une corde, on peut l’enterrer en paix, et vous ne manquerez jamais de gens qui viendront payer leurs respects et vous pleurer lors de vos funérailles. Mais hors de la loi, hors de la société, hors des gens qui peuvent vous apprendre, vous loger, vous nourrir, vous aimer… Vous n’avez strictement aucune existence. Notre société est une société de rang, d’ordre, d’obéissance, mais en contrepartie, on est une société protectrice, responsable, interdépendante.
Et j’ai envoyé tous les gens qui m’aimaient sur le billot ou le bûcher. Père, mère, bien sûr. Tante, cousins. Vassaux, amis.
Et aujourd’hui je suis seul. Et je ne peux rien y faire. Je pense… Je pense toujours que j’ai fais ce qu’il fallait. Évidemment. Bien sûr. Mais voilà où on en est. Les gens souffrent toujours dans notre pays. Les corrompus gangrènent toujours sa terre et son sol. Et je peux plus rien y faire à présent. Je ne peux plus rien faire pour Margot. Ou pour le tableau.

Alors je lie mon destin à celui du Duc Armand. Comme lorsqu’il a fallu que je condamne les gens qui m’aimaient, je vais lui présenter une pétition.
Mais si j’échoue…
Je préfère juste ne pas y penser. Ne pas y penser. Pas penser à Margot. C’est plus facile à dire qu’à faire.

Il faut sourire. Faire comme si tout allait bien. Comme si j’étais pas à deux doigts de craquer. Craquer inutilement. Je ne peux rien faire, je suis tout seul. Tout ce que je peux faire, à la limite, c’est hurler vers le ciel.

Sourire, tout va bien. Ça je sais faire.




L’armurier de Derrevin n’a pas trop apprécié ma visite. Mais je n’ai pas osé mal lui parler ou lui faire une réflexion. Les armuriers, ça fait partie de ces roturiers que je suis obligé de respecter, à cause de la maîtrise de leur art et l’importance qu’il représente pour notre pays. C’est comme ça. Alors, en gardant mon petit sourire et en lui parlant poliment, je l’ai laissé me prendre mes mesures et me vêtir d’un sommaire équipement de protection que ma bourse est capable d’acheter : Je me suis rendu compte que c'est toujours mieux que de se balader en chemise, même un gambison sommaire reste mieux pour échapper à la morsure d'une lame que sa peau nue et la toile fine de vêtements de tous les jours.

Et franchement, c’est pas reluisant. En me regardant dans une glace, je ne peux pas m’empêcher de serrer les dents tant j’ai l’air laid. J’ai l’air d’un… D’un…

D’un sergent.

Le gros gilet en cuir bouilli est aussi épais qu’il est encombrant. Parce que c’est un équipement militaire réservé à la masse, c’est absolument tout vilain. Juste du sale cuir, tout sec et simple, qui a certes demandé du travail pour être bien efficace militairement, ce qui m’empêche de me plaindre au commerçant, mais tout de même ! C’est vilain, moche comme tout. Le travail du cuir en soi c’est déjà un truc salissant, vu que les tanneurs doivent bosser avec de la merde de chien. Normalement, un homme d’armes rajoutera par-dessus son cuir bouilli un surcot aux couleurs de son seigneur, surcot qui sera inévitablement tailladé par les lames ennemies durant la bataille qui s’en suivra, assurant que très vite il devient strictement impossible pour les soldats roturiers de se distinguer au milieu d’une mêlée chaotique et infernale… Mais moi, je vais pas demander à ce qu’on me fasse un surcot sur-mesure aux couleurs de la Lyrie. Déjà parce que, ben, ça demande du temps d’aller voir un teinturier pour qu’il m’en prépare un, alors que je dois partir dans les heures qui vont suivre, et ensuite, parce que ça pousserait le délire trop loin, je ressemblerais trop à un sergent.
Le pire, ça reste la tête. Je demande à l’armurier de pouvoir acheter une petite capuche fine : tous les chevaliers portent une capuche rembourrée sur leur tête, sauf qu’au-dessus, ils rajoutent un long camail parfois étoilé, et un magnifique grand heaume décoré qui est typiquement Bretonnien. Je me souviens encore parfaitement du bascinet à bec de passereau de mon papa, il avait payé très cher pour qu’on accroche dessus une vouivre en papier mâché qui le rendait parfaitement reconnaissable au milieu de la très haute noblesse d’Aquitanie. Mais voilà, le casque de papa, il était dans le château de Lyrie dont je me suis enfui, et je n’ai pas pensé à repasser dans le castel familial pour aller chercher des affaires.
Maintenant que j’y pense, je me demande ce qui est advenu du château du comté de Lyrie… Je veux dire, on m’a dit que le donjon a brûlé lors de la rixe, sans que je sache très clairement ce qui a causé l’incendie. Peut-être les hommes du Duc. Peut-être ma famille elle-même qui a mit le feu. Peut-être un accident. Le château et le domaine tout entier, je l’ai remis à la garde du duc en même temps que je prêtais le serment de l’Errance ; mais allez savoir ce que Son Altesse en a fait ? Est-ce qu’il l’a placé sous la garde d’un châtelain ? Est-ce qu’il s’est contenté d’envoyer des sergents patrouiller le domaine et récolter les redevances ? Ou bien est-ce qu’il a totalement abandonné l’endroit ? Je penche pour ce troisième point. Des châteaux abandonnés y en a quantité en Aquitanie. Mais c’est chiant parce que j’espère qu’il a pas été investi par des brigands en mon absence. Ou par une Déréliche. Bordel de merde, une déréliche qui est en train de boire tous les grands crus de la cave du château que papa a accumulé au fil des années, ça serait une horreur.

Je remercie beaucoup l’armurier, même si je crois que la meilleure récompense pour lui ça reste mon pognon et non ma politesse. Je m’allège franchement d’une grosse partie de mon pactole, et j’ai pas fini. Parce que je me trouve très moche et que je supporte pas de paraître laid, je suis parti aller acheter quelques petits trucs pour compenser. Je suis déçu, j’ai pas vu beaucoup d’affaires convenables. Juste une petite écharpe trop mignonne, bleutée et avec des teintes dorées, que j’ai décidé de nouer en cravate autour de mon cou pour atténuer l’austérité du gilet en cuir bouilli. Et puis de nouvelles petites bottes neuves, pour remplacer mes grolles pourries dont la semelle commence à partir en cacahuète à cause de l’humidité de la forêt de Châlons. De bonnes petites emplettes.
Mais je suis déçu, j’ai pas trouvé beaucoup de bijoux. J’aurais bien aimé tomber sur un collier ou de la petite camelote brillante pour parfaire mon costume. Mais rien. Oh, j’ai vu des petites boucles d’oreilles sympathiques, mais j’ai jamais eu l’extravagance de me faire percer le lobe pour en porter – peut-être un jour. Des bracelets de pieds en bois, aussi, mais ça c’est pour les jeunes filles. Ça se voit que je suis chez les paysans. Dans les grandes villes, y a des joailliers Nains qui vendent aux nobles et aux bourgeois qui ont obtenu des privilèges d’entorse aux ordonnances somptuaires. Ici, les décorations de corps sont plus rustiques et siéent mal à mon rang.
Du coup, j’ai décidé de détacher la jolie petite bague en argent que j’ai attaché autour de mon cou, et je l’aie placée en chevalière, c’est à dire à l’auriculaire gauche ; l’annulaire est strictement réservée au jour où je serai marié, et où il faudra y placer une alliance. Bon, ok, en vrai, normalement, la chevalière armoriée est censée représenter les couleurs de ma famille, et là en l’occurrence le blasonnement est un petit lion féroce (Vraiment bizarre ce Lion, je vous l’ai déjà dis. Ni en Couronne, ni en Lyonesse ils ont des lions avec cette posture, alors qu’ils ont une vingtaine de sorte de félins différents sur leur héraldique tellement ils les aiment). Pas grave. Evrard de Cobie m’a bien traité de Fauve, pas vrai ? C’est bon, je suis noble. Donc en portant chevalière je n’usurpe pas noblesse. Peut-être juste la famille du type à qui appartient ce lion inconnu au bataillon. Au pire je présenterai mes excuses, c’est bon, ils me feront pas chier.

Après, j’ai voulu aller régler le problème de la fiole qui pue. Vous me connaissez, je suis curieux. Je savais pas trop à qui demander, mais en posant des questions à la vendeuse d’étoffes, on m’a dirigé vers un rebouteux qui s’amusait à vendre des choses sur une caravane. En arrivant, j’ai aperçu une espèce de charlatant attardé qui essayait d’escroquer les gens de Derrevin en racontant des âneries sur des recettes bizarres. Heureusement, je suis plus intelligent qu’eux, et finalement, en parlant un peu avec Maître Perrin Melchine, j’ai réussi à l’impressionner et à lui montrer que je n’étais pas né de la dernière pluie. Et j’ai fais une affaire formidable ! C’est limite si en fait, je n’ai pas arnaqué ce pauvre marchand. Figurez-vous, que j’ai réussi à obtenir non pas deux, non pas trois, mais QUATRE magnifiques bouteilles de tonique miracle pour une somme risible ! J’ai été obligé de réprimer mon sourire tellement j’avais envie de rire. Je l’ai pillé ! Sérieux, à entendre Melchine, ça se voyait qu’il était pas bien. Je veux dire, son tonique miracle à la recette magique, il doit se vendre pour genre, je sais pas, cinquante écus à Marienburg. Bon ok, c’est vrai, au début j’étais un peu sceptique sur les propriétés de son élixir, mais… Je suis un homme cartésien, et alerte, et il a su me convaincre avec des arguments raisonnables, et des démonstrations qu’il était impossible de contester !
J’aurais peut-être pu grossir mon affaire si seulement Félix n’était pas venu de nul part pour m’embêter. J’ai un peu fait la gueule, mais je l’ai suivi malgré tout sans faire d’histoire, avec mes nouvelles acquisitions à ma main.

Heureusement, je n’en veux pas beaucoup à l’Impérial. Parce que la toute dernière phrase qu’il prononce à mon intention fait naître sur mon visage un sourire sardonique en coin. Il vient de répéter verbatim ce que j’ai hurlé comme un fou furieux dément à l’intention de la douzaine de types qui voulaient m’assommer.

« Je doute qu’il s’agissait une démonstration de charisme, hier. J’espère que tu ne penseras pas moins de moi si je te dis qu’en fait, j’ai honte de la manière dont la rixe s’est achevée. Rémon me semble être un sale con sous tous les rapports, mais…
Mais j’espère qu’il aura une bonne convalescence, malgré tout. »


Je crois pas mentir. Je crois pas. Je pense que… Que ouais, j’aimerais pas que Rémon ait chuté trop lourdement.
Mais c’est vrai qu’en vrai ça a fait du bien. Lui faire fermer sa gueule. Ce sentiment de puissance… De force… Tout le monde qui se plie devant moi après l’avoir assommé. Je sais pas trop quoi en penser. Ça a fait du bien à l’ego. Mais j’en suis quand même… ‘fin. C’était pas bien.

« Je n’ai aucun problème à ce que tu me suives, Félix. En fait, plus que ça, je pense pouvoir dire que ta compagnie sera très agréable. Mais je suis tout de même inquiet, et il faut que tu me dissipes mes doutes ; Personne dans le duché d’Aquitanie, personne dans la soldatesque du sire de Maisne, surtout, ne te souhaite du mal ? Non, car, moi, étant noble, Carlomax parie sur le fait que je peux traverser ce pays sans risquer d’être agressé par quelques mercenaires au service des assaillants de Derrevin… Mais si c’est ton cas, ça m’inquiète légèrement. »

Le temps qu’il réponde à la question, on est chez Jacquot. Y a quasiment aucun client à cette heure-ci, hormis Triboulet qui est tranquillement assis à une table. On a beau être en fin de matinée, mon comparse s’est déjà servi un petit verre. Il se lève en me voyant arriver, et je soulève ma paire de vieilles bottes que je tiens dans ma main droite.

« Tiens, Trib’ ! J’ai un cadeau pour toi ! »

Je lui tends mes vieilles grolles.

« Enfile-les et rassemble tes affaires, on va y aller.

– Hé ! Trop chic ça ! Merci messire ! »

Cela me fait sourire de le voir sourire. Bon, ok, c’est des bottes défoncées et où la semelle menace de crever dans les semaines qui vont suivre… Mais au moins, c’est des chaussures. Jusqu’ici, Triboulet comptait soit sur des souliers en bois, soit sur des bandes dont il recouvrait ses pieds nus. Une paire de bottes, c’est un putain de luxe pour un paysan de sa stature.
Le temps qu’il fuit rassembler son paquetage, je regarde autour de moi. Je suis passablement déçu de ne pas apercevoir la fille de Jacquot. Tant pis.

« Permets-tu une curiosité, Félix ? »

Je marque une petite pause.

« Maussade, je… ‘fin. C’est toi qui l’a nommée. Et Carlomax a dit que… Que tu pensais qu’elle était Kislévite.
Mais d’où tu sais ça ? ‘fin. J’veux dire… Je suis pas sûr de l’avoir jamais entendu prononcer le moindre mot. Est-ce qu’elle a parlé une langue qui te faisait penser à celle des enfants de la Tsarine ? Ou bien est-elle muette comme une tombe ? »


Un peu plus tard, Triboulet ressort avec ses affaires. Je lui tends les bouteilles de tonique pour qu’il les portes à ma place.

« C’quoi ces machins là, messire ?
D’l’alcool ?!

– Non, ivrogne ! C’est un élixir miraculeux !
– Un… Un quoi ?
– Tu es vraiment un cuistre, Triboulet, heureusement, tu as de la chance que je suis là pour penser à notre place !
C’est un élixir miraculeux aux vertus variées et puissantes. Tu seras ravi que j’en ai fais l’acquisition lorsque nous en aurons besoin.

– Ah oué. Sûr, sûr.
Mais heu… Quand est-ce qu’on en a b’soin ? »


Il me fait froncer les sourcils et bégayer.

« On en a besoin… Quand on en aura besoin ! Arrête de poser des questions, Triboulet ! C’est fou cette désobéissance de ta part !
Enfin, allez, direction la route. Il faut qu’on atteigne Castel-Aquitanie le plus promptement possible. »


On se dirige donc vers l’écurie, où Carlomax est censé nous avoir refilé du nécessaire de voyage. On va voir à quel point il est généreux avec nous. Je m’attends à juste du pain noir, même si en vrai j’aimerais qu’il ait pensé à nous filer un peu de paquetage. On verra.

J’en profite pour poser une énième question à Félix, en pointant du doigt l’instrument qu’il porte sur le dos.

« T’en joues ? »

Et je fais un petit sourire débile.

« Je sais, c’est une question totalement stupide, tu le portes pas pour faire beau je suppose…
Mais je veux dire… ça te dirais d’en jouer sur le voyage ? Ça égayerait un peu la route, nan ? »
Modifié en dernier par [MJ] Katarin le 26 sept. 2019, 22:00, modifié 1 fois.
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Fiche : wiki-v2/doku.php?id=wiki:fiche_armand_de_lyrie
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Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueules à la guivre de gueules halissante
Stats :
FOR 9 / END 9 / HAB 11 / CHA 15* (14) / INT 9 / INI 8** (10) / ATT 13** (15) / PAR 11** (13) / TIR 8 / NA 2 / PV 70/70
*Bonus grâce à la chevalière portée à l'auriculaire
**Malus à cause du harnois (inférieur)

État temporaire :
Compassion : +2 aux jets d'empathie (Reste une journée)
Esprit compatissant : +3 aux jets de résistance à la peur/terreur (Reste une journée)
Pompette : +1 CHA, -1 INT.
Migraine : -1 CHA
Visière épaisse : -2 aux jets de perception (Lorsque le casque est porté)

Compétences :
- Anticipation : +1 en ATT et +1 en PAR à partir du 3e round face au même ennemi
- Coup précis (1) : Malus atténué de 1 lors de la visée d'une partie précise
- Coups puissants : +1d3 de dégâts
- Coriace : Résiste à 1d3 dégâts de plus
- Dégainer l'épée : +1 en INI lors du premier round
- Parade : Valeurs de parade doublées
- Sang-froid : +1 lors d'actions réalisées sous stress
- Volonté de fer : +1 sur les tests pour résister à la peur

- Baratin : +1 pour embobiner quelqu'un à l'oral.
- Empathie : Capable, sur un test, de lire les émotions sur le visage de quelqu'un.
- Empathie animale : Capable, sur un test, de deviner les émotions d'un animal.
- Étiquette : +1 lors des interactions avec la haute société
- Humour : +1 pour divertir et amuser.
- Intrigue de cour : Capable de déceler et deviner des intrigues.
- Monte : Ne craint pas de chutes lors d'une montée normale
- Vœu de la Pureté échoué : -2 dans la résistance aux tentations terrestres

- Alphabétisé : Capable d'écrire et de lire le Bretonnien
- Art (Peinture) : Sait peindre des tableaux.
- Danse : Excellent danseur
- Héraldique : Capable de reconnaître les blasons des familles nobles, et d'en savoir plus sur eux sur un test

Équipement de combat :
- Épée bâtarde (Inférieure) : 2 mains / 23+1d10(+1d3*) / 22** (11) parade
- Lance d'arçon : 1 main / uniquement à cheval / 20+1d10(+1d3)* / 16** (8) parade / "Long" (Malus de -2 ATT pour les adversaires) / "Épuisante" (Malus de -1 d'utilisation après END/2 tours, à chaque tour, max -4) / "Percutante" (Relance du jet de dégât, meilleur résultat gardé) / "Rapide" (Malus de -2 PAR et/ou -2 HAB pour toute esquive tentée par l'adversaire) / Se brise après 4/5 utilisations
*Avec la compétence Coups puissants
**Avec la compétence Parade


Tête : 13 protection
Torse : 13 protection
Bras : 13 protection
Jambes : 8 protection

- Destrier Bretonnien (Ravel) : FOR 10 / END 13 / SAU 8 / RAP 10 / INT 9 / DOC 12 / ATT 9
Équipement divers :
3 Eo

- Un beau doublet
- Un grand manteau
- Des bottes neuves
- Une jolie écharpe

- Nourriture
- Hydromel

- Bague affichant un lion - +1 CHA

- Insigne argenté marqué du blason de Lyrie
- Pendentif monté en clou
- Un flacon à l'odeur immonde
- 3 bouteilles de tonique miraculeux
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